Quatorze Juillet

Chapitre 11 : - Partie I ~ Chrysanthème - - Chapitre XI -

3552 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/06/2019 01:11

- Chapitre XI -

« Alors, satisfait ? »

Raphaël tourna la tête vers l'origine de la voix. Fondue se mit à grogner.

« Comme tu as pu le voir, ta gentille petite blondasse va passer le cap, et te laisser aux oubliettes. »

Elle se tenait dans l'encadrement de la porte d'entrée –quand l'avait-elle ouverte ?– et visiblement n'attendait aucune réaction de la part du jeune homme.

« Pendant que toi, tu vas souffrir en payant pour tout ce que tu as fait.

– Arrête. »

Il se leva, les poings serrés, et déterminé à ne pas céder à sa menace.

« Je ne veux plus que tu viennes détruire mon quotidien. Je veux que tu me laisses tranquille. »

Elle s'approcha de lui, toujours souriante, voire même quelque peu moqueuse.

« Ooh, et comment tu comptes faire ? »

Il garda le silence, mais lui jeta un regard haineux, espérant que cela suffît à lui faire comprendre.

« Essaie pas de m'avoir avec ça, soupira-t-elle, t'as plus l'air con qu'autre chose. »

Elle tourna les talons, et vint s'asseoir sur le canapé –apparemment elle semblait l'apprécier– avant de s’emparer d’un roman posé là. Il avait commencé à le lire, mais n’avait jamais trouvé le temps de le finir. Elle l’ouvrit, et en commença la lecture.

« Que je te rassure, je ne te veux rien aujourd'hui » lança-t-elle à son attention tout en gardant les yeux fixés sur les lignes.

Il ignorait s'il fallait se réjouir ou s'inquiéter suite à cette déclaration.

« Peut-être que tu voudrais sortir ? Ça fait trop longtemps que tu t'enfermes dans ton appart’.

– Et comment veux-tu ? On est dans le futur là ! »

Elle haussa un sourcil.

« En es-tu bien sûr ? »

Était-ce possible ?

« Tu veux dire que je suis de retour à mon époque ?

– Qui sait ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. »

Il fut pris d’une violente hésitation. D’un côté, il mourrait d’envie de se jeter dehors et de vérifier si l’impossible s’était produit. D’un autre, il soupçonnait un piège de la part de la jeune fille. Il jetait des coups d’œil en direction de la porte, avant de se tourner vers elle, et de recommencer.

Ce n’était pourtant pas compliqué. Il fallait juste choisir. Partir ou rester. Il était libre de choisir. Il n’avait rien à dire, juste une simple action à faire.

Mais alors, pourquoi hésitait-il autant ?

La question ne devait même pas se poser. Il avait promis à Marie qu’il reviendrait la voir. Se tourner, avancer, partir. Ce n’était pas bien compliqué ! Mais –il y avait toujours un mais– elle pouvait l’avoir berné à nouveau. Son air ravi, son sourire moqueur et son rire d’assassin en disaient long sur elle. Pourquoi restait-elle-là ?

« Arrête de réfléchir, tu commences à sentir le cramé » lança-t-elle à son attention, bien que lui tournant le dos.

Il lâcha un long soupir, et empoigna son téléphone portable. Il alla s'isoler dans sa chambre, il était sûr qu'on ne pouvait l'entendre depuis le salon.

Il composa le numéro du téléphone portable d’Élisabeth, qu’elle gardait au plus secret possible. Il ne se souvenait plus de l'exact moment auquel elle le lui avait donné, mais il était certain que la raison avait été qu'il pût ainsi la joindre lorsqu'il en avait réellement besoin. Certes ce n'était pas une urgence des plus capitales, il espérait simplement qu'elle répondît à son appel.

« Oui ? »

La joie et le soulagement le traversèrent dès l'instant où il entendit cette voix.

« Élisabeth ? C'est Raphaël.

Oh, bonjour, lui dit-elle non sans dévoiler une certaine surprise mêlée à de l'inquiétude. Pourquoi m'appelles-tu ?

– Il faut que Marie vienne me voir, annonça-t-il sans ménagement. Maintenant.

Pourquoi tu ne viendrais pas au manoir ? »

Il se retint de lâcher un rire nerveux. Il aurait dû s'y attendre.

« Je ne peux pas sortir de chez moi. Rien de grave, rassurez-vous. Mais je dois rester... il faut que Marie vienne me voir. »

Il entendit un profond soupir de la part de la duchesse, puis elle lui assura que l'adolescente serait prévenue de sa demande, avant de raccrocher. Comment pouvait-il expliquer cette situation ? Il savait qu'il ne devait en aucun cas laisser la fille seule. Il ignorait quels plans démoniaques lui traversaient l'esprit.

« Tu foutais quoi ? » lui demanda-t-elle lorsqu'il revint dans la pièce principale.

Il hésita un instant à répondre. Lorsqu'il se décida à lui mentir, elle lui coupa la parole.

« Nan, en vrai, j'en ai rien à foutre. »

Il haussa les épaules. Il devait s'y habituer, tant qu'il n'aurait pas trouvé de moyen pour stopper ce harcèlement qui se faisait de plus en plus omniprésent au fil des jours. Peut-être aurait-il dû se présenter au commissariat, porter plainte, la dénoncer ? Mais comment ? Il ignorait son nom, pour commencer. Il n'était même pas sûr de la date à partir de laquelle elle avait commencé à s'incruster dans sa vie et à le menacer, et il n'était même plus sûr de ce qu'elle avait ou non fait. Tous ses souvenirs étaient entremêlés et flous, sans oublier que son "carnet de bord" avait disparu...

Il n'était pas trop tard. En convainquant Marie du rôle de l'énergumène sans gêne dans les problèmes qu’il avait eu les jours précédents, il pouvait certainement se débarrasser de celle-ci.

Il se mit à faire les cents pas dans son appartement. L'attente fut longue, mais la joie fit redoubler les battements du cœur de Raphaël lorsqu'il entendit la sonnette retentir. L'adolescente grogna quelque chose, sans plus, alors qu'il allait gaiement ouvrir.

Une Marie à l'air ferme et décidé s'affichait devant lui. Les bras croisés sur sa poitrine, elle le toisait durement. Ses cheveux ruisselaient d'eau de pluie, de même que sa veste noire paraissait complètement trempée.

« J'espère que je ne suis pas venue pour rien. »

Elle était tellement différente. Certes, par le futur elle aurait encore mûri, et ainsi quelque peu changé. Mais ce n'était plus la même Marie que celle qu'il avait connue l'an passé. La gentillesse qu'elle lui portait, de même que tout sentiment d'amitié –et d'amour– avait disparu, et était à présent remplacée par un mépris et un ressentiment assez forts. Quelque chose n'allait pas ; qu'avait-il fait pour qu'elle pût autant changer d'attitude à son égard ? Quelques jours auparavant il se réveillait à ses côtés, il se souvenait encore de la chaleur de sa voix et de son corps. Il ne voyait face à lui qu'un bloc de glace impassible.

Il l'invita à entrer, et à s'installer. Or, elle ne fit que se poster à la porte d’entrée, décidée à ne pas rester longtemps chez lui.

« Pourquoi tu m'as fait venir ?

– Pour m'excuser, quant à ce qui s'est passé tout à l'heure. »

Il priait tous les dieux du monde pour qu'elle acceptât de le pardonner.

« Ce n'est qu'un accident, cette fille m'a forcé à l'embrasser.

– Tu avais pourtant l'air d'apprécier ce baiser, ironisa Marie, les sourcils à demi froncés, projetant de l'ombre sur ses yeux. Elle doit être plus douée que moi, non ?

– Marie, c'est pas ça... »

Un long soupir de désespoir s'échappa de ses poumons. Comment allait-il lui expliquer, tout en sachant que la coupable était juste à côté d'eux... ?

« Elle m'a menacé, finit-il par dire. Mais il n'y a que toi que j'aime.

– C'est bien mignon tout plein ça » se moqua une voix qu'il aurait préféré ne pas entendre.

La rouquine ferma le roman qu'elle lisait, et se leva. Un sourire –amical... ?– se dessinait sur son visage tandis qu'elle s'approchait d'eux.

Marie foudroya Raphaël du regard. Pour elle, tout devenait clair à chaque nouvel instant. Celui-ci dévisagea l'adolescente avec incompréhension.

« Plus guimauve, tu peux pas, hein ?

– Pas maintenant, implora-t-il dans un murmure. Pas. Maintenant.

– Il se trouve qu'il te dit la vérité, pour une fois, annonça-t-elle en croisant les bras de la même manière que Marie, apparaissant tel un reflet face à elle. Je devais te faire fuir. J'avais trouvé la bonne méthode. »

Elle regarda en direction de l'intéressé.

« Il aurait bien tout fait pour me menacer, et pour que je t'explique, poursuivit-elle en dissimulant quelques intonations de sa voix. Tu devrais lui pardonner. »

Elle hocha de la tête, sans attendre de réponse, et sortit de l'appartement, laissant un Raphaël hébété scruté par les grands yeux bleus et tombants de son amie.

« Est-ce que tu lui as demandé de dire ça ? interrogea-t-elle, réprimant un tic nerveux. C'est pas drôle, tu sais.

– Non, non, je t'assure que non... »

La fin de sa phrase se fondit en un murmure hésitant, mêlé à de l'incompréhension. Pourquoi avait-elle pris son parti ?

« Bon, tu m'as expliqué, je peux rentrer maintenant ?

– Non, attends ! »

Elle releva la tête vers lui. Ce fut à cet instant qu'il remarqua un détail.

Les yeux de Marie étaient gonflés, et rouges. Elle avait pleuré. Mais surtout, ce n'était pas de la haine qui s'échappait de son regard, bien au contraire. Elle lui suppliait du regard de dire quelque chose, de la retenir, de lui prouver qu'elle pouvait lui pardonner et ne plus avoir peur qu'il ne fît à nouveau un coup bas qui lui ferait perdre toute confiance envers lui, et tout espoir ; elle attendait de lui de la rassurer.

« J'ai vu le futur, lâcha-t-il sans réfléchir. Je sais que ça peut paraître dingue, mais je l'ai fait. Je suis allé te voir, tu étais la seule en qui j'avais confiance peu importe l'époque. Et tu m'as dit que je t'avais profondément blessée. Je t'ai promis qu'en revenant à aujourd'hui, je changerais ces journées que tu as passées en souffrant, à cause de ma stupidité. »

Elle ouvrit de grands yeux, sidérée. Le croyait-elle ? Il l'espérait.

« J'imagine que j'ai pu renverser la donne, sourit-il. Je t'ai expliqué ça avant de te revoir dans le futur au lieu de te laisser croire– »

Elle l'empêcha de finir sa phrase. Il sentit ses deux mains tremblantes saisir brusquement le col de son t-shirt et l'attirer vers elle, avant de sentir Marie plaquer ses lèvres sur les siennes. La chaleur qui se dégageait de son baiser hésitant le poussa à l'enlacer, à la serrer contre lui. Il sentit les mains de la jeune fille se desserrer, avant de glisser dans sa nuque ; elle lui caressa tendrement les cheveux, tandis qu'il serrait tendrement le visage de l'adolescente entre ses paumes.

« Je suis à toi, Marie » murmura-t-il alors qu'ils éloignaient leur visage l'un de l'autre.

Elle se blottit dans ses bras, contre lui. Elle sentait le cœur du jeune homme battre dans sa poitrine, et entrer en résonance avec le sien.

« Je suis à toi, Raphaël » répondit-elle sur le même ton, en esquissant un sourire.

Il regarda dans le vague alors qu'il la berçait amoureusement. Jusqu'à quand cet instant de pur bonheur allait durer ?

« Pardonne-moi d'avoir douté de toi, souffla-t-elle.

– C'est du passé, rassura-t-il. Ne t'en fais pas. »

Elle ferma les yeux, savourant leur douce étreinte. Le parfum du jeune homme lui avait tant manqué, quel plaisir de le retrouver enfin.

Un grincement de porte, puis un bruit de pas. Non sans se séparer, ils regardèrent sans comprendre l'adolescente aux cheveux rouges passer le seuil de l'appartement, avant de revenir peu de temps après et de retourner s'installer sur le canapé et reprendre sa lecture, sans dire un mot.

Face au silence qui s'était installé, et aux interrogations muettes de Raphaël, elle jugea bon de dire quelque chose, toujours sans leur montrer un réel signe d'attention.

« Je suis un génie, j'apparais là où on me désire le plus. »

Le rouquin craignait que Marie lui jetât un nouveau regard lourd de reproche. Il la serra un peu plus dans ses bras, et croisa ses yeux azurs, qui reflétaient une certaine anxiété.

« Cette fille me rappelle l'an dernier » murmura-t-elle.

Elle l'implorait presque du regard. Il entendait presque sa voix résonner dans sa tête. "Dis-moi que je me trompe. Dis-le moi."

Il acquiesça. Il se retourna, tournant le dos à Marie, et s’avança vers la fille. Celle-ci soupira en le voyant à nouveau l'interrompre dans sa lecture de La dame du lac, mais accepta de poser le livre, non sans oublier de plier le coin de sa page.

Elle se leva, se mit à la hauteur de Raphaël.

« C'est dommage, lança-t-elle en se retenant de sourire ; cela formait un étrange rictus qui déformait son visage. Je ne te voulais rien aujourd'hui.

– Qu'est-ce que tu veux dire ? »

Elle laissa libre cours à ce sourire qu'elle peinait à retenir, dévoilant ses dents blanches entre ses lèvres rouges.

Il sut que cela ne présageait rien de bon.

Elle porta une main dans son dos, à la hauteur de la ceinture. Il ne comprit que trop tard qu'elle avait tenté d'atteindre une pochette qu'elle portait dans son dos, dans laquelle elle rangeait son petit revolver.

« Deux prises au lieu d'une, c'est bien trop tentant, tu comprends ? »

Son sourire était-il réellement sincère ? Voulait-elle lui exprimer de l'empathie, ou bien juste le remercier ? Et quel remerciement ; remercier quelqu'un de pouvoir le tuer...

« Tu m'as fourni une occasion. Tu n'aurais jamais dû me fournir une occasion. Je tire au pistolet depuis plus longtemps que tu n'es sur terre, fiston. »

Elle avait récité ces quelques phrases avec un air de défi, comme une énigme qu'on soumet dans l'intention de gracier sa victime si elle venait à en trouver la réponse.

Mais ce ne ressemblait aucunement à une énigme. Tout du moins, Raphaël n'en connaissait pas la réponse. Il tenta tant bien que mal de contrôler ses tremblements. Il lui fallait protéger Marie.

« Essaie au moins de te souvenir des punchlines des romans que tu lis, soupira-t-elle de déception. Je sais pas, celle-là est très appropriée hors contexte... »

Elle tendit le pouce, et fit claquer la maigre gâchette lui permettant de charger l'arme. Le canon n'était pas pointé vers le rouquin. Non. Derrière lui.

« Fais ce que tu veux de moi, mais ne touche pas à Marie, ordonna-t-il sur un ton assuré, décidé. Elle n'a rien à voir avec toi.

– Ne parle pas de choses que tu ne sais pas » souffla la rouquine dans un doux reproche –comment un reproche de sa part pouvait être doux ? Il se le demandait bien ; peut-être était-ce le ton employé, vide de haine contrairement à son habitude...

Il voulut tourner la tête en direction de son amie. Il voulut. Pour quoi ne pouvait-il pas y parvenir ? La peur ? Détourner les yeux de la menace pouvait lui donner un avantage, non ? Quelles étaient leurs chances de survie ? Et s'il tentait de protéger Marie, serait-elles les mêmes ? Son téléphone était trop loin, il ne pouvait pas contacter la police. Et même s'il avait pu, l'aurait-il fait ? Elle aurait toujours pu les abattre. Elle aurait toujours pu brouiller les pistes. Aurait-il risqué encore plus la vie de Marie ? Aurait-il signalé l'emplacement de la cachette de Fantôme R aux policiers qui le recherchaient ? Lequel était le plus important ? La vie de Marie ? Ou bien son identité secrète ?

Tant de pensées en aussi peu de temps. Tout se bousculait. Il n'y avait qu'un mètre entre lui et Marie. En deux mouvements –se retourner et sauter– il pouvait la mettre hors de portée de l'autre.

Il fallait le faire. Il devait le faire.

la-protéger-la-protéger-la-protéger

« Bon assez joué. »

La voix agacée de la jeune fille le tira de ses pensées.

« Je gaspille mon temps avec vous.

– Attends... ! »

Marie avait voulu protester.

Cela ravit de plus belle l'adolescente.

Elle pressa la détente.

Un petit clic retentit, puis tout de suite après, ce fut une réelle détonation.

Puis le silence.

Une odeur de poudre se fit sentir.

Raphaël se tourna difficilement.

Ce n'était pas réel, ce ne pouvait pas être réel.

Il ne voulait pas croire ce que ses yeux lui disaient. Ce ne pouvait pas être possible.

Et pourtant...

Un point foncé était apparu sur le front de la jeune fille. Un mince filet rouge en coulait. Une expression hagarde s'était figée sur son visage. L'horreur se lisait dans son regard brumeux. Elle était tombée au sol, tel un paquet qu'on aurait lâché, dans un maigre bruit étouffé.

La rage monta en lui. Il acceptait que cette illustre inconnue pût le malmener. Mais pas quelle eût osé s'en prendre à Marie. C'était impardonnable.

« Est-ce que ça ne serait pas trop facile de t'accorder le même sort ? » s'interrogea-t-elle à haute voix.

Un râle monta dans sa gorge. La haine et la douleur s'emparaient de lui. Diverses pensées le traversaient, sans qu'il ne pût pour autant savoir comment réagir. Cependant, un seul mot se démarquait du reste et emplissait son esprit.

vengeance

Tout sembla s'accélérer. Elle comprit rapidement que, puisqu'elle avait ôté la vie de la blonde, il comptait bien en faire de même avec elle. Seulement, ce n'était plus la même personne qui de tenait en face d'elle. Elle l'observa s'affaisser, à la manière d'un pantin auquel on aurait coupé les fils.

Il se redressa soudainement, et poussa un hurlement primaire, bestial. Cela eut pour effet de provoquer un mouvement de recul chez la fille, qui le dévisagea avec dégoût –ou bien était-ce de la peur ? Il n'aurait su le dire. Leurs regards se croisèrent. L'assurance qui emplissait celui de la jeune fille se dissipa, laissant place à un sentiment de méfiance, et même de crainte, lorsque seule une haine sans nom brillait dans l'iris du sien.

Il se jeta vers elle. Elle ne s'était pas préparée à cette éventualité. Elle ne réalisa que trop tard que le monstre attentait à sa vie. Dans une dernière tentative, elle croisa les bras et se prépara à frapper de ses poings. La terreur la domina lorsqu'il para ses coups. Comment était-ce possible ? Il n'avait jamais appris à se battre !

Elle constata avec effroi que derrière elle se tenait un mur. Mur contre lequel elle fut contrainte de se coller, en tentant d'esquiver les coups hasardeux que la furie tentait d'asséner. Elle ne vit pas le poing arriver vers elle. Elle fut envoyée au sol d'un simple coup. Sa joue lui faisait horriblement mal, de même que sa mâchoire.

Dans un dernier espoir, elle sortit son couteau aiguisé de sa cachette, contre la hanche gauche, et menaça la chose. Il ne sembla pas s'inquiéter du danger de la maigre lame, et retourna à l'assaut.

Elle se releva rapidement, et se prépara à contrer et riposter face à son adversaire. Alors qu'il lui frappa d'un poing serré et ferme l'estomac, elle tenta de planter son arme dans son cou. Elle le manqua grossièrement ; l'impact de l'attaque qu'elle avait reçu lui fit lever le bras. Elle ne put que lui entailler légèrement la joue.

Le couteau lui échappa des mains.

Il le vit tomber, et se permit de le ramasser, de s'en saisir.

Il ne se contrôlait plus.

Elle le fixa avec horreur. Était-ce possible qu'il le fît ? Pitié, non !

Il disposait d'une arme pouvant créer une hémorragie mortelle.

En face de lui, elle apparaissait vulnérable, sans défense. Elle s'était recroquevillée sur elle, terrorisée.

Le coup partit tout seul.

hurlement

La lame traversa les chairs, et transperça l'abdomen de l'adolescente, qui poussa un hurlement de douleur, avant qu'il ne la retirât dans un accès de sadisme, et la replantât à nouveau. Encore et encore.

Raphaël sembla revenir à la raison soudainement, au son d'un cri exprimant une souffrance dont il en était l'origine. Il constata avec effroi le sang qui commençait à couler des plaies, et à former une tâche rougeâtre sur les vêtements de l'adolescente. Terrorisé, il se pencha vers elle, et tenta de stopper le saignement en pressant ses paumes contre les blessures. Elle gémit, et le repoussa d’un geste violent, quoique faible, puis elle se releva tant bien que mal, retenant à chaque mouvement des gémissements de douleur. Elle s'éloigna, titubant, évitant de croiser le regard effaré de l'adolescent. Elle récupéra avec difficultés le couteau qu'il avait laissé tomber, et qui avait éclaboussé quelque peu le sol, puis sortit, sans un mot.

L'instant d'après, une brigade de policiers força la porte et arriva dans l'appartement.

Ce fut la dernière chose que Raphaël vit, avant de tourner de l’œil, et de tout voir virer au noir.


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