Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 62 : La rédemption de Raichu

7767 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/04/2022 20:04

      Février, le mois le plus froid de l’année. La neige se posait doucement sur tous les toits de Loliloville. Mais dans les quartiers pauvres, elle ne se posait QUE sur les toits. La ruelle était calme, tout du moins jusqu’à ce que Raichu bouscule la porte du bar pour aller jeter les poubelles. La lune s’était levée depuis belle lurette, enfin qu’importe, dans cette partie de la ville. Il faisait toujours sombre, mais ce soir-là, l’atmosphère paraissait encore plus triste que d’habitude. Le jeune adulte n’arrivait plus à se motiver, il peinait à se lever chaque jour et pour le service, n’en parlons pas.

Bienveillant de nature, Limaspeed lui laissait le temps de reprendre son souffle. Il eut connaissance de ce que son employé avait essayé de faire, il y a trois jours. Il eut connaissance de leur échec, il eut connaissance du chagrin dans lequel la pile électrique s’était enfoncée. Alors il lui laissa un peu de répit en le coupant du service, mais en ce soir du 3 Février 236, l’ancien explorateur se sentit mal. Mal de faillir à sa tâche, celle qui lui fit égoïstement abandonner sa précédente.

Alors il sortit les poubelles, prenant le temps de les ranger correctement malgré tous les névrosés qui les renversaient à leurs heures perdues. C’est alors qu’il entendit quelqu’un frapper à la porte du bar. Il était à côté, il n’avait qu’à sortir de l’ombre et lui clamer qu’à cette heure, il n’aurait rien. Mais alors qu’il s’approchait, il dévisagea la figure adverse et s’arrêta brusquement. Un Pokémon écailleux et brun, aux tâches et yeux noirs, pupilles rouges et dents très pointues s’acharnait sur la porte. C’était lui, c’était le Pokémon qui effrayait Raichu, celui que Reptincel avait trouvé injuste de laisser fuir, la première fois qu’il l’amena dans cette ruelle.

Sauf que là, il était seul.

Alors il garda le silence et se cacha discrètement derrière les poubelles. Finalement, le patron du bar ouvrit à l’agressif jeune homme. Et immédiatement, il se fit agripper par le col et plaquer contre le mur le plus proche.

- Salut, le vioc !

- (Limaspeed) E… Escroco… !? Que fais-tu ici à une telle heure !?

- (Escroco) Oh, j’me suis dit que j’pouvais passer récupérer un peu d’argent, avant d’aller dans un vrai bar. C’est compliqué en c’moment, du coup j’comptais sur toi pour m’aider, tu vois ?

- (Limaspeed) Mon grand, je…

Le crocodile lui serra alors fermement le cou, l’étouffant dans sa phrase.

- (Escroco) Fais gaffe à c’que tu vas dire, le dégénéré ! Déjà, j’ai un nom !

Raichu ferma les poings.

- (Limaspeed) Je… je suis désolé, Escroco, mais je ne peux vraiment pas t’aider… ! Le service n’est pas au top, ces derniers jours, et les caisses peinent à se remplir. S’il te plaît… aie un peu de pitié… !

- (Escroco) Mec, je m’en balance de vos problèmes ! T’as oublié qui j’étais ou quoi !?

Il serra encore plus fort, et le pauvre gérant du bar commença à suffoquer.

- (Escroco) Donne-moi immédiatement du fric, ou j’te jure que j’détruirais tout ton putain d’bar après t’avoir explosé l’crâne !

Le type électrique crispa les dents, mais baissa la tête. Il ne pouvait pas intervenir, c’était trop risqué de lui désobéir et de toute façon, il avait peur. Terriblement peur, en fait, il tremblait comme une feuille. Malgré tout, ses dents restaient crispées. Il ne comprenait pas, d’où venait cette soudaine rage ? Il fixa ses mains, se rendant compte qu’il ne tremblait pas que de peur.

Lentement, il releva la tête vers son patron. Il affrontait enfin la vérité face à face, il le voyait en pleur, devenir violet à s’étouffer sans ne rien demander à personne. Ni aide, ni courage. Il semblait accepter cette fatalité, celle de pourrir sous la botte de quelqu’un qui avait du pouvoir.

Mais ça…

- (Reptincel) Qu’est-ce que tu essaies de faire, au juste… ? Te donner bonne conscience en allant me chercher au fond du gouffre ? Excuse-moi, mais où étais-tu ?

Il ne pouvait plus l’accepter.

- (Raichu) HÉ !!

Il entra dans la lumière, s’approchant d’un Escroco narquois les poings fermement contractés.

- (Escroco) Tiens donc, le trouillard ! Tu viens sauver ton patron en m’apportant du f… !

Il ne put finir sa phrase : le type électrique le cogna d’une sévère droite en pleine mâchoire. Il lui fit lâcher Limaspeed, qui récupéra douloureusement son souffle en s’affalant contre le mur.

- (Escroco) Qu’est-ce que… !?

Commença-t-il à se demander, sous le choc du geste. Mais à nouveau, son adversaire le frappa avant qu’il ne termine de parler, l’envoyant valser dans une flaque. Il saignait du museau et commençait à avoir un œil au beurre noir. L’ancien explorateur, de son côté, lui tendit un féroce poing.

- (Raichu) Dégage de là, espèce d’ordure !! S’en prendre à mon patron, c’est s’en prendre à moi !!

- (Escroco) Comment oses-tu… !?

- (Raichu) Qu’est-ce que tu vas faire, hein !?

Il s’approcha pour lui faire peur, et cela fonctionna. Terrorisé, Escroco bondit en arrière.

- (Raichu) QU’EST-CE QUE TU VAS FAIRE !?

Il était tétanisé, tremblotant à son tour comme une feuille. Il se releva, hésita quelques instants… puis s’enfuit comme un lâche. Ses deux victimes purent reprendre tranquillement leur souffle, Raichu portant son patron sur son dos jusque dans sa chambre. Il le soigna et l’aida à trouver le sommeil.

- (Limaspeed) Merci, merci beaucoup… !

- (Raichu) C’est normal, en fait, j’aurai dû faire ça il y a longtemps…

- (Limaspeed) Non, mon grand, tu ne peux pas te reprocher de ne pas tout le temps être un héros. Ce soir, tu auras été le miens.

Il baissa la tête, prenant cette phrase comme une humiliation. C’est la première fois que quelqu’un l’appelait ainsi, un « héros », depuis qu’il avait son diplôme d’explorateur. Les rudes paroles de son meilleur ami trottaient toujours dans sa tête, il se sentait tellement coupable. Il resta à son chevet jusqu’à ce qu’il s’endorme, puis retourna nettoyer le bar. Il travailla toute la nuit, se convaincant de ne pas réussir à trouver le sommeil, de toute façon.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 62 : La rédemption de Raichu

 

Escroco, de son côté, défonça l’entrée de la boîte de nuit du coin. Il avait une copie des clés, il connaissait bien l’endroit. Il s’y rendait quand ça n’allait pas, quand il avait besoin d’une aide plus sérieuse que celle qu’il dégotait à ceux qui le craignaient. Il s’imposa dans la pièce principale, bousculant les réparations en cours pour arriver le plus vite possible vers les compartiments du gérant. Il ouvrit les portes sans toquer, surprenant le Prédateur Carnassier dans son bain.

- (Crocorible) Hé !!

Mais étonnamment, celui-ci ne lui jeta qu’un savon en pleine figure, impudique qu’il était face à ce nouvel arrivant.

- (Crocorible) Tu peux prévenir, abruti !

- (Escroco) Mec, j’ai besoin d’ton aide !

- (Crocorible) *soupir* Ce n’est pas le moment, Escroco…

Marmonna-t-il, en se cachant le visage.

- (Escroco) Tu chiales ?

- (Crocorible) Ta gueule, c’est l’eau du bain…

Il détourna le regard, et Escroco s’avança vers son peignoir posé sur un radiateur.

- (Escroco) Ça va, de c’que j’ai vu en arrivant, les réparations avancent bien. Tu veux toujours pas m’dire qui a fait ça ?

- (Crocorible) Comme si mes problèmes t’intéressaient… Qu’est-ce que tu veux ?

Il s’approcha, lui tendant son peignoir d’un air déterminé.

- (Escroco) Toi. J’ai besoin que tu bouges ton cul jusqu’au bar du vieillard.

- (Crocorible) Limaspeed ?

- (Escroco) Ouais, faut lui casser la gueule !

- (Crocorible) Pourquoi ?

- (Escroco) Bah… parce que j’te l’demande !

Le silence régna quelques instants, jusqu’à ce que le catcheur se renfonce dans son bain.

- (Crocorible) Dégage…

- (Escroco) Hein… ?

- (Crocorible) Juste… barre-toi, ce n’est pas le moment.

- (Escroco) C’est quoi ton problème, mec ? Depuis quand tu m’refuses un truc ?

Il ne répondit pas, alors Escroco s’énerva. Il monta d’un ton en lâchant le peignoir, s’approchant jusqu’à poser ses griffes sur la baignoire.

- (Escroco) Hé, c’est l’honneur d’la famille qui est en jeu ! Lui et son putain d’employé m’ont humilié, on DOIT les faire payer !!

- (Crocorible) Pourquoi ai-je l’intuition qu’ils n’ont fait que se défendre ?

- (Escroco) J’ai le droit d’leur réclamer c’que j’veux !!

- (Crocorible) Non, Escroco, justement.

Il lui afficha un regard froncé et dominant.

- (Crocorible) Les quartiers pauvres vivent une ère de changements, et tous nos voisins en souffrent. Aucune ruelle ne fut pas recouverte du sang de tes potes, tu sais, ceux qui comme toi profitent du malheur des autres. Et si au lieu d’entretenir notre lien fraternel en venant uniquement me demander du fric et des muscles, tu acceptais de devenir adulte et venait m’aider entretenir la boîte ? Ça te donnerait du travail, ça t’occuperait à faire autre chose qu’emmerder le monde. Ça lui donnerait moins de taf.

- (Escroco) Hein… ? Tu… tu parles de l’éclair rouge ?

- (Crocorible) Si tu continues sur cette voie, tu finiras par croiser son chemin.

- (Escroco) Et alors… ?

Il ferma les poings.

- (Escroco) ET ALORS !?

Puis recula jusqu’au centre de la pièce.

- (Escroco) T’as peur de lui… ! C’est ça, ton problème, tu as peur de l’éclair rouge !!

Encore une fois, son interlocuteur ne rétorqua pas. Cela lui fit crisper les dents, Escroco explosa de rage.

- (Escroco) ESPÈCE DE LÂCHE !!!

Hurla-il en le pointant d’une griffe.

- (Escroco) Ce type s’est fait défoncer par Roitiflam, il a aucune crédibilité !!

- (Crocorible) Ne prononce pas ce nom ici…

- (Escroco) Quoi, tu crains la DDR aussi, maintenant !? J’en ai rien à foutre de c’que tu penses d’eux, en fait, j’les trouve carrément plus cools que toi !! Ouais, eux ont des valeurs !! Eux ne se rabaissent pas au niveau des riches pour implorer leur aide !! EUX LES EXTERMINENT !!!

- (Crocorible) Arrête…

- (Escroco) T’as tellement changé, bordel ! Depuis que ta boîte a du succès, t’es devenu tellement plus… !

- (Crocorible) ÇA SUFFIT !!!

Cria-t-il à son tour, en se levant du bain.

- (Crocorible) Ne finis pas cette phrase, espèce d’ingrat !! Me parler comme ça après tout ce que j’ai fait pour toi, mais pour qui tu te prends !? LA SEULE CHOSE QUE TU SAIS FAIRE, C’EST DÉTRUIRE LA VIE DES AUTRES !!! TU CROIS QUE MAMAN AURAIT ÉTÉ FIÈRE !?

Cette dernière phrase plaça un froid dans la pièce. Escroco écarquilla les yeux, bouche bée en niant d’un lent mouvement de tête les propos adverses. Il recula jusqu’à la porte, qu’il ouvrit sans se retourner.

- (Escroco) Tu me fais pitié, mec, tellement pitié… ! Jamais je ne deviendrai comme toi… !

- (Crocorible) Barre-toi !!

- (Escroco) JAMAIS JE NE SERAI AUSSI PITOYABLE QUE TOI !!!

Et sur ces mots, il s’en alla en claquant la porte. Crocorible resta debout quelques instants, avant de se rabattre une dernière fois et de honte dans son bain. Son instinct de grand frère lui hurlait d’aller rattraper le seul membre de la famille qu’il lui restait, mais sa volonté était tout autre. Il voulait être seul. D’ailleurs, avant qu’Escroco n’arrive, il avait bel et bien les larmes aux yeux. Comme chaque soir depuis l’incident, il pleurait sa féroce dispute avec Reptincel. Il se sentait à la fois coupable, tout en conservant une rage intense pour ce que l’éclair rouge lui infligea, autant physiquement que mentalement. Une pression énorme, une trahison presque inégalée, une remise en question atroce. Qui devait-il être ? L’intervention de son petit frère, ce soir-là, n’arrangea pas les choses.

Ce dernier sortit de la boîte en essuyant ses larmes, il niait sa peine.

- (Escroco) J’m’en balance, moi, d’l’éclair rouge ! Qu’il soit plus fort ou pas, je n’abandonnerai jamais l’combat, ducon !

- Impressionnant.

Clama une voix féminine. Sa présence sortit lentement de l’ombre. Sa figure quadripède et son regard trompeur inquiéta tout d’abord le jeune crocodile, qui recula en sortant les griffes.

- (Escroco) Vous êtes qui !?

- Navrée, je me suis permise de m’introduire et d’écouter aux portes, c’est plus fort que moi. Mon nom est Léopardus, et je travaille pour celui que vous ne craignez pas de citer.

Le garçon écarquilla les yeux de surprise.

- (Escroco) Nan, sérieux… ? Attendez, j’suis encore sous l’effet d’la poudre, où… ?

- (Léopardus) Escroco, il a besoin de vous. La DDR a besoin de vous.

- (Escroco) Wow… ! Ah ah ah, j’hallucine, c’est énorme !!

Clama-t-il en alertant la rue de par le ton de sa voix.

- (Léopardus) Euh… oui…

- (Escroco) Ça veut dire que vous allez m’recruter ? Genre j’vais pouvoir faire flipper les gens encore plus facilement !?

- (Léopardus) Oui, bon, ferme-là !

Le tutoya-t-elle soudainement.

- (Escroco) Ah… ! Euh… désolé. Évidemment que j’accepte votre proposition, j’suis trop fan de vous ! Dites-moi c’que votre chef veut que j’fasse, et j’y consacrerai toute mon énergie, promis juré !!

- (Léopardus) C’est aussi ton chef, désormais. Il souhaite te rencontrer en personne, après tout, tu es potentiellement un membre de l’escouade Anti-RS, l’équipe qui sera bientôt chargée de renverser les dogmes de cette société.

Escroco avait des étoiles dans les yeux.

- (Escroco) Oh ouais, ouais ouais ouais !

- (Léopardus) Ça t’intéresse ? Alors suis-moi.

Elle se retourna, et le crocodile sautilla de joie en la suivant dans l’obscurité. Il quitta les environs sans même se retourner une dernière fois vers la boîte de nuit de son grand frère, même elle trouvait cela terrifiant. À vrai dire, elle n’était pas convaincue de sa mission il y a à peine un quart d’heure, lorsqu’elle communiquait avec son chef par téléphone sur le trajet.

 

- (Léopardus) Son frère, sérieusement ?

- (Roitiflam) La famille, ça fonctionne toujours. Crocorible aussi, aurait dû se sentir concerné par la mort de Pifeuil. Il aurait dû y voir un avertissement, car la DDR n’abandonne jamais. Si notre précédente tentative ne l’a toujours pas convaincu, alors nous devons aller encore plus loin et s’en prendre à SA famille. Quand il apprendra que son petit frère fait partie de l’escouade Anti-RS, il sera au fond du gouffre. Il perdra ses convictions de vue et cherchera à tout prix à le protéger, quitte à prendre sa place pour son bien.

- (Léopardus) Je vois, donc on manipule Escroco ?

- (Roitiflam) Ne lui raconte pas n’importe quoi non plus, peut-être qu’il pourra quand même nous servir de chair à canon. En tout cas, tu sais ce que tu as à faire et où l’emmener. Je compte sur toi, Léopardus.

- (Léopardus) Vous le pouvez, chef.

 

Et tout cela, Crocorible le manqua de peu. Pourquoi ? À ce stade, sur qui revient la faute ? Accuser Reptincel serait évident, mais il semblerait qu’il ne soit pas près d’avoir terminé de payer les conséquences de ses actes. Car en rencontrant Escroco, Roitiflam lui proposa un marché.

Un marché qu’il accepta sans hésiter…

Le lendemain soir, le 4 Février, le bar Limaspeed se remplissait toujours autant. Mais cette fois, Raichu assurait le service seul. Peu importe, il s’en sortait comme un chef. Déterminé à ne plus fermer les yeux sur tout ce qui arrivait autour de lui, il rembarrait tous les hors-la-loi qui souhaitaient s’installer boire une bière. Pour les plus insistants, il leur fit croire que l’éclair rouge était dans le coin, et cela fonctionna. Il reçut quelques regards noirs, d’autres menaces verbales si ce n’est physiques, et cela l’angoissa. Mais il tint bon, parce qu’il en avait le devoir.

Et la soirée se passa bien, trop bien. C’est à vingt-trois heure, que l’enfer débuta. Plus précisément lorsqu’Escroco passa la porte d’entrée. Ce fut la première fois, d’ailleurs. Lorsque le type électrique l’aperçut, il écarquilla les yeux, posa son plateau et fonça l’empêcher de faire un pas de plus.

- (Raichu) Désolé, mais toi t’es pas accepté ici.

- (Escroco) Tiens, salut mec ! J’avais jamais mis une patte ici, c’est plutôt classe en fin de compte.

Il avança d’un pas, et Raichu lui posa une main sur le torse.

- (Raichu) Arrête.

- (Escroco) Quoi, vous refusez les clients, maintenant ?

- (Raichu) On refuse les fouteurs de trouble.

- (Escroco) Dis donc, j’crois avoir loupé l’épisode où t’as récupéré des couilles. Depuis quand tu parles comme ça, t’as pas peur des conséquences ?

Il avança malgré la force adverse.

- (Escroco) C’est osé de m’tenir tête, encore plus de m’résister quand je viens rendre les comptes. Il est encore noir, mon œil, hein ? Je suis sûr que t’as pris un plaisir fou à m’la mettre, cette droite.

Il continua d’avancer, arrivant presque au centre du bar. Il dévisagea les alentours, et plus précisément les différents clients.

- (Escroco) Hum… alors c’est vrai, t’as vraiment viré tous mes potes ? Tu crois pouvoir changer la face du monde comme ça ?

- (Raichu) Agir à petite échelle, c’est agir quand même.

- (Escroco) Nan. Agir comme tu l’fais, c’est nous les briser sans qu’aucun de tes héros ne t’adressent un regard.

Soudainement, il l’agrippa par le col.

- (Escroco) La preuve !!

Et l’envoya valser dans une table où un couple buvait. Il la détruisit, fit hurler de peur les deux personnages et instaura une atmosphère pesante dans le bar. Toute l’attention fut adressée au crocodile qui, se mettant à rire, étendit les bras d’extase.

- (Escroco) TU PENSES QU’ILS TE SAUVERONT !? MAINTENANT, C’EST À MOI DE JOUER !!!

Hurla-t-il en reculant, avant que de brutales explosions retentirent depuis le plafond. Il commença à s’effondrer sur le reste, blessant et empêchant de fuir tous les clients qui se terrifièrent de l’incident. Les hautes fondations brûlaient d’un feu asphyxiant qui se répandit à une vitesse pharamineuse partout dans la ruelle.

Au sommet du toit d’à côté, Roitiflam souffla sur ses mains pour les éteindre.

- (Roitiflam) Et voilà, une autre victime pour un nouvel allié.

Il s’en alla les mains dans les poches, l’air satisfait.

Au même moment, Reptincel se retourna. Lui qui patrouillait plus longtemps depuis le désastre de Bourg-Tranquille, il fut à bien deux kilomètres du bar duquel il aurait dû échanger avec Pharamp ce soir-là. Le fait est qu’à l’heure actuelle, il ne vit qu’une épaisse fumée s’échapper vers les cieux. Il s’approcha, avant de lentement comprendre d’où elle provenait.

- (Reptincel) … Raichu… !

Il fonça à toute allure.

De son côté, Raichu se releva lentement. Une partie de son pelage cramait, l’autre baignait dans son sang. Il se retint de geindre en se tenant le dos, toussa en respirant de la fumée puis se ressaisit.

- (Raichu) Non… patron !

Instinctivement, il fonça vers les compartiments. Des flammes envahissaient les escaliers ? Il sauta à travers et sentit la douleur passer. Mais il le fit. Il défonça la porte de la chambre de Limaspeed, qui encore blessé peinait à se lever du lit.

- (Limaspeed) Bon sang, que se passe-t-il !?

- (Raichu) Pas de panique !

Il le porta sur son dos.

- (Limaspeed) Tu… tu es blessé ?

- (Raichu) Arrêtez de parler, économisez votre oxygène ! Respirez dans ma capuche, et accrochez-vous… *tousse* !

Il ressortit tout aussi vite, entendant plusieurs Pokémon hurler. Lui chercha tout d’abord une sortie, et outrepassa les flammes et débris pour y parvenir. Escroco semblait s’être enfuit, tant mieux, la porte d’entée lui était accessible. Il la bloqua avec un morceau de poutre cramant à côté de lui, puis fonça dans la ruelle y déposer son patron. Il lui tendit son téléphone.

- (Raichu) Je suis désolé de vous demander ça, mais pouvez-vous appeler les secours !?

- (Limaspeed) Bien sûr, mais… *tousse*

Pendant qu’il toussait, le jeune adulte refonça dans les flammes. Le vieil homme était sous le choc.

- (Limaspeed) R… Raichu… ? Non !!

Il le voyait disparaître à travers les flammes, il en était terrifié. Le concerné se brûla encore le pelage, mais crispa les dents et ne geint pas. Il concentra plutôt ses forces sur le grabuge qu’il pouvait encore entendre.

- À L’AIDE, PITIÉ !!!

- (Raichu) J’arrive !!

Il se repéra du mieux qu’il put, sautant des tas de débris et esquivant de peu les plus pointus d’entre eux. Une première victime était coincée sous une poutre. Il tenta de la soulever, mais rien à faire, il n’était pas assez fort.

- Ne me laissez pas ici, je vous en supplie !!

- (Raichu) Je… *tousse* je vais trouver quelque chose… !

Il se tourna vers un autre Pokémon, accroché en hauteur mais coincé entre les flammes et un vide de cinq mètres de hauteur. Il était bien plus musclé que lui. Bleu de peau et couvert constamment d’un kimono à la ceinture noir, il connaissait très bien ce type.

- (Raichu) Karaclée !?

- (Karaclée) Mec, n’me laisse pas mourir !!

- (Raichu) J’hallucine, qu’est-ce que tu fous là !? J’t’ai rembarré y a deux heures !!

- (Karaclée) J’y suis pour rien, j’te l’jure ! Je voulais juste m’infiltrer dans les réserves pour me bou… euh… bref, aide-moi !!

- (Raichu) Euh…

Il se tourna dans tous les sens, paniquant à l’idée de perdre des secondes de plus en plus précieuses pour toutes ces victimes qui, elles, n’étaient pas des hors-la-loi. Il se souvint alors que la plupart des tables étaient fixées avec des cordes, notamment parce qu’il aurait coûté trop cher d’en racheter d’autres. Il fonça en trouver une, arracha celle qui était enroulée autour de son pied central puis revint vers la victime en hauteur.

- (Raichu) Tu veux la corde ?

- (Karaclée) Ouais !!

- (Raichu) À une seule condition !

Il pointa du doigt la dame coincée sous la poutre.

- (Raichu) Tu m’aides à la sortir de là !!

- (Karaclée) Hein !? T’es malade, faut s’barrer maintenant !

- (Raichu) Alors va crever !!

Il commença à s’éloigner.

- (Karaclée) NON !!! Ok ok, c’est bon, j’vais t’aider !! Mais pitié, lance-moi cette foutue corde !!

Il obtint ce qu’il chercha. Il lança donc un bout de la corde à Karaclée, qui l’accrocha à un débris assez solide pour pouvoir descendre en toute sécurité. Une fois au rez-de-chaussée, il bouscula Raichu et tenta de s’enfuir le plus vite possible. Mais l’ayant anticipé, ce dernier lui tira un petit éclair dans le dos qui le frappa de plein fouet et le paralysa quelques secondes. Quelques secondes qui lui permirent de se relever, s’avancer et l’agripper par le col.

- (Raichu) Je savais que tu n’tiendrais pas parole, espèce de lâche !!

- (Karaclée) *gémissements* J’ai qu’une peau à protéger, mec… !

- (Raichu) Mais putain, est-ce que pour une fois, UNE FOIS dans ta vie tu pourrais d’abord penser aux autres !? *tousse* S’il te plaît, j’ai vraiment… VRAIMENT besoin de ton aide, Karaclée !

Le hors-la-loi baissa les yeux.

- (Raichu) J’me fiche de ton passé, je suis même prêt à tout oublier si tu faisais ce simple geste ! Pour toi ce n’est peut-être rien, mais si tu n’agis pas à petite échelle, regarde le désastre qui s’engendre !

La paralysie se dissipa. Pourtant, le Pokémon bleu resta immobile, l’air pensif. C’est alors qu’une poutre tomba depuis le toit entre eux et la victime. L’ancien explorateur paniqua alors soudainement.

- (Raichu) Karaclée, je t’en supplie !!

- (Karaclée) Je…

Il se releva lentement.

- (Karaclée) Ok… ok, on fait ça vite fait, et après j’me tire.

- (Raichu) Ouais… *tousse* promis !

Ils contournèrent donc le mur de flamme qui s’était créé devant à eux, pour enfin arriver avec deux bras supplémentaires face à cette poutre. Chacun agrippa une extrémité, Karaclée compta jusqu’à trois, puis les deux garçons travaillèrent en équipe et tirèrent de toute leur force pour, bienheureusement, parvenir à la soulever. La victime rampa loin d’elle, elle était libre. Alors ils lâchèrent pour de bon ce débris qui avait commencé à brûler le bout de leurs mains, puis vinrent la secourir. Raichu la porta en premier, avant de la tendre à son partenaire.

- (Karaclée) Hé, ça fait deux tâches, là !

- (Raichu) J’vous ouvre la voie !

Le hors-la-loi récupéra donc la blessée, laissant le type électrique se brûler encore une dernière fois le pelage pour autrui. Sa vue commençait à se troubler, il toussait à répétition et transpirait comme jamais auparavant. Mais il gardait les poings fermés, il n’abandonnait pas son objectif. Se sauver la peau, il en était hors de question. Pas tant qu’il n’était pas certain que PERSONNE ne périrait dans ces flammes.

Finalement, il arriva face à la sortie.

- (Raichu) Allez, foncez !!

Karaclée s’exécuta, arrivant saint et sauf avec une vie entre les mains. Une vie qu’il sauva, la première qui le remercia. Il était bouche bée, sa vision du monde changea ce soir-là. Il se tourna vers l’entrée, pensant que Raichu y était sortit également. Mais personne ne s’y trouvait.

- (Karaclée) Hein… ? Raichu !?

- (Limaspeed) Il est encore à l’intérieur !

Clama le patron, en titubant jusqu’à lui.

- (Karaclée) Quoi !?

Une nouvelle explosion retentie, elle les fit reculer de peur.

Raichu rouvrit doucement les yeux. Il était à terre, à une dizaine de mètres de la sortie. La figure d’Escroco s’avança, son museau était couvert d’un masque respiratoire isolant. Malgré tout, il arrivait à percevoir son sourire narquois.

- (Raichu) T’as pris le temps de mettre un masque, hein… ? *tousse*

Il se releva dans la douleur.

- (Escroco) Apparemment, Roitiflam aurait tant travaillé ses flammes qu’elles seraient les plus douloureuses et asphyxiantes qu’un type feu puisse produire. C’est dommage, moi qui voulais jouer avec les bombes qu’il m’a donné pour la mission…

- (Raichu) La… *tousse* la mission… ?

Le crocodile lança une autre bombe, et sa cible se protégea comme elle put. Hélas à bout de force, il se la percuta presque de plein fouet et valsa dans un mur. La moitié de son corps était brulée au deuxième degré, enfin ce n’est pas comme s’il ressentait encore la douleur, à ce stade. Le criminel s’avança lentement.

- (Escroco) Alors, tu regrettes ?

Il ne répondit pas, alors il lui plaqua sa patte en pleine figure.

- (Escroco) Répond-moi, salopard !

- (Raichu) Regretter quoi… ?

Il lui tendit ses paumes de mains.

- (Raichu) J’ai fait mon devoir… !!

Et lui jeta tout ce qu’il lui restait, toute son énergie. La puissance de la redoutable décharge qu’il envoya hérissa les poils de tous les Pokémon qui observaient le bar bruler aux alentours. Malheureusement…

- (Escroco) Tsss… tu m’énerves !

Escroco était de type sol ; l’électricité ne l’atteignait pas.

- (Escroco) Crève !!

Il contrattaqua en lui plantant une griffe en plein cœur. Enfin il essaya, le masque lui troublait la vue. En réalité, il frappa juste en-dessous, mais Raichu s’évanouit après avoir enfin hurlé de douleur, et son adversaire le pensa mort. Il quitta les lieux en vitesse, passant par la même ruelle que celle dans laquelle se trouvait tout le monde. Limaspeed, Karaclée et une dizaine d’autres victimes. Tous le regardèrent partir, impuissant face à ce qu’il représentait.

Les gérants du bar l’avaient contrarié, voilà ce qu’ils devinrent le jour suivant. Au final, qu’importe à quel point il fut pitoyable. Escroco, et donc maintenant la DDR, allait à nouveau l’emporter médiatiquement. Leur attaque terrorisa tous les concernés, terrorisera le reste du monde une fois les infos passées et encouragera une tonne de hors-la-loi à les rejoindre dans leur quête de destruction.

Et ce, même après l’arrivée de Reptincel. Sautant depuis un toit, il transperça un mur avec ses flammes pour s’introduire au centre du bar, ou du moins de ce qu’il en restait. Il posa ses mains au sol, ferma les yeux et se concentra. Un courant d’air se créa tout autour de lui, et les flammes le rejoignirent. Toutes lui foncèrent dessus, toutes furent absorbées. Ce fut douloureux, la puissance de Roitiflam était bien supérieure à la sienne. Mais il y parvint. Une minute de concentration lui suffit à éteindre entièrement l’incendie, et ce avant que le moindre secours n’arrive.

Eux, entrant dans la ruelle un quart d’heure plus tard, s’occupèrent surtout des victimes. Limaspeed avait beau leur répéter que le corps de son employé était encore à l’intérieur, ils lui assurèrent le contraire. Et ils avaient raison.

Son ouïe revint avant sa vue. Il comprenait une urgence, notamment de par la panique, dans la voix de celui qu’il avait déçu.

- (Raichu) R… Reptincel… ?

- (Vaututrice) Il est conscient !?

Oui, le type feu l’avait emmené au refuge pour SDF. Au vu de l’état de son ami, jamais il n’aurait pu attendre l’arrivée des secours. Hélas, il semblerait que les soins du refuge ne suffisent pas non plus, voilà pourquoi tout le monde se mit à paniquer. Reptincel lui attrapa la main, s’installant à ses côtés pour le rassurer.

- (Reptincel) Ne t’en fais pas ! Tout va bien, Raichu, tout va bien… !

Ou pour se rassurer lui-même…

- (Raichu) Je… j’arrive plus à ouvrir les yeux… Est-ce que je suis devenu aveugle… ?

- (Reptincel) N… non, c’est…

L’éclair rouge tourna un regard désespéré vers Vaututrice, espérant une bonne nouvelle de sa part. Hélas, elle avait les larmes aux yeux. Alors il crispa les dents, se retint de pleurer et serra plus fort la main tremblante qu’il tenait.

- (Reptincel) Ça va aller… ! Ça va aller… !

- (Raichu) … Je vais mourir, pas vrai… ?

Reptincel n’osait répondre…

- (Vaututrice) Je ne sais même pas… comment tu peux encore être éveillé…

Alors elle s’en chargea, avant de quitter la pièce à chaudes larmes. Le type feu posa sa tête sur la main de son ami.

- (Reptincel) Je suis désolé… ! J’aurai dû être là !

- (Raichu) … Nan, mec. C’est bon, t’en veux pas…

- (Reptincel) J’ai été horrible avec toi !!

Lui cria-t-il brusquement.

- (Reptincel) Tu t’es mis en danger à cause de ce que je t’ai dit, pas vrai !? C’est… c’est encore ma faute !!

- (Raichu) Nan, tu m’as juste ouvert les yeux. Je… *tousse* je pouvais plus m’regarder dans l’miroir, après tout c’que tu m’as dit. Parce que t’avais vu juste, sur toute la ligne… ! Je m’suis tellement laissé aller, après la guilde. J’ai fermé les yeux sur nos principes, peut-être un peu désespéré d’être le maillon faible de la Dream Team.

- (Reptincel) Quoi… ? Comment ça, le maillon faible… ?

- (Raichu) Ne fais pas comme si tu ne l’avais pas remarqué. Macronium… *tousse* est devenue une star dans son domaine et impressionne les riches. Carabaffe est devenu un explorateur travaillant avec le sommet du métier et impressionne les riches. Lucario est devenu un jeune ingénieur qui apprend chaque jour du plus compétent de la ville, celui qui impressionne les riches… ! Ah ah, je n’sais pas si tu commences à voir une corrélation, mais moi, je fais pitié auprès des pauvres… !

- (Reptincel) Qu’est-ce que tu racontes… ? On s’en fout des riches ou des pauvres, tu as sauvé des vies ! Tu… tu m’as tellement impressionné, bien plus que tout ce que les autres membres de l’équipe ont pu accomplir depuis qu’ils sont ici ! En protégeant les autres avant toi, tu m’as prouvé que tu n’avais PAS oublié nos principes, tu m’as prouvé que j’avais tort ! Et je… *snif*

Il céda, et pleura finalement à son tour.

- (Reptincel) Je suis tellement désolé, Raichu !

- (Raichu) Je te pardonne, mon ami…

- (Reptincel) Non… !

Il posa sa tête sur son torse.

- (Reptincel) Ça ne suffit pas ! Je t’en supplie, tiens le coup !! Laisse-moi une chance de me racheter, laisse-moi un moyen de… !

Lentement, le type électrique déposa sa main brûlée sur le crâne de son ami.

- (Raichu) Tu veux te racheter… ? Alors reprend ta quête. Celle de diminuer la criminalité dans les quartiers pauvres, celle qui fait de toi un héros. Oublie la vengeance, oublie la haine. Roitiflam paira devant la justice, c’est ce qui lui fera le plus mal et tu le sais.

- (Reptincel) Je… j’ai déjà commencé… ! Je me force à ne plus torturer les hors-la-loi !

- (Raichu) Ne te force pas, il faut que ça devienne naturel. Tu sais… *tousse* y aurait eu une victime, si un sale type ne m’avait pas aidé. Comprends qu’ils sont tous différents, qu’ils ont tous leurs problèmes. Ah… ah ah ah… aïe… !

- (Reptincel) Quoi… !?

- (Raichu) Nan, je… j’ai l’impression d’être dans un autre monde. J’veux dire, tu m’aurais répondu « bah évidemment », à l’époque. Faut croire que le monde adulte est plus compliqué qu’on ne l’imaginait, hein ? J’aurai aimé rester môme, en fin de compte…

- (Reptincel) Je… je te promets de tout faire pour les comprendre. Je te le jure !

- (Raichu) Pas besoin de jurer, j’te fais confiance… ! On peut m’traiter d’idéaliste, mais je suis sûr que c’est ça, l’arme parfaite contre les types comme Roitiflam. Il cherche à te rendre fou, alors je t’en supplie, ne tombe pas dans son jeu. Ne te sers pas de ma mort comme prétexte pour te défouler, je n’veux même pas que ça t’enrage, compris !?

- (Reptincel) Ne dis pas ça… ! Ne parle pas de ta mort, s’il te plaît… !

- (Raichu) C’est bon, je pense que tu auras bien compris que le miracle n’existait pas, dans le monde des adultes. Quitte à ne pas tourner autour du pot, s’il te plaît… est-ce que tu peux dire à mes parents que… que je ne regrette pas. Vraiment… vraiment pas. Ah, et si tu te retrouves en face d’un certain Karaclée… *rires* remercie-le de ma part !

Lentement, son rythme cardiaque diminua. Son ami le constatait. À ce stade, il ne pouvait qu’embrasser le destin.

- (Raichu) Si j’devais avoir un regret… hum…

- (Reptincel) Raichu…

- (Raichu) Oh, je sais… ! J’aurai trop aimé te voir éduquer un mioche ! Ouais, ça, ça aurait été génial ! J’suis sûr que tu serais bon, et puis à tes côtés, un gosse apprendrait de sacrées valeurs, ah ah… ah…

Le type feu l’enlaça une dernière fois.

- (Reptincel) Merci pour tout…

Il ne pouvait sans doute plus l’entendre…

- (Raichu) Bon, c’est pas grave, tu l’feras sans mes moqueries… Je… je sais pas si je te l’ai déjà dit, mais… m… merci de l’avoir ouverte, cette fenêtre…

Puis… le silence régna. Reptincel laissa ses larmes couler sur sa poitrine, qui à cet instant arrêta de bouger. Le moniteur ne trompait pas, Raichu avait donné son dernier souffle. Il décéda à minuit pile, alors que le monde entra en cette rude journée du 5 Février 236.

La nuit fut atroce pour Reptincel, le reste de la journée fut du même acabit, pour tout Bourg-Tranquille. Les informations furent de trop, et l’annonce de la destruction du bar Limaspeed, des nombreux blessés et du décès qui découla de l’attentat frappa à nouveau le cœur de tous les villageois. Et pas seulement eux.

- (Macronium) Raichu… ?

Elle l’apprit à la télévision, et fondit en larme seule chez elle.

- (Macronium) NON !!! PAS TOI, CE N’EST PAS VRAI !!!

De même pour Lucario, qui discutait encore avec Chapignon de ce qu’il avait tenté de faire dans les quartiers pauvres. La radio, qui tournait en fond, coupa leur échange pour annoncer ce qui le traumatisa.

- (Chapignon) Raichu… ? Est-ce que c’est… ?

Le grand homme tourna un regard perplexe vers son élève, qui de son côté se pinçait violemment le cœur. Il crispait les dents, fou de rage et en larme face à son impuissance totale. Il l’enlaça, mais à quoi bon, désormais ?

Enfin, concernant la réaction de Carabaffe… en fait, lui n’en eut pas connaissance du tout.

Le 8 Février, tout le monde fut convié à Bourg-Tranquille pour son enterrement. Reptincel s’y déplaça, achetant également une place dans le transporteur de Roucarnage pour Limaspeed qui, il s’en doutait, souhaitait également s’y rendre. Il retrouva tous les habitants, la plupart l’accueillant avec respect.

Pour les autres…

- Espèce d’ordure !!

La mère de Raichu le gifla devant tout le monde.

- C’est ta faute !! IL EST MORT PARCE QUE TU L’AS EMBARQUÉ DANS TES PROBLÈMES !!!

- (Reptincel) … Il ne regrette pas, madame.

- Quoi… ?

- (Reptincel) C’est ce qu’il m’a dit de vous dire. Il ne regrette pas.

Il s’inclina poliment.

- (Reptincel) Je suis désolé.

Puis se rendit au cimetière. Tout le monde assista aux funérailles, Lucario et Macronium s’étant eux aussi déplacés une nouvelle fois. Hélas, ils ne le lui adressèrent pas la parole. Lui reprochaient-ils aussi sa mort ? Reptincel préféra penser qu’ils étaient à bout, qu’ils voulaient être seuls. Alors il ne les dérangea pas, se fit discret jusqu’à la fin, puis attendit que la foule se dissipe pour venir déposer une fleur, avec Limaspeed, sur la tombe de son défunt meilleur ami.

- (Limaspeed) Il… *snif* il était comme un fils, pour moi. J’ai toujours été seul, Raichu aura su… *snif* animer ma vie.

- (Reptincel) Je comprends.

- (Limaspeed) Et toi… ?

- (Reptincel) … Il était mon frère. Enfants, nous rêvions de devenir adulte pour faire partie des plus grands explorateurs. On voulait que le nom de la Dream Team rassure le monde entier. Mais en grandissant, Raichu s’est rendu compte que ce fameux monde adulte voyait l’exploration comme un terrain de compétition, où le combat et la violence régnaient en maître. Lui voulait aider, alors il a changé de voie pendant que je me suis enfoncé dans quelque-chose qui, le pensais-je, me conviendrai. Il a respecté ma volonté, moi… je l’ai jugé. Je l’ai traité de lâche, je lui ai reproché la mort de mon père. Et pourtant, il est mort en sauvant des vies. Pour quelqu’un qui ne voulait plus être appelé « explorateur », se sacrifier pour autrui est…

Il chercha ses mots.

- (Limaspeed) Admirable ?

- (Reptincel) … Je voulais dire terrifiant. Cela démontre que les héros ne sont pas à leur place, il me l’a bien fait comprendre.

Il s’abaissa pour faire face à la tombe.

- (Reptincel) Je ne serrerai plus les poings par haine ou vengeance, mon ami, je te le promets.

Il se releva, enlaça Limaspeed puis le laissa seul quelques instants. Il avança vers la tombe de Pifeuil, et y déposa une fleur également. Il s’installa en tailleur face à la pierre, méditant calmement à ses côtés.

- (Reptincel) Toutes mes excuses, Pifeuil. Je me suis servi de vous pour justifier ma quête de vengeance…

Il resta un peu plus longtemps là-bas. Lucario et Macronium le virent au loin, hésitant à aller le saluer. Finalement, ils firent demi-tour et rentrèrent en premiers à Loliloville. Le type feu le fit le jour suivant. Il en profita pour engager ses responsabilités, et signa tout un tas de papiers pour enfin mettre en vente la maison de son défunt père.

Une fois de retour en ville, il accueillit Limaspeed au refuge pour SDF. Puis il reprit le court normal de sa vie, se retrouvant rapidement face à de nouveaux hors-la-loi. Il ferma les yeux juste avant de les affronter, apaisant son esprit comme tous ses maîtres lui avaient appris… avant de foncer les arrêter. Il y parvint sans ne blesser personne, discutant même avec l’un d’entre eux pendant qu’il les menait au poste le plus proche.

Finalement, le type avec qui il discuta se retrouva au poste sans blessure grave, sans traumatisme et sans être en larme. Il était juste… perplexe, quant à ce pourquoi il aidait la DDR.

L’éclair rouge, de son côté, était désormais sûr de lui. Agir avec bienveillance était la meilleure des armes, parce qu’il n’y avait qu’un seul Roitiflam. Les autres suivaient le mouvement pour de multiples raisons, toutes différentes. Et la plupart d’entre eux pouvaient être raisonnés.

Alors comme au bon vieux temps, il leur tendit une main.

Depuis cette résolution, il arrivait à trouver le sommeil. Depuis cette résolution, les habitants des quartiers pauvres ne craignaient plus de sortir de chez eux. Un soir, lors d’une patrouille, il trouva même un voisin en train de repeindre une façade crade de son immeuble. Évidemment, il l’aida. Ils discutèrent longuement, et le type feu parvint à le faire rire à plusieurs reprises. Il trouvait cela génial, de consacrer une partie de ses patrouilles aux réparations des quartiers.

Les mots de Lucario trottaient encore dans sa tête :

- (Lucario) Diminuer la criminalité, ce n’est pas que faire barrage aux hors-la-loi, et encore moins de cette manière !

Être explorateur, ce n’est pas que protéger la vie d’autrui. Après tout, la guilde lui aura appris bien d’autres tâches. Alors autant s’en servir pour sa quête, il s’y mit dès ce soir-là. Repeindre des murs, nettoyer tout type de crasse, ranger les poubelles et trier les déchets, il y consacra plusieurs heures par jour.

Et en une semaine, cela se fit déjà remarquer.

L’autre partie de Loliloville reconsacrait de l’attention aux quartiers pauvres, une attention curieuse et positive.

Cela ennuya Roitiflam.

Cela enjoua Reptincel.

Il était hors de question que la mort de Raichu soit vaine. Il s’en assura.

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