Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 3 : Une amitié sincère

3854 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 03/01/2021 03:16

- Bienvenue ! Tu dois être Salamèche ?

Exclama d’un air accueillant cette grande femme, bleue et beige de peau, à la chevelure longue tressée et au sourire naturel et décontracté. Le petit garçon était arrivé tout stressé, en cette rude matinée de Septembre, pour son premier jour d’école.

- Mon nom est Flotoutan et je suis la directrice de l’établissement.

- (Salamèche) B… bonjour.

Marmonna-t-il en baissant les yeux.

- (Pifeuil) Excusez-le, il est un peu timide !

Rigola le bonhomme vert, en lui tapotant le dos.

- (Flotoutan) C’est tout à fait normal. Tout le monde ici se connait depuis déjà des années, mais je suis certaine que tu parviendras à t’intégrer. De toute évidence, nous sommes-là pour t’aider.

- (Pifeuil) J’compte sur vous pour prendre soin du petiot en mon absence ! Sur ce, la boulangerie m’attend ! Amuse-toi bien, mon p’tit gars, et n’oublie pas la miche que j’t’ai préparé dans ton sac, ok ?

- (Salamèche) Pifeuil…

Marmonna-t-il à nouveau, en le regardant s’en aller.

- (Flotoutan) Allons donc, le reste de ta classe t’attend !


Chapitre 3 : Une amitié sincère


Le couloir principal était grand et coloré. Il était bondé de pancartes et affiches, le sol était marqué par des bandes de peintures rouges et jaunes, les fenêtres laissaient pénétrer une lumière chatoyante et les petites lumières accrochées au plafond, toutes en forme de cœur, illuminaient d’un ton orangé même les recoins les plus sombres. Tout était propre, tout était chaleureux. En revanche, ce fut vide de monde. Salamèche pouvait reprendre une dernière fois son souffle, avant que dame Flotoutan n’ouvre la porte de sa classe.

Les chuchotements se turent, tous les regards se placèrent sur le pauvre enfant, qui avait la chance de pouvoir rougir sans que quiconque ne s’en aperçoive.

- (Flotoutan) Mes chers élèves, c’est en cette sublime matinée que j’aimerai vous faire rencontrer votre nouveau camarade de classe, le jeune Salamèche !

- (Salamèche) B… bonjour à tous…

Trembla-t-il comme une feuille. Pourtant, son public n’était pas bien nombreux : huit tables pour six élèves, une petite classe pour un petit village.

- Ah ! Tu es donc le nouveau venu !

Exclama l’autre adulte de la pièce, un canard au plumage brun, à l’unique sourcil froncé mais à l’air souriant et protecteur. Il tenait un poireau, sans doute pour… euh non, je n’en sais moi-même rien, à vrai dire.

- Je suis Canarticho, ton professeur principal cette année ! Je te laisse prendre place, la journée va être chargée !

- (Salamèche) B… bien…

- (Flotoutan) Soyez gentils, mes chers amis. Bourg-Tranquille a eu l’occasion d’accueillir deux nouveaux habitants, il est de notre devoir de les intégrer comme il se doit à notre fantastique quotidien coloré ! Sur ce, bonne journée à tous !

Elle s’en alla et le jeune amnésique tenta de s’installer à l’un des deux bureaux de libres, au fond de la classe. Il tenta, oui. La peur le paralysait. Il sentait le regard de tous ces élèves et entendait leurs chuchotements, qui reprirent et s’accentuèrent pendant qu’il était dévisagé de toute part.

- C’est quoi cette tête… ? Et ces vêtements… ? Sérieux, c’est un pouilleux ou quoi… ?

- Vous croyez qu’il vient d’où… ? Est-ce qu’il nous comprend, au moins… ?

- Pourquoi il agit comme ça… ? Il a peur… ?

- Il est trop bizarre, lui…

- (Canarticho) Alors ? Qu’attends-tu pour prendre place ?

Salamèche ferma les yeux. Il se sentait incapable, même de parler. C’est alors que la porte de la classe se fit soudainement bousculer.

- (Pikachu) DÉSOLÉ !!!

Hurla un vraisemblable retardataire, en percutant dans sa course le nouvel arrivant. Les deux enfants s’écrasèrent l’un sur l’autre, et tous les autres s’en moquèrent.

- (Canarticho) Pikachu, bon sang !

Ce nom, Salamèche le connaissait. Il rouvrit les yeux et dévisagea, allongé sur lui, le même gamin surexcité qu’hier, jaune de fourrure, aux oreilles noires et aux joues rouges. Celui-ci se redressa, l’air enjoué.

- (Pikachu) Hé ! Comment ça va, depuis l’temps ?!

Soudain, un poireau lui cogna le crâne.

- (Canarticho) Andouille ! Excuse-toi et prends place sans faire de bruit !

- (Pikachu) Désolé, ah ah !

Rigola-t-il en tendant une patte à son nouveau camarade de classe. Cette position, ce geste, il le reconnaissait. Pifeuil lui fit exactement le même. Il s’était sentit mieux, tellement mieux en la saisissant. Alors sans se poser de question, Salamèche lui attrapa la patte et se releva à ses côtés.

- (Salamèche) Merci…

Marmonna-t-il en baissant les yeux.

- (Pikachu) Pas d’soucis, euh… dis, j’t’ai demandé ton nom, la dernière fois ? Nan parce que j’ai une mémoire de Magicarpe, alors…

- (Salamèche) Salamèche. Je m’appelle Salamèche.

Lui coupa-t-il la parole, cette fois avec succès. Pikachu lui sourit.

- (Pikachu) Salamèche… ça déchire, comme nom !

- (Canarticho) Excusez-moi, je vous dérange ?

Bref, les deux personnages prirent place, l’un à côté de l’autre. Salamèche était finalement parvenu à le faire, sans doute grâce à l’intervention puérile de son camarade de classe. Le seul qu’il connaissait, le seul qu’il arrivait à regarder droit dans les yeux. Le cours commença et le reste de la classe ne lui prêta plus trop d’attention. Et ce, jusqu’à la pause.

- Attends… c’est ça, tes notes ?

Se moqua un élève qui l’approcha, dès que la cloche sonna et que le professeur s’en alla. Bleu de peau, il portait une épaisse carapace et abordait un air hautain.

- Déjà que tu ressembles à un pouilleux, si en plus tu sais pas écrire, ah ah ! Nan mais regardez-moi ce torchon ! C’est ta première année dans une école ou quoi ?!

Cria-t-il en le présentant aux autres, qui pour la plupart lâchèrent au moins un léger rictus. Salamèche peinait effectivement à tenir un stylo entre ses doigts griffus. Il s’y sentait mieux de la patte gauche, de quoi recevoir quelques réflexions de plus.

- (Pikachu) Hé, laisse-le tranquille !

- La ferme, toi, tu ne fais peur à personne !

L’envoya paître le garçon bleu, avant de plaquer les pattes sur le bureau du jeune amnésique.

- Bon. Tu viens d’où ? Pourquoi t’es là ? Qu’est-ce que tu veux ?

Salamèche gardait les yeux grands écarquillés. Il peinait déjà à ne pas trembler, alors lui répondre, ce n’était même pas la peine d’essayer.

- Tu sais pas parler ? Réponds, imbécile !

- Il est timide, ça se voit…

Répliqua un autre garçon, bleu et noir de fourrure, assis correctement sur sa chaise, un livre entre les pattes.

- Ouais, enfin là c’est maladif !

S’exprima avec plus d’entrain le garçon à ses côtés, vert de peau, aux yeux froncés jaunes et à la grande queue crochue. Il croisait les bras, les pieds sur le bureau.

- T’es timide, ou t’as honte ?

Reprit le garçon à la carapace, le sourire narquois aux lèvres.

- Je suis sûr que tu viens d’une communauté, nan, pire… que t’étais un sauvage, avant ! Le gars qui t’héberge te ressemble même pas, espèce d’orphelin !

À nouveaux, les autres en rigolèrent. Pikachu, qui depuis tout à l’heure restait affalé sur son bureau, la tête dans les bras, détourna simplement le regard. Salamèche baissa les yeux, toujours aussi silencieux.

- Ah ah ! Je sens que je vais m’amuser, cette année !

En rajouta le garçon à la carapace, avant que la porte de la classe s’ouvre.

- (Nanméouïe) Salamèche ? Peux-tu venir, s’il te plaît ?

Demanda l’infirmière Nanméouïe qui, il s’en rappelait, travaillait aussi à l’école du village. Il la rejoignit sans faire un bruit, toujours sous le regard et les chuchotements de ses camarades de classe.

- Pourquoi elle doit lui parler… ? Il cause déjà des problèmes, vous croyez… ?

- C’est un étranger, après tout, on peut pas lui faire confiance…

Bref, il passa le reste de sa pause à l’infirmerie de l’école. Elle lui préleva du sang et lui appliqua un joli pensement en forme de cœur, avant de l’analyser dans une machine plus imposante que celle qu’elle transportait le jour dernier.

- (Nanméouïe) Hmmm… Non, je n’ai toujours aucune information sur ton arbre généalogique. Il faut croire que ces technologies ne sont pas encore au point. Bon, tant pis, on fera sans. En attendant, dis-moi un peu ; est-ce que la mémoire t’est revenue ?

Le petit nia d’un mouvement de tête.

- (Nanméouïe) C’est une amnésie sévère, aucun doute là-dessus.

- (Salamèche) Est-ce que je suis obligé de… d’aller à l’école ?

Demanda-t-il en se frottant les bras.

- (Nanméouïe) Maintenant que tu y es inscrit, oui. Tu n’as pas idée de la chance que tu as d’être scolarisé, beaucoup d’enfants ne le sont pas, même à Bourg-Tranquille. Si tu travailles bien, tu obtiendras ton diplôme en fin d’année, et plein de portes te seront ouvertes pour l’avenir.

- (Salamèche) Pour… l’avenir ?

Pensa-t-il à haute voix. Il détourna le regard, se demandant ce qu’il pourrait faire plus tard. Une seule réponse lui venait en tête.

- (Salamèche) Je n’ai aucun rêve.

- (Nanméouïe) Pour le moment…

Lui rétorqua l’infirmière, qui approcha, s’accroupit et posa une tendre patte sur son épaule.

- (Nanméouïe) Écoute, tu n’as pas à t’en faire pour ton amnésie. Même si elle persiste, c’est une toute nouvelle vie qui commence pour toi ! Tu es jeune, tu as le temps. Le temps de te trouver une voie, une passion, un rêve. Je suis certaine que de grands évènements parsèmeront ton histoire. C’est ce qui fait la force du monde Pokémon. Nous sommes tous unique !

Salamèche lui échangea un regard inquiet, puis ferma les yeux et hocha simplement la tête. La cloche sonna et il retourna en classe. Depuis qu’on le lyncha sur la qualité de ses notes, il ne voyait plus que ça. Il tenta d’en réécrire sur deux, trois, quatre feuilles différentes mais rien n’y faisait : toujours aussi illisible. Il abandonna donc, pour le reste du cours, l’idée d’agir comme un élève modèle. Quant à la quantité d’informations donnée par le professeur, il n’en retenait que la vague surface. L’Histoire de ce monde, il n’y connaissait rien. Il se sentait perdu, et certainement pas à sa place.

La cloche sonna de nouveau : il était midi. Il suivit les élèves jusqu’à la cantine, bien sûr de loin et sans dire le moindre mot. Les autres commençaient d’ailleurs à l’appeler : « le muet ». Il récupéra un plateau et dame Nanméouïe, qui gérait aussi la restauration, lui donna une salade, un bout de pain et un plat de haricots. Sur les trois tables à dispositions, il s’installa sur la seule qui était vide. Il resta fixé sur son assiette et déjeuna dans le silence. Tout du moins jusqu’à ce qu’un plateau ne se pose face à lui.

- (Pikachu) Dis, j’peux me mettre là ?

Il hocha la tête, et l’enfant surexcité sauta de joie.

- (Pikachu) Super, merci beaucoup !!

Dégoisa-t-il en prenant place.

- (Pikachu) Alors, Bourg-Tranquille te plait ? J’ai pas fini de t’présenter l’village, hier, mais s’tu veux, on peut remettre ça !

- (Salamèche) Oh, euh… ouais, pourquoi pas… ?

- (Pikachu) Super ! Merci beaucoup, ah ah !

- (Salamèche) … Non, merci à toi de faire cet effort.

- (Pikachu) T’inquiète, ça m’fait plaisir de traîner avec quelqu’un !

Lui assura-t-il, avant de dévorer son plat de haricots.

- (Pikachu) Hm… et sinon, tu viens d’où ?

Demanda-t-il la bouche pleine. Salamèche garda le silence, le regard fixé sur son plateau.

- (Pikachu) J’me dis que pour emménager ici, faut le vouloir ! M’sieur Pifeuil tient une boulangerie, c’est ça ?

- (Salamèche) Oui, il vient tout juste de commencer.

- (Pikachu) Ah ah, trop cool ! On pourra passer le voir, si tu veux !

- (Salamèche) C’est vrai que… je ne sais même pas où elle est, sa boulangerie.

- (Pikachu) T’inquiète, c’est difficile de s’perdre ici ! Ça va sans doute te changer d’autrefois, ah ah !

À nouveau, le jeune amnésique garda le silence. Pikachu soupira finalement.

- (Pikachu) Bon, ok, j’arrête.

Salamèche lui échangea un regard perplexe.

- (Pikachu) J’ai bien compris que t’avais pas envie de nous parler de ton ancienne vie. Désolé si les autres te saoulent avec ça, mais moi, promis, je ne t’en demanderai plus !

- (Salamèche) Non, c’est pas ça… je… euh…

Beugla-t-il, avant de simplement se taire, soupirer puis sourire. Finalement, il préférait ne pas en parler.

- (Salamèche) Merci…

- (Pikachu) Pas d’soucis, ah ah !

Et Pikachu le comprenait. Ils passèrent le reste du déjeuner ensemble, puis la cloche sonna et les cours reprirent.

Le reste de la journée ne changea pas du reste. Silencieux au fond de la classe, Salamèche écoutait sans prendre de notes. Une dernière sonnerie, et les élèves furent enfin libres. Alors qu’une d’entre elle restait pour parler au professeur, tous les autres déguerpissaient du lieu, le sourire aux lèvres. Salamèche et Pikachu y allèrent à leur rythme, préférant se retrouver seuls sur le chemin du retour : une longue colline descendante, comblée d’arbres animés par le chant des Minisange.

Arrivés sur la place du village, ils empruntèrent l’allée Est, et Pikachu présenta les différents quartiers au petit nouveau. La plupart étaient résidentiels, mais chacun d’entre eux avait une structure spécifique, telle la réserve d’objets, la banque, la mairie, la poste, l’hôpital, etc.

Sur le passage, l’enfant surexcité saluait chaque villageois, connaissant le nom et métier de chacun. Il leur souriait tous, hélas, pas grand monde ne lui répondait de cette manière. Les adultes semblaient ennuyés de ne serait-ce que lui adresser un regard. Dès que Salamèche le remarqua, il ne vit plus que ça.

Finalement, ils trouvèrent la boulangerie de Pifeuil : petite, peu vitrée et encore en construction. Le bonhomme vert venait justement de vendre une baguette à un villageois.

- (Pifeuil) Oh, mais c’est mon petiot !

Exclama-t-il en remarquant le lézard timide.

- (Salamèche) Pifeuil…

Marmonna le premier.

- (Pikachu) Bonjour, m’sieur Pifeuil !

Cria le second, en approchant tout souriant.

- (Pikachu) Wow, elle est trop stylée, votre boulangerie !!

- (Pifeuil) Merci bien, p’tit gars ! T’es Pikachu, c’est ça ? Ravi d’savoir que mon petiot s’est déjà fait un nouvel ami !

- (Pikachu) Ah ah, c’est normal, Salamèche est trop cool !

Le concerné cligna des yeux, l’air surpris.

- (Pifeuil) Alors, cette première journée à l’école ?

- (Salamèche) Euh…

Les deux enfants s’échangèrent un regard perplexe.

- (Pikachu) Épuisante… ?

- (Salamèche) Ouais, épuisante…

- (Pifeuil) Tant mieux, ça forge à l’avenir ! Rentre te reposer, mon p’tit gars, j’suis là pour vingt-heure.

- (Salamèche) Vingt-heure… ?

Il n’était même pas dix-sept heure. Salamèche se voyait mal attendre seul autant de temps. Bienheureusement, Pikachu lui tapota l’épaule.

- (Pikachu) J’ai un dernier endroit à t’montrer, si ça t’intéresse.

L’amnésique hocha la tête sans hésiter.

- (Pikachu) Parfait, ah ah ! M’sieur Pifeuil, j’peux vous prendre une baguette ?

Suite à quoi les deux enfants revinrent sur leurs pas. Ils traversèrent la place et empruntèrent l’allée Ouest, passant le pont qui menait chez eux. Mais Pikachu continua le chemin, remontant la colline qui séparait Bourg-Tranquille du reste du monde.

- (Pikachu) Voilà, on y est. C’est ici que je viens, lorsque j’ai besoin d’être seul.

Dit-il en approchant le rebord de la colline, caractérisé par un grand arbre aux racines épaisses et lisses, aux feuilles d’un vert éclatant et qui remuaient en harmonies au gré du vent. Il s’installa contre lui, et Salamèche l’imita d’un air pensif.

- (Salamèche) Je connais cet endroit. C’est par ici que je suis arrivé au village pour la première fois.

- (Pikachu) Tu venais des Petits Bois ?

Demanda-t-il en pointant la forêt qui lui faisait face. Salamèche hocha la tête.

- (Pikachu) C’est le seul territoire sauvage que je peux me permettre d’explorer. Les autres sont trop loin du village et… apparemment trop dangereux.

- (Salamèche) Dangereux ?

- (Pikachu) Ouais, les gens craignent les sauvages. Ils les craignent pour rien.

- (Salamèche) … Qu’entends-tu par sauvage ?

- (Pikachu) Tu ne sais pas… ?

- (Salamèche) Hm… désolé, je ne sais pas grand-chose…

- (Pikachu) Non non, t’inquiète, c’est pas grave. C’est même l’occasion de découvrir !

Le rassura-t-il en se relevant. Il approcha les Petits Bois, la baguette en pleine patte. Salamèche se releva à son tour, le fixant sans n’oser approcher cette forêt dans laquelle il s’était fait agresser.

C’est alors qu’un buisson de la forêt remua. L’amnésique sursauta, mais l’autre garçon s’accroupit simplement. Il décrocha un morceau de pain et le posa au sol. Et du buisson en sortit une petite créature. Elle était mince, dénudée du moindre bout de tissu et couverte de crasses. Elle reniflait et approchait lentement la nourriture. Pikachu lui souriait, tandis qu’elle le dévisageait et hésitait à approcher. Finalement, elle laissa son estomac agir à sa place et bondit sur le morceau de pain.

- (Pikachu) Régale-toi, ah ah…

Marmonna-t-il, en osant la caresser. Salamèche approcha lentement.

- (Salamèche) Ça va aller… ?

- (Pikachu) Bien sûr ! Celui-là n’était pas si hésitant, au final.

- (Salamèche) Celui-là… ?

Demanda-t-il en arrivant à ses côtés.

- (Pikachu) Voilà ce qu’est un sauvage. Un Pokémon qui nait et vit en pleine nature. Il agit comme nous agirions, si nous n’étions pas éduqués selon nos coutumes ancestrales. Autrement dit, il serait comme nous, si on prenait le temps de s’occuper de lui. Mais les gens craignent les Pokémon sauvages, alors ils les rejettent et ignorent leur souffrance.

- (Salamèche) Et donc toi, tu les nourris ?

- (Pikachu) J’essaie. C’est impossible d’aider tout le monde, et puis comme je te l’ai dit, je suis incapable de voyager au-delà des Petits Bois. Je ne suis pas assez fort, je n’ai pas le temps, et…

Hésita-t-il, avant de finalement soupirer.

- (Pikachu) Bref, j’agis à petite échelle. Tous les soirs, après l’école, je me dégage du temps pour les aider un peu. Leur trouver de la nourriture, du soin de premier secours, de quoi se couvrir un peu…

- (Salamèche) C’est donc pour ça, que les adultes ne t’apprécient pas…

- (Pikachu) Ouais, ah ah… pas que les adultes, d’ailleurs…

Marmonna-t-il en baissant les yeux.

- (Pikachu) Tout le monde me décourage, comme si ce que je faisais était mal. J’suis têtu, mais même moi, parfois, j’me pose la question. Peut-être qu’au fond, ils n’ont pas totalement tort… ? Peut-être qu’un jour, je finirai blessé à cause de mes bêtises… ? Peut-être que je devrais tout arrêter et me concentrer pour de bon sur les études… ?

Salamèche fronça peu à peu les sourcils. Il hésita quelques secondes, avant de défaire son sac et d’y sortir le pain que Pifeuil lui avait préparé pour la journée. Il en décrocha un morceau, qu’il confia à ce même sauvage affamé. Pikachu le regarda avec de grands yeux.

- (Salamèche) Moi, je trouve que tu agis bien.

- (Pikachu) C’est… c’est vrai ?

- (Salamèche) En tout cas, ça ne me dérangerait pas de me blesser si c’est pour une bonne cause.

Assura-t-il en pensant à Pifeuil, qui prit un risque monstre en le sauvant de leurs trois agresseurs, le jour de leur rencontre.

- (Salamèche) J’admire ce comportement. J’aimerai être comme ça.

- (Pikachu) Tu sais, y a un début à tout, ah ah…

Rigola timidement Pikachu. Salamèche observa le sauvage manger son bout de pain et, aussi curieux que téméraire, il tenta de le caresser. Avec grand succès. Une fois l’estomac rempli, la petite créature l’approcha un peu plus. Elle colla sa tête contre sa jambe et ferma les yeux. Le silence qui suivit fut d’un apaisement profond. Pendant un court instant, le jeune amnésique oublia son premier jour d’école. Il se sentait de nouveau bien. Le sauvage recula ensuite, puis retourna dans la forêt sans se retourner. Salamèche soupira.

- (Salamèche) … Merci beaucoup, Pikachu.

- (Pikachu) Merci à toi, Salamèche. Merci d’être là…

Ils rentrèrent peu après, se donnant rendez-vous entre leur maison voisine, le lendemain à huit heure.

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