Woes Chapter

Chapitre 11 : La dignité d'argent

2544 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/11/2022 08:15

Chapitre 11 : La dignité d'argent.


Shôko, chevalier d’argent du Centaure et protectrice temporaire de la maison du Sagittaire avec Kôga, se tourna vers la maison de la Balance. Le combat qui avait fait rage avait pris fin. L’explosion de cosmos d’or de Jabu avait eu raison du cosmos sismique. Ses compagnons d’argent étaient encore en vie, en piteux état, mais sauvés de la mort par leur frère. Quel pouvoir terrifiant possédaient leurs nouveaux adversaires ! Bien pire que de combattre des forces divines, il s’agissait vraiment de défaire des forces naturelles. Malgré son pouvoir, qui lui aurait valu de revêtir l’armure d’or du Sagittaire si Seiya n’en avait pas été l’héritier légitime, elle ne savait pas si elle sortirait vivante de cette confrontation.

L’armure d’or… un aboutissement pour tout chevalier. Elle ne pouvait tenir rigueur à Seiya de sa réussite. Il avait fait preuve de bien plus de potentiel qu’elle pour la mériter. Et puis l’armure d’argent du Centaure l’avait choisie. L’armure d’argent la plus proche de celle du Sagittaire. Et elle ne l’avait jamais regretté. Le cosmos brûlant de la Cloth l’avait accueillie et enveloppée, faisant corps avec elle, s’accordant à son tempérament fougueux de Saintia. Et Shôko avait su qu’elle ne désirerait jamais plus une autre armure Aucune ne pourrait mieux lui convenir. Elle s’était ainsi élevée au grade supérieur des chevaliers, comme ses contemporains Ban, Nachi, Geki et Ichi. Et parmi les chevaliers d’argent, eux cinq étaient ceux dont la puissance atteignait presque celle des chevaliers d’or. L’hétérogénéité des chevaliers d’argent était bien connue. Certains étaient à peine plus puissants que les bronzes, et d’autres quasiment d’un niveau égal aux ors. Cette diversité rendait leur caste très polyvalente. De véritables piliers du Sanctuaire. Shôko était très fière d’en faire partie.

— Kôga, je vais voir ce qu’il s’est passé. Il doit y avoir des soins à organiser. Reste ici te reposer, tu n’es pas encore bien remis de tes blessures.

— Je garderai la maison de mon père, tu peux compter sur moi, répondit gravement le jeune bronze.

Mais dans sa voix sourdait une frustration à peine contenue. Il détestait visiblement ne pas être dans l’action.

— Tu auras l’occasion de prendre ta revanche bien assez tôt. Ne précipite pas les choses, fit Shôko en s’éloignant rapidement pour ne pas montrer son sourire amusé par tant de candeur.

Elle arriva bien vite à la maison de la Balance où le champ de bataille avait laissé son nombre de victimes. Elle repéra tout de suite les cadavres de Jassion et Natik. Puis son regard se porta vers les autres chevaliers de bronze et d’argent. Au centre de ce carnage, Jabu, encore à genoux, était immobile, incapable de se relever pour le moment.

— Jabu ! s’écria-t-elle.

Quand elle s’aperçut qu’il respirait encore, elle soupira de soulagement.

— Shôko, fit-il difficilement. Laisse-moi, ça va aller. Il faut juste que mon corps accepte de m’écouter.

Il réussit à élaborer un faible sourire. Sa blessure était encore béante mais ne saignait plus. Elle prit le temps de le panser avant d’aller vérifier l’état de ses camarades.

— Comment vont-ils ? s’enquit derrière elle le chevalier d’or du Capricorne qui peina à se redresser.

— Ils sont vivants, répondit-elle. Mais ils vont mettre du temps à s’en remettre. Je vais faire venir l’équipe médicale. Quel terrible combat ! 

— Nos ennemis sont puissants, précisa Jabu. Et nous n’avons pas eu affaire aux Calamités elles-mêmes. Il va nous falloir faire preuve d’une grande prudence en les combattant. 

Shôko s’affaira encore un instant pour procéder aux quelques premiers soins qu’elle était capable d’effectuer. Puis elle revint vers Jabu.

— As-tu appris des choses qui pourraient nous être utiles ? demanda-t-elle.

— Le sort de nos camarades envoyés en Afrique du Sud… soupira-t-il. Au moins, nous avons confirmation qu’ils ont établi leur quartier général au Dôme de Vredefort. Si j’en crois nos adversaires, aucun des chevaliers envoyés n’en a réchappé.

Shôko se figea.

— Aucun des huit ?

— A priori non, fit-il en secouant tristement la tête.

Des larmes montèrent aux yeux de Shôko mais elle les essuya vivement.

— Difficile à croire. Ils devaient éviter toute confrontation et tenter de fuir en cas d’embuscade. 

— Je n’ai pas de quoi vérifier la véracité de ces informations. Mais je ne suis pas très optimiste. Ils n’ont pas l’air d’assaillants se plaisant à se vanter. Ils n’en ont pas l’intérêt.

— Chevalier d’or du Capricorne ! 

La voix qui avait interpelé Jabu appartenait à un chevalier d’acier qui courait à leur rencontre. Il s’agenouilla devant le duo et déclara :

— Éryx du Lynx est revenu. Il est gravement blessé et rapporte des nouvelles d’Afrique du Sud. Il dit être le seul survivant de son groupe.

Jabu et Shôko se regardèrent.

— Mène-nous à lui, soldat, ordonna cette dernière.

Les deux chevaliers d’or et d’argent accompagnèrent le soldat du Sanctuaire jusqu’à l’infirmerie. À peine arrivée, Shôko organisa la réponse médicale adéquate pour les victimes à prendre en charge à la maison de la Balance. L’infirmerie se vida, ne laissant qu’un médecin auprès du jeune chevalier de bronze recouvert de bandages. Ce dernier tenta de se redresser lorsqu’il aperçut Jabu et sa compagne. Le chevalier d’or l’en empêcha et s’assit sur le bord de sa paillasse. Le médecin l’ausculta pendant le rapport du garçon. Il leur raconta tout. La découverte du domaine des Calamités, son organisation, le guet-apens, le combat qui s’en était suivi et son dénouement. Il décrivit également sa fuite, dont il se sentait honteux, même s’il avait suivi les ordres de ses aînés d’argent, et la poursuite par des Aléas mineurs qui l’avaient mis dans cet état lamentable. Il avait terrassé certains d’entre eux, en avait semé d’autres, devant se cacher misérablement.

— Tu n’as rien à te reprocher, chevalier, le rassura Shôko presque maternellement. Tes informations sont précieuses. Je ne doute pas que le Grand Pope saura les utiliser à bon escient pour nous établir un plan de bataille qui nous mènera à la victoire.

Éryx sembla soulagé et se détendit. Il eut une grimace de douleur et se mit à trembler. Le médecin intervint immédiatement. Le garçon cessa de s’agiter et ferma les yeux. L’armure du lynx bourdonna nostalgiquement et se tut à l’instant même du dernier battement de cœur du jeune chevalier de bronze. Jabu ferma ses yeux et pressa fortement la main du jeune homme dans la sienne. Des larmes gouttèrent sans retenue sur le drap. Shôko serra les poings. Encore une jeune âme héroïque qui s’en allait trop tôt. Jabu et elle se recueillirent un moment, le médecin les ayant laissés seuls avec leur tristesse. La Saintia du Centaure se détourna et s’éloigna vers la porte de l’infirmerie.

— Que fais-tu ? questionna Jabu d’une voix fatiguée.

— Je vais là où le devoir m’appelle. Je ne peux pas laisser les dépouilles de mes compagnons à la merci de ces monstres.

— Tu ne veux pas dire que…

— Oui. Je vais récupérer leurs corps là où ils sont tombés au combat. Mais ne t’inquiète pas, je ne suis pas suicidaire. J’irai avec les chevaliers de la Poupe, de la Carène et des Voiles. Nous aurons ainsi un moyen de transport furtif et sécurisé. 

— Tu vas prendre l’Argos ?

— Oui. Nous allons utiliser l’assemblage des trois armures d’argent. Nous pourrons ainsi profiter des propriétés mythiques de ce navire afin de nous rendre au Dôme de Vredefort sans nous faire repérer, récupérer nos camarades et les ramener au Sanctuaire où ils pourront être inhumés dignement.

Elle regarda Jabu avec défi. Étant le seul chevalier d’or présent à ce moment-là, il avait le pouvoir de s’y opposer. Il lui sourit.

— Sois prudente et ramène nos amis.

Shôko opina gravement.

— Je n’ai pas l’intention de mourir. Nous reviendrons, je te le promets.

Et elle s’en fut. Elle alla trouver Corra des Voiles, Meherio de la Poupe et Matahi de la Carène. Les trois chevaliers d’argent accueillirent avec enthousiasme et détermination la proposition de Shôko et ils assemblèrent leurs armures. Ils infusèrent leurs cosmos dans le navire ainsi reconstitué et celui-ci se manifesta sous les yeux ébahis de la Saintia du Centaure. Le navire Argos. Elle en avait entendu parler, mais elle ne l’avait jamais vu. Les quatre chevaliers montèrent dedans et il s’envola. Devenant immédiatement invisible aux yeux du monde, il fila en direction de l’Afrique du Sud à mach 5, la vitesse maximum des chevaliers d’argent.

Ils arrivèrent à destination un peu plus d’une heure plus tard. Ils repérèrent très rapidement le Dôme de Vredefort et les Ceintures calamiteuses mises en place.

— Comment savoir où nos amis sont tombés ? s’inquiéta Meherio.

— Il nous faut rechercher un endroit suffisamment éloigné et en hauteur. Leur mission ne consistait qu’en du repérage, ils ne devaient pas venir au contact de l’ennemi. Ils ont donc probablement trouvé un endroit d’où ils pouvaient procéder à leurs observations en espérant ne pas être pris à partie.

Ils cherchèrent un moment, avisant plusieurs lieux possibles. Ils en visitèrent plus d’un.

— Je n’ose pas croire que leurs corps aient été emportés… jura Matahi entre ses dents.

— Je ne pense pas non plus, le rassura Corra. 

Et leurs yeux tombèrent sur un scintillement. Une armure. Cette brillance ne pouvait être qu’une armure ! Les quatre chevaliers d’argent se précipitèrent et trouvèrent ce qu’ils cherchaient. Les larmes leur montèrent aux yeux immédiatement.

— Non, dites-moi que ce n’est pas vrai ! souffla Corra.

— C’est impossible, fit Meherio.

— Cette posture… ils en sont arrivés là ! s’exclama Shôko.

 Athena Silver Grace… [la Grâce Argentée d’Athéna]

Matahi s’approcha révérencieusement des trois Saints d’argent morts debout. Tania accroupie en trépied, Damian derrière elle jambes fléchies et en dernière position, Albio campé bien droit sur ses deux jambes. Tous les trois avaient les bras tendus droits devant eux où un cratère évasé défigurait le paysage.

— Ils ont utilisé une telle technique !

Le chevalier de la Carène n’en croyait pas ses yeux.

— À n’en pas douter, acquiesça Shôko. Celle-là même octroyée par Athéna à ses seuls chevaliers d’argent. Athena Silver Grace.

— Celle qui permet à au moins trois chevaliers d’argent de surpasser à coup sûr n’importe quel chevalier d’or quelle que soit sa puissance, commença Meherio.

— Et quelle que soit la puissance des chevaliers d’argent, poursuivit Corra. 

Cette technique permettait aux chevaliers les plus forts après les chevaliers d’or de vaincre leurs aînés s’ils changeaient de camp. Bien qu’elle ne soit pas interdite, elle n’avait jamais vraiment été utilisée. Il s’agissait plus d’un sauf-conduit ou d’une ultime mesure de sécurité. Mais comme il s’agissait de vaincre ses propres frères d’armes, l’Athena Silver Grace était très mal perçue parmi les chevaliers d’argent. Cela revenait à avouer que l’on pouvait se méfier des chevaliers d’or, censés être les plus intègres de la chevalerie. Bien sûr, il y avait eu des chevaliers traîtres, mais leurs confrères s’en étaient finalement chargés et les Saints d’argent n’avaient pas eu à intervenir, gardant dans leur manche cette carte maîtresse.

— Ils ont vraiment dû être confrontés à des adversaires redoutables et nombreux pour en arriver là, réfléchit Matahi.

Corra vint caresser le visage exsangue de Tania.

— Ils se sont montrés dignes de leur position de chevalier d’argent, déclara-t-elle en se relevant. 

— Dépêchons-nous de mettre leurs corps à l’abri dans l’Argos, incita Meherio en retirant son armure.

Matahi et Corra firent de même. Shôko se tint les sens aux aguets, ses amis se retrouvant sans protection. Elle se plaça en hauteur le temps qu’ils déplacent les cadavres dans le navire mythique. Ceux de leurs compagnons d’argent, y compris Izy, mais aussi ceux des chevaliers de bronze, Myrin, Alexeï et Naïa. Puis ils embarquèrent et le navire se mit à flotter dans les airs.

— Où croyez-vous emporter ces dépouilles ? entendit Shôko avant de sauter dans l’Argos.

Elle se retourna et se retrouva face à cinq Aléas mineurs. Elle enflamma sans prévenir son cosmos. Pas le temps de tergiverser, pas l’envie non plus.

— Vous tombez bien, gronda-t-elle. Je vais venger nos camarades ici et maintenant. Goûtez à la dignité des chevaliers d’argent d’Athéna ! Centaurus Ryusei Ken ! [Les météores du Centaure] 

Les Aléas mineurs anonymes furent balayés. La Saintia du Centaure rejoignit ses amis dans l’Argos qui s’éleva et reprit, de nouveau invisible, le chemin du Sanctuaire.


**

Deux des Aléas finirent par se relever péniblement. 

— J’ai moi aussi une vengeance à exercer, fit une voix sombre.

Les deux survivants se figèrent. Devant eux se dressait une femme drapée d’une armure d’un noir mat et profond. Sa protection ressemblait étrangement à celle de la guerrière qu’ils venaient d’affronter.

— Melanos Fotia Roufihtra ! [Le tourbillon de flammes noires]

Les deux Aléas grillèrent sur place. La Saintia de charbon du Centaure se détourna de son œuvre. Elle rejoignit ses trois compagnons, les chevaliers de charbon des Voiles, de la Carène et de la Poupe, qui avaient rassemblé les corps de leurs camarades chevaliers noirs. Ils auraient droit eux aussi à leur inhumation. L’Argos noir s’éleva à son tour et prit la direction de l’île de la Reine Morte. Il ne serait pas dit que les chevaliers noirs s’avèrent moins dignes que les chevaliers d’argent.

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