Mechamon Iris
VI - Safrania
Chapitre 48 - Retrouvailles
Le visage de mon adversaire, Green Chen, aussi connu sous le nom du « Professeur », se déforme peu à peu alors qu’il voit sa cible rejoindre le toit du bâtiment M.
Je n’ai jamais vu une telle forme de frustration chez un être humain. Ce gars est vraiment obsédé par Leeves.
“Des snipers…? Peu importe. Dès que j’en aurais fini avec vous, je n’aurais plus qu’à le tuer à nouveau !”
“Je savais déjà que tu étais un putain de taré, mais chaque fois que tu parles, c’est une preuve de plus comme quoi t’as besoin d’un suivi psychiatrique !”
D’un mouvement du bras, le Professeur utilise sa pokéball afin de contrôler ses lames à distance, les faisant s’abattre sur le mur qui me sert de couverture.
Le temps que ma cachette soit totalement réduite en poussière, j’ai le temps de sortir et charger ce fils de catin, mon fusil à pompe en main.
“Tu penses vraiment pouvoir échapper à la mort, Bobby ?!”
Cet enfoiré tente encore d’utiliser son Soldat pour m’attaquer, mais un nouveau tir de l’un de nos deux snipers retentit. Ses lames forment instantanément un bouclier à côté de lui, afin de parer le coup.
J’en profite donc pour réduire la distance qui nous sépare. Je le vise ensuite avec mon pompe et tire un bon coup afin de plomber ce petit insolent.
Mais une fois de plus, les lames de son Soldat se déploient afin de former un bouclier en face de lui, le protégeant de mon tir.
“Tu en as du cran pour me charger de la sorte, en sachant que tu n’as absolument aucune chance. C’était pareil, lorsque tu as déserté l’armée avec tous ces idiots qui te servent d’esclaves…” dit-il d’un ton malicieux.
“Ce ne sont pas des esclaves ! Ces guerriers se battent pour faire de Kanto un endroit juste !! Ils sont bien plus libres qu’un chien de la Ligue tel que toi !!!”
À peine ma phrase terminée, je tente de changer d’angle afin de tirer à nouveau, mais son bouclier se forme bien trop vite, le rendant intouchable.
Chaque fois qu’il tente lui-même de passer à l’offensive, un tir de sniper fend le ciel de Safrania pour essayer de l’abattre. Mais, une fois de plus, ses lames s’interposent.
Je commence à comprendre comment fonctionne son stupide mecha. Avec cette étrange pokéball bleue, le Professeur est capable de contrôler ses lames sans être dans son cockpit.
De plus, elles semblent programmées pour le protéger à chaque attaque qu’il subit. Ce programme prenant la priorité sur tout le reste, interrompant ainsi ses propres attaques.
Au final, j’avais raison de penser que son Soldat était un putain d’épouvantail à l’époque. Il ne sert qu’à faire peur à ses adversaires.
Une idée me vient alors. J’attends le bon timing, qu’un de mes deux subordonnés tirent, pour l’attaquer également, en simultané.
Malheureusement, ses lames se répartissent la tâche, créant deux boucliers, plus petits, mais tout de même efficaces.
Il y a un sourire malsain qui se dessine peu à peu sur ses lèvres, alors qu’il nous observe. J’aurais cru que, vu son tempérament, le fait que nous l'empêchions d’attaquer le frustrerait encore plus, mais c’est tout l’inverse.
Cet enfoiré s’amuse avec nous. Il sait qu’on ne peut pas le toucher, et que nos munitions sont limitées. À ce rythme-là, nous n'aurons aucune chance.
On ne peut rien lui faire, mais lui non plus, pour le moment. Il faut donc que je continue d’essayer des choses avant qu’il ne soit trop tard !
J’ai gardé une grenade aveuglante sur moi. Il serait peut-être temps de s’en servir. Je dégoupille donc cette dernière avec mes dents, avant de la jeter sur mon adversaire.
Comme je l’imaginais, son robot a pris cela comme une attaque, créant un bouclier pour arrêter la grenade. Mais cette dernière s’active au contact, éblouissant Green Chen et esperons-le, son putain d’épouvantail avec.
“AAAH !!! ESPÈCE DE—”
Une fois de plus, nous nous coordonnons avec Sean afin d'attaquer cet enculé en même temps. Cette fois-ci, je mets toutes les chances de mon côté. Rangeant rapidement mon fusil, je dégaine mon couteau et charge le Professeur afin de le planter.
En général, ce n’est pas une bonne idée de partir dans la mêlée lorsqu’un sniper allié est sur le point de tirer. Mais j’ai confiance en Sean. Je sais de quoi il est capable.
De toutes mes forces, utilisant tout mon poids et tenant le couteau en avant, je poignarde… rien du tout ?!
Alors que ma vision est de nouveau utilisable, je vois que le corps du Professeur se trouve sur le sol. Il n’est pas plus blessé, et son sourire malsain est de retour. Est-ce que ce débile en a profité pour s’allonger ? Pourquoi ? Car il ne pouvait pas créer de bouclier sans contact vi—
“Tu réfléchis trop Bobby ! Le Shift-3 n’a pas de faiblesses. Vous, en revanche…”
“M.. MAJOR !!! WAAAAAAARRHGG !!!”
Je ressens mes veines brûler tandis que ma peau devient glaciale. De la fumée s'échappe d’un immeuble, plus loin. Je comprends maintenant… Il a esquivé mon coup pour permettre à ses lames d’attaquer !
Mais pourquoi ne m’a-t-il pas pris pour cible ?! Je suis la plus grande menace dans l’immédiat ! Ce fils de pute… Il…
Il n’en a rien a foutre ! Pour lui, ce combat n’est qu’un jeu, et nous sommes ses putains de jouets !!!
“Major. J’suis désolé, mais vous allez devoir vous débrouiller tout seul à partir de maintenant.”
Sean…?
Tournant mon regard en direction de son toit, je vois la silhouette d’une créature métallique affreuse faire son apparition dans le ciel. Il s’agit du Soldat de Green Chen…
Les bruits de tirs et d’acier s’entrechoquant résonnent au loin, tandis que je continue ma course en direction du bâtiment C.
Dû à notre plan, les toits sont totalement déserts, et les quelques sbires qui tentent d’y accéder afin de m'intercepter finissent par tomber comme des mouches.
Je sens mes forces revenir. Il semblerait que mon corps soit presque totalement régénéré après une semaine de repos. Tant mieux… J’aurais besoin de cette force pour faire face à mon prochain adversaire.
Dans un dernier saut, je passe du toit du bâtiment D au C. Rapidement, je bouge en direction de la porte menant au dernier étage, mais cette dernière s’ouvre avant même que je n’ai le temps de toucher à la poignée.
“Azul ! Par i—”
Ne perdant pas un seul instant, je tire la poignée vers moi, emportant mon nouvel adversaire avant de l’attraper par le cou, mon flingue pointant sous sa mâchoire.
“WAAAAAH !!!! N.. NON !!! JE NE SUIS PAS AVEC EUX !!!!”
Hm ? Cette voix…
Mon regard se pose sur le visage dégoulinant de sueur de ma victime. Ces cheveux frisés. Ces énormes lunettes. Cet air de chien battu…
“Qui es-tu ?”
“HEIN ?! TU NE TE SOUVIENS PAS DE MOI ?!! ON A POURTANT VÉCU UN ARC REMPLI D'ÉMOTIONS—”
“Arrête de hurler où j’te plombe…” je l’interromps, mon crâne commençant peu à peu à vibrer au son de sa voix.
“HIIII—”
D’un coup de genou dans le ventre, le type que je tiens en joue perd son souffle (et sa voix également…).
“Hhh… Pardon… Azul…”
Une fois calmé, le binoclard se décide enfin à répondre sérieusement à mes questions.
“Le stagiaire du professeur… Je ne t’avais pas reconnu, désolé.”
“Haha. C’est vrai que j’ai pas mal changé ces derniers mois ! Par contre j’étais son assistant, pas son stagiaire…”
À vrai dire, il n’a pas du tout changé. C’est juste qu’il n’est pas la personne la plus marquante que je connaisse…
“Que fais-tu ici ? Tu n’étais pas censé rester au dojo ?”
En effet. Avant la bataille de Carmin sur Mer, le stagiaire avait pris la décision de ne pas suivre le prof Chen à Johto. Je lui ai donc proposé de passer un moment au dojo Leeves, le temps que les choses se tassent.
“Le dojo que tu m’as recommandé ? J’y suis allé, mais le propriétaire venait de partir pour une durée indéterminée.”
Mon père s’est absenté ? Ce n’est pas rare qu’il parte quelques jours afin de s’entraîner dans la nature, mais le timing est étrange…
“Et il n’est pas revenu ?” je demande, m'efforçant de garder un air neutre.
“Aucune idée, j’ai dû me débrouiller pour trouver un endroit où dormir, ainsi qu’un nouveau travail…”
D’un côté, je me sens un peu mal pour lui. Mais ce genre d’expériences tend à nous rendre plus forts.
“Et donc ? Tu ne m’as toujours pas répondu.”
“Hm ? Oh ! Après avoir enchaîné les travaux par intérim, je me suis retrouvé avec un poste de concierge dans la Sylphe SARL.”
“Tu n’es pas vraiment habillé comme un concierge…”
“Ça, c’est parce que je ne suis plus concierge. Ils m’ont licencié.”
……
“Pourquoi tu me regardes comme ça ?! C’est du mépris ?!! Non… De la pitié ?!!!”
Je soupire longuement, pas sûr de mes propres sentiments vis-à-vis de cette nouvelle.
“Donc, pour la troisième fois, qu’est-ce que tu fous ici…?”
“Je suis venu parler avec la RH, pour en savoir plus à propos de mon licenciement. Mais la Team Rocket est apparue et a soudainement pris tout le complexe en otage ! Puis j’ai appris que c'était pareil dans toute la ville alors je…” Sa voix devient de plus en plus faible, tandis qu’il me tourne le dos, observant l’horizon. “Je me suis caché dans le complexe.”
Un instant… Ça fait deux semaines qu’il est planqué dans la Sylphe ? Cette conversation est comme un ascenseur émotionnel, dans lequel on ne fait que descendre…
“Et comment tu savais que je serais ici ?”
“J’ai piqué une radio il y a quelques jours, pour suivre la situation depuis mon placard.”
Son placard…? Bref. Je comprends mieux maintenant. Même si la coïncidence est étrange, je laisse ce sentiment de côté et me concentre sur un détail bien plus intéressant.
“Tu peux me montrer ta radio, un instant ?”
“Quelle est la situation ?”
“Le Professeur affronte actuellement un groupe sur le toit du bâtiment N. Mais Azul Leeves aurait été aperçu au niveau du toit D.”
“Des nouvelles de ceux qui l’ont intercepté ?”
“Aucu—”
“Ici Zubat-5. L'intrus s’est introduit dans le bâtiment D. Nous ne sommes pas parvenus à l’arrêter…”
“Comment ?! Il avait l’intention de traverser le bâtiment D depuis le début ?!!”
“Faites vite. Il est lourdement armé.”
J’entends la voix des admins paniquer à la radio suite au scénario catastrophe que je venais d’inventer.
Zubat-5 est le nom de code utilisé par un des types que j’ai tué plus tôt, avant d’arriver au bâtiment C. Je n’ai pas pensé au fait d’utiliser leurs radios contre eux. Déjà, car je suis pressé, mine de rien. Mais aussi parce qu’il faut vraiment être stupide pour tomber dans le panneau.
Heureusement pour moi, l’organisation est majoritairement composée d’abrutis.
“Du coup, tu souhaites te rendre au bureau du PDG, c’est ça ?” Me demande le stagiaire, ravalant sa salive.
“C’est là-bas que se trouve Giovanni.”
“Normalement, cette zone du complexe est impénétrable. Mais maintenant que tu les as induits en erreur, on devrait pouvoir s’y frayer un chemin…” Son regard se pose sur une carte accrochée au mur, servant de plan d’évacuation.
J’imagine qu’à force de se déplacer comme une souris dans les couloirs de la Sylphe, ce mec a développé un véritable talent pour l’infiltration…
Il m’explique alors la route idéale (selon lui), pour que je puisse atteindre le bureau du directeur en rencontrant le moins de sbires possibles.
“Merci. Tu devrais te cacher dans un autre bâtiment. Je ne peux pas garantir ta sécurité ici.”
“C’était mon intention dans tous les cas ! Fais attention à toi, Azul. J’aimerais te remercier comme il se doit lorsque toute cette histoire sera terminée,” dit-il en ricanant bêtement.
Je ne réponds pas, et me contente de lui tourner le dos, m’apprêtant à traverser la porte du bâtiment C lorsqu’un bruit sourd retentit au loin, au niveau d’un immeuble n’appartenant pas au complexe.
Me retournant à nouveau en direction de la ville, je constate que des premières gouttes de pluie commencent à tomber.
…
Je n’ai pas le temps de me préoccuper de ça. Allons-y.
“NE LE LAISSEZ PAS PASS—”
Faisant rouler une grenade fraîchement dégoupillée sur le sol, je fais exploser le dernier mur humain qui me séparait du bureau du directeur de la Sylphe.
Normalement, cette porte requiert une carte de sécurité pour être ouverte, mais l’explosion l’a suffisamment endommagée pour qu’un coup de pied finisse le travail.
La pièce est gigantesque. Tellement qu’il est difficile d’appeler ça un bureau. On dirait plutôt un hangar designé dans le style d’un bureau.
Plusieurs Mechamon Soldats se tenant debouts, en ligne, sur les côtés. Comme s’ils étaient les gardiens de cet endroit. Ou des statues.
Tout au fond de cette salle du trône improvisé, se trouve une grande table recouverte d’écrans. Ligoté à une chaise, un vieil homme maigre avec une longue barbe et un air fatigué me regarde, murmurant des mots inaudibles en vue de la distance.
Le pauvre est dans un sale état. Il n’a pas l’air blessé, mais je doute que la Team Rocket l’ait traité de manière convenable.
Plus important encore, assis sur un coin du bureau, rechargeant son arme dans un calme oppressant, ma cible du jour fredonne un air de musique en m’interpellant, le tout sans me regarder.
“Azul Leeves. C’est toujours un plaisir de te revoir.”
“Giovanni… À quoi est-ce que vous jouez cette fois-ci ?” Je demande, tenant fermement un flingue en main, bougeant derrière les unités mécaniques afin de me rapprocher à couvert.
“Tu te trompes. Ceci n’est pas un jeu. La Sylphe détient quelque chose qui m'intéresse afin de reprendre le contrôle sur Kanto,” dit-il, pointant derrière lui avec son pouce.
Effectivement, de tous les mecha présents sur place, un d’entre eux attire plus l'œil que les autres. Une unité légendaire, mise en valeur derrière le bureau du PDG. Le Vyzard originel. Celui contrôlé par le Chevalier Dragon, lors de la guerre.
Tout comme son prototype, lorsque nous l’avions vu pour la première fois, une partie semble manquante, au niveau de la tête.
“Vous souhaitez vous emparer du Vyzard ? Pourquoi ne pas l’avoir déjà fait ?”
“Azul, s’il te plaît, ne te fais pas passer pour plus stupide que ce que tu es… Tu sais aussi bien que moi que ce Soldat n’est pas comme les autres. Une pokéball ne suffit pas pour le faire fonctionner.”
…
“Comment se porte l’enfant que tu traînes toujours derrière toi ?” , ajoute-t-il, un sourire joueur sur ses lèvres.
Pris de colère, je sors soudainement de ma cachette, le pointant avec mon flingue. Un rire gras s’échappe alors du fond de sa gorge, tandis qu’il s’écarte enfin du bureau.
“Du calme. La gamine ne m'intéresse pas. Ce qui est assez drôle au final. J’ai toujours investi des grosses sommes dans des projets étroitement liés à elle, et pourtant, je ne me suis jamais penché sur son cas, individuellement.”
Comment…? Il connaît les origines d’Ember ?! Des projets liés à elle ? De quoi parle-t-il exactement ?
“Hahaha ! Si tu pouvais voir ta tête ! Tu dois avoir un milliard de questions à me poser, maintenant. Mais je ne voudrais pas prendre davantage de place dans cette histoire qui est la tienne. Donc aucun spoil ne sortira de ma bouche.”
Il se joue de moi. Comme d’habitude. Il dit que reprendre le contrôle de Kanto est un sujet sérieux à ses yeux, mais la réalité est toute autre.
Au fur et à mesure qu’il bouge dans la pièce, je fais de même, restant en mouvement afin de garder une position idéale au cas où.
“Comment comptez-vous faire fonctionner cette machine ?” je demande, essayant d’extraire un maximum d’info avant que les choses ne dégénèrent.
“Avec un tout nouveau type de pokéball,” répond-il, toujours aussi peu soucieux de partager ce genre de choses avec l’ennemi.
“La pokéball bleue qu’utilise Green ?”
Un nouveau rire.
“Je vois que tu as déjà eu le droit à tes retrouvailles émouvantes avec le Professeur ! Non, je ne parle pas de cette pokéball. La technologie utilisée est intéressante, certes, mais ce que je cherche est bien plus terrifiant qu’une boule avec des macros.”
Des macros ? Je vois. Cela explique beaucoup de choses. Mais alors, il y aurait encore un autre type de pokéball dont j’ignore l’existence ?
Un grand sourire se dessine sur le visage de Giovanni alors qu’il prononce les mots suivants : “Master ball.”
“Hein ?”
“C’est le nom du projet. Une pokéball capable d’outrepasser le système de n'importe quelle machine afin d’en prendre le contrôle.”
La masterball… J’ai déjà entendu parler de certains hackers capables de prendre le contrôle des machines sur le champ de bataille. Et c’est justement pour cela que les Soldats sont aujourd’hui programmés sous plusieurs langages différents selon leur créateur, et ont plusieurs couches de sécurité dans leur code.
Personnellement, j’ai appris certains de ces langages. Je n’ai pas les compétences pour hacker quoi que ce soit, mais cela me permet au moins de faire de la maintenance à un certain niveau.
Les gens capables de prendre le contrôle d’un Soldat adverse sont rares. Et ils peinent à le faire. Par exemple, Léo était capable d’infiltrer les machines afin de les saboter, mais pas de les contrôler.
J’ai cependant entendu dire qu’un membre de la Ligue connu sous le surnom de la Sorcière pouvait accomplir de telles prouesses.
Bref. Pour résumer, si un outil tel que la masterball voyait le jour, ce serait une véritable catastrophe.
“Mais quelque chose ne colle pas…” je marmonne, observant le sourire de Giovanni à distance.
“Quoi donc ? Dis-moi,” demande-t-il.
“Si votre seul objectif était de forcer la Sylphe à travailler sur ce projet, alors il n’y aurait jamais eu la nécessité de prendre toute une ville en otage.”
Oui. Ça ne fait aucun sens si on ne s’en tient qu’à ce que Giovanni vient de dire. Même si sa personnalité est ce qu’elle est, il ne serait pas assez stupide pour faire quelque chose d’aussi grave alors que des solutions plus sûres existent.
Il n’y a pas que la Sylphe. Autre chose l’intéresse dans cette ville. Quelque chose dont il ne pouvait pas prendre le contrôle sans bloquer toute la ville par la même occasion.
“... Le chemin de fer transcontinental.”
“Je ne peux vraiment rien te cacher, hein ?”, dit-il, lançant un regard vers l’énorme baie vitrée derrière lui.
“Vous avez atteint la phase finale de votre plan à Johto.”
Les informations que j’ai à propos de ce plan sont très limitées. Tout ce que je sais, c’est que la Team Rocket a commencé à opérer dans Johto après la fin de la guerre, pour un projet de grande envergure.
Je n’étais pas concerné, et pas intéressé non plus. Mais peut-être aurais-je dû m’en mêler finalement…
“Ne fais pas cette tête. Tu as déjà beaucoup à faire ici. Le destin des johtonnais ne dépend pas de toi,” dit-il, presque en essayant de me rassurer.
À vrai dire, je me fiche du destin des johtonnais. Ce qui me dérange dans cette histoire, c’est la situation dans laquelle se trouve Safrania. Ma famille, Erika, Ember… Les personnes qui me sont chères ne seront jamais en sécurité dans un pays comme Kanto tant que des organisations telles que la Ligue ou la Team Rocket existeront !
Mon regard s'assombrissant peu à peu, je pointe de nouveau mon flingue en direction de Giovanni.
“Une dernière question… Où sont les adolescentes que vous avez enlevées à Céladopole ?”
Un silence pesant s’installe, alors que son sourire disparaît peu à peu.
“Mm… Elles sont ici. Mais je ne peux pas te les rendre ainsi. Nous avions un accord avec la jeune Kimono.”
“Il n’y a aucun accord… espèce de taré !!!” Sur ces mots remplis de haine, j’appuie sur la gâchette de mon arme.