Que le meilleur gagne, non?

Chapitre 22 : Si on parlait?

3268 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/12/2015 17:01

Shimizu sentait sa colère monter en elle. Elle ne projetait plus son regard vert sur l'écran. "Comment a-t-il osé faire ça?", pensa-t-elle silencieusement même si l'envie de le crier était forte. À la place elle détourna ses yeux vers la silhouette d'Hiyoshi qui se faisait de plus en plus lointaine. Quelque part à l’intérieur d’elle, elle se sentait mal, mais elle était tout de même convaincue qu’elle n’avait rien fait de mal. Cependant, voir Hiyoshi comme ça la rendait malheureuse. Elle voulait éviter qu’il soit fâché contre elle, mais…

Elle resta immobile sur place. Elle serra les poings et décida d’ignorer toutes personnes qui posaient leur regard sur elle en la reconnaissant. Plusieurs jeunes filles ne se retenaient pas pour laisser entendre leurs sales commentaires, mais Shimizu fit la sourde oreille. Elle se contre-fichait plus que tout ce que les autres pouvaient penser. Ce n’était pas comme si elle s’était retrouvée là-bas de son plein gré! Et même si elle répliquait à toutes ces élèves qui admiraient aveuglément ce roi, personne ne l’écouterait.

Elle se dirigea droit vers l’entrée principale de l’école d’un pas décidé. Elle ignorait ce que ce stupide Atobe avait dans la tête, mais elle comptait bien lui laisser savoir ce qu’elle en pensait. Au final, rien n’avait changé avec lui. Il faisait tout ce qu’il désirait sans demander l’approbation des autres personnes concernées. Tout cela dans le seul but de se valoriser de plus en plus. Comme s’il ne connaissait pas de limite à son égo.

En le temps de le dire, elle était déjà devant la porte qui menait à la salle du conseil des élèves. Elle avait décidé de laisser tomber l’entraînement de tennis ce matin. Elle s’expliquera avec son équipe plus tard…

Elle empoigna la poignée de porte et l’ouvra sans même avertir de sa présence. Ce n’était pas poli, mais en ce moment, elle s’en fichait. Elle ne pensait plus qu’Atobe méritait un soupçon de politesse de sa part.

« Atobe Keigo! » Dit-elle d’une voix imposante.

Aucune réponse.

Elle projeta son regard partout dans la pièce. Elle n’y trouva pas ce roi et Kabaji non plus, mais quelqu’un vint à sa rencontre.

« Si vous cherchez Atobe-san, il est à son entraînement de tennis. » L’informa un des membres du conseil des élèves.

« D’accord. »

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« Ahn? Toujours aussi matinal, Hiyoshi. » Fit Atobe en voyant un des membres de son équipe se présenter sur les terrains de tennis.

Mais le deuxième année ne répondit rien et regarda son capitaine d’un air sévère. Atobe se doutait de ce qu’il se passait, mais ne fit rien.

« Atobe-san. Laisser-moi vous affronter! » Dit Hiyoshi d’un ton déterminé.

Atobe arqua un sourcil en sa direction et le regarda avec le même regard.

« Tu n’es pas encore prêt. »

Hiyoshi fronça les sourcils.

« Atobe-san… »

« Si tu es capable de me prouver ta force en gagnant contre Oshitari et Shimizu, j’accepterai ta demande. » Interrompra-t-il.

Le deuxième resta silencieux. Il se demanda pourquoi cette condition, mais Atobe ne se justifia pas. Oshitari fut la seule personne à l’avoir réellement surpris lorsqu’il était en première année. Avec le temps, il était devenu encore plus fort et Atobe reconnaissait sa force. Si Hiyoshi n’arrivait pas à le battre, jamais il ne pouvait espérer l’affronter et Atobe ne perdrait pas son temps à combattre une personne qui voulait simplement le défier pour se convaincre d’une certaine chose.

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Elle attendit le président des élèves à l’entrée de la salle sur l’une des chaises réservées à cet effet. Elle aurait dû s’en douter qu’il ne serait pas là. L’attente lui permit de se calmer les nerfs, ce qui n’était pas une mauvaise chose. Ça aurait été chaotique si elle avait parlé à Atobe sur le coup de la colère. Finalement, ce n’était pas plus mal que ça qu’il n’ait pas été présent lorsqu’elle s’était présentée.

La porte finit par s’ouvrir et la personne que Shimizu attendait entra, suivie de Kabaji.

« Ahn? Que me vaut ta visite? » Lança le roi qui l’avait remarqué aussitôt.

« Ne jouez pas les innocents, Atobe-senpai. »

Le roi rigola. Bien sûr qu’il savait pourquoi Shimizu était ici. Le grand Atobe n’était pas idiot! Mais il aimait jouer.

« Je t’écoute, Samouraï de l’eau. »

Il se dirigea vers son bureau et Kabaji retira la chaise pour qu’il puisse s’asseoir.

« Pourquoi avoir diffusé ce match? En fait, pourquoi l’avoir filmé?! »

Malgré le fait qu’elle s’était calmée, il y avait toujours de l’énervement et de la colère au fond d’elle qu’elle ne pouvait pas cacher.

« Pourquoi priverai-je tout le monde de ma magnificence? » Rétorqua le roi.

Shimizu le dévisagea. Il ne changera jamais celui-là. Elle se demanda aussi pourquoi elle croyait qu’elle réussirait à retirer des réponses de lui.

« Vous êtes impossible, Atobe-senpai. » Fit-elle en se levant.

Sans même annoncer son départ, elle se dirigea vers la sortie de la salle et se dirigea vers sa classe.

Alors que les cloches retentirent entre les murs de Hyoutei Gakuen, Shimizu posa son regard vert sur son ami d’enfance. Celui-ci ne se retourna pas vers elle. Il prit tout simplement ses effets personnels et les rangea. Il se prépara pour quitter la salle de classe, mais Shimizu l’appela.

« Hiyoshi! »

Celui-ci arrêta sa marche et se tourna finalement vers elle.

« Est-ce qu’on pourrait se retrouver après les heures de club? » Demanda-t-elle.

Il ne répondit pas immédiatement à l’interrogation. Il était encore divisé à l’intérieur de lui. Après le refus d’Atobe de l’affronter, il ne se sentait pas en mesure d’être… Non, il ne voulait pas y penser en la présence de Shimizu. Mais il se remémora la condition que son capitaine lui avait imposée.

« D’accord. »

À la réponse de son ami d’enfance, Shimizu sourit. Lorsqu’Hiyoshi aperçut cela, son cœur manqua un battement.       Malgré tout ce qui se passait, ses sentiments ne changeaient pas…

« Alors, on se rejoint où il y a les sakura. » Fit-elle avant de sortir de la classe en premier.

Elle devait se dépêcher. Elle avait manqué la pratique matinale, elle ne pouvait pas se permettre d’arriver en retard à celle après les cours. Hiyoshi en fit de même, rejoignant sa propre équipe. Et lorsque l’entraînement prit fin, les deux élèves allèrent se changer et se rejoignirent à l’endroit que Shimizu avait indiqué.

Hiyoshi arriva en premier, mais la jeune fille ne tarda pas. À son arrivée, Hiyoshi lui semblait toujours froid, ce qui la fit hésiter. Pendant une fraction de seconde elle se dit qu’il vaudrait peut-être mieux reporter ça, mais rapidement elle chassa cette idée et décida de s’expliquer pour que tout soit clair entre eux.

À l’instant où elle ouvrit la bouche pour prendre la parole.

« Shimizu-chan! Hiyoshi-kun! » Les interpella une voix.

Dès que les paroles furent analysées par le cerveau, les deux élèves tournèrent la tête avec synchronisation en direction de la voix. Elle leur était familière. Ils virent Ootori Choutarou apparaître dans leur champ de vision et à en voir par son expression, il semblait y avoir quelque chose qui le tracassait.

Il s’avança vers ses deux amis d’enfance d’un pas à la fois chaleureux et hésitant.

« Ootori? » Souffla la jeune fille en le voyant s’approcher.

Le jeune homme qui portait une croix à son cou n’étant pas très confiant, mais il avait besoin d’en parler même s’il aurait préféré régler ce problème par lui-même au lieu d’aller déranger en demandant de l’aide à ses amis et de les embarquer là-dedans.

Aucune des trois personnes n’osait briser le silence qui s’était installé, mais une des trois devait le faire et l’individu concerné en était conscient. Il chercha avant les mots qui pourraient bien exprimer ce qu’il ressentait sans jeter le blâme sur l’autre personne puisqu’il voulait absolument éviter ce genre de choses!

« J’aimerais vous parler de quelque chose… » Lança-t-il aux premiers abords.

Avec le son de sa voix, Shimizu et Hiyoshi pouvaient facilement se douter qu’il avait quelque chose à l’intérieur du deuxième année qui le hantait. Shimizu avait sa petite idée en tête ce que cela pouvait bien être, mais elle préféra laisser Ootori s’exprimer par lui-même au lieu de jouer aux devinettes, chose en laquelle elle n’était pas douée du tout.

« C’est à propos de Shishido-san… » Avoua le jeune homme à la courte chevelure argentée.

Shimizu en fut étonnée. Elle pensait qu’il s’agissait plutôt d’un problème lié aux études. Il se débrouillait très bien dans les arts et la musique, mais pour le reste, il était un élève dans la moyenne. Par contre elle se sentit idiote. En y repensant, pourquoi il serait venu avec cette expression faciale jusqu’à eux si ça avait été le cas? Mais le fait que la raison était reliée à Shishido la prenait réellement par surprise. Cela se lisait aussi sur son visage.

Shishido et Ootori formait un des deux doubles les plus redoutable de tous les membres du club de tennis masculin. Leur confiance y régnait plus que tout et ils se complétaient à merveille. Ensemble, ils donnaient l’impression à ceux qui les regardent jouer qu’ils peuvent facilement atteindre le ciel. Ils ont toujours été en très bons termes et constamment là pour appuyer l’un et l’autre. Ils ont passé d’innombrables heures à s’entraîner pour pallier la faiblesse de chacun. Mais la vie n’était pas toujours rose.

« Mais si je vous dérange, vous n’avez qu’à oublier, ce n’est pas grave! » Fit Ootori avec quelques signes de nervosité.

« Ah mais non! » S’exclama Shimizu.

Elle s’approcha se lui et lui tapota l’épaule pour lui redonner un peu de confiance. Elle voulait aussi lui montrer que même s’ils s’étaient éloignés depuis qu’ils étaient rendus à Hyoutei Gakuen, elle sera toujours là pour lui! Cela valait également pour Hiyoshi. Ils formaient un sacré trio inséparable! De plus, il lui avait même avoué qu’il n’haïrait pas que les choses reviennent un peu comme avant. N’était-ce pas le moment de faire bouger les choses?

« Tu peux nous faire confiance à n’importe quel moment! » Ajouta-t-elle avec un sourire amical.

Ootori lui rendit son sourire et acquiesça d’un signe positif de la tête. Il était heureux de voir que leur lien était toujours aussi fort. Shimizu l’était également, mais elle se sentait mal de centrer toute son attention sur Ootori alors qu’elle avait réussi à se retrouver seule avec Hiyoshi pour s’expliquer du malentendu de ce matin… Elle risqua un bref regard en direction de celui-ci et Hiyoshi détourna le sien aussitôt. Était-ce mauvais signe…? Elle se demanda si il était inquiet lui aussi à propos d’Ootori.

Bien sûr qu’Hiyoshi se faisait du souci pour leur ami. Il ne le montrait seulement pas physiquement, il n’avait jamais été doué pour exprimer ce qu’il ressentait. Beaucoup moins qu’Ootori. Il l’enviait en quelque sorte. Il aimerait pouvoir être en mesure de placer les mots sur ses sentiments et le dire à voix haute face à une certaine personne. C’était une grande qualité qu’Ootori avait en lui. C’est ce qui lui donnait son charme en quelque sorte. Et si Hiyoshi pouvait en faire autant, peut-être qu’il ne serait pas dans la situation où il se retrouve. Peut-être serait-il au même niveau qu’Atobe Keigo? Mais il n’en était pas ainsi. Simplement qu’il avait lui aussi ses propres problèmes en ce moment…

« Je ne veux pas paraître égoïste… Seulement j’ai l’impression qu’il laisse de côté de plus en plus notre double… » Avoua-t-il.

Il ne souhaitait pas rentrer dans les détails, seulement laisser savoir en gros en quoi il était inquiet. Depuis qu’il jouait avec Shishido, rien de tel n’était arrivé. Mais il fallait avouer que la défaite de Hyoutei Gakuen au tournoi régional avait dû l’ébranler, mais il était du genre bien têtu et à toujours vouloir aller de l’avant. Il était étrange de voir qu’il laissait Ootori en plan.

« Peut-être a-t-il besoin de recul? » Tenta Shimizu à l’aveuglette.

« Shishido-san n’est pas du genre à réfléchir en reculant. » Lança Hiyoshi.

Shimizu se retourna vers l’élève qui venait de prendre la parole. Elle s’en doutait, mais cela ne pouvait pas l’empêcher de faire un geste comme ça.

« Hiyoshi-kun a raison… Je ne l’ai jamais vu agir ainsi… »

La jeune fille resta silencieuse. Elle était celle qui connaissait le moins ce Shishido Ryou. Elle se voyait mal aller aborder tout bonnement ce joueur qui portait toujours une casquette bleue alors qu’ils ne s’étaient jamais réellement parlé. Même Hiyoshi ne se sentait pas à l’aise face à cette situation.

« Euh… Sinon… »

Elle ne savait pas quoi rajouter.

Shimizu se rappela que Shishido sortait avec l’une des filles de son équipe. Elle pourrait donc passer par sa petite amie pour savoir ce qui se passe avec lui. Elle n’aimait quand même pas cette idée de se mêler ainsi de la vie privée d’un autre élève qui lui était quasi inconnu, mais elle ne voulait pas non plus laisser son ami d’enfance angoisser de cette manière.

« Ne t’en fais pas Ootori! Ça devrait s’arranger bientôt malgré tout. Peut-être simplement le laisser un peu et il finira bien par revenir vers toi! Je ne pense pas qu’il puisse rester de cette façon bien longtemps. Et si jamais tu as besoin de nous, n’hésite pas! » Dit-elle en essayant d’être la plus rassurante que possible.

Ootori n’était pas dupe au point de tout croire. Il savait qu’elle lui disait cela pour lui remonter le moral, mais l’intention lui donna chaud au cœur. Même en regardant Hiyoshi, celui-ci lui fit signe de la tête qu’il était d’accord avec Shimizu. Même s’il n’était pas d’une grande aide, il fera quand même son possible pour le supporter.

« Merci! » Fit Ootori.

Shimizu lui sourit à nouveau. Le jeune élève à la chevelure argentée s’excusa de les avoir dérangés et leur annonça qu’il devait partir.

En le voyant s’éloigner, Shimizu se retourna vers Hiyoshi et ce fut au moment où leurs regards se croisèrent que la réalité les rattrapa. Après tout, Ootori n’était pas le seul à avoir quelques problèmes…

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