Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 64 : Solution thérapeutique

8807 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/04/2022 20:07

      21 Mars 236, une matinée banale au cœur des quartiers riches de Loliloville.

- TIREZ !!!

Une dizaine de bandits, chacun équipés de projectiles explosifs, tirèrent en même temps sur leur unique adversaire. La confrontation avait lieu au cœur de Loliloville, pas loin d’une école. Mais au lieu d’être terrorisés, les enfants admiraient avec des étoiles dans les yeux leur héros sauver la situation. Sapereau devait carrément s’assurer que personne ne s’approche du champ de bataille, ce fut absurde.

Car avant même qu’ils n’élancèrent leurs explograines, Pharamp les récupéra toutes à la vitesse de l’éclair.

- (Pharamp) Navré, mais ce ne sont pas des jouets !

Exclama-t-il, avant de tous les menotter dans un second éclair traversant tout le champ de bataille. Comme toujours, personne ne le voyait venir. Il était trop rapide, trop puissant.

- Mais bordel, n’as-tu aucune faiblesse !?

- (Pharamp) Oh que si, les impôts.

Il l’agrippa par le caleçon et fit rire les enfants.

- (Pharamp) Tu savais que le maire nous demandait à nous, de réparer VOS dégâts ?

- Et alors ? Vous êtes millionnaire, non ?

- (Pharamp) Tsss… !

Il activa ses pouvoirs et, en un rien de temps, les dix hors-la-loi furent tous emmenés au poste le plus proche.

- (Pharamp) Multimillionnaire, s’il te plaît…

Marmonna-t-il en s’essuyant les mains, une fois le champ de bataille rapidement nettoyé. Les enfants hurlèrent le nom de leur héros à répétition, bousculant l’autre explorateur pour aller lui demander des autographes.

- (Sapereau) Hum… oui, bon, vous pouvez y aller. Aïe mon dos…

Son téléphone sonna alors. Il s’éloigna de la foule et répondit sans attendre.

- (Sapereau) Dedenne ?

- (Dedenne) Vous avez bientôt fini ? On m’a signalé la présence d’un Pokémon en très mauvais état, dans la ruelle qui fait dos au soixante-dix-huitième avenue Saint-Nymphali.

- (Sapereau) Un SDF ?

- (Dedenne) Aucune idée, mais je dirais plutôt quelqu’un qui découvre la gueule de bois. Y a un bar à côté.

- (Sapereau) On s’en occupe tout de suite.

- (Dedenne) Merci !

Il raccrocha et cria à son acolyte.

- (Sapereau) Hé, numéro un, le devoir t’appelle !

- (Pharamp) Déjà ?

- Oh non, attendez, j’ai pas eu mon autographe, moi… !

- Ouais, moi non plus !!

Un éclair passa rapidement autour d’eux.

- (Pharamp) Vous êtes sûr ?

Demanda-t-il avec le sourire, avant de bondir rejoindre Sapereau vers ladite ruelle. Les enfants posèrent un regard vers les objets qu’ils voulurent faire signer, ils en étaient recouverts. En se tournant vers le sommet de l’immeuble le plus proche, ils aperçurent les deux explorateurs foncer vers leur prochain objectif. Tous les saluèrent.

De son côté, Pharamp prit connaissance du problème.

- (Pharamp) Encore cette ruelle ?

- (Sapereau) C’est la mieux cachée du coin, normal que les gens s’y rendent.

- (Pharamp) J’te préviens, si j’ai la moindre trace de vomit sur ma combinaison… !

- (Sapereau) Oh, t’es dégueu !

- (Pharamp) Allez, pas de temps à perdre !

Il se propulsa à la vitesse de l’éclair, bousculant le lapin dans sa course. Il dû ralentir et se réorienter, épuisé de devoir lui aussi supporter la surpuissance de son chef d’équipe. Peu importe, il arriva à destination quelques minutes après lui. Pharamp était immobile, agenouillé face au Pokémon qui, de tout ce que Sapereau vit en sautant depuis un toit pour le rejoindre, était bleu.

- (Sapereau) Alors, il va bien ?

Le type électrique ne répondit pas. Le lapin s’approcha lentement, distinguant à son tour la figure du blessé qu’il connaissait bien.

- (Sapereau) … Carabaffe ?

Oui, ce fut bel et bien lui, inconscient, sans blessure physique mais au fond du gouffre. Pharamp et Sapereau s’échangèrent un regard rempli d’incertitudes. Le fait est que ça y est, ils l’avaient retrouvé.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 64 : Solution thérapeutique

 

Quand le reste de l’équipe apprit la nouvelle, tous se libérèrent pour foncer retrouver le pauvre jeune adulte. Pharamp le plaça dans un lit à l’infirmerie, et Arkéapti s’occupa de stabiliser son état de santé. Mysdibule revint d’une enquête en vitesse, Mustéflott d’un entraînement intensif. Pendant que le type eau terminait d’être examiné, Sapereau leur expliqua la situation. Le numéro un paraissait plus soucieux que les autres, et il le montra dès que le type vol les rejoignit.

- (Pharamp) Alors… ? Comment va-t-il ?

- (Arkéapti) À la fois pas bien du tout, et en même temps c’est un exploit qu’il soit encore parmi nous. Transpiration accrue, légères convulsions, déshydratation et cerveau endommagé. Si j’arrive à correctement le soigner, il ne devrait pas avoir de graves séquelles, si ce n’est une amnésie prononcée.

- (Mysdibule) Comme par hasard…

Marmonna-t-elle, en croisant les bras.

- (Dedenne) Mysdibule, tout ça, ce sont des effets secondaires de la poudre de Rafflesia.

- (Arkéapti) Oui, et pas besoin de lui ouvrir le crâne pour en être certain.

Lança-t-il sèchement.

- (Mysdibule) *soupir* On ne peut pas le garder, c’est trop dangereux.

- (Arkéapti) Pardon… ?

- (Mysdibule) Même si nous ne l’avons pas acté, il m’apparaît évident que la DDR est en contact avec Carapuce et Crabagarre. Carabaffe n’était pas là par hasard, ils veulent nous le rendre. La DDR nous le rend.

- (Sapereau) C’est vrai que dit comme ça, c’est trop beau pour être vrai…

- (Mysdibule) Pour faire ça après l’avoir amèrement torturé, c’est qu’ils veulent nous faire agir de manière irréfléchie. Ils veulent que nos émotions prennent les devants, certainement en cherchant à le surprotéger par compassion.

- (Arkéapti) Donc quoi, tu veux qu’on le rejette dans la ruelle et fasse comme si de rien n’était ? Fais très attention à ce que tu vas dire !

- (Mysdibule) Arkéapti, mets tes sentiments de côté deux minutes. Et si ils lui avaient implantés une bombe ou une caméra dans le crâne ? Réintégrer Carabaffe dans l’équipe, c’est prendre un risque monstre.

- (Arkéapti) C’est n’importe quoi, tu vas beaucoup trop loin !

- (Dedenne) N… non. En fait, aujourd’hui, ils en seraient techniquement capables.

- (Mustéflott) Sérieux… ? Quelle angoisse…

- (Arkéapti) Mais il a besoin de nous ! Bon sang, mais à quel point craignez-vous la DDR, pour l’isoler encore plus qu’autrefois !? Dois-je vous rappeler pourquoi il est dans ce lit, à la toute base !?

- (Pharamp) Arkéapti a raison.

Les regards se tournèrent vers le numéro un, qui n’osait regarder le pitoyable état de celui qu’il avait abandonné.

- (Pharamp) Il est hors de question de récidiver nos erreurs passées. Cette fois, on s’occupe de lui !

- (Mustéflott) Wow… ! Venant de toi, c’est surprenant.

- (Mysdibule) Nous n’avons commis aucune erreur, Pharamp, ne nous met pas dans le même panier.

- (Pharamp) Justement, je pense être mieux renseigné que vous à ce sujet. J’ai pris conscience des dégâts que cela pouvait infliger, d’abandonner quelqu’un au détriment de… de mes craintes. Tu dis que la DDR veut qu’on le récupère, mais si c’était l’inverse ? Et si ils t’anticipaient toi, et pensaient qu’on allait à nouveau le laisser seul ? Peut-être cherchent-ils à le convaincre de rejoindre leur rang ?

Le silence régna quelques instants, l’équipe était perdue entre deux points de vue.

- (Sapereau) Dis, Arkéapti, peut-on soigner son amnésie ?

- (Arkéapti) C’est… toujours compliqué, les amnésies. Déjà, il faut qu’on attende qu’il se réveille pour savoir à quel point elle est prononcée. Ensuite, il existe des dizaines de méthodes différentes, en fonction de la raison qui l’a engendré et des traumatismes qui l’entourent. Mais il est clair qu’on n’en fera rien sans le prendre en charge.

- (Sapereau) Alors je suis de ton côté. Imaginez qu’on parvienne à lui faire se rappeler de tout. Imaginez tout ce qu’il pourrait nous révéler !

- (Dedenne) À mon avis pas grand-chose, Sap. Carabaffe n’était qu’une arme, pour ses assaillants.

- (Mysdibule) Une arme que vous voulez réparer pour eux.

- (Mustéflott) Arrête, c’est horrible de penser comme ça. Agir par manque d’empathie est facile pour toi, puisque Carabaffe n’était personne à tes yeux. Mais pour moi, c’est un ami proche. S’il doute, alors je suis persuadé que j’arriverai à le convaincre. Mais avant de penser à ça, il faudrait déjà qu’il soit remis sur pied. Et il a besoin de nous pour ça.

- (Dedenne) … En vrai, je suis plutôt de votre avis aussi. Même si c’est risqué, j’en suis parfaitement consciente… je veux quand même chercher à l’aider. Arkéapti, ta phrase me trotte l’esprit. Tu sais, celle que t’avais dit quand Quoti’Ville interviewait Bourg-Tranquille ?

- (Arkéapti) Euh… « Hé, je regardais ! » … ?

- (Dedenne) Mais non ! Nous n’agissons pas pour effrayer nos adversaires, mais bien pour rassurer ceux que nous protégeons ; c’était beau et ça m’a marqué. Je pense que l’équipe RS devrait constamment agir comme ça.

Cette fois, tout le monde se mettait du côté de Pharamp. Mysdibule soupira.

- (Mysdibule) Très bien. Vous choisissez la voie de la naïveté, je ne vous juge pas.

- (Arkéapti) Tu viens de le faire.

- (Mysdibule) Mais je vous préviens, je ne compte pas laisser un potentiel espion s’en tirer comme ça.

Elle s’en alla dans ses compartiments sur ses mots, déjà une idée en tête. Les autres n’en tirent pas rigueur, et attendirent patiemment le réveil de leur ami qui ne tarda plus. Pharamp resta tout de même à l’écart, trop honteux de ce qu’il avait fait.

Bien deux heures après le débat, il commença à gémir. Lentement, il rouvrit les yeux.

- (Mustéflott) Salut, mon grand… !

- (Carabaffe) M… Musté… ?

Arkéapti échangea un regard agréablement surpris avec les autres, le laissant bâiller, reprendre pleinement conscience et s’assoir sur son lit. Il regarda longuement ses mains, elles ne tremblaient plus.

- (Arkéapti) Tu… tu te souviens de nous ?

- (Carabaffe) Pourquoi… ? Qu’est-ce que… *gémissements* que m’est-il arrivé ?

- (Dedenne) À toi de nous le dire, mon ami. Quelle est la dernière choses dont tu te souviens ?

- (Carabaffe) Je… euh…

Il pouvait enfin penser sans souffrir le martyre. Hélas…

- (Carabaffe) Bah… rien de spécial. On sort de l’arène, là, non ?

Demanda-t-il à l’autre type eau, qui écarquilla les yeux.

- (Mustéflott) Euh… non, pas vraiment, non. En fait, on ne s’est pas entraîné ensemble depuis trois mois, je dirais.

- (Carabaffe) Trois… ? Trois mois ? Attendez, j’étais dans le coma !?

Son rythme cardiaque s’accéléra d’un coup.

- (Arkéapti) Non, non non, pas du tout… !

Alors il tenta de calmer le jeu.

- (Sapereau) Je me demande si ça n’aurait pas été mieux, en vrai…

- (Dedenne) Sap ! T’aides pas, là… !

- (Sapereau) Oups, désolé…

- (Carabaffe) Expliquez-moi tout c’qui s’est passé !

- (Arkéapti) On va le faire, mais chaque chose en son temps. Carabaffe, nous sommes le 21 Mars 236. Tes derniers souvenirs remontent à l’année dernière, mais le reste reviendra, d’accord ? Il faut juste laisser le temps faire les choses, alors détends-toi un peu…

De ses tendres ailes, le type vol le rallongea dans son lit.

- (Arkéapti) Et prends chacune de nos informations avec du recul. Plus rien n’est grave, parce que tu es en sécurité, d’accord ? Tu retrouveras la mémoire, je te le promets.

Il le rassura, mais lui s’en tira avec de bien belles promesses. Comment soigner son amnésie ? Il devait étudier cela en profondeur, peut-être était-ce impossible. Mais maintenant qu’il lui assura le contraire, Arkéapti avait de lourdes responsabilités sur les ailes.

Ils lui racontèrent donc tout ce qu’ils eurent de concret. Enfin tout ce qui concernait Carabaffe. Mustéflott et lui se connaissaient sur le bout des doigts, à force de blablater pendant leurs entraînements. Il savait pour la Dream Team, il savait pour Raichu. Et sachant que ce désastre n’avait de rapport direct avec Carapuce et Crabagarre, il préféra terrer le silence de son décès. Le pauvre jeune adulte en avait déjà suffisamment à encaisser comme cela.

Et comme s’en doutait Arkéapti, quelques souvenirs lui revint.

- (Carabaffe) Effectivement, je… je me souviens avoir quitté la ville avec ma sœur. Je ne sais plus quand exactement, je me souviens juste… qu’il neigeait ce jour-là. Crabagarre me lançait des boules de neiges, alors je l’ai balancé dans un lac gelé et… Carapuce m’a engueulé.

- (Arkéapti) C’est… c’est tout ? Rien sur les Pokémon que tu as confronté ?

- (Carabaffe) … Est-ce que c’est moi, qui les ai tués ?

- (Mustéflott) Non, bien sûr que non.

- (Dedenne) On aurait été obligé de te livrer à la justice, tu t’en doutes.

- (Carabaffe) Hum… mais j’ai quand même été complice, je dois payer pour ça.

- (Arkéapti) On verra ça plus tard, mon grand. Pour l’instant, on cherche à comprendre le niveau des circonstances atténuantes.

- (Carabaffe) Ouais, merci de tout faire pour m’aider à m’en sortir…

- (Arkéapti) C’est normal…

- (Mustéflott) Et… comment tu gères le reste ? Le fait de savoir que sa sœur est une meurtrière… ?

Il n’osa répondre, gardant le regard baissé jusqu’à ce que le concerné se reprenne.

- (Mustéflott) Euh… ok, oublie, j’y suis peut-être allé un peu fort, là.

Voilà le point sur lequel Carabaffe tanguait. Il le savait. Il savait que sa sœur avait déjà tué, il savait qu’elle était surtout animée par la vengeance. Alors apprendre cette nouvelle ne le surprenait pas, en fait, il ne se posa qu’une question : devait-il en être choqué ?

Parce qu’il ne l’était pas. Pas du tout. Mais ça, personne ne le releva.

L’équipe ne put en tirer plus pour le moment. Mustéflott, Dedenne, Sapereau, Pharamp et Carabaffe lui-même espéraient que sa mémoire lui reviendrait d’ici les prochains jours. De son côté, Arkéapti s’enferma dans ses compartiments, l’air désolé. Lui savait, que cela tiendrait du miracle.

Et effectivement, les jours passèrent et sa mémoire ne revint pas. Physiquement, en revanche, il fut rapidement et à nouveau opérationnel. Il arrêta de transpirer, il arrêta de trembler et reprit l’entraînement auprès de Mustéflott. Cela lui fit un bien monstre, notamment parce qu’il pouvait enfin penser à autre chose. Et ses amis ne pouvaient qu’être heureux pour lui.

Il ne sortait pas de la fondation, il n’en avait le droit. Question contact, ce fut pareil. Il souhaitait appeler Macronium, mais Mysdibule le lui interdit. Et malheureusement, elle eut raison de le faire. En période d’enquête sur une affaire dont il fut complice, la justice ordonnait à l’équipe RS de le surveiller de près avant son jugement.

Régulièrement, Pharamp et les autres approchaient Arkéapti pour le questionner sur l’amnésie du jeune adulte, à un point où il satura. Le soir du 27 Mars, il se retrouva seul dans la cuisine. Assis derrière le comptoir, il se grattait le crâne en terminant un énième bouquin sur le sujet. C’est alors que Mysdibule entra, un dossier sous l’épaule.

- (Mysdibule) Alors, ça avance ?

- (Arkéapti) *soupir* Bonsoir, Mysdibule. Non, ça n’avance pas, non.

- (Mysdibule) Pour quelqu’un qui a étoffé les œuvres des auteurs les plus reconnus sur le sujet de l’amnésie, je te trouve bien silencieux. Pourquoi ne proposes-tu pas des idées à Carabaffe ? Même si elles sont peu concluantes, je pense qu’il apprécierait le geste.

Elle s’installa face à lui, posant son dossier sous ses yeux.

- (Arkéapti) Je ne veux pas lui vendre du rêve et on ne peut pas le faire sortir de la fondation, donc…

- (Mysdibule) Bien sûr qu’on le peut, il suffit que personne ne nous voit.

- (Arkéapti) … Toi, briser les règles ?

- (Mysdibule) Si tu savais tout ce que je ne suis pas censée faire, tu rigolerais un bon coup. Tiens, regarde ça.

Il ouvrit, curieux, ledit dossier. La première page le marqua tout de suite.

- (Arkéapti) La méthode Ramoloss… ?

- (Mysdibule) Tu l’as lu, n’est-ce pas ?

- (Arkéapti) Bien sûr, mais je suis surpris que ce soit elle que tu ais retenue.

- (Mysdibule) En fait, je suis convaincue de son efficacité.

- (Arkéapti) Vraiment… ?

- (Mysdibule) Oui, avec ça, Roitiflam se fera avoir à coup sûr !

Le silence régna quelques instants. Arkéapti soupira de nouveau, trop épuisé pour exprimer son mécontentement.

- (Arkéapti) Moi qui pensait que tu souhaitais te racheter.

- (Mysdibule) Hé, si Carabaffe n’est pas un espion de la DDR, comme vous le pensez, alors mon plan l’aidera tout autant.

- (Arkéapti) Très bien, alors vas-y.

Il s’enfonça dans son dossier en croisant les ailes.

- (Arkéapti) Expose-moi ton plan à partir de la méthode Ramoloss qui, pour rappel, consiste pour un civil à s’isoler en terre inconnue et sauvage, mimer son quotidien avec ce qu’il trouve, aux côtés de proches qui lui rappellent de bons souvenirs pour, peut-être, lui faire se rappeler d’évènements que son cerveau chercherait à enfouir. Je suis tout ouïe !

- (Mysdibule) Tu viens de résumer la situation. Nous allons quitter Loliloville quelques jours pour nous rendre en terre sauvage. Mustéflott l’entraînera comme d’habitude, tu lui prépareras les mêmes plats chaque soir et je continuerai à être tout aussi désagréable. Nous mimerons notre quotidien, en somme.

- (Arkéapti) Bien tenté, mais je ne pense pas que nous soyons les proches dont il ait besoin. Si je me réfère aux écrits de l’auteur, le but est de lui évoquer la nostalgie pour faire comprendre au cerveau que le passé n’a pas à être oublié.

- (Mysdibule) Tourne la page.

Fronçant les sourcils, il s’exécuta en se demandant à quel point elle l’avait anticipé. Les photos de Macronium et Lucario répondirent à sa question.

- (Mysdibule) Nous, nous servons la partie « quotidien ». La partie « nostalgie », ce seront à eux de s’en charger.

- (Arkéapti) … Tu crois qu’ils accepteront de mettre en pause leur vie pour… ?

- (Mysdibule) Ils ont déjà accepté.

- (Arkéapti) Quoi… ? Tu les as contactés !?

- (Mysdibule) Ils étaient morts d’inquiétude, pour leur ami. La moindre des choses était de les prévenir qu’il allait bien, et vu que vous ne daigniez les contacter, j’en ai profité pour leur proposer une mission qu’ils ont accepté sans hésiter. Tout ce qu’ils veulent, c’est revoir et aider Carabaffe. Alors à nouveau, cela nous arrange tous.

- (Arkéapti) J’hallucine, tu prends ce projet trop au sérieux ! On ne peut PAS partir en excursion ! Si l’équipe RS quitte la ville plusieurs jours, ça va se savoir et les hors-la-loi en profiteront pour se regrouper et commettre de terribles attaques !

- (Mysdibule) Tourne.

Il le fit brusquement, et ne vit qu’une photo de Pharamp.

- (Mysdibule) On partira sans lui. Ça arrangera Carabaffe qui ne l’associe pas à de bons souvenirs, et ça arrangera la ville qui gardera le meilleur de ses protecteurs. D’autres remarques ?

- (Arkéapti) … Oui, évidemment ! Si Pharamp ne vient pas et qu’on s’isole avec des invités à protéger ; si, comme tu le prétends, la DDR nous espionne par l’intermédiaire de Carabaffe, et connaîtra donc notre position et nos hobbies, alors on se met bêtement en grand danger ! Ils nous attaqueront avec autant de ressources que nécessaires pendant que les nôtres seront assurément limi… !

- (Mysdibule) Tu sais très bien ce que je vais te répondre.

- (Arkéapti) Quoi, qu’est-ce que tu as prévu !?

Il tourna une dernière page et se retrouva face à une photo tirée d’un journal. Une photo qui fut en page de couverture sur tous les journaux du monde, à l’époque du scandale que cela fut. Ce fut une photo de Bourg-Lavaley, prise après que la secte qui y habitait soit dévoilée. Mysdibule avait entouré les six enfants qui s’y trouvaient. Pour elle, l’un d’entre eux était la clé, mais pour Arkéapti…

- (Arkéapti) Qui… ? Qui sont-ils ?

- (Mysdibule) Tu te souviens de cette affaire, pas vrai ? Elle marquait notamment parce que ceux qui furent aux premières loges des révélations et dangers encourus étaient des enfants. Six orphelins qui, aujourd’hui, vivent ensemble.

- (Arkéapti) Euh… ouais, et alors ?

- (Mysdibule) J’ai contacté la gérante de l’orphelinat, une certaine Leuphorie. Le projet lui fut vendeur, elle a accepté d’envoyer ses mioches en vacances parce qu’elle pense qu’ils ont besoin de se libérer l’esprit, hors de cette ville qui, selon elle, leur gribouille le cerveau. Elle nous fait confiance, sachant qui nous sommes et respectant le travail des explorateurs plus que quiconque. Elle pense que la surprise fera plaisir à tout le monde et c’est compréhensible. Ils venaient de Bourg-Trésor, à la base, normal de ne pas supporter la pression et le rythme de Loliloville.

- (Arkéapti) Attends… attends attends attends…

Il ferma les yeux et posa ses griffes tremblantes sur son front.

- (Arkéapti) Ne me dis pas que pour contrer une potentielle attaque de la DDR… tu as invité des mômes à notre excursion… ?

- (Mysdibule) Ça fonctionnera.

- (Arkéapti) TU AS COMPLÈTEMENT PERDU LES PÉDALES !?

Hurla-t-il finalement, en réveillant toute la fondation par la même occasion.

- (Arkéapti) Mais qu’est-ce qui te prends !? Tu crois que des criminels compatiront et se diront : « Oh, tiens, des enfants ! Bah on annule notre assaut terroriste qu’on préparait depuis des mois, du coup ! ». TU VAS JUSTE CONDAMNER PLUS DE MONDE !!!

- (Mysdibule) … Tu as fini, ou dois-je t’entendre beugler encore longtemps ?

- (Arkéapti) Ne me fais pas croire que ce n’est pas dangereux !

- (Mysdibule) Non, ça l’est. Mais il faut croire que pour vaincre Roitiflam à son propre jeu, il faut que nous aussi, nous nous servions d’autrui. La différence est que nous ne leur ferons aucun mal et, ça tombe bien, eux non plus ne les toucheront pas. Ils seront en sécurité parce que Roitiflam leur interdira de leur faire du mal. Il le fera…

Sur la photo, elle pointa Grotichon du doigt.

- (Mysdibule) … Parce que son fils sera à nos côtés.

Son interlocuteur écarquilla les yeux.

- (Arkéapti) Quoi… ? Comment tu… ?

- (Mysdibule) Rien ne m’échappe. Il y a dix-sept ans, Roitiflam sort de prison et commence à faire sérieusement parler de lui. Il y a treize ans, il rejoint la DDR. Mais il y a quatorze ans, un nouveau-né a rejoint l’orphelinat de Leuphorie, sur le continent Sud. Un Gruikui, classé orphelin de civilisés, contrairement à tous ceux qu’elle adopta ensuite et qui furent des enfants de sauvages. Rien d’autre ne fut officialisé sur ses parents biologiques et, quand je lui ai demandé pourquoi son orphelinat et pas un autre, elle n’accepta de me dire qu’une chose : ce fut la volonté de son père. Autrement-dit, Roitiflam s’apprêtait à devenir le chef de la DDR, mais il avait un fils à ses côtés. Un fils qu’il voulait protéger, un fils qu’il décida d’écarter pour sa sécurité, en l’envoyant par exemple sur un autre continent, le Sud, le seul à ne jamais avoir fait d’œil à l’organisation par la suite.

Arkéapti était bouche bée.

- (Mysdibule) Dois-je poursuivre, ou avoues-tu être à court d’arguments ?

- (Arkéapti) … Donc parce que Roitiflam comprendra que tu as ramené son fils qu’il cherchait tant à éloigner de toute cette histoire sur le champ de bataille, tu crois qu’il se calmera et demandera à son équipe de ne pas attaquer les enfants… ?

- (Mysdibule) Non, il leur demandera de ne pas attaquer du tout. Autrement dit, ça nous arrangera parce que nous n’aurons pas à nous défendre, ça arrangera Loliloville parce que Pharamp sera là si il décide de profiter de notre absence pour attaquer, ça arrangera les orphelins qui souhaitent juste se détendre et ça arrangera Carabaffe, qui les associera à de bons souvenirs puisqu’ils les voyaient souvent du temps de la guilde, une période duquel il est nostalgique. Mon plan est parfait.

- (Arkéapti) Non… ! Non, il ne l’est pas ! Et si il nous attaque quand même !?

- (Mysdibule) Alors nous nous défendrons.

- (Arkéapti) Nous serons certainement en infériorité numérique et nous devrons défendre six enfants, un traumatisé et deux invités ! Tout ça sans Pharamp, tout ça en terre inconnue et sans aide accessible ! NON, BIEN SÛR QUE NON, CE N’EST PAS UN PLAN PARFAIT !!!

- (Mysdibule) Ce ne sont plus des enfants, mais des adolescents. Et ils savent se défendre.

- (Arkéapti) Mais tu te rends compte de ce que tu dis !?

- (Mysdibule) Arkéapti, vois un peu plus loin. Je suis persuadée qu’ils n’attaqueront pas, mais si ils le font, alors nous aurons une chance de surprendre, contrattaquer et arrêter tous les membres les plus dangereux de la DDR d’un coup ! La face du monde changerait !

- (Arkéapti) C’est vrai, mais à quel prix !? Sommes-nous désespérés à ce point… ?

- (Pharamp) Hé, que se passe-t-il ?

Les deux opposés se tournèrent vers l’entrée de la cuisine, de laquelle Pharamp et, globalement, le reste de l’équipe, se montra en pyjama. Arkéapti cacha en vitesse le dossier de Mysdibule, qui de son côté se leva pour leur annoncer la nouvelle.

- (Mustéflott) On t’a entendu crier, Arkéapti, ça va aller ?

- (Arkéapti) Euh…

Encore chamboulé par le plan de sa collègue, il ne trouva les mots. Et de toute façon, elle le devança.

- (Mysdibule) Bon, ça ne sert plus à rien de le cacher, à ce stade… ! Mes chers partenaires, dans le but de trouver un remède à l’amnésie de Carabaffe et après des jours de recherche et d’organisation pour y parvenir, je vous annonce l’avènement d’une nouvelle excursion !

- (Pharamp) Hein… ?

- (Mustéflott) Sérieux !? Trop cool !

- (Dedenne) Oh non, je vais encore devoir affronter la lumière du soleil…

- (Mustéflott) Fais pas genre, les excursions sont toujours géniales !

- (Dedenne) Ouais, bon, j’avoue !

- (Sapereau) Quel donjon devons-nous explorer, cette fois-ci ?

- (Mysdibule) Aucun ! Nous irons en terre sauvage, entre montagnes et lacs. Pendant une semaine, nous profiterons et, par-dessus tout, ferons profiter du beau temps à Carabaffe à qui nous tenterons d’opérer la méthode Ramoloss.

- (Mustéflott) Aucune idée de ce que c’est, mais ça a l’air réfléchi. C’est toi qui l’as trouvé, Arkéapti ?

- (Arkéapti) Je… euh…

- (Mustéflott) T’es trop chaud, mec ! Je savais que tu trouvais une solution !

- (Pharamp) N’est-ce pas un peu dangereux, de laisser la ville sans protection pendant… ?

- (Mysdibule) Toi tu ne viens pas.

Clama-t-elle sèchement.

- (Pharamp) Oh…

- (Mustéflott) Ah ah ah ! Ça t’apprendra à être trop fort, mon vieux !

Rigola le type eau, en lui tapotant le dos.

- (Sapereau) Ce sera dans combien de temps ?

- (Mysdibule) Pas avant cet été.

- (Mustéflott) Oh, sérieux… ! C’est dans si longtemps !

- (Mysdibule) Je préviens toujours à l’avance, et c’est vous qui vouliez savoir. Retournez vous coucher, je vous raconterai les détails demain. Et des détails, il y en aura…

- (Pharamp) Est-ce que Carabaffe doit être mis au courant ?

- (Mysdibule) Évidemment, mais je m’en chargerai moi-même.

- (Dedenne) Ok, bon bah ne tardez pas trop non plus, alors !

- (Sapereau) Bonne nuit, les amis.

- (Mustéflott) Bonne nuit… ah ah ah, trop bien… !

- (Pharamp) Reposez-vous bien, tout le monde.

Ils repartirent vers leurs compartiments, tous enjoués par cette nouvelle qu’ils pensaient être LA solution d’Arkéapti pour soigner l’amnésie de Carabaffe. À vrai dire, même lui pensait que c’était la meilleure méthode à appliquer pour y parvenir. Voilà pourquoi il n’avait rien dit, incapable de leur avouer qu’il n’avait pas de solution.

Mysdibule avait joué sur ça pour le faire taire.

- (Mysdibule) Tout se passera bien, Arkéapti, nous sommes plus forts qu’eux.

- (Arkéapti) … Tu me répugnes.

Il s’en alla à son tour, abandonnant face au Pokémon qui devait avoir le plus grand mental d’acier du monde.

La machine était lancée, l’excursion allait avoir lieu et la DDR allait être mise au courant. De leur côté, les invités se préparèrent chacun à leur manière, chacun selon ce qu’ils savaient de la situation. Bien évidemment, l’équipe RS ne leur disait rien de plus que ce pourquoi Mysdibule les avait originellement contactés.

De ce fait, Macronium se prépara à l’idée de retrouver un Carabaffe changé, mais qui a besoin d’aide.

Lucario aussi, mais lui profita de l’idée de l’excursion pour tenter autre chose.

- (Lucario) Puis-je inviter quelqu’un ?

Demanda-t-il à Mysdibule par téléphone, le lendemain.

- (Mysdibule) Ça dépend.

- (Lucario) Elle s’appelle Laporeille, et…

- (Mysdibule) L’exploratrice ?

- (Lucario) Oh, vous la connaissez ?

- (Mysdibule) Bien, elle a le droit de venir.

Elle raccrocha directement après, ne lui laissant pas même le temps de la remercier. L’ingénieur la trouvait à la fois stricte, et en même temps très permissive. Dans tous les cas, il eut son autorisation, alors il fonça annoncer la nouvelle à la concernée.

Il toqua à la porte de son appartement, tremblotant comme une feuille, un sourire timide au coin des lèvres et une grande boite cachée dans le dos. Elle trouva le sourire, à son tour, en lui ouvrant. Ladite exploratrice avait bien changé, depuis le Test RS. Ses cuisses avaient doublé de volume.

- (Laporeille) Lucario, contente de te voir ! Entre !

Il s’exécuta et, ne pouvant cacher plus longtemps la boite, la lui tendit en rougissant.

- (Laporeille) C’est… pour moi !?

Demanda-t-elle, en rougissant à son tour.

- (Lucario) Attention, c’est un peu lourd, ah ah… !

- (Laporeille) Wow, effectivement ! Qu’est-ce que tu as acheté, enfin… ? Je t’ai juste invité à diner, ce n’était pas la peine de…

- (Lucario) Je n’ai rien acheté. En fait, ça fait des jours que ça traîne dans nos bureaux et je n’avais pas le temps de t’appeler pour que tu viennes les récupérer. Alors je me suis dit que je pouvais t’en faire la surprise, tout en t’en disant un peu plus sur le voyage dont je t’ai parlé… !

Elle le regarda alors avec de gros yeux.

- (Laporeille) Nan… ! Ne me dis pas que…

Le silence régna un court instant.

- (Laporeille) Je… je peux l’ouvrir tout de suite !?

Il hocha la tête, et elle s’exécuta à toute vitesse. C’étaient des chaussures, ou plutôt des bottes. Des bottes métalliques, des bottes électriques. Bouche bée, elle les admira de longues minutes avant d’enfin les enfiler. Elle gagna cinq centimètres, à l’aise dans cet équipement qui, elle le savait, allait changer sa vie.

En effet, Laporeille n’avait cessé de vouloir s’améliorer, depuis sa défaite au Test RS, en Septembre dernier. En se renseignant sur celui qui l’avait vaincu, c’est-à-dire Carabaffe, elle apprit que son ancien partenaire d’équipe, Lucario, travaillait dans le plus grand laboratoire de la ville et décida de lui rendre visite, déterminée à comprendre quel type d’équipements il lui avait confectionné pour qu’il soit aussi fort. Oui, elle était mauvaise joueuse. Incapable d’admettre que le type eau était tout simplement plus fort qu’elle, elle tint tête à l’ingénieur qui, de son côté, comprenait bien sa peine. Voyant que l’absence d’équipements la dérangeait, il proposa de lui en confectionner. Elle refusa.

Un mois plus tard, elle revint vers lui et accepta finalement. Il n’avait aucune idée de ce qui lui fit changer d’avis, encore aujourd’hui. Mais il était content de l’aider, notamment car il mourrait d’envie de construire des armes et autres outils utiles aux explorateurs. Malheureusement, jamais aucune équipe ne s’était tournée vers lui, alors il saisit l’occasion dès qu’elle lui fut proposée.

Les deux personnages furent donc amenés à passer beaucoup de temps ensemble, pour le travail évidemment. Laporeille l’emmenait sur le terrain et Lucario prenait note de ses mouvements et aptitudes au combat. L’objectif était de lui construire des bottes solides mais qui n’encombraient pas.

Un soir, en faisant ses recherches, il tomba sur des photos de Lockpin en pleine session de bottage de cul. Son unique équipement ? Des bottes métalliques qui renforçaient férocement sa puissance de frappe. Il contacta Laporeille pour lui en parler, ce à quoi elle lui répondit.

« - (Laporeille) Je vaux mieux qu’ma sœur, je veux plus que des bouts d’métaux sur mes chaussures ! »

Déjà, il apprit qu’elle avait une sœur. Deuxièmement, il prit cela comme un défi et se donna à fond, lors du démarrage de la conception de l’équipement. Attiré par son mauvais caractère, il voulut la surprendre. Alors il fit bien plus que des bottes métalliques et, ce soir-là, lui offrit un bien meilleur équipement que celui de Lockpin.

Alors que le gratin de baies chauffait dans le four, les deux personnages découvrirent le résultat de leur relation dans la cour d’immeuble de l’exploratrice. Elle avait une minuscule télécommande accrochée dans la paume de sa main droite.

- (Lucario) Non seulement elles résistent aux décharges électriques, mais en plus elles les absorbent et se rechargent avec ! Pour quel résultat, me demanderas-tu ? Saute et appuie sur le bouton rouge !

Elle s’exécuta et appuya lorsqu’elle fut à cinq mètres du sol, pour en gagner soudainement dix du fait des petites flammes bleues qui jaillirent de ses semelles.

- (Laporeille) Wow… !

- (Lucario) Maintenant le bouton bleu ! Reste appuyée !

Elle le fit, et sentit la confortable mousse s’accentuer à l’intérieur. Elle ne comprit l’utilité qu’en réatterrissant, lorsqu’elle s’attendait à sentir la chute passer pour au final ne recevoir qu’une petite décharge de rien du tout.

- (Laporeille) Ah ouais, c’est génial !

- (Lucario) Ah ah, merci ! Tu peux chuter jusqu’à cinquante mètres de hauteur sans ne rien sentir !

- (Laporeille) Je vois, trop cool ! Et la décharge, j’imagine que c’est la petite touche de plus qui chatouille ?

- (Lucario) Hein… ? Ah non, ça c’est juste un défaut de conception.

- (Laporeille) Ah…

Le silence régna quelques instants.

- (Lucario) Hum… bref, colle un pied à un mur et appuie sur le bouton vert !

Oui, « bref » résume plutôt bien la situation. Ils s’entraînèrent jusqu’à faire cramer le gratin, ces idiots. Timides qu’ils furent l’un envers l’autre pour ce qui se créait lentement mais sûrement entre eux, Laporeille se montra enfin reconnaissante pour le travail d’autrui. Et de son côté, Lucario la remercia mille fois pour lui avoir fait confiance jusqu’au bout.

Sachant qu’elle faisait tout ça par rapport à sa défaite au Test RS, il finit enfin par lui parler de l’excursion qu’organisait ladite équipe en été. Et bien sûr, elle accepta d’y participer, non sans sincèrement reprocher à son ami d’être quelqu’un de trop gentil. Elle le remercia, quoi, et lui rougit comme jamais auparavant.

Du côté de l’orphelinat, Leuphorie décida de leur annoncer la nouvelle le dernier jour du mois de Mars, désormais certaine que le voyage aura lieu. À seize heure, la silencieuse, discrète et au redoutable esprit psychique qu’était Tarsal rentra de sa fac spécialisée dans la communication. Elle était exacerbée. À dix-sept heure, le gentil, serviable, social et téméraire Bulbizarre rentra de son école d’ingénierie en mécanique. Il était épuisé. À dix-huit heure, la droite, stricte, impressionnante et pragmatique Vivaldaim rentra de son stage auprès de Quoti’Ville. Elle était exténuée. Enfin, à dix-neuf heure rentra l’impudique, l’extraverti, le flibustier si ce n’est l’insultant, mais le chaleureux auprès des siens Grotichon qui, suivit de Nidoran et Sabelette, revenait de son service au bar du coin. Il étouffait de cette cravate, qu’il balança par terre dès qu’il posa un pied chez lui, à l’orphelinat de Loliloville.

- (Grotichon) Fiou… ! Quelle journée horrible, putain… !

- (Nidoran) Hé, le langage !

Cria l’autre impudique de la famille, lui par naïveté.

- (Grotichon) Oh ça va, toi, obtiens ton diplôme et on reparlera !

Rétorqua le cochon en râlant, tout en déposant son chapeau sur le porte-manteau du hall d’entrée.

- (Sabelette) Merci de nous avoir invité, grand frère. C’était très gentil à toi…

Marmonna la plus récente membre de la grande famille. Depuis qu’elle fut adoptée, suite aux évènements de Bourg-Lavaley, elle avait retrouvé un adorable sourire. Chacune de ses journées semblaient animées par l’amour qu’elle dédiait à ceux qu’elle considérait comme sa famille. Et tous lui rendaient cet amour.

- (Grotichon) C’est normal, je n’allais pas vous laisser traîner dans des bars seuls.

- (Leuphorie) Bonsoir, les enfants.

La gérante, mais surtout la mère salua ses enfants. Elle aida les deux plus petits à se défaire de leurs gros manteaux.

- (Leuphorie) J’ai quelque chose à vous annoncer, pouvez-vous m’attendre dans la cuisine ?

- (Grotichon) Hein… ? Euh… ok.

Ils gagnèrent ladite pièce sans attendre, trouvant le reste de la famille dans le même état qu’eux.

- (Grotichon) Trop bizarre, ça doit être important…

- (Bulbizarre) Vous croyez qu’elle a adopté quelqu’un ?

- (Vivaldaim) Non, j’espère plutôt qu’elle va enfin dire à Grui qu’il est temps de se barrer de la maison.

- (Grotichon) Hé, t’es plus vieille que moi !

- (Vivaldaim) Ouais, mais moi je fais des études.

- (Tarsal) En tout cas, elle est heureuse. Je le sens depuis plusieurs jours, en fait.

- (Bulbizarre) Quoi, et c’est que maintenant que tu nous l’dis !?

- (Leuphorie) Les enfants… !

Elle entra dans la pièce, un grand sac entre les mains.

- (Leuphorie) Dans ce sac se trouvent des tas de vêtements que je vous ai acheté aujourd’hui. Des vêtements d’été, comme des shorts, chemises et maillot de bain. Car j’ai l’honneur de vous annoncer que cet été, vous partez tous en vacances une semaine au bord d’un lac !

Tous ses petits écarquillèrent les yeux.

- (Nidoran) Oh !!

- (Bulbizarre) Quoi !? Trop bien !!

- (Tarsal) Wow, je ne m’attendais pas à ça… !

- (Sabelette) Partir… ?

- (Grotichon) Ouais, c’est c’que font les gens pendant les vacances, quand ils ont du fric.

- (Vivaldaim) Justement, avec quel argent… ?

- (Leuphorie) C’est l’équipe RS qui vous invite !

Nidoran et Bulbizarre échangèrent un regard rempli d’étoiles.

- (Nidoran) L’équipe RS, genre… l’équipe RS !?

- (Bulbizarre) C’est improbable, ah ah ah ! Sérieux, c’est quoi ce délire !?

- (Tarsal) Ils ont besoin de nous, n’est-ce pas ?

- (Leuphorie) Oui, en fait, ils réalisent une excursion thérapeutique pour Carabaffe, vous vous souvenez, l’explorateur qui venait parfois s’occuper de vous, à Bourg-Trésor ? Il souffre d’une amnésie, et ils pensent que vous lui servirez de tremplin nostalgique qui pourrait lui permettre de recouvrer une partie de sa mémoire.

- (Bulbizarre) Oh non, le pauvre…

- (Sabelette) Qui est Carabaffe ?

- (Bulbizarre) Un explorateur plutôt balèze. Il faisait partie de la Dream Team, tu sais, l’équipe dont je vous parle tout le temps.

- (Leuphorie) D’ailleurs, Lucario et Macronium seront là également.

- (Vivaldaim) OH !!

- (Tarsal) Hum. Ce n’est pas vraiment un cadeau, puisqu’ils se servent de nous.

- (Grotichon) Oh ça va, la rabat-joie !

- (Vivaldaim) Moi, je ne vais pas me plaindre d’avoir un voyage gratos, surtout loin de cette ville, SURTOUT aux côtés de la grande star Macronium. C’est fou qu’elle ait accepté, Quoti’Ville n’arrive jamais à la contacter !

- (Leuphorie) Je savais que ça vous ferait plaisir. Voilà pourquoi j’ai déjà accepté, je me disais que… vous aviez tous besoin de souffler un peu. Je sais que Loliloville vous en fait voir des vertes et des pas mûres, mais nous n’avons pas d’autres choix. Alors vous offrir cette semaine de repos, c’est le minimum que je puisse faire pour vous.

- (Grotichon) Tu rigoles !? Maman, on te doit tout !

Le type feu descendit de son tabouret et enlaça chaleureusement sa mère adoptive.

- (Grotichon) Merci énormément… !

Les autres enfants s’échangèrent le même regard : ils rejoignirent le câlin familiale, et Leuphorie se retint de lâcher une larme. Malgré tous les rudes évènements qui avaient parcourus l’histoire de cette famille, rien ne semblait pouvoir les séparer. Au contraire, ils ne furent jamais aussi soudés qu’aujourd’hui.

En conclusion, tous ceux que Mysdibule impliqua dans son plan virent sa proposition comme une offre à ne pas refuser. Était-ce de la manipulation ? En partie. Mais était-elle vraiment incapable de les protéger, comme le prétendait Arkéapti ? Ça, c’est une autre question.

Une question qui, hélas, allait trouver une réponse.

Carabaffe n’arrivait à trouver le sommeil. Cela faisait quelques heures, qu’il se remit à avoir un mal de crâne. Il n’en tint tout d’abord pas rigueur, tout du moins jusqu’à ce qu’il s’accentue sévèrement, vers trois heure du matin. Il voulut se lever et demander de l’aide à Arkéapti, mais avant qu’il ne sorte de sa chambre…

- (Carapuce) Carabaffe !

La soudaine voix de sa sœur retentie. Il sursauta et se tourna dans tous les sens : il n’y avait personne. Maintenant qu’il y pensait, la voix avait raisonnée, bien trop pour qu’elle ne vienne pas de sa tête.

- (Carabaffe) Je deviens fou… ?

- (Carapuce) Non, Carabaffe, c’est bien moi.

- (Carabaffe) Où est-ce que tu es ? Pourquoi m’as-tu abandonné… ?

- (Carapuce) Carabaffe, l’équipe RS te trompe. Tu ne dois pas les écouter, tu ne dois avoir confiance qu’en moi !

- (Carabaffe) … Ils m’ont dit que tu m’avais drogué pour t’aider à abattre des tas de types.

- (Carapuce) Et tu les crois… ? Ils veulent nous séparer, et ils y arriveront si tu tombes dans leur jeu. Carabaffe, s’il te plaît… tu ne voudrais pas t’éloigner à jamais de ta seule famille ? Nous qui enfin étions réuni…

Il baissa la tête.

- (Carapuce) Moi, jamais je ne t’abandonnerai et tu le sais… ! Ne me laisse pas seule, je t’en supplie… !

Il l’entendait pleurer. Il devait faire un choix et, comblé de doutes qu’il fut à cet instant, laissa ses sentiments parler. Que voulait-il à tout prix ? Être aux côtés de sa famille. Et en qui avait-il le plus confiance, entre celle dont on disait du mal et celle qui, il le savait, était malhonnête ?

Je parle de Mysdibule, car oui, Carabaffe ne la portait étonnamment pas dans son cœur. Il savait qu’elle le considérait comme un ennemi, et cela le faisait se sentir mal, très mal à l’aise, à la fondation RS. Il ne s’y sentait définitivement plus chez lui.

Alors sans grande surprise…

- (Carabaffe) Je ne veux pas t’abandonner, Carapuce.

Il choisit son camp.

- (Carapuce) Alors dis-moi où tu es…

- (Carabaffe) À la fondation RS, je ne peux pas en sortir.

- (Carapuce) Ils t’enferment… ? Je ne pourrais pas te sortir de là, il va me falloir une occasion particulière.

- (Carabaffe) … Cet été. Ils me sortiront cet été, dans ce qu’ils appellent une « excursion thérapeutique ».

- (Carapuce) Vraiment… ? Tu as des précisions ? Une date, une localisation ?

- (Carabaffe) Pour l’instant rien du tout, si ce n’est que Pharamp ne viendra pas.

- (Carapuce) Ok, c’est déjà pas mal. Très bien, je te recontacterai plus tard.

- (Carabaffe) Attends ! Est-ce que tout ça est vraiment dans ma tête, ou… est-ce que c’est vraiment toi ? Comment tu fais ça ?

- (Carapuce) C’est vraiment moi, petit frère. Comment je fais ? J’ai de très bons amis et, crois-moi, tu les adoreras.

- (Carabaffe) J’en suis sûr.

- (Carapuce) Allez, il faut que je te laisse. Tiens le coup, on se reparlera bientôt.

- (Carabaffe) J’ai hâte…

Puis, plus rien. La communication avait coupée, d’où qu’elle provienne. L’explorateur se recoucha, il n’avait plus mal au crâne. C’est normal, plus personne n’essayait de pénétrer son esprit.

De son côté, Carapuce soupira d’ennui. Elle se tourna vers Roitiflam, les poings fermés.

- (Carapuce) Je le déteste. Vous ne savez pas à quel point c’est difficile, de mimer de l’intérêt pour ce type.

- (Roitiflam) Et pourtant, tu t’en sors comme une cheffe. Tu peux disposer, je te recontacterai en temps voulu.

- (Carapuce) … Bonne soirée, chef.

Elle rentra chez elle sur ces mots, passant à côté de celui qui lui avait permis cette communication sans même le remercier. Un Pokémon bien étrange, mimant d’apparence un ingénu avec ses deux gros yeux ronds. Son nœud Papilusion rouge état mal attaché, sa chemise blanche froissée et le gigantesque coquillage qui lui mordait la queue le rendait assurément ridicule. Mais il est de type psy, il ne pouvait être limité.

Roitiflam ne l’avait pas choisi pour rien.

- (Roitiflam) Merci pour ton aide, mon cher Flagadoss.

Il se venta d’un mouvement de tête.

- (Flagadoss) Vous ne voyez pas ça tous les jours, n’est-ce pas ? Je savais que mes dons attireraient l’attention des plus grands et, si je peux me venger de ces maudits explorateurs, alors je suis tout à vous !

- (Roitiflam) Jamais un dossier ne fut aussi flou qu’à ton sujet. Et pourtant, les dieux savent à quel point il est précis.

- (Flagadoss) Qui ça ?

- (Roitiflam) Le boss.

L’ancien maire de Bourg-Lavaley eut des frissons dans le dos.

- (Flagadoss) Wow… alors il existe vraiment ?

- (Roitiflam) Et il est aussi redoutable et ingénieux qu’on le dit. Il sait tout, rien ne le surprend et il a toujours raison. Pourtant, il laissa un flou sur ton dossier. Je n’avais jamais vu ça, il pense sincèrement que ton potentiel psychique est… infini.

- (Flagadoss) Ah ah ah, si il savait ce que j’avais fait dans le passé… !

- (Roitiflam) Ouvrir une brèche vers une autre dimension ?

- (Flagadoss) Hein… ? Comment… comment peut-il être au courant de ça ?

- (Roitiflam) Il sait tout.

- (Flagadoss) Wow… c’est un peu effrayant, en fin de compte. Enfin il me reconnait à ma juste valeur, c’est tout ce qui compte.

- (Roitiflam) Hum, il a aussi écrit que ton melon pouvait être difficile à gérer.

- (Flagadoss) Pardon… ?

- (Roitiflam) Nous ferons avec. Ton pouvoir peut encore augmenter, mais tu es déjà excessivement puissant. Pour être capable de connecter Carapuce à son frère sans troubler l’esprit des autres membres de la fondation RS, il faut être quelqu’un. Et je suis rassuré de savoir que ce quelqu’un accepte de rejoindre l’escouade Anti-RS. Je sais désormais que l’opération aura lieu cet été, en territoire sauvage et sans que ces abrutis ne puissent appeler à l’aide.

- (Flagadoss) À ce propos, n’avez-vous pas songé à l’idée que cela puisse être un piège ?

- (Roitiflam) Non, je connais Mysdibule. Le fait que Pharamp ne soit pas là est la goutte de trop, ce plan vient d’elle à coup sûr. Je sais qu’elle pense pouvoir me contrer.

Il se mit à rire. Doucement, mais de manière terrifiante.

- (Roitiflam) Hé hé hé… la surprendre sera ma victoire.

Un affrontement allait arriver. C’était inévitable, la face du monde allait changer cette année. Les deux camps étaient persuadés d’avoir l’avantage, et on connait désormais les ressources de l’équipe RS.

Mais qu’en est-il de celles de la DDR ?

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