Woes Chapter

Chapitre 40 : Lushan, famille et sacrifices.

3584 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/05/2023 16:07

Chapitre 40 : Lushan, famille et sacrifices.


Shun tenta de se remettre debout mais n'y parvint pas. Comment un seul être avait-il pu venir à bout d'autant de chevaliers aussi facilement ? Et il ne s'agissait pas que de chevaliers. Même les Pics avaient été mis à terre d'un seul geste alors qu'ils avaient été de taille à désincarner les autres Calamités. Même en combattant Poséidon et Hadès, le chevalier d'or de la Vierge n'avait ressenti pareille récessivité. C'était comme s'il ne suffisait pas, cette fois, de sublimer son cosmos pour égaler celui de leur adversaire. Et pourtant, il ne perdit pas espoir.

— Relevez-vous, chevaliers du Sanctuaire ! Ordonna-t-il en obéissant à sa propre injonction.

Il fit jaillir de son cosmos une multitude de chaînes d'or rose, rappelant des hélices d'ADN et finement gravées de mantras salvateurs en sanskrit. Chacune alla trouver un survivant, trop peu à son goût mais c'était toujours ça, et le nimba d'un cosmos d'une douceur infinie.

— Sansaar Janjeer ! [chaînes du Saṃsāra] Chevaliers, vous avez juré de vous relever tant qu'il vous resterait une once de vie, une étincelle de cosmos, une braise de volonté. Je vous commande par ces chaînes sacrées de la Vierge de respecter votre serment !

Les chevaliers à qui il restait encore au moins un souffle à vivre se virent investis d'une force renouvelée. Shun insufflait son propre cosmos par l'intermédiaire de ses chaînes évanescentes, leur offrant la poursuite d'une existence de souffrance et de bienfaisance.

— Cette énergie n'est pas du cosmos, fit remarquer June en admirant son compagnon maintenant investi d'une aura quasi divine. C'est le… dunamis.

L'espace d'un instant qui sauva quelques-uns de ses camarades, l'homme le plus proche d'un dieu en était devenu un. Shun s'était élevé au Big Will, transcendant temporairement son état d'humain. Non pas un homme possédé par une divinité, mais le dieu androgyne de la Vierge. Il était magnifique. L'investiture sacrée prit fin et les chaînes du Saṃsāra s'évanouirent dans l'irréel. Seuls les chevaliers d'or et d'ébène se relevèrent. Aucun autre… à part les sept Pics que les chaînes avaient pourtant rejetés. Tous les autres…

— Kiki, interpela le Grand Pope.

Le chevalier d'or du Bélier s'avança vers Shiryu et ses compagnons.

— Je vais devoir te demander de nous téléporter à Lushan car c'est là bas que tout va se jouer.

Il se mit à se déplacer parmi les chevaliers survivants.

— Mes amis, mes frères, mes sœurs, ma famille… vous avez fait honneur à la chevalerie d'Athéna. J'aimerais que notre déesse puisse vous le dire elle-même mais je ne pense pas me fourvoyer en m'avançant à vous dire qu'elle serait extrêmement fière de vous. Mais Planitaíos n'en a pas terminé. Il voue son existence à détruire la biodiversité actuelle. Accompagnez-moi une dernière fois. Je sais pas si nous y survivrons, ni même si nous réussirons. Mais nous mourrons en essayant ! N'abandonnez jamais et continuez de défendre la Terre et ses habitants… jusqu'à votre dernier souffle !

À ses mots, les derniers Saints s'enveloppèrent de leur cosmos, les Pics se nimbèrent d'ousia et tous se préparèrent au combat final. Kiki téléporta tout le monde aux Qi Lao Feng.


**


Quand les chevaliers et les Pics apparurent sur les pentes de Lushan, ce fut pour y découvrir un environnement tourmenté, loin de la sérénité habituelle qui le caractérisait. Les sept monts semblaient agités et perturbés, comme si une catastrophe les menaçait. Et pour cause, Planitaíos flottait dans le ciel, des volutes d'ousia déchaînés venant à lui et l'enveloppaient. Il semblait les manipuler comme le ferait un marionnettiste ou un chef d'orchestre.

— Il veut détruire notre havre, informa la Quiddité de l'Or.

— Pics, avec moi ! Lança alors Shiryu.

Tous comprirent l'importance et l'urgence de la situation et s'élancèrent, laissant les chevaliers d'or et d'ébène en arrière. C'était leur combat. D'un seul regard subreptice, la Calamité des Chutes de Météorites les stoppa, tel un mur arrêtant des moucherons. Son sunolon les renvoya au sol implacablement mais il se relevèrent aussitôt pour revenir à l'attaque, inlassablement.

— Rozan Kyōka Suigetsu ! [hydroillusion de Lushan]

— Rozan Hiryū Hibana ! [étincelles du dragon de feu de Lushan]

— Rozan Hariken ! [ouragan de Lushan]

— Rozan Waibān Kousatsu ! [Strangulation de la vouivre de Lushan]

— Rozan Mōko Ha ! [Ascension du tigre violent de Lushan]

— Rozan Sho Ten Ha ! [véritable ascension de Lushan]

— Rozan Sho Ryu Ha ! [la colère du dragon de Lushan]

Les sept porteurs des Shields se ruèrent une fois de plus vers Planitaíos en attaquant de toutes leurs forces. La barrière de sunolon arrêta les vagues acharnées d'ousia.

— Encore une fois ! Rugit Okko. Rozan Momoko Ha ! [Cent tigres de Lushan]

— Rozan Sen No Toppū ! [Mille bourrasques de Lushan]

— Rozan Kureijīrūtsu ! [racines en folie de Lushan]

— Rozan Kyūkyoku Taika ! [embrasement ultime de Lushan]

— Rozan Nan Sen Buki ! [milliers d'armes de Lushan]

— Rozan Suiryū Enbu ! [danse du dragon d'eau de Lushan]

— Rozan Sen Ryu Ha ! [Mille dragons suprêmes de Lushan]

Cette fois le champ de force qui semblait entourer la Calamité astronomique vibra sous le choc et se brisa. Planitaíos sembla surpris et en resta interdit un instant.

— Ça marche ! S'exclama Genbu. Nous sommes sur le territoire des Quiddités. Cela décuple nos pouvoirs.

— Encore une fois ! Encouragea Shunreï.

Motivés par leur succès, ils poursuivirent leur assaut.

— Misérables existences ! Hurla Planitaíos.

D'une émanation, il les repoussa durement et les sept Pics furent projetés au sol… duquel il se relevèrent une fois supplémentaire. Leurs Shields étaient dans un état lamentable, leurs corps perclus de douleurs et de blessures, mais ils n'abandonnaient pas. La Woe de Planitaíos accusa soudainement une fêlure. Non pas une, en réalité, mais sept. La Calamité les suivit une à une d'un doigt tremblant de stupeur et de haine mêlées. Les volutes d'ousia autour de lui cessèrent de danser et se fixèrent un instant, avant de s'élever vers la voûte céleste.

— Vous, les Pics et les Quiddités qui vous imprègnent, le temps est venu.

Une énorme forme ronde et brillante apparut dans le ciel, effaçant la lueur de la lune et celles des étoiles.

— Il y a quatre milliards et demi d'années, une protoplanète percutait la Terre. Il n'y avait pas encore de vie à l'époque, je ne faisais que tester une certaine possibilité. Celle de contrôler non plus un météoroïde ou un astéroïde, mais un planétésimal. Cet entraînement portera ses fruits aujourd'hui même.

Les chevaliers et les Pics contemplaient, effrayés, le bolide céleste qui se rapprochait de la Terre, comme en attestait son diamètre grandissant. C'était impossible !

— La ceinture d'astéroïdes principale provient de la désagrégation d'une ancienne planète que les humains ont nommée Phaéton. Ironie du sort, ce nom provient d'une divinité qui ne fait l'objet que d'un seul mythe, celui de sa chute. J'ai reconstitué Phaéton… et comme Théia en son temps, je vais la faire percuter votre Terre. Ptósi Faéthon ! [Chute de Phaéton]

Comme une condamnation, le planétésimal amorça réellement sa chute. Déjà les effets sur l'équilibre de la Terre se faisaient sentir. L'attraction gravitationnelle du colossal corps céleste déstabilisait l'intégrité de la planète.

— N'oubliez pas où vous êtes, Pics de Lushan, tonnèrent les voix des Quiddités.

Cette fois, les chevaliers aussi entendirent ces voix primales. Ils sursautèrent, comprenant qu'elles s'adressaient à Okko, Genbu, Shiryu, Shunreï, Ryufeng, Shoryu et Ryuho.

— Rendez-vous sur vos Pics et puisez dans leur mémoire atavique. Vous êtes les porteurs des Shields qui baignent dans les cascades sacrées depuis des temps immémoriaux. Ensemble, vous êtes le bouclier de la Terre.

Les Pics laissèrent les chevaliers au pied des Qi Lao Feng et filèrent devant leurs cascades respectives. Là, ils surent d'instinct ce qu'ils devaient faire. Se laissant guider par la volonté de leur environnement , à l'écoute de l'écosystème dans lequel ils avaient grandi et s'étaient construits, ils s'avancèrent sous les flots tumultueux. Instantanément, leur ousia entra en résonance avec les poussières d'étoiles. Ils perçurent la nature galactique des eaux de Lushan. Le poème de Li Bai leur revint en tête :

"Sous les rayons du soleil, une fumée pourpre monte du brûle-parfum.

De loin je contemple la cascade suspendue au-delà du fleuve.

De trois mille pieds, rapide, elle se jette et descend, droite comme une flèche.

On dirait qu'elle tombe directement des neuf cieux de la Voie Lactée."

Alors, faisant flamber leurs ousia à leur paroxysme, les sept Pics de Lushan invoquèrent leur capacité emblématique, le rite de passage marquant l'avènement de chaque disciple achevant sa formation. Sans se concerter, mais en pleine conscience de leur synchronisation, ils levèrent d'un même geste leur poing porteur du bouclier et inversèrent le courant des cascades des Qi Lao Feng.

— Rozan Kyūten No Nanataki Kōtō ! [ascension des sept cascades des neuf cieux de Lushan] clamèrent-ils de concert.

Magistralement, les sept chutes d'eau s'élevèrent, tout d'abord doucement puis de plus en plus rapidement, dépassant la vitesse de libération planétaire qui leur permit d'échapper à l'attraction terrestre. Les sept masses d'eau, inexplicablement intarissables, se rassemblèrent en une seule, considérable et formant un bouclier aqueux, rutilant de particules stellaires imbibées d'ousia. Le bouclier percuta violemment Phaéton et bloqua sa progression. Hurlant leur détermination, les disciples des Qi Lao Feng lancèrent leurs dernières forces dans cette technique combinée. Phaéton se disloqua dans une déflagration titanesque, formant une synestia circumplanétaire.

Planitaíos ne perdit pas de temps à s'étonner du retournement de situation et prit de suite le contrôle du nuage d'astéroïdes et de météoroïdes.

— Vous me sous-estimez, Pics ! J'ai déjà éradiqué la Vie sur Terre peu après sa première apparition, vous venez de m'offrir l'occasion de recommencer ! Ópsimos Sfodrós Vomvardismós ! [Grand bombardement tardif]

Partout sur Terre, les débris de Phaéton se mirent à fuser vers la surface, véritable pluie exterminatrice, météoritique et cométaire mondiale. Shun réagit au quart de tour.

— Mii, Kiki, avec moi ! Buddh Kee Raksha Atmak Janjeer ! [la chaîne protectrice de Bouddha] psalmodia-t-il.

Les chaînes protectrices de la Vierge formèrent une sphère tourbillonnante autour de la Terre.

— Cristal Sphere ! [sphère de cristal] Clama le chevalier d'or du Bélier.

— Aquamarine Roses ! [roses aigues-marines] s'écria la Saintia d'or des Poissons.

Une enveloppe télékinétique cristalline et un réseau de roses bleutées vinrent seconder le maillage doré de Shun. Faisant brûler leur cosmos au-delà du septième sens, les trois chevaliers d'or enrobèrent la planète d'une protection qui maintint en retrait les météoroïdes et les poussières sidérales. Mais les astéroïdes poursuivirent leur progression et traversèrent la barrière cosmique. Shiryu, sortant de sa torpeur, intervint :

— Par le pouvoir et les devoirs qui m'ont été conférés par Athéna, je vous commande armes de la Balance. Choisissez votre porteur et permettez aux Saints de protéger la Terre !

Shiryu se gardant un bouclier, onze armes de la Balance d'or se détachèrent de son armure et filèrent vers les chevaliers d'or, hormis Seiya et June qui bénéficiaient de leurs propres armes sacrées. Elles se fichèrent dans le sol aux pieds des porteurs qu'elles s'étaient choisies. Dignement, presque avec hésitation malgré l'autorisation du Grand Pope, garant de leur usage de par son statut de Saint d'or de la Balance, ils se saisirent des armes qui leurs avaient été octroyées. Hyoga et Katya s'emparèrent des tonfas, Xiaoling d'un bouclier, Kiki et Mii des nunchakus, Shun d'un sanchaku, Marine d'une lance et Erda d'une épée. Trois armes allaient rester sans utilisateur lorsque des mains s'en saisirent. Leurs compagnons n'en crurent pas leurs yeux. Ikki prit la lance qui lui était dévolue, Shaina le sanchaku restant et Jabu la deuxième épée.

— Mon frère… commença Shun.

— Ne suis-je jamais revenu d'outre-tombe, Shun ? Demanda-t-il amusé.

— Shaina… murmura Marine.

— Un de mes prédécesseurs avait bien vaincu la mort, pourquoi pas moi ? Railla la femme chevalier d'or d'Ophiuchus.

— Je ne pensais que… balbutia Erda en regardant Jabu.

— Ton feu follet m'a ramené, mon amie. Je t'en remercie, fit le chevalier d'or du Capricorne. Et je ne suis pas seul…

Ils n'eurent pas plus de temps pour se réjouir. Les armes de la Balance d'or les téléportèrent aux endroits de la Terre où les pires impacts étaient attendus. Gyun-Hyeong, de son côté, avait elle aussi réparti ses armes d'ébène… apercevant subrepticement des camarades, censés être tombés au combat, accepter l'offre de la Saintia de la Balance noire avant d'être elle-même téléportée là où sa présence serait requise. Morallta, Nyati, Mira, Inyoka, Kuraion… avaient-ils été des illusions où étaient-ils revenus de l'autre monde pour défendre la Terre ? Elle en aurait le coeur net plus tard. En attendant, si l'on exceptait Shiryu, vingt-sept chevaliers d'élite étaient répartis à la surface du globe pour détruire les impacteurs les plus dangereux grâce aux armes des Balances d'or et d'ébène, capables selon les légendes de briser les étoiles elles-mêmes.

Ne doutant pas du succès de ses amis de toujours et de leurs alters egos, Shiryu reporta son attention sur Planitaíos. Bientôt rejoint de ses condisciples et de sa famille, ils firent face à leur ennemi ultime. Ce dernier les contemplait avec une intense circonspection. Une colère froide vibrait dans son regard.

— Theía Próskrousē ! [Impact de Théia] s'exclama-t-il sans le moindre signe annonciateur.

Les Pics n'eurent que le temps de lever leurs boucliers… qui explosèrent sous le terrible choc de sunolon. Shiryu fut le premier à se relever :

— Excalibur ! Lanca-t-il.

— Theía Próskrousē ! [Impact de Théia] répéta la Calamité astronomique, impitoyable.

L'épée sacrée fut désintégrée et le chevalier d'or de la Balance s'écroula.

— Shiryu ! Crièrent Genbu et Okko en se redressant et s'élançant dans la foulée.

— Rozan Reppū Shiden Ken ! [Vent déchirant et arc électriques de Lushan] hurla Okko.

— Rozan Shinbu Ken ! [Attaque de la véritable arme de Lushan] Clama Genbu.

Planitaíos les accueillit d'un double Eukomḗtḗs et les deux guerriers s'écroulèrent.

— Rozan Ryū Keru ! [Coup de pied du dragon de Lushan] tenta Shunreï en voyant ses deux amis d'enfance s'effondrer.

La Calamité leva la main vers elle et la repoussa de son Eumetéôros et elle fut emportée.

— Maman ! S'exclamèrent les trois frères. Rozan Hyaku Ryū Ha ! [Cent dragons suprêmes de Lushan]

— Eumetéōra ! [Météorite véritable] répliqua Planitaíos.

Ce qui restait des Shields se disloqua et les sept Pics de Lushan furent écrasés implacablement. Les hurlements de sa femme et de ses enfants faillirent rendre fou Shiryu qui se maudit de son impuissance. Sa colère flamba et il attaqua avec l'énergie du désespoir.

— Rozan Sen Ryū Ha ! [Mille dragons suprêmes de Lushan]

La Calamité des Chutes de Météorites rassembla ses deux poings et frappa avec son Euasteroeidếs. Le Grand Pope tituba et s'affala, incapable du moindre geste, vaincu.

— Shiryu… gémit Shunreï en se relevant, fébrile. Relève-toi, je t'en supplie.

— Papa… implorèrent Shoryu, Ryuho et Ryufeng, se redressant en tremblant sur leurs jambes. Relève-toi s'il te plaît.

Sa famille s'était remise debout, courageusement et obstinément. Leurs ousia n'étaient plus de ténues, fines volutes d'énergie presque dissipée. Leurs cosmos également étaient presque éteints et même les Quiddités étaient silencieuses à présent. Mais Shiryu ne pouvait abandonner, les Pics ne pouvaient pas se le permettre. Une ultime fois, il se releva. Planitaíos sembla se préparer, mais le Grand Pope ne se dirigea pas vers lui. S'avançant vers ses enfants, le chevalier d'or de la Balance tourna la tête vers ses condisciples et ils le comprirent.

— Papa… souffla Ryufeng à bout de force quand Shiryu arriva à leur niveau.

Ryuho et Shoryu voulurent soutenir leur petit frère mais ils ne valaient guère mieux que lui, tenant à peine sur leurs jambes. Shiryu enlaça ses fils.

— Je ne saurais exprimer pleinement la fierté et l'amour que j'ai pour vous, mes garçons. Vous êtes devenus de belles personnes et de magnifiques guerriers. Mais quel père laisserait ses enfants mourir, même pour sauver la Terre ? Je suis désolé, fit-il en retenant ses larmes alors qu'Okko passait derrière Shoryu et que Genbu se glissait dans le dos de Ryuho.

Les trois frères n'eurent pas le temps de réaliser ce qui leur arrivait que les trois condisciples frappaient. Ils perdirent connaissance, retenus dans leur chute et accompagnés jusqu'au sol avec tendresse. Shunreï étouffa un cri en avançant tant bien que mal. Son compagnon la devança et la laissa se serrer contre lui. Il l'empêcha fermement de rejoindre leurs fils inconscients. Il la contempla avec les yeux de l'esprit et elle comprit trop tard. Lorsqu'elle s'évanouit dans ses bras, il la retint et lui murmura :

— Là où je vais, tu ne peux pas m'accompagner. Je t'aime, Shunreï. Occupe-toi bien de nos fils.

Il la porta jusqu'à l'endroit où Okko et Genbu avaient abrité leurs trois fils. Pour la première fois depuis très longtemps, lui sembla-t-il, il les sentait sereins. Il s'éloigna d'eux, ses condisciples marchant à ses côtés.

— Pourquoi ? Demanda Planitaíos, intrigué. Tu dois savoir que cela ne les protégera pas de la mort.

— Je ne veux pas les protéger de la mort. La mort est une chose de laquelle nul être vivant ne peut se garder. Mais je peux les protéger de la souffrance.

— Laquelle, Pic de l'Or ? Leurs corps accusent déjà de nombreuses blessures. La souffrance, ils la connaissent déjà. Comme vous ! Theía Próskrousē ! [Impact de Théia]

À sa grande surprise, Shiryu, Okko et Genbu levèrent leurs bras et parèrent le coup magistral. Le sol autour d'eux s’affaissa mais ils tinrent bon.

— Je parlais de la souffrance qui accompagnerait immanquablement ce qui va suivre.

Les ousias de Genbu, Okko et Shiryu flamboyèrent.

— Comment ? S'inquiéta Planitaíos. Vous devriez être en train de vous éteindre…

— Les disciples de Lushan possèdent une technique secrète, annonça Okko en lui emprisonnant le bras gauche.

— Une technique qui leur permet de venir à bout de n'importe quel adversaire, compléta Genbu en lui étreignant le bras droit.

— Au prix d'une mort certaine, conclut Shiryu en se plaquant contre son dos et lui enserrant les aisselles.

Les trois compagnons prirent une impulsion qui les envoya dans les airs à la vitesse de la lumière. Ils firent résonner ousia et cosmos. La Calamité tenta de se dégager, mais n'y parvint pas. Pour la première fois, la peur l'étreignit. La poigne de ses trois adversaires était inexpugnable.

Derrière Okko, l'aura de Sennenryu apparut. L'homme-dragon noir grimaçait son respect envers le disciple déchu.

— Ensemble pour Lushan, gronda-t-il.

Derrière Genbu, l'aura de Hakuryu apparut. Le dragon blanc brillait d'estime envers le disciple repenti.

— Ensemble pour la Nature, souffla-t-il.

Derrière Shiryu, l'aura de Dohko apparut. Le Vieux Maître affichait sa fierté envers le disciple prodigue.

— Ensemble pour la Terre, assura-t-il.

— Rozan Shin Kō Ha ! [Ultime pouvoir de Lushan] clamèrent Shiryu, Okko et Genbu, à l'unisson.

De partout sur Terre, les chevaliers d'or et d'ébène survivants, armés et toujours en lutte contre les astéroïdes, purent apercevoir la triple hélice ascendante et tournoyante formée d'un dragon doré, d'un tigre immaculé et d'une tortue enténébrée broyant en leur sein un corps céleste déstructuré. Ne pouvant retenir leurs larmes, ils comprirent tous qu'ils assistaient au dernier sacrifice de leur frère d'arme et de ses condisciples.

Ainsi fut désincarnée la Calamité des Chutes de Météorites, emportée vers les neuf cieux de la galaxie par l'ultime triade de Lushan.

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