Que le meilleur gagne, non?
Chapitre 3 : Une proposition inattendue
3865 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 08/11/2016 05:50
Une journée s’était déjà écoulée sur le calendrier. Rien n’avait changé depuis la date d’hier. Tout le monde était présent en cours puisqu’il s’agissait du lundi. Shimizu entra en classe d’un pas nonchalant, elle scruta chaque personne à leur place respective, puis finit par apercevoir l’individu qu’elle cherchait. Très peu de temps après, elle se trouvait à sa gauche. Elle eut un léger sourire sur le visage et s’adressa au jeune garçon dont le regard s’était perdu en fixant le paysage par la fenêtre.
Le paysage qui s’offrait était nul autre que les nombreux cerisiers déjà en fleur. Le rose clair des pétales avait envahi les allées piétonnes donnant ainsi un magnifique spectacle tout droit sorti des plus grands films. Mais il allait très bientôt être extirpé de ses pensées.
« Hiyoshi-kun? »
Celui-ci tourna la tête lorsqu’il entendit son nom.
« Bonjour! » dit-elle, enjouée.
« Oui… bonjour. »
« Dis, est-ce que tu aurais ma balle de tennis? Je pense bien l’avoir oubliée hier. »
Tout de suite, Hiyoshi s’exécuta. Il fouilla quelques secondes dans son sac et en ressortit l’objet convoité par sa camarade de classe.
« Merci! » prononça-t-elle tout en prenant l’objet rond entre ses mains.
Elle retourna ensuite à son bureau puisque le professeur venait tout juste de mettre le pied dans la salle de cours. L’enseignant n’allait pas tarder à commencer la matière. Elle allait remettre la balle dans son sac au moment où elle fit tourner l’objet sur lui-même et aperçut quelque chose, ou plutôt un dessin. Elle y vit une tête d’Hiyoshi en chibi encerclée d’un cœur.
Tout de suite, le rouge lui monta jusqu’aux oreilles. ‘’Bordel, c’est quoi ça?!’’ s’interrogea-t-elle. Elle n’avait pourtant jamais dessiné ce genre de choses et encore moins sur ses propres balles de tennis. Elle réfléchit un moment. Ça ne pouvait en aucun cas être Hiyoshi. Elle ignorait même s’il savait dessiner. Après une dizaine de secondes de réflexion, elle en vint alors à la conclusion que c’était Akutagawa-senpai. Oui, en y pensant, ça lui correspondait parfaitement. Il ne perdait rien pour attendre alors! ‘’J’espère qu’Hiyoshi-kun ne l’a pas remarqué…’’ se dit-elle, confuse.
« Shimizu-chan! »
‘’Même s’il l’a vu, il n’y a aucune raison qu’il réagisse à ça.’’ continua-t-elle dans son monologue intérieur.
« Shimizu-chan!! »
‘’Bon, je n’ai plus le choix, je ne pourrai plus utiliser cette balle. Heureusement que j’en ai toujours plusieurs dans mon sac…’’ essayait-elle de se soulager elle-même. Mais elle n’avait pas abandonné l’idée de parler de tout ça à son senpai.
« SHIMIZU! »
D’un sursaut, celle qu’on interpellait depuis un bon moment déjà se leva.
« Oui! », répondit-elle enfin à l’appel.
« Serait-ce trop vous demander de suivre le cours un minimum? Si vous ne vous sentez pas bien, je vous prierai de vous rendre à l’infirmerie. » dit le professeur, un peu indigné par le manque d’attention de l’élève.
« Non, c’est bon, je vais bien, désolée pour ça! »
Puis elle rangea discrètement dans son sac l’objet qui était au cœur de ses pensées. Elle porta ensuite toute sa concentration sur le cours comme devait faire une bonne élève. Habituellement, elle le faisait à la perfection, mais cette fois… M’enfin, passons.
L’heure du midi sonna finalement après quelques heures d’apprentissage. Tout se passa comme à l’accoutumée, les cours reprirent puis la fin arriva tout aussi vite. Bien qu’ils n’aient plus à être en classe, le temps consacré au club respectif à chacun des élèves venait tout juste de débuter.
À peine Shimizu sortit de sa classe que sa meilleure amie bondit devant elle.
« Chiharu! Tu vas à ton entraînement, c’est bien ça? »
« Oui, comme chaque jour… Tu le sais pourtant. »
« Oui, en fait… » entama son amie.
Elle prit un temps mort pour observer aux alentours. Lorsque fut certaine que la personne qu’elle cherchait du regard n’était plus là elle continua ses propos.
« De la fenêtre de ma salle de club, je peux observer l’équipe de tennis masculine! Si tu veux, je peux te faire un joli dessin d’Hiyoshi-kun puis te le donner! » dit-elle avec un large sourire sur les lèvres en se rapprochant de son amie.
« Eh… Non merci, ça ira. »
« Ou tu préfères un dessin d’Atobe-sama?! » s’empressa de rajouter Ishikawa.
« Ah non, pas ce clown de service! »
Puis le silence se fut tout autour des deux filles. Les regards féminins s’étaient jetés tout droit sur le corps da la pauvre Shimizu. Des yeux qui n’avaient rien de chaleureux. Elle venait bien de traiter le roi de clown de service. Même une de ses camarades de classe sortit de la pièce en bousculant volontairement celle qui ne portait pas le président du conseil des élèves dans son cœur.
Shimizu était bien sûr habituée à être dévisagée par tout le monde lorsqu’elle prononçait ces mots, mais elle s’en fichait éperdument. Elle ne voulait pas faire partie de ce troupeau de moutons. Elle ramena son regard sur son amie.
« Désolée, mais je vais finir par être en retard. On se voit demain. » dit-elle avant de presser le pas vers les vestiaires réservés aux membres de son club.
Elle dévala alors les longs couloirs de l’établissement scolaire. C’était une école privée, donc tout y était en grand. Le plancher soigneusement ciré, les tours soutenant les étages étaient même ornées. Son amie continuait de la suivre du regard. Elle était un peu confuse que sa camarade réagisse ainsi. Le dessin d’Atobe Keigo n’était qu’une simple blague.
« Euh… Oui, à demain… » dit Ishikawa dans le vide.
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« Hiyoshi! Tu dois apprendre à savoir être sur la défensive de temps en temps. »
Le jeune homme à la chevelure orangée regarda son adversaire qui était Oshitari. La respiration un peu accélérée, il se redressa puis retourna à sa position. Il ne devait pas lâcher prise. Bien qu’il possède un tennis très puissant, tout ce qu’il faisait était d’attaquer sans relâche son adversaire.
« Si tu ne le fais pas, tu n’arriveras pas à me battre en m’attaquant toujours. Tu laisses trop d’ouvertures. » ajouta son senpai avant de servir.
Ils reprenaient l’entraînement qui consistait en des matchs amicaux entre titulaires. L’un d’entre eux manquait à l’appel, mais il n’était pas bien loin. Simplement, tout le monde l’ignorait au début de l’entraînement.
« Shishido-san… Tu ne penses pas qu’on devrait aller le réveiller? » dit un jeune homme d’une voix douce.
« Akutagawa? Laissons Atobe s’en occuper. Tu devrais plutôt te concentrer sur l’entraînement, Choutarou. »
Gakuto vint rejoindre Oshitari.
« Et si on faisait un match en double? »
« Oui, si tu veux, Gakuto. » répondit le binoclard.
« Hé! Hiyoshi, va te chercher un partenaire! »
Le deuxième année regarda donc autour de lui. Malheureusement tout le monde était déjà en plein match. Tout le monde sauf une seule personne… Il laissa échapper un soupir avant de se diriger vers les gradins. Arrivé à la hauteur de son senpai paresseux, il tenta sa chance et commença à le secouer. Un bâillement s’en suivit.
« Akutagawa-senpai. Venez jouer un peu. Gakuto-senpai et Oshitari-senpai voudraient faire un match en double. » l’informa Hiyoshi.
L’endormi se releva sur ses fesses tout en s’étirant. Lorsque sa vision lui revint et qu’il distingua Hiyoshi. Il lui sourit.
« Ah Hiyoshi-kun! Dis, tu lui as bien redonné sa balle à cette Shimizu? » questionna-t-il.
Hiyoshi resta un peu sans voix face à cette interrogation. Ce n’était pas le sujet qu’il avait lancé quelques instants plus tôt…
« Oui, ce matin. » répondit brièvement le jeune homme.
« Bien, dans ce cas j’arrive! »
Il empoigna sa raquette et sauta du haut des estrades pour arriver juste à côté du terrain de tennis resté libre. Pour sa part, Hiyoshi reprit tout simplement le chemin qu’il avait emprunté. Le match commença.
Le temps défila jusqu’à la fin à l’entraînement quotidien. Akutagawa se jeta sur le joueur le plus prometteur de l’équipe.
« Hiyoshi-kun! »
« Désolé, senpai. J’ai quelque chose de prévu et je dois y aller. »
Akutagawa se figea sur place, mais il sourit au lieu de s’indigner.
« Tu dois aller rejoindre Shimizu-chan? » lança-t-il indiscrètement.
Il n’eut aucune réponse et l’élève de seconde année quitta les lieux sans demander son reste. Aussitôt, Akutagawa sauta au cou de deux de ses camarades. Pendant ce temps, les terrains de tennis se vidaient peu à peu.
« Shishido-kun! Ootori-kun! Ça vous dirait de m’accompagner!? »
« Vous accompagner où, senpai?... » répondit probablement le joueur le plus doux de toute l’équipe.
« C’est un secret! »
« J’imagine que tu nous laisseras pas réellement le choix de toute manière, n’est-ce pas? » demanda celui à la casquette.
« Héhé! »
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« Akutagawa-senpai. Pourquoi nous avoir demandé de vous accompagner si c’est pour suivre en secret Hiyoshi-kun? » demanda Ootari.
« Ne parle pas trop fort! Ils vont nous repérer! C’est seulement que si je tombe endormi, je veux quelqu’un pour me réveiller! Je ne veux pas manquer un seul moment! »
« Ils? Tu veux dire aussi la fille? », s’étonna Shishido.
« Oui! Ils sont dans la même classe! Je les ai surpris hier. »
« Euh… senpai… Ce n’est pas bien d’épier les gens… »
« Elle n’avait qu’à ne pas me réveiller cette Shimizu-chan! »
Il vint alors se frotter à l’emplacement où il avait reçu la balle en question il y a plus ou moins vingt-quatre heures de cela.
En réalité, Akutagawa les suivait en douce pour voir ce qui allait découler de cette rencontre qu’il jugea d’amoureuse, ou un début d’amour. Il était plutôt enjoué à l’idée que le sombre Hiyoshi puisse avoir été frappé par l’amour. Il n’avait aucune preuve concrète pour appuyer ses pensées, mais c’était amplement suffisant pour l’amuser.
« Vous étiez encore en train de dormir, si je comprends bien… »
« Je n’y peux rien! »
« Senpai, où sont-ils passés? »
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« C’était donc ça, la parole que tu voulais que je tienne? » demanda le jeune homme à sa compagne.
« Oui! »
Les pépiements des morceaux de viandes en train de cuire se faisaient entendre de partout. Les deux élèves de la prestigieuse école Hyoutei Gakuen avaient pris place à une place libre du restaurant où Shimizu tenait à se rendre depuis le début de la journée.
« Tu sais que je n’aurai bientôt plus d’argent à cause de ça? »
« Ne dis pas de bêtises! Et puis, tu n’avais qu’à ne pas perdre! » dit la voix féminine.
« Tu as perdu à plusieurs reprises par la suite. » rajouta le garçon.
Le silence se fit entre les deux personnes. Shimizu était bien agacée qu’il lui rappelle qu’elle n’avait pas pu tenir face à lui après sa victoire sur l’échange qui avait semblé durer une vraie éternité.
Elle aurait bien aimé gagner à tous les coups, mais ça lui était impossible. Ce Hiyoshi était vraiment redoutable. Ce n’était pas pour rien qu’on disait qu’il allait remplacer Atobe Keigo dès l’année prochaine. Mais avant que cela n’arrive, elle devait tout mettre en œuvre pour être capable de terrasser ce clown de service et le faire taire une bonne fois pour toutes. Écraser le roi était un but en commun à ces deux étudiants. Cependant, les motivations derrière étaient différentes.
Shimizu demanda le menu. Elle décida alors de commander du rosbif comme viande et demanda un menu un peu plus spécial que ce genre d’endroit ne servait normalement pas. Hiyoshi en resta bien surpris.
Elle s’avança légèrement vers son ami pour lui chuchoter à voix basse.
« Que ça reste entre nous, mais ce restaurant appartient à un grand ami de mon père et en temps difficile, il me demandait de venir l’aider. Alors j’ai quelques avantages. » dit-elle avant de poursuivre. « Je pourrais aussi demander un petit rabais pour éviter de trop te ruiner! »
Elle se remit convenablement à sa place, en face d’Hiyoshi. Elle reprit un ton de voix normal.
« Je n’ai pas choisi ce restaurant que pour moi! Même si tu dois payer, je ne voulais pas que tu détestes cette sortie. » l’informa gentiment la jeune fille.
« Ça m’est égal. »
La viande arriva. Shimizu ne tarda pas à mettre sa nourriture sur le grill et attendit qu’elle cuise. Hiyoshi avait son repas préféré : des fruits de mer avec bien sûr des huitres. Il commença à manger tranquillement et mit également quelques portions de viande rouge à griller.
Bien que le jeune homme n’ait pas beaucoup de conversation, Shimizu arrivait à lui tirer quelques mots de temps à autres. Une voix étrangère s’imposa à l’arrière de la jeune fille.
« Puis-je me joindre à vous? »
Le détenteur de cette voix s’installa parmi eux sans attendre la réponse, qu’elle soit positive ou bien négative. Une autre personne vint se placer aussi sur une des places libres.
« Atobe-senpai!! » fit alors Shimizu, bien surprise de le voir ici.
« Oui, c’est bien moi! » répondit-il avec un large sourire. « Kabaji! »
« Oui. »
Après le claquement de doigts du surnommé roi de Hyoutei Gakuen, son fidèle valet déposa alors plusieurs morceaux de rosbif sur le grillage. C’était bien plus agréable de partager un repas avec d’autres personnes près de soi.
« Oï! Senpai! » siffla-t-elle entre les dents.
Atobe n’en faisait bien qu’à sa tête.
« Que faites-vous exactement? », insista celle qui était réellement irritée par les agissements beaucoup trop familiers du clown de service.
« Ce restaurant est réputé pour leur rosbif. Disons que c’est mon mets favori. De plus, j’ai autant de droit que vous d’être ici, non? »
« Certes, mais pourquoi être venu à cette place précisément? Il y a d’autres endroits de libres à ce que je sache! »
Atobe posa alors ses yeux sur la jeune fille un peu trop résistante à son goût.
« Et si je refuse? » lança-t-il toujours avec son air arrogant.
Les poings de la jeune fille se serrèrent de plus en plus. La fin de journée venait de violement prendre une toute autre tournure. Elle qui pensait pouvoir passer la fin de la journée avec comme simple compagnie Hiyoshi.
‘’Je vais réellement le massacrer…!’’, pensa la jeune fille qui tentait bien que de mal de se calmer par elle-même. Elle ne voulait pas répondre aux provocations de son senpai et en vint à la conclusion qu’elle devrait mieux le laisser faire. Atobe semblait bien rigoler à la voir agir ainsi. Elle resta silencieuse quelques secondes et jeta un rapide coup d’œil à Hiyoshi.
Il semblait faire comme si tout allait bien et continuait de manger son plat. C’est ainsi qu’une idée lui vint en tête.
« Hiyoshi-kun! Ça ne t’embête pas qu’Atobe-senpai soit présent? »
« Non, pas vraiment. »
Son plan passa littéralement par-dessus bord. Elle aura beau demander au roi de s’en aller, jamais il ne l’écoutera. Si seulement Hiyoshi avait pu le lui dire, il y aurait eu une toute petite chance que ça fonctionne. Pour le moment, elle devait s’en contenter.
Ce n’était pas qu’Hiyoshi s’en fichait, c’est seulement qu’il ne voulait pas prendre parti entre son capitaine et son amie. Il respectait tout autant l’un et l’autre. Il pensait également que Shimizu devrait se calmer un peu en présence d’Atobe. Bien qu’il ait une grande confiance en lui et qu’il ne le cachait pas, ça ne faisait pas de lui une mauvaise personne. Peut-être qu’en passant le repas avec lui, elle finira par le comprendre.
Pour sa part, Atobe eut un sourire après avoir entendu son jeune joueur dire qu’il pouvait rester à sa place. Le fait que la deuxième année voulait toujours qu’il déguerpisse lui donnait de plus amples envie de rester. Étrangement, il aimait bien la volonté qu’elle renfermait à l’intérieur d’elle.
Shimizu restait tout simplement silencieuse, aux côtés de Kabaji. Elle s’occupait de sa viande. Elle la retourna lorsqu’elle jugea qu’elle était assez cuite d’un bord. Atobe laissa faire Kabaji pour le servir. Après le premier morceau de viande cuit à la perfection, il prit la parole.
« Shimizu. J’aurais quelque chose à te proposer. »
Tout de suite, elle avala ce qu’elle était en train de mâcher et lui répondit sans même le regarder.
« Quoi donc, senpai? »
« Au conseil des étudiants on a reçu une proposition bien intéressante. Pour la journée sportive qui est dans deux semaines, un élève nous a proposé de faire affronter les équipes masculines et féminines de chaque club. J’aimerais bien inaugurer cette journée avec cette idée et commencer bien sûr avec le club de tennis. Qu’en dis-tu? » questionna le roi avec un sourire au visage.