Mechamon Iris

Chapitre 52 : Entre filles

3064 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 6 mois

VII - Cramois’îles


Chapitre 52 - Entre filles


Baillant longuement, je jette un œil à l’horloge de mon pc. Plus qu’une heure avant notre arrivée au port de l’île Un.


Je me redresse, étirant mes bras avant de me frotter les yeux. Ma capacité à faire des siestes est toujours aussi efficace. J’oserais même dire que je me suis améliorée depuis que je ne travaille plus pour la Ligue.


La vie de fugitif me semblait stressante, au départ. Mais finalement, j’ai compris qu’il n’y avait rien à craindre tant que je ne sortais pas du cockpit de l’Eevolv-S.


Mais alors que j’inspire une grande bouffée de l’air chaud de l’habitacle du Soldat doré, j’entends un bruit sourd. L.. Le cockpit s’ouvre ?!!


Instinctivement, j’essaie de ramper dans un coin pour me cacher.


“Tu sais que le cockpit n’est pas assez grand pour que tu puisses t’y planquer…?”


Tournant ma tête, doucement, je vois la silhouette de celui qui me sert à la fois de protecteur, mais aussi de menace principale pour ma vie. Azul Leeves. Équipé d’une bouteille de spray, d’une bassine, d’une éponge…… UN INSTANT !


“T..T..Tu vas quand même pas faire le ménage là, maintenant, si ?!” Je demande, ma voix tremblante alors que je serre mon coussin contre moi.


“... Et si on changeait ton surnom de « Sorcière » à « Cafard Électronique » …?” dit-il, son visage se déformant dans une expression mêlant le dégoût et la pitié.


Je sens que mes yeux brûlent alors qu’une soudaine envie de pleurer monte en moi. De quel droit m’insulte-t-il de cafard ?! Je me douche au moins deux fois par semaine, et me brosse les dents cinq à six fois par jour tant j’aime le goût du dentifrice !!!


“M..Mais l’Eevolv est encore propre ! On a quitté Safrania il y a quoi ? T..Trois jours ?!”


Semblant encore plus en colère, Azul m’attrape par la capuche, à nouveau, et me tire en dehors du cockpit avant de me forcer à regarder à l’intérieur de ce dernier.


Des paquets de chips, de biscuits, de bonbons, tous vides, sont éparpillés à droite et à gauche, entre les canettes de Soda Cool que j’ai jeté sous le tableau de bord en me disant que je les attraperai plus tard…


De mon côté du cockpit, un mélange de miettes, de jus renversé et mal essuyé et de cheveux commence peu à peu à réduire les défenses de ma conscience.


“Je… JE SUIS DÉSOLÉE ! LAISSE-MOI NETTOYER, JE T’EN SUPPLIE !!”


Le jeune homme me pousse en dehors du conteneur, refusant ma requête par la même occasion.


“Va te doucher. Et ne te rapproche plus de mon mecha.”



C’est la gorge nouée et le visage rouge de honte que je traverse le Mitsu-Marin, marchant en direction de la salle de bain.


Les membres de l’équipage me regardent étrangement, comme si j’étais une créature rare. Un traitement digne d’un cafard expulsé de son nid… Non ! Je dois me ressaisir !! Je ne suis pas un cafard !!!


Ce type n’a pas le droit de me traiter de la sorte ! Je suis un composant primordial au bon fonctionnement de l’Eevolv-S ! J’irais donc pleurer dans les bras d’Ember après ma douche. Elle lui fera regretter ses paroles.


Mon cœur soulagé et renforcé par ces nouvelles résolutions, j’attrape la poignée de la porte de la salle de bain, et la tourne d’un coup vigoureux !



“Hm ? Oh. C’est toi.” Constate la magnifique femme aux cheveux dorés et noirs qui se tient nue en face de moi.


Je referme la porte dans un claquement aussi vigoureux que lorsque je l’ai ouverte, avant de me mettre en boule pour étouffer un cri de gêne dans ma robe épaisse.


Cependant, la porte s’ouvre à nouveau. Quelques secondes après pour être plus précise. Farida, toujours nue en face de moi, tient la poignée de porte.


“Est-ce que tout va bien ?” Me demande-t-elle, avec une expression si naïve que je me sentirais presque coupable d’être une adulte… Alors que cette femme est plus vieille que moi !!!


“C..C..C..COUVRE-TOI, BON SANG !!!” Je hurle, la poussant rapidement de nouveau à l’intérieur avant que quelqu’un ne puisse la voir.



Trente minutes plus tard, nous sommes toutes les trois, avec Ember et Farida, sur le pont, observant les îles à l’horizon.


“Je ne sais pas si c’est le stress ou l’eau chaude de la douche, mais je me sens vidée de toute énergie…” Je soupire, fixant l’eau de la mer en espérant y trouver des tentacool. Où encore mieux, un Sharpedo pour qu’il vienne me déchiqueter…


“Est-ce que tu veux une pomme ?” Me propose Farida, que je me contente d’ignorer.


Ember me regarde d’un air inquiet, posant gentiment sa main sur mon dos.


“Ça ne va pas, Morgane ? Tu as l’air de mauvais poil depuis qu’on a quitté Safrania…”


Merde. Elle s’inquiète pour moi ! Je dois la rassurer, mais comment ?! Je n’ai pas envie de lui mentir en lui disant que tout va bien. Mais d’un autre côté, si je relativise, la situation est meilleure aujourd’hui comparée à il y a un mois.


J’ai une amie qui m’aime, mes alliés ne sont pas tous des malades mentaux, et j’ai même une personne ou deux qui me protègent. Oui… La situation n’est peut-être pas si mauvaise. Je devrais essayer de discuter un peu plus avec Azul et—


“Elle semble être de mauvaise humeur depuis qu’elle m’a vue nue.”


FARIDA ?!!!


“Hah ?!” Le visage d’Ember s’empourpre alors qu’elle nous fixe toutes les deux, bouche bée.


“Je suis navrée que mon corps ait ruiné ta journée, Sorcière…” Dis Farida, en baissant les yeux d’un air vraiment désolé.


“A..A..Arrête ! C..Ce n’est pas ton corps le problème !! C’était juste un peu violent comme expérience… C’est tout !”


Le rouge qui couvrait le visage d’Ember disparut peu à peu, remplacé par un blanc des plus pâles. Un instant…


“E..EMBER ! CE N’EST PAS CE QUE TU CROIS !!” Je l’attrape par les épaules, la secouant de toutes mes forces.


“Alors mon corps ne te dérange pas finalement… J’en prends note.” Ajoute Farida, d’un air déterminé.


“STOP !!! T’es en train d’empirer les choses, bordel !!!” Ma voix se perd dans l’air, entre les sons des goélises et de l’eau balayée par notre navire.


Une fois la situation clarifiée, notre amie aux boucles d’or se met à fixer Ember intensément. Presque trop intensément d’ailleurs…


“Euh… Farida ? Tu peux arrêter de me dévorer du regard s’il te plaît…? Je ne suis pas Morgane.”


Qu’est-ce qu’elle sous-entend par là ?!


“Je ne comprends pas.” Commence à expliquer Farida, ne détournant pas son regard un seul instant. “Pourquoi est-ce que le fait que je ne ferme pas la porte de la salle de bain pour des raisons de sécurité relève de l’indécence, alors qu’Ember est la personne portant le moins de vêtements sur le bateau, actuellement ?”


Ma meilleure amie pousse un cri de surprise avant de fermer sa veste si vite que le mot fermeture-éclair pris soudainement tout son sens à mes yeux.


Je comprends où Farida souhaite en venir. Bien que je sois en partie coupable puisque j’ai aidée Ember à sélectionner sa nouvelle tenue…


“Maintenant qu’elle le dit, tu n’étais pas du genre à hurler à la décadence pour la moindre chose lorsqu’on vivait encore à Céladopole ?” Je suis à peu près sûre qu’elle était choquée par le décolleté d’Olga à Safrania aussi…


Ember nous lance un regard noir à toutes les deux, cachant son visage dans le col de son manteau.


“J..J’étais une enfant ! J’étais facilement impressionnable !! Mais maintenant que je suis une adulte…Je dois impressionner les autres avant qu’ils ne m’impressionnent !!!” Dit-elle d’un air un peu trop déterminé.


“Je vois. C’est très bien pensé. Je suis fière de toi, Ember.” Farida acquiesce, avant d’offrir à sa disciple une caresse sur la tête.


Pour ma part, je me contente de soupirer.



Les minutes s’écoulent rapidement tandis que notre navire se rapproche progressivement du port, avant d’y lâcher l’ancre.


Le Mitsu-Marin se vide peu à peu. Son équipage partant rejoindre les habitants qui sont venus nous accueillir.


De mon côté, il est hors de question que je sociabilise avec des inconnus ! Je prends donc le risque de me rapprocher de mon ancienne habitation, la boule dans le ventre.


Je pense que nous sommes partis du mauvais pied avec Azul. Si je m’excuse, et que nous en discutons comme deux adultes responsables, alors—


Alors que j’étais enfin résolue à agir de manière responsable pour une fois dans ma vie, je vois l’Eevolv-S se propulser en dehors du bateau sous sa forme humanoid. Le Vyzard le tenant dans ses bras, derrière, afin de lui permettre de rester en vol tandis que les deux mechas disparaissent dans l’horizon.


……


Pourquoi ?! Est-ce que j’ai officiellement été abandonnée ?!! Je suis censée être un élément primordial au bon fonctionnement de ce mecha !!!


Et Ember n’est pas censée être ma meilleure amie ?! J.. J’attrape mon téléphone et le débloque rapidement avant de chercher son nom dans mon répertoire— Ah. C’est vrai… Je n’ai qu’un seul numéro et c’est le sien…


Mes mains tremblent alors que mon cœur se brise sous les coups de cette trahison.


“Sorcière ? Tu ne débarques pas ?”


Farida…? Je la fixe d’un regard fatigué. Depuis que je l’ai vue à poil, elle est devenue la seconde personne sur Terre dont je n’ai pas peur.


“Je n’aime pas les gens…” Je lui réponds, soupirant avant de m’asseoir par terre, contre la paroi d’un des nombreux conteneurs habillant le pont.


“Les gens ? Lesquels ?”


“Tous.”


La jeune femme me fixe sans rien dire. Elle doit me trouver méprisable. Et elle n’a pas tort. Je suis une trouillarde, faible et lâche, qui a passée sa vie tournée vers le passé, à fuir les personnes vivant dans le présent…


“Est-ce que tu veux venir avec moi ?” Me demande-t-elle, après quelques secondes de silence.


“Non.”


“Je n’ai pas encore dit où nous allions.”


“Est-ce que j’ai l’air de quelqu’un qui aime aller à des endroits ? Non. Je vais rester là et attendre que l’Eevolv-S ne revienne.” Avec un peu de chance, il m’atterrira dessus…


“Azul et Ember sont partis pour la journée. Et…” Sa voix faiblit un peu. Un détail étrange quand on connaît le personnage de Farida.


Je lève les yeux, et constate que l’expression sur son visage a changé. Elle semble stressée, voire anxieuse. J’ai vraiment envie de l’envoyer balader… Mais si je le fais, je sais que je vais m’en vouloir !


“Q.. Quoi…?” Je demande, avec beaucoup d’hésitation.


“J’aimerais faire le tour des îles Sevii…”


Elle s’est crue à Alola ou quoi ? Pourquoi est-ce qu’on ferait le tour d’un putain d’archipel alors qu’on ne reste qu’une seule putain de journée avant de repartir vers le putain de continent ?


“Je suis originaire d’ici.” Continue-t-elle. “Mais bien que je sois sûre de pouvoir vaincre à peu près n'importe qui sur cet archipel en un contre un, pour une raison que j’ignore, j’ai peur de descendre du navire.”


Mes yeux s’écarquillent, alors que je constate que nous ne sommes pas si différentes. Elle aussi, elle n’aime pas les gens. Elle n’en a juste pas conscience…



En descendant du navire avec elle, la première chose que je constate, ce sont les gens. Hormis notre équipage, les personnes présentes au port sont toutes ce que je devine être des habitants de l’île.


J’ai toujours cru que les personnes travaillant sur des ports étaient des hommes musclés à la peau brûlée par le soleil… Mais ici, il n’y a que des femmes. Musclées avec la peau brûlée par le soleil.


Peut-être que je suis stupide de croire à un tel cliché… En tout cas, si elles sourient aux membres de notre équipage, on ne peut pas en dire autant vis-à-vis de nous. Leurs sourires se dissipent systématiquement lorsque leurs regards se tournent vers moi et Farida.


Est-ce que Farida est une sorte de paria au sein de sa Terre-Natale ? Où alors c.. c’est moi qu’elles jugent ?! Je veux dire, ce ne serait ni la première, ni la dernière fois que quelqu’un me regarderait de travers dans la rue… He… Hehe…


“Sorcière ? Si tu te sens vraiment trop mal, nous pouvons rentrer au bateau.” Propose Farida, me regardant toujours avec son visage inexpressif…


“N.. Non ! On aura l’air trop bizarres si nous faisons marche arrière ! J.. Je refuse de me ridiculiser davantage !”


“...?” Elle me lève un sourcil, mais n’insiste pas, rendant la situation encore plus gênante pour moi.



Suivant les pas de Farida, qui semble connaître l’archipel comme sa poche, je fais semblant de m'intéresser à ses anecdotes alors que nous traversons une étendue de sables doux.


“On appelle cette plage la « Plage aux trésors. »”


“Et il y a vraiment des trésors ici ?”


“...”


Son silence veut probablement dire que oui… À quel point est-ce que ces gens sont stupides pour annoncer où ils cachent leurs putain de trésors…?


“On ne peut pas aller ailleurs ? J’en peux plus de bouffer des rafales de sables au moindre coup de vent.” Je demande, changeant de sujet.


“L’île Un possède un volcan en son centre, tout comme l’île principale. Mais contrairement à Cramois’île, aucune recherche n’a lieu ici. Nous avons donc de nombreuses sources chaudes naturelles ainsi que des fumerolles ou l'on y cuisine un ragoût mangeable qu’aux îles Sevii.”


“Je pense avoir eu ma dose de « fan service » pour la journée… Et je n’ai pas faim.”


Un semblant de déception est discernable entre les traits statiques du visage de Farida, qui continue de réfléchir avant de prendre une décision.


“Dans ce cas, partons pour l’île Deux.”



Comme l’a proposé ma guide, nous quittons l’île Un et rejoignons l’île Deux à bord d’un petit bateau de pêche.


Bien que les îles Sevii soient nombreuses, la plupart d’entre elles sont assez petites et rapprochées.


La deuxième île est la plus petite de l’archipel. Et, pour une raison que j’ignore, c’est ici qu’ils ont décidé de foutre leur seul et unique magasin…


“La communauté des îles Sevii n’utilisent pas d’argent pour commercer. Ils fonctionnent en échangeant des produits ou des services.” Explique Farida, alors que nous approchons la vieille boutique perdue au milieu de nulle part.


“Je comprends maintenant pourquoi l’équipage donnait des boîtes de produits originaires de Parmanie aux femmes du port…”


Ma guide acquiesce, avant d’ouvrir la porte du seul et unique commerce des îles Sevii, un dring retentissant dans la pièce. Une vieille dame au visage rigide nous fixant sans rien dire.


“Cet endroit est le seul où l'on peut utiliser des pokédollars pour se procurer des objets.”


Mes yeux se promènent sur les étagères. Téléphones, armes à feu, pokéballs, bijoux… Cet endroit est clairement un putain de marché noir !


La vieille au comptoir se met à se marrer, dans son coin. Est-ce qu’elle se moque de moi, car je suis choquée de voir des fusils d’assaut en vente libre ?!


Farida, visiblement aussi mal à l’aise que moi, me propose discrètement de sortir de la boutique.


“C.. C’était quoi son problème à cette sorcière ?!” Je demande, une fois dehors, proche du bateau et loin de l’étagère à AK-47.


“Elle peut aussi être considérée comme une sorcière…?” se demande Farida, plissant des yeux alors qu’elle analyse mon apparence… me vexant par la même occasion.


“Je n’ai rien dit jusqu’à présent, car j’aime ce surnom, mais appelle-moi par mon prénom dorénavant.”



L’île Trois. Tout comme pour le deuxième morceau de terre des îles Sevii, nous utilisons le petit bateau de pêche emprunté sur l’île Un afin de nous y rendre.


À première vue, on se croirait sur une île déserte. Un endroit où la nature est dominante avec ses grandes étendues de sable et son immense forêt. Mais, suivant toujours Farida, après une bonne demi-heure de marche entre les abo et les saquedeneu, une civilisation apparaît !


J’ai déjà entendu parler du village caché de Parmanie de part Ember et Anzu. Les deux avaient des avis très divergeants vis-à-vis de l’endroit, et je ne sais pas trop quoi en penser. D’un côté, je comprends qu’Ember avait trouvé l’endroit terriblement chiant. Mais, personnellement, s’ils ont une bonne connexion à internet, je suis sûre que ce village est le paradis sur Terre…


Où du moins, c’était ce que j’imaginais, jusqu’à trouver le village caché de l’île Trois. Trempée de sueur, je me tourne vers Farida, les yeux injectés de sang.


“C..C..C..C’est quoi ce bordel…?!!” Je hurle en chuchotant.


Dans ce village fait de bois et de maisons suspendus dans des arbres centenaires, habitent une population comparable à une putain de ville !

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