Que le meilleur gagne, non?

Chapitre 11 : Et si les choses avançaient

3963 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 05/05/2015 14:44

Quelques jours s’étaient déjà écoulés depuis la journée spéciale des changements de classe. Bien que cet événement prenne fin, un autre débutait à peine. Le temps du tournoi régional allait commencer à la fin de cette semaine. Les équipes avaient déjà tiré leur numéro. Les affiches, qui informaient de l’arbre du tournoi, étaient accrochées sur l’un des tableaux d’affichage à l’intérieur des murs de l’école de Hyoutei. Un pour le tennis masculin et un pour celui féminin. Pour l’équipe dirigée par le roi, ils rencontraient Seishun Gakuen dès le premier match. Les filles allaient jouer contre l’école Ginka.

Pour les garçons portant la veste des titulaires, c’était déjà un très grand match qui s’annonçait. Seigaku avait tout de même remporté leur précédent tournoi, ce qui augmentait considérablement la difficulté de leur première rencontre. Mais leur capitaine ne laissait rien paraître. Pour lui c’était la victoire assurée. Pour ce qui était de la capitaine de l’équipe féminine, elle préparait son équipe avec plus d’entrain et plus d’attente. Ce n’était pas parce que l’école Ginka n’était pas très forte qu’elles devaient se relâcher pour autant!

Un jour, après les heures d’entraînement quotidien du club, Shimizu avait décidé d’être un peu plus clémente que d’habitude en laissant les premières années s’en aller sans ramasser le matériel. Un petit jour de congé ne faisait pas de mal. L’élève de seconde année avait décidé de s’en charger seule même lorsque sa partenaire de double lui avait proposé de rester l’aider, mais en fin de compte, elle l’avait chassé. Elle voulait simplement rester seule un moment pour réfléchir à ce qu’elle pouvait faire pour améliorer les entraînements de son équipe. La médaille d’argent n’allait pas suffire cette fois-ci.

Ces tâches lui rappelaient l’année précédente. Son entrée à Hyoutei Gakuen. En y repensant légèrement, elle en déduit qu’il n’avait pas grand-chose de changé. Si on oublie les troisièmes années qui sont maintenant au lycée et les petites nouvelles de première année.

Lorsqu’elle eut finalement fini de ranger le matériel, elle laissa échapper un léger soupir de soulagement. Elle s’étira légèrement pour détendre les muscles de son corps et se dirigea à l’extérieur du petit entrepôt. À sa grande surprise, elle vit un homme. Elle le reconnut tout de suite.

« Ce n’est pas le rôle du capitaine de s’occuper du ménage. » fit-il.

« Aujourd’hui, j’ai décidé que oui. » répliqua-t-elle tout en reprenant la marche, ignorant le jeune homme.

« Minute! » ordonna-t-il.

L’étudiante aurait bien voulu faire la sourde oreille et continuer son chemin, mais l’élève qui l’interpellait la retenait sur les lieux. Il l’avait agrippée à l’avant-bras, bloquant ainsi la course improvisée de la jeune fille.

« Puis-je vous aider, Atobe-senpai? » dit-elle, contrariée.

« En effet! »

« En quoi puis-je vous être utile? »

« Tu ne trouves pas que tu me méprises un peu trop? » questionna le roi.

Shimizu soupira. ‘’Il est venu réellement que pour ça? Quelle perte de temps…’’, pensa-t-elle alors qu’elle était toujours retenue par le clown de service.

« On ne peut pas aimer tout le monde, senpai. »

« Puis-je connaître la raison au moins? »

« Vous êtes la personne la plus narcissique que je connaisse. Vous prenez tout le monde de haut et seule votre personne vous intéresse. » donna-t-elle comme explication. « Par contre vous êtes excellent au tennis et ça m’énerve. » siffla-t-elle en dernier.

« Ahn? »

Shimizu resta silencieuse sur place à fixer ce roi.

« Y a-t-il autre chose, Atobe-senpai? »

« Tu es vraiment quelqu’un d’intéressant. »

« Pas vraiment, senpai. Mais soyez sûr d’une chose! Je vous battrai et vous ferai mordre la poussière! » lança-t-elle d’un ton rempli de défi.

« Ma proposition tient toujours, tu sais? Lorsque tu seras capable de me tenir tête plus de deux minutes tu viendras me défier en simple! »

Un sourire se fit sur le visage du jeune homme.

« Je peux certainement vous tenir tête au moins pendant deux heures! Mais ça sera après les régionales. Vous affrontez Seigaku dès le début, vous ferez mieux de vous y préparer. »

« Tu t’inquiètes pour rien! On les écrasera. Il y a aucune raison pour que je perde. Tu devrais plutôt t’en faire de ton côté. »

« Je prépare mon équipe très bien. Je compte bien faire en sorte qu’on remporte la victoire cette fois. »

Au championnat précédent, l’équipe féminine s’était rendue en finale, mais n’avait pas remporté la médaille d’or. Shimizu aurait pu se consoler sur le fait que l’équipe masculine n’était pas allée plus haut qu’elles, mais ce n’était pas la vraie équipe complète qui jouait.

« J’ai bien hâte de voir ça! » lança Atobe.

« Aussi… »

Shimizu s’était lancée, mais après le premier mot, elle s’arrêta nette. Le roi la dévisagea un instant.

« Ahn? Si tu as quelques choses à dire parle. »

« Non, ça s’adresserait à Sakaki-sensei. »

« Oh! Tu t’inquiètes à propos d’Hiyoshi? »

« Laissez tomber, senpai. C’est la décision de Sakaki-sensei simplement. »

Pendant quelques instants, la jeune fille leva son regard vers le ciel bleu.

« Hiyoshi-kun est en réserve, mais il y aura d’autres matchs. C’est quand même étonnant que tu saches ça. »

« Ce n’est pas un secret pour moi. Et notre répartition pour le premier match qui se déroule dimanche ne l’est pas plus pour vous. » argumenta l’étudiante.

Ce n’était pas Hiyoshi qui l’avait informé, mais simplement le fait qu’elle était capitaine, ce qui se passait dans son camp comme dans celui des garçons, elle était tenue au courant. Surtout par leur entraîneuse, Hasegawa-sensei, professeure d’anglais.

Shimizu repositionna son regard sur Atobe. Il restait une toute dernière chose à lui dire. Cela ne lui plaisait aucunement, mais elle se devait de le faire malgré tout.

« Aussi merci pour la journée sportive. Pour votre aide en fait. » fit-elle, un peu gênée de l’avouer.

« Ahn? Dois-je en conclure que tu aimes ma splendeur au fond? »

« Je n’ai jamais dit ça! Je ne fais que vous remerciez de m’avoir portée jusqu’à l’infirmerie. Ce n’est pas que ça me fait plaisir de vous le dire, mais bon. »

Il manquait une certaine partie, celle qui mentionnait qu’il était quand même resté à la surveiller jusqu’à ce qu’elle reprenne connaissance, mais Atobe ne le rajouta pas. Il était déjà étonné d’avoir de tel remerciement de sa part.

« En tant qu’organisateur, je me devais de le faire. »

Sur ces derniers mots, il s’avança vers Shimizu et passa à côté d’elle. La conversation devait prendre fin à un moment ou à un autre. Il était venu chercher des réponses et il les avait eues.

Juste avant qu’il ne quitte définitivement la compagnie de la deuxième année, il vint déposer sa main sur la tête argenté teintée de quelques mèches violettes.

« Tu finiras bien par y prendre goût. » fit-il en même temps que son geste.

Avant même qu’elle n’eut le temps de déloger la main de cet Atobe, elle frôla du simple vent. Il l’avait déjà retirée et reprit sa route pour vaquer à ses futures occupations. Elle fit un cent quatre-vingts degrés sur elle-même et aperçut seulement un petit bout de la veste du capitaine du club de tennis masculin disparaître derrière l’un des murs de l’entrepôt.

« C’est un ninja celui-là ou quoi? »

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Shimizu était étendue sur son lit à fixer le plafond. Elle avait encore cette horrible sensation sur sa tête. Elle avait beau se frotter les cheveux pour faire disparaître cette perception, mais rien à faire. Ça revenait encore et encore.  ‘’Bordel!’’, cria-t-elle dans ses propres pensées. Elle se mit sur le ventre et réfugia son visage dans son oreiller.

« Pour qui il se prend bon sang!! » hurla la jeune fille.

Le son de sa voix fut énormément éteint par le coussin, échappant ainsi à une irruption soudaine dans sa chambre de la part de ses parents et de ses frères. Elle n’avait pas du tout envie d’expliquer la raison pour laquelle elle s’était mise à crier.

Shimizu était rentrée chez elle directement après sa mini discussion avec le roi de Hyoutei. Ogawa allait probablement l’appeler d’une minute à l’autre pour connaître la raison de sa disparition. Elle voulait aller faire quelques achats… Mais après le geste de son senpai, elle n’en n’avait plus du tout envie. Pourquoi occupait-il autant ses pensées maintenant? C’est vrai qu’avant il restait plutôt distant et elle n’avait pas à souvent converser avec lui, mais ces derniers temps…

« Chiharu! Il y a quelqu’un pour toi à la porte! » cria une voix féminine.

« D’accord j’arrive! » répondit la deuxième année.

Elle se leva d’un bond de son lit et quitta sa chambre. Ça devait être Ogawa. Au lieu de lui envoyer un message texte ou encore de l’appeler, elle avait préféré de se rendre directement chez elle? Sa partenaire de double ne prenait pas de telles initiatives d’habitude… C’était même assez surprenant.

Shimizu croisa alors sa mère dans les escaliers. Ces deux femmes se ressemblaient énormément malgré leur différence d’âge. Chiharu était le portrait tout craché de celle qui l’avait mis au monde. Tout comme son grand-frère qui leur ressemblait également.

« J’ai déjà dit oui! » annonça l’adulte à son enfant.

Shimizu ne répondit rien. Elle se contenta de lever un sourcil se demandant intérieurement de quoi il s’agissait. Elle espérait de tout cœur que sa génitrice ne l’ait pas mis dans l’embarras…

L’élève de la classe 2-F arriva finalement à l’entrée de la maison. Elle s’apprêta à tout expliquer à Ogawa, mais finalement, elle fut bouche-bée lorsque son regard vert se positionna sur la personne en question.

« Désolé de débarquer comme ça chez vous. »

« Hiyoshi-kun?! » finit par prononcer Shimizu, toujours aussi stupéfaite de voir son ami d’enfance. « Qu’est-ce que tu fais ici avec tout ça…?! »

Le jeune homme du même niveau scolaire portait sur une de ses épaules son sac de tennis renfermant tout ce dont il avait besoin pour pratiquer ce sport. Un sac à dos reposait sur son autre épaule. De plus, il y avait une grande valise qui était placée contre le mur.

« Ça ne te dérange pas que je reste chez toi quelques temps? » dit-il toujours sur son même intonation.

« Mais… Pourquoi? »

« Disons seulement que je ne peux pas rentrer chez moi pour un moment. Mes parents veulent que je me consacre pleinement au dojo et que j’arrête le tennis et j’ai formellement refusé… » expliqua-t-il.

Shimizu n’osait pas poser plus de questions à ce sujet. Elle s’imaginait ce qui s’était passé… Pour que Hiyoshi décide de s’en aller, cela voulait dire que c’est un problème assez sérieux… Ce n’était pas le moment de bousculer les choses. Elle repensa ce que sa mère lui avait dit quelques instants plus tôt. Elle avait déjà donné la permission au jeune homme de rester quelques temps ici. C’est vrai qu’elle l’aimait bien et même le grand-frère de Shimizu l’acceptait étonnamment.

« Hiyoshi-sama!!! » firent deux voix dans le dos de la jeune fille.

« Dis! C’est vrai que tu vas rester quelques jours ici?! » dit un des jeunes garçons.

« Tu vas pouvoir nous donner des cours particuliers, n’est-ce pas?! » ajouta le deuxième.

Deux garçons âgés de onze ans se tenaient chacun aux côtés de l’invité. Leurs yeux brillaient à la vision de leur idole.

« Fumiharu! Fumihiko! Laissez le tranquille le temps qu’il s’installe au moins! » avertit Shimizu qui grondait les jumeaux.

Contrairement à elle et son grand-frère, ces deux jeunes garnements ressemblaient plutôt à leur père. Une chevelure d’un brun clair. Ils avaient adoptés une coupe de cheveux semblables à selon d’Hiyoshi Wakashi, mais avec une séparation à l’avant pour dégager leur vision verte. Les deux jeunes garçons baissèrent la tête face aux réprimandes de leur grande-sœur.

« Ce n’est pas juste, grande-sœur! » se plaint celui qui était à la gauche d’Hiyoshi.

« C’est vrai! Tu vas le garder pour toi toute seule tout le temps! » rajouta celui à la droite.

 Hiyoshi se sentit un peu mal à l’aise sachant qu’il était le sujet du conflit qui régnait présentement. Il déposa chacune de ses mains sur les têtes des jumeaux.

« Demain soir je vous montrerai quelques mouvements d’enbu. » fit-il pour les calmer.

Les plus jeunes sautèrent de joie à cette annonce.

« T’as compris grande-sœur! » dit Fumiharu.

« Demain soir, Hiyoshi-sama est à nous!! » fit Fumihiko.

« Oui, oui. Allez-vous deux! Retourner faire vos devoirs! » dit-elle en chassant ses frères cadets.

Sur le champ, les jumeaux déguerpissaient, laissant de nouveau les deux amis seuls. Shimizu vint se frotter l’arrière de sa tête.

« Désolée pour ces deux mini monstres… » dit-elle, embarrassée.

« Ce n’est rien. »

Finalement, Shimizu aida Hiyoshi à porter ses affaires dans la chambre d’amis. Cela rappelait quelques souvenirs lorsqu’ils étaient un peu plus jeunes. C’était très fréquent que l’un allait passer beaucoup de temps chez l’autre et même parfois restait à coucher. Mais avec le temps et le club de tennis, ces périodes s’étaient quasi volatilisées. Au final, c’était une bonne chose de l’accueillir à nouveau chez elle, même si elle aurait préféré que ça soit dans d’autres circonstances.

Elle déposa la valise qu’il avait apportée à l’entrée de la chambre dans laquelle il allait loger pendant un nombre de jours inconnu. Cette pièce se situait entre sa propre chambre et celle de son grand-frère. Heureusement que ce n’était pas localisé proche de celle des jumeaux… Ils passeraient leur temps à s’incruster dans celle d’Hiyoshi lorsque leur couvre-feu sera en vigueur le soir.

Pendant qu’Hiyoshi déballait sa valise et rangeait ses effets personnels, Shimizu avait décidé d’aller préparer du thé. C’était la tradition japonaise d’offrir du thé aux invités. Mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander l’ampleur de la dispute que son ami avait eue avec sa famille. Si elle décidait d’en faire autant, son grand-frère ne perdrait pas une seule seconde pour aller la récupérer peu importe les moyens employés.

« J’entre. » avertit la jeune fille tout en frappant à la porte ouverte de la chambre.

Elle alla déposer le petit plateau sur la table basse. Hiyoshi arrêta ce qu’il était en train de faire et vint se positionner pour prendre le thé. Elle le servit et lui tendit. Elle remarqua alors que le jeune homme portait ses lunettes.

« Tu as décidé de les mettre. » commenta Shimizu avec un léger sourire.

« Je voulais laisser mes yeux se reposer un peu. » donna-t-il comme explication.

Elle versa son thé également, mais avant d’en prendre une gorgée, elle s’étira vers Hiyoshi et lui vola ce qu’il avait au visage. Cela faisait une éternité qu’elle ne l’avait pas vu avec quelque chose sur le nez. Elle manipula avec soin la paire de lunettes noire et la positionna sur son nez.

« Alors, ça me va bien? » demanda Shimizu, enjouée.

« Je ne vois pas clairement sans mes lunettes. »

Une sonnerie retentit à travers la pièce. La jeune fille sortit son téléphone cellulaire de sa poche de pantalon. Le nom d’Ogawa s’affichait et l’appel continuait toujours de jouer. Elle s’excusa auprès de l’invité et sortit pour se rendre dans sa propre chambre. Elle portait toujours les lunettes de son ami d’enfance, mais répondit finalement à sa partenaire de double.

« Allô. »

« Enfin, Shimizu-chan! Ça fait trois heures que j’attends chez moi et tu ne viens pas! Tu ne voulais pas aller acheter un truc, non? » demanda Ogawa.

« Si, mais finalement il y a eu quelques événements imprévus. » expliqua-t-elle.

« Ah je vois. Rien de grave j’espère! »

« Je ne pense pas. Simplement que Hiyoshi-kun doit loger chez moi quelques temps. »

« Ah mais, qu’est-ce qui s’est passé?! »

« Je ne sais pas trop. » mentit-t-elle.

« Okay. Bon, je ne te dérangerai pas plus longtemps alors! À demain! »

Shimizu entendit le raccrochement et l’appel prit finalement fin. Elle ne voulait pas informer des problèmes personnels d’Hiyoshi aux autres. S’il avait pris la peine de venir ici, c’est qu’il lui faisait confiance et qu’il savait qu’il aurait l’esprit en paix.

Elle alla rejoindre de nouveau son camarade de classe. Elle retourna à la place qu’elle occupait avant que ton téléphone ne sonne.

« Je peux ravoir mes lunettes, s’il te plait? » demanda Hiyoshi qui sirotait toujours son thé.

Shimizu lui fit face et lui sourit. Elle vint taponner le dessus de la chevelure brun-orangé du garçon.

« Je les aime bien pourtant! » argumenta-t-elle.

« Tu n’en n’as pas de besoin… »

« Peut-être, mais je les aime bien!  » taquina Shimizu. « Tu n’as qu’à les reprendre de force si tu les veux tant! »

Hiyoshi fixa le visage embrouillé de la jeune fille qui lui tira légèrement la langue pour le provoquer. Elle ignorait dans quoi elle venait de s’embarquer.

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