AVP: Ultimatum

Ils avancèrent à une allure régulière dans la forêt. A la tête de la formation, Nyx dégageait la voie pour faciliter la traversée à tous, au centre, on y retrouvait Richard, qui scrutait les alentours, son M16 prêt à l’emploi, protégeant Ludvig, étrangement muet tandis qu’Ava protégeait les arrières. Cette dernière semblait d’ailleurs à l’affût, inquiète, elle activa son oreillette :

« Major, on est suivi » souffla la brune pour que personne n’entend.

« Affirmatif, on continue jusqu’au checkpoint, terminé » répondit l’hybride argentée, continuant sa progression, imperturbable.

Elle avançait sans difficulté dans les fourrées, souriant en entendant Richard demander à Ludvig d’arrêter de claquer des dents. Peine perdue.

Puis Nyx se perdit dans ses pensées.

Quelques mois plus tôt, une unité avait été envoyée pour établir un campement en prévision d’une mission sur le terrain. Assez questionnable comme mission de reconnaissance. Et si cette mission avait été urgente, c’est que quelque chose était arrivé à l’équipe précédente. L’hybride en avait que faire du pourquoi mais elle ne raffolait pas des expéditions à l’aveugle. Même si la raison de toute cette mascarade lui semblait plutôt évidente, le résultat allait dépendre de Weyland et cela ne lui plaisait pas. Le patron de la plus florissante compagnie technologique était connu pour ne pas être un tendre et envoyer autant de personne pour piller un monument historique ne le dérangeait nullement.

Sa réflexion s’arrêta nette lorsqu’elle distingua un spectre odorant particulièrement reconnaissable. Droit devant se trouvait la carrière que l’équipe précédente devait approvisionnée, mais le silence qui y régnait faisait redouter le pire.

« Un problème ? » demanda la personne qui se trouvait à ses côtés, un homme d’une quarantaine d’années à la barbe fournie et aux cheveux roux, qui ne la fixa pas longtemps quand il comprit enfin le problème.

« Code orange » indiqua l’hybride sur le canal commun. La seconde suivante, tous les mercenaires étaient sur le qui-vive.

Nyx mit son casque et activa la vision thermique, aucun danger potentiel. Elle pénétra enfin dans la carrière, et découvrit avec stupeur la scène qui se dessinait.

« Merde ! Merde ! Merde ! J’ai pas signé pour ça » flippa l’un des mercenaire qui l’accompagnait.

Devant eux, un décor digne des films d’horreur. Ecorchés vifs, éviscérer, des corps pendaient aux arbres des alentours, à la vue de tous, comme une scène parfaitement orchestrée. Un signe territorial.

Sara se manifesta près de l’argentée en armure lourde, et se couvrit la bouche, écœurée « C’est Inhumain »

« Affirmatif » ajouta simplement Nyx qui s’approcha d’un corps suspendu à un des arbres millénaires, « Ce n’est pas un homme qui a fait ça » continua-t-elle en inspectant le tas de chair pendu par les pieds.

Elle fit glisser ses doigts gantés sur les muscles à vif, constatant avec étonnement la sauvagerie avec laquelle la peau avait été séparée de la chair. Même un boucher novice aurait plus de respect pour un veau.

« Comment ça pas un homme ? » lui demanda Isabela en arquant un sourcil tout en tendant un mouchoir à la petite scientifique « Je ne crois pas que ce soit un animal qui est fait ça, Major Jansen »

« Non, Je dirai plutôt un extraterrestre, mais c’est une histoire bien trop longue que je ne veux pas raconter, mais je suis sûr que maintenant, Ludvig sera plus enclin à vous en dire d’avantage » dit-elle en toisant le chef de troupe, qui avait malencontreusement régurgité son déjeuner.

Mais Ludvig était loin d’être son problème principal

« Ava, au rapport » demanda l’argentée mais elle ne reçue aucune réponse, elle attrapa le premier soldat à sa portée par le bras « Vous étiez à l’arrière, n’est-ce pas ? Avez-vous vu l’autre hybride qui était avec le groupe ? ». Elle l’entendit déglutir bruyamment, lui faisant archer un sourcil

« Je sais pas » Dit-il tout en regardant honteusement le sol, l’air coupable ou du moins complice.

Le mercenaire osa un coup d’œil vers celle qui lui serrait beaucoup trop fort le bras. La douleur était encore supportable, mais lorsque qu’il rencontra le regard noir de la Major, il savait que cette douleur pouvait devenir un bras brisé.

« Elle s’est éclipsée peu de temps après son rapport, je dirais peut-être deux minutes après »

« Vers ? » la prise se resserra

« Le nord-est » articula-t-il difficilement.

« Alors, que disent les corps, chère Nyx ? » demanda Richard tout en interrompant l’interrogatoire du pauvre gars qui n’avait rien demander à personne.

Le haut-gradé questionna Nyx du regard mais elle détourna le sien comme pour cacher sa colère. Comportement qui étonna particulièrement Richard qui la connaissait depuis longtemps. Nyx se repris rapidement, se retournant vers son ami.

« Je n’ai jamais vu un travail aussi bâclé, on dirait que les prédateurs qui ont fait ça, sont soit des novices soit ils n’en ont rien à faire des trophées. Ils font ça pour tuer, tout simplement. » Avoua Nyx « On doit les trouver avant qu’ils ne s’attaquent au groupe »

« Ils sont combiens ? » Demanda le commandant, les sourcils froncés.

« Vu le nombre de cadavre et l’état de décomposition, il y en a au moins deux » ajouta l’hybride, mais un frisson étrange d’excitation lui parcourut l’échine « voire trois »

Celle-ci leva la tête vers un coin reculé de la forêt, dans l’ombre. Elle s’approcha lentement de Richard, lui posant une main sur l’épaule :

Elle murmura « joue la comédie et écoute-moi » personne pour les entendre aux alentours, « Il y a trois prédateurs qui nous regarde depuis qu’on est arrivé »

Richard déclara avec dépit « Surement interpeler par le boucan que l’on a fait en arrivant, ou le bruit que fait Ludvig en vomissant » la remarque fit sourire son interlocutrice

« Le premier qu’on a repéré plus tôt ne faisait qu’observer, eux, ils chassent »

« Ava est partie dans la mauvaise direction »

« Ce n’est pas bien d’écouter au porte »

Richard prit un air faussement offensé « Vu comment tu l’as pris par le bras à ce pauvre homme, j’ai supposé que c’était important. Puis j’ai remarqué l’absence d’une certaine grande extravagante aux cheveux noirs et à la frange mal coupée » mais il reprit d’un air sérieux « On a une trentaine de personnes ici, comment on fait si on a trois prédateurs aux fesses ? »

Cela fit rire l’argentée, pas cyniquement, mais un vrai rire cristallin, qui surpris tout le monde dans la carrière. Vu le contexte, les autres se demandaient si elle n’était pas simplement folle.

« Je vais faire comme eux » l’incompréhension pouvait se lire sur le visage de l’homme en face d’elle mais elle lui répondit « Je vais me mettre en chasse »

« Et retrouver l’énergumène qui te sert d’adjointe ? » Richard afficha un sourire, mi-contrit mi-amusé.

« Non, elle n’est pas en danger imminent, elle reviendra surement avant moi, alors je te laisserai le soin de lui passer un savon mémorable » annonça-t-elle, sûre d’elle

« C’est pourtant pas mon anniversaire »

« Cadeau »

Il lui tapota l’épaule « Alors je te souhaite une chasse fructueuse » et partit en direction du soldat qui recensait les morts.

« Elle le sera »