Chevalier, mais pas trop ...

Chapitre 19 : GIRLS POWER

1193 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/03/2024 11:03

Disclaimer : cf.chapitre 1

CHAPITRE 19

GIRLS POWER

 

—  Quoi ?! Mais tu es complètement folle !

 

Saga pouvait sentir ses cheveux, pourtant longs, se dresser sur sa tête, tant le projet d’Iris lui était périlleux et suicidaire. Il venait à peine de terminer sa journée qu’elle le traîna de force sur le chemin pour lui expliquer tous les détails.

 

—  Non seulement je ne te servirai pas de complice mais en plus, je t’empêcherai de commettre ce vol !

—  C’est pas un vol ! Juste un dépannage. Et puis il y en a tellement qu’ils ne verront même pas qu’on a cueilli quelques unes !

—  Comment ça, « on » ! Je n’ai jamais dit que je me portais volontaire !

—  Tu as peur ?

—  Ce n’est pas une question de peur mais de déontologie.

—  Pardon ?

—  Le vol et le recel sont en totale contradiction avec le code de conduite d’un chevalier. Et étant futur chevalier d’or, je me dois de montrer l’exemple.

—  Je t’ai déjà dit qu’il ne s’agissait pas d’un vol.

—  Ah oui ?! Alors comment tu appelles le fait de s’introduire sur une propriété privée sans autorisation et de dérober des biens sous les yeux de l’occupant ?

—  On ne le fera pas sous ses yeux puisqu’il ne nous verra pas. En conclusion, ce n’est toujours pas un vol.

—  Grmmbl … Arrête de jouer sur les mots !

—  Alleeeeez …. !

—  Tu imagines si on se fait prendre ?! On risque d’avoir de très gros problèmes : toi, dans les prisons du Sanctuaire et moi, pareil, ou pire, exécuté par mon propre maître ! Et puis tu me demandes de me lever en pleine nuit alors que je dois me lever tôt. J’ai besoin de repos, moi !

 

Iris esquissa un sourire malsain qui mit Saga très mal à l’aise.

 

—  « On » ! Ça veut dire que tu veux bien m’accompagner mais que tu as peur des conséquences. Si je peux te rassurer, tu seras debout avant ton maître.

—  Oh là ! Oh là ! Doucement ! Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. Je suis toujours contre. Mais pourquoi tu ne restes pas à ton autre idée. C’est beaucoup moins dangereux !

—  Parce que je veux marquer le coup !

—  Ça pour marquer …

—  Te moque pas de moi. Alors, tu me donnes un coup de main ?

—  Ce serait plutôt d’une paire de claques dont tu aurais besoin.

 

Il la menaçait d’un châtiment qu’il n’aurait jamais été capable de lui infliger. D’autant plus qu’il s’était juré de ne jamais avoir une quelconque marque de violence envers elle, surtout après ce qu’elle avait vécu. Iris s’arrêta de marcher et s’assit en tailleur à même le sol, à quelques mètres de la maison. La position du boudeur et non pas du bouddha.

 

—  Tu perds ton temps ! Ce n’est pas comme ça que tu me feras changer d’avis.

 

Elle saisit la balle au bond pour exploiter, à son profit, chaque mot ou expression.

 

—  Comment, alors ?

—  Mais c’est pas possible d’être aussi butée ! N-O-N ! Il faut que je te le dise en quelle langue pour que tu comprennes ?!

 

Soudain, il l’entendit sangloter : le coup des larmes maintenant ! Typiquement féminin ! Mais ça non plus, ça ne prendrait pas !

 

—  Je sais que ce que je fais est risqué et que tu peux être compromis si les gardes nous tombent dessus.

 

Ah ! Elle devenait raisonnable. Enfin … elle semblait …

 

—  Toi qui me disais que tu ferais tout pour moi… Maintenant que j’ai besoin de ton aide, tu me laisses tomber, tu m’abandonnes à mon triste sort et sans aucune pitié. Tu n’as donc pas de cœur : ni pour moi, ni pour Daphné.

 

Et voilà ! L’étape de la culpabilité, maintenant !

 

—  Je vais donc y aller toute seule, bravement, en escaladant à mains nues cette paroi qui semble inaccessible. J’y récolterai les roses pour Daphné et les lauriers pour moi.

 

Ensuite, le panégyrique de la pauvre petite victime esseulée.

 

—  Puis, je redescendrai comme je suis montée, les mains couvertes de sang, le cœur palpitant à cause du vide qui me tend les bras.

 

Et la cerise sur le gâteau, l’argument pathétique, digne de vous arracher une larme. Sa tentative de persuasion était menée de main de maître mais Saga ne céda pas. Il demeura aussi impassible qu’un bloc de marbre. Au bout de quelques minutes, quand Iris s’aperçut que Saga n’avait pas bougé d’un pouce et qu’il ne s’était pas jeté à ses genoux en implorant son pardon, elle se releva et se dirigea chez elle. L’adolescent sourit intérieurement : il avait réussi à lui tenir tête et, sachant qu’elle ne pourrait plus compter sur lui, elle abandonna son projet afin d’opter pour quelque chose de plus sage. Puis Saga s’affola ! Une minute ! Quand il avait refusé de l’entraîner, ça ne l’avait pas empêchée de l’espionner et de pratiquer en secret ! Il redevint grave. Méfiance ! Iris tourna la poignée de la porte et se retourna sur le pas en affectant un profond désespoir.

 

—  Adieu, donc : si je glisse de la falaise, les roses destinées à Daphné seront mon linceul.

 

Puis elle quitta la scène avec toute la noblesse et le panache d’une Andromaque et referma la porte derrière elle. Son attitude avait laissé Saga pantois. L’image d’Iris se faisant harponner par la garde ou se brisant les os le fit brusquement changer d’avis. Elle était douée, très douée pour manipuler son entourage. Aussi redoutable que Milo ! Concernant Saga, elle avait clairement identifié son talon d’Achille. Polydeukès avait raison : il était beaucoup trop sensible et réagissait davantage en fonction de ses sentiments. Il n’était pas arrivé à faire plier Iris à ses injonctions. Pire ! Il allait participer à son crime ! Il céda, honteusement. Elle avait gagné ! Saga s’approcha de la porte, abattu. Sans même savoir si elle était encore de l’autre côté, il lui annonça son intention. 


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