Woes Chapter

Chapitre 41 : Epilogue : Espoirs

1817 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/05/2023 16:10

Epilogue : Espoirs.


La Cloth de la Balance, l'Armour du Byakko et la Surplis du Genbu retombèrent du firmament et se reformèrent au sol. Les armes de la Balance rejoignirent leur armure, ramenant avec eux les chevaliers d'or qu'elles s'étaient désignés. Bien vite, à la vitesse de la lumière, Seiya et June revinrent également, suivis de tous les chevaliers d'ébène. Ensemble, les Saints d'élite du Sanctuaire avaient vaillamment défendu la Terre et ses habitants en détruisant l'un après l'autre les astéroïdes menaçants. Avec l'aide des armes de la Balance ou de leurs propres armes, ils avaient réduit les impacteurs à l'état de poussière sidérale. Et ils découvraient maintenant les conséquences du dernier affrontement entre les Pics et les Calamités.

Xiaoling se rapprocha de Shunreï, avec laquelle elle s'était liée d'amitié des années plus tôt lors de son passage aux Wu Lao Feng. La compagne de Shiryu reprit ses esprits, le cœur serré par l'intuition qui la tenaillait. Elle regarda autour d'elle et son regard se posa sur l'armure reconstituée de son compagnon. Elle fondit en larmes en devinant ce qu'il s'était passé. Ses sanglots sortirent ses fils de leur inconscience. Eux aussi comprirent rapidement que leur père s'était sacrifié, avec la complicité de ses frères d'entraînement, pour leur sauver la vie. Les larmes coulèrent, incontrôlées et intarissables, sur leurs joues. Ils vinrent se serrer contre leur mère pour partager sa souffrance, sa peine et son désespoir. Ce qu'il restait de la Fane de la Vouivre, la Nahual du Serpent à Plumes, la Robe de Jormungand et la Cloth du Dragon se démantelèrent pour se réassembler auprès des autres Shields mortes. Toute force vida les Pics survivants et Shunreï s'effondra.

— Pourquoi ? Implora-t-elle, s'adressant aux Quiddités. Ne pouvez-vous rien faire ? Ils sont morts pour vous accorder la victoire !

Nulle accusation dans sa voie. Juste la supplication d'une femme qui sait d'avance qu'elle ne sera pas exaucée.

— Nous sommes des essences fondatrices et régénératrices, jeune Vouivre. Mais pas résurrectrices. C'est pour cela que l'évolution ne fait jamais marche arrière.

— Alors il n'y a vraiment aucun espoir pour notre père et ses condisciples ? Supplia Ryufeng.

— Aucune espèce ne peut revivre une fois éteinte, jeune dragon quetzal. Même en guidant les forces évolutives, aucune nouvelle espèce ne peut être strictement identique à une espèce disparue. Il en va de même pour les individus.

— Vous êtes pourtant des puissances supérieures aux dieux qui, eux, tirent leurs pouvoirs du peu d'aptitude que vous leur allouez, fit remarquer Ryuho. Si Hadès a pu le faire, comment seriez-vous incapables de ressusciter des existences humaines ?

— Seuls les humains, sous toutes leurs formes, y comprit divines, osent s'opposer aux forces de la Nature, jeune dragon oriental. Nous ne contreviendrons pas aux règles de notre Mère.

— Est-ce à dire que les dieux ont des pouvoirs que vous n'avez pas ? Insista Shoryu.

— Nous sommes des essences, pas des existences. Nous ne vivons ni ne mourons. Nous sommes, tout simplement. Les notions de vie et de mort ne nous concernent pas comme elles concernent tous les êtres vivants. Ce que vous appelez pouvoir de résurrection n'est en réalité qu'une transgression de ces principes. Outrepasser des lois naturelles est un trait de caractère inné de l'humanité, jeune dragon occidental. Quoi de plus naturel pour les dieux, eux-mêmes des humains éveillés, d'une certaine manière, que de s'octroyer des droits allant à l'encontre du cycle de la vie et de la mort. Ce manque d'acceptation de la mortalité est l'entrave qui les emprisonnera pour l'éternité… car s'ils s'en libéraient, ils redeviendraient de simples humains, et cela leurs est inenvisageable. Vous, les Pics, ne partagez pas cette vanité.

Cette affirmation était-elle un dernier jugement, un ultime compliment ou le test final ?

— Il y a pourtant une déesse qui fait fi de cette vanité régulièrement ! Déclara une voix féminine, impérieuse et vibrante.

Une femme, apparue parmi les chevaliers du Sanctuaire, s'avança. Son dunamis étincelant enveloppait les Saints d'une lueur maternelle. Ses longs cheveux bruns aux reflets roux et blonds retombaient éparses sur ses épaules. Sa tête s'ornait d'un casque corinthien doré et finement gravé. Sa tunique d'or fin tressé la parait d'une armure de tissu. Un bouclier, décoré d'une lance, d'un serpent et d'un sarment, était fixé dans son dos. Une chouette était posée sur son épaule et un gorgonéion pensait à son cou. Hébétés, tous les chevaliers s'agenouillèrent immédiatement, poing en terre.

— C'est exact, Athéna, confirmèrent les Quiddités. Tu es la seule à t'opposer à tes pairs et à prôner l'existence humaine comme égale à celle des dieux. La seule également, même si uniquement quand tu te réincarnes, à te limiter aux capacités d'une enveloppe charnelle mortelle que tu ne cherches pas à modifier en ton apparence véritable.

De fait, c'était la première fois depuis les temps mythologiques, la déesse de la sagesse et de la guerre juste foulait la surface de la Terre dans son vrai corps. Et elle n'était pas la seule présence divine. Autour des Saints survivants et des Pics restants, une assemblée de dieux se forma. Les Olympiens bien entendu, mais aussi des ressortissants d'autres panthéons comme Amon-rê, Odin, Quetzalcoatl, Yuhuangdadi, Dagda, Ta'aroa, Wakan Tanka, Saruta-Hiko Okami, Inti, Olorun, Brahmâ, Houbal et Ulgan, les représentants qui avaient ratifié la trêve panthéique.

— Athéna, annonça Zeus lui-même. Tes Saints ont aidé à préserver la Vie sur Terre. Planète que beaucoup aspirent à diriger et que j'ai confiée à ta bonne garde. Malgré les affrontements incessants et les pertes qu'ils ont infligé à bon nombre d'entre nous ici présents, en ton nom ma fille, je dois bien avouer qu'ils ont fait preuve d'une grande bravoure et ont été d'une grande utilité… en combattant à l'échelle de la planète et non pas seulement sur leurs propres terres.

Seul le roi des Olympiens pouvaient se permettre d'accuser d'égoïsme, même implicitement, autant de ses pairs divins. Pourtant, malgré l'affront à peine caché, aucun d'eux ne riposta.

— Mes chevaliers font ma fierté, confirma Athéna. Mais leurs pertes sont considérables. Au point que je vous fasse le serment suivant, mes sœurs et frères. Si un seul d'entre vous ose prendre avantage de la situation pour s'attaquer aux humains que je protège, je me battrai en personne contre vos troupes.

La déesse de la guerre défia les autres dieux qui restèrent de marbre. Une litanie se propagea parmi eux et une vague ondulante de leurs dunamis combinés s'étendit progressivement aux alentours.

— Les dieux remercient les humains, Athéna, fit Zeus.

Et pourtant, il semblait s'adresser également aux Quiddités.

— Par ce présent divin, nous mettons fin à la trêve panthéique invoquée par ton Grand Pope, ma fille, reprit le chef des dieux grecs.

La vague de dunamis prit forme et, petit à petit, tous les chevaliers du Sanctuaire morts au cours des affrontements contre les Calamités et leurs Aléas en émergèrent, qu'ils soient d'acier, de laiton et de suie, de bronze et de cendre, d'argent et de charbon. Un à un, et sans rien ajouter, les dieux se volatilisèrent. Arès reprit l'Armour du Byakko avec lui et Hadès remporta la Surplis du Genbu. Eris rappela à elle la Fane de la Vouivre, Odin la Robe de Jormungand et Quetzalcoatl la Nahual du Serpent à Plumes.

— Ainsi, il existe encore un espoir pour l'humanité et la biodiversité, soufflèrent les Quiddités avant de retourner dans l'oubli du plus grand nombre. Divins ou mortels, les humains viennent de faire la preuve qu'ils peuvent user de leur faculté de transgression pour construire et préserver plutôt que pour détruire et condamner. Il leur suffit de s'unir.

Leur présence s'évapora dans l'environnement des Qi Lao Feng qui retrouvèrent leur quiétude et leur sérénité séculaires. Athéna contempla arrogamment sa chevalerie reconstituée au complet… ou presque. Shiryu n'était pas de retour parmi les siens.

— Shiryu, Okko et Genbu sont sortis de notre juridiction en emportant leur adversaire dans l'espace, expliqua-t-elle en réponse à la question muette. Vous ne récupérerez pas le chevalier d'or de la Balance, j'en suis profondément navrée.

La déesse fit apparaître le casque du Grand Pope dans ses paumes réunies en une coupe divine. Elle s’avança parmi ses chevaliers toujours agenouillés. S’arrêtant devant Shaina, elle s’accroupit et lui intima l’ordre de se redresser.

— Ma fille, tu as été, comme je le suis moi-même, détentrice de la foudre de mon père, que tu as maniée avec raison et dextérité. Je te charge de guider ma chevalerie sacrée. Reçois ce casque en gage de ta nouvelle fonction.

Athéna remit l’emblème du Grand Pope entre les mains de la femme chevalier d’Ophiuchus, puis elle agrippa fermement le bâton d’Asclépios et un éclair trifide l’enveloppa.

— Je charge de nouveau ton attribut de la foudre ouranienne forgée par les Cyclopes Argès, Brontès et Stéropès. Puisses-tu ne jamais avoir besoin de t’en servir.

La déesse de la guerre défensive commença à s'effacer, admirant un dernière fois ses fidèles chevaliers. Une dernière fois avant sa prochaine réincarnation. Un long moment de silence révérencieux accueillit son départ. Shaina finit par se ceindre du casque du Grand Pope et tous les chevaliers inclinèrent la tête pour confirmer son sacrement.

— Retournons au Sanctuaire, mes amis, constitua son premier ordre. Retournons vers ce havre de paix et de lumière.

Shun fut le dernier à partir, retournant aux côtés de Shunreï et de ses fils.

— Je n'ai pas les mots pour soulager votre peine, commença-t-il. Shiryu…

— N'est pas mort, le coupa Shunreï en essuyant ses larmes et en contemplant la Cloth de la Balance.

— Oui, il est encore en vie, affirma Shoryu en se redressant.

— Il ne peut en être autrement, confirma Ryuho en souriant.

— Il reviendra, assura Ryufeng d'un air de défi.

Imperceptiblement, mais de façon suffisamment flagrante pour la famille de Shiryu, l'armure d'or de la Balance venait d'être animée d'un éclat aussi furtif… que vivant.

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