Aesragen
Chapitre 19 : Ce n'est qu'un au revoir
7111 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 08/08/2020 21:57
Ce n’est qu’un au revoir (première partie)
Elle se dressait, immobile, immuable, à quelques portées de flèches de lui. Écrasante de présence, bien qu’aucune autre construction artificielle n’ait, en plusieurs siècles d’existence, réussi à imposer sa marque en empiétant sur un territoire hostile, refoulant les moins aguerris sans la moindre once de pitié. Pour avoir été lui-même élève de Lokar, en un temps déjà si lointain et pourtant imprimé au fer rouge dans sa mémoire, Koz savait la rapidité à laquelle une engelure taquine pouvait apparaître sur un doigt un peu trop imprudent.
Mais cette fois, il ne venait pas au sein de ce désert de glace la peur au ventre, traînant des pieds à l’idée de se présenter devant son ancien Maître en sachant pertinemment devoir lui expliquer un autre échec de son équipe à récolter une relique kaïru. Diara, sa plus jeune sœur, avait beau s’être autoproclamée chef des Imperiaz, l’insupportable princesse blonde n’assumait que très occasionnellement ses fonctions quand cela ne lui apportait aucun avantage personnel.
Plus étrange encore, le jeune prince s’apprêtait à entrer dans les tréfonds des entrailles de la forteresse aux côtés de ses ennemis d’hier, qu’il détestait avec passion encore un an auparavant. Observant obliquement le trio, plongé en plein conciliabule devant les commandes du X-Scaper, réunis sous le nom d’équipe Stax, Koz songea que le sens de l’humour de la vie ne correspondait pas toujours au sien… S’allier à de simples humains, certes clamant œuvrer pour le bien, dans le but d’appréhender ceux censés être ses compagnons de travail, voilà une bien bonne farce qui ne lui donnait aucunement envie de rire !
Quoique, les E-Teens de Lokar, les combattants sous ses ordres, étaient connus pour se vouer une détestation sans borne, peut-être davantage qu’à leurs ennemis d’ailleurs. Poussés par la nécessité de rentrer dans les petits papiers de leur Maître, désireux de s’arroger le titre de meilleur combattant et monter dans la hiérarchie, impatients de récolter le maximum d’énergie kaïru possible, il ne restait que bien peu de temps aux adolescents pour autre chose ne réclamant pas de se battre. Si tant était que l’un d’entre eux ait réellement envie de surmonter l’animosité instaurée par Lokar.
Lokar n’étant pas à sa disposition (et de toute façon, se retrouver face à lui ne l’enchantait guère), ne lui restait plus que les Radikors, derniers liens avec son ancien Maître, pour venger sa famille, et prouver au Redakaï que son allégeance n’était que contrainte et forcée, sa loyauté allant désormais à ceux se dressant sur le passage de Lokar. Bizarrement, même en une période aussi transitionnelle que celle-ci, les Stax ne daignaient pas oublier les quelques petites trahisons orchestrées par les Imperiaz, ni les aussi négligeables répliques un chouïa désagréables lancées par Koz ou ses sœurs.
Ce qu’ils pouvaient être rancuniers parfois ces humains…
Pourtant, ses motivations restaient sincères : faire payer à Lokar les souffrances infligées à sa famille. Le traîner devant la justice du Redakaï. Et pour cela, autant que pour prouver ses bons sentiments, mettre hors d’état de nuire sa seule équipe. Car personne, des simples novices du kaïru aux Maître aguerris, ne se voilait suffisamment la face pour croire que Lokar ne tenterait pas, un jour ou l’autre, de revenir sur le devant de la scène. Et sa vengeance ne pourrait qu’être terrible. Et particulièrement douloureuse. Après tout, l’homme avait bien inventé un type de kaïru particulier, le kaïru noir, conçu uniquement pour neutraliser les pouvoirs de Maître Baoddaï, son rival de toujours. Alors contre les responsables de sa chute, qui savait ce qu’il ferait ?
Ne serait-ce que pour le bébé de Teeny, il était de son devoir d’empêcher l’Univers de tomber sous le joug de Lokar, puisque personne à part lui ne semblait se soucier de son retour. Pas même ses parents, pourtant victimes des années durant de l’homme. Son futur enfant, puisqu’il suivait les directives de sa sœur…
D’ailleurs, d’après ses dernières informations, la jeune femme ne daignait toujours pas se mettre sérieusement en route pour retourner sur Mandraliore. Oh, bien sûr, elle se préparait, mais à sa manière. Pour un peu, Koz croirait qu’elle s’arrangeait pour mettre le plus de temps possible histoire de se persuader qu’il s’agissait de sa décisions. Ou pour lui faire payer l’affront d’avoir osé donner des ordres à sa sœur. Deux cas de figure absolument plausibles, autant l’un que l’autre. Ira-t-elle dans une maison de campagne quand son ventre s’arrondirait trop pour dissimuler son état ?! Elle avait tout intérêt à supprimer toute consommation d’alcool et autres produits susceptibles de provoquer des malformations à l’enfant. La veille, elle ne s’était pas gênée pour siffler un verre de vin, l’air de rien et en ignorant le regard peu approbateur de son frère. Pire, en pleine nuit, elle était venue lui reprocher son comportement trop suspect.
Quitte à devenir père, autant que le bébé ne souffre d’aucun handicap ! Ses parents allaient déjà hurler en comprenant qu’il engendrait un bâtard, réduisant ses chances de contracter un mariage efficace, mais si en plus l’enfant naissait malformé, ou toute autre tare, ils manqueraient en faire une bonne rupture d’anévrisme.
Le bruit de bottes claquant contre l’escalier métallique menant au toit, à l’arrière du vaisseau, sortit le jeune prince de sa rêverie. À gauche du combattant, émergeant du couloir débouchant sur la grande salle commune de l’appareil, Illian et Giacomo, revêtus de leurs plastrons de combat, inclinèrent légèrement le buste devant leur seigneur. Leur arrivée tira les Stax d’une discussion animée, les adolescents gravissant les quelques marches montant à la plateforme pour écouter ce que les nouveaux venus avaient à rapporter, à l’exception de Boomer, le pilote. Dès que les Stax l’avertirent de l’imminence de l’arrivée du vaisseau, Koz les avait envoyé sur le toit du X-Scaper, ordonnant que les abords de la forteresse soient soigneusement surveillés. Juste au cas où Lokar déciderait de réserver une petite surprise, avec son habituel goût douteux, aux intrus.
– Alors, qu’avez-vous vu ? questionna d’emblée Maya, prenant place près du banc de Koz.
Si Illian parut avoir entendu la jeune femme, ce fut vers son prince qu’il se tourna pour répondre. Un instant vexée de se voir ainsi boudée, la seule Stax se contenta de soupirer, écoutant soigneusement le rapport du quadragénaire. Ky, en revanche, croisa les bras sur sa poitrine de mécontentement, sans toutefois plus insister. Ce n’était pas la première fois que combattants et soldats s’ignoraient de la sorte, ou cherchaient à se titiller mutuellement, aussi personne n’y prêta grande attention, à commencer par les intéressés.
De toute façon, entre les combattants répugnés par les armes des soldats, et les soldats méfiants envers tout ce qui touchait au kaïru, Koz voyait mal comment intervenir positivement. Il s’efforçait déjà de respecter scrupuleusement le Code d’Honneur en s’éloignant autant que possible des pistolets et autres outils de ses hommes (et pas seulement à cause de son incompétence manifeste, connue seulement d’Illian, également son Maître d’armes), difficile pour lui de montrer de manière plus évidente sa vision des choses.
– Rien à signaler, déclara le capitaine. Tout a l’air calme là-bas, même si ça reste difficile à dire sans s’approcher davantage. Cependant, à moins d’emprunter des passages secrets ou autre artifices, je dirais que personne n’a quitté la forteresse avant notre arrivée. Rien n’a semblé voler non plus.
Koz sourit, ravi de ce rapport. Sans aucun doute, Lokar conservait quelques passages secrets et autres endroits contenant certaines de ses secrets, mais l’homme ne révélait jamais à ses E-Teens leur emplacement. Et même en supposant que les Radikors en aient découvert un ou deux, ils étaient obligés de se dévoiler à un moment ou un autre, le terrain certes accidenté, mais s’étendant sur des kilomètres de plaines autour de la forteresse, ne leur permettant pas de se dissimuler aux soldats scrutant l’immense étendue glacée.
– Peut-être allons-nous pouvoir profiter de l’effet de surprise, avança Ézéchiel, quittant la compagnie pourtant appréciée d’Ambrosios pour se joindre au petit groupe. Après tout, il fait encore nuit, et le X-Scaper ne produit presque aucun bruit en vol.
– Peu importe, tant que je reste en arrière, marmonna le médecin. D’autres feraient bien de suivre mon exemple, ajouta-t-il, lorgnant ostensiblement Noham, installés sur le canapé de l’appareil.
Tout juste remis de ses blessures, le soldat avait bataillé ferme pour obtenir l’autorisation de participer à l’expédition, en dépit des réticence du médecin du contingent. Ce qui n’empêchait pas ce dernier d’exprimer sa désapprobation aussi souvent que possible.
– J’aurais tendance à croire que notre arrivée n’est pas passée inaperçue, contesta Balthazar. Je ne compterais pas trop là-dessus à votre place.
– Peu importe, face à nous tous, ils ne pourront pas s’enfuir. Je n’aime pas ces méthodes, mais nous n’avons plus le choix. Jamais ils n’accepteront de se rendre au Redakaï.
Approuvant silencieusement la déclaration de Ky, chacun se plongea dans un mutisme réfléchi. Jusqu’à ce que Koz le brise, impatient de dévoiler son plan de secours, au cas où quelque chose tournait mal.
– Et dans le cas contraire, je pense bien pouvoir les retrouver, s’empressa-t-il d’assurer. (devant les interrogations muettes des Stax, il se dépêcha d’ajouter) Mais je suis certain que nous n’aurons pas besoin d’en arriver là. Quoi qu’il en soit, les Radikors ne nous échapperont pas.
Peu convaincus, ou sûrement persuadés qu’il s’agissait d’une vantardise de sa part, les Stax n’insistèrent pas, contrastant avec l’assurance qu’affichaient les soldats du prince, certains de sa stratégie que, contrairement au Stax, ils connaissaient. Excepté les trois nouvelles recrues, s’échangeant peu discrètement des regards intrigués, espérant sans doute que quelqu’un éclaire leur lanterne. Cependant, ils durent rester dans leur ignorance, Dolg allant même jusqu’à hausser les épaules d’impuissance, Mynnyd visiblement contrarié de comprendre que certaines choses leur restaient cachées. Mais Koz se méfiait bien trop de ses parents et de leur désir d’interférer avec sa mission, pour ne pas s’interroger de les voir arriver avec sa sœur. Juste le temps de s’assurer qu’ils n’étaient pas en réalité payés pour renseigner les souverains de Mandraliore, Koz préférait les garder à l’écart. D’accord, il avait accordé un bref instant sa confiance à Caddar, mais il se trouvait survolté par la perspective de parvenir à ses fins. Un petit moment d’égarement.
Devant le peu d’intérêt présenté par les Stax, le prince se garda bien d’en révéler plus, et encore moins qu’il pensait connaître d’autres informations capitales. Sur le gamin accompagnant les Radikors, par exemple.
Personne n’ouvrit plus la bouche avant que le vaisseau n’atterrisse, soulevant un nuage de poudreuse sur son passage tandis que les pales ralentissaient lentement, réduites au strict minimum par Boomer pour limiter le frottement du métal sur l’air. Peu croyaient réussir à pénétrer au sein de la forteresse sans se faire repérer, néanmoins les Stax avaient décidé de prendre le maximum de précautions possibles.
Koz, frustré de constater qu’il ne pouvait faire autrement qu’agir selon les convictions des monastériens (surtout après l’incendie de la jungle cambodgienne, un chouïa trop radical, d’après les humains. Une opinion que le prince désapprouvait ; au contraire), dut s’incliner devant leurs consignes, n’osant croiser le regard de ses hommes, de plus en plus agacés de suivre, au final, l’avis d’un trio d’adolescents.
Le X-Scaper avait été posé juste devant les lourdes portes de la forteresse, seule entrée connue en dépit des nombreuses explorations menées par le Redakaï. Quelques pas furent suffisant pour gravir les marches, Koz murmurant aux trois nouvelles recrues de son contingent de se poster devant l’entrée, et de surveiller les issues au cas où les Radikors feinteraient et tenteraient de s’échapper par les fenêtres.
La tension monta d’un cran, quand Ky, X-Reader en main, entrouvrit prudemment les battants, s’engageant dans le couloir cubique tant de fois emprunté par le jeune prince. Sauf que cette fois, il était là en tant que conquérant, et pas comme combattant, ou larbin de Lokar plutôt !
Le claquement des portes se verrouillant provoqua une onde de sursaut au sein des alliés du monastère. Ouvrant la bouche, cherchant encore quoi choisir entre accuser les Stax de les mener dans un guet-apens, ou demander pourquoi le Redakaï avait installé une serrure invisible dans l’entrée principale de la forteresse, un cri guttural, lancinant, figea le prince. Devant lui, surgissant du sol comme si la matière n’existait pas dans le monde qu’ils arpentaient, immatériels et n’obéissant pas aux mêmes lois que le commun des mortels, les silhouettes pourpre des spectres de Lokar se dressèrent devant eux, gueules ouvertes sur ce qu’ils considéraient déjà comme leur futur festin.
Négligeant les consignes énoncées par les Stax juste avant de descendre déclarant qu’il leur fallait absolument recourir à leurs armes seulement en dernier recours, David et Eliau sortirent leurs pistolets, tirant à plusieurs reprises sur les spectres crées par Lokar. Sans résultat, les balles les traversant comme s’il fut agi d’un mur de brume. Réalisant l’inutilité de leur geste, les deux soldats se tournèrent vers le prince, attendant un ordre, une explication, sur la manière de neutraliser ces choses.
Sentant qu’il valait mieux pour lui lancer quelque chose, sans déterminer exactement quoi, Koz dit la première chose lui passant par la tête.
– Arrêtez de tirer, ils sont invulnérables aux armes ! Seul le kaïru peut les supprimer.
– Un piège ! s’étrangla Boomer. Pourquoi à chaque fois que nous venons dans le repaire de Lokar cela finit-il toujours de la même manière ?
Dans un cri guttural, les spectres tournèrent autour des combattants, les encerclant tant et si bien qu’aucune fuite n’était désormais possible. Une manœuvre auparavant subie par les Stax, d’après leurs propres dires ; néanmoins, Koz se rappelait encore de l’époque où les gardiens de la forteresse se contentaient de pourchasser leur proie jusqu’à épuisement, privilégiant le nombre à la stratégie.
– Je croyais que le Redakaï contrôlait les lieux, marmonna Koz.
Invoquant une « griffe tranchante », une attaque classique rouge, représentant quatre ergots jaillissant de sa propre main se poursuivant par une traînée épaisse de jaune et d’orange, le prince repoussa un spectre, trop impatient de passer à l’attaque, ayant saisit Noham par les épaules dans la ferme intention de le mettre hors d’état de combattre…
– Considère ça comme un aveu de la présence des Radikors, répondit Boomer.
– Restez derrière moi, cria Ky, se plaçant en avant du groupe. Je sais comment nous en débarrasser rapidement ! Ce n’est pas la première fois que nous avons affaire à eux.
S’assurant que tout le monde suivait ses instructions, le contingent de Koz attendant volontairement son aval avant de daigner s’écarter à leur tour, le chef des Stax dégaina son propre X-Reader, l’écran s’allumant à peine pris en main.
– Métanoid Platine va pouvoir nous donner un coup de main, murmura-t-il.
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– Profitons qu’ils soient occupés avec les fantômes pour filer, suggéra Zair, trottinant pour rester près de ses camarades et de leurs grands jambes.
– Au contraire, mieux vaudrait les attaquer par surprise en profitant pendant qu’ils sont occupés à se débarrasser d’eux, vulnérables, marmonna Zane, frappant du poing dans sa paume.
– Et tu feras quoi quand les soldats de Koz se mettront à nous tirer dessus ? Les Stax leur diront sûrement d’arrêter rapidement, mais aucun d’entre eux ne manquera d’essayer, tu le sais bien !
Seul un grognement frustré lui répondit, l’irascible extraterrestre laissant échapper quelques imprécations bien vaines, juste pour ne pas donner l’impression d’abandonner aussi facilement, foudroyant Zair du regard comme si elle était coupable de toutes les emmerdes de l’Univers. Davantage concentrée sur leurs chances de se tirer de ce traquenard, l’adolescente se contenta de hausser un sourcil blasé, affichant un semblant de contrition si peu convaincant, que son chef d’équipe en fut encore davantage vexé.
Prévoyant, Marc se coula derrière Tekris, au cas où Zane chercherait sa tignasse érable pour reporter son énervement visuel sur lui, comme d’habitude. Tandis que le colosse s’efforçant de regarder avec un intérêt hautement scientifique la lueur orange émanant des murs, inquiet de devoir donner son avis sur un sujet sans bonne réponse. Heureusement, Zane n’insista pas, réajustant son sac à dos, passant une main sous la sangle pour vérifier la bonne mise en ordre de son paquetage à travers le tissu.
La salle choisie par les Radikors figurait parmi les pièces interdites d’accès au garçon, aussi, en dépit du critique de la situation, Marc fut ravi d’en découvrir un peu plus sur ce qui avait été son lieu de vie durant plusieurs semaines. Le quatuor sortit d’un couloir, aussi étouffant que ses congénères de par leur enfermement, pour déboucher sur une balustrade courant tout le tour de la salle circulaire, un garde-fou transparent taillé dans le verre montant jusqu’à la taille des adolescents, à la poitrine pour l’ex-collégien, offrant un panorama en contre-plongée permettant d’observer l’ensemble des lieux de leur hauteur.
Dès le premier regard, il devina pourquoi l’équipe d’extraterrestres avait choisi cet endroit, plutôt qu’un autre : sans conteste, il s’agissait de la plus grande pièce de la forteresse, pourtant habituée aux plafonds inaccessibles, garnies de murs spiralés munis de plateformes jusqu’à atteindre le sommet. Ainsi, la baie vitrée, cette fois en contact avec le sol, laissait un large choix de piste d’envol pour les Radikors. Une sorte de tube gigantesque strié, d’un bleu métallisé, tombait du plafond, stalactite artificiel dont Marc ne comprenait pas l’utilité, à dire vrai. En face de lui, posé au centre de la salle, un socle également circulaire de forme évasé reposait sur une plaque transparente, couleur d’ambre, laissant apparaître qu’elle s’enfonçait dans les tréfonds de la pièce jusqu’à former comme une goutte géante, sans que Marc ne comprenne à quoi cela pouvait bien servir. Un débord bleu-gris sombre, construit dans le métal étrange propre à la forteresse, cerclait cette plaque, traversé par quatre passerelles de plusieurs mètres de large chacune, chacune rejoignant les murs, rappelant au garçon les quatre points cardinaux. Deux d’entre elles conduisaient même à une porte, permettant de sortir de la pièce.
Et en-dehors de cette construction centrale et des passerelles, rien. Seulement un immense vide dans lequel se prolongeaient les pieds de l’espèce de boussole géante. La fameuse lumière orange, ornant déjà la plupart des murs de la forteresse, émanant du fond du gouffre, empêchant le garçon d’en distinguer le fond. Mais il n’en avait guère besoin pour comprendre qu’il valait mieux éviter de tenter l’expérience du plongeon.
Sans un mot, Zane et Zair passèrent par-dessus le balcon, atterrissant sans encombre plusieurs mètres plus bas. Alors que Zair s’élançait déjà vers l’immense vitre, définitivement le plan de sortie de son équipe, Zane stoppa rapidement sa course, se retournant pour observer la descente de ses deux autres compagnons, le front plissé par, ce qui n’importe qui d’autre, passerait pour de l’inquiétude.
Mais connaissant l’irascible extraterrestre, sûrement s’impatientait-il devant ce qu’il considérait comme de la lenteur, conclut l’ex-collégien. Penchant légèrement le buste pour évaluer la distance le séparant du sol, la tête lui tourna soudainement, ses mains agrippant le contact glacé du verre. Affolé, il se retourna vers le colosse, incapable d’articuler un son. Impossible pour lui de sauter sans se casser quelque chose, enfin !
Lui adressant un sourire, Tekris passa un bras sous ses jambes, tandis que l’autre enserrait ses épaules. Le soulevant comme s’il ne pesait guère plus qu’une plume, l’extraterrestre enjamba à son tour la plaque transparente, Marc serrant les mâchoires pour ne pas crier de terreur. Il savait pourtant qu’ainsi porté, rien ou presque ne pouvait lui causer le moindre mal, mais contrer ses réflexes relevait quasiment de la prouesse…
À peine les pieds entrés en contact avec le sol, le colosse relâcha sa prise, laissant son fardeau glisser de ses bras, empoignant son biceps encore malingre pour l’entraîner à la suite des Radikors, Zane s’étant remis en route une fois certains que les deux garçons arrivaient à bon port.
– Et qu’est-ce qu’on fait si Koz a laissé des hommes dans le X-Scaper ? demanda Tekris, remontant à hauteur de son chef d’équipe.
– Nous aviserons à ce moment-là, répondit dans un souffle l’intéressé, sans regarder son interlocuteur, une toute nouvelle manie qu’il semblait avoir acquérit dans la matinée. Pour l’instant, l’important est de sortir d’ici avant que les Stax, et ce parvenu de Koz, ne parvienne à se débarrasser des spectres de Lokar !
En tête du groupe, sa vitesse permettant de compenser sa petite taille afin de conserver son avance, Zair freina brusquement, bondissant en arrière au moment où Zane s’apprêtait à la rejoindre.
– Non mais qu’est-ce que tu fais encore ?! cracha-t-il, forcé de sauter sur le côté pour l’éviter.
– Hache blizzard ! tonna la voix de Boomer, au-dessus du quatuor.
Là où se tenait Zair une seconde plus tôt, l’arme invoqué par le blond, vert étincelant d’un éclat menaçant, mordit le métal, laissant une profonde entaille dans la passerelle après sa disparition.
Déglutissant péniblement, clignant plusieurs fois des paupières en observant la marque ainsi apparue, Marc songea que même si les attaques kaïru disparaissaient relativement rapidement, tout comme leurs effets sur les êtres vivants, personne n’avait envie de se prendre une arme de cette taille en pleine tête.
– Vous n’allez nulle part ! renchérit Koz, apparaissant, accompagné des Stax et de ses hommes, sur la balustrade. Vous n’irez d’ailleurs plus nulle part.
– Sans vouloir paraître pessimiste, je crois que c’est râpé pour les prendre de vitesse, déclara – très pragmatiquement – Zair, sa main se portant instinctivement à la pochette accrochée à sa cuisse.
– Non, tu crois ? ironisa Zane, se plaçant devant Tekris et Marc, en garde.
Empruntant le même chemin que les Radikors, les quatre combattants ennemis atterrirent souplement sur le sol. Les soldats du prince, forcés de dérouler des cordes pour atteindre le lieu de la confrontation, n’en descendaient pas moins avec une célérité que pouvait seule provoquer l’excitation.
– Le kaïru prismatique peut avoir diverses utilisations, très utiles d’ailleurs, lança Ky, moqueur. Y compris se débarrasser des spectres de Lokar.
– Il va falloir admettre que nous sommes plus forts que vous ne le croyez, railla Boomer, se mettant à son tour en position d’attaque.
– Pitié, tu me l’as déjà faite celle-là ! soupira Zane, écartant théâtralement les bras. Varie un peu, tu veux ?
– Très bien, alors que dirais-tu, pour une fois, de nous suivre gentiment, et nous ne taperons pas trop fort ?
Étrangement, la proposition faussement généreuse du blond ne parut guère plaire à Koz, impatient d’en découdre. Au fond, Marc ne pouvait pas tellement lui en vouloir : les Radikors l’avaient, mine de rien, humilié à la fois devant ses hommes, et devant ses alliés.
Pas étonnant qu’il soit un peu ronchon…
– Non, ça aussi tu l’as dit, et pas qu’une seule fois. Aurais-tu les oreilles bouchées ?
– Pourquoi perdre autant de temps ! intervint Koz. Nous sommes là pour une chose, vous mettre hors d’état de nuire. Et tout le monde sait comment tout ça va se terminer, ajouta-t-il, lourd de sous-entendus.
Une fraction de seconde, le temps se suspendit. Une fraction de seconde qui scella définitivement la suite des évènements. Une fraction de seconde que Marc, malgré tout, n’aurait pas voulu connaître.
– Alors pourquoi traîner ? Défi kaïru ! lança Tekris, joignant les poings, imité par ses camarades.
– C’est beau d’y croire encore ! se moqua Ky.
Aucun des Radikors ne réagit à sa plaisanterie, à l’exception de Marc, forçant sa main à se décrocher de la ceinture de Tekris. Ce n’était pas le moment de gêner ses compagnons.
– Défi accepté.
– Bloquez toutes les issues, ordonna Koz aux soldats, approuvé silencieusement par son capitaine. Personne ne doit s’échapper aujourd’hui, à n’importe quel prix ! Sauf Illian, Ézéchiel, Killian et Giacomo, avec moi !
– Dommage, tu auras bien du mal à te cacher quand tu commenceras à perdre, tança Zair, croisant les bras dans une posture faussement décontractée.
Plusieurs des soldats du prince portèrent la main à leur ceinture, tendus à craquer bien qu’ils exécutassent les ordres de leur seigneur, coupant ainsi toute retraite sans combattre. Les iris doré de ce dernier étincelèrent, les dents serrées à s’en faire mal.
– Nous verrons bien qui rira, à la fin de la journée. Grindoid !
Comme dans la jungle cambodgienne, le corps du jeune homme disparut, se muant dans un cri en une créature monstrueuse à la voix bizarrement transformée.
– Métanoid ! invoqua Ky à son tour.
– Harrier ! le suivit Maya.
– Froztok ! acheva Boomer, clôturant les transformations de leurs ennemis.
Plus d’adolescent, ni même d’êtres humains. Seulement des monstres, trois, voir quatre pour certains, fois plus grands qu’un homme adulte. Trop peu épuisés par les fantômes de Lokar, ajouta Marc en lui-même.
Ce qui lui amena une autre question : qu’est-ce que pouvait donc bien être le kaïru prismatique, pour contrer ainsi les formes évanescentes ayant faillit mettre prématurément fin à la petite équipe ?
– Zane ? murmura-t-il, sans trop savoir comment continuer sa phrase.
– Tiens nos sacs, coupa le chef des Radikors, glissant les anses de ses bras pour tendre son bagage au garçon, imité par ses coéquipiers.
Aucune trace d’angoisse ou de véritable peur sur le visage du jeune homme. Juste un agacement profond, assorti d’une réflexion pleine d’assurance quand il posa son regard sur l’ex-collégien.
Si le vert ne paraissait pas inquiet, alors que lui crevait de peur devant le nombre d’assaillants, c’était sûrement que la situation n’était pas aussi catastrophique qu’il ne le croyait, non ?
– Cette fois, ils ont sorti l’artillerie lourde. À nous de répliquer. Maneglor ! clama Tekris, tirant de la pochette pendant à sa taille son X-Reader.
Les deux X-Drives représentant, pour l’un la silhouette de l’adolescent en position de frappe, pour le second une créature bestiale, poing en avant, flottèrent une fraction de seconde côte à côte, au-dessus du petit appareil, avant de se fondre en une seule entité. Désormais davantage familier avec les transformations kaïru, Marc n’eut qu’à plisser un peu les paupières pour ne pas finir ébloui par l’intense luminosité dégagée par la fusion. Quand le chatoiement décrut, ne restait plus que le monstre signature du colosse, la forme humanoïde de l’adolescent envolée.
Au fil des entraînements communs des Radikors, l’ex-collégien avait pu plus d’une fois rencontrer le Maneglor. Cependant, il ne parvint pas à censurer l’esquisse de recul amorcée par son corps, pas plus qu’il ne réussit à ignorer le long frisson remontant le long de son échine. Une sourde inquiétude naissait au creux de sa poitrine chaque fois qu’il pensait que Tekris venait de disparaître sous la masse musculeuse se tenant désormais à sa place, sans aucun autre indicateur de sa présence qu’une voix modifiée rappelant vaguement celle berçant ses oreilles lors des nuits sans sommeil.
L’apparence du monstre kaïru ne l’aidait pas non plus à se sentir rassuré. Le plus impressionnant étant son torse large et épais, clamant à la face du monde que la créature devant soi privilégiait davantage la force physique avant quoi que ce soit d’autre. Étrangement, les petites jambes, contrastant avec la masse su reste du corps ne prêtait guère à rire, et pas seulement parce Marc avait déjà vu le colosse bondir sur l’un de ses coéquipiers, profitant du poids de Maneglor. Principalement quadrupède, ce dernier possédant, outre ses puissants bras avant au niveau de ses omoplates, dont les coudes se prolongeait sur une dizaine de centimètres par une excroissance, une seconde paire, bien plus fine, greffée sur ses côtes, idéale pour assurer un grand équilibre à la bête, ou saisir un imbécile s’approchant de trop près. Une petite tête prenait place à l’extrémité de la colonne vertébrale légèrement courbée, sur laquelle était incrustés deux yeux ovales d’un jaune-vert malveillants, traversés par une minuscule fente ébène. Un menton carré se tenait sous une mâchoire large, garnie de petites dents pointues espacées de plusieurs centimètres, et semblait se prolonger sur une diagonale par deux grandes oreilles pointant vers l’arrière. Alors que le corps du monstre se teintait uniformément d’un vert sombre, mi-reptilien mi-terreux, une crête fournie courant le long du milieu de son dos tranchait par sa fourrure oscillant entre le beige et le blanc. Enfin, à l’exception des jambes, des lignes d’un mauve éclatant, comme illuminé de l’intérieur, courait sur la peau épaisse, soulignant les muscles saillants et les plis de la chair. Sauf en haut des bras principaux, où elles formaient un trio d’étranges symboles : un triangle pointe vers le haut, entouré de deux autres marques formant un losange au milieu traversé par une ligne horizontale, et au côté extérieur de la moitié supérieure ouverte.
– Je n’aurais pas dit mieux ! Et tu ne seras pas le seul à t’amuser un peu ! assura Zair, s’avançant à son tour. Crapler !
Également connu du plus jeune membre du quatuor, le monstre signature de la seule fille de l’équipe était à la fois semblable, et très différent des créatures invoquées par ses compagnons combattants. Ressemblant par rapport à l’impression de dangerosité, d’obscurité qu’il dégageait, par la luminescence apparemment propre aux monstres invoqués par les extraterrestres. Et pourtant tellement différent dans sa structure !
Si Bruteron restait le monstre possédant la plus grande taille, dépassant Maneglor de trois bonnes têtes, Crapler se situait pile entre les deux. Plus élancé que ses camarades, Marc le considérait comme le monstre le mieux proportionné des trois, et le plus humanoïde si l’on oubliait les trois doigts aux mains, en grande partie grâce à ses longues jambes. Comme pour les deux autres, les coudes de Crapler continuaient en formant deux excroissances, plus prononcées cependant, comme pour protéger sommairement les bras. Une impression renforcée par les larges épaulettes posées sur les omoplates du monstre, avoisinant le mètre de longueur, accompagnées d’une seconde pièce plus proche du cou, s’élevant cette fois vers le ciel en pointe. Comme si cela prolongeait l’armure que formait le corps du monstre. Un ovale sombre ornait la poitrine de Crapler, cerné de lignes, vert clair pour lui, s’étalant le long du torse en laissant cependant un espace vide dans le « couloir » prolongeant l’ovale. Les clavicules, l’extérieur des bras, ainsi que le devant des cuisses se trouvaient de même recouverts de ces symboles, tout comme le front du monstre, ceint d’une forme de flèche, et le coin de ses petits yeux rouges. La tête, elle, prenait une forme arrondie, coupée par les mâchoires aux traits davantage marqués, munies de petites dents tout aussi pointues que celles de Maneglor, et surtout plus nombreuses. Chaque fois qu’il se trouvait face à cette créature, Marc devait se rappeler que les combattants ne se battaient qu’avec leurs attaques kaïru (et de temps en temps se donnaient un petit crochet du droit, d’après les sous-entendus de Zane, mais cela restait rare), et qu’il ne risquait pas de voir l’une de ses jambes croquée avec appétit. Deux longs sourcils pointaient vers l’extérieur, tandis que l’espace formé par le museau aplati de Crapler remontait jusqu’au sommet du crâne, formant deux fines cormes plates, reliées entre elles et au reste de la tête par ce qui ressemblait à de la peau. Excepté ces morceaux de chair, une boule sous les épaulières, une petite bande sur les hanches et le devant du cou et l’arrière du crâne, d’un noir strié de rouge, et le bout des griffes, uniformément noir, Crapler arborait une teinte d’un bleu mat
Face aux Stax, à Koz et à ses hommes, les deux créatures formèrent un bloc momentanément infranchissable, les deux Radikors arborant les poses les plus menaçantes possibles avec leurs monstres.
– N’oubliez pas, souffla Zane, contentons-nous de les repousser le temps d’atteindre la fenêtre, et filons !
Si le regret de ne pas botter un bon coup les fesses des envahisseurs se lisait clairement sur les traits durs de l’adolescent, personne ne le contredit. Surtout que maintenant, l’ex-collégien comprenait pourquoi le chef des Radikors, en dépit de son caractère belliqueux, avait choisi la retraite plutôt que l’affrontement.
Mais avaient-ils seulement une chance de s’en sortir, cette fois ? Se demanda le garçon, promenant son regard sur les Stax, Koz, les soldats chargés de bloquer les issues. Trop de monde, beaucoup trop…
Instinctivement, Marc se rapprocha de Zane, le seul à avoir conservé son apparence humanoïde. Se reprit rapidement sous le regard désapprobateur onyx, modifiant sa position afin de se mettre en garde. Un détail qui n’échappa pas au chef des Stax, qui ne lâchait pas son opposé Radikors des yeux. L’inverse frôlant la véracité, tant Zane se crispait dès qu’il apercevait le brun, peu importait ses occupations.
– Alors comme ça, ce gamin est bien une recrue de Lokar, siffla l’humain, ses iris bleu se parant d’une teinte orageuse. Et dire que j’ai faillit croire à ton cinéma, reprit-il à l(intention de Crapler, comme quoi il était arrivé dans votre équipe par hasard. Pourtant, je devrais savoir qu’il ne faut pas se fier aux Radikors !
– Dommage que tu aies tant de mal à retenir tes leçons, railla immédiatement Zane.
Au même moment, serrant les poings à s’en faire blanchir les phalanges, Marc lâcha, acerbe :
– Je me contrefiche de ton Lokar ; moi, ce sont les Radikors que je suis !
Plusieurs visages se tournèrent vers lui, majoritairement surpris ; à l’exception de Zane, ses lèvres se tordant en une moue satisfaite, tandis que ses yeux lui murmurait la condamnation augurée par cette déclaration.
Pour la première fois depuis longtemps, il se sentit presque… content de lui. Aussi, se risqua-t-il à adresser un mince sourire timide à l’irascible chef des Radikors. L’intéressé ne lui répondit nullement, que ce soit physiquement ou oralement ; pourtant, Marc eut l’impression de ne pas avoir trop gaffé, étrangement.
– Choc briseur ! invoqua Zair, pliant ses bras sur le côté, avant de les lancer avec force devant soi.
L’attaque verte fusa, si vite que Marc eut du mal à la suivre des yeux. Le jet lumineux frappa le sol, au milieu du groupe de soldats et des Stax, rebondit sur le mur de gauche, avant de revenir, plus rapide encore, frapper les hommes sur la droite. Froztok et Métanoid, englobés dans l’attaque, tombèrent à genoux, heurté de plein fouet car cibles premières de l’adolescente. Plus vif, Harrier esquiva l’offensive, profitant de la haute taille des plafonds pour prendre de la hauteur. Alors qu’elle venait à peine de s’arrêter dans son ascension, se tournant vers l’équipe adverse, Marc sentit une drôle de sensation fourmiller au creux de son ventre. Un peu comme quand, poussé par air, il s’était concentré sur le kaïru, mais différent en même temps. Plus… présent ?
– Je crois qu’elle va lancer une attaque brutale, souffla-t-il.
– Quoi ? Une attaque brutale ? répéta Zane, l’observant avec insistance.
– Ouragan dévastateur ! cria Maya.
Le bruit, insupportable chuintement vrillant ses oreilles, frappa d’abord Marc. L’espace d’un instant, il ne vit que cela, un voile tourbillonnant, emplissant son champ de vision, ou presque, entortillant ses vents déchaînés en une ronde infernale. Puis, son corps, trop léger pour supporter l’assemblée de vents violents, décolla du sol, entraîné dans une spirale dans laquelle il ne distingua que de vagues contours.
Tout s’arrêta aussi brusquement que cela avait commencé. Son flanc frappa le sol sans douceur, remontant une flopée de points noirs devant ses pupilles hagardes. Récupérer sa vision normale exigea une forte concentration, plissant les paupières au maximum le temps que le monde cesse de tourner.
L’attaque n’avait pas été aussi violente que celle envoyée par Koz, une éternité avant ( « mur de lames » ? Quelque chose dans le genre en tout cas), songea-t-il machinalement. Enfin, ce n’était déjà pas si mal !
Les combattants kaïru ne s’envoyaient peut-être pas de véritables armes, ni des attaques permanentes, mais les conséquences de celles-ci suffisaient largement à couvrir les corps de bleus et bosses. Maintenant, l’ex-collégien comprenait mieux le fou rire ayant saisi les Radikors le jour où, les voyant rentrer de ce qu’ils appelaient une mission particulièrement fourbus, il avait demandé comment cela se faisait qu’ils revenaient en boitillant alors que les combats ne comportaient aucun risque réel physique.
Redressant péniblement le nez, il distingua, un peu plus loin, Zane se mettre à quatre pattes, puis revenir sur ses pieds en quelques secondes. Tanguant quand il tenta d’avancer d’un premier pas, l’irascible extraterrestre s’arrêta prudemment, se frottant la tempe en maugréant.
– Définitivement, je ne rigole plus. À mon tour de jouer !
Sortant à son tour son X-Reader de sa gaine protectrice, il ouvrit la bouche, bien décidé à se joindre…
Claquement sec, tranchant l’air incongrûment. Autour du poignet du jeune homme, une fine lanière s’enroula étroitement, remontant sur son avant-bras, l’orangé caractéristique du plasma scintillant sous les éclats de la lune. Bouche bée, Zane remonta le long du fouet mordant le tissu de ses bras.
Profitant de la confusion pour se glisser à l’arrière du gros du front, Illian se tenait là, à quelques mètres à peine du duo. Jaillissant d’une poignée stylisée, décorée des ornements de la famille royale de Koz, le fouet manié adroitement vibra sous la pression.
– Ne croyez pas que ce sera si facile, siffla le capitaine de Koz, la colère allumant son regard.
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Bonjour, ou bonsoir !
Voici la première partie de « Ce n’est qu’un au revoir » ; le chapitre étant trop long, j’ai préféré le séparer en deux, d’où la longueur moins importante que d’habitude. La scène contre les spectres de Lokar est volontairement écourtée, tout comme c’est normal si je n’ai pas décrit Métanoid Platine ; les monstres Platine seront décrits un peu plus précisément par la suite.
Si vous voulez voir le physique de Crapler et Maneglor, rendez-vous sur le forum de fanfictions.fr !
Alors, à votre avis, que va-t-il se passer ? Et pour qui sera l’au revoir ?
Sur ce, bonne journée, ou soirée, et à très vite !