Aesragen
Jaillit de nulle part
S’éveillant en sursaut, les mèches folles de sa chevelure érable collant à ses tempes, Marc se redressa brutalement sur son lit, haletant, une nausée tenace tordant ses entrailles. Le T-shirt beige qu’il utilisait en guise de pyjama (le seul contenu dans son sac à dos au moment de sa fuite, avec celui qu’il portait éternellement sur le dos depuis sa rencontre avec les Radikors) adhérait étroitement à sa peau, soudé par la sueur coulant le long de ses omoplates. Vaguement désorienté, le souffle court, le jeune garçon parcourut la pièce dans laquelle il se trouvait étendu de ses pupilles affolées, mettant de précieuses secondes à comprendre l’endroit où il dormait, quelques secondes auparavant. Tâtonnant dans l’obscurité menaçante, renfermant pléthore de ses peurs les plus profondes, le bout de ses doigts rencontra le bord de la couchette du colosse, absent lors de son endormissement. D’après Zane, il était censé bientôt rentrer…
Un hoquet d’angoisse s’étrangla dans sa gorge quand il palpa les couvertures, sagement pliées en bout de matelas, sans avoir été dépliée de toute la nuit. Où était donc Tekris ?! Venait-il de décider que finalement, l’insupportable gosse sans nom ne méritait pas son attention, préférant s’en débarrasser pour ne plus avoir à le supporter ?!
À cette simple pensée, les yeux de l’ex-collégien se remplirent de larmes douloureuses.
– Bah dis donc, c’est un sacré cauchemar que tu nous as fait, déclara une voix féminine, un poil trop rauque.
Complètement focalisé sur la disparition de son protecteur, Marc manqua en hurler de peur, tournant si vite la tête vers son interlocutrice qu’il sentit un craquement douloureux résonner dans sa nuque. Devinant son inquiétude, Zair devança sa réaction, dirigeant le faisceau de sa lampe-torche, jusque-là braquée sur l’ouvrage reposant sur ses genoux, illuminant son propre visage au niveau de son menton, paupières à demi-fermées pour ne pas finir totalement éblouie. Sentant la honte chauffer ses joues quand il comprit que pas une fois il avait remarqué l’éclat de l’objet, pourtant d’un blanc éblouissant dans la pénombre, Marc se força à ne pas rentrer le crâne dans ses épaules, comme à son habitude. Après une réflexion – tenant davantage de la remarque acerbe – de Zane, approuvé par Tekris, clamant qu’il ne devait pas s’écraser sans arrêt sous prétexte que l’autre en question appartenait à telle ou telle caste, Marc s’efforçait de surveiller un peu plus attentivement son comportement.
Bizarrement, le chef des Radikors ne semblait pas s’inclure dans le lot des personnes à qui il fallait soutenir le regard… Tout comme le collégien se retenait de lui faire remarquer que, du peu parvenu à ses oreilles, Zane ne suivait guère ses propres déclarations face à ce mystérieux Lokar. Quoique, sur ce point-là, il avait bien saisi que l’irascible extraterrestre possédait la fâcheuse tendance de faire profil bas devant ceux qu’il reconnaissait plus puissant que lui, attendant la première occasion de prendre l’ascendant…
Voyant que son vis-à-vis cessait de sautiller tel un lapin apeuré, Zair baissa le faisceau de sa lampe, le dirigeant vers le sol, avant de glisser le doigt entre les pages de son livre, le refermant sur la chair ainsi emprisonnée. Un drôle de marque-page, de l’avis de Marc.
– Où est Tekris ? demanda-t-il instinctivement, l’inquiétude revenant lui tordre la poitrine.
Zair, toute seule, dans sa chambre à lui, ça ne pouvait pas annoncer quelque chose de mauvais, pas vrai ?
– Bonjour à toi aussi gamin, rétorqua la jeune femme, avant de se radoucir légèrement. Pas la peine de prendre cette tête, il va bien.
– Alors, pourquoi est-ce qu’il n’est pas là ?
Ouvrant la bouche pour répondre, Zair se ravisa au dernier moment, tapotant pensivement la couverture d’un ouvrage sans titre, d’un marron laqué luisant sous la lueur de la lune gibbeuse cédant lentement place à la morosité grise de la journée. Le crépuscule se levait progressivement sur les contrées glacées, permettant de distinguer la danse lascive et éternelles de la couverture nuageuse, éternellement présente, traversée de lueurs aux couleurs proches du mauve, sans en être complètement. Marc donnerait cher pour pouvoir donner une définition à cette couleur si particulière, sans pour l’instant avoir trouvé de réponses satisfaisantes.
– Durant notre sortie, lui et moi avons fait une mauvaise rencontre, expliqua prudemment Zair. Du coup, il s’est retrouvé un peu blessé – rien de grave ! Arrête de manquer t’évanouir, sinon je ne pourrais pas terminer ! Bref, il est resté dans la chambre de Zane pour se soigner. Et comme il paraît que tu n’arrives pas à dormir seul (une grimace déforma un instant les traits fins de l’adolescente ; elle aussi avait expérimenté les cauchemars du garçon quand aucune compagnie ne venait le rassurer), on m’a désigné pour te veiller.
Ne cherchant pas à cacher son avis profond sur la question, Zair décroisa les jambes, déposant son livre à côté d’elle, à même le sol, un lourd soupir désapprobateur s’échappant de ses lèvres. Plaquant les bras contre son torse, elle se pencha en arrière, de manière à ce que son dos vienne s’appuyer contre le mur derrière elle, ses yeux pâles sondant intensément le gamin en face d’elle.
Mal à l’aise, l’objet de son attention repoussa sa couverture, frissonnant quand l’air glacé mordit impitoyablement ses côtes. Pourvu que Zane, apparemment ministre des Finances des Radikors, accepte de lui acheter une ou deux vestes dès que la cagnotte atteindra la somme désirée ; à force de passer de la moiteur tropicale au froid vespéral du Pôle Sud sans protection aucune, il sentait bien qu’un jour ou l’autre, la crève ou autre maladie tout aussi dérangeante finirait par le clouer au lit, avec sa chance habituelle. Le malaise l’ayant tiré de son sommeil lourd et, pour une fois, sans rêves, ne s’atténuait guère avec son réveil.
Il ne s’était jamais senti réellement en sécurité dans la forteresse, mais cette fois, sa paranoïa atteignait des sommets ; à l’exception que cette fois, l’aura menaçante émanant des étroits couloirs lui paraissait provenir du sein même de l’abri temporaire du quatuor. Tout comme quand, croyant à une possible manigance de Koz, l’ex-collégien était parvenu jusqu’à la chambre de Zane en se guidant seulement de ses sensations, il pouvait presque sans craindre de se tromper tendre le bras pour désigner la source de son trouble.
Sentant également l’étrange disposition d’esprit de son compagnon de voyage, Zair pencha la tête sur le côté, intriguée. Cessant de se plonger dans des réflexions connues d’elle seule, l’adolescente hésita une petite seconde, puis poussa sur ses genoux pour se relever. Marc observa la fine silhouette remise sur pied, peinant à croire qu’une si frêle personne puisse cacher tant de vigueur et de vitalité. Le vieux proverbe disant qu’il faut se méfier des apparences lui avait rarement paru aussi vrai…
– Rassure-moi, tu ne vas pas te mettre à vomir quand même ? s’inquiéta-t-elle, posant à tout hasard une main sur son front. Parce que je ne t’emmènerais pas voir Tekris, que ce soit le cas ou non.
– Je ne fais pas semblant ! protesta Marc.
Mais seulement parce que l’idée ne lui avait pas traversé l’esprit. Hélas, maintenant que Zair supputait qu’il puisse tenter de ruser pour retrouver son nounours vivant, plus question de la lui faire à l’envers… Par contre, il pourrait toujours garder ça dans un coin de sa tête, juste au cas où.
– Je sais, assura l’adolescente, ôtant ses doigts frais. Mais ce n’est pas pour ça que je te crois incapable de mentir, ajouta-t-elle, le regard lourd de sous-entendus.
Marc baissa le nez, massant ses tempes. Exactement ce qu’il ne fallait jamais faire, quand on tenais à ne pas s’affubler d’un immense écriteau sur lequel « coupable » était inscrit en grosses lettres noires. Parce qu’il détestait cette couleur. La jeune femme se trouvant sur le point d’insister, il enchaîna très vite :
– C’est juste que j’ai une impression bizarre.
– Ah, ça va alors, tu nous la sort tous les deux jours celle-là !
– Mais non ! protesta le garçon, vaguement vexé d’une telle spontanéité. C’est tellement fort que ça m’a réveillé ! En plus, je n’avais même pas Tekris près de moi (Zair roula ostensiblement des yeux, agacée d’un tel manque de tact, Marc ne s’apercevant que trop tard de sa bourde)… Enfin, je veux dire…
– Laisse tomber et continue, tu veux ? soupira Zair, battant d’un coup sec l’air de sa main, comme si elle chassait une mouche, pour signifier que cela ne l’affectait pas tant que cela.
Lui adressant un sourire sincère de remerciements, Marc s’étonna à son tour quand l’adolescente se tendit, fronçant les sourcils, fouillant son visage comme si elle se demandait ce qu’il pouvait bien ficher.
Comme quoi, songea-t-il, Zane et elle partageait, à défaut d’une apparence semblable, certains de leurs traits de caractère. Mais par quelle étrangeté ces deux-là pouvaient-ils bien être frère et sœur ?!
Ravalant sa salive, le garçon se redressa sur le sol métallique, mettant toute la conviction dont il se sentait capable dans sa prochaine tirade. Car, enfin, il savait que quelque chose de grave les guettaient, il le ressentait jusqu’au plus profond de ses os !
– Je te jure qu’il ne s’agissait pas d’un simple cauchemar. Même maintenant, je suis parfaitement capable de te dire d’où ça vient. Enfin, je crois… Avec plus ou moins de précisions disons…
L’adolescente le dévisagea silencieusement, entortillant une mèche de ses épais cheveux crépus autour de son doigt. Franchement dubitative au départ, son expression s’assombrit brièvement, avant de se teinter de ce que Marc interpréta comme un intérêt sincère.
– Vraiment ? (une ombre passant sur son visage, elle réfléchit un instant, comme si un détail venait de lui revenir en mémoire). Montre-moi, alors.
– Sérieusement ?
Zair le prenait au sérieux, pour de vrai ?! La réponse affirmative de l’adolescente lui réchauffa agréablement la poitrine. Elle le croyait, et mieux, s’intéressait à ses paroles !
Tout heureux, son inquiétude pour Tekris mêlée de son malaise oubliés pour le moment, il sauta sur ses pieds avec enthousiasme, s’attirant un regard amusé de la jeune femme. Chaussant précipitamment ses épaisses bottines de montagne, Marc poussa ensuite de toutes ses forces la large porte barrant l’accès au couloir, étonné de constater qu’en dépit de quelques ahanements, il n’eut guère grand-mal à la coulisser. Aucun grincement ne sourdant des battants, soigneusement entretenus (il s’agissait de la première demeure que rencontrait le garçon n’ayant aucune charnière poussant des grincements à faire hurler un roquet à la mort), ce fut dans un silence relatif qu’il se faufila dans le corridor, s’écartant pour laisser passer sa compagne, sautillant d’un pied sur l’autre. Finalement, peut-être allait-il se rendre un peu utile ?!
Celle-ci, après un rapide sondage des environs en quête d’anormalités, ouvrit la pochette blanche nouée autour de sa cuisse droite, en tira son X-Reader, la lumière projeté par son écran orangé soulignant ses traits tranchants, sans être acérés. D’un signe, elle lui fit signe d’ouvrir, son front se plissant plus encore quand il emprunta, sans trop d’hésitations, le chemin menant sur sa droite. Ne comprenant pas le pourquoi de son ébahissement, Marc l’observa à la dérobée, aussi discrètement qu’il le put, inquiet de commettre une énième bêtise, ou de la décevoir – là aussi pour l’incalculable fois sûrement. Excepté un nez un peu trop long, l’ex-collégien la trouva plutôt jolie, sans arrière-pensée. Pourquoi n’était-il pas né sur une planète lointaine, à l’écart de Victoire et ses brimades, ou de sa mère et de ses reproches ?!
La réponse lui vint sous la forme d’un petit visage ovale, les cheveux châtains ébouriffés encadrant deux profonds yeux pensifs, trop sérieux pour l’âge de la jeune fille à qui ils appartenaient. Connaître sa chère Emma justifiait toutes les peines du monde, conclut fatalement Marc. Ou, au contraire, ne venait-elle au monde que pour l’aider à supporter une existence étouffante qu’il n’endurait qu’à grand-peine ?
– J’aimerais avoir vécu sur votre planète, souffla-t-il néanmoins, ramenant ses genoux contre sa poitrine.
– Je n’en suis pas sûre, trancha Zair, les yeux rivés sur le petit appareil émettant un faible bip, que Marc n’avait pas entendu avant que l’objet ne quitte sa gaine protectrice. Surtout que tous les trois, nous ne sommes pas nés sur les mêmes mondes.
– Ah bon ?! s’étonna le gamin. Mais comment ça se fait que Zane et toi…
Il se mordit violemment la lèvre. Trop tard, l’adolescente dardait déjà ses prunelles furieuses sur son vis-à-vis, les doigts violemment crispés sur son X-Reader qu’elle ne consultait plus, ne lui accordant aucune importance à présent. Instinctivement, Marc recula, le métal emporté à sa traîne crissant désagréablement à ses oreilles. Bon sang, elle semblait rêver d’enrouler ses mains autour de sa gorge maintenant…
– Zane et moi quoi ?! cracha-t-elle, purement rhétorique.
– Je ne sais pas ! répondit le garçon, regrettant immédiatement de n’avoir pas réfléchi avant de parler. Hum, je veux dire, comme vous avez l’air proches, je me suis dit que peut-être vous partagiez plus que de la simple relation amicale.
Mentalement, il s’asséna une claque largement suffisante pour le laisser gisant au sol, milliers de minuscules chandelles tournant autour de son crâne. Pire excuse, ça n’existait pas ! Et Zair le savait parfaitement.
– Tekris ? supputa-t-elle simplement, poing gauche sur la hanche.
– Pitié, ne dis pas que j’ai craché le morceau ! l’implora Marc, joignant les mains. J’ai promis de ne pas révéler que j’étais au courant pour toi et Zane ! Et puis, avoue que c’est bizarre que vous soyez frère et sœur, si vous n’êtes même pas nés sur les mêmes planètes !
Plaquant une main contre son front, désespérée, Zair hésitait entre se fâcher pour de bon, ou éclater d’un rire franc face à l’erreur magistrale du garçon. Heureusement pour lui, elle opta pour une moue dépitée, et un brin moqueuse, faisant sauter son X-Reader dans sa paume.
– Tu te rends bien compte que Zane t’aurais déjà dépecé, mit à bouillir, et utilisé la peau de ton dos comme descente de lit juste pour avoir évoqué le sujet ?
– Crois-moi, je m’imagine sans peine la scène, avoua-t-il piteusement. Mais, ajouta-t-il presque immédiatement, emporté par sa curiosité, pourquoi c’est si sensible entre vous ?
Cette fois, elle sourit carrément ; d’un sourire moqueur, mais au moins cessait-elle d’imaginer se faire un collier de ses tripes. Disons qu’elle réservait cette possibilité pour plus tard, juste au cas où.
– Tout dépend de toi ; est-ce que tu te crois capable de tenir ta langue ? railla-t-elle.
– Quel est le serment le plus le plus important pour ton peuple ? questionna Marc, sans hésiter une seconde.
Surprise de sa réaction, Zair croisa les bras, tentant de juger de sa fiabilité, s’il cherchait seulement à gagner sa confiance, ou s’intéressait réellement à ses réponses par curiosité. Le garçon n’ayant jamais rien fait qui puisse laisser soupçonner quoi que ce soit, elle hocha positivement du chef, comme pour répondre à une conversation connue d’elle seule.
– Pour les miens, donner sa parole, ou celle de sa famille, suffit. Pour ceux de Zane (un voile de tristesse passa dans le regard de l’adolescente, si fugitivement que Marc se demanda s’il ne venait pas de l’imaginer), il le jurent sur leur honneur et leur épée. À toi de voir ce que tu choisis.
Le garçon manqua piler sur-le-champ. Sérieusement ? Cela ne correspondait guère à l’image qu’il avait de Zane, ni au discours que l’irascible extraterrestre lui tint, juste avant le retour de ses deux coéquipiers.
– J’avoue avoir du mal à comprendre, avoua Marc, grattant pensivement son crâne. D’abord, parce que les combattants n’utilisent pas d’armes, d’après Zane. Alors une épée… Et puis, l’honneur ne semble pas vraiment être la valeur la plus haut placée dans son estime.
– Nous avons eu une vie, avant le kaïru, répondit évasivement l’adolescente. Une vie pendant, évidemment. Et probablement une autre, après, souffla-t-elle, davantage pour elle-même.
S’apercevant en avoir dit plus qu’elle ne le souhaitait, elle tressaillit, secoua sa tête de droite à gauche sans douceur, plissant le front comme si elle s’adressait un sermon mental particulièrement salé.
– Pourquoi, tu comptes arrêter d’être une combattante ? l’interrogea Marc, un peu perdu.
– Pas si je n’y suis pas obligée. En fait, pas du tout.
La voyant s’enfermer dans un mutisme morose, l’ex-collégien choisit de ne pas insister.
– Je te jure de ne pas parler de quoi que ce soit, sauf si vous m’en parlez avant, et seulement à vous, sur mon honneur et mon épée. Enfin, je ne possède pas d’arme, mais j’espère que ça ira !
– Amplement, je te taquinais, tu sais ? Mais avec ça, aucun risque que tu trahisse quoi que ce soit ! Bah, j’en fais des tonnes pour pas grand-chose, au final. Les parents de Zane ne pouvaient pas avoir d’enfants, tout simplement parce qu’il s’agissait de deux garçons, expliqua-t-elle, revenant à son écran, ses pas auparavant silencieux émettant un bref crissement perturbé. Pour résumer, ma mère, la sœur d’un des pères de Zane, a accepté d’être mère porteuse pour eux, à condition qu’elle ait par la suite un enfant à son tour.
– C’est un peu bizarre, non ? Sans vouloir t’offenser, je veux dire.
– Pas tant que ça. Elle voulait quelqu’un pour prendre sa suite, perpétuer son nom, mais coucher avec un homme manquait la faire tomber dans les pommes. Je ne sais pas pourquoi (à la posture de Zair, Marc devinait sans peine le « et je ne le saurais jamais » qui manqua franchir ses lèvres), seulement elle avait une sainte horreur des garçons. Au point de se constituer un entourage presque exclusivement féminin. Voir ses frères lui était même, au final, presque insupportable. Mais elle voulait une fille, l’entraîner afin qu’elle prenne sa suite, ce genre de choses quoi. Et les parents de Zane désiraient plus que tout un enfant bien à eux, ce qui leur avait été jusque-là refusé. À ce moment, leurs intérêts se croisèrent suffisamment pour que ma mère accepte de leur donner ce bébé… s’il s’agissait d’un garçon. Par chance pour eux, Zane est né le premier, un sacré bébé ressemblant énormément à son père biologique. Je ne suis pas certaine, pour être honnête, que ma mère aurait accepté de porter deux fois l’enfant d’un homme si une fille était venue au monde en premier.
– Attends un peu, tu es en train de me dire que Zane et toi… Vous avez exactement les mêmes parents ?!
Zair confirma, plongeant le garçon dans une perplexité rare.
– Nos parents ne se ressemblaient pas du tout physiquement, précisa-t-elle néanmoins.
– Et en plus, vous êtes à la fois frère et sœur et cousins du premier degré.
– Grosso modo, c’est ça.
Ils débouchèrent à un embranchement en forme de croix, auquel il dut s’arrêter un instant, massant ses tempes pulsant douloureusement. La sensation s’amplifiait progressivement, un brouillard diffus pointant dans une direction précise au début, se transformant par intermittence en vague pulsante. Jamais il n’avait vécu pareille sensation (tout comme il ne croyait certainement pas que cela lui arriverait un jour), pourtant, plus il avançait, plus il parvenait à localiser précisément la source de ses ressentis.
Devenait-il influencé à force de côtoyer du kaïru régulièrement ? Dans ce cas, les entraînements des Radikors pendant qu’il s’efforçait de résister aux assauts de Zane prenaient un tout autre sens.
– Tu es sûr que ça va ? l’interrogea Zair, rivant ses iris vert d’eau sur lui. Tu n’arrête pas de te toucher le front depuis tout à l’heure.
– Merci, ça va, souffla-t-il. C’est juste que ça me fait bizarre. Mais je n’ai pas mal. Pourquoi acceptes-tu si facilement de m’expliquer des choses aussi… personnelles ? fit-il, détournant la conversation.
– Tu as juré, non ? Et puis, ce n’est pas désagréable de se rappeler de bons souvenirs. Après tout, nous partageons entre nous tout ce que nous apprenons à ton sujet, j’ai toujours de quoi te remettre à ta place si jamais tu tentes quoi que ce soit de malhonnête avec ces informations.
Le garçon s’empressa de lui assurer que jamais il ne s’aviserait de s’engager sur une pente aussi vile, pas alors que les Radikors le prenaient sous leur aile. Nombre de questions brûlaient encore ses lèvres ; leurs parents étaient-ils au courant de leur engagement sur la voie du kaïru ? De leurs agissements ? Pourquoi s’étaient-ils retrouvés séparés l’un de l’autre si leurs familles étaient si soudées ? Cependant, il devinait que les réponses à ces questions risquaient d’être bien plus douloureuses qu’il ne le pensait de prime abord ; sinon, pourquoi les adolescents vivraient-ils ainsi au jour le jour, sans aucune aide extérieure ?
Ne désirant pas peiner l’adolescente, il ravala ses interrogations, lui adressant au contraire un sourire qu’il voulut chaleureux. Si tant était que cela ait une réelle valeur pour la Radikors…
– Ce ne doit pas être très facile à vivre, tout ça, soupira Marc en s’engageant dans un court escalier.
– Pas tant que ça, notre père n’avait jamais totalement coupé les ponts avec moi, même s’il vivait vraiment loin. J’ai d’ailleurs fait souvent de courts séjours avec Zane, petite. Je crois me souvenir qu’au début, il avait refusé, arguant qu’il refusait de laisser l’un de ses enfants. Mais lui et l’autre père de mon frère avaient tellement envie de cet enfant, en plus de quelques enjeux à part, qu’ils ont fini par accepter.
– Je vois… Mais comment ils ont fait, si ta maman ne voulait pas avoir de bébé avec un homme ?
– Un soupçon de magie, associé à beaucoup de technologie ; au lieu de coucher ensemble, ils ont utilisé le principe de la FIV. Quelque chose de complètement inconnu du pays de Zane, d’ailleurs, rit-elle. J’aurais donné cher pour voir la tête de kanmi quand il a fallut lui expliquer le procédé !
– Euh… Je ne comprends pas tout… C’est comme pour mettre une graine dans le ventre de la femme, mais sans garçon ?? demanda Marc, peu connaisseur sur le sujet.
Inclinant légèrement la tête sur le côté, l’adolescente consulta une nouvelle fois son X-Reader, carrément perplexe. Pourtant, aucun commentaire ne s’échappa de ses lèvres, tandis qu’elle se reconcentrait sur la discussion en cours. Que pouvait-elle bien regarder avec autant d’attention ? se demanda l’ex-collégien. De ce qu’il savait, le petit appareil servait essentiellement à invoquer des monstres, lancer des attaques, localiser le kaïru ou récolter la précieuse énergie. Tiens, peut-être que les Radikors accepteraient de le laisser venir avec eux lors d’une de ce qu’il appelaient des « missions », destinées à récolter la précieuse énergie, s’il s’entraînait suffisamment dur ! Après tout, eux-mêmes étaient partis de la forteresse trois fois en tout précisément dans ce but, tout en sachant pertinemment être la cible des Stax et de Koz.
Bref, aucune de ces fonctions ne lui expliquait pourquoi Zair portait une telle importance à son X-Reader.
– La « graine » ?! Tu es novice ou quoi ? ricana la jeune femme, une main sur la hanche. Et si tu me parlais plutôt de ta famille à toi ? Elle doit te manquer à force, non ?
– Désolé, tu n’arriveras pas à me donner envie de vous fuir, coupa tout de suite le garçon.
– Je savais bien que je n’aurais pas dû te parler de tout ça, soupira Zair, contrariée. Maintenant, tu vas croire à une soi-disant amitié nous unissant, ou autre bêtise propre aux humains.
– Ça n’aurait rien changé, déclara-t-il avec plus d’assurance que ce à quoi il s’attendait. J’ai bien réfléchi à toute cette histoire, et avant de prendre ma décision, je voudrais sortir de la forteresse, me confronter au monde extérieur. Si ça se trouve, sans vous, impossible de survivre plus de quelques jours ! Et encore… J’ai besoin de savoir si j’en suis capable !
Ce soudain plaidoyer lui était venu au fur et à mesure de sa déclaration, un fil rouge bienvenu qu’il cherchait à saisir depuis longtemps maintenant. Si laisser penser qu’il envisageait de prendre le large, comme elle le souhaitait, pouvait l’aider à suivre les Radikors lors de leur prochaine escapade hors des sombres murs de la forteresse, pourquoi ne pas essayer dans ce cas ?
– Et puis, je peux toujours essayer d’être utile à l’équipe en attendant ! ajouta-t-il précipitamment.
– Ça, murmura énigmatiquement Zair tout en vérifiant leur trajectoire sur son X-Reader, je commence à sérieusement le croire…
µµµ
Pour être honnête, Zane devait admettre qu’il aurait aimé reprendre conscience en ayant tout oublié de ses actes de la veille, même un bref instant. Un peu comme les personnes tellement saoules qu’elles ne parviennent pas à se souvenir seulement de la personne reposant à leurs côtés, désorientées par l’alcool péniblement éliminé de leurs veines fluidifiées par un panel largement étendu de shot de vodka, ou autre boisson tout aussi abrutissante. Oui, à ce moment-là, le jeune homme aurait au moins pu s’interroger sur la présence de son propre coéquipier, nonchalamment allongé dans son lit – à lui ! –, voir le secouer brutalement pour lui réclamer des explications que le colosse, à demi-endormi, ne saurait que lui bredouiller. Tout justifierait alors une mise à la porte dans les règles, agrémentée d’un chapelet d’imprécations dignes de sa réputation.
Hélas pour lui, chaque moment, chaque détail de la veille restait gravé au fer rouge dans sa mémoire, comme autant de frais souvenirs aussi plaisants qu’ils l’inquiétaient. Une attirance purement charnelle, ne cessait-il de se répéter en suivant inlassablement du regard les contours de moins en moins arrondis de l’adolescent. Et puisqu’il était à l’origine du rapprochement soudain de leurs corps, quelques heures plus tôt, il gardait totalement la main sur leur relation, quelle qu’elle puisse être par la suite, ajoutait-il immédiatement après, écoutant le souffle régulier chatouillant sa peau tiède.
S’étirant paresseusement sans prendre garde à heurter ou non son amant (une façon de s’assurer qu’il ne prêtait qu’un intérêt purement égoïste au colosse, bien que pas une seule fois ses membres ne firent autre chose que l’effleurer prudemment), Zane hésita, restant assis sur son semblant de matelas, le drap beige dissimulant la moitié inférieure de son corps. Tekris, endormi du sommeil du juste, marmonna quelque chose d’incompréhensible dans son sommeil, remuant jusqu’à se retourner sur le flanc. Essaya, du moins ; le vert, voyant que sa blessure allait se retrouver coincée entre le corps massif la supportant et la rigidité du métal, posa sa main sur le torse de son coéquipier, l’enjoignant d’une poussée franche à revenir se placer sur le dos. L’autre ne lui opposa aucune résistance, un bras passé par-dessus sa tête.
Cédant à une impulsion, Zane se rabaissa, glissant plus loin sous la couette, posant son crâne sur la poitrine ainsi dévoilée, bercé par le rythme des battements du cœur sous son oreille. Négligemment, il passa le bout des doigts dans la chevelure bicolore, pinçant une mèche entre ses ongles si courts qu’il avait finit par se ronger la peau autour, une fois seul dans sa tente – ou tout autre endroit accueillant son équipe pour la nuit. Devait-il se lever, vaquer à ses habituelles occupations, maintenant que le sommeil l’avait pour de bon fuit ? Ou au contraire, profiter d’un rare moment de paresse qu’il pouvait s’accorder, savourant le contact de la peau de Tekris sous les arabesques habilement dessinées par sa main libre ?
Grognant d’agacement, l’extraterrestre retira cette dernière, la plaçant le long de son corps. Pas question de s’adonner à ce genre de niaiserie affreusement romantique ! Ceci dit, cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas aussi bien dormi, aussi courte fut sa nuit. Cette fois, aucun cauchemar, réminiscence douloureuse ou autre mauvais rêve caractéristiques des sommeils agités n’était venu le déranger, le laissant totalement libre de disposer de son repos. L’épuisement suite à une bonne partie de jambes en l’air, évidemment.
Le corps étendu auprès de lui remua doucement, signe que son propriétaire ne tarderait pas à sortir des bras de Morphée à son tour. Aussitôt, Zane cessa de se coller contre le colosse, mettant quelques dizaines de centimètres nécessaires entre eux. Roulant sur le dos, il glissa ses mains entrecroisées sous sa tête, fixant intensément le plafond comme s’il détenait la vérité universelle de toute chose.
Baillant doucement, Tekris jeta un œil vers lui, souriant légèrement en remarquant qu’il n’était pas le seul éveillé. Durcissant ses traits, Zane fit mine de ne pas l’avoir remarqué, plongé dans sa réflexion imaginaire. Allait-il lui aussi repartir sans un mot, ou faire comme si rien ne s’était passé ?! À la limite, ce serait le plus simple pour eux-deux. Un simple coup entre deux moments de répit, sans aucune conséquence, ni suite possible, pas de comptes à rendre, ou de piques acerbes à lancer pour remettre chacun à la position qu’il devait occuper. Ni d’explications à fournir, ou de suite espérée à enterrer impitoyablement.
Ce n’était pas à lui de gérer les émois de ses coéquipiers, après tout !
Tout aussi gêné que son chef d’équipe, Tekris resta un long moment le regard dans le vide, fixant la porte de la chambre sans vraiment la voir, guettant le moindre mouvement pouvant lui donner une indication sur l’état d’esprit de son camarade. Toujours immobile, Zane ne lui offrit pas l’indice qu’il attendait tellement, sa nervosité accélérant tant sa respiration, qu’il dut inspirer profondément plusieurs fois de suite avant de retrouver un semblant de calme. Par les Enfers, que fichait donc le colosse, à rester immobile ?!
Finalement, Tekris se décida, optant pour un mince sourire lui étant destiné. Une fraction de seconde avant que son vis-à-vis, glissant simplement ses pupilles vers sa gauche, ne cède à son tour.
– Salut, commença-t-il, balayant le jeune homme d’un regard appréciateur.
– Salut, répondit sobrement Zane, daignant enfin tourner le visage vers son interlocuteur. Comment va ta blessure ? enchaîna-t-il, bien décidé à garder le contrôle de la conversation.
– J’ai connu pire, souffla Tekris, ses yeux ne se détachant pas des lèvres charnues pincées en une moue presque boudeuse. Je crois qu’elle a un peu saignée, mais rien de bien grave. Je peux t’embrasser ?
Surpris par l’abrupt demande de son coéquipier, Zane en resta un instant interdit, pesant le pour et le contre. Refuser tout net serait réellement hypocrite de sa part, tant il en crevait d’envie ; d’un autre côté, qui sait si Tekris n’irait pas s’imaginer diverses choses fort préjudiciable à la bonne marche de l’équipe ?! Il était bien capable de se persuader que cette nuit passée ensemble signifiait plus qu’une simple partie de jambes en l’air.
Car enfin, cela ne signifiait rien de particulier, absolument rien !
Peut-être, mais s’il se laissait atteindre par la sincérité du colosse, Zane s’assurait définitivement de l’éloigner du gamin, du moins quand il s’agissait d’intimité. Pour le reste, à la réflexion, les deux compères pouvaient bien courir autour de la forteresse vêtus d’un simple pagne, tant que Tekris restait bien à lui…
Se raclant bruyamment la gorge, le jeune homme déplia ses bras, examinant la pièce silencieusement jusqu’à repérer les endroits où avaient échoués ses affaires. Heureusement, excepté ses chaussures, l’une trônant sur la carte dépliée dans un coin sur laquelle reportait leurs possibles lieux de refuge, et l’autre posée en équilibre précaire entre le mur et un débord de celui-ci, il pouvait sans souci en récupérer l’intégralité en quelques enjambées.
– Il faut changer ton bandage, marmonna-t-il, se détournant de l’autre garçon.
– Même pas un simple baiser ? insista le colosse, l’amertume teintant sa voix. Ce n’est pas grand-chose.
Soupirant ostensiblement, Zane haussa les épaules, comme si cela, au fond, lui importait peu, pantalon tenu en main. Au fond, qu’est-ce que cela lui coûtait ? D’accord, Tekris outrepassait ses prérogatives en ne cédant pas dès la première injonction, mais au final…
Incapable de terminer sa pensée, du moins de manière satisfaisante, il abandonna la lutte mentale, récupérant au passage son caleçon, à quelques centimètres de son premier vêtement.
– Pourquoi pas ? Vas-y, je m’occuperais de toi juste après.
Le contact des lèvres de son vis-à-vis, dès qu’il eut fini de donner son assentiment, l’enchanta bien plus qu’il ne l’aurait souhaité. Si le colosse s’était empressé de le convaincre, c’était forcément qu’il désirait ardemment obtenir cette faveur de son chef d’équipe ; sinon, pourquoi prendre cette peine ?! Eh bien, mieux valait qu’il se rende bien compte de sa générosité !
Rompant aussi doucement que possible leur étreinte, Tekris parsema sa gorge de petits baisers, reproduisant, quoique maladroitement, les intentions dont l’avait abreuvé son partenaire, quelques heures plus tôt. Retenant un rire sec, Zane le repoussa, avec bien moins de ménagement, une main sur son torse afin de plaquer son dos contre le matelas. Mécontent de se trouver ainsi interrompu, le colosse retint de justesse un regard protestataire, se contentant de croiser les bras sur sa poitrine, accusateur.
– On ne va pas pouvoir se retrouver seuls avant un bon moment, alors nous pourrions en profiter tant que le jour n’en est encore qu’à ses balbutiements, plaida l’adolescent.
– Si encore cela se reproduira, rétorqua Zane, plus par défi qu’autre chose.
– Raison de plus, sourit Tekris, effleurant la peau du bras le plus proche du sien.
Ignorant les dernières déclarations, emplies de sous-entendus laissant de trop lourds frissons remonter le long de sa colonne vertébrale, l’intéressé commença à nouer de nouveau les bandelettes jaunes, initialement placées sous ses gants, autour de ses poignets. Comprenant qu’il n’obtiendrait pas de réponse, Tekris s’avoua vaincu, palpant son flanc blessé en grimaçant (le drangkar ne devait plus faire effet, conclut le chef des Radikors). Une aura brunâtre teintait le centre autrefois immaculé du bandage ; à première vue, elle semblait sèche, mais mieux ne valait pas prendre de risques inutiles et manquer d’être ralentis, au moment critique, par une plaie mal guérie. Pas alors que Lokar venait de leur annoncer son intention de bientôt passer à l’offensive. Ne restait plus qu’à attendre que son Maître ne décide enfin d’amener sa dernière équipe de combattants auprès de lui. De là, profitant de ce que l’homme serait vulnérable, Zane pourrait s’arranger à gagner de nombreux galons sous le regard satisfait du Maître, gagnant une confiance qui lui serait, à terme, des plus profitable. Mais attention, si Lokar s’apercevait que ses motivations n’étaient pas uniquement guidées par sa loyauté, le jeune homme risquait de passer un très mauvais quart d’heure entre les mains expertes de son supérieur. Tout valait mieux, que de se retrouver banni une seconde fois. Qui plus est, rien ne lui assurait que Lokar lui accorderait encore son pardon.
Trois coups secs résonnèrent, contre la battant d’acier de la porte, rapidement suivis de deux autres, plus courts. Le signal qu’utilisait Zair, quand elle voulait se faire reconnaître sans doute par ses compagnons. Jurant intérieurement, Zane s’empressa d’enfiler ses gants par-dessus ses bandelettes, dissimulant entièrement les tatouages imprimés sur sa peau. Il ne craignait pas que la jeune femme ne les découvre, vu qu’elle les avaient déjà vu des dizaines de fois avant, quand ils étaient enfants, mais Tekris ne fit peut-être pas attention aux signes qu’ils représentaient.
– Zane ? C’est moi, il faut que je te parle, tout de suite, déclara la voix de sa coéquipière.
– Hum, oui, une petite minute ! tonna son vis-à-vis de son ton le plus assuré, contraste avec l’affolement tambourinant contre sa poitrine.
Il ne fallait surtout pas qu’elle entre maintenant ! Les vêpres étalées un peu partout dans la pièce, les draps froissés, et surtout, l’absence totale d’autre morceau de tissu que la couverture recouvrant les corps alanguis ne laissaient aucun doute sur les activités nocturnes des deux adolescents ! Et de là, nul doute qu’elle s’efforcerait d’imaginer pléthore de scénarios absolument éloignés de la réalité, accompagnés d’insupportables logorrhées affreusement ennuyeuses sur ce qu’il convenait le mieux de faire ! Autant le gamin pouvait croire à une histoire déclamée avec certitude et ne souffrant d’aucune contestation, autant l’imagination – et la foutue mémoire ! – de Zair ne laisserait pas passer cet incident !
Tiens, en parlant du talsi, qu’on ne lui dise pas que…
– Est-ce que ce maudit gosse est dans tes pattes ? demanda-t-il, brusquement traversé par un éclair de lucidité tandis qu’il bouclait la ceinture de son pantalon.
– Oui, disons que ça le concerne aussi, en un sens, expliqua Zair.
– Ah bon ? s’étonna le gamin, au moins aussi surpris que Zane.
Tekris, qui jusque là se contentait d’arborer un sourire goguenard en observant les agitations de son chef d’équipe (sans pour autant se presser autant que ce dernier l’aurait voulu, à son grand agacement), se décomposa sur-le-champ. Lâchant à son tour une bordée d’imprécations proche de ce que Zane pouvait déclamer dans ses moments de franche mauvaise humeur, il daigna enfin s’agiter à son tour, s’habillant certes maladroitement, forcé de composer avec son état physique loin d’être optimal, mais plus vite que n’importe quel blessé de l’histoire.
N’y tenant plus, Zane éclata à son tour d’un rire moqueur, pointant du doigt son coéquipier en train de se débattre avec la couverture ayant soudain décidé de prendre vie afin de lui mettre le plus de bâtons dans les roues possible. Jamais il n’avait vu le colosse aussi pressé, ni aussi gêné, et ça lui faisait un bien fou de s’amuser un peu, après tant de semaines – même de mois – sous pression !
– Tu peux me charrier tant que tu veux, moi, je n’ai pas de T-shirt à mettre, rétorqua sèchement Tekris.
– De quoi ?! Qu’est-ce que vous avez dit ? fit Zair, de l’autre côté de la porte.
Pour le coup, aucun des deux garçons n’eut la moindre envie de rire, pendant une fraction de seconde.
– Faut qu’on range un peu, répondit instinctivement Zane, y’a du sang qui a coulé, et le gosse va s’évanouir !
Bon, c’était loin de figurer dans son palmarès des meilleures excuses, mais cela suffirait pour cette fois…
µµµ
– T’as entendu ? fit Marc, tout joyeux. Il fait attention à moi, juste un peu !
Contenant de plus en plus mal son impatience, son X-Reader tapotant en rythme contre sa cuisse, Zair ne lui accorda qu’une attention minime, mordillant sa lèvre inférieure. Contrariée de devoir ainsi poireauter en dépit des « nouvelles urgentes » qu’elle souhaitait rapporter à ses compagnons, l’adolescente ne parvenait à masquer une sourde inquiétude exsudant de chacun de ses gestes, bien plus secs qu’à l’accoutumée. Depuis sa déclaration sur la peut-être future utilité du gamin, elle n’avait pas desserré les dents, suivant les indications qu’il lui indiquait, parfois en prenant quelques secondes pour se repérer, non sans consulter brièvement son petit appareil avant de suivre la voie ainsi désignée. Plus le duo avançait le long des couloirs étriqués, plus sa nervosité grandissait, la poussant à accélérer progressivement le pas à mesure que les échos répétés du X-Reader ne se fasse de plus en plus rapprochés, et pressants.
Pour finir, devinant à son tour où tout cela les menaient, elle choisit de prendre les devants, devançant les petites foulées de l’ancien collégien. Même elle, avec sa petite taille, parvenait à le distancer s’il ne se mettait pas à trottiner… Ce n’était pas honteux, oh non, mais un peu vexant mine de rien…
– C’est bien ça qui me surprend, marmonna-t-elle enfin, foudroyant la porte du regard comme si elle pouvait y forer un trou par la seule force de sa volonté.
Poussant un long soupir proche de l’énervement, la Radikors tambourina du poing contre l’outrecuidant battant, refusant de céder à sa volonté mentale. Enfin, après ce qui ressembla à un « plus idiot que toi, je ne vois pas ! », le panneau coulissa sur la droite, laissant apparaître Zane, une moue peu amène plaquée sur ses traits et un paquet de bandage sur le bras, l’autre tenant ce qui ressemblait à se méprendre à une bouteille de désinfectant. Si le désinfectant avait une couleur betterave, bien entendu…
Se tortillant pour essayer de voir entre les deux corps se faisant face, Marc tenta d’apercevoir Tekris. Devinant sa haute silhouette, appuyée contre le meuble bancal (volontairement, apparemment, bien que cette idée lui paraisse des plus saugrenue), les poings serrant son plateau, il se faufila entre le montant et le chef des Radikors, ce dernier, trop surpris pour chercher à le retenir, le suivant d’un regard intrigué. Heureusement, il se détourna rapidement, revenant à sa coéquipière, décidé à lui passer le savon de sa vie.
– Je peux savoir pourquoi tu t’énerves comme ça ?! Ce n’est pas une heure pour réveiller les honnêtes gens !
– Tekris ! Tu vas bien ! Ça ne fais pas trop mal ? s’inquiéta Marc au même moment.
– Il fallait ouvrir la porte tout de suite, au lieu de traîner comme un vieux au supermarché ! rétorqua Zair.
– Désolé d’être en train de soigner notre grand blessé de guerre !
Un petit cri résonna dans la pièce, attirant toutes les attentions des personnes présentes dans les pièces. Rouge de gêne, le garçon se rendit compte qu’il venait de sa propre gorge.
– C’est grave alors ? reprit-il d’une toute petite voix.
– Mais non, juste un mauvais coup superficiel, le rassura maladroitement le colosse, attirant son corps fluet contre son flanc indemne, ébouriffant affectueusement sa tignasse érable.
Grognant entre ses dents, Zane leva les yeux au ciel, déposant tout son fatras sur le sol, la table se trouvant visiblement trop loin pour qu’il daigne faire l’effort de la rejoindre. Pourtant, il ne tenta pas, comme il en avait pris l’habitude, d’envoyer le garçon à Trifouillis-les-Oies dans le but de séparer le colosse et l’enfant. Perdu, Marc sa gratta le crâne, cherchant ce qui pouvait bien le déranger à ce point, si ce n’était pas sa présence juste à côté de son coéquipier qui l’agaçait tant ?
Peut-être était-il vexé qu’il ait accordé son attention d’abord à Tekris, puisqu’il voulait tout le temps passer avant n’importe qui ? Mouais, ça lui paraissait étrange quand même…
– Tu veux que je te dise bonjour d’abord ? tenta-t-il néanmoins, si jamais le jeune homme attendait une marque d’attention spécifique propre à sa personne.
– Même pas en rêve tu m’approches ! s’étrangla Zane.
Claquant sa langue d’un air désapprobateur, Tekris se rendit compte de son erreur quand les iris onyx virèrent à l’orage. Tendu à craquer, le colosse trouva soudainement un intérêt de la plus haute importance au bout de ses orteils, ses chaussures étant restées près de la porte, là où Zane exigeait qu’elles restent quand quelqu’un osait entrer dans ses pénates.
– Les garçons, nous avons plus urgent pour le moment, coupa Zair, s’interposant prudemment entre eux.
Après un dernier regard vers le colosse l’avertissant que les choses n’en resteraient pas là, Zane se détourna, mâchoires serrées, ressemblant terriblement à un ours affublé d’une horrible rage de dents… et blessé, aussi improbable cela parut-il à l’ancien collégien. Non, il se trompait sûrement…
Ouvrant la bouche, Tekris ne put prononcer le moindre mot, Zane le coupant grossièrement.
– Alors, quelle est donc cette nouvelle si urgente ? fit-il, s’adressant à sa coéquipière.
– J’y viens. Gamin ? (l’intéressé releva le nez, penché sur le bandage de Tekris) À ton avis, d’où provient exactement la… sensation que tu as ?
Plissant le front, le chef des Radikors la dévisagea comme si elle était soudainement devenue folle… avant de comprendre quelque chose connu de lui seul, reportant l’onyx de ses yeux sur le gamin, soudainement bien plus intéressé. Peu habitué à se trouver l’objet d’une attention non provoquée par son incompétence dans tel ou tel domaine, Marc se ramassa sur lui-même, reportant son regard à plusieurs reprises sur la porte, solidement refermée derrière son passage. Impossible de fuir par là si jamais…
Se redressant, il se morigéna intérieurement. Pas question de fuir, enfin ! Surtout après avoir manifesté son désir de rester face à Zair. Levant lentement le bras, tout en évitant de croiser le regard de Zane, il désigna timidement le mur contre lequel le lit du jeune homme s’adossait.
D’un geste impatient, le chef des Radikors se dirigea à pas lents jusqu’au seul endroit pouvant possiblement abriter quelque chose à ce niveau. D’un poignet, il saisit une minuscule anfractuosité quelques mètres latéralement de sa tête de lit, invisible si l’on avait pas le nez dessus, et encore, Marc avait en quelque sorte payé pour le savoir. Glissant le panneau dissimulant la cachette incrustée dans le métal, toujours tiraillé par sa colère de savoir sa trappe découverte par un gamin un peu trop fouineur, l’extraterrestre en tira son sac à dos, fermé contrairement à la dernière fois. Laissant tomber l’objet sur le sol, sans lui accorder davantage qu’un vague regard peu passionné, il continua, retirant une courte épée de la taille de son avant-bras enveloppée dans du tissu des plus banal, dont Marc ne vit qu’un reflet doré, puis la petite plaque d’ambre qui avait, en chutant, révélé un passage vers un autre lieu. Dans ses souvenirs, elle n’était pas aussi brillante, ni parée de cette aura violacée… Aussitôt, l’ancien collégien hocha machinalement la tête, ne parvenait à détacher ses iris noisettes de l’objet. Oui, il en était certain, il s’agissait bien de la chose lui provoquant une telle sensation de malaise…Il commençait à s’y habituer, mais cela n’en demeurait pas moins désagréable.
– C’est ça, confirma-t-il, s’éloignant de Tekris pour se rapprocher de l’artefact.
Devinant son intention, Zane le leva immédiatement hors de sa portée, le foudroyant du regard. Reculant instinctivement, Marc se força à s’arrêter, observant Zair, sans comprendre vraiment ce qu’il se passait. Plaçant son X-Reader juste au-dessus de la plaque, elle fit un petit signe affirmatif à ses compagnons, le bip de l’appareil frôlant la crise d’apoplexie tant il se déchaînait.
Dans son dos, Tekris poussa une exclamation de surprise. Sursautant brutalement, Marc se retourna vivement. Bouche bée, le colosse l’observait avec ce qui, chez lui, équivalait à des yeux écarquillés (bien que ses épaisses montures ne trahissaient aucun mouvement du haut de son visage). Comme s’il voyait son minipuce pour la première fois – et ne savait trop quoi en déduire.
Il n’allait pas le repousser juste parce qu’il avait deviné où se trouvait un aussi petit objet, quand même ?! Ça ne voulait pas dire que l’ancien collégien se trouvait atteint d’une tare ignoble pour les Radikors, ou si bizarre qu’ils le prendrait pour un monstre, ou autre chose de ce genre ?!
– Mais qu’est-ce qu’il y a ? finit-il par demander, n’en pouvant plus de se questionner. Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Pourquoi vous me regardez tous comme ça ?! J’ai fait quelque chose de mal ?
Reprenant contact avec la réalité, Zane laissa un mince sourire étirer ses lèvres, dévoilant ses canines, un peu trop pointues pour être honnêtes. Il ne paraissait guère en colère pour une fois, au contraire. Le jeune homme rayonnait de ce qui ressemblait bien à de la satisfaction.
– Au contraire, gamin, tu viens de te donner une utilité ! Tu es capable de sentir le kaïru, et ça, ça peut nous donner un avantage certain sur nos ennemis !
– Moi ? Mais… C’est pas possible, je n’ai jamais eu cette impression avant, et je ne suis pas un combattant !
– Là, il marque un point, l’approuva Zair. Les deux seules personnes que nous connaissons, capables de détecter naturellement le kaïru, sont toutes de grands combattants. Pourtant, le petit ne nous a montré aucune capacité particulière dans la manipulation de l’énergie !
– Impossible, le kaïru ne se trompe jamais !
Hypothèse ou réalité, Tekris s’avança vers Marc, ébouriffant amicalement sa tignasse déjà fortement indisciplinée. Bien qu’il soit certain que ses compagnons fassent une erreur monumentale, ce dernier n’ajouta rien, persuadé que les Radikors ne tarderaient pas à revenir sur leurs propos. Après tout, ce n’était pas parce qu’il venait d’avoir deux coups de chance à la suite, que cela signifiait quoi que ce soit. Si l’on exceptait la déception venant obligatoirement après chaque faux espoir…
– Maintenant, nous allons pouvoir localiser et récolter du kaïru beaucoup plus vite ! Il nous suffira juste de développer un peu ton don, et bientôt tu seras aussi efficace que Maya, j’en suis certain, assura Zane, bien loin de partager les pensées de l’ancien collégien. Nous avons désormais une bonne raison de présenter le gamin à Lokar ! Et puis notre Maître pourra peut-être nous renseigner sur l’étrange paradoxe qu’est ce gosse.
L’intéressé se gratta le menton, s’écartant promptement de Tekris au moment où celui-ci réceptionna les bandages que lui envoya Zane, soudainement moins soucieux de prêter attention à la sensibilité du jeune garçon. Un changement imprévu, venant de lui, mais pas tellement surprenant à la réflexion. Selon son humeur, l’extraterrestre pouvait se comporter de manières totalement opposées, en quelques minutes seulement. Pile à ce moment, il réduit la distance le séparant du colosse, s’attelant à défaire le tissu, déjà extrêmement froissé par la nuit, noué autour de sa taille.
– Qui est Lokar, alors ? s’enquit Marc. Votre Maître, c’est ça ?
– Exactement, confirma Zane tout en retirant la compresse (frissonnant, le gamin sentit sa poitrine se serrer. Aucune gerbe de sang giclant jusqu’au plafond ne jaillissait de la blessure, et Tekris gardait une impassibilité de statue, mais il n’avait jamais aimé voir des plaies sur les corps des personnes lui tenant à cœur). C’est l’homme qui nous entraîne à devenir des combattants. Les plus puissants de l’Univers.
– Mais il est où justement ? Je ne l’ai pas vu une seule fois depuis que je voyage avec vous.
Cette fois, le chef des Radikors prit quelques secondes de réflexion avant de lui répondre du bout des lèvres.
– Il n’est pas sur Terre pour l’instant. Enfin, il prépare son retour, pendant que nous effectuons les missions qu’il nous donne. Majoritairement récolter de l’énergie kaïru, pour devenir plus fort. Mais ne te tracasse pas avec les détails, si tout se passe comme je le pense, tu découvriras bientôt…
Le débit du bipeur des X-Readers de Zane et Zair (celui du premier reposant dans sa pochette grise, suspendue à une équerre reconvertie en patère) s’accéléra brutalement, interrompant le jeune homme en pleine phrase, rappelant le rythme d’un électroencéphalogramme réalisé sur une personne vivant la pire trouille jamais connue de sa vie.
Avant que quiconque n’ait pu réagir, la plaque d’ambre s’illumina d’une aura teintée de violet luisant, nimbée de volutes bleu nuit, si insoutenable que Marc dut fermer les yeux, craignant de perdre l’usage de la vue si il tentait de braver son intensité. Juste avant de placer ses bras devant son visage, aussi serrés que possibles pour ne laisser filtrer aucun rayon, il distingua les trois autres Radikors, eux aussi détournés de la source lumineuse.
Au moins, il n’était pas le seul à devoir se protéger…
Le phénomène disparut aussi soudainement qu’il était apparu, sans un bruit, ni aucun avertissement. Un instant, Marc craignit de subir les affres de la cécité, puis la seconde d’après, tout revenait à la normale, comme si rien n’avait bougé, ou qu’aucun évènement extraordinaire ne venait de se produire.
Si ce n’était la plaque d’ambre, suspendue dans les airs, qui retomba sur le sol métallique dans un claquement sonore, rappelant terriblement les tocsins des églises que Marc, plus jeune, avait pu visiter avec sa mère et sa sœur, âgée de six ans à l’époque. Et encore, avaient-ils dû sortir en catastrophe, le vacarme du clocher effrayant tant la petite fille qu’elle pleurait sans discontinuer.
– Ça s’est arrêté, souffla Tekris, serrant le jeune garçon contre lui. Mais qu’est-ce que c’était que ce truc ?!
Personne n’étant en mesure de lui répondre, la question s’évanouit dans les airs, flottant entre eux, suite de mots intangibles, et pourtant pesants de présence.
Interloquée par le soudain silence, envahissant les lieux sans que personne, jusque-là, ne daigne y prêter attention, Zair baissa le regard vers l’écran de son X-Reader, redevenu muet.
– Plus de relique détectée, murmura-t-elle.
– Elle est brûlante, déclara Zane, ramassant l’objet d’ambre (quoique, Marc commençait à douter qu’il s’agisse réellement de ce matériau) en délaissant son coéquipier (ce dernier devant terminer de nouer le bandage autour de sa blessure avec l’aide de « minipuce ». Fugitivement, il observa le colosse avec ce qui, chez n’importe qui d’autre, serait passé pour du regret. Une idée si saugrenue, que Marc l’ignora).
La faisant sauter d’une main à l’autre, il ajouta :
– Mais totalement vidée de son kaïru.
– C’était bien la peine de la recharger, pour ce résultat, bougonna Tekris, passant avec l’aide de Marc son T-shirt par-dessus son crâne. On aurait pu au moins nous prévenir !
Même en l’absence d’explications, le gamin devinait sans trop de mal qui se cachait derrière le « on ».
– Ce n’est pas le plus gros problème, intervint Zair. Vu comment nos X-Readers se sont affolés, les Stax, et peut-être Koz aussi, vont détecter l’ex-relique aussi. Et je ne crois pas qu’une telle déflagration d’énergie les laissera indifférents.
– Vu la rapidité de la durée de vie de la relique en question, ils n’auront sûrement pas eu le temps de voir l’endroit où elle a été repérée, non ? proposa Tekris, enfin correctement soigné.
Personne ne croyant à sa supposition – y compris lui, réalisa Marc –, le colosse n’insista pas, se tournant vers Zane dans l’attente de ses dispositions. Ou de la suite d’un quelconque plan B mis au point par l’équipe ? Franchement, le gamin ne les connaissait pas assez pour choisir une option avec certitude.
– Rassemblez vos affaires, ordonna l’irascible extraterrestre, le plus vite possible. Dans dix minutes, on fiche le camp ! Si le X-Scaper n’a pas reçu de boost, ce qui est impossible sur pareil tas de ferraille, ça nous laisse largement le temps de s’envoler de la forteresse !
– Hum, Zane… commença Zair, le regard plongé dans les steppes glacées étendues à perte de vue. Je crois que le X-Scaper en question a détecté l’artefact de Maître Lokar bien avant nous…
D’un seul mouvement, le reste du quatuor franchit la distance le séparant de la fenêtre, s’empressa de suivre la direction indiquée par le doigt, désormais pointé, de Zair.
À quelques centaines de mètres de là, sa couleur jaune jurant avec les sombres alentours des glaciers, la silhouette massive d’un vaisseau se découpait dans le lointain.
Aussi loin que se trouvait Marc, les formes qu’il distinguait sur le toit de l’appareil, bien trop rapide à son goût, étaient un poil trop grandes pour appartenir aux adolescents que les Radikors appelaient « Stax ».
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Bonjour, bonsoir !
J’espère que ce chapitre vous aura plu ! Les choses recommencent à bouger, et ça ne fait que débuter !
Sur ce, bonne journée/soirée, et à bientôt !