Woes Chapter

Chapitre 8 : La défaite du météore.

3030 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/10/2022 07:12

Chapitre 8 : La défaite du météore.


Seiya raccompagna Saori à la Fondation Graad avec leur fils, Kôga. L’ancienne vectrice d’Athéna pour le vingtième siècle avait repris pleinement la tête de la multinationale fondée par son grand-père Mitsumasa Kido. Kôga avait hérité de la Cloth de Pégase de son père qui l’avait entraîné aussi durement que Marine l’avait fait avec lui. D’un tempérament impétueux comme Seiya, il avait insisté pour ramener sa mère avec lui. Seiya n’avait pas eu le cœur de le lui refuser. Le jeune garçon serait bientôt intégré dans l’un des sept contingents du Sanctuaire contre un ennemi d’une puissance difficile à évaluer. Seiya et Saori savaient tous deux ce que cela impliquait.

Saori les mena immédiatement dans le bâtiment de fabrication des armures d’acier. Parvenus à destination, elle monta sur une passerelle pour admirer l’étendue de la réussite de ce projet. Des centaines d’armures d’acier, sous leur forme de totem, étaient alignées, rutilantes et emplissaient le rez-de-chaussée du bâtiment à perte de vue.

— Un joli travail, Saori, la félicita Seiya.

— Oui, nos techniciens se sont dépassés. Elles viendront généreusement remercier les soldats du Sanctuaire, dénués d’une véritable protection depuis trop longtemps. Les époques se sont enchaînées mais jamais la technologie humaine n’avait réellement été appréciée par le Sanctuaire. Heureusement, les choses changent.

— Seiya ! Saori ! Et toi aussi, Kôga ? entendirent-ils.

Les exclamations joyeuses ne pouvaient provenir que de trois personnes en ces lieux. Daichi, Ushio et Shô, les trois premiers chevaliers d’acier qui avaient secondé un temps Seiya et ses compagnons. Ils se saluèrent avec une joie évidente de se revoir.

— Les gars, vous allez avoir une promotion, annonça Seiya.

Saori le fusilla du regard puis soupira en levant les yeux au ciel devant l’air de son mari.

— Pas tout à fait la bonne façon de présenter les choses, corrigea-t-elle. Les armures d’acier vont enfin être utiles, c’est vrai. Et vous serez amenés à chapeauter les soldats qui les recevront.

— De quels soldats s’agit-il ? demanda Shô.

— Ceux du Sanctuaire. La fondation Graad va participer à la protection de la Terre.

— Est-ce que cela a un lien avec toutes ces catastrophes naturelles ? s’enquit Ushio.

— Exactement, répondit Seiya. Le Grand Pope a décidé d’offrir une protection aux guerriers qui défendent nos terres. Ils n’ont traditionnellement aucune protection outre la tenue de cuir que nous leur prodiguons. Il est grand temps que cela change.

— C’est une excellente idée ! s’exclama Daichi, enthousiaste. Il faut des hommes et des femmes solides pour porter ces armures. Notre entraînement a été rude en tout cas. Et les soldats du Sanctuaire n’ont pas à donner la preuve de leurs capacités physiques et de leur loyauté. Beau geste, Saori.

Elle hocha la tête.

— Je suis venue pour organiser le transfert des armures d’acier vers le Sanctuaire. Il faut affréter le plus gros avion de notre flotte pour les emmener en Grèce le plus rapidement possible.

— Je m’en charge ! fit Daichi en filant.

Il n’avait pas fait dix mètres qu’une déflagration retentit. Le bâtiment trembla, se fissura de toute part et la passerelle tangua… puis se décrocha.

— Saori ! cria Seiya en voyant sa femme tomber vers le sol.

Il se précipita, lui attrapa la main et déploya les ailes de son armure d’or authentique du Sagittaire. Il atterrit en douceur tandis que Kôga et les trois chevaliers d’acier se réceptionnaient agilement.

— Il faut quitter le bâtiment ! s’écria Shô en avisant le plafond dont des morceaux commençaient à s’effondrer.

— Pegasus Ryusei Ken ! [Les Poings Météores de Pégase]

L’attaque de Kôga pulvérisa un énorme morceau de plafond qui menaçait de les écraser. Les six compagnons en profitèrent pour sortir du bâtiment dont l’intégrité était fortement engagée. Quand ils furent dehors, ils découvrirent une scène digne d’un film hollywoodien. Les différents bâtiments de la Fondation étaient en ruines fumantes, des employés couraient dans tous les sens, tentant d’échapper à un danger dont ils n’avaient probablement même pas identifié l’origine. Seiya s’envola pour observer la situation de haut et prioriser son action.

Dans le ciel, des traînées flamboyantes embrasaient encore l’atmosphère. De multiples cratères d’impact jalonnaient la zone industrielle Kido, ne laissant que peu de doute sur la provenance du phénomène.

— Le Sanctuaire semble attaché à ce lieu, fit une voix sombre. Si je le détruis, est-ce que je l’affaiblis ou est-ce que j’attise sa colère ? Les deux peut-être ? Je suis bien tenté d’essayer pour voir.

Seiya se tourna vivement vers l’origine de cette déclaration. Un individu d’apparence humaine, au teint hâlé, porteur d’une armure étincelante claire-obscure, une cape de fragments météoritiques flottant derrière lui, se tenait comme suspendu dans les airs. Le chevalier d’or du Sagittaire n’eut pas le temps de réagir qu’une nouvelle météorite s’écrasa sur la foule paniquée.

— Arrête ça tout de suite ! rugit Seiya en fonçant sur cet ennemi destructeur.

Le maître des météores, des astéroïdes et des comètes se contenta d’esquiver la charge. Il battit simplement des paupières et un autre projectile céleste fusa vers le sol. Il n’y parvint jamais. Kôga se plaça sur sa trajectoire et lança ses propres météores qui pulvérisèrent la météorite. 

— Oh ? Des « météores », ai-je entendu ? s’étonna la Calamité.

Ignorant une fois de plus une charge de Seiya, il s’effaça et réapparut derrière le jeune chevalier de Pégase. Il lui saisit le poing et le contempla, curieux. Kôga tenta de s’échapper, mais il n’y parvint pas. La Calamité inspecta le poing sous tous les angles, faisant hurler le chevalier de bronze.

— Non, décidément, ce poing ne mérite pas le titre de météore. C’est une insulte, mon garçon.

— Lâche mon fils ! gronda Seiya. Sagittarius Ryusei Ken ! [Les Poings Météores du Sagittaire]

La multitude de poings du chevalier d’or s’abattit sur son ennemi à la vitesse de la lumière. Les coups aboutirent et la Calamité lâcha Kôga qui s’écarta sans tarder.

— Kôga ! Ça va ?

Daichi, Shô et Ushio, tous trois revêtus de leurs armures d’acier, vinrent se placer aux côtés du fils de Saori.

— Ça ira, mais je crois bien qu’il m’a brisé le poignet. Où est ma mère ?

— Nous l’avons mise à l’abri, ne t’inquiète pas.

— Parfait, je vais aider mon père.

Le jeune garçon s’avança, fit brûler son cosmos et se concentra. Il traça la constellation de Pégase.

— Pas un météore, mon poing ? Tâte de celui-ci ! s’exclama-t-il. Pegasus Ryusei Ken !

Les météores du chevalier de bronze atteignirent également leur cible, encore sous le coup de l’attaque de Seiya. Il entendit la Calamité grogner. Très bien, ils allaient l’abattre ici et maintenant. Qu’importaient les Pics !

— Arrêtez, je vous en prie, implora leur adversaire.

Kôga sourit et la puissance de son attaque faiblit inconsciemment.

— Kôga ! Reste concentré ! lui hurla Seiya, de la peur dans la voix.

— Arrêtez, recommença la Calamité. Arrêtez d’appeler ça des météores !

Le jeune chevalier de bronze ne vit même pas le coup venir qu’il était déjà au sol, sa vision se troublant. Une pression indécente l’avait percuté et une onde de choc avait implosé dans son corps. Avant de s’évanouir, il eut l’impression qu’un cratère s’était formé sur son ventre. Il n’eut pas le loisir de vérifier, l’inconscience le saisit.

— Eumetéōra [Météorite véritable], prononça simplement la Calamité.

— Kôga ! cria Seiya une fois de plus.

Le chevalier d’or du Sagittaire se mit dans une colère noire. Son cosmos augmenta encore, atteignant un paroxysme qu’il n’avait plus atteint depuis la dernière Guerre Sainte.

— Tu as osé…

Sa voix exprimait toute la haine qu’il pouvait éprouver sans s’étouffer. Son adversaire daigna se tourner vers lui.

— Et que vas-tu tenter ? Un nouveau simulacre de météorite ? Comment as-tu pu vaincre des dieux avec cette attaque ?

— Ce n’est pas cette technique qui a vaincu des dieux, maugréa Seiya. Tu vas goûter à celle qui m’a permis de terrasser nombre de mes ennemis par le passé. Tu n’en sortiras pas indemne.

Sa cosmo-énergie se concentra dans son poing. L’aura dorée du Sagittaire scintilla derrière lui.

— Sagittarius Suisei Ken ! [La Comète du Sagittaire]

Des milliers de poings météores fusèrent et fusionnèrent en une comète dorée. La Calamité pencha la tête, appréciateur.

— Bel effort. Je ne doute pas que cette comète ait pu défaire tes adversaires jusque-là, mais… Eukomḗtēs [Comète Véritable].

Le poing du maître des projectiles célestes se tendit et intercepta celui de Seiya… qui se brisa jusqu’au coude. Le chevalier d’or du Sagittaire fut violemment projeté contre les ruines du bâtiment derrière lui.

— Seiya ! s’inquiétèrent les chevaliers d’acier.

Ils tentèrent d’intervenir, mais une émanation météoritique les faucha, mettant en pièces leurs armures. Seiya, se releva en chancelant. Cela faisait très longtemps qu’il n’avait été mis à mal avec autant de facilité. 

— N’approchez pas, prévint-il ses amis qui s’étaient eux aussi relevés tant bien que mal. Il me reste une carte à jouer. C’est un terrible adversaire, je dois tenter le tout pour le tout.

Il porta une main à son cœur. Depuis ce jour où il y avait reçu l’épée d’Hadès, une faiblesse perdurait qui s’accentuait à chaque fois qu’il portait son cosmos à son paroxysme. Un sacré poids à porter. Mais s’il ne donnait pas tout…

— Calamité, je te félicite. Tu as défait mon météore. Mais je ne me résume pas à lui. J’ai mis des années, mais j’ai fini par maîtriser la technique maîtresse du Sagittaire. Aiolos, merci pour ton héritage, vois l’honneur des chevaliers d’or ! Infinite Break ! [Désintégration Infinie].

Des milliers de flèches d’or jaillirent du cosmos de Seiya qui ignorait vaillamment l’angor lui tenaillant la poitrine. Comme animées d’une volonté propre, chacune d’elles fila vers la Calamité. Cette attaque avait repoussé Apophis lui-même avec facilité du temps d’Aiolos. 

Au début impassible, la Calamité estima nécessaire de se mettre en position de défense. L’attaque le toucha de plein fouet. Une déflagration détonna et un nuage de poussières et de cendres dissimula la scène. Lorsque ce brouillard se fut dissipé, révélant un Seiya essoufflé et à bout de force, ce fut pour constater que la Calamité semblait indemne. Dans un état second, mais indemne.

— Impossible, souffla Ushio.

— C’était une attaque magnifique, Seiya du Sagittaire. Je m’en souviendrai. Les chevaliers d’or sont en effet impressionnants. Vous réussissez à développer un niveau de puissance quasiment divin. Nous saurons nous méfier à l’avenir.

Sa silhouette devint floue et la Calamité disparut. Seiya ne savait pas pourquoi son adversaire n’avait pas poursuivi le combat. Comment prendre ce compliment alors qu’il avait été un instant à la merci de la Calamité, épuisé, blessé, ses attaques visiblement sans le moindre effet… Il mit un genou à terre.

— Seiya !

Daichi, Ushio et Shô se dirigèrent vers lui.

— Occupez-vous de Kôga ! ordonna-t-il. Je n’ai rien de très grave.

Son bras pendait mollement à son côté, tous ses os brisés. Mais il avait connu pire. Il se précipita vers son fils à la suite des chevaliers d’acier. Il s’aperçut avec soulagement qu’il respirait encore. Son armure l’avait protégé… un peu. Les dégâts abdominaux étaient néanmoins très préoccupants. 

— Tiens bon, fils. Je t’emmène de suite au Sanctuaire. Daichi, Ushio, Shô, occupez-vous des victimes et protégez Saori. S’il revient… Non, je n’ose pas l’imaginer. Quelle catastrophe ! Pas étonnant que Shiryu ait été aussi gravement blessé. C’est donc ce type d’ennemi que nous allons devoir combattre ?

Saori revint en courant. Elle fondit en larmes en apercevant son fils dans les bras de Seiya.

— Ça va aller, la rassura-t-il vivement. Je l’emmène là où il recevra des soins miraculeux. Il survivra. Gère les armures d’acier au plus vite. Nous allons vraiment en avoir besoin.

Elle se calma et reprit emprise sur elle-même. Elle caressa le visage de son fils, puis celui de son mari.

— Tu peux compter sur moi. Prends soin de notre enfant, Seiya.

— Je te le promets, murmura-t-il tendrement avant de se volatiliser à la vitesse de la lumière.

À peine eut-il disparu, que l’ancienne réceptacle d’Athéna donna ses ordres aux membres du service de sécurité qui s’étaient réunis autour de sa personne.

— Rassemblez les blessés pour évacuation immédiate vers les centres de soin de la Fondation les plus proches. Cherchez toute personne vivante. Évaluez les dégâts humains et matériels et faites-moi votre rapport dans les plus brefs délais. Daichi, Ushio, Shô, suivez-moi.

Régale, voire impériale, elle se dirigea d’un pas décidé vers le bâtiment des armures. Elle chercha un endroit parmi les décombres. Le bâtiment n’était pas si endommagé que ça. Nombre d’armures étaient intactes, protégées par la solidité de leur conception. Elles ne pouvaient pas valoir les Clothes, mais la technologie employait des matériaux intéressants et certains d’entre eux étaient très résistants. Les trois chevaliers d’acier sans armure usèrent de leur force pour soulever les morceaux de plafond effondrés que Saori leur désignait afin de se frayer un chemin vers un endroit précis. Ils virent bientôt une porte se dégager. Une porte tout à fait banale de débarras de ménage. Saori sortit une clé qu’elle introduisit sans la serrure. 

Les cliquetis qui se dégagèrent du barillet n’avaient rien de commun. La porte s’ouvrit sur un escalier entièrement préservé. Au passage, Shô remarqua que l’épaisseur de la porte cachait une couche blindée impressionnante. Saori s’engagea. Les chevaliers d’acier la suivirent.

— Nous y sommes, dit-elle lorsqu’ils furent arrivés en bas des marches.

Une lumière tamisée éclairait faiblement trois piédestaux. Sur chacun d’eux, une forme trônait.

— Dès que Shiryu m’a demandé de relancer le projet « Steel Clothes », j’ai tout de suite commandé celles-ci. Elles sont spécialement conçues pour vous, les premiers chevaliers d’acier. Plus question de mimer des constellations cette fois.

L’éclairage forcit. Les trois guerriers de la Fondation admirèrent ce qui leur fut révélé. Trois armures d’acier d’une conception inédite. 

— J’ai gardé le principe du terre/mer/air, précisa Saori. Mais je suis partie sur la représentation de véhicules. Un navire de guerre, un avion de chasse et un tank. Voici vos nouvelles armures. Elles sont plus résistantes que vos anciennes que vous venez de perdre. C’est la dernière génération… et sûrement la dernière avant un bout de temps si j’en juge les dégâts causés par l’attaque que nous venons de subir. Vous pouvez les essayer.

Daichi enfila l’armure du tank, Shô celle de l’avion de chasse et Ushio celle du navire de guerre. Rien de comparable à leurs armures d’avant, qui étaient obsolètes depuis longtemps en réalité.

— Saori, merci beaucoup ! dirent-ils simplement.

— Ce n’est rien. J’espère juste qu’elles vous protégeront le plus longtemps possible. Remontons et occupons-nous de dégager les armures pour les soldats du Sanctuaire. Nous devons soutenir les Saints d’Athéna au mieux de nos capacités. 

Ils acquiescèrent et remontèrent rapidement. Aidés de nombreux volontaires survivants, ils eurent vite sorti les deux cent dix armures intactes des décombres. En quelques heures, le transport vers l’aéroport de la Fondation fut organisé et le plus gros avion de la flotte privée de Saori partit pour la Grèce avec son précieux chargement, et Daichi, Ushio et Shô comme escorte. Saori regarda l’avion s’éloigner jusqu’à ce qu’il disparaisse dans le ciel puis se détourna. Elle devait maintenant gérer les nombreuses victimes de sa Fondation, mais au fond d’elle-même, elle ne songeait qu’à une chose : le météore de Pégase et celui du Sagittaire avaient été amèrement vaincus.

Laisser un commentaire ?