L'Ami du Miroir

Chapitre 1 : Chapitre 1 : Peur.

649 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 06:59

Combien de fois as-tu remis ton choix en question ? Combien de fois as-tu lâchement pensé que tu avais pris la mauvaise décision ?

Cette nuit-là faisait partie de ces fois.

L’air glacé. Le vent furieux soufflant contre les volets de ta fenêtre fermée. Le tonnerre qui vient frapper à chaque fois que tu commences à oublier ta terreur. Les gouttes de pluie se heurtant violemment contre le sol. Les arbres bougeant au rythme du vent et créant des bruits horrifiants. Et le noir. Le noir absolu.

Tu as peur. Tu as tellement peur.

Tu fermes les yeux. Tu les ouvres à nouveau. Tu regardes en face de toi. Quelle heure est-il ? Surement minuit passée. Tu fermes encore les yeux. Tu dois dormir.

Tu t’enfouis complètement sous ta couverture, te disant que c’est juste pour lutter contre le froid, mais tu sais bien que seule la peur bat en toi.

Le vent. Les arbres. Le tonnerre. La pluie. Et si tu les enlèves, c’est le néant.

Tu as peur. Tu as tellement peur.

Un enfant d’à peine treize ans. Seul dans une bien trop grande pièce, dans une bien trop grande maison, dans un bien trop grand monde.

 « Où est Théodore en ce moment ? » Ta petite voix résonne dans la chambre que tu occupes, étouffée par le son de la pluie et du vent. Tu sais qu’il n’est pas sous la pluie, et que, contrairement à toi, il n’est pas seul.

Et cette pensée te rend heureux.

Tu te recroquevilles sous ta couverture, serrant contre toi un simple oreiller. Et tes parents, où sont-ils ? Pensent-ils au moins à toi de temps en temps ?

Tu as peur. Tellement peur. Affreusement peur.

Depuis le départ de ton frère, tu as tout fait pour essayer d’avoir une vie normale. C’était dur, et tu es vraiment heureux que ç’ait été dur seulement. Quelques années sont passées. Avec le temps, tu te disais que les choses allaient changer et que tu allais pouvoir devenir plus fort. À un moment, tu avais même osé espérer que tes parents allaient revenir et qu’on allait te rendre ton petit frère. Idiot que tu étais.

Pourtant, rien de cela n’est arrivé. Et te voilà aujourd’hui, encore seul chez toi, en train d’essayer de te convaincre que seul le froid te dérange, et que des jours meilleurs t’attendent.

Tu as peur. Si peur que tu aurais donné tout ce que tu possèdes pour que la nuit se termine et que le jour se lève enfin.

Allume la lumière. Va chercher une autre couverture. Change de pièces puisque les volets de celle-là sont si vieux que le vent les fait grincer. Allume la radio pour te tenir compagnie.

Ta voix intérieure te dicte quelques consignes pour t’aider à surmonter cet état. Des consignes que tu as déjà essayées maintes fois sans succès. Tu ne bouges pas. Ce sera une autre nuit de terreur.

Rien de plus.


Pourquoi ne peux-tu simplement pas dormir au lieu de t’abandonner à ta peur enfantine ? Pourquoi refuses-tu de grandir ? Pourquoi as-tu décidé de jouer aux héros si tu n’es même pas capable d’assumer.

Théodore, Hershel, même ta stupide voix intérieure ne sait plus comment t’appeler. Tu détestes ta vie. Tu détestes tout. Tu sombres. Tu es perdu. Et tu as peur. Peur. Si peur.

Un autre tonnerre frappe, et une larme aussi glacée que l’air glisse sur ton oreiller, une larme aussi solitaire que la personne qui l’a versée.

Survivras-tu une autre nuit ?

Tu as peur. Et ceci est devenu ton quotidien.

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