Que le meilleur gagne, non?

Chapitre 8 : Le repos

2745 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 23:30

Shimizu finit par ouvrir les yeux. Sa vision restait encore embrouillée. Quelques secondes lui suffirent pour prendre conscience qu'elle était étendue le long de son corps. Elle ne ressentait plus la chaleur des rayons du soleil sur sa peau pâle, pourtant il faisait clair autour de la jeune fille. Elle se souvenait très bien qu'elle était en train de disputer un match de tennis avec sa partenaire de double habituelle contre Hiyoshi et Atobe.

« Tu te décides enfin à te réveiller. »

Une voix qui semblait s'adresser à elle se fit entendre. Elle reconnaissait cette voix, mais elle n'arrivait pas à identifier la personne en question. Elle aurait bien voulu tourner sa tête en provenance du son, mais sa vision n'était pas totalement revenue.

Shimizu resta silencieuse et après un bout de temps, elle reprit sa pleine capacité visuelle. Tout lui était clair. Elle reconnut donc la pièce qui l'entourait, c'était l'infirmerie. La deuxième année se souvint qu'elle avait atteint sa limite lors du match, mais qu'elle avait catégoriquement refusé de l'admettre. Voilà donc ce que ça a donné…

L'étudiante se maudissait intérieurement de ne pas avoir été jusqu'au bout de l'affrontement. Le fait que quelqu'un lui avait adressé la parole lui revint en tête. Elle se releva le haut de son corps avec quelques difficultés et tourna la tête.

« Atobe-senpai? » laissa-t-elle échapper.

C'était bien la dernière personne qu'elle s'attendait à voir.

« Ça en a pris du temps pour me remarquer! »

Il posa son regard bleu comme le ciel sur l'obstinée. Il avait toujours ce sourire sur son visage.

« Vous ne devriez pas importuner les personnes blessées, senpai. » fit Shimizu avant de détourner le regard de son aîné.

« Aaah? » dit-il en guise de réponse. « Je viens seulement t'aviser des scores. L'équipe masculine a tout remporté, mais vous vous êtes bien défendues. Ce fut un beau spectacle. »

La deuxième année serrait les couvertures entre ses mains. ''C'est tout ce que c'est pour vous? Un simple spectacle?!'', pensa-t-elle, furieuse. Elle ne pouvait pas accepter ce commentaire de ce clown de service.

« Ne vous en vantez pas! Je n'ai pas dit mon dernier mot! Vous pouvez être sûrs que la prochaine fois vous ne serez pas vainqueur. » répliqua-t-elle et revenant à la charge.

Les regards bleus et verts se croisèrent. Atobe émit un rire en la regardant quelques secondes.

« Pour me provoquer, je vois que tu n'es pas si mal en point que ça. »

« Je ne suis pas aussi faible que vous le pensez! » réfuta Shimizu.

Atobe se leva du divan en cuir blanc aux côtés du lit de l'infirmerie. Il se rapprocha du capitaine de l'équipe féminin.

« Entraîne-toi encore et encore. Tu viendras me défier lorsque tu pourras être en mesure de rivaliser avec moi. Je ne veux pas d'une victoire pathétique. »

Le roi déposa une main sur la tête argentée de la jeune fille. Celle-ci la chassa immédiatement qu'elle sentit le contact. Elle projeta la couverture au sol pour mettre ses pieds sur le plancher et se lever. Bien que le troisième année était plus grand qu'elle, ça ne l'empêcha pas de se tenir droite devant lui et de le défier du regard.

« Je peux très bien rivaliser avec vous maintenant! »

« Tu as vraiment du cran de me tenir tête comme ça. » dit-il avant de venir positionner quelques doigts en-dessous du menton de la jeune fille. « Par contre, tu ne devrais pas t'énerver comme ça. »

Il la força à avancer sa tête vers la sienne, l'obligeant ainsi à se mettre sur la pointe des pieds.

« A-aïe… » fit-elle.

Atobe arrêta donc tout mouvement et la libéra.

« Tu feras mieux de continuer à te reposer. »

Il tourna les talons et se dirigea vers la sortie de l'infirmerie.

« Et la prochaine fois qu'on s'affrontera, ça sera en simple. Je t'ai déjà affronté sur ton terrain, cette fois ça sera sur le mien. Il n'y aura personne pour te sauver de mon Hametsu e no rondo. »

Il claqua ses doigts et la porte s'ouvrit

« À la prochaine, samouraï de l'eau! »

Il franchit le seuil pour ensuite disparaître derrière cette même porte. Shimizu se laissa tomber sur le lit où elle se reposait quelques temps avant. Elle sentait très bien ses muscles la faire souffrir. Atobe avait probablement deviné que le corps de la jeune fille n'était pas encore rétabli. Tout en aillant raison. Il avait le don de l'énerver. De plus, il venait de l'appeler par la signification de son nom…

Sans laisser plus de temps à la joueuse de tennis de réfléchir, elle entendit une fois de plus la porte s'ouvrir. Si c'était le roi qui revenait, elle ne se gênera pas pour le renvoyer illico. Elle projeta son champ de vision et vit Hiyoshi Wakashi.

« Hiyoshi-kun! » s'exclama-t-elle avec un sourire.

Shimizu s'assit sur son lit pour mieux l'accueillir. En réalité, elle aurait préféré aller jusqu'à lui, sauf que les muscles de son corps l'en empêchaient. Elle le laissa donc venir jusqu'à elle. Il ne faisait que l'observer. En apparence, elle semblait bien se porter. Peut-être que c'était seulement un coup de chaleur.

« Je ne m'attendais pas à ce que tu viennes me voir! » ajouta-t-elle puisque son visiteur restait muet comme une tombe.

« Je peux m'en aller si tu préfères. »

« Ah non! Je n'ai pas dit ça. Tu peux très bien rester. Tu me déranges beaucoup moins que l'autre. »

Hiyoshi resta surpris. Il avait effectivement croisé son capitaine dans le couloir ainsi que Kabaji. Connaissant le caractère de sa camarade de classe, il décida de ne pas poser de question à ce propos. Le deuxième année avait bien remarqué qu'Atobe multipliait les rencontres avec Shimizu. Ce n'étaient ses affaires, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce que le roi avait derrière la tête en agissant ainsi.

« Toujours aussi peu bavard, Hiyoshi-kun. » prononça la jeune fille pour briser le silence.

« … Prochaine fois, tu devrais arrêter lorsque tu auras atteint tes limites. »

« Ah! Tu t'inquiètes pour moi? »

Shimizu eut un léger sourire aux lèvres.

« Pas spécialement. » répondit le jeune homme.

« Si tu le dis! »

Les deux camarades de classe restèrent silencieux pendant un moment. Malgré l'incident, rien ne changea entre les deux. Elle se réjouissait de la visite de son ami d'enfance. Il devait bien se faire un peu de souci pour avoir pris la peine de venir à l'infirmerie.

« Je vais aller m'entraîner. » lança Hiyoshi.

« Tu ne lâches jamais toi. Je te promets de revenir vite. Ça sera beaucoup moins ennuyeux que de frapper des balles face à un mur. »

Le garçon à la chevelure orangée fit un signe positif de la tête et partit comme une souris. Lorsque Shimizu entendit la porte se refermer doucement, elle laissa échapper un soupir. ''Si seulement il pouvait être plus social, Hiyoshi-kun… Et s'ouvrir un peu plus…'', pensa-t-elle et regardant dans le vide.

« Chiharu! »

Une forte voix résonna dans toute la pièce. La jeune fille sursauta non pas à son nom, mais à l'impact bruyant. Elle vint poser une main sur sa poitrine et ressentait son cœur battre la chamade.

« Chiharuuuuuuuuuu! »

« Oui… oui… » répondit la joueuse au regard vert.

Sa tête tourna en direction vers l'endroit où les gens rentraient. Elle n'avait pas une visite solitaire, mais groupée cette fois. Ogawa, Ishikawa étaient là.

« Tu vas mieux? » s'inquiéta sa partenaire de double.

« Oui, ce n'est rien… J'imagine que j'ai seulement perdu connaissance. »

« Tu nous a tellement fait peur quand tu t'es effondrée sur le court! » continua Ogawa.

« Désolée de vous avoir inquiétées… » dit Shimizu, honteuse.

Elle baissa ses yeux vers le sol.

« C'est de ma faute si on a perdu, Ogawa-chan…»

Une main vint s'abattre sur le dessus de la tête de la capitaine.

« Aïeee! » dit celle qui venait de recevoir le coup en relevant la tête. « Tu ne trouves pas que je suis assez blessée comme ça?! »

Sans donner de réponse, son amie rit.

« Ça te ressemble plus d'agir comme ça! »

Shimizu se força à esquisser un sourire. Elle n'arrivait quand même pas à se sortir de la tête la défaite qu'elles venaient de subir.

« Je suis restée inconsciente pendant combien de temps? » demanda alors la blessée.

Elle venait tout juste de prendre conscience de temps qu'elle avait perdu. Atobe lui avait dit que les membres de son équipe avaient tout remporté, alors les matchs en simple ont eu lieu.

« Environ deux heures. » répondit Ishikawa.

« Je vois… »

« Les matchs ont continué après que tu sois tombée inconsciente. On les a tous perdu. » annonça Ogawa.

Elle redoutait la réaction de sa capitaine. Elle savait que leur propre défaite était un coup dur pour sa partenaire, mais que l'équipe au complet ait perdu…

« Je le sais déjà… » répondit Shimizu d'une voix douce.

« Ah je vois. Hiyoshi-san a du te le dire. »

« Non, Ogawa-chan. C'est ce clown de service. » reprit celle qui était assise sur le lit.

« Atobe-sama? » dirent en cœur les deux jeunes filles.

''Pourquoi elles réagissent comme ça?'', se questionna elle-même la capitaine. Il était venu simplement vanter les mérites de son équipe. Elle aurait préféré l'apprendre par Ogawa que par le troisième année.

« Ah! En parlant de lui! Regarde ça Chiharu-chan! » dit Ishikawa.

Aussitôt, elle retira de son sac son cahier de dessin. Elle y tourna plusieurs pages avant de s'arrêter à celui qu'elle cherchait. Le cahier retourné vers sa meilleure amie, Ishikawa lui sourit.

« Alors, comme tu le trouves mon dessin? »

« Brûle moi ça sur le champ! » répliqua Shimizu.

L'artiste se figea sur place. Elle venait de se faire rejeter. Ogawa taponna amicalement le dos de la statue pour lui faire retrouver ces couleurs et s'adressa à sa capitaine.

« Tu ne devrais pas réagir comme ça. En attendant que tu te réveilles, elle a pris tout ce temps pour le peaufiner. » gronda-t-elle.

Shimizu resta discrète un moment. Elle se mordit la lèvre inférieure.

« C'est gentil… Ishikawa-chan… Mais je peux savoir pourquoi tu as dessiné ça? »

La personne à qui s'adressait cette question revint à la vie, mais hésita un instant avant de répondre.

« En fait… C'est simplement ce qui s'est passé après que tu te sois évanouie… »

Un lourd silence inonda la pièce. Aucun des deux visiteurs n'osait émettre le moindre son, préférant rester silencieuses.

« Impossible. » réfuta enfin la blessée.

«Chiharu-chan… C'est pourtant vrai. Il a annoncé qu'en tant organisateur, il se devait de s'occuper de toi. Il t'a vraiment pris sur son dos et t'a traîné jusqu'à l'infirmerie. » informa Ogawa.

« On ne l'a pas revu après non plus, mais les matchs ont continué. » rajouta Ishikawa.

« Satané clown de service… » marmonna Shimizu.

Les deux autres filles n'entendirent pas les derniers propos de leur amie et jugèrent qu'il était mieux de ne pas insister. L'infirmière entra dans la pièce et demanda qu'on laisse sa patiente se reposer en paix.

Les deux étudiantes s'inclinèrent devant l'adulte. Elles dirent au revoir à Shimizu et quittèrent les lieux.

« Tu devrais t'étendre, Shimizu-chan. »

« Oui, sensei… »

Elle y obéit, rattrapant la couverture au sol pour ensuite s'y réfugier en-dessous. Elle mit son avant-bras sur ses yeux clos. ''À quoi il pensait en faisant ça? Je suis sûre que c'est juste pour mieux paraître devant toute l'école… En plus, Ogawa-chan, Ishikawa-chan… Elles ont toutes les deux affirmé que ça s'était réellement passé… Et qu'elles n'ont pas revu ce clown de service après… Non… Il n'aurait quand même pas passé tout ce temps ici. Ça ne l'avantageait en rien…'', se troubla-t-elle.

« Sensei. Est-ce qu'Atobe-senpai a réellement… »

La jeune fille n'eut pas le courage de continuer sa phrase, mais l'infirmière comprit ce qu'elle voulait dire.

« Oui, il m'a demandé de revenir seulement lorsqu'il sortirait de cette pièce. Je t'ai bien sûr examiné avant pour être sûre dans quel état tu te trouvais, mais quand j'ai vu que tu avais simplement perdu connaissance. Je l'ai aussi avertie que si jamais il y avait quelque chose de me prévenir sur le champ. » répondit-elle.

Un rire de gêne s'échappa de la deuxième année. Trop faible pour que l'adulte ne le perçoive. ''Alors lui! À quoi il joue bordel!... Atobe-senpai… Décidément, il n'y a rien qui peut t'être profitable en agissant comme ça. Non, je pense trop… Je parie que c'est seulement pour son égo qu'il fait ça.''

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