Woes Chapter

Chapitre 4 : Secours et soins

2520 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 20/10/2022 10:00

Chapitre 4 : Secours et soins.


 Erda attendait dans la maison du Cancer. Elle n’était pas la personne la plus patiente, plutôt connue pour son tempérament de feu. Mais elle avait obtenu une grande responsabilité en accédant à l’héritage de son prédécesseur, pourtant honni, Masque-de-Mort. Elle avait étudié ce qu’il avait laissé dans son temple, faisant siennes les archives du Cancer, et notamment les techniques phares des porteurs de cette armure. Elle était persuadée qu’elle pourrait être une Saintia du Cancer bien plus recommandable qu’avait pu l’être Masque-de-Mort. Après s’être escrimée à maîtriser les feux follets de l'Enfer, elle avait tout de suite perçu l’intérêt de cette faculté ainsi que de la capacité à veiller sur Yomotsu Hirasaka.

Elle s’en était ouverte à Shiryu pour lui proposer son plan : intercepter les chevaliers défunts avant qu’ils ne tombent définitivement dans le puits de l’enfer. Elle imaginait déjà les bienfaits de cette veille pour le Sanctuaire. Tout chevalier aurait potentiellement une chance de revenir à la vie si elle réussissait à les faire revenir avant leur chute. Après tout, Shiryu était bien revenu ainsi d’entre les morts lorsqu’il avait affronté Masque de Mort lors de la bataille du Sanctuaire.

Un de ses feux follets revint de l’entre-monde pour la prévenir qu’un chevalier était sur la colline des morts. Elle blêmit malgré elle. À sa connaissance, aucun chevalier n’avait péri récemment. Qui cela pouvait-il être ? Elle se projeta immédiatement sur les flancs du Yomotsu Hirasaka.

— Bonjour Erda, entendit-elle.

Se retournant, elle crut d’abord à un mirage avant de s’agenouiller rapidement.

— Grand Pope, murmura-t-elle.

— Relève-toi Erda, lui intima Shiryu. Comme tu le vois, j’ai besoin de ton aide.

— Je vois ça, mais… comment ?

— Plus tard, la coupa-t-il. Je suis gravement blessé. J’ai besoin que tu ramènes mon âme dans mon corps et que l’on vienne me chercher. Je suis quelque part sur les flancs du Kilimandjaro.

— Blessé ? Mais c’est pire que ça, Shiryu ! S’exclama-t-elle en oubliant la déférence qu’elle lui devait en tant que Pope. Tu es quasiment mort ! Qui… ?

— Erda ! Reprends-toi. Ramène-moi, fais-moi chercher et je vous promets de tout vous expliquer lorsque mon corps sera remis.

— Ou… Oui, Grand Pope. Tout de suite.

Elle enflamma son cosmos, préparant les Vagues d’Hadès, ou Ondes des Feux Follets de l’Enfer comme elle préférait les appeler. Au moment de les envoyer sur Shiryu, ce dernier lui sourit et dit :

— Bravo, Erda. Ton plan fonctionne à merveille. On va en avoir besoin sous peu.

Il disparut, emporté vers son corps physique, bien trop loin du Sanctuaire au goût du chevalier du Cancer. « Sous peu » avait-il dit ? Erda frémit mais n’épilogua pas. Elle revint dans son propre corps et s’apprêta à lancer ses ordres.

— Faites appeler Roland chevalier d’argent de la Coupe, Lexa chevalier d’argent de l’Autel, Leoni chevalier de bronze de l’Éridan et Toma chevalier de bronze du Phénix.

Le messager partit en flèche. Erda voulait mettre toutes les chances de son côté et les capacités curatives de l’armure de la Coupe et de l’Autel ainsi que celles régénératrices des armures de l’Éridan et du Phénix serait probablement d’une grande utilité pour stabiliser Shiryu si nécessaire. Quand les quatre chevaliers l’eurent rejointe, elle demanda à Kiki de bien vouloir les transporter sur le Kilimandjaro. Le chevalier du Bélier demanda s’il pouvait les accompagner. Après tout Shiryu était son plus vieil ami parmi les chevaliers d’or.

— Shun ne verrait pas d’un bon œil que tu quittes le Sanctuaire, répondit-elle désolée. L’alerte n’est pas encore levée, nous ne savons pas à qui nous avons à faire et leurs attaques réussissent déjà à traverser nos défenses. Tu ferais mieux de rester ici, le Sanctuaire a besoin d’une barrière complète. Seuls Mii, Shun et toi pouvez vous en charger.

— Tu as raison. Retrouve-le, Erda. Et ramène-le.

— Ne t’en fais pas pour ça. Je ramènerai notre compagnon.

La télékinésie du chevalier d’or du Bélier les enveloppa tous les cinq et ils se retrouvèrent bientôt sur les pentes du majestueux volcan africain.

— Restez sur vos gardes et soyez à l’affût de la moindre parcelle de cosmos. Le Grand Pope doit être retrouvé !

— Le Grand Pope ? s’étonna Roland.

— Que lui est-il arrivé ? Questionna Leoni.

— Je ne sais pas exactement, répondit Erda, projetant déjà son cosmos pour repérer le chevalier de la Balance. Mais il est blessé, grièvement, alors nous devons le retrouver et vite. Éparpillez-vous et magnifiez votre cosmos au plus haut comme signal si vous le trouvez. Considérez que nous sommes en territoire hostile. Soyez prudents !

Les cinq chevaliers se séparèrent pour couvrir le plus de terrain possible.


**


Shiryu avait vaguement conscience de son corps perclus de douleurs. Au moins, il n’était plus dans les limbes. Du moins, plus pour le moment. Il espérait juste qu’Erda fasse rapidement le nécessaire afin de ne pas mourir pour de bon cette fois. Il n’arrivait pas à faire le moindre geste. Nombre de ses organes et de ses tissus étaient en sale état et il ne pensait pas avoir encore un os intact.

Les deux hommes l’observèrent de loin et se regardèrent. Quand ils se décidèrent à l’approcher, ce n’était pas sans une certaine fébrilité. Combien de temps cela faisait-il ? Ils n’avaient jamais été rassemblés tous les trois. C'était une première pour eux qui étaient à la fois rivaux et amis. Ils ne pouvaient pas le laisser mourir sans rien faire. Ils ne souffriraient pas que l’un d’entre eux meure encore une fois.

L’un d’eux toucha l’armure de la Balance qui se détacha du corps de Shiryu. Elle n’eut même pas une attitude menaçante envers les deux hommes, pas même envers celui qui était resté un retrait. Ils soufflèrent de soulagement. Ils avaient l’autorisation de la Balance.

— Merci Dohko, murmurèrent-ils respectueusement.

Ils se mirent à insuffler leur cosmos dans des bandages dont ils recouvrirent les membres de Shiryu. Ce dernier ne put même pas ouvrir les yeux ni gémir. Il semblait au-delà de toute sensation. Les deux hommes ressentirent son étonnement, mais malgré l’envie d’y répondre, ils ne se déconcentrèrent pas de leur tâche. Les secours du Sanctuaire n’allaient probablement pas tarder mais sans leur intervention, Shiryu mourrait. Ils en avaient la certitude. Alors ils continuèrent à lui transmettre leurs forces, sacrifiant un peu de leur cosmos. Ils lui devaient bien ça. L’un des deux hommes se releva et posa une main sur l’épaule de son compagnon.

— C’est fini. Nous ne pouvons rien faire de plus. Il ne risque plus rien, mais nous ne pouvons pas nous permettre d’être découverts maintenant. Le Sanctuaire nous prendrait pour des ennemis avec ces armures. Il vivra.

Avec un soupir, celui qui avait retiré l’armure de la Balance se releva à son tour. Il posa une main sur l’armure d’or, la remerciant profondément d’avoir protégé leur frère et ils s’en furent. Les Calamités étaient très loin, ils le ressentaient. Et un chevalier de bronze n’était qu’à deux pas. Bientôt Shiryu serait officiellement retrouvé et serait rapatrié au Sanctuaire. Leur mission était close pour l’heure.


**


Erda sentit le cosmos de Leoni s’élever. C’était le signal. Filant à la vitesse de l’éclair, elle rejoignit sa compagne et la trouva agenouillée auprès du Grand Pope. Son armure était posée à ses côtés, le baignant dans une douce chaleur dorée. Il semblait dans un état critique mais sa vie n’était vraisemblablement pas, ou plus, en danger.

— Comment as-tu eu le temps de poser ces bandages ? Demanda Erda au chevalier de bronze.

— Ce n’est pas moi. J’ai juste eu le temps de vérifier sa vitalité avant que tu apparaisses, répondit Leoni.

Erda se redressa et sonda les environs. Elle perçut les deux chevaliers d’argent et leur compagnon de bronze se rapprocher. Mais aucune autre présence. Qui donc avait pu panser Shiryu ? Qui que ce fut, elle le remerciait chaleureusement. Shiryu frémit à ses pieds. Ses compagnons arrivèrent dans les secondes qui suivirent. Lexa retira tout de suite son armure.

— Installez-le rapidement sur l’armure de l’Autel, ordonna-t-elle à Leoni et Toma. Roland, prépare la Coupe.

Les chevaliers de bronze et d’argent obtempérèrent immédiatement. Shiryu fut allongé sur le plateau de l’armure de l’Autel et une aura argentée l’enveloppa aussitôt. Roland se défit de son armure qui s’assembla. Un liquide d’une pureté sans égale la remplit aussitôt. Prenant précautionneusement quelques lampées dans le creux de ses mains, il les versa sur les lèvres du Grand Pope. L’eau de la Coupe s’immisça dans la bouche du chevalier d’or. Sa respiration s’approfondit de suite et son corps tremblant s’apaisa.

— Leoni, Toma, vérifiez l’intégrité de l’armure d’or. Voyez si vous pouvez faire communiquer vos armures avec elle et lui faire profiter de leurs capacités régénératrices en cas de besoin.

Les armures de bronze du Phénix, et celle redécouverte plus récemment de l’Éridan, avaient des capacités de réparation impressionnantes. Et depuis que les quatre-vingt-huit Clothes étaient réunies, en fait pour la première fois depuis l’ère mythologique, elles semblaient pouvoir communier entre elles, à la manière des armures d’or résonnant entre elles lorsqu’elles sont rassemblées en un même lieu. Un phénomène d’une puissance insidieuse, peu perceptible mais bien présente, renforçant l’ensemble des Clothes. Erda pensait que certaines capacités inhérentes à certaines Clothes pouvaient par ce biais être transmises à d’autres. Même si cela n’avait jamais été testé. Une intuition parmi d’autres.

Les chevaliers du Phénix et de l’Éridan se postèrent de part et d’autre de l’armure d’or de la Balance. L’oiseau qui renaît de ses cendres et le dieu-fleuve dans lequel meurt le Soleil… leur père Ikki, maintenant chevalier d’or du Lion, leur avait parlé de la complémentarité de leurs armures. L’une associée au couchant, l’autre associée au levant. A elles deux, elles permettaient de former un cycle de mort et de renaissance aux facultés réparatrices sans égale. Seuls Kiki et ses apprentis pouvaient faire mieux.

— C’est étrange, murmura Toma à sa sœur. Tu ressens la même chose ?

— Oui, souffla-t-elle. C’est comme si une partie de cette armure n’était plus une Cloth… Elle ne répond que partiellement à l’injonction de régénération de nos armures.

— Concentrons-nous, nous manquons peut-être quelque chose.

Les deux jeunes chevaliers de bronze focalisèrent leur cosmos, mais rien n’y fit, l’armure de la Balance ne se régénérait pas plus vite que la capacité innée de toute armure.

— Erda, nous avons un problème. Nos Clothes sont inefficaces.

— Comment ça, s’enquit la Saintia d’or du Cancer.

— Nous devrions pouvoir enjoindre l’armure à cicatriser plus vite, mais il semble exister un blocage. Nous ne pouvons rien faire de plus malheureusement.

— Les dégâts sont-ils importants ?

— En surface non, mais tout porte à croire que les agressions qu’elle a subies sont plutôt internes, comme s’il n’y avait eu aucune attaque physique.

— Pareil pour Shiryu, reprit Erda. Des contusions bénignes en surface mais des dégâts internes préoccupants. L’Autel et la Coupe s’en occupent mais sans les soins imprégnés de cosmos qu’il a reçus avant notre arrivée, le Grand Pope serait mort… Je ne comprends pas ce qui lui est arrivé. C’est l’un des plus puissants d’entre nous ! Qui a pu le mettre dans cet état ?

— Sûrement ceux qui ont attaqué Star Hill, interrompit Roland. Une attaque capable de traverser la barrière du Sanctuaire et que les défenses de Kiki, Mii et Shun ont à peine pu minimiser… Un nouvel ennemi redoutable est apparu.

Il se tourna vers le Grand Pope, encore à terre mais stabilisé.

— Il doit le savoir, mais il va falloir attendre qu’il soit sur pieds, reprit-il.

— Il faut le ramener au Sanctuaire, intervint Lexa. Nous serons plus à l’aise et plus en sécurité pour poursuivre les soins.

— Non… souffla une voix faible.

Ils se tournèrent précipitamment vers Shiryu qui avait rouvert les yeux et tentait de se relever.

— Shiryu ! s’exclama Erda.

— Ne bougez pas Grand Pope, le prévint tranquillement Roland, revenu auprès de lui. Vous n’êtes pas en état.

Shiryu se laissa rallonger par les deux chevaliers d’argent guérisseurs.

— Ne me ramenez pas au Sanctuaire, pas encore.

Il grimaça et tendit une main fébrile en direction de son armure.

— Lushan… gémit-il. La cascade…

Sa main retomba et il retomba dans le sommeil réparateur de l’Autel. Les chevaliers restèrent en silence quelques secondes.

— Je contacte la Fondation Graad, annonça Erda. Il nous faut un transport vers la Chine.

— Mais… tenta Toma. Kiki pourrait…

— Vous avez entendu ses ordres, coupa le chevalier du Cancer. Il est le Grand Pope du Sanctuaire. En l’absence d’Athéna, nous devons lui obéir. Ça ne me plaît pas plus que vous, mais il doit avoir ses raisons. Kiki ne peut pas nous téléporter d’ici. C’est une chose d’envoyer quelqu’un qui est proche de soi, mais quand il s’agit de ramener quelqu’un de très loin, c’est une autre paire de manches. Quant à l’armure de la Balance, il veut visiblement qu’elle soit baignée sous la cascade de Lushan. En attendant, établissez un périmètre de sécurité !

Erda se retourna et s’éloigna pour contacter Saori, redevenue une humaine normale et présidente héritière de la Fondation de son grand-père. Elle seule pourrait obtenir le moyen le plus approprié au transport du Grand Pope.

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