Que le meilleur gagne, non?
« Je vous laisse le service. » annonça le roi.
Il tourna sur lui-même pour aller dans sa position de receveur. Shimizu fronça ses sourcils. ‘’Très bien. Il le regrettera!’’, se dit-elle avant d’aller à son emplacement.
« Ogawa au service! » déclara l’arbitre.
Le match allait enfin débuter. Les encouragements pour Atobe recommencèrent de plus belle. Ils envahissaient tous les alentours. Malgré tout, Shimizu réussit à discerner une voix qui lui était familière. C’était son amie Ishikawa qui se tenait proche de là où l’équipe féminine observait le court.
« Chiharu-chan!! Vas-y!! » cria-t-elle.
Un léger sourire apparut sur les lèvres de Shimizu. Même si Atobe jouait, Ishikawa encourageait sa meilleure amie.
« Atobe-sama!! Vous êtes le meilleur!! » enchaîna la même voix.
‘’Non, mais! Elle n’a aucune solidarité à mon égard celle-là!’’, pensa finalement Shimizu alors qu’elle venait de se faire trahir par sa copine. Son sourire avait disparu et elle avait une très grande envie de se retourner vers sa camarade pour lui ordonner de la soutenir et de laisser tomber le clown de service. Mais elle resta immobile sur place à maintenir sa concentration.
Elle devait tout donner pour faire mordre la poussière à ce satané roi. Après une défaite, il devrait un peu moins se la jouer.
Sa coéquipière servit en beauté, mais comme on pouvait s’y attendre de la part du capitaine masculin, il la renvoya avec autant de force. Il avait visé Ogawa, laissant Shimizu en plan. Heureusement, la balle rebondit sur le court en direction d’Hiyoshi. Au même moment, Shimizu reconnut la position. Avec tout le temps qu’elle avait passé à s’entraîner avec ce deuxième année, cette technique n’avait plus aucun secret pour elle.
« Laisse-moi cette balle Ogawa! » avertit Shimizu en courant pour réceptionner l’objet rond.
Hiyoshi frappa comme Shimizu s’y attendait. S’être autant entraîné avec ce jeune homme lui donnait un désavantage considérable en face de sa camarade de classe. Par contre, c’était dans les deux sens que ça se jouait.
« 15 à zéro! »
Un sourire s’afficha sur le visage fin du capitaine féminin. Elle alla rejoindre sa partenaire de double et elles tapèrent leurs mains ensemble. Le premier point était toujours quelque chose d’important pour le mental.
Le deuxième service se fit rapidement. Contrairement au dernier échange, Atobe concentra ses attaques sur Shimizu. Elle les renvoya toutes sans réelle difficulté. Quelque chose clochait. Elle avait repoussé ses limites durant ces deux dernières semaines, mais pas au point de pouvoir riposter aussi facilement. La seule raison qu’elle trouva était que le clown de service y allait doucement avec elle. ‘’Le salaud!’’, pesta-t-elle silencieusement en marquant un deuxième point.
Elle fixa alors de ses yeux verts Atobe Keigo. Celui-ci lui répondit avec un sourire de vainqueur même si pour le moment les filles menaient le combat. ‘’S’il m’invite dans ce jeu…’’, réfléchit-elle avant de tourner sur elle-même. Le troisième échange débuta. Après la riposte d’Atobe, Shimizu fonça sur la balle en la renvoyant sur le roi, mais avec une force légère.
Il la renvoya avec un peu trop de vigueur, mais pas assez pour que la balle sorte du terrain. Ogawa l’intercepta et lorsque la balle revint vers le côté des jeunes étudiantes, Shimizu lança un regard vers le troisième année, mais envoya l’objet rond de toutes ses forces vers Hiyoshi.
L’échange se poursuit un moment entre Hiyoshi et Shimizu jusqu’à ce qu’il aperçoit une ouverture dans les déplacements de sa camarade de classe. Il en profita pour frapper dans cet angle précisément. Shimizu fonça pour essayer de la rattraper, mais d’un pas lent. Elle tira la langue amicalement à Hiyoshi. Il vit la balle revenir droit sur lui. Par pur réflexe, il mit sa raquette face à la balle. Il avait oublié qu’il ne jouait pas en simple, mais bien en double. Ogawa avait donc rempli son rôle parfaitement en couvrant sa partenaire.
Shimizu renvoya une fois de plus l’échange sur Atobe, mais sans donner toute l’énergie qu’elle venait d’y mettre avec le deuxième année.
« 30-15! »
Le reste du jeu se poursuivit dans la même atmosphère. À chaque fois que Shimizu devait renvoyer la balle vers le roi, elle la frappait mollement.
« Jeu, Shimizu – Ogawa paire! Changement de côté! » cria l’arbitre.
Pendant qu’Ogawa passa sur le côté droit du terrain, elle y frôla Hiyoshi, mais aucun des deux joueurs ne s’adressèrent la parole. Sur le côté gauche, les deux capitaines croisèrent leur chemin. Au même moment, ils s’arrêtèrent et s’examinèrent.
« Je ne pense pas t’avoir donné la permission d’y aller doucement avec moi! » dit-il alors qu’il regarda de haut la deuxième année.
« Vous n’avez qu’à me forcer la main, senpai. » répondit-elle en reprenant son pas nonchalant.
Le deuxième jeu allait commencer d’une seconde à l’autre. Cette fois c’était Hiyoshi qui était au service. Shimizu continua sa plaisanterie envers Atobe. Le roi de Hyoutei Gakuen commençait à en avoir assez et augmenta son niveau de tennis considérablement, forçant le capitaine adverse à y mettre du sien. Le jeu fut remporté par l’équipe masculine.
Ce n’était que le début, mais enfin les échanges s’avérèrent à être intéressants à contempler. La foule chanta de nouveau l’hymne d’encouragement. Le duo féminin conquit le troisième jeu, sauf que les deux capitaines ne se donnaient toujours pas à fond.
Shimizu faisait exprès d’augmenter son niveau seulement lorsqu’Atobe augmentait son degré de performance. Les échanges s’éternisaient de plus en plus. C’est après que le score ait atteint 5-4 en faveur du duo masculin qu’Ogawa put admirer l’entrainement acharné de sa partenaire. Elle n’avait toujours pas failli au niveau de son endurance. La jeune fille n’avait pas pris de pause en laissant Ogawa rattraper toutes les balles, mais Shimizu était toute en sueur sous le soleil qui frappait les joueurs de ses rayons.
« Balle de match ! » alerta l’arbitre.
L’échange durait déjà depuis dix minutes. Les jeunes filles ne voulaient en aucun cas céder la victoire aux garçons. Même si ça signifiait qu’elles devaient se tuer à renvoyer chaque balle qui s’aventurait sur leur territoire. Sans faire attention, Shimizu envoya un lob en répliquant à la volée d’Atobe. Elle vit le troisième année sauter très haut dans les airs.
Il frappa la balle et celle-ci fonça à une vitesse éclair sur le manche de la raquette de Shimizu. On entendit alors le son de la raquette se fracasser contre le sol. Atobe s’envola de nouveau dans les airs et fit un nouveau smash.
« Hametsu e no Rondo! » annonça-t-il.
« 40-30! »
Shimizu ramassa sa raquette qui traînait toujours sur le sol et la pointa vers le roi.
« Atobe-senpai! Nous ne sommes pas en simple. » l’informa la jeune fille aux cheveux argentés et violets.
Sa partenaire de double fit un clin d’œil à sa capitaine.
« C’était parfait, Ogawa-chan! »
« Allez, on doit encore les rattraper! »
Elles avaient réussi à contrer une des techniques d’Atobe. Il avait l’habitude d’user de sa technique en simple. Shimizu se trouvait très chanceuse d’avoir Ogawa pour la couvrir. C’était la seconde fois qu’elle lui sauvait la mise!
« Tie-break! »
« Chiharu-chan! Tout va bien?! » s’inquiéta Ogawa.
Sa capitaine suait énormément et on pouvait facilement voir sa respiration beaucoup trop rapide. Elle n’avait pas prévu un match qui durerait aussi longtemps. Très obstinée, elle ne voulait pas admettre qu’elle avait atteint sa limite.
« Oui… Ça va… On ne va quand même… pas abandonner si... près de la victoire…»
Elle agrippa sa raquette et se présenta sur le court. Il ne restait que le Tie-Break. Elle avait réussi à tenir bon jusque-là, elle pouvait bien tenir encore quelques minutes.
« 7 – 8 » informa l’arbitre.
C’était au tour de Shimizu de servir. Elle serra la balle contre sa poitrine. ‘’Allez, je dois égaliser le score!’’, pria-t-elle. Malheureusement, sa vision avait déjà commencé à s’embrouiller. Cette étudiante ignorait si elle sera en mesure de frapper la balle correctement. Elle lança la balle vers le ciel bleu. Le cordage de sa raquette projeta l’objet rond comme elle l’espérait. Au moment de se réceptionner sur le sol, elle glissa. Elle mit son pied gauche en avant pour échapper à la chute. ‘’Une chance que j’ai de bons réflexe…’’, s’était-elle réjouit. À la seconde suivante, sa vision disparut.
« CHIHARU!!! »