Biohazard : Code Nivans II
Jill nous expliqua exactement ce qu’elle et la commission d’enquête avaient découvert : il y a dix jours, alors que Chris se dirigeait vers son poste, il s’est comme évaporé. Entre chez lui et le siège du BSAA. L’enquête avait été étonnamment facile, les chargés de l’enquête trouvaient des indices en vrac, mais dans un ordre précis, comme si les kidnappeurs les laissaient volontairement. Ils indiquaient une seule direction : l’Afrique centrale.
-Ça, pour moi, ça ressemble à une invitation, déclara Jake
-Ou à un piège, le corrigea Sherry, en écho à mes pensées
-Un piège hein ? dit Claire d’un ton pensif. Que fait-on alors ?
-Eh bien… on s’y précipite, dit Jill d’un ton souriant à la Chris en nous regardant tous tour à tour
-Ouais ! s’exclamèrent Sherry et Claire d’un ton un peu trop enthousiaste
J’eus un léger sourire en les regardant toutes les deux, si similaires, et Jill apparut devant moi, avec une main dans le dos et un sourire énigmatique. Je la regardai en plissant les yeux.
-J’ai une surprise pour vous, Piers, dit-elle. Vu que vous semblez décidé à nous accompagner.
-De quoi s’agit-il ? dis-je en essayant de dissimuler ma curiosité
Au lieu de me répondre, elle posa un pistolet tactique sur la table. Je le regardai avec attention, et je retins un hoquet de surprise quand je le reconnus. Il appartenait à mon père. Comment je le savais ? Il y avait ses initiales, identiques aux miennes, dessus. Et je connaissais assez bien mon père pour savoir qu’il était maniaque, et qu’il mettait ses initiales partout où il pouvait. Je suis sûr qu’il aurait été capable de les graver sur ses propres enfants, s’il l’avait pu.
-Comment l’avez-vous eu ? bégayai-je en le prenant dans ma main valide
-Ne vous occupez pas des détails, d’accord ? C’est un cadeau, ça vous portera chance. Sans doute.
-Qu’est-ce qui se passe ? demanda Sherry en s’approchant
-C’est le pistolet tactique de mon père, dis-je dans un souffle
-Oh. Et il s’appelait Piers aussi ?
-Non, dis-je d’un ton amusé. Il s’appelait Patrick. Patrick Nivans.
-Ah d’accord.
-Bon c’est génial tout ça, mais on n’a pas un capitaine modèle à aller sauver ? râla Jake, en se secouant nerveusement sur place
-Tu es si pressé d’aller sauver mon frangin ? ricana Claire en tapant dans le dos de Jake
-Nan. Pas franchement nan. Mais bon. Je préfère encore faire ça que de rester à me tourner les pouces en vous écoutant conter fleurette.
-Mais c’est qu’il a du vocabulaire le sale gosse ! m’exclamai-je d’un ton plus qu’amusé
-Ta gueule Barbecue Ribs, dit Jake en fronçant les sourcils dans ma direction
Nous rigolâmes pendant quelques secondes, jusqu’à ce que Jill ne ricane, avant de toussoter. Nous nous tournâmes tous en même temps vers elle, et se rassit pour reprendre ses explications.
Tout d’abord, nous irons en Afrique. Là où les indices semblaient nous mener. Jill a un contact de confiance sur place, dont les témoignages nous seront utiles, et de là, nous aviserons. Nous resterons ensemble, dans un premier temps, et nous ferons des équipes seulement si c’est nécessaire. Personne ne fit d’autres commentaires, et nous nous préparâmes chacun de notre côté avant de nous retrouver à l’aéroport en fin d’après-midi. cependant, notre vol a été retardé, et nous fûmes partis à vingt-et-une heures pour arriver en Afrique le lendemain, vers six heures du matin – à cause du problème de carburant que le pilote a vu au dernier moment. Je soupirai, on dirait que la nature est contre moi pour me ralentir le plus possible…
Dans l’avion, c’était une autre aventure. Le délicieux hasard a voulu que je soies entre Jake et Sherry, alors que Claire et Jill étaient tranquillement dans un autre coin de l’avion. Cela me rassura, d’un autre côté, car elles ne verraient pas quand ça pétera entre Jake et moi. Car avouons-le, nous n’étions jamais calmes bien longtemps. J’essayai de me rassurai en me disant que Sherry serait là pour calmer le jeu, mais, honnêtement, elle ne le faisait pas souvent. Soit elle râlait, ce qui n’avait pas grand effet sur Jake, soit elle trouvait ça drôle, ce qui n’aidait pas trop.
-Piers ?
Je me tournai vers elle. Des fois, j’avais vraiment l’impression qu’elle lisait dans mes pensées.
-Sherry ?
-Comment vas-tu ?
Je jetai un regard rapide à Jake. Il avait le coude sur le hublot et la tête sur la main, et regardait négligemment dehors. Tant mieux.
-Je t’avoue que j’ai déjà été mieux, dis-je avec un soupir
-Forcément. Moi aussi je n’irais pas bien si Jake ou toi vous faisiez enlever. Ne t’en fais pas, je suis sûre que tout ira bien, ajouta-t-elle avec un sourire rassurant en mettant une main sur ma joue
-J’essaie de m’en persuader, mais ce n’est pas facile, admis-je, un peu déprimé
Sherry détacha sa ceinture, et passa ses bras autour de mon cou pour me faire un bisou sur ma joue bandée, ce qui m’arracha un sourire rougi. Bizarrement, ça marcha assez bien. Mes craintes s’étaient presque envolées.
-Alors ? Ça va mieux ? me demanda-t-elle avec un sourire craquant
-Un peu. Merci, lui dis-je en souriant
-Pense à autre chose, ok ? Tiens regarde, ils passent un film sur le grand écran !
Je tournai la tête vers le dit écran. Ils passaient un film d’aventure quelconque, voilà ce qu’il me fallait. Un truc qui me ferait penser à autre chose. Dans ce genre de film, on a rarement à réfléchir, et c’était tant mieux, dans ma situation. A vrai dire, j’avais beau suivre, je ne saisissais pas qui était la héros principal. Le film se termina dans une énorme explosion – un beau mindfuck si vous voulez mon avis. Je mettrai ça sur le fait que j’ai manqué le début. Même si, sincèrement, je ne crois pas que ça aurait changé grand-chose. Puis, le film changea. C’était un film de zombies, tiens donc. Deux histoires étaient racontées en parallèle : une servante dans un manoir, qui a été envahi par des monstres, et un homme d’âge moyen qui essayait de s’en sortir avec sa petite fille. Apparemment, la jeune servante s’appelait Shannon, le père s’appelait Allen et sa petite fille s’appelait Rosie. Je me rendis compte que je m’éloignais quand je trouvais de plus en plus de ressemblances entre Allen et Chris. Je décidai de me reconcentrer sur le film, avant de partir trop loin, et je revins dans l’action au moment où Shannon et Allen ont fini par se retrouver, après que le jeune servante ait sauvé la petite Rosie.
-Tu sais, j’ai l’impression de voir mon passé, me lança Sherry
-Comment ça ? lui demandai-je d’un ton étonné
-Moi petite dans un manoir envahi de monstres. La servante, ce serait Claire, et le père ce serait Leon.
-Je lui dirai que tu l’as comparée à une servante, ricanai-je
-Ce que tu es bête ! me dit-elle en me donnant une tape sur la tête. En plus, je n’ai pas dit ça comme une mauvais remarque. Shannon est belle et courageuse, comme Claire, et Allen est admirable et séduisant, comme Leon.
-Et toi, tu es petite et naïve comme la gamine, ricana Jake, comme venant de nulle part
-Perdu, Jake. Je l’attendais celle-là, dit Sherry d’un ton amusé
-Je t’avais oublié, toi, ricanai-je à mon tour. Qu’est-ce que tu fais de beau ?
-Je regarde le film. J’ai hâte de voir si toi et moi on est dedans aussi, dit Jake avec son sourire insolent
-Je passe mon tour, soupirai-je
Jake ricana encore, et je me reconcentrai sur le film. Pendant une fuite de routine, Shannon apprend que les monstres sont issus d’une expérimentation faite par une scientifique déraillée. Là, ce fut surtout moi qui eut une impression de déjà-vu. Et Jake et Sherry l’ont sans doute eue, eux aussi, car ils ont été prisonniers d’une scientifique folle pendant six mois. Il se trouve que la scientifique, nommée Eva, était la mère de Shannon, et avait prévu d’utiliser sa fille comme prochain sujet d’expérience, mais Allen ne le voyait pas de cette oreille. Il a donc affronté la tarée, et a réussi à sauver la belle servante. Je m’attendais à ce qu’ils finissent par se rouler une belle pelle, avec la musique et tout, mais ils n’en firent rien. Ils restèrent en bons termes, de bons amis, et ils promirent de se revoir. Je compris à ce moment-là qu’en fait ce film était la suite du précédent, car, après le générique, je vis un des couillons du film d’avant sortir des décombres du bâtiment qui avait sauté. Après une courte pause, le troisième film se lança, et je fus la victime d’un gros coup de barre, alors je m’endormis comme une masse.
-Non !
Le cri de Sherry me réveilla en sursaut, et Jake éclata de rire. Je me retenais pour ne pas lui mettre un coup de boule, sérieux. Sherry se tourna vers moi, un air désolé sur le visage.
-Désolée. Je suis un peu trop dans le film, dit-elle d’un ton qui allait avec sa tête
-Qu’est-ce que j’ai raté ? marmonnai-je
-Dans le troisième film, on revoit Gérald, le héros du premier film, qui a résisté à l’attaque nucléaire et qui est devenu une sorte de super-humain. Et y aussi Allen, qui fait équipe avec un jeune mercenaire nommé Raphaël pour affronter Gérald.
-Donc je fais équipe avec monsieur brushing pour affronter un lieutenant zombie ? s’esclaffa Jake
-Ta gueule Jake, râlai-je. Et sinon ? Pourquoi tu m’as réveillé en sursaut ? dis-je en me retournant vers Sherry
Sherry se contenta de me montrer l’écran. Il y avait un mec avec des lames à la place des bras – je devinai que c’était le Gérald – qui se tenait debout devant le cadavre d’un gosse – sans doute Raphaël, vu la manière dont Allen gueulait. Mais ce que je ne compris pas, c’est qu’il paraissait bien plus vieux, et qu’il venait de se cloner pour attaquer le monstre. Je n’aurais pas dû m’endormir, sérieux, ce film avait l’air potable.
-Je te raconterai, ne t’en fais pas, murmura Sherry à mon oreille
-Tu lis dans mes pensées ? lui demandai-je finalement
-Non. Je lis dans tes expressions, me dit-elle d’un air amusé
-Si elle lisait dans les pensées, ça fait longtemps que je l’aurais corrompue avec mes fantasmes, pouffa Jake
-Ouais. Je suppose que tu as raison, dis-je en haussant les épaules
-Oh, grand coquin ! rigola Sherry
Elle se leva et passa devant moi pour aller faire un gros bisou baveux à Jake, alors je me reconcentrai comme je le pouvais sur le film. Le petit Raphaël était debout, comme neuf, en expliquant qu’il avait de bonnes capacités de guérison. Et après un combat long, très long, extrêmement long, Gérald finit enfin à terre. Je me levai, en exclamant ma joie en levant les bras, et un tas de regards se tournèrent vers moi. Je me rassis en toussotant, un peu rouge de gêne, et le commentaire désobligeant de Jake ne se fit pas attendre longtemps.
-Go ! Go ! Team Alpha ! Wouh ! dit Jake d’un ton faussement hystérique en faisant des gestes de pompom girl
Je retins mon commentaire, quant à moi, et je me rassis en même temps que Sherry, qui était restée sur les genoux de Jake pendant tout le combat. Au final, Allen et Raphaël ont mis Gérald dans une prison spécialisée, et tout s’est bien fini. J’aime les fins comme ça. Le quatrième film, pendant la première escale, était un film d’amour, alors je détournai mon regard vite fait de l’écran, me plongeant dans l’analyse fervente et passionnante du siège devant moi. A côté de moi, Sherry commençait à piquer du nez, à son tour – je remarquai, sur l’horloge de l’avion, qu’il était deux heures et quart du matin – et mon voisin de gauche me tapota l’épaule.
-Quoi ?
-Ça va toi sinon ? demanda Jake d’un ton léger
-Plutôt mieux, admis-je. Les films étaient sympas, même si j’aurais aimé regarder le premier et le troisième en entier. Pourquoi ?
-Parce que je m’inquiète pour toi, dit Jake en fronçant les sourcils. Je n’ai pas le droit ?
-Si, bien sûr. Mais je m’étais habitué à ton attitude de sale gosse.
-Sherry sait ce que je ressens pour toi. C’est surtout avec les autres que je fais gaffe.
-Ce qui explique les remarques impertinentes que tu m’as larguées dans la figure depuis le décollage, ricanai-je
-Je t’enquiquine, je suis comme ça, dit Jake avec un petit sourire. Si j’avais de réelles mauvaises intentions, Sherry prendrait ta défense. Elle seule sait si je suis sérieux ou non.
-Je vois…
Je ne pus rien dire d’autre, en fait. Et Jake n’ajouta rien non plus, alors je me remis à regarder droit devant moi, jusqu’à ce que nous redécollions, une petite heure plus tard. Je levai vaguement le regard vers l’écran, alors qu’un jeune homme et une fille se câlinaient sur un coucher de soleil romantique, et, alors que je m’apprêtai à baisser de nouveau les yeux, il y eut un rebondissement. La main de l’homme baissa peu à peu, et sortit du dos de la fille, qui émit un gémissement de surprise en tombant à genoux devant le type, qui faisait un sourire carnassier. Puis, écran noir. L’avion subissait des turbulences. Je mis ma ceinture par réflexe, et je réveillai Sherry pour qu’elle fasse de même. Les turbulences se calmèrent, et je fus déçu que l’image ne réapparaisse pas. Enfin, jusqu’à l’annonce du pilote.
“Mesdames et messieurs. Nous subissons… actuellement une attaque à main armée, ce qui explique les légères… turbulences que vous venez de subir. Nous vous assurons que si… si vous gardez votre calme… aucun mal ne sera fait aux passagers… Alors gardez vos ceintures attachées, et restez calmes…“
Tout de suite après, nous entendîmes un coup de feu dans le micro encore allumé, qui fit sursauter tous les passagers que je pouvais voir. Certains se mirent à crier, et la réaction de Jake me prit de court.
-Fermez vos gueules, putain ! Vous n’avez pas entendu ce que le connard a dit ?
Tout le monde, même Sherry et moi en fait, regardâmes Jake avec des grands yeux, mais, étonnamment, tout le monde l’écouta. J’entendais encore un brouhaha de chuchotements, cependant.
-Vous avez bien fait d’écouter ce jeune homme.
Je me penchai vers le couloir, en même temps que Sherry, pour regarder qui venait de parler. C’était un type, sûrement plus jeune que moi, avec des cheveux noirs et des yeux bleus, un uniforme militaire et un fusil, attaché à une sangle. Lorsqu’il me vit, il me fit un petit sourire.
-Bonjour grand frère. Content de voir que tu vas bien, me dit-il
Ce ne fut qu’à ce moment-là que je me rendis compte que j’avais déjà entendu sa voix.
-Alexis ? Qu’est-ce que tu as fabriqué ? dis-je en fronçant les sourcils
-Je me suis assuré que ton avion arrive à bon port, frangin. Savais-tu que quelqu’un avait payé le pilote pour atterrir en Antarctique ?
-Quoi ? bégayai-je
Je ne savais que faire de cette information. Bien entendu, une partie de moi avait tout de suite soupçonné mes frères et sœurs d’avoir enlevé Chris, mais Alexis venait de m’avouer qu’il m’avait aidé à arriver à destination, alors que quelqu’un d’autre voulait faire en sorte que je n’arrive jamais.
-Lâchez-cette arme tout de suite ! dit une voix que je ne reconnus pas tout de suite
Je tournai la tête. Jill tenait mon frère en joue avec un pistolet. D’où elle sortait ça ?
-Soyez raisonnable, capitaine Valentine, dit Alexis en levant les mains. Je n’ai aucune intention de sucrer la deuxième tête du BSAA aussi vite.
-Donc c’est vous qui avez enlevé Chris ?
-Nous tenons à discuter avec vous, mais pas ici. Rendez-vous en Afrique Centrale.
Alexis tourna les talons, et se dirigea vers le cockpit du pilote, mais Jill fit feu près de son épaule.
-Vous croyez que je vais vous laisser partir comme ça ? dit-elle d’un ton furieux
Alexis se retourna avec un petit sourire, et, en un quart de secondes, il saisit son fusil et tira. Le premier coup désarma Jill, et le second la percuta – d’ici, je ne vis pas où – et elle tomba en arrière. Sherry mit sa main sur sa bouche, et Claire se leva à son tour.
-Jill ! s’écria-t-elle
Claire se pencha sur le cadavre de mon autre capitaine, et Alexis tourna son regard vers moi, laissant de nouveau pendre son fusil dans le vide, alors que je faisais de même.
-Ah, j’ai failli oublier le message que je devais te remettre, dit-il d’un ton distrait. A chaque jour que tu perdras, nous blesserons une personne que tu aimes. Rassure-toi, tu ne perdras personne d’autre aujourd’hui.
Puis il regarda Sherry.
-Mademoiselle Birkin. Je crois que vous avez quelque chose à dire à Piers, non ?
Je regardai Sherry, qui baissa les yeux. Qu’est-ce que ça signifiait ? Derrière moi, Jake aussi s’était penché. Je le sentais dans mon dos. Et je me demandais ce qu’il pensait, lui aussi.
-Je ne sais pas comment vous êtes au courant, mais je sais de quoi vous parlez, dit Sherry en regardant mon petit frère. Je lui dirai quand je jugerai ça adéquat.
-Ne prenez pas trop votre temps. Chaque jour qui passe alourdit la vérité.
-Je ne vois pas en quoi ça vous concerne, dit Sherry d’un ton très sérieux
-Vous savez très bien que ça me concerne. Sur ce, à bientôt.
Alexis reprit son fusil et tira dans un hublot. L’avion se dépressurisa rapidement, et il ouvrit la grande porte de secours. Il se tourna vers moi pour me faire un clin d’œil et sauta dans le vide. Jake me bouscula pour aller refermer la porte, et un volet de fer referma le hublot percé, alors que les masques à oxygène tombaient. Sherry se leva pour aller dans le cockpit, suivie de près par Jake, et je me levai à mon tour pour aller voir Claire, qui me regarda arriver avec un air plus qu’inquiet. Je poussai un soupir de soulagement quand je vis que Jill n’était blessée qu’à l’épaule.
-Je suis désolée, dit-elle en me regardant. Je serai sans doute incapable de vous aider avant un moment.
-Ne vous excusez pas, dis-je en prenant sa main comme par réflexe. Vous en avez déjà fait beaucoup.
-Ne t’en fais pas Jill. On ne t’en veut pas, ajouta Claire
Jill serra ma main, et je rougis légèrement.
-J’ignore quelle est votre histoire avec ces gens, et je m’en moque, dit-elle d’un ton plus sérieux. Mais il me parait évident qu’ils s’en prendront encore à vous. Promettez-moi que vous serez prudents. Tous.
-Bien sûr, Jill, dit Claire avant moi
Jill fit un sourire à Claire, et me regarda d’un air curieux.
-Allez vous rasseoir, je vais bien, dit-elle en commençant à se relever
J’opinai, un peu inquiet quand même, et j’allai voir Sherry et Jake dans le cockpit. Les deux pilotes étaient blessés, mais en mesure de piloter. Sherry en rassurait un, sans doute celui qu’Alexis avait menacé pour dire le message, et Jake était debout derrière elle, les bras croisés sur son torse. Il me vit arriver avec un regard neutre, et je m’approchais des pilotes.
-Qui vous a soudoyé pour nous déposer ailleurs ? demandai-je
-Je ne sais pas, balbutia le quo-pilote. Nous avons reçu l’ordre juste après avoir décollé.
-La voix ne me disait rien, dit le pilote, mais je suis presque sûr que c’était une femme.
-Ça nous aide, ça, soupirai-je
-On va vous laisser piloter, hein ? dit Sherry d’un ton rassurant
-Oui m’dame, dit le co-pilote
Nous sortîmes tous les trois de la cabine, pour aller nous rasseoir, alors que le film sur grand écran se relançait. Je ne pus m’empêcher de lancer un regard à Jill, qui se tenait l’épaule couverte de bandages – sans doute un des passagers se baladait avec une trousse de premiers secours, et je soupçonnais Claire. Et, à côté de moi, Sherry suivait le film d’un œil distrait. Je compris qu’elle fuyait mon regard. Si elle avait quelque chose à me dire, elle me le dirait quand elle voudrait. Je lui faisais assez confiance pour me persuader de ça.
Finalement, à sept heures du matin, avec une heure de retard, nous atterrîmes en Afrique Centrale.