Quatorze Juillet

Chapitre 12 : - Partie I ~ Chrysanthème - - Chapitre XII -

3294 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/06/2019 01:12

- Chapitre XII -

Un plafond blanc, des murs blancs, des meubles blancs.

Où est-ce que je suis ?

Une vague sensation de malaise le prit. Une sorte de nausée, sans qu'il ne pût en comprendre la raison. Il nota une gêne respiratoire, qui provenait du fait que deux tuyaux lui emplissaient les narines. Sa vue trouble lui permit néanmoins de remarquer que ces deux tubes étaient reliés à une pompe, un système d'aide respiratoire. Son regard se perdit dans les nombreux fils qui l'entouraient, certains faisant circuler divers liquides –dont du sang– dans les intraveineuses, et d'autres relevant des données, telles que son pouls. Les bips continuellement réguliers de la machine virent à s'accélérer, lorsque ses souvenirs se ravivèrent, lui arrachant des hurlements de colère et de douleur.

Une équipe d'infirmiers surgit alors brusquement de nulle part. Alors que quatre d'entre eux tentaient de le maintenir et de le bloquer dans ses débattements, un cinquième lui administrait un liquide inconnu en une piqûre, qui eut pour effet de le calmer presque instantanément. Un sédatif, donc.

« C'est une bonne chose qu'il se soit réveillé, non ? demanda une femme en blouse blanche.

– Oui, je pense, répondit le médecin –il avait admis que c'était le médecin car c'était lui qui semblait commander les quatre autres. Mais est-ce qu'il saurait se remettre ?

– Je l'espère. »

Une femme, grande, vêtue d'un tailleur sobre, à la coiffure soignée et serrée, se joignit au groupe du personnel soignant. Elle n'avait rien d'une infirmière ou d'un docteur, mais plutôt d'un agent de police.

« Inspecteur Carole Combes, chargée de l'enquête, annonça-t-elle en présentant son badge et son laisser-passer. Il est le seul témoin oculaire, il faut que je lui parle.

– Je suis désolé, mais il faudra patienter encore. Il vient à peine de se réveiller... »

Ses pensées se bousculaient, trop de choses s'ajoutaient, il ne comprenait plus rien. Quelle enquête ? Quel témoin ?

Il tenta de remuer la main. Il voulait poser ses questions.

La gentille infirmière qui semblait s'être inquiétée de son état à son réveil le remarqua. Elle attira l'attention du docteur, mais l'inspectrice le devança.

« Vous souvenez-vous de ce qui est arrivé ? Qui était présent sur les lieux du crime ? »

Un seul nom lui vint à l'esprit, encore embrumé.

« Marie... Je veux voir Marie... »

Chacun des membres de l'équipe médicale dévisagea ses collèges dans un silence pesant.

Le médecin hocha de la tête, et prit la parole.

« Vous n'allez pas pouvoir la voir maintenant. Il vous faudra attendre encore quelques jours.

– Combien ?

– Deux, peut-être trois... Tout dépendra de vous. »

Il ne chercha pas à insister plus. Cela semblait lui avoir donné de l'espoir, un désir de se remettre rapidement sur pied.

L'inspectrice, qui était restée silencieuse pendant ce temps, sortit de la chambre. Elle sortit son téléphone de fonction et contacta son collègue avec qui elle s'occupait de l'affaire.

« Il s'est réveillé. Mais il n'a pas voulu répondre. Il réclame à voir la victime, on fait quoi ? Il est sous sédatifs, si on lui dit qu'elle est décédée, il va nous faire une crise, et sûrement refuser de répondre...

J'irai le voir. Je saurai lui parler.

– Comme tu veux. »

Elle raccrocha, frustrée à l'idée de ne pas pouvoir progresser dans son enquête. Elle envoya par message le numéro de la chambre du patient à son collègue, et repartit, la tête haute et le buste droit. Ce n'était pas un simple choc psychologique qui allait la stopper.

*

« Je suis le docteur Randall Jefferson. C'est moi qui m'occupe de toi, jusqu'à ce que tu puisses reprendre une vie normale. »

Raphaël ne comprenait pas pourquoi l'équipe médicale le considérait comme un blessé grave. Il n'avait que perdu connaissance, rien de grave ! Certes il se sentait fatigué, et un peu faible, mais avec un peu de repos, tout irait mieux !

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » articula-t-il difficilement, s'étonnant de sa réelle faiblesse physique.

Le jeune médecin passa une main dans ses cheveux châtain foncé. Il tira une chaise, et s'assit à côté du lit.

« On ne sait pas tout, ni l'ordre des événements. Mais on t'a retrouvé, du sang plein les mains. Tu n'étais pas blessé, mais tu as perdu connaissance, et tu as refusé de te réveiller, pendant trois jours.

– Et Marie ? demanda-t-il, le souffle court.

– Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé. »

L'adolescent remarqua que l'adulte fuyait son regard. Ses yeux ambrés semblaient hésitants, et se cachaient derrière les lunettes à monture noire qu'il portait.

Il voulut se lever. Jefferson le stoppa net.

« Il vaut mieux que tu restes allongé. Tu viens tout juste de te réveiller, ce ne serait pas prudent. »

Il acquiesça. Que pouvait-il faire d'autre ?

Ses yeux se perdirent dans le vague, alors que ses pensées tourbillonnaient. Ses souvenirs lui échappaient, il pouvait à peine discerner le réel du fictif.

« Est-ce que tu veux que je reste encore, ou veux-tu être seul ? »

Il bredouilla quelques mots. C'était tellement difficile de se faire comprendre...

« Qui était cette femme, tout à l'heure ?

– Madame Combes ? Une enquêtrice. C'est elle qui t'a trouvé, elle a foncé dès que les voisins ont appelé. Elle voudrait savoir ce qui est arrivé, elle aussi. »

Le docteur afficha son sourire le plus réconfortant, espérant que le moral de l'adolescent s'améliorât.

« Tout sera rapidement réglé, tu verras.

– Où est Fondue ? »

Fondue ? Ah oui, le chien. L'animal avait retardé les agents de police, il s'était particulièrement montré hargneux à leur égard. Il lui répondit que son compagnon avait été placé entre de bonnes mains, en attendant son rétablissement, bien qu'en réalité, il ne savait absolument aucun détail concernant le sort du pauvre canidé.

Ce simple mensonge apaisa l'adolescent, qui se rendormit, épuisé.

Le docteur Jefferson se leva, rangea la chaise sur laquelle il s'était assis, et sortit de la chambre. Il redoutait le moment fatidique où il allait devoir annoncer que l'amie du jeune homme était décédée. Il semblait avoir oublié certaines parties des événements ; peut-être était-ce meilleur pour lui ?

Il soupira, avant de fermer la porte et de se diriger vers la chambre d'un autre de ses patients.

*

Le commissariat était en effervescence. Cela faisait un certain temps que les diverses escouades de policiers guettaient une affaire intéressante à se mettre sous la dent. Mais alors qu'ils avaient enfin obtenu une enquête digne de ce nom, plus aucun des agents ne voulait s'en occuper, chacun préférant retourner aux simples histoires de vols ou d'arrestations dont il avait l'habitude.

Un groupuscule d'officiers avait été formé afin de s'en occuper. Sous la supervision des inspecteurs Combes et Vergier, ils avaient passé trois jours sans relâche à déterminer les événements, en attendant que leur principal témoin se réveillât.

C'était à n'y rien comprendre. Malgré tous les schémas, toutes les suppositions, il était impossible aux yeux de l'inspecteur Vergier que son équipe eût tout examiné.

Ils avaient reçu un appel provenant d'un voisin, affirmant avoir entendu des cris, puis un coup de feu. Ils s'étaient immédiatement mobilisés, et deux personnes avaient été retrouvées sur les lieux. La défunte fille unique de la duchesse Élisabeth, et un adolescent qui semblait posséder les lieux. La jeune fille avait été tuée d'un coup, une balle tirée à quelques mètres, trois ou quatre, de distance, en plein milieu du front, et d'un calibre de neuf millimètres, provenant selon les balistiques du Smith & Wesson Model 686 retrouvé sur les lieux. Lorsque les agents étaient entrés, elle gisait près de la porte principale, les yeux vitreux, le corps refroidissant. À trois mètres d'elle se tenait le témoin, qui s'était évanoui alors qu'ils constataient avec effroi la scène. Il leur avait paru vidé de son énergie, presque absent. En remarquant le sang qui recouvrait ses mains, ils avaient cru qu'un second corps devait être sur les lieux, en vain. Ils n'avaient trouvé aucune trace de sang, aucun corps, rien. Les seules preuves de la présence d'une troisième personne étaient des empreintes digitales retrouvées entre autres sur l'arme ayant servi à abattre la jeune Marie et sur un livre, ainsi que le sang des mains de l'adolescent.

Et pourtant...

La section scientifique était formelle. Il n'existait personne correspondant aux résultats des analyses digitales et sanguines.

Plus étrange encore, aucun hôpital n'avait annoncé la venue d'une personne blessée ayant une plaie et une hémorragie. Il y avait bien eu une troisième, voire peut-être même une quatrième personne, les indices étaient formels. Mais si elle avait réellement été blessée, elle n'aurait pas pu aller bien loin. Le sang était encore chaud sur les mains du témoin, sans parler de la quantité. La blessure qui avait été infligée n'était pas négligeable.

Il tournait en rond. Il manquait bien trop de pièces dans ce puzzle.

La seule chose qu'il lui restait à faire était d'aller parler au témoin. Et il redoutait cette rencontre ; ce n'était pas de n'importe qui dont il était question, non, c'était du fils d'Isaac.

Le taxi le déposa devant la clinique où il était gardé. Grâce à l'aide de sa collègue, il n'eut pas à patienter dans la file afin de connaître le numéro de chambre du patient, mais simplement à montrer son laisser-passer, et à prendre la direction que Combes lui avait indiquée par message. Premier étage, quatrième couloir à droite, septième porte.

Il frappa à ladite porte. Une infirmière lui ouvrit. Une jeune femme, certainement nouvelle dans le service, qui le toisa avec méfiance, mais qui le laissa entrer tout de même. Elle lui montra une chaise, sur laquelle il pouvait s'asseoir, ce qu'il fit sans rechigner.

Face à lui se tenait donc le fameux Raphaël, fils de son ancien ami, et témoin –quoiqu'un peu victime– dans cette affaire des plus étranges. En position à demi-assise, il le dévisageait avec un air de peur.

« Bonjour, Raphaël, commença-t-il, je suis l'inspecteur Vergier, et je cherche à comprendre ce qui s'est passé. Est-ce que tu veux bien me parler ? »

Il hocha timidement de la tête. Il fallait le mettre en confiance.

« Ne te force pas, fit Vergier en espérant que cela suffît à rassurer le jeune homme. Si tu ne peux pas parler, je comprendrai. »

Il lui sourit en retour.

Élisabeth avait raison. Il ressemblait tellement à sa mère...

« Est-ce que tu peux me raconter ce qui s'est passé ?

– Où est Marie ? »

L'infirmière vint lui murmurer à l'oreille qu'il n'avait fait que réclamer à la voir depuis son réveil. Ce n'était pas bon signe. Fallait-il le bercer dans son illusion ou bien l'en sortir ? Le choix n'était pas sans conséquence.

« Elle va bien, mentit-il en affichant un air des plus sereins. Nous l'avons emmenée dans cette clinique, en même temps que toi.

– Je peux aller la voir ? »

Ses yeux noisette brillaient d'espoir. L'infirmière vint poser une main amicale sur son épaule.

« Pas maintenant, tu n'as pas le droit de te lever. »

La déception se dessina sur son visage terne. Les deux adultes se sentirent mal à l'aise, gêné par la confiance débordante qu'il leur accordait, et la facilité avec laquelle il buvait leurs paroles.

« Écoute, Raphaël, reprit l'inspecteur sur un ton doux et confiant, je ne vais pas te mentir. L'enquête piétine, et tu es la seule personne à pouvoir nous aider. Il faut que tu me dises ce qui s'est passé. »

Il tenait dans une main en dictaphone, et dans l'autre un carnet. Il posa l'appareil enregistreur à côté de lui, sur le lit du patient, et se tint prêt à prendre des notes.

L'adolescent leva la tête et scruta le plafond. Il essayait de se souvenir.

« J'étais avec Marie, chez moi... » commença-t-il sans grande conviction.

Puis il garda le silence. Malgré ses efforts, il ne parvenait pas à se remémorer les événements.

Peut-être qu'en lui annonçant...

Vergier soupira. Non, il ne pouvait pas.

« Essaie de te souvenir. Il s'est forcément passé quelque chose, pour qu'on te retrouve ainsi... »

L'adolescent regarda dans sa direction avec toute la détresse d'un enfant livré à lui même, perdu dans une ville immense, sans la moindre chance de retrouver son chemin.

« On a retrouvé Marie inconsciente, et toi dans un état tout aussi mal en point... Il s'est forcément passé quelque chose » insista l'inspecteur.

Lui dire qu'elle était inconsciente, ce n'est pas mentir, si ?

« Elle va bien ? »

Que devait-il répondre à cela ?

Il tenta en vain de détourner la tête. Il ne pouvait pas cacher la vérité à l'adolescent. Le visage grave, il le regardait avec empathie. Le rouquin comprit rapidement ce que cela signifiait.

Il eut un semblant de mouvement de recul. Ce fameux instant de déni, où l'on refuse de toute son âme de croire en la réalité, où l'on se persuade d'halluciner, de rêver.

Il ouvrit de grands yeux incrédules, cherchant par tous les moyens de trouver la faille dans ce délire auquel il faisait face. Ce n'était pas possible. Le monde ne pouvait pas être aussi cruel.

Et pourtant...

« Je suis désolé. »

Trois simples mots. Certainement répétés encore et encore, à chaque fois qu'il devait annoncer aux familles ce qu'il était advenu de leur proche, au point que leur sens était devenu fade, presque insignifiant.

Le silence gagna la pièce. Raphaël scrutait le plafond, Vergier scrutait le sol. Que devait-il dire ? La nouvelle était suffisamment difficile à digérer, il valait mieux se taire, en rester là pour la journée...

« Maintenant je me souviens » souffla l'adolescent.

L'ironie du destin, qui avait voulu qu'il ne pût se souvenir des événements qu'après le douloureux choc, intriguait toujours l'inspecteur. Combien de fois cela s'était-il produit ? La mémoire se remettant en place, et ainsi débloquant les souvenirs convoités, seulement après que le concerné n'eût revécu l'expérience...

« Ne te presse pas, tenta-t-il de rassurer. Je peux m'en tenir à ça pour aujourd'hui, et on se reverra dans les jours qui viennent. »

Le jeune homme sourit, et l'invita à rester à sa place, près de lui.

« Je devais lui parler, commença-t-il, alors j'ai appelé Élisabeth. On s'était embrouillés, je devais aller la voir. Elle est tout de même venue, alors qu'elle m'en voulait presque à mort... »

Un sourire triste se dessina sur ses lèvres.

« On s'est réconciliés, mais cette fille... »

Sa voix se fondit dans un murmure. Revoir la scène se dérouler sous ses yeux, dans ses souvenirs, lui lacérait le cœur.

« Elle n'a pas hésité à la tuer. Sans raison.

– Tu la connais, cette fille ? demanda l'inspecteur, espérant enfin détenir une piste. Est-ce qu'elle avait une raison particulière de t'en vouloir ? »

L'adolescent secoua la tête. Quelque chose clochait aux oreilles de l'adulte, comme si une part de vérité restait dissimulée.

« Elle surgit comme ça, de nulle-part, depuis une ou deux semaines.

– Est-ce que d'autres personnes l'ont déjà vue ?

– Juste Marie. »

Voilà qui l'avançait. Il y avait bel et bien une troisième personne sur les lieux du crime. Il fallait juste trouver son identité, et le lieu où elle se cachait à présent.

« Son nom ?

– Je n'en sais rien. »

Les sourcils du rouquin se froncèrent alors qu'il luttait à nouveau contre les douloureux souvenirs qui remontaient. Il refoulait de même sa peur et ses larmes ; il ne pouvait pas se laisser aller, pas en présence de Vergier.

« Comment ça ? Même pas un prénom, un surnom ? »

Il voulut secouer la tête. Sa respiration s'accélérait, les battements de son cœur s'affolaient.

« Décris-la-moi » ordonna Vergier.

Le docteur Jefferson arriva soudainement dans la pièce et, constatant que Raphaël rechutait sous les questions pressantes de l'inspecteur, demanda calmement à celui-ci de sortir. Il s'approcha du patient, et lui administra une faible dose de sédatif, avant de faire sortir de force le visiteur.

Ce dernier s'excusa rapidement auprès du médecin, avant de partir de la clinique, les mains dans les poches. Il était si proche ! Il avait découvert la présence d'une troisième personne ! Si seulement l'adolescent ne s'était pas excité, et n'avait pas alerté le personnel !

« Tu étais pareil avec Emma, lui répondit Carole lorsqu'il l'avait appelée et lui avait raconté les événements.

– Ne l'implique pas dans cette histoire ! Elle n'a rien à voir avec ce meurtre-là ! s'emporta-t-il.

Je dis juste que lorsque tu avais obtenu une piste pour trouver l'origine de son décès, tu t'étais aussi emporté sur le témoin, exactement comme ce que tu me racontes là » soupira la femme de l'autre côté de l'appareil.

Il resta silencieux. Elle marquait un point.

« Je ne désapprouve pas cette attitude, au contraire. Mais bon, c'est pas sûr que le témoin voudra te reparler après ça.

– J'évoquerai Isaac. Il va me parler. »

Elle sembla retenir un rire moqueur.

« Je pense qu'il va plutôt se méfier, lança-t-elle, mais c'est toi qui vois. »

Il raccrocha. On ne pouvait être plus sûr de soi que lui, en cet instant précis. Il allait revenir le lendemain, et obtenir toutes les infos qu'il leur manquait. Raphaël ne pouvait que coopérer, surtout si l'on venait à lui parler de son père disparu ; Vergier en aurait mis sa main à couper.

*

Alors comme ça c'est bien réel...

Il avait obtenu l'autorisation de se lever ; le docteur Jefferson lui avait enlevé l'aide respiratoire. Il s'était remis relativement rapidement, c'était même presque impossible. Une telle récupération lui semblait anormale. Mais il ne fallait pas alarmer l'adolescent, aussi avait-il gardé le secret, et simplement accru l'observation du patient.

Elle m'a pas loupé...

Il se tenait face au miroir, dans la minuscule salle de bain de sa chambre d'hôpital. Il voyait son visage terne, les cernes violettes creusées sous ses yeux, et la coupure, nette, sous son œil gauche.

Il se reconnaissait à peine. Il se sentait exténué, usé jusqu'à l'os. Il n'avait plus le moindre désir. Après tout, si Marie n'était plus là, il n'avait plus que Fondue à ses côtés. Et la présence humaine lui avait bien trop manqué pour qu'il tirât à nouveau un trait dessus.

Et cette fille était certainement morte, à l'heure où il se parlait à lui-même. Il ne parvenait toujours pas à réaliser qu'il ne la reverrait plus. Ni elle, ni Marie.

Il se recoucha sur son lit. À quoi bon continuer ? Le futur lui paraissait tellement loin, insaisissable, vide.

Il avait complètement perdu le fil du temps. Était-ce ce jour-ci que Vergier était venu lui parler ? Ou bien était-ce hier ? Peut-être même plus.

Le sommeil le gagna soudainement, sans prévenir. Son corps était épuisé, et son esprit ne parvenait à accepter la vérité. Chaque jour serait une torture s'il continuait sur ce rythme-là.


Laisser un commentaire ?