Woes Chapter

Chapitre 37 : L'Ousia

9820 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/05/2023 15:56

Chapitre 37 : L'Ousia.


 <Shiryu>

Le chevalier d'or de la Balance se recueillit un instant sur le corps de Jabu, qui avait usé de ses dernières forces pour lui indiquer l'emplacement du Spéos. Sur le chemin qui l'avait mené jusqu'ici, il avait été séparé de Timio, Zach, Ryo et Haruka. En vie la dernière fois qu'il avait aperçu chacun d'eux, avant qu'ils n'aillent intercepter tour à tour des Aléas mineurs tentant de leur entraver la route, il n'aurait su dire s'ils l'étaient encore. L'immense horst qu'il avait atteint s'élevait non loin du terrible combat qui avait opposé les chevaliers du Capricorne et leurs deux adversaires. Une faille béante s'ouvrait verticalement, comme une porte minérale déchirée par des forces colossales. Shiryu serra fermement les poings et s'y engagea.

La brèche résonnait de ses craquements lugubres, la terre gémissant sous les contraintes auxquelles elle était soumise. Les fractures formaient des draperies et des colonnades qui se muaient progressivement en piliers et contreforts rocheux au fur et à mesure que le chevalier s'enfonçait dans le Spéos. Un espace gigantesque bordé de pilastres et d'arcatures angulaires s'évasa soudainement sous ses yeux. En son centre, une stèle concassée servait de trône à la Calamité des Séismes. Kýma se redressa sur un coude et sourit, carnassière.


<Okko>

L'ancien Berserker d'Arès congédia les Saints qui l'accompagnaient. Sans ménagement particulier, il leur ordonna de poursuivre leur travail de sape des troupes d'Aléas mineurs. Aldéramine, Sirrah, Diphda et Tanaïs s'étaient exécutés avec réticence mais cela lui importait peu. Là où il s'apprêtait à entrer, il préférait être seul de toute façon. Il ressentait déjà l'excitation précurseure au combat, celle-là même qui le faisait aller de l'avant durant ses premiers temps parmi les soldats du dieu de la guerre. Le Spéos se dressait face à lui, encastré dans une colline de laquelle émanait un relent morbide et délétère.

Les colonnes qui encadraient l'entrée étaient gravées de chiffres et de lettres qu'Okko identifia rapidement comme étant les épidémies végétales et animales, humaines comprises, datées et renseignées du nombre de leurs victimes. La série d'inscription se poursuivit, infinie, sur chacun des piliers bordant le long couloir dans lequel le Pic s'engagea. Il parvint finalement dans le naos au centre duquel se trouvait une imposante statue à la gloire des différents vecteurs de maladies. La Calamité des Épidémies l'y attendait, debout les bras croisés, au sommet de la sculpture malsaine. Kataigída lui adressa un hochement de tête appréciateur.


<Genbu>

Dès que le brouillard glacé s'évapora, l'ancien remplaçant de la Balance se releva pour s'apercevoir qu'il se trouvait sur le toit d'une construction de glace gigantesque. Il sourit de dérision. Depuis le début, il se trouvait sur le Spéos de la Calamité des Glaciations. Il sauta au bas de l'édifice et se rétablit souplement. Il admira le fronton du temple, gravé directement dans un glacier d'un bleu intense. Les fresques qui l'ornaient le firent néanmoins frissonner. Les figures qu'elles représentaient semblaient se tordre de souffrances, sous l'emprise de mains gelées dont les doigts crochus figeaient leurs corps dans des positions effrayantes. Genbu s'engagea pourtant sans hésiter.

Les ruissellements, le long des crevasses aux contours à la fois affûtés et émoussés, gouttaient mélodieusement sur un sol crissant. Les craquements du névé au-dessus de lui se propageaient dans les anfractuosités, se mêlant harmonieusement à la musique cristalline ambiante. Les pas du Pic résonnaient dans cette cathédrale de glace. Il suivit d'une allure décidée le couloir principal, jusqu'à parvenir à une cavité énorme. Au plafond pendaient des stalactites rutilantes qui surplombaient des stalagmites éclatantes s'élevant du sol. Un vaste amphithéâtre aux marches englacées était entouré de colonnes de neige. Sur la scène, Chióni l'attendait patiemment, le toisant de son regard froid.


<Shunreï>

La fille adoptive de Dohko contemplait avec circonspection la structure qui s'élevait devant elle, une construction de roche recouverte d'une dune de sable. Il semblait davantage que c'était la colline de sable qui s'était fondue et indurée en masse rocheuse compacte, elle-même ayant été sculptée par les vents acérés du désert. La façade était devancée par une rangée d'une dizaine de colonnes de grès aux reflets micacés. L'architrave minérale qui les surmontait supportait directement le poids de la dune sus-jacente. Shunreï s'engouffra dans l'ouverture, non sans avoir jeté un œil derrière elle pour chercher du regard le jeune chevalier de suie qui l'avait accompagnée jusqu'à leur dernière rencontre avec un Aléa mineur. S'en était-il sorti ? Il n'était malheureusement plus temps de s'en soucier.

L'intérieur de l'édifice était pyramidal et de nombreuses chambres annexes s'ouvraient sur les côtés de l'allée principale qui se déroulait devant elle. Elle n'en voyait pas le bout malgré les torches qui l'éclairaient. Les bruits étaient étouffés par la sécheresse des murs et il lui semblait évoluer dans un environnement capitonné et oppressant. La fin du corridor apparut d'un coup, comme si cette impression d'infini n'avait été qu'une illusion d'optique. Assise nonchalamment sur son trône, Xirasía la fixait intensément, le menton posé sur ses mains croisées. Un sourire en coin parait d'un rictus moqueur le visage de la Calamité des Sécheresses.


<Shoryu>

L'ancienne caldeira vibra à la mort du dernier Aléa majeur. Les ouvertures des tunnels s'étaient effondrées sur elles-mêmes, les unes après les autres, se rejoignant progressivement pour former une ouverture unique et béante. Le fils aîné de Shiryu et Shunreï s'avança, déterminé, dans le passage. Il déboucha sur un viaduc basaltique qui le mena par-dessus plusieurs rivières de lave, loin du lui en contrebas. Sur les parois à sa droite et à sa gauche s'écoulaient des cascades de roche en fusion et, devant lui, se dressait une construction de roche magmatiques. Le Spéos. Basalte, rhyolite, granite, gabbro, andésite, diorite… les roches volcaniques et plutoniques se mêlaient élégamment en une tholos colossale.

La colonnade extérieure était doublée d'une plus interne, les deux cercles soutenant un toit conique éventré duquel jaillissaient fumerolles, scories, cendres et étincelles. Les projections fondaient en retombant, formant une pluie de matériel en fusion qui alimentait les rivières en dessous de l'édifice. Shoryu fit le tour de la structure et finit par y entrer entre deux piliers, se retrouvant dans un espace immense, comme un volcan creux. Au centre, un autel obscur semblait avoir poussé tout en fondant, lui donnant une forme de relief coulant. Assise en tailleur dessus, Ékrixi paraissait méditer. Quand le Pic du Feu franchit la colonnade interne, la Calamité des Éruptions Volcaniques ouvrit lentement les yeux, un mélange de respect et d'anticipation se devinant dans son regard de braise.


<Ryuho>

Le chevalier de bronze du Dragon ne se retourna pas une seule seconde après avoir quitté ses amis en deuil. Il n'avait plus qu'une idée en tête, rallier au plus vite le Spéos de la Calamité des Inondations pour s'y confronter et vaincre cet adversaire qui avait déjà causé de si nombreuses morts. Les flots, qui parcouraient cette terre inondée et morcelée, se dirigeaient dorénavant tous dans la même direction. Ryuho en était certain, son objectif se trouverait au point de jonction de ces courants. De fait, il ne tarda pas à atteindre un monument aquatique impressionnant. Des cascades ascendantes démesurées s'élevaient en colonnes tourbillonnantes qui se rejoignaient en un dôme majestueux. La crépis sur laquelle elles reposaient était animée de vaguelettes tranquilles. Le fils cadet de Shunreï et Shiryu pose prudemment un pied sur ce gigantesque piédestal. Étonnamment, il ne s'y enfonça pas.

Il s'y engagea et se mit à errer entre les piliers aqueux, les geysers et les fontaines. Au-dessus de lui, le toit du Spéos, lui aussi constitué d'eau, ondoyait telle la surface d'un océan en pleine tempête, les rouleaux comme autant de nuages grondants et menaçants s'il s'était agi d'un ciel. Ryuho finit par rejoindre le centre de la structure où Výthisi l'attendait. Le regard avide de la Calamité en disait long sur son impatience d'en découdre.


<Ryufeng>

Le benjamin de Shiryu et Shunreï n'avait pas attendu Seiya et Kôga avant de reprendre sa route. Dès qu'il avait perçu le début de dissipation du cyclone, dans lequel le chevalier d'or du Sagittaire et son fils avaient mené leur âpre combat, il s'était précipité vers l'endroit où il savait trouver le Spéos de son adversaire désigné. Il ne croisa aucun survivant et en ressentit un désagréable sentiment de perte et d'impuissance. Et pourtant, il ne tenait qu'à lui qu'il n'y en ait pas davantage dans cette Ceinture. Il arriva bien vite en vue d'une sphère énorme de vents imbriqués les uns dans les autres.

Dès qu'il s'en approcha, une porte circulaire se découpa dans la membrane venteuse. Il n'hésita pas longtemps avant de la franchir. À l'intérieur, des tornades et des trombes alignées bordaient un naos oblong. Les courants aériens de ces tourbillons dessinaient comme une fresque animée d'êtres vivants emportés et déchiquetés par des bourrasques incessantes et impitoyables. Entre les colonnes tournoyantes sinuaient des rafales sifflantes qui se turent lorsque Ryufeng commença à s'avancer. Tels les mignons d'une cour royale faisant silence suite à l'intrusion d'un indésirable, les rafales semblèrent épier le jeune garçon et murmurer entre elles. Ryufeng les ignora, son attention entièrement tournée vers l'individu qui se dressait au centre de la sphère venteuse. Kataigída, la Calamité des Cyclones, le dévisageait, indéchiffrable.


<Shiryu>

— Il est temps de régler nos comptes, Kýma, déclara le chevalier d'or de la Balance, menaçant. Je ne peux ni excuser tes agissements envers les habitants de la Terre, ni pardonner les blessures que tu as infligées à ma famille.

La Calamité se leva de son siège en ricanant.

— Je n'ai que faire de ton pardon, Shiryu, Pic de l'Or. Mais je te rejoins sur une chose : il est temps. Il est temps de faire taire les Quiddités qui vous ont imprégnés. Cette fois, nous n'échouerons pas.

— Nous ne vous laisserons pas faire ! Rugit Shiryu. La biodiversité actuelle est tout aussi légitime que toutes celles qui l'ont précédée ! Rozan Hyaku Ryu Ha ! [Les cent dragons suprêmes de Lushan]

Le chevalier d'or attaqua sans prévenir avec l'une de ses plus puissantes attaques, ce qui ne perturba pas le moins du monde la Calamité des Séismes. Shiryu ne l'atteignit même pas, les coups portés au septième sens et à la vitesse de la lumière la traversant sans l'inquiéter. On eût dit qu'elle n'avait même pas esquivé, comme si la nature même de la technique du chevalier ne pouvait pas la toucher.

— Que… s'étonna Shiryu.

Même lors de ses batailles contre les dieux qu'il avait combattus, il n'avait pas ressenti cette sensation étrange. Si Poséidon et Hadès n'avaient pas flanché face à eux, les attaques pouvaient néanmoins les atteindre, parfois sans effet, parfois futiles, parfois parées ou esquivées trop facilement, mais elles portaient ! Mais contre Kýma, il n'avait même pas paru l'effleurer. Comment ?

— C'est ce qui me semblait, sembla déplorer la Calamité. Ce combat n'en sera pas un… comment une simple imprégnation pourrait venir à bout de nos incarnations ? Laisse-moi te faire une démonstration.


<Okko>

— Rozan Reppū Shiden Ken ! [vent déchirant et arc électrique de Lushan]

Asthéneia s'avança, insensible au cosmos de l'ancien Berserker. Il caressa même les rafales électrisées d'Okko qui resta interdit. Cette technique qu'il avait à la base mise au point pour défaire le Vieux Maître, et qu'il avait fait évoluer sur le champ de bataille contre Héphaïstos, celle-là même qui avait réussi à repousser le marteau du dieu de la Forge la seule fois où celui-ci avait daigné faire une apparition au cours d'un affrontement entre ses troupes et celles de son frère Arès. Okko avait été l'un des mercenaires les plus puissants du dieu de la guerre… et la Calamité des Épidémies se baladait à l'encontre de sa technique.

— Les Quiddités ont fait une erreur, constata Asthéneia. Imprégner un humain n'est pas suffisant pour nous combattre.

— Et pourtant, vous aussi vous avez forme humaine ! Contra le Pic de l'Éther.

— C'est vrai. Mais nos corps n'existaient pas avant que nous nous incarnions. Nous sommes les Calamités personnifiées. Vous n'êtes que des humains à qui les Quiddités ont prêté leurs pouvoirs. Nous ne sommes en rien comparables. La preuve, tu ne peux pas m'atteindre.

— Les humains ont déjà vaincu des dieux par le passé ! Riposta Okko. Notre nature peut être transcendée !

— Tu te trompes d'exemple, répliqua patiemment Asthéneia. Nous ne sommes pas des dieux. Nous sommes des existences complètement différentes. Après tout, les dieux ne sont que des anciens humains. Laisse-moi t'expliquer la différence.


<Genbu>

Chióni se retrouva dos à dos avec le dernier disciple de Dohko. Ce dernier se retourna aussi vivement que possible et relança son attaque :

— Rozan Shinbu Ken ! [véritable arme de Lushan]

Une fois de plus, Genbu perçut son coup comme glisser contre l'existence de la Calamité. Elle ne sembla même pas se déplacer et, pourtant, leurs omoplates entrèrent de nouveau en contact.

— Ça sera facile, cette fois, déclara la Calamité des Glaciations. Vous ne nous parvenez pas à la cheville.

Le Pic de la Terre s'écarta d'un bond. Même contre l'épée sainte Tenchihōmetsuzan, qui lui avait donné la mort, il n'avait connu une telle sensation. Lors de ce dernier combat, il avait pu se saisir de cette épée et venir à bout de son adversaire, pourtant un roi céleste. Par deux fois Chióni s'était avérée inattaquable, non pas par puissance dominatrice, mais par simple inaccessibilité. Il ne comprenait pas.

— Comment des humains pourraient-ils s'opposer à des phénomènes planétaires ? Soupira la Calamité. Que pensaient les Quiddités en pariant sur votre imprégnation plutôt que de s'incarner comme nous ?

— Les humains sont capables de miracles ! Opposa Genbu.

— Les miracles ne sont bons que dans le domaine de la croyance. Dans les faits, les miracles n'existent pas. Personne ne peut empêcher une catastrophe naturelle de se produire. Pas même les humains.

— Et pourtant vous avez choisi d'adopter l'apparence qui est la nôtre.

— C'est vrai. Pour bien vous signifier une chose : si vous pouvez nous déclencher, vous ne pouvez pas nous stopper. Laisse-moi te convaincre.



<Shunreï>

— Qu'espères-tu réellement ? Demanda Xirasía à la femme de Shiryu. Tu n'es même pas une combattante…

Shunreï et la Calamité des Sécheresses n'avaient jusque-là fait que s'évaluer du regard.

— Tous les êtres vivants sont tous des combattants de leur survie. Le fait que je ne sois pas chevalier ne signifie pas que je sois inoffensive. Le Vieux Maître m'a formée aux arts martiaux : Rozan Ryū Keru ! [Coup de pied du dragon de Lushan]

L'unique disciple féminine de Dohko se projeta violemment contre la Calamité, consciente pour la première fois de son cosmos, l'énergie de son univers intérieur si longtemps restée inusitée. La cosmo-énergie enveloppa son pied qui fusa vers Xirasía de la même façon qu'elle avait vu Shiryu s'attaquer à Masque-de-Mort lorsque ce dernier était venu éliminer le Vieux Maître avant la bataille du Sanctuaire. L'assaut fut inefficace.

— Ton coup était parfait, la félicita la Calamité. Et ta maîtrise du cosmos est impressionnante, à se demander si c'est vraiment la première fois que tu t'en sers. Mais, tu restes humaine. Tu n'évolues pas dans la même sphère que moi.

— Peut-être pour le moment, se défendit Shunreï. Mais les humains ont su se développer au-delà de leur condition d'animal régi simplement par l'instinct. Ne dit-on pas que les dieux eux-mêmes sont d'anciens humains ? Et les Saints ne sont-ils pas des humains dotés de pouvoirs divins ?

— Insinuerais-tu que tu pourrais t'élever à mon niveau ? Tu t'es certes éveillée au cosmos, et les dieux au dunamis. Mais il te faudrait révéler un pouvoir bien plus grand pour espérer me défaire. Et je doute qu'une simple imprégnation de Quiddité puisse y parvenir. Et je vais te le prouver.


<Shoryu>

Ékrixi se porta au-devant du fils aîné de Shiryu et tendit la main, effleurant son armure. Le jeune garçon se déporta souplement, se soustrayant au contact curieux de la Calamité.

— Est-ce tout ce que les Quiddités ont à m'opposer ?

Le ton de sa voix déplut à Shoryu.

— Tu aurais tort de me sous-estimer, répondit-il. Rozan Sho Ryu Ha ! [La colère du dragon de Lushan]

L'attaque de but en blanc du jeune Pic du Feu ne parut même pas surprendre Ékrixi qui ne bougea pas d'un iota.

— Ton attaque ne manque pas d'une certaine maturité et tu la maîtrises admirablement. Mais il te faudra davantage que de la maturité pour me vaincre.

— Me diras-tu ce qui me manque ? S'enquit le garçon.

— Rien qu'un humain ne saurait atteindre, répondit la Calamité des Éruptions Volcaniques. Je ne doute pas qu'avec tes qualités tu pourrais faire partie de ces humains s'élevant à la Volonté Divine, le Big Will. Malheureusement, même à ce stade tu ne pourrais rivaliser avec l'un d'entre nous. Je vais te faire comprendre l'écart qui nous sépare.


<Ryuho>

— Alors comme ça, les Quiddités m'envoient un gamin pour le désincarner. Quelle blague !

Výthisi se mit à rigoler devant cette situation qu'il trouvait désopilante.

— Ne me juge pas à ma jeunesse, Calamité, renchérit le chevalier de bronze du Dragon. Malgré mon âge, j'ai déjà combattu un dieu et en suis sorti victorieux avec mes amis.

La Calamité des Inondations pouffa.

— Humains, dieux… même impuissance face à nos existences. Après tout, les dieux ne faisaient qu'emprunter nos propriétés. Nous sommes les vrais dépositaires de leurs pouvoirs. Alors que des humains, même des Saints, se croient capables de nous arrêter, c'est risible.

Ryuho laissa glisser la provocation.

— Je ne suis pas un Saint comme les autres. Je suis imprégné de l'essence d'une Quiddité. Et je vais te le prouver ! Rozan Mizu Ekusukaribā ! [Excalibur d'eau de Lushan]

Výthisi ne chercha même pas à éviter la lame aqueuse qui fondit sur lui. Pourtant, comme intouchable, la technique ne le trancha pas. Ryuho en resta saisi.

— C'est ce que j'imaginais. Les Quiddités vous ont peut-être imprégnés, mais vous ne vous êtes pas encore familiarisé avec leur pouvoir. Vous ne pourrez pas nous vaincre et je vais te dire pourquoi.


<Ryufeng>

— Rozan Ryu Hi Sho ! [L'envol du dragon de Lushan]

Le benjamin de Shunreï et Shiryu se propulsa sans attendre contre Kataigída, son cosmos déjà porté à son paroxysme. Il ne s'attendait pas à ce que sa première attaque atteigne sa cible, mais il n'était pas préparé à ce qui suivit… C'est à dire, rien. La Calamité des Cyclones ne daigna même pas esquiver ou parer. Il ne parut pas touché le moins du monde, comme si la nature de son existence ne pouvait être même effleurée par le cosmos d'un chevalier. Kataigída agrippa le jeune garçon par le crâne et l'envoya valser sans plus de cérémonie.

— Pathétique, critiqua-t-il. Les Quiddités ne me prennent décidément pas au sérieux. Oser imprégner un gosse sans aucune expérience et l'envoyer me combattre… Dérisoire assurément ! Quel espoir reste-t-il à la biodiversité actuelle si nos adversaires d'antan n'ont que vous ?

Ryufeng se releva.

— S'incarner comme vous l'avez fait aurait signé l'avènement d'affrontements trop intenses entre vos forces destructrices et leurs éléments fondateurs, expliqua Ryufeng qui avait compris cela lors de son imprégnation. La Nature elle-même n'y aurait pas résisté.

La Calamité des Cyclones regarda le jeune garçon avec un regain d'intérêt.

— Tu sembles moins ignorant que je ne l'aurais imaginé. Ainsi les Quiddités espèrent contrecarrer nos plans de cette façon ? Nous qui avions espéré qu'elles cèdent à la tentation de l'incarnation…

— Vous les sous-est…commença Ryufeng.

— Absolument pas, le coupa Kataigída. Mais nous étions curieux de savoir comment elles réagiraient à notre décision. Les obliger à prendre forme humaine et tout détruire, confirmant ainsi le rôle de votre espèce dans la sixième extinction de masse, ou imprégner des représentants de cette même espèce, pourtant à l'origine d'une atteinte sévère à la biodiversité actuelle. Dilemme jubilatoire, s'il en est.

— Tu parles des humains comme s'ils ne pouvaient qu'être délétères. Mais les humains peuvent aussi être salvateurs. Et je vais te le prouver !

Ryufeng porta de nouveau son cosmos au plus haut point. Mais avant qu'il ne puisse attaquer, Kataigída se trouva à ses côtés, murmurant à son oreille.

— Je vais te dire une chose, gamin. Ni le cosmos d'un humain, ni sa forme évoluée, le dunamis d'un dieu, ne peuvent nous atteindre. Pour cela, il te faudrait t'éveiller à… l'ousia.


<Shiryu>

— L'ousia ? Demanda le Grand Pope.

— Oui, Shiryu, répondit Kýma. Littéralement, "ce que chaque chose se trouve être précisément". Le fond et la forme faits un et indivisible.

La Calamité tendit une main :

— Compressionnal Primary Waves ! [Ondes Primaires de Compression]

Shiryu leva son bouclier qui bloqua les ondes sismiques.

— Pour cette attaque, je viens d'utiliser le cosmos, expliqua Kýma calmement. Une énergie que tu maîtrises à la perfection. Tu es capable de la percevoir, de l'anticiper et d'y réagir. Elle se plie à tes désirs et elle t'a apporté la victoire jusque-là.

La Calamité des Séismes leva sa deuxième main.

— Shear Secondary Waves ! [Ondes Secondaires de Cisaillement]

Cette fois-ci, Shiryu fut emporté par les ondes qui se propagèrent inéluctablement dans son corps. Cette sensation, il la reconnaissait. Impossible de se tromper.

— Là, je viens d'employer le dunamis. Cette énergie que seuls les humains éveillés au Big Will, ceux que vous appelez les dieux, peuvent invoquer. Version supérieure du cosmos, elle permet de remodeler les éléments au lieu de seulement les détruire. Il s'agit d'une énergie à laquelle tu as déjà résisté. Tu ne peux pas t'en servir, mais tu peux t'y opposer. C'est ce que vous a permis, tes amis et toi, de survivre à Poséidon et Hadès. Et je ne compte pas les autres dieux que vous avez défaits, vous les chevaliers d'Athéna. C'est ce que vous appelez "miracle". Le cosmos surpassant un instant le dunamis. Mais les choses détruites par les humains ou remodelées par les dieux obéissent toutes à leur propre nature, ce qu'elles sont en substance.

Avant que Shiryu puisse se relever, Kýma vint apposer l'une de ses mains sur son dos.

— Sismic Focus Breakage. [Rupture du Foyer Sismique]

Le Pic de l'Or sentit sa Shield se fracturer. La douleur ne vint qu'après coup, inévitable. Il ne parvenait pas à s'y soustraire. Ou plutôt non, ce n'était pas comme s'il avait pu et n'y arrivait pas, comme face à un dieu, mais comme si elle faisait partie de lui, comme si son essence même se brisait. Et cela cessa.

— Voilà ce qu'est l'ousia, Shiryu de la Balance, Grand Pope du Sanctuaire et Pic imprégné de la Quiddité de l'Or. L'énergie même de ce qui fait qu'une chose est elle-même, quels que soient sa matière et son caractère. Elle est… irrésistible.

— Si la vie m'a appris une chose, fit le Saint en se relevant, c'est bien que rien n'est écrit d'avance. Je te prouverai que je suis digne de la Quiddité de l'Or !

L'héritier de Shura forma alors une lame avec sa main.


<Okko>

Okko était affalé au sol, incapable de répliquer, totalement impuissant face à Asthéneia. D'une seule attaque, la Calamité des Épidémies l'avait mis à terre sans espoir de contre-attaque. Du poing, il racla le sol de frustration.

— C'est… ça, l'ousia ? Gronda-t-il difficilement.

— Exact, confirma Asthéneia. La maîtrise de la nature invariable, stable et immuable des choses. Elle ne s'oppose pas simplement à votre cosmos humain, ou au dunamis divin. Elle le domine immanquablement, par nature. Elle est l'essence même par laquelle le monde est créé, celle qui est à la fois conçue par la pensée et qui peut tomber sous les sens. Elle est à la fois intelligible et sensible. Elle correspond à l'essence première de toute chose mais aussi aux essences secondaires qui sont engendrées par elle. Elle est singulière et pérenne, à l'inverse de vos cosmos qui sont pluriels et précaires.

Okko parvint malgré à se remettre debout et à faire face à Asthéneia. La Calamité le toisant avec l'impassibilité du maître devant un élève trop sot pour seulement appréhender la profondeur de ses enseignements.

— Si tu savais le nombre de fois que le Vieux Maître Dohko m'a mis face à l'impossible, grogna l'ancien mercenaire d'Arès. En l'honneur de sa mémoire, je ne peux pas abandonner. Si le cosmos ne suffit pas, si le dunamis ne fonctionne pas… alors je maîtriserai l'ousia. La Quiddité de l'Éther ne m'a pas confié son essence inutilement.

L'ex-Berserker passa à l'attaque.


<Genbu>

Le pied de Chióni le plaquait au sol. Genbu était paralysé, incapable du moindre geste tant la technique de la Calamité l'avait mis à mal. Un seul coup. Il ne lui avait fallu qu'un seul coup pour être mis quasiment hors d'état de nuire. L'ousia. Quel terrible pouvoir !

— Le cosmos avec lequel vous vous battez correspond à cet infime fragment de Big Bang que vous parvenez à ressentir et duquel vous réussissez à tirer une énergie capable de briser les atomes. Il est dit ne connaître aucune limite mais, en vérité, il ne s'élève pas plus qu'au neuvième sens.

La Calamité appuya un peu plus, incapacitant davantage le Pic.

— Le dunamis avec lequel se battent les dieux est l'évolution du cosmos humain, au-delà du neuvième sens, lorsque ceux-ci transforment leur fragment de Big Bang en Big Will et que leur existence passe de la sphère mortelle à la sphère divine. Ce sont des énergies entropiques.

Elle accentua sa pression et Genbu serra les dents.

— L'ousia est une énergie syntropique, utilisant la substance même des choses, c'est-à-dire, dans un premier sens, la matière non déterminée puis, dans un second sens, la figure et la forme prises par cette matière qui devient alors une chose déterminée. Il ne s'agit plus de maîtriser la matière déjà formée, en la détruisant ou en la remodelant, mais à la maîtriser avant qu'elle ne prenne forme. Plus simplement, tant que vous ne maîtriserez que le cosmos, ou le dunamis, vous ne pourrez rien contre nous qui contrôlons l'énergie même qui a rendu possible l'émergence ultérieure du cosmos ou du dunamis.

Elle s'éloigna du dernier disciple de Dohko, qui réussit tant bien que mal à se redresser.

— Tu oublies que nous sommes imprégnés des Quiddités qui maîtrisent également l'ousia, déclara-t-il avec défiance. Je vais te montrer que nous aussi pouvons accéder à ce pouvoir.

Et il passa à l'offensive.


<Ryuho>

— Piercing Pluvial Event ! [Événement pluvial transperçant] fit Výthisi.

L'attaque frappa le chevalier de bronze du Dragon de plein fouet. Même la résistance extrême de son armure, pourtant considérée comme l'une des meilleures parmi les Clothes. Évoluée en Shield, Ryuho aurait cru qu'elle le protégerait mieux que ça, mais son corps se fit percer de part en part par l'implacable pluie de la Calamité des Inondations.

— Ta Shield ne pourra pas développer son plein potentiel, mon garçon. Les Woes que nous portons et les Shields qui vous ont été octroyées sont faites pour être baignées d'ousia. En aucun cas des êtres usant du cosmos, ou même du dunamis dans le meilleur des cas, ne pourraient en tirer leur quintessence. Ne te semble-t-elle pas lourde ?

De fait, Ryuho avait l'impression que sa protection lui pesait. Comme s'il portait un fardeau qu'il était incapable de soutenir. Autant il faisait corps avec sa Cloth, autant sa Shield ne semblait pas lui convenir. Non, comprit-il. C'était lui et lui seul qui ne s'adaptait pas à la nouvelle condition de son armure.

— Ne cherche pas à transformer ton cosmos en ousia, entendit-il dans son esprit. Il ne s'agit pas de t'élever, jeune dragon oriental. Il ne s'agit pas d'une énergie supérieure ou dominatrice, comme les Calamités l'assènent. L'ousia est simplement une autre source d'énergie. Laisse-moi te guider.

Ryuho s'abandonna à l'essence de la Quiddité. Son cosmos s'éteignit et il se sentit nu, mais résista à la tentation de s'en parer de nouveau. Il sentit une énergie inconnue affluer. Pourtant, la sensation était familière. Après tout, il avait été le premier à approcher l'Omega et il recouvrait cette position de pionnier. Il effaça toute appréhension. Výthisi réagit au quart de tour.

— Je ne te laisserai pas, Pic de l'Eau ! Pounding Tidal Submersion ! [Submersion marine martelante]

L'attaque rugit de toute la puissance de la Calamité. Une vague d'ousia capable d'engloutir un continent fondit sur le fils de Shiryu. Celui-ci ouvrit les yeux.

— Rozan Kyōka Suigetsu ! [hydroillusion de Lushan]

Une spirale aqueuse se déploya de la main du jeune Pic. Les deux attaques se confrontèrent. Ryuho fut renversé facilement par la technique de Výthisi. Mais le jeune garçon se releva une fois encore et aperçut l'expression estomaquée de la Calamité. Il avait été touché et sa Woe arborait une fine rayure.

— Comment est-ce possible ? J'ai vraiment cru ressentir de l'ousia dans son attaque… avant qu'elle ne se dissipe.

Výthisi se parlait à lui-même et Ryuho décida d'utiliser ce répit pour récupérer.

— Même si tu as relâché ton contrôle au dernier moment, tu sembles avoir compris, le félicita la Quiddité de l'Eau qui l'accompagnait. Je t'ai bien choisi. Mais cela ne suffira pas. Les Calamités sont puissantes. Il va te falloir puiser bien plus d'ousia. Je vais t'aider.

La Calamité se reprit et le chevalier de bronze sentit nettement son énergie s'accumuler. Il perçut l'immensité océanique de la planète se rassembler dans l'incarnation. Ryuho se concentra et eut beaucoup de difficulté à en appeler à l'ousia. Sa Shield résonna soudainement et il fit enfin corps avec elle. Elle semblait chanter. Il puisa dans la mémoire atavique de son armure.

— Engulfing Abyssal Transgression ! [Transgression abyssale engloutissante] Clama la Calamité des Inondations.

— Rozan Suiryū Enbu ! [danse du dragon d'eau de Lushan] lança le Pic de l'Eau.

La confrontation fut dantesque. Les deux arcanes s'annulèrent l'une l'autre, aucun des adversaires ne parvenant à prendre le dessus sur son opposant. Pour la première fois, Ryuho faisait jeu égal avec la Calamité. Il osait à peine le croire. Výthisi, de son côté, semblait sous le coup de l'incompréhension la plus totale. La vue du jeune garçon se voila et il fut pris de vertige. Il se retrouva à genoux, les deux mains au sol pour s'empêcher de s'écrouler face contre terre. La Calamité sourit cruellement.

— Le corps humain ne peut résister à l'ousia. Tu vas te détruire si tu continues ainsi. La Quiddité qui t'imprègne ne t'a-t-elle pas prévenu ? Railla-t-il.

Ryuho ne put répondre, un bourdonnement assourdissant vrombissant dans ses oreilles. Des taches noires dansaient devant ses yeux.

— Ne l'écoute pas, jeune dragon oriental. Tu es limité car tu utilises l'ousia comme le cosmos. Le cosmos est une énergie interne et finie. Même si tu peux stimuler sa régénération, il dépendra toujours des limites de ton organisme. L'ousia est différente. Vois ton corps comme un vecteur à travers lequel l'énergie externe est canalisée. Ton corps est alors comme une porte que tu dois laisser ouverte à l'infini. Ne crains pas pour ton corps, les Quiddités sont fondatrices, pas destructrices comme les Calamités.

Sous la guidance de la Quiddité de l'Eau, le jeune Pic s'adapta une ultime fois à son statut de porteur de Shield et il se remit sur pied. Sous les yeux effarés de Výthisi, Ryuho se mit en garde et éleva son ousia à son paroxysme.


<Shoryu>

Le visage enfoui dans la roche, la tête maintenue par Ékrixi, le fils aîné de Shiryu avait été vaincu à plate couture.

— Cryptovolcanic Liquefying Intrusion ! [Intrusion cryptovolcanique liquéfiante]

Shoryu sentit son corps et sa Shield fondre de l'intérieur. Il hurla et crut sa dernière heure arrivée. Aucune de ses attaques n'avait été efficace. Il avait élevé son cosmos au plus haut point, s'étant même éveillé au neuvième sens, haut fait dont seuls quelques chevaliers avaient été capables jusque-là. Mais rien n'y avait fait. Il se concentra, se promettant d'atteindre un stade encore supérieur avant de mourir. Il avait toujours été un génie de la maîtrise du cosmos. Son père le lui avait assez souvent dit :

— Si tu te décidais à devenir chevalier, tu pourrais bien être le premier d'entre nous à t'éveiller au Big Will. Guidé par les dieux eux-mêmes, tu pourrais apprendre à maîtriser le dunamis, avait un jour déclaré Shiryu.

Lui, qui aurait pu prétendre à devenir un chevalier d'argent, et non des moindres, aussitôt son entraînement terminé, et qui avait encore une belle marge de progression, avait refusé cette voie, même si Raken avait lui aussi évoqué son potentiel de surdoué lors d'un de leurs échanges. Ce potentiel, il devait employer tous les moyens à sa disposition désormais pour le réveiller. Il ne voyait que le dunamis pour se sortir d'une telle situation. Mais s'il en croyait les paroles d'Ékrixi…

— Ne te fourvoie pas, jeune dragon occidental, fit la voix de la Quiddité du Feu dans sa tête. Le dunamis ne t'apportera pas la victoire. Ouvre-toi à l'ousia sans chercher la supériorité. Évoluer ne signifie pas s'améliorer mais s'adapter. Ton adversaire maîtrise une puissance que tu ne possèdes et qui ne se possède pas, contrairement à ce qu'elle affirme. Elle ne t'appartient pas comme ton cosmos t'appartient. Elle se canalise, se concentre et se libère. Elle ne peut être enfermée comme le cosmos humain ou le dunamis divin. Je t'ai confié mon essence, te rendant apte à faire appel à l'ousia. Tire avantage de cette aptitude et survis !

Cette injonction galvanisa Shiryu et l'ousia se déversa et l'enveloppa. Ékrixi s'écarta vivement, comme brûlée par un feu ardent auquel elle n'avait pas pu échapper.

— Je ne te laisserai pas m'apaiser, Quiddité du Feu ! Jugea-t-elle. Apocalyptic Exploding Eruption ! [Éruption explosive apocalyptique]

Shoryu contre-attaqua par réflexe, sans se laisser impressionner par la technique destructrice de la Calamité. Le sol sous ses pieds explosa mais, cette fois, sa Shield le protégea. Depuis les airs, il clama :

— Rozan Hiryū Hibana ! [étincelles du dragon de feu de Lushan]

Ses coups atteignirent sans mal son opposante dont la Woe se constella d'impacts ardents. Ékrixi recula mais résista aux chocs.

— Tu maîtrises l'ousia ! S'exclama-t-elle. Comment ? Depuis quand ! Un simple humain !

— Un humain imprégné d'une Quiddité, répliqua Shoryu le plus calmement du monde. J'ai juste eu besoin d'une petite… remédiation. Désolé du contretemps, Calamité. Je vais pouvoir t'offrir l'affrontement que tu voulais.

— Je ne perdrai pas contre un individu aussi inexpérimenté que toi ! Rugit Ékrixi. Traps Scorching Effusion ! [Épanchement brûlant des Traps]

— J'apprends très vite ! Prévint le Pic du Feu en catalysant davantage d'ousia. Rozan Kyūkyoku Taika ! [embrasement ultime de Lushan]

Ils firent jeu égal. Les deux adversaires furent chacun emportés par l'attaque de l'autre. Shield et Woe se fracturèrent et les deux guerriers percutèrent le sol, mordant la poussière. Ils se relevèrent difficilement. Ékrixi avait fait disparaître de son visage toute expression condescendante. De concert, ils firent flamber leur ousia à leur maximum.


<Ryufeng>

Le jeune Pic du Vent attaquait sans relâche, refusant de s'avouer vaincu malgré les échecs successifs. Aucune des techniques enseignées par son père n'avait eu le moindre effet mais il s'obstinait, encore et encore. Il devait vaincre cette Calamité, c'était sa mission. Son poing fut stoppé subitement par Kataigída.

— Cessons ce jeu, veux-tu ? Nous ne sommes pas dans une cour de récréation. J'ai des vies à éteindre. Vois la différence qui nous sépare : Deletion White Squall ! [Grain blanc de l'effacement]

Ryufeng fut catapulté par une bourrasque d'énergie n'obéissant à aucune des lois qu'il connaissait. Était-ce cette ousia dont il parlait ? Sa Shield craqua de façon inquiétante. Il la portait maladroitement, il en avait conscience, et en était venu à la conclusion qu'elle ne réagissait pas à son cosmos. Il l'avait pressenti avant même cet affrontement, dès qu'il l'avait portée pour la première fois. Et en situation de combat, ce décalage entre ses capacités à lui et les besoins de sa Shield s'avérait flagrant. Il retomba lourdement, à peine en capacité de se relever. S'il n'avait pas bénéficié de cette protection dont il n'était pas digne…

— Tu as toujours été le plus instinctif de ta famille, jeune dragon quetzal, intervint la voix de la Quiddité du Vent dans sa tête. Que te dit ton instinct actuellement ?

— Que quelque chose m'échappe, répondit le dernier né de Shiryu. Mon cosmos est inutile, je le sais. Mais je ne parviens pas à m'en départir.

— Si le cosmos est le problème, que pourrais-tu faire ?

— Dans les enseignements de mon père, j'ai appris que face à un problème, il fallait savoir l'observer d'un point de vue extérieur.

— Et qu’en tires-tu comme conclusion ?

— Que si mon énergie interne ne suffit pas, je dois me tourner vers une énergie externe. Serait-ce l'ousia dont il m'a parlé ?

— Tu es intelligent, jeune garçon. C'est tout à fait ça. Ne te contente plus du cosmos, ce microcosme de ton corps. De la même façon que la source du vent n'est pas terrestre, mais solaire et donc extraterrestre, fais tienne l'énergie du macrocosme de ton environnement. C'est ça l'ousia.

La voix se tut mais Ryufeng rouvrit les yeux, fort de cette révélation. Il avait toujours aspiré à être comme le vent. Il s'ouvrit aux sensations offertes par sa Shield et communia avec elle. L'ousia s'envola vers lui et il se sentit comme soulevé. Kataigída, qui avait détourné son attention de lui, se retourna vers lui, intrigué et… inquiet. Oui, c'était bien de l'inquiétude que le jeune Pic du Vent percevait dans son regard.

— Tu veux jouer dans la cour des grands, petit ? Je vais t'apprendre : Oblivion Derecho ! [Dérécho de l'oubli]

— Rozan Hariken ! [ouragan de Lushan] contra Ryufeng sans vraiment réfléchir.

Sa technique lui permit de réduire fortement les affres de celle de la Calamité des Cyclones mais sa maîtrise imparfaite de l'ousia lui valut d'être néanmoins repoussé violemment. Il alla s'écraser plus loin. Kataigída observa avec consternation les dégâts sur sa Woe, preuve de l'éveil du jeune garçon à la même énergie que les Calamités et de son imprégnation réussie par une Quiddité.

— Une raison de plus pour t'éliminer, gamin ! Gronda la Calamité.

Kataigída s'élança vers le jeune garçon qui se releva précipitamment.

— Destruction Rosewind Gustnados ! [Rafales tornadiques de la rose des vents de la destruction] hurla la Calamité des Cyclones.

— Rozan Sen No Toppū ! [Mille bourrasques de Lushan] s'exclama Ryufeng.

Cette fois, le jeune Pic du Vent contra pleinement Kataigída, annulant purement et simplement son attaque. Mais déjà la Calamité élevait son ousia au plus haut, bien décidé à en finir. Ryufeng s'ouvrit complètement et brassa autant d'ousia qu'il le put.


<Shunreï>

— Même en t'élevant au dunamis et en devenant une déesse, tu ne saurais me vaincre, prévint Xirasía.

— Tu te trompes sur mes intentions, Calamité, répliqua humblement la femme de Shiryu. Je ne désire absolument pas devenir une déesse. Je me doute que s'ils avaient pu s'opposer à vous, les dieux seraient intervenus depuis bien longtemps. Alors, dans la situation présente où humains et dieux ne valent guère mieux face à vous, je ne perdrai pas de temps à courir après le dunamis. De toute façon, le pouvoir des dieux n'est qu'un mandat offert à ceux maîtrisant le cosmos au-delà de leur statut d'humain et qui leur permet de faire fléchir la réalité. À ce titre, le cosmos, qui ne relève que du mérite personnel sans un octroie, par ailleurs souvent de votre part je présume, m'apparaît comme une capacité bien plus noble.

— Joli discours, tu as eu un bon maître à penser, apprécia la Calamité des Sécheresses.

— Je te remercie, répondit simplement Shunreï.

— Et pourtant, ton cosmos ne te suffira pas. Il te faudra…

— L'ousia, je sais. J'ai médité longuement et je suis entrée en communion avec la Quiddité de l'Arbre avant les autres Pics. Je suis au courant de la nature de l'énergie que je dois développer pour te vaincre. Il me fallait juste la confirmation que le cosmos ne pourrait t'atteindre.

— Je t'en offre une autre : Wasteland Harsh Agony ! [Rude agonie des terres dévastées]

Shunreï fut prise dans un tourbillon annihilateur atrocement desséchant. Elle sentit son corps et sa Shield commencer à se désagréger sous l'effet de la technique.

— Accepte l'ousia, lui ordonna une voix. Ce n'est pas de l'orgueil que d'accueillir cette énergie. Ne doute jamais de ta légitimité.

Shunreï céda. Elle, qui avait toujours agi en arrière du champ de bataille, admit qu'elle était finalement signe de son statut de Pic. L'ousia s'enracina en elle et repoussa les affres de la technique de la Calamité. Xirasía tiqua quand elle s'en aperçut.

— Cela ne te suffit pas ? Cria-t-elle. Alors goûte ça : Barren Earth Misery ! [Souffrances de la Terre aride]

La Pic de l'Arbre réagit aussitôt, faisant appel à la mémoire de sa Shield.

— Rozan Kureijīrūtsu ! [racines en folie de Lushan]

Ses coups traversèrent l'arcane de la Calamité et s'enfoncèrent profondément dans sa Woe. Xirasía recula prestement, sous le choc de ce retournement. Mais elle se reprit aussitôt et poursuivit :

— Pangea Excruciating Drought ! [Sécheresse atroce de la Pangée]

Shunreï se mit à subir le climat le plus sec que la Terre ait connu, comme si son corps était un continent unique et aride au possible. Elle canalisa davantage d'ousia encore et passa à l'offensive, ignorant la douleur incommensurable. Comment Shiryu avait-il pu supporter d'être blessé à répétition ? La question lui effleura l'esprit, mais elle l'effaça de suite.

— Rozan Waibān Kousatsu ! [Strangulation de la vouivre de Lushan]

Elle parvint au contact avec Xirasía et enveloppa son cou de ses jambes, puis l'envoya valser vertement dans un tourbillon étrangleur. La Calamité retomba lourdement, sa Woe fêlée en de nombreux endroits. Shunreï, soutenue par l'ousia, réussit à se stabiliser, malgré l'état de son organisme. Xirasía se releva péniblement, atterrée par la situation.

Viens à moi, la provoqua Shunreï en déployant son ousia. Je te montrerai que les humains ont la force de protéger la biodiversité.


<Okko>

— Rozan Mōko Ha ! [Ascension du tigre violent de Lushan] rugit le Pic de l'Éther en maximisant son énergie.

L'attaque d'Okko atteignit Asthéneia dont la Woe arrêta purement et simplement la puissance, pourtant colossale et bien supérieure à un chevalier d'or. Pas la moindre trace sur l'armure de la Calamité. Au contraire, ce fut le poing de la Shield qui se brisa, mettant à nu la main de l'ancien Berserker.

— Unstoppable Crawling Pathogens ! [Pathogènes rampants inarrêtable] déclara doucement la Calamité.

Okko sentit sa Shield, son corps et son cosmos commencer à se faire dévorer par d'innombrables coups microscopiques.

— Pas comme ça, tigre féroce. Cesse de ne compter que sur tes capacités innées. Ouvre-toi au monde qui t'entoure.

La voix de la Quiddité qui l'avait imprégné résonna dans son subconscient.

— L'ousia est extrinsèque, pas intrinsèque. Accepte l'aide extérieure… ou meurs.

L'évidence sans détour énoncée par la Quiddité déclencha l'instinct de survie d'Okko. Il accepta l'idée de ne plus compter que sur son seul univers interne et l'ousia commença à l'investir. Asthéneia s'en rendit compte et voulut y couper court.

— Rampaging Universal Pyrexia ! [Fièvre universelle déchaînée]

L'ousia qui se déversait peu à peu dans l'organisme du Pic fit reculer d'emblée les tourments occasionnés par la Calamité. Quand Asthéneia s'en aperçut, il était trop tard.

— À moi de jouer, Clama Okko avec toute la hargne qu'il put invoquer. Rozan Nikushimi ! [haine aversive de Lushan]

La vague de férocité agressive emporta la Calamité et l'éjecta brutalement. Asthéneia s'écroula mais se rétablit aussitôt, sa Woe gangrenée par la technique du Pic.

— Impossible ! Ainsi les humains sont réellement capables de s'opposer aux catastrophes qu'ils provoquent ! Est-ce ce que les Quiddités ont vu en vous ?

— Exactement ! Il commence à comprendre. Jubila silencieusement la Quiddité de l'Éther dans la tête d'Okko.

— Cela reste encore à prouver, Pic. Que feras-tu face à l'attaque suivante : Pandemic Cellular Decay ! [Délabrement cellulaire pandémique]

Asthéneia envoya autant de coups que son adversaire comptait de cellules dans son corps, s'acharnant à détruire chacune d'entre elles. Okko contra magistralement l'attaque :

— Rozan Momoko Ha ! [Cent tigres de Lushan]

L'arcane annula celle d'Asthéneia qui en fut soufflé. Et pourtant, son ousia atteignit des sommets. Il allait jouer son va-tout. Okko fit flamber la sienne et se prépara à son ultime attaque.


<Genbu>

Le Pic de la Terre réveilla en lui toute l'abnégation dont il avait déjà fait preuve, bien des années plus tôt, comme gardien de l'équilibre du zodiaque. Il avait été le socle des douze chevaliers d'or remplaçants. De la même manière que, dans certaines cultures, le monde et son intégrité reposait sur le dos d'une tortue inébranlable, il avait endossé le rôle de meneur régnant sur l'harmonie du Sanctuaire. Lui, qui en son temps était allé jusqu'au sacrifice ultime et avait recherché à atteindre l'Omega de son vivant, devait montrer la voie de la victoire aux générations futures. Il devait permettre l'existence de générations futures.

— Rozan Sho Ten Ha ! [véritable ascension de Lushan] attaqua-t-il de toute son énergie.

Chióni ne broncha même pas lorsque la vague de cosmos la percuta, mais sembla quelque peu déstabilisée d'avoir pu être atteinte. Était-ce seulement du cosmos ? Si cela avait été le cas, Genbu n'aurait même pas pu la toucher. Et quand bien même elle ne souffrait d'aucun dommage, il était clair que la technique avait abouti. Elle décida de passer à la vitesse supérieure.

— Eternal Squashing Inlandsis ! [Inlandsis éternel écrasant]

Genbu sentit son corps et sa Shield s'aplatir et geler jusqu'à leurs tréfonds. La pression glacée fut inexorable et implacable. D'un simple geste, Chióni venait de lui démontrer son inaccessibilité.

— Ce pouvoir ne t'est pas inaccessible, fière tortue. Tu as toujours été tourné vers le futur, appelant de tes vieux les chevaliers à venir d'être plus puissants que toi. Tu as toi-même tenté d'accéder à un pouvoir collectif qui, par nature, ne pouvait être atteignable seul. Tu l'as compris avant de mourir, inspirant certains Saints ultérieurs qui ne te connaissait même pas. Ouvre-toi à l'ousia comme tu t'es ouvert à la postérité.

Le Pic de la Terre fut transporté par le conseil de la Quiddité qui l'avait imprégné. L'ousia s'engouffra en lui. Sans attendre davantage, la Calamité des Glaciations passa à l'offensive, percevant le dangereux changement.

— Quaternary Glazing Sisters ! [Soeurs englaçantes quaternaires] Gunz ! Mindel ! Riss ! Würm !

Les quatre chocs polaires fusèrent vers Genbu qui esquiva, revigoré par la nouvelle énergie qui circulait dans son corps.

— Rozan Nan Sen Buki ! [milliers d'armes de Lushan] répliqua-t-il.

L'arcane emporta Chióni qui fut plaquée au sol, sa Woe s'ébréchant sous les multiples coups de son adversaire. Mais elle se releva sans trop de peine, une colère froide percolant de son attitude.

— Je ne te le permettrai pas, Pic ! Goûte au froid inévitable venu de l'espace ! Prévint-elle. Astronomical Glacial Era ! [Ère glaciaire astronomique]

La Shield de Genbu se mit à geler, comme s'il s'éloignait invariablement de toute source de chaleur. Il catalysa davantage d'ousia.

— Rozan Tsuchi No Kiba ! [crocs de la Terre de Lushan] Clama l'ancien chevalier temporaire de la Balance.

Ses coups imbibés d'énergie essentielle déchirèrent et effacèrent le domaine englacé qui s'était déployé depuis la Calamité, avant d'atteindre cette dernière qui fut repoussée une fois de plus. Chióni se tétanisa. Genbu crut l'avoir vaincue avant de s'apercevoir qu'une énergie gigantesque s'accumulait en elle. Il se concentra lui aussi, conscient que ce qui allait suivre serait décisif.


<Shiryu>

— Excalibur !

Le chevalier d'or de la Balance mit dans son épée sacrée toutes ses émotions et ses espoirs. Ses sens exacerbés par sa cécité lui permirent de percevoir son adversaire avec une grande précision et de sentir l'énergie incommensurable qui l'habitait. Il avait l'impression de ressentir le même type d'énergie auquel il s'était ouvert à la Contrée Mystique, l'énergie mère de la Nature, celle-là même dont la mémoire atavique de son armure lui avait appris l'existence et à laquelle il s'était relié inconsciemment lorsqu'il avait affronté les Calamités pour la première fois. À ce moment-là, il avait pioché dans une source de pouvoir inconnue, qu'il avait alors assimilé à tort à une sorte de cosmos ancestral. Il comprenait maintenant que cette énergie était bien autre chose que le cosmos.

— Tu ressens l'ousia, Balance d'or, lui confirma la voix de la Quiddité de l'Or.

Kýma venait de poser sa main sur la fêlure apparue sur le plastron de sa Woe. Était-ce vraiment la misérable lame du chevalier qui l'avait égratignée ? La fureur s'éveilla et Shiryu perçut une vague d'ousia émerger de la Calamité des Séismes.

— Tetradimensional Sismic Waves ! [Ondes sismiques tétradimensionnelles] P ! S ! R ! L !

Shiryu opposa son Excalibur à chacun des quatre trains d'ondes mais l'épée sacrée se brisa net, les coups de la Calamité fauchant inéluctablement le Grand Pope. Kýma ne perdit pas de temps en tergiversations et enchaîna cruellement.

— Big One Breakage ! [Rupture du Big One]

La fracture qui suivit, jamais Shiryu n'en avait connu de telle dans toute son existence. Son corps et sa Shield subirent une cassure qui aurait pu séparer un morceau de continent.

— Relève-toi, Balance d'or. Relève-toi comme tu l'as toujours fait. Même estropié, personne n'a jamais pu empêcher le dragon de la justice de se remettre debout et de défier l'adversité. Tu es le seul Pic à avoir effleuré l'ousia sans être guidé par une Quiddité. Maintenant que je t'ai imprégné, prouve à cette Calamité ta valeur. Prouve-lui qu'un humain peut s'opposer aux catastrophes naturelles. Souviens-toi de ce que tu as ressenti quand tu t'es attaqué à ces incarnations. Tu n'as pas hésité une seule seconde alors que tu étais nettement désavantagé. Canalise l'ousia, Pic de l'Or, et vainc ton adversaire !

Au fur et à mesure des encouragements de la Quiddité, Shiryu s'était relevé, sa Shield se mettant à scintiller de mille feux. Presqu’inconsciemment, le chevalier d'or de la Balance prit position et lança la technique par laquelle il avait approché l'ousia pour la première fois.

— Rozan Kin De Keryo ! [pesant d'or de Lushan]

De stupeur, Kýma se figea l'espace d'un instant, ce qui suffit à la piéger dans le champ de pesanteur destructeur. La Woe de la Calamité se fractura de partout et celle-ci s'effondra, incapable de se maintenir debout. Cela ne dura néanmoins qu'un temps. Dégageant une ousia phénoménale, Kýma se remit sur pied et, d'une émanation, annula la technique de Shiryu. Les deux opposants redoutables se firent face.

— Ce n'est pas fini ! Les séismes peuvent être bien plus puissants, subis mon Supershear Planetary Quake ! [Tremblement planétaire de grand cisaillement] Clama la Calamité.

— Rien ne peut vaincre un dragon en quête de justice ! Rozan Sen Ryu Ha ! [Mille dragons suprêmes de Lushan] cria le Grand Pope.

Des milliers de dragons d'ousia dorée jaillirent des mains de Shiryu et se rassemblèrent pour n'en former qu'un seul, colossal, qui effaça les terribles ondes sismiques cataclysmiques. Kýma fut projetée en dehors de son Spéos où Shiryu la suivit. La Calamité se releva une fois de plus et le chevalier d'or de la Balance se prépara à l'assaut final.


<Les sept Pics de Lushan>

— Vous allez regretter de vous être opposés à nous qui avons été responsables d'extinctions de masse ! déclamèrent les Calamités à leurs opposants respectifs.

Les Pics de l'Or, de l'Éther, de la Terre, de l'Arbre, du Feu, de l'eau et du Vent levèrent leurs boucliers, symboles de leur appartenance aux forces protectrices de la Nature et de sa biodiversité. Le reste de leurs Shields avaient beau accuser fêlures, fissures et fractures, les boucliers étaient intacts, baignés qu'ils étaient des bienfaits de Lushan depuis des millions d'années, leurs atomes constitutifs faisant partie intégrante des cascades sacrées des Qi Lao Feng. Leurs corps avaient beau être blessés, brisés et harassés, les Quiddités qui les imprégnaient les gardaient de la mort, guérissant leurs terribles meurtrissures à mesure que l'ousia les nimbait. Leurs tatouages irradièrent dans les dos respectifs de Shiryu, Okko, Genbu, Shunreï, Shoryu, Ryuho et Ryufeng. Un dragon doré et ailé parmi les nuages, tenant une perle d’or dans une patte et une balance dans l’autre. Un tigre d’albâtre féroce louvoyant dans les bambous. Un genbu d’obsidienne menaçant sortant de terre. Une vouivre acajou gracile aux ailes branchues ondulant entre les troncs. Un dragon écarlate nimbé de flammes. Un dragon pers jaillissant de l’eau et tenant dans sa patte une perle idoine. Un serpent à plume émeraude dansant dans les bourrasques. Les sept emblèmes résonnèrent.

— Massive Magmatic Extinction ! [Extinction massive magmatique]

— Supercontinent Annihilating Dislocation ! [Dislocation anéantissante du supercontinent]

— Snowball Earth Extermination ! [Extermination de la Terre boule de neige]

— Zoonosis Absolute Decimation ! [Décimation absolue de la zoonose]

— Last Desolation Torments ! [Tourments de la dernière désolation]

— Eradicating Primal Waterworld ! [Monde aquatique primal éradiquant]

— Obliteration Supersonic Hypercane ! [Hypercyclone supersonique de l'oblitération]

Les attaques finales respectives d'Ékrixi, Kýma, Chióni, Asthéneia, Xirasía, Výthisi et Kataigída, des techniques d'envergure planétaires concentrées à outrance vers leurs seuls adversaires, se heurtèrent à l'obstacle insurmontable des Shields et de leurs porteurs, maintenant pleinement éveillée à l'ousia.

— C'est fini pour ces Calamités, constatèrent les Quiddités.

Les Pics contre-attaquèrent une ultime fois :

— Rozan Kami Kinryū Hantei ! [Jugement du dragon d'or divin de Lushan]

— Rozan Tenko Hakanai ! [évanescence du tigre céleste de Lushan]

— Rozan Chikyūkame Shin'en ! [l'abîme de la tortue monde de Lushan]

— Rozan Jinmenju ! [arbre à visage humain de Lushan]

— Rozan Honō Ryū Mure ! [nuée de dragons enflammés de Lushan]

— Rozan Suirō Mangekyō ! [kaléidoscope des dragons d'eau de Lushan]

— Rozan Fūryū Hane Nage ! [projection de plumes du dragon du vent de Lushan]

Les Woes ne résistèrent pas aux arcanes respectifs de Shiryu, Okko, Genbu, Shunreï, Shoryu, Ryuho et Ryufeng, secondés de leurs Quiddités. Les Calamités terrestres disparurent… désincarnées. Il était dorénavant temps pour les disciples des Qi Lao Feng de se rassembler pour affronter leur plus terrible adversaire : Planitaíos.

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