Chevalier, mais pas trop ...

Chapitre 5 : JEUX INTERDITS

1257 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/11/2023 13:34

Disclaimer : cf. chapitre 1

 

CHAPITRE 5

JEUX INTERDITS

 

—   Je sais que tu es un chevalier et pas une nourrice mais pourrais-tu me la garder pendant quelques jours ? Voici de quoi prendre soin d’elle, supplia Daphné. Je viendrai la chercher à temps. Promis. Je compte aussi sur toi, Saga.

—   C’est vrai que ce n’est pas du tout dans mes habitudes … Tu vas bien ?

Daphné ne put retenir ses larmes plus longtemps..

—   A vrai dire, Ixion doit arriver dans très peu de temps. Je pensais qu’il m’avait oubliée, mais non. Le connaissant, je doute qu’il puisse accepter la présence d’Iris. Il me demandera certainement si je lui ai été infidèle. C’est pour sa sécurité que je fais ça … tu es la seule personne en qui j’ai entièrement confiance. Veux-tu m’aider ? demanda-t-elle en joignant les mains.

—   Bien sûr qu’on va t’aider, Saga et moi. Mais toi ? Tu vas t’en sortir ?

—   Ne vous faites pas de souci pour moi. Je saurai me débrouiller. Tout ce que je vous demande, c’est de la cacher pendant quelques temps.


Polydeukès sourit brièvement et échangea un regard interminable avec le docteur. Saga spectateur attentif, subodorait le calvaire que vivait Daphné aux côtés d’Ixion. Mais par pudeur et respect pour l’intimité de cette dernière, et surtout parce qu’elle ne voulait pas se confier davantage, Polydeukès ne lui avait jamais directement parlé de ses soupçons. Ce petit manège dura des années. Heureusement, Iris égayait les soirées des deux chevaliers d’abord par ses babillages de bébé puis ses bavardages ininterrompus de petite fille. Comme la place manquait dans les deux cabines pour installer un second lit, le chevalier décréta qu’Iris dormirait avec Saga.


Daphné venait effectivement récupérer sa progéniture mais toujours bien après le départ de sa « tendre » moitié, c’est-à-dire au bout d’une à deux semaines. Saga vivait alors la séparation comme un déchirement alors qu’il pouvait voir le petit parasite tous les jours quand elle avait réintégré son foyer.


Quand Iris fut en âge de gambader, elle rejoignait Saga après son entraînement. Elle n’attendait même pas que son camarade ait récupéré. Une vraie pile électrique à cinq ans ! Les deux enfants avaient pour habitude de sortir du village et d’aller sur la falaise pour admirer le coucher du soleil ou bien encore de courir pieds nus sur le bord de la plage. Mais une de leurs distractions favorites consistait à sauter du haut de la cascade. La première fois fut éprouvante pour Saga :


—   Mais c’est dangereux ! Tu vas te briser les os ! Tu sais à peine nager !

—   Mais c’est dans l’eau que je me jette : pas sur les rochers !

—   Tu as pensé à ce que dira Daphné quand elle verra que tu es toute mouillée ?

—   Si tu ne dis rien, elle n’en saura rien.


Puis la petite commença à se déshabiller : elle retira d’abord la ceinture à laquelle était accrochée sa dague et qui maintenait sa robe. Puis, elle ôta cette dernière et ses sandales. Elle plia le tout soigneusement et, par précaution, éloigna son petit ballot de linge de la chute pour éviter les éclaboussures. Enfin, elle défit le nœud qui maintenait ses cheveux pour laisser voir une chevelure épaisse mais raide, coupée de manière régulière d’une omoplate à l’autre, tout comme l’était sa frange au milieu de laquelle une mèche rebelle ne se pliait décidément pas aux lois de la gravité. Cela lui donnait une petite touche d’espièglerie.


Iris se mit à escalader la paroi tout à côté de la chute si bien qu’elle fut déjà mouillée avant même d’avoir plongé. Pendant tout ce temps, Saga restait en bas, les bras croisés, suivant anxieusement la fillette du regard pour éventuellement assurer une parade en cas de chute. Mais toutes ces précautions s’avéraient vaines car Iris possédait l’agilité d’une chèvre habituée à gravir les reliefs les plus escarpés. Arrivée tout en haut de la falaise, Iris se positionna sur un rocher saillant. Le garçon la fixait tout en essayant de dissimuler au mieux son inquiétude. Puis, Iris s’élança pour plonger en plein milieu de la rivière et sortit la tête de l’eau quelques mètres plus loin, portée par le courant.


—   Pourquoi tu ne viens pas ? L’eau est vraiment très bonne et ça te ferait du bien après ta dure journée.

—   Non ! J’ai pas envie de barboter ! répondit sèchement Saga pour cacher sa joie de voir Iris en un seul morceau.

—   Oh ! La poule mouillée ! Si tu sais pas nager, je peux t’apprendre !

—   Merci mais j’ai appris à nager bien avant toi ! justifia le garçon qui détourna le regard pour ne pas voir Iris sortant de l’onde.

—   Je sais ! Tu as peur que je te vois tout nu ! Avoue !


Piégé 

!

—   Allez ! Fais pas ton timide ! Tu es mon grand frère, non ? Et je parie que tu meurs d’envie de faire la même chose que moi.


Comment résister au chant des sirènes. Sur l’invitation de la fillette, Saga se délesta de ses vêtements qu’il plaça à côté de ceux de la petite et gravit lui aussi la paroi, précédé par la tentatrice. Une fois arrivés sur le rocher, Iris regarda son compagnon d’un air amusé : ses mains étaient croisées sur son entrejambe et il sentit une bouffée de chaleur lui monter jusqu’aux joues.


—   On se connaît depuis que je suis bébé. Pourquoi tu fais tellement de manières ?


Saga relâcha lentement ses mains et mit ses bras le long du corps. Il inspira profondément et regarda droit devant lui.


—   Allez ! On saute !


Le jeune garçon n’aurait pas eu le temps de protester s’il l’avait voulu ! Sa compagne de jeu l’entraîna dans une chute aussi précise que la précédente. Il se laissa prendre au jeu et les deux enfants réitérèrent l’opération plusieurs fois avant que Saga ne juge nécessaire de rentrer. Les deux se laissèrent alors sécher sur les rochers encore chauds puis se rhabillèrent et rentrèrent dans leurs foyers respectifs, ou bien uniquement chez le chevalier d’or lorsqu’Ixion réapparaissait. Il ne fallait surtout pas déroger à la règle bien qu’Iris manifestât un peu trop de curiosité sur ce qui pouvait bien se passer chez elle quand un autre prenait sa place. 


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