L'Ami du Miroir

Chapitre 3 : Chapitre 3 : Curiosité.

1336 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:10

Tu es quelqu’un d’absolument banal.

Tu as choisi de ne pas laisser les choses suivre leur cours naturel. Tu veux à tout prix tout comprendre. Tu refuses d’accepter simplement ce qui arrive, te sentant obligé de donner une explication à tout.

Un humain par excellence.

Arrivé au bout de l’échelle, tu tournes la tête pour jeter un coup d’œil en bas. Surprise ! Tu ne t’attendais pas à ce que le toit de ta maison soit aussi élevé.

Mieux vaut ne pas regarder par cette direction. Tu t’agrippes contre le toit avec tes deux mains afin de monter. Tu as peur, et tes mains commencent déjà à te faire mal…

Mais tu n’abandonnes pas.

Avec beaucoup de mal, tu arrives à te tenir sur les tuiles fragiles de ce toit penché. Ce n’est pas l’endroit le plus sûr du monde, et tu t’attends à ce que celles-ci craquent à n’importe quel moment.

Tu aperçois l’endroit cassé.

Il est à environ un mètre de toi, mais tu ne peux pas voir ce qui se cache en dessous. Ceci accentue ta curiosité, et te donne le peu de courage qu’il te manquait pour avancer et aller voir.

Ton cœur bat à tout rompre.

Tu t’accroches fort. Très fort. Ne regarde pas en bas, surtout ne regarde pas. Tu te demandes si tu as fait le bon choix. Tu espères de tout cœur que l’échelle ne tombe pas. Tu te demandes ce qui va t’arriver si un voisin t’aperçoit.

Et puis te voilà, juste à côté de ton objectif. La fissure est énorme, mais qu’y a-t-il en dessous ? Tu aperçois un mélange de tuiles, de briques, de poussière, de peinture desséchée en miettes, le tout sur un plancher de bois complètement trempé.

Ce n’est pas le plancher du hall. En fait, tu ne l’as jamais vu avant aujourd’hui.

Tu te penches un peu plus pour y voir plus clair. Allez, juste un peu plus. Ta jambe glisse et tu trébuches. Tu tombes.

Tu le savais, que c’était trop risqué. Eh bien voilà !

Ta chute n’est pas si douloureuse que ça, le plancher en bois n’étant pas très éloigné du toit. Mais c’est autre chose qui t’arrache un cri de terreur.

« Mais… où suis-je ? »

Tu regardes autour de toi, terrorisé. Tu te trouves dans une petite pièce minuscule et sale, remplie de poussière et d’eau de pluie, en plus des briques et autres matériaux du toit endommagé.

« Mais où suis-je ? » Tu répètes un peu plus calmement, presque inconsciemment, alors que ton regard balaye la pièce.

Ceci n’est pas un rêve, ni une seconde dimension, ni un autre monde par lequel on accéderait à travers une portière magique. En levant la tête, tu peux apercevoir le ciel bleu pur que tu avais laissé en entrant. Cet endroit n’a rien de féerique ou de magique, c’est juste une pièce sombre et poussiéreuse.

Ça alors !

Alors durant tout ce temps, il y avait une petite pièce qui existait entre le plafond de ta maison et le toit. Une pièce si étroite qu’elle ne doit même pas recouvrir la moitié de la superficie du plafond, et dont l’architecture a été faite très intelligemment. Le toit de ta maison est penché, et pour cacher une pièce dans un endroit pareil, il a juste fallu jouer sur les angles. Ainsi, personne n’a jamais supposé qu’un endroit pareil puisse exister.

Mais qui a fait ça, et surtout pourquoi ?

C’est sûrement celui qui a construit la maison, mais est-ce que tes parents sont au courant ? Tu en doutes. Il n’y a aucun moyen d’accéder à cette mystérieuse pièce de l’intérieur de la maison. Et s’il n’était rien arrivé au toit, toi-même tu n’aurais rien su.

Mais pourquoi placer dans une maison une chambre à laquelle l’accès est impossible ?

Tu frissonnes tout d’un coup. Peut-être que l’accès était vraiment possible, mais que ton père l’a bouché. S’il a fait cela, c’est qu’il doit y avoir quelque chose de dangereux dans cette pièce. Vraiment dangereux…

Mais tu abandonnes vite l’idée. Un simple coup d’œil sur le sol suffit. Celui-ci est complètement homogène, et il n’y a aucune trace de passage bouché ou quoi que ce soit.

« Mais qu’est-ce que tout cela peut bien vouloir dire ? »

Non. Tu as été idiot. Regarde, le plafond n’est pas trop élevé, en sautant, tu pourras t’accrocher dessus et te sortir de là. Oui, sors de là, prends l’échelle et fuis aussi vite que possible. Ne reste pas une seconde de plus ici. Tu trouveras une solution pour réparer le toit plus tard.

C’est la même voix intérieure qui faisait semblant de t’aider hier. Avec le temps, tu as appris à ne plus lui faire confiance. Tu te relèves et remarques que tes vêtements sont complètement sales et trempés.

Peu importe.

Ton regard inspecte à nouveau la pièce. Le moment de choc dépassé, il est désormais plus facile pour toi de faire attention à cet étrange endroit.

Le sol est un peu penché, sans doute car le plafond en dessous l’est aussi. Il est entièrement recouvert d’un plancher de bois complètement usé recouvert à son tour d’une épaisse couche de poussière.

Les murs ne sont pas dans un meilleur état que le sol. Ils sont eux aussi recouverts par un papier peint si vieux qu’il est impossible de distinguer les dessins qui l’ornaient autrefois. Il n’y a pas de toiles d’araignées, ni de souris, ni n’importe quel insecte. Tu te sens de plus en plus seul, non pas que ce genre de compagnie t’aurait réjoui…

Pas de lampe. Pas de fenêtre. Pas de porte. Par le moindre meuble. Juste le sol, les murs, les débris du toit, l’eau de pluie, la poussière, et toi.

Tu époussettes ton pantalon et te frotte les yeux. Cette observation n’a apporté aucune réponse à tes questions. Tu fais un pas, et tu entends le plancher craquer sous tes pieds. Tu as peur ; tu es curieux. Tu fais un autre pas.

Et là, tu remarques quelque chose.

Le mur en face de toi, il semble différent des autres. Il est complètement couvert de poussière, mais tu n’as pas l’impression que c’est du papier peint comme pour les autres.

La même curiosité qui t’a amené en ces lieux te fait avancer jusqu’à ce mur. Il est petit, environ un mètre de largeur sur moins de deux mètres de hauteur. Aussi petit que la pièce elle-même. Tu t’arrêtes devant lui, et tu le touches.

Ce n’est pas du papier peint. Ça ressemble plutôt… à du verre ?

Tu frottes doucement une partie, puis tu ôtes ta main remplie de poussière. Sur la petite partie nettoyée, tu peux apercevoir le coin d’un visage… ton visage.

C’est un miroir !

Tu restes silencieux. Tu n’as plus un mot à dire, ou un geste à faire.

Une pièce cachée sous le toit, complètement inconnue. Une pièce vide, qui ne contient absolument rien du tout. Juste un miroir.


Tu pousses un soupir et t’assois par terre, laissant ta tête tomber entre tes deux petites mains.


« Mais que vais-je faire de cet endroit ? »

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