Chevalier, mais pas trop ...

Chapitre 36 : RENCONTRE DU TROISIEME TYPE

3874 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/07/2024 13:33

Disclaimer : cf. chapitre 1

CHAPITRE 36

RENCONTRE DU TROISIEME TYPE

 

Iris se retrouva dans un univers indescriptible ; ni tout à fait la réalité bien que le décor fût tangible, ni tout à fait un rêve malgré la présence de volutes et d’une lumière très diffuse donnant une impression floue à ce qui l’entourait. Elle hésitait à marcher, croyant que le sol, nimbé de brouillard, allait se dérober sous ses pas et la précipiter dans un lieu moins accueillant que celui-ci. Après tout, que pouvait-elle risquer ? Mourir à nouveau ? Plutôt comique ! Elle ne savait pas si elle avait mis les pieds au paradis ou en enfer. Mais après avoir inspecté les environs, il lui semblait qu’il s’agissait plutôt du purgatoire, ce lieu de transit, dans lequel les âmes des défunts attendaient la sentence qui devait les condamner ou les promettre à une agréable vie éternelle.

 

Elle se décida finalement à avancer. Rester sur place à ne rien faire n’était pas dans sa nature, déjà de son vivant. Il valait mieux s’occuper intelligemment. Elle fit un premier pas et fut rassurée de constater que le sol, mou au premier abord, était bien ferme. C’était comme si elle marchait sur un parterre d’éponges encore humides sans toutefois s’enfoncer dans la matière. La sensation était assez bizarre mais une fois en confiance, elle fit un autre pas, puis encore un autre pour marcher tout à fait normalement.

 

Tout en se promenant, elle remarqua qu’elle portait ses vêtements habituels mais que la dague qu’elle avait en permanence sur sa hanche gauche était absente. Apparemment, quelqu’un devait l’en avoir délestée pour qu’elle puisse montrer patte blanche. Cette démarche était ridicule puisqu’elle possédait d’autres pouvoirs infiniment plus dangereux. Comme elle se sentait un peu seule, elle décida d’attirer l’attention sur elle en déclenchant son cosmos. Elle se concentra mais pas la plus petite étincelle ne se manifesta. Elle réessaya mais en vain. Elle était aussi inoffensive qu’un mortel ce qui n’est pas très agréable quand on a l’habitude d’une puissance phénoménale.

 

Les puissances célestes craignaient beaucoup pour la priver de ce qui faisait sa force. En revanche, lui retirer sa mauvaise langue et ses coups de colère leur était foncièrement impossible. Cela la fit sourire. Elle n’allait pas passer l’éternité à s’ennuyer ; un peu d’action et de rigolade, même au paradis ou en enfer, ne faisaient jamais de mal. Tout en marchant, elle croisa les bras sur sa poitrine et se mit à réfléchir. Peu à peu, des bruits se firent entendre, comme des chuchotements. Toute son attention se focalisa sur eux dans l’espoir de les localiser et de trouver les personnes qui les émettaient.

 

Elle eut énormément de difficultés. Le brouillard semblait réverbérer les murmures ce qui donnait une impression d’écho. En plus, il était difficile de se diriger dans cette nébulosité. Elle préféra s’arrêter. Mais les bruits continuaient et, à un moment, elle put entendre son nom répété à l’infini. Quelqu’un l’appelait. Qui et pourquoi ? Que lui voulait-on ? Les voix semblaient maintenant tournoyer autour d’elle jusqu’à l’étourdir. Elle dut mettre les mains sur ses oreilles pour faire cesser cette cacophonie. Mais les voix ne résonnaient pas seulement dans ses oreilles ; elles lui vrillaient le cerveau de manière si insistante qu’elle tomba à genoux, à bout de forces. Malheureusement, les bruits ne cessèrent toujours pas. Avec un regain de courage, elle leva les yeux au ciel et cria à pleins poumons :

 

—  Arrêtez ! Arrêtez ça ! Que voulez-vous ?

 

Elle n’obtint aucune réponse mais eut moins mal à la tête. Les voix continuaient toujours leur inlassable mélopée. Elle écarta les mains et repositionna les bras le long de son corps. Elle resta encore à genoux et ferma les yeux en signe de soulagement. Mais comme si la torture auditive ne suffisait pas, son dos se mit littéralement à dégager une chaleur anormale et à la démanger. La sensation n’était pas du tout agréable ; il lui semblait que ses vêtements allaient se consumer. Elle fronça les sourcils et dans le but de calmer ce petit désagrément, porta sa main gauche dans le dos pour se gratter et au besoin, étouffer des flammes naissantes, si jamais il y en avait.

 

Lorsqu’elle tordit son coude pour atteindre la surface qui la dérangeait, elle faillit pousser un petit cri de surprise au contact d’une main. Elle ouvrit grand les yeux et se retrouva dans une pièce à demi éclairée par la lumière du jour. Elle ne comprenait plus comment elle avait pu se retrouver dans un tel endroit l’espace d’un clin d’œil. Tous ses sens étaient en alerte et elle était complètement paniquée. À qui appartenait cette main et où se trouvait-elle ? Une voix qui semblait avoir deviné ses pensées lui répondit calmement mais elle sursauta, les nerfs à fleur de peau :

 

—  Vous avez enfin repris connaissance.

 

Dans un réflexe de survie, Iris hurla et, bien qu’elle n’eût pas entièrement repéré les lieux, s’arracha le plus loin possible de cette main qui maintenant parlait. Elle se retrouva assise sur un matelas faisant face à un individu dont elle ne pouvait distinguer le visage. Tout ce qu’elle put encore voir, était qu’il tourna rapidement la tête et semblait observer le plafond. Curieuse façon de faire. Pas si curieuse finalement quand elle remarqua qu’elle était dans sa chambre, sur son lit et qu’elle ne portait absolument rien sur ses épaules !

 

L’individu, qui était assis au bord du lit, se leva et se dirigea vers la fenêtre. Les volets étaient à demi clos. Pour cacher pudiquement mais un peu tardivement sa poitrine, Iris mit ses bras en croix. Le rythme affolé de sa respiration retomba. Quelques instants passèrent pendant lesquels elle ne bougea pas d’un pouce mais essayait de comprendre ce qui se passait. Trop d’informations lui parvenaient en même temps et elle était incapable de faire le tri correctement. Elle tenta de procéder méthodiquement.

 

Le dernier lieu dans lequel elle se trouvait était le sanctuaire sous-marin. Elle était affalée sur le sol après avoir retiré de son dos le trident que le dieu avait projeté. Ahhh ! D’où les brûlures ! Voilà déjà une explication sur ses maux. Et les voix ? Elle ne se souvenait plus avoir entendu quelqu’un l’appeler. Bon, passons cette zone d’ombre. Elle ne portait plus l’armure de Saga non plus. Sa chambre ? Apparemment, seul l’étranger pouvait lui apporter quelque lumière. Timidement, ce qui n’était pas dans ses habitudes, elle lui demanda :

 

—  Comment suis-je arrivée chez moi ? Qui m’a amenée ?

 

L’inconnu resta près de la fenêtre comme si les volets étaient bien plus captivants. Il ouvrit la bouche et se lança dans des explications tout en s’excusant platement :

 

—  Je suis désolé si j’ai pu vous offenser mais je n’ai pas pensé à mal.

 

Iris comprenait à quoi il faisait allusion. Puis elle haussa les sourcils et se renfrogna aussitôt. Malgré la douceur de la voix de l’homme, elle lui répondit sèchement :

 

—  Y a plutôt intérêt sinon vous allez regretter d’avoir posé vos yeux et vos pattes sur moi.

 

L’homme rentra la tête dans ses épaules et poursuivit craintivement.

 

—  Je … surtout ne vous fâchez pas et ne me pulvérisez pas sur place mais j’ai obéi à une voix.

—  Tiens donc, fit-elle peu convaincue. Une voix ?

—  Oui … qui venait de … de là-bas… bredouilla-t-il en désignant la porte de sa chambre de l’index.

—  De la porte ? !

—  Non … derrière la porte … une armure.

 

Sans en entendre davantage, Iris prit l’oreiller qu’elle plaça contre sa poitrine et se leva du lit. Elle se rua telle une furie sur la porte et l’ouvrit. L’homme n’avait pas menti ; derrière la porte, c’est-à-dire au bout du couloir, dans la cuisine, se trouvait l’armure des Gémeaux. Iris déambula lentement jusqu’à la cuisine, le regard humide et adouci. Saga ne la lâcherait pas ! Même dans l’au-delà, il dispensait ses ordres à d’autres personnes pour être sûr qu’elle ne commette pas de stupidités. Donc, si Saga avait « parlé » à cet homme, Iris pouvait lui faire confiance.

 

—  Je vous crois. Et si vous aviez tenté quelque chose pendant que j’étais inconsciente, l’armure aurait certainem … OUCH !

 

Iris fut interrompue par un élancement dans le bas du dos. Maudit trident !

 

—  Est-ce que ça va ? J’étais en train de panser ces affreuses plaies quand vous vous êtes réveillée.

—  Et bien, vous n’avez qu’à terminer votre travail.

 

Iris retrouva le lit et s’allongea à nouveau à plat ventre. Une fois prête, elle héla l’homme qui reprit sa tâche. Elle sentit qu’il étalait la crème qu’elle gardait toujours pour ses propres blessures étant donné que son cosmos n’avait aucun effet curatif sur elle. La même crème que Saga avait employée après qu’elle avait reçu ses coups de fouet ! Pourvu qu’il ne l’abîme pas trop en la frictionnant. Mais contre toute attente, Iris fut agréablement surprise de constater que l’inconnu procédait avec douceur sans chercher à abuser de la situation. Ses mains avaient la légèreté d’une plume. Cela lui rappelait … Non. Il n’était plus de ce monde.

 

—  Au fait, je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Démis, annonça l’homme avec un peu plus de confiance.

—  Et moi, Iris. Inutile de se vouvoyer plus longtemps. Et est-ce que c’est également l’armure qui t’a demandé de porter un masque ?

—  N … non mais je préfère…

—  Tu as peur que je te reconnaisse ou bien tu as une petite disgrâce faciale ?

—  Ni l’un ni l’autre, c’est juste que … une fois ma mission remplie je retournerai au monastère. Et je ne tiens pas à ce qu’on sache ce qui s’est passé, ni où j’ai pu aller.

—  Tu es un moine ? s’étrangla-t-elle. Mais comment se fait-il alors que tu sois dehors?

—  …

—  Ah, oui ! Les voix du Seigneur sont impénétrables … lança-t-elle avec humour. Mais trêve de plaisanterie. C’est toi qui m’as amenée ?

—  Oui. Je t’ai trouvée sur la jetée alors que je pêchais tranquillement. Tu étais très pâle. Je croyais au début que tu n’étais qu’un cadavre que la mer avait refoulé. Et puis, il y a eu cette lueur venant de l’armure … voilà… il faudrait que tu te redresses pour que je puisse…

—  … me momifier. Désolée de te couper mais j’ai une impression de déjà vu. Mais cela ne doit pas t’empêcher te continuer ton histoire.

—  Je ne saurais dire si c’est notre Seigneur qui m’a parlé mais la voix que j’ai entendue était aussi distincte qu’un murmure à l’oreille. C’était la voix d’un homme…

—  Saga ! coupa-t-elle. Désolée…

—  Saga ? … Si tu le dis … Au début je croyais que je divaguais. Il m’a dit ce que je devais faire de toi et m’a même indiqué ta maison. Voilà, j’ai terminé. Je te laisse te rhabiller. Je t’attendrai dans la cuisine. Je vais ranger tout cela dans ton cabinet. C’est pratique d’être tombé sur un médecin même si je n’ai vu aucun diplôme sur les murs.

—  Je ne suis effectivement pas médecin. Ce serait trop long à t’expliquer mais j’aide selon mes capacités.

 

Démis rassembla le matériel dont il avait eu besoin et se leva du lit. Il ouvrit la porte et la referma derrière lui. Pendant ce temps, Iris n’avait pas bougé, comme pétrifiée. Cet homme, elle avait la curieuse impression de le connaître. Mais sa voix ne lui rappelait absolument rien. Pourtant, le contact de ses mains et la manière avec laquelle il l’avait soignée faisaient ressurgir dans sa mémoire un épisode bien douloureux après lequel elle vit Saga pour la dernière fois. De plus, elle se sentit frissonner dès que son visage, pourtant masqué, se rapprochait de sa nuque pour faire passer le bandage sur le devant de son abdomen. Assez ! Depuis quand était-elle aussi sensible et réactive ? Son seul homme était Saga ; fin de l’histoire. Elle n’allait pas se mettre à sauter sur tous les mâles qu’elle croiserait histoire d’éprouver ce genre de petits tourments. Elle n’était pas Milo, tout de même !

 

Quand elle sortit de sa chambre et se trouva au milieu du couloir, elle trouva Démis debout, face à l’armure et immobile. Persuadée qu’il y avait une espèce de conversation entre les deux, elle préféra attendre qu’il fasse un mouvement pour lui signaler qu’il était prêt à l’écouter. Mais soudain, l’armure brilla intensément, forçant Iris à mettre le bras devant ses yeux. Puis, plus rien. Ni lumière, ni armure. Iris en déduisit qu’elle devait être retournée dans le temple des Gémeaux. Elle avait donc tout loisir de parler à Démis et une question en particulier la taraudait.

 

—  Démis, est-ce que j’étais seule au moment où tu m’as repêchée ?

—  Oui, bien sûr, répondit-il à demi étonné.

—  ‘Y avait vraiment personne d’autre ? insista-t-elle. Un homme d’à peu près ta taille, cheveux longs couleur océan et plutôt bien bâti ?

—  Non, désolé, mais il n’y avait personne. J’ai peur qu’il ne soit mort noyé, fit-il en baissant la tête et en se signant. J’espère que tu t’en remettras.

—  Pour m’en remettre, ça oui, compte là-dessus ! s’exclama-t-elle avec un petit sourire en coin.

—  C’était un ennemi ? lui demanda-t-il en la regardant à travers son masque.

 

Iris considéra la question et ce fut à elle de détourner le regard. Est-ce que Kanon était vraiment un ennemi ? Il avait emprunté le mauvais chemin, c’est tout, et pour de bonnes raisons. Suite à sa rencontre, elle éprouvait presque de la pitié pour cet homme. La vie lui avait réservé le mauvais rôle. Mais, pour une raison ou une autre, elle était sûre qu’il était vivant. S’il avait pu berner tout le monde pendant tant d’années, pourquoi ne pas survivre à des flots déchaînés ? Elle ne le connaissait que très peu mais ne doutait pas du tout de ses ressources et de sa persévérance. Le bonhomme devait être quelque part en train de manigancer quelque chose.

 

Iris releva la tête, fixa intensément Démis et lui sourit. Ce dernier fut gêné par autant d’insistance.

 

—  Quoi ? fit-il nerveusement.

—  Oh, rien, rien, répondit-elle en balançant négligemment la main. Je pensais à quelque chose.

—  Oui ?

—  Je trouve dommage qu’un type comme lui ait pu disparaître, répondit-elle en éludant la véritable réponse.

—  Pas vraiment un ami non plus … si je comprends bien.

—  Je ne le connaissais que depuis quelques minutes mais c’était comme si on s’était côtoyés pendant des années.

 

Puis la jeune femme reprit ses activités normales malgré la faiblesse dans laquelle elle se trouvait. Elle voulut se préparer quelque chose à manger mais Démis l’avait devancée. Elle aurait presque pu le voir sourire quand il lui présenta un plat typiquement grec. Elle s’assit à table et commença à manger sous le « regard » de son soigneur. Ne supportant pas cette situation, elle l’invita à prendre place et lui posa encore quelques questions.

 

—  Au fait, tu as dit que tu étais là en mission. C'est-à-dire jusqu’à quand ?

—  C’est la voix, enfin … Saga, qui m’indiquera le moment de partir.

—  Ah, d’accord ! lança-t-elle peu convaincue. Et tu loges où ?

—  J’irai au village pour lou …

—  Hors de question ! cria tout à coup Iris qui s’était brusquement levée de sa chaise et faillit en renverser son assiette.

 

Démis se recula instinctivement devant une telle explosion. Il ignorait qu’elle était tellement impulsive. Iris, voyant qu’elle devait lui avoir fait une peur bleue, se rassit et se calma.

 

—  Excuse-moi. Rassure-toi, je ne vais pas te pulvériser mais je souhaiterais … que tu restes ici. Il y a une pièce que j’avais réservée pour quelqu’un, je veux dire … tu sais qui … il y a déjà pas mal de temps. Si tu dois veiller sur moi, comme Saga te l’a demandé, il vaut mieux que tu m’aies à l’œil 24/24 heures, se justifia-t-elle en lui envoyant une œillade.

 

Démis fut à moitié remis de son choc et ne lui répondit pas tout de suite. C’était très dangereux pour lui de rester en compagnie de la jeune femme. Non pas qu’il avait peur de succomber à la tentation de la chair, mais plutôt de finir carbonisé. Elle avait parfois des réactions imprévisibles et c’est ce qui l’inquiétait. Mais comme il devait obéir… Iris poursuivit :

 

—  Tu verras qu’il y a quelques vêtements dans l’armoire et aussi dans la malle pour peu que tu en aies apporté. Ils devraient t’aller. Vous avez la même taille.

—  Tu me prêtes la chambre de … Saga ?

—  Hmm, hmm, fit-elle la bouche pleine.

 

Démis ne sut comment interpréter cette offre. Intérieurement, il craignait l’amalgame entre le défunt et lui. Elle l’avait accueilli un peu trop facilement alors qu’elle ne savait strictement rien de lui. Il aurait très bien pu être un criminel déguisé mais elle avait insisté pour qu’il occupe la chambre. Curieux tout de même. Iris n’était pourtant pas réputée pour accorder sa confiance à n’importe qui. Démis prit le risque de se renseigner.

 

—    Pourquoi est-ce que tu tiens tellement à ce que je reste. Tu n’as pas peur ?

 

Iris le dévisagea et explosa presque de rire.

 

—  Moi ? Avoir peur de toi ? Un battement de cil et tu ne seras plus qu’un simple souvenir.

—  Je veux dire, tu ne sais même pas qui je suis. Comment peux-tu m’accorder ta confiance ? Et si je n’étais pas un homme de religion ? L’habit ne fait pas le moine, sans mauvais jeu de mots.

 

Iris posa sa fourchette et le regarda plus sérieusement. Pourquoi lui posait-il cette question ? Elle se leva et s’approcha de lui. Comme pris de peur, il recula vainement sur sa chaise mais elle se saisit de son crucifix en bois qu’elle garda dans sa main et répondit à ses inquiétudes.

 

—  Ce que je vais te dire va te paraître bizarre mais tu me rappelles étrangement Saga. Tu dis que tu lui obéis et ça me suffit pour me mettre en confiance. Saga, même dans sa période critique, ne m’a jamais fait le moindre mal.

—  Oui mais rien ne te dit que je suis ce que je prétends être.

—  Hmmpf, fit-elle amusée en triturant le crucifix. Saga non plus n’était pas le Grand Pope. Quand bien même tu serais le plus grand assassin, j’ai appris qu’il y a toujours une bonne raison pour agir de la sorte. Moi-même je suis loin d’être un chevalier.

—  Tu n’es pas chevalier ?! Mais …

—  Oui je sais ! C’est dur à croire mais je n’ai jamais prêté serment à la déesse. On me considère comme dangereuse car je peux faire ce que je veux de mes pouvoirs, expliqua-t-elle en relâchant le petit objet et en souriant à son interlocuteur.

—  …

—  Bon, allez ! poursuivit-elle joyeusement. Il serait dommage de ne pas honorer ta cuisine. Je termine et je t’emmène au village pour quelques emplettes et puis après il faudra régler quelques détails te concernant.

—  Me … concernant ? demanda-t-il inquiet.

—  Parfaitement ! Tu veilles sur moi, d’accord, mais je t’interdis de faire la cuisine.

—  C’est si mauvais ?

—  Du tout, au contraire ! Mais je n’ai jamais supporté certains ingrédients de la cuisine grecque.

 

Rassuré, il la vit terminer son assiette et laver son couvert pour tout ranger correctement. D’après ce qu’il avait pu observer, elle était très méticuleuse dans ses manières, et très ordonnée aussi. Son comportement ne correspondait pas du tout avec l’idée qu’on se faisait d’elle la première fois qu’on l’apercevait. Elle n’était pas du tout rustre sauf peut-être lexicalement. Il avait également pu le remarquer en voyant la tenue de la salle de bain. Son séjour allait lui réserver quelques surprises et des rencontres marquantes.


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