Mechamon Iris

Chapitre 70 : Au revoir

3506 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 18 jours

IX - Final


Chapitre 70 - Au revoir


Salut.


Oui, vous l'auriez deviné, c'est encore et toujours moi. Ember.


Cela fait un bail qu'on se parle de la sorte, hein ? Je me demande si les autres ont déjà essayé de vous adresser la parole, eux aussi… P.. Peut-être que je suis la seule à le faire…


Si ça se trouve, vous n'êtes que des personnages de fictions que j'ai inventé pour avoir l'impression de raconter cette histoire à quelqu'un…!


…Hein ? C'est moi le personnage de fiction ? Et quoi encore ?! Vous ne trouverez jamais plus réel que moi !!


Bref. Ce n'est pas le moment de nous disputer.


L'autre jour, lors d'une scène très romantique que vous n'avez certainement pas regardé car vous êtes toujours très respectueux de mon intimité, Azul m'a convaincu de ne plus combattre aux côtés de la Résistance.


C'était un choix difficile à prendre. Beaucoup de gens comptaient sur nous pour la bataille au Plateau Indigo. Et ma présence aurait probablement sauvé de nombreuses vies. Mais c'est un piège que je ne connais que trop bien…


Azul a vu que le schéma d'il y a deux ans était en train de se reproduire. Je serais repartie me battre pour Kanto, assurant la sécurité de mes alliés tout en condamnant mes adversaires.


Finalement, en recommençant ici, j'aurais probablement eu à le refaire encore et encore, chaque fois que Kanto entrerait en conflit.


Idéalement, il aurait été préférable que les gens arrêtent de se battre. Mais moi-même je sais que ce ne serait pas une demande raisonnable. Si leur vie était plus importante que leurs idéaux, alors ces gens ne la risqueraient pas en premier lieu.


Ce n'est pas à moi de décider de si leur bataille est légitime ou non. Surtout que, moi aussi, j'ai mon propre combat à livrer. Un combat contre mes origines.


"C'est bon, on a fini de charger le camion. Nous partirons dans trois heures. Le temps de traverser le tunnel, nous devrions arriver à Carmin sur Mer aux alentours de dix-sept heures," nous annonce Azul en refermant l'arrière du véhicule.


"En roulant doucement…?" Je lui demande, peu rassurée à l'idée de le laisser conduire.


"En roulant normalement," répond-il d'un ton plus froid, captant mon manque de confiance.


Morgane nous fixe d'un air pensif. J'ai oublié de le préciser, mais elle viendra aussi avec nous. Après tout, elle a toujours dit, depuis qu'elle nous a rejoints à Safrania, qu'elle intégrait notre groupe, spécifiquement. Et non pas celui de la Résistance.


Hm ? Vous vous demandez où nous allons ? Azul l'a pourtant dit…


On va à Carmin sur Mer. Morgane a reçu un message crypté hier, de la part d'une personne affirmant avoir des infos sur le Grand Maître de la Ligue. Cette personne nous a donné rendez-vous là-bas.


Selon Morgane, il y a de grandes chances que cette personne soit Agatha, une vieille dame appartenant au Conseil, un groupe de gens super forts dirigeant la Ligue. Mais la probabilité pour que ce soit un piège est aussi élevée…


Personnellement, je suis plutôt positive vis-à-vis de cette rencontre. Je ne sais pas qui est cette personne, mais Green m'a envoyé un message, il y a deux jours, expliquant qu'il a contacté quelqu'un du Conseil pour avoir des infos sur le Grand Maître, mais que cette personne l'a rejeté froidement, affirmant qu'elle préférerait avoir directement affaire avec nous, plutôt que lui.


Décidément… Plus personne sur cette planète ne lui confiance.


"Bon, je dois voir une poignée de personnes avant de partir. On se retrouve ici dans trois heures," propose Azul, avant de s'éloigner progressivement du groupe.


"A.. Ah… Je vais vous attendre ici, alors…" Affirme Morgane, clairement mal à l'aise.


"Tu vas attendre trois heures sur un parking…? Profites-en pour dire au revoir à Farida au moins," je lui dis, lui tapant amicalement sur le bras.


"D.. Dans ce cas, je vais te suivre…"


"Moi, j'ai déjà dit au revoir à Farida. Je vais juste voir Anzu."


"J.. Je vais voir Anzu aussi, alors !"


C'est quoi son problème avec Farida ?! À moins qu'elle soit le genre de fille qui n'arrive pas à dire au revoir aux gens qu'elle apprécie ?


"Morgane," La voix menaçante d'Azul résonne dans le parking, alors qu'on le pensait déjà parti. "Arrête tes conneries et va voir Farida."


"...Ok."











Pour l'occasion, j'en ai profité et j'ai décidé d'inviter Anzu dans un café. La pauvre ne doit pas connaître la moitié des boissons proposées, mais cela veut aussi dire qu'elle ne devrait pas être déçue, peu importe son choix.


"Un jus d'orange, s'il vous plaît," demande-t-elle sur un ton beaucoup trop casuel. Comme si elle avait l'habitude de ce genre d'endroit…


"Tu veux rien de plus exotique…?"


"Non. Pourquoi est-ce que je voudrais goûter à des boissons étranges quand je sais déjà ce que j'aime ?"



Cette fille ne cessera jamais de me décevoir.


"Au fait, c'est quoi ce bout de bois que tu traînes sur le sol depuis tout à l'heure ?" Je demande, changeant rapidement de sujet.


"Oh. C'est un cadeau pour toi. De la part d'une fille que j'ai rencontrée lors de ma mission à la frontière," répond-elle en me tendant son bâton par-dessus la table.


Un cadeau pour moi…? Pourquoi quelqu'un que je ne connais pas voudrait m'offrir un morceau de bois…?


Voyant que j'hésitais à le prendre, Anzu fini par me jeter le bâton au visage. Au même moment, un serveur dépose nos boissons sur la table, faisant au plus vite par peur de se prendre un coup.


"C'est un sabre en bois qu'elle a récupéré lors de son voyage à travers Johto. Elle m'a dit de le donner au Chevalier Dragon en guise de bonne foi," reprend Anzu en tournant sa paille dans son verre. "C'était une fille un peu bizarre, mais elle semblait vraiment vouloir te rencontrer. Dommage que vous ne restez pas plus longtemps, avec Azul."


Ma haine contre Anzu, qui venait de me jeter mon cadeau au visage, se disperse alors que j'observe plus attentivement le bâton… ou le sabre en bois.


Maintenant qu'elle le dit, c'est vrai qu'il ressemble à un sabre johtonnais. Et il a l'air super résistant. Je suis sûre que je pourrais même m'en servir pour me battre.


Un cadeau en guise de bonne foi…? Après tout le mal que j'ai fait aux johtonnais…?


Serrant le sabre contre moi, je commence à regretter de ne pas avoir le temps de rencontrer cette personne. Mais, rapidement, un sourire se dessine sur mes lèvres.


J'ai une raison de plus pour ne pas mourir bêtement.


"J'ai été surprise lorsque ma mère m'a raconté ce qu'Azul a annoncé lors de leur dernier conseil de guerre. Mais j'avoue que ce qui m'étonne le plus, c'est que tu aies accepté," commente Anzu entre deux gorgées de jus d'orange. "Comment il a fait ?"


En réaction à sa question, je recrache mon jus de tomate par le nez. Des images de la confession d'Azul envahissant soudainement mon esprit.


"Beurk ! C'est répugnant !! Qu'est-ce qui te prends ?!!" S'indigne Anzu en essuyant ses vêtements couverts de liquide rouge.


E.. Est-ce que je lui dis ? Je n'en ai encore parlé à personne… Il faut dire que c'est super méga gênant comme truc à raconter !


…Non. Anzu mérite de savoir ! Elle est une amie précieuse, avec qui j'ai vécu de grandes aventures !!


Prenant une grande inspiration, je me décide enfin à parler.


"En fait, Azul et moi on—"


"N'ETTOIE TON VISAGE ! C'EST DÉGUEULASSE !!" Me coupe Anzu en me jetant une poignée de serviettes en papier à la figure.


Finalement, je décide de ne rien dire.





















Un vent froid traverse les rues de Jadielle, sifflant entre les bâtiments afin d'atteindre le petit parc dans lequel je me suis isolé, avec le Major Bob.


L'hiver approche à grands pas. Et mon interlocuteur semble prêt à accueillir la saison des frimas avec sa fidèle flasque d'alcool.


"Tu n'en veux toujours pas ?"


"Non merci."


Bob souffle du nez, buvant une grande gorgée avant de soupirer bruyamment.


"Ça me fait chier de ne pas t'avoir à nos côtés le jour de la bataille. Mais tu as fait le bon choix," dit-il en fixant deux miaouss se battant pour une poubelle, au loin.


"Si cela peut vous rassurer, Ember et moi partons vers une autre bataille, qui sera peut-être plus dangereuse que celle du Plateau Indigo…"


"Vous allez régler le problème des Mechamon Primitifs à la source, hein ?" Le regard du militaire se pose sur moi. "Je sais que vous seriez partis quoi qu'il arrive, mais il est difficile de vous en vouloir lorsqu'on prends ça en compte. Après tout, j'ignore combien de nos hommes survivrons si une de ces bestioles venait à apparaître sur le champ de bataille, dans deux jours."


"Ouais. C'est une affaire urgente pour tout le monde. Surtout pour nous."


Le major boit une nouvelle gorgée de sa boisson, murmurant des plaintes vis-à-vis de ce qu'il décrit comme étant une année merde.


Je le comprends. Il s'est passé tellement de choses en si peu de temps. La vie de plusieurs personnes dont je suis proche a radicalement changé en un clin d'œil. Certains pour le meilleur, d'autres pour le pire…


Mais je ne peux pas m'arrêter pour me lamenter. Ma vie aussi est en plein changement. Et c'est à moi de m'assurer que cette histoire se termine sur une note positive. C'est pourquoi je vais me concentrer sur ce qui est encore faisable.


Le son de la radio accrochée à la ceinture de Bob nous ôte de nos rêveries respectives. De cette dernière, sors une voix féminine dénué d'entrain, que je devine être celle de Farida.


"Évidemment, il ne se passe pas une heure sans qu'on ne me demande de bouger mon cul dans cette ville…" Dit-il en se levant du banc, signalant à sa subordonnée qu'il arrive.


"J'ai encore quelques personnes à qui parler avant de partir. Je vous souhaite bon courage pour la suite des opérations, Major."


"La prochaine fois qu'on se verra, je m'assurerais de te faire boire autre chose que de l'eau," répond-il en plaisantant, secouant sa flasque entre ses doigts.











Malgré le fait que j'avais prévu de dire au revoir à un bon nombre de personnes, finalement, je me retrouve à rejoindre le parking avec trente minutes d'avance. La raison à cela est que, contrairement au major, beaucoup de monde semble m'en vouloir d'abandonner la Résistance.


Les seules personnes qui ne semblaient pas m'en tenir rigueur, en plus de Bob, sont ceux qui n'ont aucun lien avec cette histoire, comme Daisy, ou ceux associés à la Team Rocket, comme Erika et Ursula.


Bien que, dans le cas d'Erika, c'est moi qui aie décidé d'écourter la conversation. Je ne me sens pas encore suffisamment à l'aise pour lui faire face…



En approchant le camion, je remarque deux silhouettes féminines attendant aux côtés de ce dernier. Il s'agit de Morgane et…


"Farida ? Tu n'es pas avec le major ?"


"Bonjour Azul," répond-elle sur un ton calme. Son apparence décomplexée dans ses vêtements d'hiver créant un contraste étrange avec l'urgence dont Bob a fait preuve plus tôt, lorsqu'elle l'a appelé par radio.


"Euh... dis…" Commence à marmonner Morgane en se rapprochant de moi. Elle transpire à balles comme si nous étions sous le soleil en plein été.


"Quoi ?"


"O.. On peut la prendre avec nous…?"



"Quoi ?"


Par réflexe, j'ai répété la même question deux fois.


Les deux femmes s'échangent un regard avant de me fixer. La situation est très malaisante… Je décide donc de reprendre la conversation en main, après m'être raclé la gorge.


"Morgane... Tu ne peux pas demander ce genre de choses comme s'il s'agissait d'adopter un chiot. Farida a des responsabilités."


"J'ai donné ma démission au major," affirme Farida, sans sourciller.


Ma tête se tourne en direction de la femme aux cheveux d'or, tandis que les muscles de mon visage cessent de fonctionner. Est-ce que c'est une blague d'adieu ? On ne sait jamais avec elle…


"Ta démission…?"


Farida acquiesce.


"...Pourquoi ?"


"Pour partir avec vous."


Peu importe ce qu'elle dit, elle le dit toujours avec un air beaucoup trop sérieux. Son expression est indéchiffrable. Je décide donc de scinder le visage de Morgane, qui devrait être beaucoup plus traître que celui de son amie.


"P.. Po.. POURQUOI TU ME LANCES UN REGARD NOIR ?! J.. JE N'Y SUIS POUR RIEN, MOI !!!" Hurle-t-elle en se cachant derrière Farida, les jambes tremblantes.


Ce n'est pas comme si j'essayais de l'intimider… Mais cette réponse me convient également.


"La Résistance a besoin de toi maintenant plus que jamais," je tente de raisonner notre nouvelle déserteuse.


Pour une fois, son expression change. Elle détourne le regard, troublée.


"Tu as raison. Mais l'annonce de votre départ m'a fait prendre conscience de plusieurs choses," explique-t-elle. "Pour commencer, cela fait un moment que j'ai le souhait de quitter l'armée pour voyager avec vous. Mais cette raison à elle seule ne suffirait pas à me faire déserter dans un moment pareil."


"Dans ce cas, pourquoi es-tu ici ?" Je demande en soupirant. Son affection à notre égard m'empêchant définitivement de m'énerver.


"Car quelque chose nous échappe. Nous sommes tous réunis ici, aux portes du Plateau Indigo. Je doute que nos ennemis ne sachent pas ce qu'il se passe, surtout après le spectacle de l'autre soir."


Elle n'a pas tort. Il y avait déjà peu de chances pour que la Ligue ne sache pas ce que nous préparions. Mais le Rocket Grand Prix a causé un tel vacarme sans que le gouvernement ne vienne, à aucun moment, rétablir l'ordre à Jadielle.


C'est suspect.


"Tu penses qu'ils préparent quelque chose en dehors de leurs QG ?" Je demande afin de confirmer son chemin de penser.


"Je n'en sais rien. Je pense juste que vous faites le bon choix en cherchant maintenant à localiser la source des monstres que vous avez rencontrés jusqu'à présent. Les forces présentes sur place sont déjà suffisantes. C'est pourquoi j'aimerais vous accompagner, et trouver ce qui cloche."


Difficile de répondre négativement à de tels arguments. J'ai pris la décision de partir avec Ember (et Morgane), car je souhaitais garder le contrôle sur nos vies avant que les choses ne dégénèrent. Et je ressens déjà que ce recul était une bonne chose.


Comme le dit Farida, la situation ne peut pas être aussi simples. Et, puisque nous partons rencontrer un membre du Conseil, on ne perd rien à gratter des infos pour nos amis les rebelles.


"D'accord. J'espère que tu aimes conduire," je lui jette les clés du véhicule en souriant.


Elle les attrape, me fixant alors silencieusement avant de marmonner un « c'était donc vrai » auquel je décide de ne rien répondre.


"Farida ! Qu'est-ce que tu fais là ?" Demande Ember d'une voix joyeuse, nous rejoignant en tapant une sorte de sabre en bois sur son épaule.


Lorsque notre amie l'ex militaire explique à ma partenaire sa volonté de nous suivre, cette dernière saute de joie sans se poser plus de questions.


"D'ailleurs, tes blessures sont déjà guéries ? C'était rapide," pointe Farida en m'adressant de nouveau la parole.


"Hm ? C'était si rapide que ça ?" Demande Morgane, toujours aussi déconnectée de la réalité.


Pour ma part, une vague de dégoût m'envahit alors que je repense à la méthode utilisée par Ember pour soigner mes blessures…


La première fois qu'elle a fait une telle chose, c'était il y a deux ans. Elle m'avait transféré une partie de son corps, liquéfié, par voie buccale. En contrepartie, elle avait perdu la mémoire et son apparence était devenue celle d'une enfant.


Cela lui a permis de me sauver la vie, et je ne m'en suis jamais plaint. Car j'étais inconscient lors du processus.


Cette fois-ci, elle m'a assuré qu'elle arriverait à contrôler le transfert de sorte à ce que, une fois la guérison terminée, la partie liquéfiée retourne dans son corps. Et elle n'a pas menti. Sa technique est terriblement efficace.


Cependant, j'aimerais vraiment ne plus jamais avoir à vivre une telle expérience…


"Il va bien…? Je ne l'ai jamais vu faire une tête pareille…" Commente la sorcière en me regardant d'un air inquiet.


"Ça va… Je vais aux toilettes un instant. J'arrive."


"Désolée Azul…" Me dit Ember, comprenant qu'elle est à l'origine de ce nouveau trauma. Je balaye sa culpabilité d'un geste de la main tout en m'écartant du groupe.











Une fois que tout le monde est installé, Farida démarre le moteur, et conduit en direction de la sortie de Jadielle.


C'est drôle. Lorsque nous sommes arrivés ici, je ne m'imaginais pas quitter la région de si tôt. Je ne savais même pas si nous la quitterions en vie.


Dans un sens, je suis heureux de partir. Bien que notre destin soit tout aussi incertain là où nous allons. Je sais que nous avons fait les bons choix. Ma vision est plus claire que jamais.


"Au fait, Azul. Tu as réussi à voir Léo ?" Me demande Ember, serrant toujours son morceau de bois contre elle. Où est-ce qu'elle a eu ça…?


"Oui. Pourquoi ?"


"J'ai été lui faire un coucou, tout à l'heure. Mais les gens dans l'entrepôt ont dit qu'il ne voulait voir personne…"


Après un léger soupire, mon regard se tourne en direction du paysage défilant de mon côté droit.


Léo fait partie des personnes qui ont du mal à accepter notre choix. Il tenait vraiment à ce que je me batte, avec lui, pour libérer Kanto et Johto du joug de la Ligue.


Finalement, il a interprété ma décision comme un retour en arrière. Il pense que j'ai décidé de redevenir celui que j'étais lors de notre première rencontre. Un égoïste priorisant sa survie par-dessus celle des autres.


Je ne lui en veux pas. Comme l'a dis Farida, la situation sur place est tendue. Je ne doute pas que son avis changera lorsque tout sera terminé.


"Nous lui rendrons visite quand on en aura fini avec notre quête," je réponds enfin à Ember. Un sourire se dessine sur ses lèvres tandis qu'elle acquiesce joyeusement.


Notre véhicule quitte la ville viride sans problème, entrant alors sur la Route 2. La dernière fois que j'ai emprunté cette route, j'étais avec Maggy. Nous avions pour mission de retrouver et escorter le Professeur Chen.


Tout cela me rend un peu nostalgique. Cependant, contrairement à la dernière fois, nous ne ferons pas le grand tour via Argenta et Azuria afin de rejoindre notre destination. Nous n'avons pas le temps.


C'est pourquoi Farida finit par tourner à droite avant la Forêt de Jade, s'engageant peu à peu dans le tunnel reliant Jadielle à Carmin sur Mer. Il s'agit de la route souterraine la plus longue du continent.


"J'espère qu'aucun ennemi ne nous attend plus loin… Les combats dans les tunnels finissent toujours mal," souligne Morgane, ayant déjà ouvert un paquet de chips pour accompagner le film qu'elle regarde sur son ordinateur portable.


Les paroles de la sorcière, dont j'ai pris l'habitude d'ignorer pour notre bien à tous les deux, prennent soudain une valeur imprévisible lorsque notre véhicule ralenti de plus en plus, jusqu'à s'arrêter totalement au début du couloir.


Un groupe d'hommes armés nous font face, pointant le camion avec leurs fusils d'assaut. Ils sont tous vêtus d'un uniforme appartenant à l'académie militaire de la Ligue.


"P.. Pourquoi tu t'arrêtes…?! Fonce leurs dedans…!!" S'exclame Morgane en chuchotant, secouant notre conductrice d'un air paniqué. Nous nous contentons tous de soupirer en la regardant, lui demandant de rester calme.


Soudain, le groupe de jeunes soldats fait de la place pour qu'un homme plus vieux, portant un uniforme d'instructeur mal entretenu, avec une veste ouverte sur son torse nu puisse se rapprocher.


En le voyant, mon cœur se fige. Je peux sentir mon sang se refroidir dans mes veines, et mes yeux s'écarquiller de plus en plus.


Qu'est-ce que tu penses faire, là…?


"Nous savons qui vous êtes !! Si vous voulez poursuivre votre chemin, alors Azul Leeves devra descendre de ce véhicule, immédiatement !!!" Sa voix puissante, de laquelle s'extrait un sentiment de fureur, résonne à travers le tunnel.


"Père..."



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