L'Apprenti de Kanto : Sur la Route des Saveurs

Chapitre 6 : Le Défi de Maître Katana

4232 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/09/2024 19:36

Le soleil était encore bas dans le ciel lorsqu’un Léandre fatigué, mais soulagé, franchit les portes de l’école de cuisine. Il avait pris soin de ranger discrètement son Teddiursa dans sa Ball, la glissant dans la poche intérieure de son uniforme. L’apprenti ne voulait pas attirer l’attention sur son nouveau compagnon, du moins pas pour l’instant. Le chemin du retour avait été long, et son esprit était rempli d’appréhensions : comment Maître Katana allait-il réagir ? Et ses camarades ? Il avait manqué une journée complète en cuisine et savait que les rumeurs à son sujet allaient bon train.


À peine Léandre avait-il franchi le seuil de la salle commune que tous les regards se tournèrent vers lui. Une vague de soulagement parcourut la pièce, mais elle fut rapidement remplacée par des murmures inquiets. Quelques élèves s’approchèrent, les visages tendus par la nervosité. Au centre de la salle, Maître Katana, entouré de ses meilleurs apprentis, se leva lentement, son regard perçant accrochant instantanément celui de Léandre.


« Où étais-tu ? » lança un élève d'une voix tremblante. « Nous avons cru qu’il t’était arrivé quelque chose de grave. On a même dû lancer un avis de recherche ! »


Léandre prit une grande inspiration, sentant le poids de la situation peser sur ses épaules. Il savait qu’il lui fallait répondre avec tact et prudence. « Je suis vraiment désolé, » dit-il, cherchant ses mots. « Il y a eu des complications hier. Vous ne devinerez jamais ce qui s'est passé... J'ai rencontré un Pokémon sauvage dans la forêt. Il m'a attaqué, et j'ai dû me défendre. »


Un silence lourd s'abattit dans la pièce, seulement brisé par les exclamations de surprise de ses camarades.


« Attaqué par un Pokémon sauvage ? » répéta un élève, l'incrédulité dans la voix.


Maître Katana, impassible, haussa légèrement un sourcil. Son calme implacable contrastait avec l'agitation ambiante. « Es-tu certain de ce que tu avances, Léandre ? » demanda-t-il, ses bras croisés, son regard aussi tranchant qu'un couteau. Il semblait peser chaque mot de son élève, guettant la moindre faille.


Léandre déglutit, sentant la tension croître. Il n’avait aucune envie de révéler l'identité du Teddiursa, pas maintenant, pas ainsi. « Oui, maître... J’étais en train de récolter du miel quand le Pokémon m’a attiré dans la forêt, c'était... rapide, violent. »


Maître Katana plissa les yeux, visiblement peu convaincu. « Quel genre de Pokémon ? »


Léandre déglutit, la pression devenant presque insoutenable. Il savait qu’il devait jouer finement, mais l'urgence de la situation l’obligeait à improviser. « Oui, maître… C'était un Pokémon… immense. Ses griffes étaient acérées comme des lames, et son souffle… on aurait dit un rugissement de tonnerre. Il s’est jeté sur moi sans prévenir, ses yeux brillaient d’une lueur sauvage, et j’ai cru que c’était la fin. Je n’ai jamais vu une telle férocité. Il m’a poursuivi à travers la forêt, brisant les branches sur son passage, comme si rien ne pouvait l’arrêter. Je me suis caché derrière un arbre, mais il l’a presque déraciné pour m’atteindre. »


Les élèves échangèrent des regards terrifiés, certains ouvrant de grands yeux d’incrédulité. Maître Katana ne bougea pas d’un pouce, son regard toujours aussi impassible, mais une tension palpable se glissa dans l’air.

 

Le silence s’épaissit à nouveau. Katana, impassible, l'observa en silence, ses yeux fixés sur Léandre comme s'il essayait de lire au-delà des mots. « Suis-moi, Léandre, » dit-il finalement, d’une voix grave, son ton laissant peu de place à la discussion. « Nous devons parler de cette histoire en privé. J’ai l’impression que tu ne me dis pas tout. »


Léandre baissa les yeux, le poids de la demande de son maître s’abattant sur lui comme une chape de plomb. Le silence autour de lui semblait amplifié par les regards incrédules et perçants de ses camarades. Il sentit leur surprise, presque palpable, peser sur ses épaules. D’un pas hésitant, il commença à suivre Maître Katana, ses pieds traînant légèrement comme s’ils voulaient retarder l’inévitable.


Chaque pas résonnait faiblement dans le couloir désert, mais dans la tête de Léandre, le bruit sourd de son propre cœur martelait ses tempes, battant avec une intensité incontrôlable. Il tentait de se maîtriser, mais l’angoisse montait en lui, s’insinuant dans chaque fibre de son être. Il savait, au fond de lui, que cette conversation serait un tournant. Tout ce qu'il avait construit, tout ce qu'il espérait, se jouait maintenant.


Mais ce qui l’inquiétait encore plus, c’était la perspicacité de Maître Katana. Comment pouvait-il toujours tout deviner ? Léandre sentait son regard percer à travers ses pensées, comme si son maître voyait au-delà des mots, au-delà des excuses. Ce n'était pas une simple interrogation qui l'attendait dans ce bureau, c'était un véritable jugement.


Avec une légère appréhension, Léandre entra dans le bureau de Maître Katana. La pièce, sobre et ordonnée, sentait toujours les herbes séchées et le thé vert, un mélange familier qui n’apaisait pourtant pas les battements de son cœur. Le maître referma la porte derrière lui avec calme, avant de s'asseoir face à Léandre. D'un geste de la main, il lui indiqua de prendre place sur le coussin en face de lui.


« Alors, » commença Maître Katana, les mains jointes, son regard perçant fixé sur Léandre. « Je veux que tu me dises toute la vérité. Qu’est-ce qui s’est vraiment passé dans cette forêt ? »


Léandre sentit son estomac se nouer. Il savait qu’il ne pourrait pas tromper son maître. Pourtant, il hésitait à tout révéler. Mais face à l’intensité du regard de Katana, il comprit qu’il n’avait pas d’autre choix que de dire au moins une partie de la vérité.


« J’étais aux ruches, maître, » commença Léandre d’une voix qu’il s’efforçait de rendre stable, même si elle tremblait légèrement. « Je récoltais le miel, comme vous me l’aviez enseigné. Et puis… j’ai remarqué quelque chose de bizarre… Un Pokémon… un Teddiursa, qui volait le miel. » Il s'arrêta un instant, scrutant le visage de Katana. L'expression de son maître se figea immédiatement, son regard devenant plus tranchant.


« Un Teddiursa ? » répéta Katana, sa voix lourde de scepticisme. « Ici, dans nos bois ? Tu es sûr de ce que tu avances, Léandre ? »


La gorge de Léandre se serra. Il tenta de déglutir, mais sa salive semblait s’être évaporée. « Oui, maître… Je l’ai vu. Il dérobait le miel, alors je l’ai poursuivi dans la forêt. » Ses mots, hésitants, résonnaient comme s'il les libérait avec difficulté. « Je n’ai pas réfléchi… J’ai couru après lui. Mais alors que je le suivais, j’ai trébuché… » Il baissa les yeux, sentant la brûlure des souvenirs revenir, mêlant peur et humiliation. « Je suis tombé dans la rivière… Et à ce moment-là, maître… j’ai vraiment cru que j’allais me noyer. »


Le silence s’abattit dans la pièce, lourd et oppressant. Katana, immobile, observait Léandre d’un air pensif, sans trahir la moindre émotion.


« Et ensuite ? » demanda-t-il finalement, d’un ton plus sombre, presque menaçant.


Léandre releva lentement les yeux, cherchant désespérément les bons mots, des mots qui pourraient atténuer la méfiance dans le regard de son maître. « Ensuite… » commença-t-il d’une voix tremblante, « ça va vous paraître irréel, mais je crois que ce même Teddiursa m’a sauvé. » Il s’interrompit un instant, conscient de l’absurdité apparente de ses propos. « J’aurais pu être emporté par le courant, mais… c’est comme s’il m’avait aidé à revenir à la surface. »


Katana fronça les sourcils, une ombre de doute traversant enfin son visage. « Permets-moi d’en douter, » répondit-il, sa voix se refroidissant davantage, coupant l’air comme une lame bien aiguisée. « Les Teddiursa ne sont pas connus pour leur bonté. Ce sont des voleurs par nature, ils vivent de ruse et de chapardage. Ce n’est certainement pas ce genre de Pokémon qui t’aurait tiré d’un tel péril. »


Katana fit une pause, son regard devenant plus perçant encore, cherchant dans les yeux de Léandre une faille dans son récit. « D’ailleurs, » continua-t-il, avec une certitude glaciale, « il n'y a ni Teddiursa ni Ursaring dans les bois de Kanto. » Ses derniers mots claquèrent dans l'air, comme un verdict sans appel.


Léandre sentit son cœur s’accélérer. Il savait que son maître n’allait pas croire facilement à ce qu’il allait dire ensuite, mais il ne pouvait plus reculer.


« Maître… » murmura-t-il, baissant la voix, « j’ai la preuve de ce que j’avance. »


Katana plissa légèrement les yeux, son expression se durcissant davantage. « Qu'est-ce que tu essaies de me dire, Léandre ? »


Léandre plongea une main tremblante dans sa poche et en sortit timidement une Faiblo Ball. Il la tint devant lui, baissant les yeux pour éviter le regard perçant de Katana.


« Je… l’ai attrapé, » avoua-t-il d’une voix hésitante. « Ce Teddiursa… il est devenu mon Pokémon. »


Maître Katana demeura silencieux un moment, ses yeux fixés sur la Faiblo Ball dans la main de Léandre. Une lueur mêlée de surprise et de contrariété traversa ses traits habituellement impassibles, qui semblaient soudain se durcir. Puis, avec une lenteur calculée, il leva les yeux vers son apprenti. Sa voix, calme en apparence, était chargée d’une menace sous-jacente.


« Tu réalises ce que cela signifie ? » déclara-t-il finalement, rompant le silence d’une voix grave. « Dresser un Pokémon va à l'encontre des règles de notre école. Aucun apprenti ne peut posséder de Pokémon à l’intérieur de ces murs, et tu le sais parfaitement. »


Léandre sentit son cœur s’alourdir sous le poids de ces paroles. « Je sais, Maître, » murmura-t-il, incapable de soutenir le regard perçant de son enseignant.


Maître Katana détourna les yeux un instant, comme s'il pesait le pour et le contre. Lorsqu'il reprit la parole, sa voix avait gagné en dureté. « Dresser un Teddiursa n’est pas une mince affaire. C'est bien plus exigeant que de s'occuper d’un simple Rattata ou d’un autre Pokémon commun. Et tu sais tout aussi bien que moi que la cuisine est un art qui demande une attention totale. Tenter de concilier cela avec le dressage d'un Pokémon est une distraction que tu ne peux pas te permettre. »


Léandre, incapable de répondre, baissa encore plus la tête, sentant la culpabilité monter en lui. Chaque mot de Maître Katana pesait lourdement sur ses épaules, comme une condamnation.


« Tu ne sembles pas comprendre la gravité de la situation, » reprit Katana, sa voix s’aiguisant comme la lame d’un couteau. « Ces Teddiursa peuvent paraître inoffensifs, mais leur apparence mignonne et docile est trompeuse. Ce sont des voleurs, Léandre. Des voleurs qui deviennent des meurtriers. Ils commencent par voler du miel… » Sa voix devint plus froide, plus distante. « Et ils finissent par se transformer en Ursaring. De puissants Pokémon incontrôlables, dangereux, et capables de bien pire que de simplement chaparder quelques pots de miel. Nous savons tous où cela mène. »


Un frisson parcourut Léandre, une vague de peur qu’il n’avait jamais anticipée. Teddiursa… un meurtrier ? Le Pokémon qui lui avait sauvé la vie ? L’idée le glaça, ses paroles semant le doute là où il n’y en avait jamais eu. Sa poitrine se serra alors que la réalité s’infiltrait dans ses pensées : et si ce qu’il croyait être un allié pouvait, un jour, se retourner contre lui ? Le lien qu’il pensait avoir forgé n’était-il qu’une illusion ?


Léandre resta silencieux, la gorge nouée, sentant le poids des mots de son maître. Jamais il n’avait entendu Maître Katana parler d’un Pokémon avec une telle sévérité, une telle froideur. Pourtant, malgré cette dureté, Léandre ne pouvait se résoudre à croire que Teddiursa était comme les autres. Il avait agi par instinct, poussé par la survie, pas par une malice innée. Ce Pokémon était différent, Léandre en était certain.


Après un long silence, Léandre prit une inspiration tremblante, ses mots maladroits mais sincères. « Je comprends ce que vous dites, Maître… mais ce Teddiursa… il n’est pas comme ça. Je sais de quoi cette espèce de Pokémon est capable, je ne suis pas naïf. Mais avec lui… j’ai noué un lien particulier. Je crois vraiment qu’il m’a sauvé, pas seulement dans cette rivière, mais d’une manière plus profonde. »


Maître Katana fronça les sourcils, un mélange d’inquiétude et de désillusion traversant son visage, habituellement impassible. Il semblait soudain plus vieux, accablé par la décision que son apprenti semblait prêt à prendre. « Alors, c’est ça ? » dit-il d’une voix calme mais perçante. « Tu veux renoncer à ton rêve de devenir grand chef cuisinier… pour devenir un simple dresseur de Pokémon, comme tous ces gamins de ton âge ? »


Ces mots frappèrent Léandre comme un coup de poing. « Non ! » répondit-il, plus fermement qu’il ne s’y attendait lui-même. « Mon rêve, c’est la cuisine, depuis toujours. C’est tout ce que je connais, tout ce que je veux… » Il marqua une pause, cherchant les mots. « Mais… depuis que Teddiursa est entré dans ma vie, j’ai commencé à me poser des questions. Peut-être que j’ai envie de voir le monde, de découvrir de nouvelles saveurs, de cuisiner avec des ingrédients que je n’ai jamais connus avant. Peut-être que… voyager pourrait m’apporter tout ça. »


Maître Katana l’observa en silence, ses yeux durs, comme s’il évaluait chaque mot, chaque hésitation. Il ne répondit pas immédiatement, mais Léandre pouvait sentir que son maître était inquiet. Pas seulement pour le choix qu’il s’apprêtait à faire, mais pour l’avenir qu’il était en train de remettre en question.


« J’avais une place pour toi dans ma brigade, une fois que tu aurais passé le concours, » dit Katana, sa voix plus douce mais marquée par une pointe de regret. « Je t’ai formé pour cela, Léandre. Je t’ai vu grandir, apprendre… devenir le chef que tu es destiné à être. Mais si tu ne peux pas être là à 100% pour ta brigade… pour notre cuisine… alors je ne peux pas te laisser l’intégrer. Pas si tu es distrait par des envies d’aventure et de dressage de Pokémon. »


Le poids de ces mots écrasa Léandre. Il savait que Maître Katana avait raison. L’engagement envers la cuisine était total, absolu. Rien ne pouvait venir le diviser. Et pourtant… « Je comprends, Maître. »


Maître Katana resta silencieux, le regard fixé sur un point invisible, perdu dans ses pensées. Les secondes s’étiraient, semblant durer une éternité pour Léandre, qui n’osait plus bouger. L’atmosphère dans la pièce était tendue, presque suffocante, comme si chaque mot pouvait briser un équilibre fragile.


Puis, finalement, Maître Katana brisa le silence, sa voix calme mais empreinte de réflexion. « Après tout… cela faisait longtemps que je réfléchissais à cette idée… » Il s’interrompit, son regard se perdant à nouveau, avant de continuer : « …avoir quelqu’un qui serait plus qu’un simple cuisinier. Un chercheur de saveurs. Quelqu’un qui travaillerait pour moi, parcourant le monde à la recherche de nouvelles recettes, de nouveaux ingrédients, et qui rapporterait tout ce qu’il a découvert à la brigade. »


Ces mots firent l’effet d’une étincelle dans l’esprit de Léandre. Son cœur bondit dans sa poitrine. Une opportunité comme celle-là… c’était tout ce qu’il avait rêvé, une chance de voyager tout en restant fidèle à sa passion pour la cuisine. Il n’y croyait pas, mais c’était une porte ouverte, et il se précipita dessus avant que Maître Katana ne change d’avis.


« Maître ! » s’écria Léandre, presque trop vite. « C’est exactement ce que je veux ! Je pourrais voyager, découvrir des saveurs inédites, des techniques culinaires venues des quatre coins du monde… et tout vous rapporter ici, pour enrichir la brigade et nos recettes ! »


Il sentit son excitation grandir à mesure qu’il parlait. L’idée de combiner ses deux rêves, la cuisine et l’exploration, semblait parfaite. Il ne voulait pas laisser passer cette chance.


Maître Katana l’observa en silence, son expression indéchiffrable. Puis il fronça légèrement les sourcils, comme s’il pesait le pour et le contre. « C’est une grosse responsabilité que d’envoyer l’un de mes apprentis aussi loin, » dit-il après un moment, son ton plus grave. « Voyager à travers le monde, seul… c’est plus qu’un simple rêve d’aventure. C’est une mission exigeante, pleine de risques. »


Léandre acquiesça, essayant de contenir son enthousiasme débordant. « Je sais, Maître, je comprends. Mais je suis prêt à assumer cette responsabilité. Je veux vraiment apporter quelque chose de nouveau, quelque chose qui fera honneur à tout ce que vous m’avez enseigné. »


Maître Katana demeura pensif, son regard dur comme la pierre, pesant la décision dans sa tête. Il savait que ce n’était pas une décision à prendre à la légère. Envoyer un jeune apprenti à l’autre bout du monde, avec toute la pression de représenter sa cuisine, son école… c’était risqué. Léandre était encore jeune, peut-être trop jeune.


Mais d’un autre côté, il voyait dans les yeux de son élève une détermination qu’il n’avait pas vue depuis longtemps. Cette étincelle, ce feu, ce désir de quelque chose de plus grand. Cela lui rappelait sa propre jeunesse, quand il rêvait encore de parcourir les régions pour parfaire son art.


Maître Katana inspira profondément, son regard se faisant plus sérieux encore, presque solennel. Il croisa les bras sur sa poitrine avant de fixer Léandre, qui n'osait pas rompre le silence.


« Voilà ce qu'on va faire, » déclara-t-il enfin, d'une voix ferme. « Je te confisque ton Teddiursa, jusqu'à ce que tu obtiennes ton Badge de Kanto. J’y tiens, Léandre, et ça serait dommage que tu ne l'obtiennes pas. Ce badge est la preuve de ta maîtrise en cuisine, et rien ne doit t’en détourner. »


Léandre ouvrit la bouche, mais Maître Katana leva une main pour l’interrompre.


« Et si tu finis premier du concours, » reprit-il, « alors je te rendrai ton Teddiursa et je te laisserai parcourir le monde pour mon compte. Tu deviendras mon chercheur de saveurs, celui qui découvrira les ingrédients et recettes d’exception. Ce sera une opportunité unique d’allier ta passion pour la cuisine et ton envie de voyager. »


Léandre sentit son cœur battre plus vite à l’idée de cette proposition, mais Maître Katana n’avait pas terminé.


« Si, en revanche, tu ne finis pas premier… » continua Katana d’une voix plus grave, chaque mot pesant comme une sentence, « je te rendrai ton Pokémon, bien sûr. Mais il te faudra renoncer à la place dans ma brigade. Aucun voyage, aucune quête à travers les régions. Tu resteras ici, et tu devras t’occuper de ton Pokémon comme tu le pourras. »


Léandre resta figé un instant, l’esprit en ébullition.


« Qu'en penses-tu ? » conclut Maître Katana, l’air grave, attendant une réponse.


Léandre resta figé, surpris par la proposition inattendue de Maître Katana. Le poids du défi semblait l'écraser un instant, comme si tout l'avenir qu'il avait imaginé prenait une tournure différente, plus incertaine. Le silence dans la pièce s'épaissit, et son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Teddiursa était devenu bien plus qu'un simple Pokémon pour lui. Mais Katana avait raison, le concours représentait tout ce pour quoi il avait travaillé.


Ses pensées tourbillonnaient. Le rêve de parcourir le monde, de découvrir de nouvelles saveurs, et d’allier cela à sa passion pour la cuisine. Mais aussi la peur d’échouer. Que se passerait-il s'il ne finissait pas premier ? Il resterait ici, certes, mais est-ce que cela serait vraiment un échec ?


Léandre releva lentement les yeux vers Maître Katana, une étincelle de détermination allumée au fond de son regard. Le doute n’avait pas totalement disparu, il s’insinuait encore dans les recoins de son esprit, mais une autre voix s’élevait, plus puissante : celle du défi, de l’ambition. Plus il y pensait, plus il réalisait que cette épreuve n’était pas seulement un test imposé par son maître, mais une opportunité. La chance de prouver, non seulement à Katana, mais aussi à lui-même, de quoi il était réellement capable.


Sans un mot, Léandre tendit la main et saisit la Faiblo Ball. L’objet, lui parut soudain bien plus lourd, comme s’il pesait d’un poids symbolique — celui de son avenir, de ses rêves, de tout ce qui comptait. Il la contempla un instant, puis la déposa délicatement sur la table devant Maître Katana, l’air grave.


« Très bien, » finit-il par dire, sa voix marquée par une hésitation, mais teintée d’une résolution grandissante. « Je relève le défi. »


Léandre baissa brièvement les yeux, le temps d’une dernière hésitation. Puis, dans le silence de son esprit, il prononça une promesse intime, presque sacrée : Je reviendrai bientôt te récupérer.


Maître Katana observa Léandre avec une attention renouvelée, comme s'il cherchait à évaluer la profondeur de la détermination dans le regard de son apprenti. Sans un mot, il se leva de sa chaise, contournant lentement la table. Il tendit la main vers la Faiblo Ball, la saisissant avec soin, comme on manipule un objet fragile, chargé d'une valeur symbolique. Le moment semblait suspendu dans le temps.


Avec une lenteur cérémoniale, Katana se dirigea vers une armoire massive située derrière lui, à la façade en bois sombre et gravée de motifs anciens. Il ouvrit l'une des portes d'un geste mesuré et déposa la Faiblo Ball sur une étagère, à côté d'objets tout aussi précieux, témoins des années d'enseignement et des secrets de la cuisine qu'il y avait accumulés. Un claquement sourd se fit entendre lorsque la porte se referma, enfermant à l’intérieur non seulement le Pokémon, mais aussi l’enjeu du défi à venir.


Puis, avec une gravité dans son regard et un sourire à peine esquissé, Maître Katana exécuta un salut bref, respectueux, comme s’il reconnaissait la bravoure de Léandre face à cette nouvelle épreuve. C’était un geste qui scellait un pacte silencieux entre maître et apprenti.


« Les dés sont jetés, Léandre, » dit-il, sa voix douce mais ferme, marquant l'irréversibilité de la situation. « Tu sais maintenant ce qu'il te reste à faire. Ce Teddiursa, ton avenir en tant que cuisinier, tout cela repose sur ce concours. Donne-toi corps et âme, et peut-être que tu seras bientôt libre de parcourir le monde, à la recherche des saveurs que tu convoites. Mais pour l'instant, il est temps de te remettre au travail. »


Léandre hocha la tête, encore secoué par le poids de la promesse qu'il venait de faire. Sans un mot de plus, il tourna les talons, le cœur partagé entre l'excitation et l'appréhension. Alors qu'il quittait le bureau de son maître, une pensée claire dominait les autres : Je dois tout donner pour réussir.



Maître Katana le regarda partir, silencieux, l’expression indéchiffrable. Quand la porte se referma derrière Léandre, il resta un moment pensif, fixant l’armoire. « Voyons voir de quoi tu es capable Léandre. » murmura-t-il pour lui-même, avant de retourner à ses propres tâches.

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