Chevalier, mais pas trop ...

Chapitre 51 : MON TOIT, MES LOIS

4306 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/10/2024 12:07

Disclaimer : cf. chapitre 1

CHAPITRE 51

MON TOIT, MES LOIS

 

—  Oh bon sang ! soupira Iris en s’écroulant sur le corps de Saga qui reprenait lui-même son souffle.

—  Ça va ? s’inquiéta Kanon qui roula sur le côté dans le même état.

—  Remonte quand même le drap, articula Iris.

 

Kanon s’exécuta et recouvrit leurs trois corps entremêlés, encore secoués par quelques spasmes, mais baignant dans l’extase. Oui, trois personnes, nues et dans le même lit ! Au bout de quelques jours, après son retour à Asgard, Iris avait ressenti un réel manque, bien que largement satisfaite par les prestations successives des Gémeaux. Un soir, elle se lança et osa verbaliser, pendant le dîner, l’envie de se retrouver avec les deux hommes, simultanément, s’ils étaient toutefois d’accord. Iris était devenue écarlate et s’étonnait elle-même d’autant d’audace.

 

Ce fut un déferlement de vagues de plaisir. D’abord un peu maladroitement puis plus délicatement pour ne pas priver l’un, l’une ou l’autre de caresses et baisers. Chacun y trouva son compte. Toutefois, Iris refusa formellement le plaisir anal. Cela faisait ainsi trois mois que l’on était passé de couple à « trouple ».

 

—  Il ne fait pourtant pas froid et puis … on est là pour te réchauffer, taquina Saga.

—  Et Milo ? Tu as oublié Milo ? s’indigna la jeune femme bien sécurisée entre ses gardes du corps.

—  Ah oui… firent les deux frères de concert. Au moins, ça lui aura servi de leçon !

—  Moi je crois que ça l’a davantage excité.

 

En effet, le Scorpion, fidèle à lui-même, était arrivé un matin, sans tambour ni trompette, au domicile du trio très fraîchement formé mais encore lourdement endormi. Il s’était dirigé vers la petite chambre, sûr d’y trouver Kanon. Mais personne. Il était peut-être déjà sorti. Cependant, Milo n’était pas retourné sur ses pas. Très certainement guidé par sa soif malsaine de curiosité, il s’était avancé vers la grande chambre et avait ouvert la porte sans même toquer pour prévenir le couple officiel. Quelle ne fut pas sa surprise de trouver ledit couple ET Kanon, dans le même lit, et dans la même tenue ou plutôt absence de tenue. Ce fut une chance pour Iris de se retrouver entre ses deux amants qui avaient ainsi dérobé à l’œil pervers et inquisiteur du Scorpion les charmes affolants de leur dulcinée. Saga avait ouvert les yeux et fusillé Milo du regard. Ce dernier s’était simplement contenté de mettre la main sur son nez car il avait senti un mince filet de sang couler dû à l’excitation.

 

—  Je … je crois que je vais attendre dehors, chuchota-t-il.

 

Milo s’était reculé sur la pointe des pieds et avait doucement refermé la porte. Saga envoya alors une pichenette sur le crâne de son frère.

 

—  C’est toi qu’il veut voir …

—  Mmmm, râla Kanon, déjà ? Pfouhhh…

 

Kanon s’était péniblement levé en ménageant cependant Iris qui venait, elle, d’ouvrir un œil qu’elle referma aussitôt en maugréant le nom du chevalier importun. Kanon s’était retourné pour embrasser Iris en guise de pardon.

 

En trois mois, l’organisation de la maison avait également changé, surtout au niveau des tâches et occupations des habitants. Le plus belliqueux, à l’origine, des deux frères, avait tenu parole concernant son souhait d’apprendre les prémices de la médecine et de l’herboristerie auprès d’Iris. Il l’assistait modestement et prenait des notes quand elle était au cabinet. Quand elle était en déplacement, il s’occupait des plantes ou de la maison ou bien s’entraînait sur son frère qui endossait à nouveau le rôle du cobaye. Il y a des habitudes qu’on ne change pas.

 

Kanon se sentait véritablement utile. Homme au foyer et auxiliaire thérapeutique étaient deux rôles qu’il n’aurait jamais envisagés du temps de sa rébellion. Il renaissait, avait trouvé un nouveau sens à sa vie, après avoir rencontré, dans des circonstances peu propices à la quiétude, la personne qui avait provoqué chez lui un électrochoc. Il avait eu beaucoup de mal à l’admettre et surtout à le dissimuler mais il était bien en la présence d’Iris. C’était comme une catharsis. Athéna ou Iris, peu importe. Il était en paix avec cette femme.

 

Quant à Saga, il continuait ou plutôt rattrapait le temps qu’il avait perdu. Chevalier assidu, prêt à effectuer toutes les missions, il était redevenu le chevalier modèle. Même son amitié passée avec Aioros n’avait pas souffert, alors qu’il devait lui obéir en tant que supérieur. Outre les missions, le nouveau Pope et le chevalier repenti discutaient de choses et d’autres, surtout de leurs futurs élèves. Mais Saga ne négligeait pas non plus son frère. Quand ce dernier n’était pas accaparé par ses multiples tâches, quoi de mieux que de se confronter aux aptitudes martiales de son cadet ? Toutefois, interdiction formelle avait été faite à Saga d’aider son jumeau dans ses domaines. Laisser cuisiner Saga était déjà dangereux ; inutile de rendre les préparations pharmaceutiques d’Iris létales.

 

Au lieu de concourir pour le même trophée, la même ambition, les jumeaux s’étaient totalement différenciés pour devenir un être complet sur tous les plans. Leur seul point commun qu’ils défendaient bec et ongles, sans aucune rivalité, était Iris ou Athéna selon les moments. Beaucoup de jeunes femmes avaient déchanté en apprenant que le frère cadet avait lui aussi succombé pour le médecin. Mais ce fut l’achèvement quand elles surent que la jeune femme éprouvait autant d’amour pour lui que pour son aîné. Par conséquent, les rumeurs sur une liaison à trois faisaient des envieux, des jaloux mais aussi des méfiants. Les fantasmes étaient devenus la réalité. Une réalité sulfureuse au grand dam de Milo qui voyait sa réputation de collectionneur tomber dans la norme et la banalité. Le « trouple » savait pertinemment qu’il y aurait des détracteurs. Peu importe. Ce qu’ils faisaient sous les draps, en tant qu’adultes consentants, ne regardaient qu’eux. Et Milo, bien que définitivement exclu de la course, les soutenait.

 

En tant que partenaires, la question des enfants s’était évidemment posée. De la part de Saga. Kanon avait ri au nez de son frère en lui rappelant le traumatisme lié à l’accouchement de la parturiente. Iris, elle, n’avait jamais soulevé ce sujet. Saga s’était donc confié à son frère et lui avait demandé son avis. Si jamais Iris était partante pour devenir mère, chacun aurait un enfant d’elle. Il faudrait simplement s’assurer que le jumeau non géniteur, à défaut de pratiquer une abstinence soutenue pendant au moins quatre mois, ait toujours des rapports protégés. Au niveau de l’éducation, papa et tonton se partageraient l’enseignement intellectuel et martial au cas où un cosmos se manifestait. Deux enfants, respectivement futurs chevalier et médecin, seraient le scénario rêvé. Mais pour le moment, Iris demeurait sourde à la maternité. Et pas seulement à cause de la peur d’accoucher.

 

La jeune femme avait un emploi du temps de ministre sans que sa divinité n’entre en lice. Elle était allée voir Shion pour lui demander s’il voyait un inconvénient à ce qu’elle officie à Asgard à raison d’un jour sur deux ou une semaine sur deux. Le Pope ne vit aucune objection du moment que les Asgardiens et surtout la souveraine ne considère pas sa présence comme une intrusion, voire une invasion. Iris lui sourit et lui raconta son petit périple quelques mois auparavant.

 

—  Je dois dire que tu m’étonnes. Où est donc passée la tête de mule ? Même le fait de venir m’en parler me surprend. Je ne ressens pourtant pas le cosmos d’Athéna en ce moment, conclut Shion de façon assez taquine.

—  La maturité, répondit-elle sur le même ton.

—  Saga, tu veux dire.

 

Iris secoua la tête. Shion l’encouragea ainsi à consolider des relations fraternelles entre les deux « ambassades » grâce au soulagement qu’elle pouvait apporter à la population. Elle fit également part de cette décision aux jumeaux qui savaient que ce projet lui tenait à cœur car il lui permettait de se réapproprier sa patrie d’origine. Toutefois, une semaine d’absence leur semblait intenable si elle n’était pas dans leur giron. L’alternance quotidienne leur semblait préférable si, toutefois, l’amplitude thermique était supportable. Le rythme fut adopté.

 

Mais Iris était fortement sollicitée aux deux extrémités de l’Europe. Lorsqu’elle rentrait, elle s’écroulait dans l’unique lit de son ancienne chambre, faisant bien comprendre qu’elle n’était pas disposée aux plaisirs charnels. A certains moments, on pouvait même l’entendre se réveiller en plein milieu de la nuit si bien qu’elle ne se réveillait qu’à une heure tardive de la journée. Lors des repas, c’était souvent le grand silence alors qu’elle était volubile en temps normal. Parfois, sa tête menaçait de tomber dans son assiette tant le manque de repos s’accumulait.

 

—  Tu devrais t’accorder au moins un voire deux jours de repos par semaine, conseilla Kanon un soir. Même l’entraînement d’un chevalier est moins spartiate. Ou alors réduire tes heures.

—  C’est vrai, poursuivit Saga. On n’arrive même plus à se retrouver. Et puis quand on voit ta tête …

—  Tu fais peur à voir ! Tu as de ces valises sous les yeux !

—  Ta carnation est déjà pâle, mais là, tu es cadavérique.

—  Merci, messieurs, pour votre sollicitude. Je vous avouerai aussi que j’ai beaucoup de mal à dormir. J’angoisse à l’idée de ne plus pouvoir y arriver. Peut-être que j’ai vu trop grand ?

 

Les deux frères réconfortèrent leur belle âme salvatrice mais beaucoup trop altruiste. C’est bien d’aider les autres, mais pas au point de mettre sa propre santé en danger. Saga lui rappela qu’elle avait déjà vécu pareille mésaventure quand elle lui avait proposé d’œuvrer gratuitement comme médecin sur l’île. Iris baissa la tête, comprenant qu’elle s’était à nouveau laissé submerger. Mais pour l’instant, la jeune femme avait surtout besoin de régler son problème de sommeil et d’angoisse. Simultanément, une idée vint à l’esprit des deux hommes. Sans même se parler, ils se comprirent et sourirent à leur trouvaille ; ils traînèrent ainsi Iris jusqu’à un médecin conventionnel.

 

Traîner n’était pas un vain mot. Iris savait très bien ce qu’elle avait ! Mais pour son bien, il fallait qu’elle entende un avis objectif et surtout accepte une prescription. Elle ressortit moins d’une demi-heure après être entrée.

 

—  Alors ? firent les jumeaux en cœur.

 

Iris leur tendit violemment le remède préconisé et se mit réellement en colère.

 

—  Des anxiolytiques et des somnifères !! J’suis pas dépressive ! Jamais de ma vie Daphné ne m’avait soignée avec des pilules remplies de substances douteuses, même après mon agression ! J’ai pas l’intention de commencer ! Tu peux déchirer ce torchon, Saga !

—  Il faut quand même remédier à ce manque de sommeil. Je suis sûr qu’il y a l’une ou l’autre recette pour des tisanes calmantes et favorisant le sommeil, en plus de la sacrosainte camomille, fit doctement Kanon en reprenant le chemin du retour avec les deux autres.

—  Moi, reprit Saga, je connais quelqu’un qui pourrait t’aider à te calmer très naturellement. On pourra même en profiter tous les trois.

 

C’est ainsi que les trois chevaliers arrivèrent devant la sixième maison. Iris doutait que Shaka veuille bien l’aider dans ce genre de problème plutôt personnel. Elle regarda Saga, désespérée et soupira.

 

—  Qui ne tente rien, n’a rien. La méditation pourrait peut-être t’aider.

 

Saga semblait tellement optimiste qu’il aurait été mal venu de ternir sa joie. Le trio se retrouva en plein milieu du temple encore en travaux, devant la sculpture de la feuille de lotus inoccupée. Saga se dirigea spontanément vers un autre endroit du temple qu’il n’avait jamais soupçonné jusqu’à la bataille contre Hadès : le jardin des deux saules. Le chevalier de la Vierge devait indubitablement y pratiquer des exercices de méditation. Iris pénétra avec ravissement dans cet endroit secret qui jurait avec l’austérité et la monochromie de la structure officielle. Saga mit immédiatement son index sur sa bouche pour lui signifier qu’il était indécent de déranger la quiétude de ces lieux, même si c’était pour manifester son admiration.

 

En progressant dans le jardin balayé par un doux zéphyr, ils arrivèrent en vue des deux arbres entre lesquels Shaka était effectivement en train de méditer dans une simple tunique rouge attachée sur une épaule, exposant ainsi une partie de son torse. Il n’avait pas l’air, le blondinet, mais il avait une musculature plutôt agréable sans être effrontément saillante. Délicatement ciselée en somme.

 

—  Bonjour à vous. Je dois dire que votre visite me surprend, même si elle m’est agréable. Besoin d’un conseil ? De mon aide ? demanda le chevalier sans défaire sa posture ni même ouvrir les yeux.

—  Salut à toi, répondit Saga. On est venus…

—  « On » ? interrompit Iris. C’est toi qui as pris l’initiative !

—  Et toi qui as suivi, sans protestation, conclut Kanon.

 

Un point pour Saga et un regard assassin d’Iris en direction de Kanon qui leva les yeux au ciel et feignit l’innocence.

 

—  Je me disais que tu pourrais peut-être aider Iris à calmer ses crises d’angoisse via des exercices de méditation ou autres.

 

Iris chuchota à Kanon, en serrant les dents :

 

—  Mais il est en train de me faire passer pour un cas pathologique, on dirait !

—  Laisse-le faire, c’est lui le plus diplomate. Il vaut mieux forcer un peu le trait parfois.

—  Mais c’est pas à mon avantage, en tout cas !

 

Shaka se leva et ouvrit les yeux pour se diriger vers la jeune femme qui put, pour la première fois, apprécier l’azur clair de ses yeux. L’homme, souriant, l’invita à s’asseoir confortablement dans cette prairie chatoyante. Les jumeaux prirent place derrière Iris, en tailleur, à bonne distance, pour la laisser seule avec le praticien mais toujours à portée d’oreille. Shaka s’installa en face d’Iris qui ne savait trop à quelle sauce elle allait se faire manger. Elle jeta un rapide coup d’œil nerveux derrière elle ; Saga hocha la tête et Kanon leva les deux pouces. L’homme le plus proche de Dieu s’adressa à Iris d’une voix tellement douce qu’elle en eut la chair de poule. Elle se sentit déjà relaxée. Et dire qu’en tant que chevalier il était tellement redoutable !

 

—  Je pense que tu as aussi des problèmes pour t’endormir ou rester endormie.

—  Rester endormie. Je tombe comme une masse mais quand je me réveille, c’est à cause de crampes à l’estomac et je n’arrive plus à me rendormir. C’est grave, docteur ? fit Iris avec un peu d’humour en espérant que le plus distant des chevaliers ne s’offusque pas.

 

Contre toute attente, Shaka esquissa un léger sourire. Ah ! Il avait quand même un petit côté humain.

 

—  Le mieux, pour débuter, seraient des exercices de respiration.

 

A ce mot, Iris regarda Kanon qui dut avoir la même pensée qu’elle et le même épisode en tête. Respiration égale accouchement égale gros malaise égale énorme crise de rire. Mais Iris se ressaisit.

 

—  Pendant ces exercices, il faut que tu apprennes à faire le vide dans ton esprit, à te détacher de tout ce qui a fait ta journée, bons comme mauvais moments.

—  Ça va être très dur. Je ne suis pas comme toi. En soignant les gens, on s’attache, on ressent des émotions. Pardon, mais il me semble que même Buddha avant son éveil avait une vie, se défendit Iris.

—  Je vais t’aider. Croise tes jambes en tailleur et ferme les yeux.

 

Iris dut bien se plier à ses injonctions prononcées d’une voix toujours aussi bienveillante. C’est alors qu’elle sentit et entendit Shaka se mettre en mouvement. Tout d’abord, il lui prit les mains qu’il plaça correctement sur ses genoux, paumes vers le ciel. C’était très troublant d’être en contact avec cet homme qu’elle avait à peine côtoyé pendant les différentes batailles. Quoi qu’il en soit, même s’il la manipulait avec délicatesse, elle sentait bien des mains d’homme. Ensuite, il se glissa derrière elle pour réajuster la posture de son dos, ses épaules, sa nuque et sa tête, afin de gagner en qualité d’oxygénation, tout en lui expliquant ce qu’il attendait qu’elle fît. Enfin, il se repositionna devant elle et prit le pouce droit de la jeune femme qu’il serra fermement pendant quelques instants.

 

—  Si tu es assaillie par tes pensées, serre très fort ton pouce droit jusqu’à ce que tu le sentes gonfler puis relâche-le. Maintenant, je vais t’apprendre à respirer.

 

Iris cala son rythme respiratoire sur celui de Shaka en suivant scrupuleusement ses instructions. Shaka se tut pour apprécier la qualité de son travail sur Iris mais également sur les jumeaux qui jugeaient son enseignement plus que profitable pour tout le monde. Exercices à reproduire à la maison.

 

Shaka laissa ainsi Iris pendant quelques minutes. La jeune femme semblait réellement apaisée, à tel point qu’un petit sifflement dépassa ses lèvres pour devenir plus caverneux et grave, faisant vibrer sa glotte. Ce ronflement la réveilla en sursaut. Saga soupira et mit sa main sur son visage, dépité ; Kanon tenta misérablement d’étouffer un fou rire naissant. Les deux hommes regardèrent brièvement leur homologue blond. Fort heureusement, son visage n’exprima aucune vexation ni déception, mais autre chose.

 

—  Non, c’est impossible, marmonna Saga de façon à être simplement entendu de son frère.

—  Ah … Je crois qu’on a vu la même chose. Je pensais que je me faisais des idées.

 

Il était temps que la séance finisse puisque les résultats étaient plus que concluants. Une chance qu’Iris initia le départ en remerciant chaleureusement son gourou. Pendant le retour, les jumeaux ne firent aucun commentaire sur l’attitude de Shaka mais Iris les surprit :

 

—  Efficace les trucs de Bouddha. Je l’ai d’ailleurs trouvé différent de l’image qu’il renvoie d’habitude.

—  C’est-à-dire ? demanda Kanon faussement intrigué.

—  Je ne sais pas … il était plutôt tactile même si ce n’était pas grand-chose. Tu te rends compte ? Se faire manipuler par l’homme le plus proche de Dieu ? Et doux et délicat avec ça, comme s’il avait peur de me casser. Je suis loin d’être une chochotte pourtant !

—  Et encore un qui a succombé, lança Saga sans ménagement. Ça commence à faire beaucoup ! Et de la personne que l’on n’aurait jamais soupçonnée.

 

Iris regarda Saga presque choquée puis passa à Kanon qui acquiesça aux propos de son frère.

 

—  Tu plaisantes !

—  Comme tu avais les yeux fermés, tu n’as pas pu t’en apercevoir. Ses yeux à lui brillaient, il avait l’air d’avoir atteint … le nirvana. Et ce léger sourire alors qu’il n’exprime jamais aucune émotion…

 

Iris soupira. Après Milo le bouillonnant, voici maintenant Shaka le bloc de marbre. Et pourquoi pas Masque de Mort ? Kanon lui tapota l’épaule.

 

—  Bien qu’étant l’exception sur cette liste de rivaux potentiels, je crois qu’on ne sera pas trop de deux pour veiller sur toi.

—  Je sais que je peux compter sur vos talents de Cerbère mais je ne pense pas que vous aurez à montrer les crocs. Bon ! Sans transition, je vais appliquer cette fameuse méthode dès ce soir.

—  Mais dans ton ancienne chambre, alors, prévint directement Saga. Tu ronfles. Tu as beaucoup de sommeil à rattraper.

—  Et je te concocterai également une tisane somnifère.

—  Cerbères mais aussi bourreaux.

—  On va être encore plus vigilants la semaine prochaine. Tu te souviens que Julian Solo organise une petite soirée chez lui, rappela Kanon. Il y aura beaucoup de monde avec les marinas, guerriers divins et surtout spectres.

—  Nous serons plusieurs pour protéger Athéna mais uniquement deux pour soustraire Iris à tous les regards envieux.

—  Je rêve ou bien vous angoissez ?! Appliquez la méthode de Shaka, plaisanta la jeune femme.

 

Jour J. Les jumeaux s’étaient préparés autant psychologiquement que vestimentairement. Mentalement parce qu’ils allaient revoir des personnes contre lesquelles ils s’étaient battus. Comment allait-on réagir des deux côtés ? Il y aurait certainement un froid, des tentatives d’éviction, des regards fuyants, et peut-être même des provocations verbales. Quelle idée saugrenue avait donc traversé l’esprit du souverain des océans ? Kanon allait passer sa soirée à se confondre en repentirs en raison de toutes ses machinations passées. Mais surtout, il redoutait les commentaires graveleux qu’engendrerait l’arrivée d’Iris flanquée de ses deux Cerbères, surtout de la part de ses homologues d’Asgard.

 

—  Arrête de soupirer, Kanon. On a déjà fait une bonne partie du travail de contrition.

—  Et si ça déclenchait un nouveau drame ? On a eu de la chance avec les habitants du Sanctuaire mais peut-être que ça ne passera pas avec les Guerriers et encore moins avec Poséidon.

—  Je ne m’inquièterai pas pour ça. Ça va très bien se dérouler. J’angoisse davantage avec Iris quand elle est en société ; on ne sait jamais comment elle va réagir : provocation, sarcasmes ou bien jet de petits fours ?

 

Kanon sourit enfin à cette boutade. L’image évoquée par son frère avait le don de détourner son attention. Incident diplomatique assuré si jamais Iris répondait effrontément à une provocation. Puis Kanon s’assombrit :

 

—  A part les éventuelles gaffes d’Iris, je crois que nos chevaliers de bronze vont aussi avoir beaucoup de mal à s’habituer à la nouvelle apparence et surtout au caractère bien trempé d’Athéna.

—  Tu penses à Seiya en particulier ? C’était de Saori dont il était amoureux, pas de la déesse. Il risque d’être encore plus déprimé en voyant Iris.

—  Et j’ai pu voir que ces deux-là ne s’appréciaient pas trop.

—  Mais pour le moment, j’apprécierai que notre femme revienne correctement habillée.

—  Ouais … rêva Kanon, « notre » femme. Je me demande quelle robe elle a choisie. Le blanc, c’est mieux.

—  Ah non ! Ça fait ton sur ton avec son teint. Le noir lui va bien mieux.

—  Tu plaisantes ! Cette couleur accentue sa pâleur. En attendant, je plains énormément Shaina: ça ne doit pas être facile de la coiffer et de l’apprêter sans protestation.

—  Messieurs, vous m’accordez beaucoup trop de crédit, répliqua Iris qui sortit enfin de sa chambre, accueillie par deux paires d’yeux exorbités.

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