Les troubles de l'adolescence

Chapitre 2 : Conséquences

2270 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/04/2017 14:05

Chapitre 2 : Conséquences


Au matin, l’incident sembla irréel à Ranma qui se demanda s’il ne l’avait pas rêvé. Après cette nuit plutôt agitée, il s’était réveillé d’humeur maussade et surtout, il se sentait affamé. Il se dirigeait donc vers la cuisine quand Nabiki l’arrosa d’eau glacée par accident.

— Ho ! Pardon Ranma ! Je voulais aider Kasumi à arroser les fleurs !

Pour une fois qu’elle faisait quelque chose de ses dix doigts ! Les jours où il ne se transformait pas en fille pouvaient se compter sur les doigts d’une seule main ! Soupirant, il prit donc la direction de la salle de bain afin de reprendre sa véritable apparence. Il ne fut qu’à moitié surpris de trouver Ryoga dans la baignoire. Cet imbécile devait en avoir marre de passer pour un cochon. Il n’était par ailleurs pas rare, chez les Tendo, de trouver de parfaits inconnus en train de prendre un bain. Les maudits se succédaient dans cette maison et avaient souvent besoin d’eau chaude pour revenir à leur état d’origine, à commencer par le père de Ranma qui se changeait en panda. Le jeune homme se déshabilla donc sans se préoccuper le moins du monde de son apparence féminine. Il se plongea dans l’eau bienfaisante, évitant de regarder le corps nu à demi émergé de Ryoga.

— Qu’est-ce que t’as ce matin, t’es pas bien ?

La voix agressive du vagabon le fit sursauter. Qu’est-ce qu’il veut dire par là ? Tout va bien ! Non ? Bon sang ! Il fallait qu’il sorte de là avant que l’autre dégénéré ne se rende compte que quelque chose clochait. 

Ranma releva les yeux et croisa le regard dur de son camarade.

— De quoi tu parles ? demanda-t-il innocemment.

— Tu rentres dans la salle de bain, tu me trouves et rien ! Pas une seule réflexion désagréable, aucune moquerie, même pas une insulte ! C’est pas normal !

— Qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? 

Non mais on rêve ! songeait-il. Pour une fois que je ne l’asticote pas c’est lui qui me tombe dessus ! Ryoga se rapprocha alors de lui, plantant ses yeux jaunes dans les siens.

— Tu évites mon regard ! Qu’est-ce que tu as encore fait comme connerie ?

C’est le monde à l’envers ! s’offusqua Ranma, c’est lui qui se branle en pleine nuit en pensant à ma fiancée et c’est moi qui suis mal à l’aise ! Il s’obligea à soutenir le regard du garçon. Après tout, il n’avait rien fait de mal à bien y songer. Malheureusement, il se mit brusquement à rougir en repensant à l’expression de Ryoga la veille, à ses joues rouges, à son souffle court, à… Et à sa grande horreur, il sentit poindre une érection. Il bondit hors de la baignoire et s’aspergea aussitôt d’eau froide ce qui eut pour effet non seulement de le calmer mais surtout de le retransformer en fille. Il se tourna alors vers un Ryoga médusé et lui cria d’une voix suraigüe :

— Tu vas squatter encore longtemps ici, espèce de pervers ? J’en ai marre de te croiser à chaque couloir et jusque dans mon bain ! Tout ça pour jouer les cochonnets avec Akané ! 

— Tu es jaloux de ma relation avec Akané, voilà tout ! Tu aimerais bien dormir avec elle !

— Tu… te… qu… bafouilla Ranma le souffle coupé, ne pouvant avouer qu’il savait quel genre de « relation » avait ce crétin avec sa fiancée. Il finit par lui lancer la bassine en bois qu’il tenait encore à la main en pleine figure avant de s’enfuir, sans penser à sa nudité toute féminine, filant dans sa chambre.

— Ce crétin de Ryoga ! fulminait-il tout en s’habillant. Il me pourrit la vie !

Par prudence, il décida de rester en fille tant que l’autre imbécile traînerait dans les parages. Cela lui éviterait toute manifestation trop voyante de la part de son pauvre corps saturé d’hormones en folies. Mais bon sang, que lui arrivait-il ? Il venait d’avoir une érection juste en regardant Ryoga Hibiki nu dans son bain ! Il était en train de tomber malade, il n’y avait pas d’autre explication. Ou alors, un sort ! C’était déjà arrivé après tout. Il avait passé plusieurs jours à être fou amoureux de Ryoga quand celui-ci l’avait ensorcelé par erreur à la place d’Akané. Ce gars était un dangereux psychopathe ! Il fallait s’en méfier ! Tout à ses sombres pensées, Ranma se dirigeait vers le dojo espérant qu’un peu d’activité physique le calmerait quand il tomba nez-à-nez avec l’autre abrutit qui s’entraînait dans le jardin avec son garçon manqué de fiancée.

Non mais c’est pas possible !

— Qu’est-ce que tu fous là toi, encore ! attaqua-t-il méchamment.

— Non mais, qu’est-ce que ça peut te faire ? J’entraîne Akané pour le prochain tournoi du lycée, répondit Ryoga. Je vois que t’es toujours pas calmé. T’es un dangereux malade ! Je peux savoir pourquoi tu m’as agressé de bon matin ?

En guise de réponse, Ranma lui décocha une droite dans la mâchoire que Ryoga ne vit pas venir. Celui-ci tenta de répliquer mais Ranma le para et l’envoya valser d’un violent coup de pied. Sa fureur décuplait ses forces malgré son apparence féminine et ce fut Akané qui les sépara.

— Mais enfin Ranma, laisse ce pauvre garçon tranquille. Il cherche seulement à m’aider !

Le « pauvre » Ryoga encaissa difficilement la pitié d’Akané et sentit la moutarde lui monter au nez. Ce damné Ranma s’amusait à faire de sa vie un enfer à chaque seconde ! Il se releva mais fut estomaqué de voir Ranma-fille gifler Akané, ponctuant son geste d’un glacial :

— Pauvre idiote, tu ne comprends rien !

Puis elle fila en sautant sur les toits.

Le récit de la gifle fit le tour du dojo en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et Ranma dû manger autour d’une table silencieuse, à côté d’une Akané austère serrant son cochon sur ses genoux, cochon qui fixait la fille à la natte d’un regard mauvais et qui tenta de la mordre à plusieurs reprises lors du déjeuner. Ranma décida donc après un bon bain chaud de quitter le dojo pour aller prendre du bon temps au restaurant d’Ukyo-chan, son amie d’enfance.[1]

Celle-ci l’accueillit avec tout son affection habituelle, lui servant autant d’okonomiyaki qu’il le désirait en le couvant d’un regard empli d’amour. Le jeune homme en profita pour regarder plus attentivement son amie, qu’il prenait pour un garçon lorsqu’ils étaient enfant. Il se rendait compte à présent qu’elle était très belle et le kimono qu’elle portait aujourd’hui mettait en valeur la finesse de sa silhouette. Ses longs cheveux étaient noués bas sur sa nuque délicate. Concentré, il chercha à retrouver le trouble qui l’avait saisi devant Ryoga mais dû admettre qu’il ne ressentait rien pour Ukyo. Elle était comme un frère et il n’arrivait pas à la voir autrement, au grand damne de celle-ci qui se considérait comme sa seule et unique fiancée.

— Tu n’as pas l’air bien Ran-chan, remarqua la jeune cuisinière.

— C’est Akané qui m’énerve en ce moment. Cet idiot de Ryoga a débarqué et…

Il ne termina pas sa phrase, plongé dans ses pensées. Et Shampoo[2] ? Elle était divinement belle. Peut-être qu’il ressentirait du désir pour elle ? Il décida de quitter le magasin d’Ukyo pour le Cat café que tenait la jeune amazone, sans la moindre explication et sans remarquer l’air interloqué et légèrement vexé de son amie d’enfance.

La jolie chinoise lui sauta dessus dès son entrée dans le café, se lovant contre lui. Il sembla au jeune homme que Shampoo ronronnait, ce qui ne devait pas être loin de la vérité puisqu’elle avait la triste habitude de se transformer en chat. Elle était tombée dans les sources maudites et à son grand malheur, avait découvert que Ranma haïssait les chats. Le jeune homme passait donc le plus clair de son temps à l’éviter. Aujourd’hui pourtant, en totale contradiction avec son comportement ordinaire, Ranma ne cherchait pas à la repousser. Les yeux fermés, il se concentrait sur les sensations qu’il ressentait. Le parfum de la jeune fille était envoûtant, son corps était doux et chaud, ses longs cheveux soyeux caressaient les bras nus du jeune homme, ses seins ronds se pressaient contre son torse. Au bout de quelques secondes, Shampoo se recula d’elle-même pour sonder de ses grands yeux brillants celui qu’elle considérait comme son fiancé. Dans son japonais maladroit, elle demanda :

— Ranma mon époux ne repousse pas Shampoo, aujourd’hui ?

C’est presque à regret qu’il se détacha d’elle. Si elle s’imaginait, ne serait-ce qu’une brève seconde, qu’elle avait une chance aussi mince soit elle avec lui, il était mort.

— Yo Shampoo, lui lança-t-il finalement, comment tu vas aujourd’hui ? Je passais juste voir, comme ça. T’as l’air en forme, je te laisse. À plus !

La jeune fille le regarda se sauver en se demandant quelle mouche l’avait piqué. Elle avait cependant pu câliner son amoureux plus longtemps que d’habitude et décida que la journée était belle et que la chasse au Ranma Saotomé était désormais rouverte. Quant à celui-ci, il reprenait le chemin du dojo, apaisé. Shampoo l’avait excité. Il avait tellement pris l’habitude de se retenir devant elle qu’il en avait oublié l’effet qu’elle lui faisait. Elle était belle. Folle à lier mais belle. Il était satisfait, son corps répondait normalement face à une jolie fille donc sa réaction face à Ryoga était un simple accident. Cela arrive parfois dit-on, dans ces pensionnats où les garçons vivent entre eux, ils finissent par avoir des relations intimes faute de mieux.

Résumons-nous, réfléchissait Ranma. J’ai pour fiancée officielle un garçon manqué qui me cogne à longueur de temps. On ne s’est jamais embrassé ! Et je n’ai pas le droit de me laisser aller à regarder d’autres filles parce qu’elle est jalouse comme un tigre. Résultat, mon jeune corps vigoureux finit pas réagir face à un beau mec comme Ryoga ! Je vais embrasser Akané ! Aux grands maux, les grands remèdes ! Je suis en manque donc, il faut évacuer mon trop plein d’énergie sexuelle. Elle est ma fiancée, c’est donc son devoir ! décida-t-il comme le bon macho qu’il pouvait être parfois.

C’est en arrivant devant le dojo qu’il se rendit compte qu’il n’avait pas la moindre idée de comment s’y prendre. Son plan recelait un défaut majeur : ils étaient à couteaux tirés depuis si longtemps, étaient si timides et empotés l’un envers l’autre qu’arriver à avoir une conversation civilisée tenait déjà de l’exploit. Il décida bêtement de partir à sa recherche et d’improviser. Son charme ferait le reste ! Il la trouva dans sa chambre où il entra sans frapper.

Aie ! Première erreur !

— Tu n’as toujours pas appris à frapper ?

— Akané ! la coupa-t-il, beuglant son prénom comme on hurle un cri de guerre. J’ai quelque chose d’important à te dire !

Elle le dévisagea surprise, attendant la suite. Il allait poursuivre quand il remarqua Ryoga sur les genoux de sa fiancée.

— Il est toujours là ce cochon ? Mais vire-moi ça de ta chambre à la fin, c’est malsain !

— Pourquoi faut-il que tu sois jaloux d’un cochon ?

— Pourquoi faut-il que tu sois aussi bornée ? Espèce de garçon manqué !

Ranma se retrouva expulsé de la chambre en moins de temps qu’il n’en fallait au vieux maitre Happosai[3] pour voler un sous-vêtement. C’était raté ! Pourtant Akané l’attirait, et au fond de lui il savait qu’il avait envie d’elle. Pourquoi toutes leurs conversations finissaient-elles en disputes ?


[1] Ukyo est bel et bien fiancée à Ranma. Le père de celui-ci avait promis son fils en mariage en échange de nourriture. Ranma a longtemps cru qu’elle était un garçon.

[2] Shampoo est une amazone que Ranma a rencontrée lors de son séjour en Chine. Elle se considère comme fiancée à Ranma depuis que celui-ci l’a vaincue car la tradition de son peuple veut qu’elle épouse un homme plus fort qu’elle.

[3] Le maître pervers de Ranma. Il est petit, rachitique, vieux comme Hérode et complètement obsédé. Son passe-temps favori est la chasse aux petites cullottes.

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