Woes Chapter

Chapitre 25 : La détermination du dragon oriental.

1881 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/12/2022 12:43

Chapitre 25 : La détermination du dragon oriental.


Les jours précédant les émanations de Planitaíos sur le Sanctuaire, en Chine, Qi Lao Feng, Mont de l'Eau, cascade de Luò Jìng.


Ryuho inspira à fond, lentement et progressivement, puis contrôla son expiration pour qu'elle ait la même durée que l'inspiration. Il atteignit rapidement le stade où son esprit vagabonda au gré de courants de pensées d'abord chaotiques puis simplement turbulentes et enfin s'écoulant de manière laminaire, contrôlée, fluide. L'apaisement qui l'envahit le rassura. Combien de fois avait-il vu son père procéder au même exercice, sur le promontoire de la cascade de Lushan, à l'endroit même où le Vieux Maître avait passé près de deux-cents ans ? Combien de temps Shiryu avait-il passé dans cette position, observant son fils s'entraîner et maîtriser les arcanes des disciples de Lushan ? 

Il comprenait maintenant l'intérêt d'une telle attitude. Elle permettait d'entrer en harmonie avec son environnement, de se synchroniser avec lui, d'en obtenir une conscience exhaustive. Cet état secondaire nécessitait par ailleurs une concentration égale, constante et uniforme, une qualité que Ryuho possédait. À défaut d'avoir une forte constitution physique, il avait développé une force mentale et une aptitude à méditer que même son père lui enviait. Il ressentait tout autour de lui, la cascade devant lui, un mur d'eau tombant de façon étonnamment délicate, formant une sorte de miroir vertical ondoyant d'une manière apaisante. Il percevait sa Shield, ancienne armure de bronze du Dragon, en sommeil sous le rideau d'onde pure. Il déploya ses sens jusqu'à englober l'intégralité de son Mont. Il avait développé cette capacité en parallèle de son entraînement auprès de son père.

Shiryu l'avait entraîné dès qu'il eut l'âge requis. Selon lui, Ryuho avait toutes les qualités nécessaires pour devenir l'héritier de l'armure du Dragon, une Cloth qui n'avait encore trouvé aucun porteur depuis qu'il était devenu le chevalier d'or de la Balance. Il avait très rapidement montré une aisance pour ressentir les Veines du Dragon, ces lignes d'énergie tellurique en Feng Shui, ce qui avait conforté Shiryu dans sa décision de le porter candidat pour son ancienne armure. Le jour arriva où il réussit à inverser la cascade de Lushan juste en restant assis en état méditatif, connecté à une Veine du Dragon. La Cloth du Dragon s'éveilla de ses années de sommeil et vint recouvrir le corps de Ryuho. Ce jour-là, Shiryu avait débordé de fierté pour son fils. Il l'envoya poursuivre sa formation à la Palestre, lieu consacré au perfectionnement des chevaliers de bronze.

C'est là qu'il rencontra ses compagnons. Kôga, chevalier de bronze de Pégase et fils de Saori et Seiya du Sagittaire. Haruto, chevalier de bronze du Loup et élève de Nachi du Grand Chien. Soma, chevalier de bronze du Petit Lion et élève de Ban d'Hercule. Yuna, Saintia de l'Oiseau de Paradis et élève de Paco de l'Aigle. Éden, chevalier de bronze de l'Indien et élève de Geki d'Orion. Ils formèrent rapidement une équipe compétente. La Palestre, l'école des jeunes Saints créée par Saori sous couvert de Shiryu sur le Mont Saint Michel, leur permit de développer pleinement leur potentiel. Son colisée, son arène, sa salle d'entraînement, ses salles de cours, son planétarium et même la grande cours d'entrée au centre de laquelle trônait une statue d'Athéna furent leur univers jusqu'à l'attaque du Sanctuaire par le dieu extraterrestre Mars.

Ce dernier, incarné dans un homme dégoûté des humains, prit d'assaut le domaine d'Athéna au moment où les chevaliers déploraient la désincarnation d'Athéna, la déesse ayant décidé de quitter le corps de Saori jusqu'à la prochaine guerre sainte. Sans protection divine, Mars réussit à emprisonner tous les Saints du Sanctuaire dans un immense pilier lumineux au centre d'une immense tour qu'il fonda à la place du Sanctuaire et qu'il nomma Tour de Babel. Puis il les maintint dans une sorte de stase, laissant la Tour aspirer petit à petit leurs cosmos. La Tour de Babel était alimentée par cinq ruines élémentaires. Les six chevaliers de bronze furent les seuls élèves à s'échapper de la Palestre avant que celle-ci ne soit envahie par les soldats de Mars. Ryuho, Éden, Soma, Yuna, Kôga et Haruto s'efforcèrent de détruire ces ruines et y parvinrent au prix de violents efforts. Comme leurs aînés avant eux, ils élevèrent leur cosmos au point d'atteindre le septième sens, ce qui leur permit de vaincre les quatre Rois Célestes, Romulus, Bacchus, Vulcain et Diane, formant la garde rapprochée de Mars. Unissant leurs forces et s’éveillant cette fois à un pouvoir collectif, l’Omega, ils vainquirent le dieu Mars, ce qui libéra le Sanctuaire. Les jeunes chevaliers de bronze avaient confirmé leur place dans la chevalerie. Le Sanctuaire s'était peu à peu reconstruit sans autre heurt, sous la direction avisée de Shiryu. En tant que chevalier, Ryuho était infiniment fier de l'aboutissement du projet du Grand Pope. En tant que fils, il admirait son père qui était le premier Pope à offrir au monde un Sanctuaire complet. 

Puis les catastrophes naturelles avaient commencé à s'enchaîner. Les Veines du Dragon qu'il percevait étaient déséquilibrées, ne présageant rien de bon. Apprenant le retour de son grand frère à Lushan suite aux inondations de Norvège, il revint au pays qui l'avait vu naître. Même si Shoryu n'était pas chevalier, il semblait avoir acquis une expérience supérieure à la sienne. Était-ce en lien avec l'événement qui lui avait fait quitter l'Islande ? Il n'avait jamais voulu en parler. Ça n'étonnait pas Ryuho qui savait son frère adoptif très solitaire et discret. Quoi qu'il en soit, ils s'entraînèrent ensemble, invitant au passage leur petit frère Ryufeng à se joindre à eux. De bons moments en famille, en tout cas jusqu'à l'arrivée de la Calamité qui les avait défaits. Sans l'éveil de leurs Shields, ils seraient probablement morts… et sans l'intervention d'Okko et Genbu, ils le seraient certainement. Sans compter leur mère. Il ne voulait plus ressentir cette impuissance, cette sensation d'être totalement dépassé. Quand il y repensait, il avait du mal à se considérer comme un chevalier qui avait affronté un dieu et l'avait vaincu.

— Rappelle-toi cette impression, Ryuho.

Cette voix dans sa tête, il ne l'avait jamais entendu. Mais cette présence, il la reconnut tout de suite pour l'avoir déjà perçue dans les Veines du Dragon. Un homme à l'allure à la fois féroce et sage apparut et lui sourit, encourageant.

— Rappelle-toi cette impression, répéta Dohko. Ce sont les défaites qui nous apprennent à devenir plus forts.

— Vieux Maître, fit Ryuho, je n'ai pas l'impression d'être plus fort. Je n'ai pas le temps de m'entraîner davantage et mon armure a beau avoir évolué, ce n'est pas…


— Tu as raison, l'interrompit doucement Dohko. Ce n'est pas l'armure qui donne son pouvoir à un homme.

Ryuho le regarda, implorant.

— Alors comment ? Comment puis-je être un Pic et défendre la Terre contre les Calamités avec mon pouvoir actuel ? Je ne suis pas au niveau de mon père, ni même de celui de ses condisciples. Shoryu est plus doué que moi. Et je n'ai pas la condition physique suffisante.

Un dragon blanc se manifesta à côté de Dohko et vint s'enrouler autour de Ryuho. Un dragon noir apparut et le toisa intensément. Une chaleur réconfortante se dégagea de leurs présences.

— J'ai moi aussi eu l'impression d'être impuissant à bien des reprises lorsque mes amis sont morts sous mes yeux, reprit Dohko. Comme tu le sais, je suis un des deux seuls survivants de la guerre sainte de mon temps. Je connais bien le désespoir. Les chevaliers, même possédant des pouvoirs assimilés au divin, n'en restent pas moins des êtres humains. C'est l'intensité de nos sentiments qui nous caractérise et nous distingue des dieux que nous combattons.

— On dirait que mon disciple est capable de paroles matures, finalement, intervint le dragon noir faussement moqueur. Écoute-le et aie confiance en tes sentiments.

— Rappelle-toi ce que tu as ressenti en combattant Mars, renchérit le dragon blanc. Vous étiez seuls, tes amis et toi, sans savoir si vous alliez pouvoir revoir les autres chevaliers. Pour autant que vous le sachiez, vous étiez les derniers survivants du Sanctuaire. Et la notion d'impuissance vous a-t-elle empêchés d'agir ? Vous simples chevaliers de bronze contre les Rois Célestes et le nouveau dieu Mars ?

Ryuho se remémora cette bataille. La puissance qu'il avait réussi à éveiller dans l'espoir improbable de sauver tout le monde. Le pouvoir que ses amis et lui avaient trouvé en eux, leur cosmos qui n'avait alors rien à voir avec leur statut de bronze… le même cosmos impossible que leurs aînés, dont son père avait fait partie, des années plus tôt. 

— La volonté de protéger les siens, la volonté d'empêcher que les atrocités du passé ne se reproduisent, la volonté de défaire quiconque s'attaquera à l'espoir que représente encore l'espèce humaine malgré ses défauts… La liste peut encore être longue, mais c'est ce qui donne leur force aux Saints. Qu'importe le bronze, l'argent ou l'or, le cosmos est bien plus que la simple appartenance à une catégorie.

Ryuho écouta attentivement Dohko. Le Vieux Maître était si sage ! Son père avait vraiment eu de la chance de l'avoir comme mentor.

— Il en va de même pour les Pics, mon garçon, poursuivit Hakuryu. Qu'importe si vous êtes Saint ou non. Qu'importe la catégorie de chevalier à laquelle vous appartenez.

— Qu'importe même que vous portiez une Cloth, une Surplis, une Robe, une Armour, une Fane ou une Nahual. Qu'importe votre appartenance, poursuivit Sennenryu.

— Ce qui compte… commença Dohko.

— C'est la détermination ! Compléta Ryuho avec assurance.

— Tu as tout compris, jeune garçon.

La voix gronda comme la marée et emporta les présences des anciens maîtres de Lushan et de la Contrée Mystique. Ryuho resta seul, flottant dans un océan spirituel.

— Tel le ressac qui fait s'écrouler la falaise ou le ruisseau qui finit par former un canyon, la détermination est celle qui t'emportera vers la victoire. Es-tu déterminé, dis-moi ?

La question était aussi implacable que le courant d'un fleuve. Ryuho ne pouvait se dérober. Et il ne le voulait pas.

— Oui, je suis déterminé ! Rugit-il.

— Alors je te confie mon essence, jeune dragon oriental. Puisses-tu vaincre les Calamités en mon nom, dit la Quiddité de l'Eau dont la voie fut emportée par la brise fondatrice qui soufflait sur les Qi Lao Feng.

Laisser un commentaire ?