Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 61 : Solitaire

9118 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/04/2022 13:12

      « Ici Quoti’Ville, nous sommes au cœur du village qui a subi la plus grande tragédie de cette décennie, nous pouvons l’affirmer sans ne prendre aucun risque. Hein ? Bourg-Trésor… ? Chut, ça tourne, là ! Hum… durant la journée du 25 Janvier, il y a quatre jours, Bourg-Tranquille fut assiégé par une vingtaine de hors-la-loi qui, selon leur propre qualification, feraient partie de la DDR. Aucune équipe d’exploration n’a souhaité nous accorder du temps d’antenne, l’équipe RS elle-même a dénié s’exprimer sur le sujet. Pourtant, rappelons que la DDR fut officialisée dissoute il y a bientôt douze ans. Cela angoisse la population, qui s’effraie face à la soudaine réapparition de ces gens que eux qualifient de terroristes. Actuellement, les habitants du village se regroupent au cimetière. Ils enterrent le malheureux Pifeuil, décédé au cours de l’attaque… »

La télévision coupa là-dessus.

- (Arkéapti) Hé, je regardais !

- (Mustéflott) Arrêtons de nous prendre la tête avec cette histoire, tu veux ?

Répondit le type eau de ladite équipe RS, en posant la télécommande loin du comptoir qu’Arkéapti utilisait pour préparer à manger. L’ingénieure sauta sur la table.

- (Dedenne) J’te jure ! Pourquoi on interviendrait, qu’est-ce que nos éventuelles menaces envers la DDR leurs apporteraient d’autre que de la satisfaction ? Que l’on parle d’eux, c’est tout ce qu’ils veulent.

- (Arkéapti) Je maintiens le fait que nous aurions dû sortir du silence. Nous ne communiquons pas pour effrayer nos adversaires, mais bien pour rassurer ceux que nous protégeons. Et puis… *soupir* j’aurai aimé apercevoir Carabaffe à l’enterrement.

- (Dedenne) Il n’y était pas ?

Il nia d’un mouvement de tête.

- (Dedenne) Punaise, il a vraiment disparu…

- (Mysdibule) Non, il est juste parti.

Clama Mysdibule, en entrant déposer des sacs de nourritures.

- (Mysdibule) Acceptez-le, ce rôle n’était pas fait pour lui.

- (Mustéflott) … C’est notre faute.

- (Mysdibule) Non, c’est uniquement la sienne.

Elle repartit aussitôt, l’air désintéressé.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 61 : Solitaire

 

- (Mégapagos) Moi… ? Je… euh… non, je ne souhaite pas parler de nos agresseurs.

- Alors parlez-nous de Pifeuil ! Comment était-il !?

- (Mégapagos) Pifeuil… ? Il était un brave homme. Il aura su trouver sa place dans Bourg-Tranquille, et pourtant ce n’était pas gagné. Sous la direction de notre ancienne maire, madame Rapasdepic, les politiques étrangères étaient assez strictes. Pifeuil et son petit furent persécutés, mais jamais ils ne baissèrent les bras. Aujourd’hui, tout le monde reconnait l’amour inébranlable de cet homme pour ce qu’il protégeait. Il est mort pour ses convictions, et à jamais nous le respecterons pour cela.

- Ouais, ok, mais y a quatre jours.

- (Mégapagos) Pardon ?

- Avant de crever, il était comment ? Est-ce qu’il connaissait son tueur ?

- (Mégapagos) Euh…

- (Raichu) Ça suffit, cassez-vous !!

Le jeune adulte intervint, bousculant le caméraman et éloignant les journalistes du sage du village.

- Oh, ça va, on veut juste votre ressenti !

- (Raichu) C’est ça, approchez encore et je fais surchauffer votre matos !

Il les éloigna définitivement.

- (Mégapagos) *soupir* Merci, mon grand.

- (Raichu) J’vous jure, de vrais profiteurs du malheur des autres ! Comment vous vous sentez, m’sieur Mégapagos ?

- (Mégapagos) Impuissant. Observer mon entourage disparaître avant moi est le pire de mes cauchemars.

- (Raichu) Ouais, j’imagine. Je suis désolé, vraiment.

- (Macronium) Nous sommes désolés.

Les regards se tournèrent vers Macronium et Lucario, tous deux approchant d’un air démunit.

- (Macronium) Nous aurions dû être là.

- (Lucario) Et dire que j’étais plongé dans mes recherches. Bon sang, j’ai complètement perdu la notion du temps, j’aurai dû m’informer plus souvent sur Bourg-Tranquille. Il s’est déjà écoulé trois ans, depuis ma dernière venue en ces lieux…

- (Raichu) Au moins, toi, t’étais venu à l’enterrement d’Massko.

- (Mégapagos) Vous n’avez pas à vous reprocher quoique ce soit, les enfants. Le plus important est que vous soyez réunis ici, aux funérailles de Pifeuil. Merci sincèrement de vous être déplacés.

- (Macronium) Voyons, c’est normal.

- (Raichu) Ouais, enfin visiblement pas pour tout le monde.

Clama le type électrique, en cherchant du regard un Carabaffe absent.

- (Raichu) Vous savez où est votre fils ?

- (Mégapagos) J’espérai l’apprendre de vous.

- (Macronium) Oh, euh… nous ne sommes plus en contact depuis longtemps.

- (Mégapagos) Alors nous sommes deux.

- (Macronium) Vous… ne lui écrivez pas ?

- (Mégapagos) Il ne me répond pas. Je n’ai plus eu de nouvelles depuis l’obtention de votre diplôme à la guilde.

- (Macronium) Quoi… ? Pourtant je suis sûre qu’il…

- Excusez-moi…

Cette voix suave mais expressive, tout le monde la reconnaissait. Les regards se tournèrent vers lui, vers ce jeune adulte brun et bipède, vers ce Pokémon fossile à la carrure imposante, au regard et dents intimidants et pourtant à la gentillesse sans faille. Un explorateur de l’équipe Renaissance, un sauveur du monde venu de loin par respect pour la famille de celui qu’il aimait.

- (Raichu) Ptyranidur !!

- (Lucario) Ptyra, ça fait si longtemps !

- (Macronium) Je ne savais que tu étais là aussi, Ptyranidur. Contente de te revoir.

- (Ptyranidur) Macronium et Raichu, c’est ça ? Heureux de vous revoir également. Lucario.

- (Mégapagos) Comment peux-tu être ici ? L’équipe Renaissance a fait parler d’elle il y a une semaine encore, sur le continent Ouest.

- (Ptyranidur) Les autres m’ont accordé trois jours de congé. Eux ne pouvaient pas se le permettre, nous sommes débordés.

- (Raichu) Ouais, j’imagine que depuis cette histoire à Bourg-Lavaley, les demandes n’arrêtent plus.

- (Ptyranidur) Je ne te le fais pas dire, mais je ne suis pas là pour parler de ça. Je suis venu pour apporter mon soutien à Reptincel.

- (Lucario) Comme nous tous, mon ami.

- (Ptyranidur) … Alors où est-il ?

Les trois anciens membres de la Dream Team s’échangèrent un regard tout aussi perdu que navré les uns envers les autres.

- (Ptyranidur) Vous ne savez pas non plus, pas vrai ?

- (Raichu) C’est impossible qu’il ne soit pas là, à moins que… qu’il ne soit pas au courant ?

- (Ptyranidur) Comment pourrait-il ne pas l’être ?

- (Macronium) Il habite le centre des quartiers pauvres, l’information circule mal là-bas.

- (Ptyranidur) Attendez, quoi ?

- (Mégapagos) Il le sait.

L’attention se tourna vers le sage.

- (Mégapagos) Reptincel était là, quand Pifeuil s’est fait tuer.

- (Raichu) Pardon !?

- (Mégapagos) Il a tout fait pour nous sortir de là. Malheureusement, il n’était pas en état de tous nous sauver, et pour le protéger lui… Pifeuil s’est sacrifié en encaissant une charge à sa place.

- (Lucario) C’est… une blague… ? Les infos nous assuraient que Lockpin était la seule exploratrice sur place, c’est du délire !

- (Macronium) Vous auriez dû nous le dire plutôt. Ça veut dire qu’il était au courant.

- (Raichu) … Et pas nous.

Il ferma les poings.

- (Raichu) Tout ça parce qu’il a continué à se battre, et pas nous… !

- (Ptyranidur) Peut-on en revenir aux quartiers pauvres ? Vous parlez de la partie dangereuse de Loliloville, celle qui est décrite comme un enfer dans lequel aucun explorateur n’y met une patte ? Qu’est-ce que Reptincel y fait seul !?

- (Raichu) C’était son choix, de s’y isoler. Il veut réduire la criminalité à lui seul.

- (Ptyranidur) C’est de la folie !

- (Raichu) Je sais, mais je n’ai pas pu le résoudre…

- (Ptyranidur) Il faut que j’essaie ! Est-ce que tu peux m’aider à le retrouver ?

- (Raichu) Hein… ? Attends, moi je connais rien aux quartiers pauvres ! J’habite à la limite, mais je pourrais pas te guider jusqu’à lui !

- (Ptyranidur) Je ne t’en demande pas plus, Raichu. S’il te plaît, j’ai besoin de lui parler… !

Le barman baissa la tête, l’air perplexe.

- (Macronium) Il ne souhaite pas être retrouvé.

- (Ptyranidur) Quoi… ?

- (Macronium) Il n’est pas rancunier, en tout cas il m’a pardonné des erreurs passées. Pourtant, il m’a tout de même demandé de rester à l’écart. Réfléchis, s’il se bat seul depuis des mois dans des quartiers de fous dangereux, ce n’est pas pour que ses proches les incrustent et se mettent bêtement en danger juste pour lui « parler ».

- (Ptyranidur) Macronium, il a perdu son père. La situation est différente, n’importe qui aurait besoin d’un peu de soutien.

- (Macronium) Alors pourquoi est-il parti avant son enterrement ?

- (Raichu) C’est bon, je vais t’aider.

Raichu trancha le débat.

- (Raichu) J’irai dans les quartiers pauvres avec toi, qu’importent les risques encourus !

- (Ptyranidur) Merci beaucoup, Raichu.

- (Macronium) Tu penses vraiment que c’est ce qu’il voudrait ?

- (Raichu) Je m’en fiche ! Là tout de suite, je m’sens lâche. J’aurai dû être là, j’aurai dû protéger Bourg-Tranquille avec lui. Alors ne serait-ce que pour lui présenter mes excuses, ne serait-ce que… pour me repentir de celui que je suis devenu, je veux le retrouver !

- (Macronium) … Si c’est ce que tu penses. Ne vous étonnez pas s’il vous rejette.

- (Lucario) Est-ce que je peux vous accompagner ?

- (Raichu) Bien sûr !

- (Ptyranidur) Je n’ai pas beaucoup de temps, il faudrait que l’on fasse au plus vite.

- (Raichu) Partons maintenant, on devrait arriver au bar d’ici ce soir si on a de la chance avec le transporteur de Roucarnage.

- (Ptyranidur) Je te suis.

- (Mégapagos) Les enfants, juste avant que vous ne partiez. C’est certainement trop demander, je ne peux pas vous implorer à ce stade, mais… s’il vous plaît, si vous rencontrez Carabaffe…

- (Macronium) Nous lui dirons que vous lui avez écrit.

- (Mégapagos) Non, dites-lui juste que je l’aime. Je l’aime de tout mon cœur…

Marmonna-t-il d’une voix tremblante en serrant sa poitrine. Les jeunes adultes se sentaient mal à l’aise, ils n’espéraient jamais voir un Pokémon aussi sage et doux dans un état tel. À quel point le silence de Carabaffe fut terrible, pour lui ?

Macronium repartit dans la journée. Raichu, Lucario et Ptyranidur, eux, ne tardèrent pas. Un quart d’heure après la fin des funérailles, ils embarquaient déjà le transporteur de Roucarnage. Elle leur parla de Reptincel et de la détresse dans laquelle il fut, quatre jours auparavant. Cela terrorisa le membre de l’équipe Renaissance, il espérait qu’elle exagérait. De son côté, le barman ouvrit une carte des quartiers pauvres. Autrefois, elles étaient incomplètes, vides si ce n’est mensongères. Mais depuis le début de l’année, de nouvelles se vendaient. Des cartes plus approfondies, plus détaillées, des cartes qui reconnaissait l’existence de cette autre partie de la ville. Ils n’en savaient rien, mais ce fut grâce au travail acharné de Chaglam et Reptincel dans ces dits quartiers, qu’ils purent avoir accès au nom de toutes ces rues. Grâce à cela ainsi qu’aux derniers témoignages concernant « l’éclair rouge », ils établirent une trajectoire à engager pour espérer l’intercepter.

Au même moment, l’éclair rouge laissait jaillir ses flammes face à l’adversité.

- Ah ah ah, t’es foutu !! On sait que t’as rien pu faire face au chef, laisse tomber, ton pouvoir ne vaut rien !!

Clama un hors-la-loi, en sautant sur lui avec deux autres bandits, tous un couteau en patte. Hélas, la seconde d’après, ils s’encastrèrent tous les trois dans trois murs différents. Une traînée enflammée les avait traversés, alors que la téméraire figure rouge se posa au sol, le poing gauche en avant.

- (Reptincel) Goûte à mon pouvoir, sale ordure.

- Ah… AAAH !!!

Le plus bavard se mit à hurler. Violemment. Et effectivement, dès qu’il tenta de se relever, les trois couteaux désormais plantés dans son dos créèrent une giclée de sang qui lui traversa la colonne vertébrale. Il s’écroula, paralysé aux portes de la mort. Les deux autres étaient déjà inconscients.

L’éclair rouge ne se retenait plus, et cela se fit rapidement savoir.

Le 27 Janvier, soit deux jours après le désastre, il reprenait déjà sa vie en main. Il commença par se racheter un téléphone et retrouva Granbull, Vaututrice et Chaglam pour les enregistrer. Le premier le garda en tant qu’assistant au garage, augmentant même son salaire jusqu’à cinq cents Pokés par mois. La deuxième lui procura les derniers soins nécessaires à sa bonne santé malgré ses refus. Elle lui proposa de le loger dans le refuge, mais il déclina et préféra rester seul dans son appartement. Seul et loin. Pour la journaliste, ce fut un peu plus compliqué. Il fouilla les quartiers pendant deux jours jusqu’à tomber sur elle, le soir du 28 Janvier. Ils discutèrent longuement, reprirent contact et se promirent une chose : retrouver Hypnomade. Il le cherchait encore, c’était sa priorité absolue.

Concernant Pharamp, il devait le retrouver sur le toit du bar Limaspeed le soir du 30 Janvier, comme une fois par semaine depuis des mois. Ce dernier avait évidemment pris connaissance du malheur qui s’était abattu sur Bourg-Tranquille quelques jours auparavant, et souhaitait exprimer ses plus sincères regrets à son élève. Il ne pouvait le faire au téléphone, alors il avait hâte de le retrouver en face à face. Malheureusement, le type feu ne lui laissa qu’une vingtaine de hors-la-loi à emmener au poste comme cadeau de retrouvailles, tous mortellement blessés et terrorisés par l’éclair rouge. Ils juraient au numéro un qu’ils ne récidiveraient plus. Lui était bouche bée, il n’en croyait pas ses yeux.

Enfin, vint la question de son second travail. Celui de garde du corps dans la boîte de nuit de Crocorible. Il n’y était pas retourné depuis son retour, mais comptait bien le faire ce soir-là. Il avait des comptes à régler, et se sentait enfin prêt à le faire.

- (Bétochef) Nan, barrez-vous !

Exclama le videur, en envoyant chier un groupe déjà défoncé. Le jeune adulte passa entre eux et s’imposa dans la foule.

- (Bétochef) Hein… ?

- (Reptincel) Bonsoir, Bétochef.

- (Bétochef) R… Reptincel… ?

- (Reptincel) J’ai besoin d’entrer.

Le silence régna quelques instants… avant que le grand gaillard n’attrape de toutes ses forces sa cible pour l’enlacer chaleureusement. Il le câlina pendant bien dix secondes sans ne rien dire, se retenant de pleurer face à une foule qui le jugea d’un air perplexe.

- (Bétochef) QUOI !?

C’est bon, il récupéra sa crédibilité immédiatement. Il déposa son ami et lui ouvrit le passage, un sourire sincère aux lèvres.

- (Bétochef) On s’retrouve après le service, merdeux !

Reptincel ne lui répondit pas, il se doutait que ça n’allait pas être possible. Il entra donc, passant le long couloir pour arriver jusque dans la salle principale. Elle était bondée, certes, mais moins qu’il ne l’imaginait. Il était presque sûr qu’elle débordait, la dernière semaine durant laquelle il travaillait ici. Peu importe, il fouilla du regard la pièce jusqu’à trouver celui qui lui devait des réponses : le Prédateur Carnassier cognait sur le ring.

- Et c’est une sixième victoire de notre champion en titre sur le ring !! Il n’est pas battable, c’est moi qui vous le dis !!

- (Crocorible) Ah ah ah, ouais !!

La foule l’acclamait, et lui jouait de son rôle. Puis, il plaça son regard sur le jeune adulte, et changea radicalement d’expression. Ce dernier lui fit un mouvement de tête vers son bureau, et il acquiesça. Il laissa la foule jaser, puis quitta la scène, se rhabilla et gagna ses compartiments en s’éloignant du boucan général. Reptincel l’attendait à poings fermés.

- (Crocorible) Bon sang, Reptincel… !

Il s’approcha d’un air inquiet, posant tendrement ses mains sur ses épaules.

- (Crocorible) Nous étions si inquiets, est-ce que ça va !?

Mais il les retira.

- (Reptincel) Non, ça ne va pas.

- (Crocorible) Je sais, je… *soupir* je sais ce qui est arrivé.

Il contourna son bureau et lui tourna le dos, observant la rue d’un air navré.

- (Crocorible) Je suis vraiment désolé pour ton père. Bétochef était terriblement angoissé, il pensait que tu t’étais aussi fait assassiner. Mais moi, je savais que tu reviendrais, je savais que tu étais plus fort que ça ! Tu n’as pas à t’en faire pour le travail, je suis prêt à te réembaucher sans ne tenir compte de ta semaine d’absence. Je te dois bien ça, mon g…

- (Reptincel) Comment vous savez que Pifeuil était mon père ?

Demanda-t-il sèchement.

- (Crocorible) Euh… tu me l’as dit, voyons.

- (Reptincel) Certainement pas.

Le silence régna, le patron se tourna.

- (Crocorible) Alors j’ai dû le lire quelque part… ?

- (Reptincel) Personne ne m’a évoqué. Dans aucun média, et ce parce que j’ai fait l’effort de garder ma couverture.

- (Crocorible) Quelle… couverture ?

Le type feu commença à s’avancer.

- (Reptincel) Celle qui aura fini par me faire comprendre qu’on ne peut faire confiance qu’à soit même.

Il sortit son badge d’explorateur sur ces mots. Le catcheur écarquilla lentement les yeux.

- (Crocorible) Je… je te demande pardon… ?

- (Reptincel) Vous savez d’où vient ce foulard ?

Demanda-t-il rhétoriquement, en agrippant avec entrain la dorure qu’il avait autour du cou.

- (Reptincel) De ma détermination. C’est parce que je n’ai jamais baissé les bras, que le plus grand de tous les explorateurs m’en a fait cadeau. Et c’est parce que je n’ai jamais baissé les bras, que mon père est mort il y a cinq jours des mains de la DDR !

Il outrepassa le bureau du patron.

- (Reptincel) Je n’ai pas pu le sauver parce que je pensais pouvoir faire face à Roitiflam, quelle erreur. Mais vous savez ce qui m’a le plus blessé, ce jour-là ? Ce n’est pas l’affrontement, mais bien ce qu’il m’a révélé juste avant. Il savait que ça me déstabiliserait, alors il ne s’est pas privé de le clamer à haute voix. Il ne s’est pas privé de dire qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir, pour vous faire rejoindre son équipe !!

- (Crocorible) … Dégage !

Il tenta de l’éloigner, mais Reptincel lui agrippa le bras et le plaqua brutalement sur son bureau, main contre sa nuque.

- (Reptincel) VOUS M’AVEZ TRAHI !!!

Hurla-t-il férocement.

- (Reptincel) JE NE VOUS AVAIS DEMANDÉ QU’UNE CHOSE, QU’UNE SEULE !!! C’ÉTAIT DE NE PAS AGIR DANS L’ILLÉGALITÉ, C’EST TOUT CE QUE J’ATTENDAIS DE VOUS !!!

- (Crocorible) Lâche-moi… !

- (Reptincel) TOUT CETTE CONFIANCE ACCORDÉE, TOUT ÇA POUR QUE J’APPRENNE DE MON PIRE ENNEMI QUE VOUS ÊTES EN CONTACT AVEC LUI DEPUIS TOUT CE TEMPS !!!

- (Crocorible) ÇA SUFFIT !!!

Usant soudainement de toute sa force, le catcheur se libéra et contrattaqua. Reptincel tenta de bloquer sa redoutable charge, mais elle fut si puissante qu’il fut emmené et projeté contre l’entrée. Tous deux transpercèrent le mur et s’écrasèrent dans la salle principale, là où tout le monde s’effraya du choc. Seuls des hurlements animèrent la désastreuse scène qui, à chaque seconde, ravageait toujours plus la boîte de nuit. Les derniers clients fuirent à l’instant où le Prédateur Carnassier envoya valser l’éclair rouge sur le ring.

- (Crocorible) C’est toi, qui m’a trahi !! Je t’ai assuré ne pas TRAVAILLER avec la DDR, et c’est toujours le cas ! Roitiflam me tourne autour, mais jamais je n’ai eu la malhonnêteté d’accepter ses offres ! Tu voulais que je te dévoile toute ma vie privée dès notre première rencontre, tu voulais que je te parle de tous mes problèmes tout de suite !?

Il monta à son tour sur le ring, Reptincel se redressa.

- (Crocorible) Je suis un monstre, bienvenue dans le monde réel !! Les autres monstres m’idolâtrent parce que même les pires ordures, ont besoin d’un symbole ! La différence, c’est que j’ai toujours, TOUJOURS cherché à faire le bien !! ET C’EST COMME ÇA QU’ON ME REMERCIE !?

Il fonça à la charge, mais son adversaire activa ses pouvoirs et le bloqua net.

- (Crocorible) Qu’est-ce que… !?

- (Reptincel) Faire le bien… ?

Le type feu le cogna d’un puissant coup de boule. Il usa de sa super vitesse pour l’enchaîner, l’agripper par le crâne et le racler tête contre sol sur tout le ring avant de l’envoyer s’encastrer dans le comptoir du bar.

- (Reptincel) Vous animez tous les soirs cette boîte avec le sourire, et ce même en sachant que Roitiflam forme une équipe sur compétente de terroristes !! Comment osez-vous prétendre faire le bien, alors que le mal grandit sous vos yeux passifs !?

En se relevant, Crocorible attrapa le plus de verrerie possible qu’il envoya sur sa cible. Hélas, elle esquiva le tout en se propulsant d’un bout à l’autre de la pièce. Il attrapa un tonneau de bière pour le lui balancer et au moins rendre ses plateformes glissantes, mais le type feu l’anticipa en projetant soudainement de puissantes flammes dévastatrices par les mains. Il visa juste le tonneau, mais fut si enragé qu’il brûla tout le comptoir. La force de projection de l’attaque fut redoutable, toute la verrerie explosa en morceau, le reste s’envola et fondit en même temps que Crocorible valsa jusqu’à la partie restaurant de la pièce, couvert de bière après que le tonneau lui explosa en pleine figure.

- (Crocorible) *tousse* Et que voulais-tu… QUE JE FASSE !?

Il décrocha une table et la lui lança droit dessus. Reptincel serra le poing gauche, bondit et la découpa en deux dans une explosion de flamme qui brûla même les éventuelles échardes avant qu’elles ne l’atteignent.

- (Reptincel) VOUS BATTRE !!!

Il lui assigna une première droite dans le ventre puis une seconde, explosive, dans la mâchoire. Crocorible s’envola à cause de l’impact, mais Reptincel bondit et le cogna avec ses deux pieds depuis les airs pour l’envoyer s’enfoncer dans un de ses fauteuils.

- (Reptincel) Votre vrai entourage, celui qui fait l’effort de voir au-delà de votre sale gueule ; comment pensez-vous qu’il vous voyait !? Moi, je vous admirais !! Je compatissais, je vous trouvais si combattif, si courageux de tenter de redorer votre image malgré tous ces jugements !! Vous… VOUS ÉTIEZ UN MODÈLE POUR MOI !!!

- (Crocorible) Ce n’est pas mon problème, si tu te voilais la face !!

En se redressant, il décrocha une poutre et fonça au corps-à-corps avec. Le type feu esquiva le premier coup en se baissant en arrière, puis fit un salto et se servit de la vitesse de ses jambes dans le saut pour violemment frapper le poignet droit de sa cible.

- (Crocorible) AAAH !!! Espèce de… !

Il le lui brisa, et donc le désarma sur le champ. Reptincel poursuivit en le frappant dans les côtes à plusieurs reprises, les lui fracassants sans ne jamais arrêter de frapper aussi fort. Crocorible tenta de se défendre en attaquant bêtement du bras gauche : son adversaire lui bloqua, puis lui brisa sauvagement le coude avec son genou.

- (Crocorible) AAAAAH !!! P… pitié… !!

Il lui coupa la parole en lui frappant la glotte, avant de l’attraper par le museau et de le soulever avec. Il l’encastra dans le sol de l’autre côté, achevant toute tentative de se relever en lui brisant les genoux avant qu’il ne se relève. Crocorible était à terre, les larmes aux yeux. Il peinait à respirer, il pissait le sang, il n’en pouvait plus.

Le ring était détruit. Le bar était brûlé. Le restaurant était ravagé. Tout fut massacré, le patron de la boîte plus que tout. Et pourtant, cela ne lui suffisait pas. Reptincel encercla son cou avec ses mains, genou posé sur son ventre, l’expression crispée de haine.

- (Reptincel) C’est à cause de vous… ! C’est à cause des gens comme vous, que l’on finit par tout, TOUT PERDRE !!

- (Crocorible) Vas-y… *souffle* tues-moi ! Vous… *gémissements* les explorateurs… ! Vous êtes tous les mêmes… !! TOUS DES LÂCHES, JE VOUS DÉTESTE !!!

- (Bétochef) Reptincel… ?

Le silence s’imposa soudainement. Les regards, celui du déchaîné comme du démunit, se tournèrent vers celui qui fut le seul à avoir fourni l’effort de changer. Il divagua son regard dans toute la pièce, horrifié de comprendre que ce boucan avait détruit en un rien de temps toute une partie de sa vie.

- (Bétochef) Qu’est-ce que… qu’est-ce que tu fais ?

- (Crocorible) Il est… explorateur… ! Sors-le d’ici… *tousse* !

- (Bétochef) Pourquoi tu attaques le patron ? Qu’est-ce qu’il a fait de mal !?

- (Reptincel) Il cache des choses sur la DDR !!

- (Bétochef) Et tu comptais lui faire avouer en le tuant !? Qu’est-ce qui te prends, je croyais que tu t’étais juré de ne plus blesser gravement les hors-la-loi que tu affrontais !?

- (Crocorible) Quoi… ? Tu… *gémissements* tu savais !?

- (Bétochef) Lâche-le !

Le jeune adulte hésita.

- (Bétochef) LÂCHE-LE IMMÉDIATEMENT !!!

Finalement, il s’exécuta. Bétochef fonça aider son patron, s’ensanglantant les mains à essayer de bloquer ses hémorragies. L’explorateur recula lentement, les yeux fixés sur cet autre type qu’il mit aux portes de la mort. Il fronçait les sourcils, mais plus de rage.

- (Bétochef) Bordel, patron… restez avec moi !

- (Crocorible) J’en sais rien, si c’est ce que t’es venu chercher… ! *tousse* J’sais pas où se cache Roitiflam, et non, je… *gémissements* je n’ai pas son numéro !

- (Reptincel) Bordel…

- (Crocorible) Je… *tousse* j’ai fait de mon mieux… ! Peu importe ce que tu as à en redire, j’ai fait de mon mieux… ! Tout le monde n’est pas comme toi, prêt à mettre en danger la famille pour ses convictions… ! À mon échelle, ne… *tousse* ne pas participer à ses plans, c’est la seule chose que je puisse faire sans la menacer ! Et j’assume ce choix, je n’ai menti à personne… ! Non, je n’ai pas menti, pas comme toi, sale traitre d’explorateur… !

Reptincel baissa la tête, l’air perdu.

- (Crocorible) Dégage de ma boîte et… *gémissements* ne reviens jamais !

Il se mit à trembler, et ce fut la première fois de la journée. Qu’importe le nombre de hors-la-loi qu’il affronta, qu’importe le nombre d’os qu’il brisa, qu’importe le nombre d’hurlements qu’il provoqua dans sa quête de vengeance ; jamais il ne trembla comme à l’époque de la guilde, lorsqu’il s’emportait. Autrement dit, rien de tout ce qu’il fit ne se justifiait par l’explosion de ses pulsions. Il n’en avait plus depuis longtemps. Chacun de ses mouvements, il les exécutait volontairement.

Et il se rendit compte qu’il venait de volontairement détruire la vie de deux anciens amis. Tout ça parce qu’il cherchait un coupable, tout ça parce qu’il était incapable de se défouler ainsi sur la seule personne qui méritait tel châtiment, c’est-à-dire Roitiflam.

Il recula encore, démunit face à l’expression horrifiée de Bétochef. Il se retourna, et quitta pour de bon la boîte de nuit.

Comment trouver le sommeil après cela ? L’éclair rouge ne se posa pas la question, il passa la nuit à survoler ses quartiers dans de multiples traînées enflammées. Il fouillait les alentours comme chaque soir, cette fois beaucoup plus silencieusement que d’habitude. Il ne cherchait pas à intimider qui que ce soit, il avait juste besoin de réfléchir.

- (Reptincel) … (Est-ce que j’ai fait le bon choix ? Aurais-je dû vraiment l’attaquer tout de suite ? Aurais-je dû aller plus loin et l’arrêter ? Non… la vérité, c’est que j’étais aveuglé par la douleur que je pouvais lui faire ressentir, je ne pensais qu’à ça. Qui suis-je pour l’arrêter, si je n’agis que pour mes intérêts personnels ?)

Soudain, son téléphone vibra. Il le sortit et ouvrit sa messagerie : c’était Chaglam.

« Chaglam : Je l’ai trouvé. Rejoins ma position tout de suite. »

Il crispa les dents, et fonça à toute vitesse à destination.

- (Reptincel) … (Non… ! Je me fiche des conséquences que mes actions ont envers eux ! Ils collaborent de près ou de loin avec Roitiflam, je refuse de ne pas les condamner ! Pifeuil ne serait pas mort sans leur grain, qu’il soit causé par leur absence ou non d’intervention ! Ils doivent TOUS payer pour ça !!)

Les flammes de l’éclair rouge redevinrent agressives. Les habitants des quartiers pauvres les virent au loin, et tous prirent peur. Les hors-la-loi se cachèrent dans la panique, les autres espéraient ne pas se retrouver face à un bain de sang, lorsqu’ils sortiront de chez eux.

Hypnomade termina de pisser dans les poubelles. Il était alcoolisé, et tituba l’air insouciant vers son appartement. Il était effectivement bien caché, mais rien n’échappait à Chaglam. Elle aussi, s’était sentie trahi par le personnage. Il était de son devoir de l’arrêter, et depuis la mort de Pifeuil, elle dédia sa vie à sa traque. Cachée derrière un mur, elle s’apprêta à lui sauter dessus.

Hélas, de violentes flammes la devancèrent juste avant qu’elle n’intervienne. Des flammes brûlantes, même quand on s’y tenait à plusieurs mètres de distance. Des flammes qui enveloppèrent toute la ruelle, des flammes qui fit hurler de douleur la victime de sa quête de vengeance.

Reptincel l’agrippa par le col, le lui arrachant en le projetant dans ses poubelles. Le type psy était trop lent, il s’écrasa en se cognant la tête contre le béton, perdant ses réflexes psychiques de fuyard comme la téléportation. Son adversaire l’avait astucieusement frappé de manière à l’affaiblir d’un coup pour l’empêcher de fuir. Il était hors de question qu’il s’échappe à l’aide de ses pouvoirs, et concernant la suite…

- (Hypnomade) Non… ! Non !! Pitié, laisse-moi tranquille !!

Cria-t-il d’angoisse, alors qu’il se releva en tentant de courir pour sa vie. Mais Reptincel l’intercepta en le frappant sans retenue, lui faisant transpercer le mur de son immeuble. Il s’avança, l’attrapa par le cou et le souleva. Il revint dans la ruelle et le cogna tête la première dans un mur. Il avança vers un lampadaire, le lança s’y cogner puis le rattrapa pour l’encastrer dans le sol. La victime se débattait désespérément, les larmes aux yeux. Il le suppliait en boucle d’arrêter, ses hurlements d’angoisse troublèrent même la journaliste. Mais l’explorateur s’en moquait. Il frappa encore plus fort.

*BOUM*

Il fit exploser une bouche à incendie à distance, tellement l’impact de sa mandale détruisit le sol. Le type psy était inconscient, et pouvait être ajouté à la nombreuse liste de hors-la-loi poussés aux portes de la mort.

Mais Reptincel n’en avait pas terminé.

Le fixant agoniser sur le sol, il serrait les poings plus violemment que jamais. Ce n’était pas Crocorible, il n’avait aucune raison d’hésiter. Après tout, personne ne pleurerait sa disparition, si ce n’est de joie. Même en prison, il serait un danger sans nom. Si lui ne parvint pas à le résoudre, alors personne n’y arrivera jamais. Voilà tout ce qu’il pensa. Était-ce pour se rassurer ou pour se convaincre de le faire ?

Dans tous les cas, il leva la griffe, prêt à l’empaler droit dans son cœur. Chaglam fronça les sourcils.

- (Chaglam) Reptincel… ?

- (Reptincel) Crève, espèce de sale… !

Il allait élancer le coup fatale, lorsqu’une présence lui agrippa soudainement le bras. Il se débattit immédiatement tout en se retournant d’un air agressif, surpris de ne pas avoir senti le danger arriver. Normal, ce n’était pas un ennemi.

Pourtant, il était choqué. Choqué de le voir dans cet état, couvert du sang d’autrui avec ce regard, celui d’un assassin. De son côté, Reptincel cligna plusieurs fois des yeux, se les essuyant avant de crisper les dents, s’enrageant face à celui qui ne pouvait plus l’entendre.

- (Reptincel) C’est encore un de tes tours !? Une de tes foutues illusions !?

- (Ptyranidur) Reptincel… c’est moi !

Oui, Ptyranidur était arrivé juste à temps. Il s’avança d’un pas, mais le type feu en recula de deux.

- (Reptincel) Non, n’approche pas !!

- (Ptyranidur) Hé, du calme… ! Je… je ne suis pas ton ennemi, voyons !

- (Reptincel) Ça ne peut pas être toi !!

- (Ptyranidur) Pourquoi ?

- (Reptincel) Je… je ne veux pas y croire, dégage… !

- (Chaglam) Reptincel, derrière… !

Il se retourna d’un air paniqué, constatant la figure de Raichu et Lucario approcher. Mais par-dessus tout, il comprit que tout ceci n’était pas une illusion. En effet, si Chaglam pouvait les voir, alors Ptyranidur était lui aussi bien réel.

- (Raichu) Mon pote, c’est juste nous, pas de panique… !

- (Lucario) Reptincel, nous sommes venus t’aider… !

- (Reptincel) Non, j’hallucine, non… !

Il baissa la tête et la couvrit de ses mains tremblantes. Ses amis approchèrent.

- (Ptyranidur) C’est bel et bien nous, Reptincel.

Le Pokémon dinosaure posa une patte sur son épaule.

- (Ptyranidur) Pas d’illusion, nous sommes bien là, en chair et en os.

- (Reptincel) Non… ! NON !!!

Il le repoussa, les larmes aux yeux.

- (Reptincel) Vous n’avez rien à faire ici !!

- (Raichu) Que lui est-il arrivé ?

Demanda-t-il à Chaglam.

- (Chaglam) Je… je ne sais pas.

- (Reptincel) Quoi… ? C’est quoi ton problème, tu m’as piégé !?

- (Chaglam) Non, je ne savais pas qu’ils me suivaient.

- (Lucario) C’est toi qu’on a suivi, Reptincel. Difficile de ne pas repérer tes flammes dans la nuit.

- (Chaglam) Et toi, alors, c’est quoi ton problème… ? Tu étais censé arrêter Hypnomade, pas le tuer !

- (Ptyranidur) Alors tu allais vraiment le faire… ?

- (Reptincel) Ça suffit, dégagez !!

- (Ptyranidur) Reptincel… !

- (Reptincel) BARREZ-VOUS !!!

Soudainement, le membre de l’équipe Renaissance le cogna d’un redoutable coup de boule. Il le frappa de plein fouet, le renversant douloureusement mais nécessairement. L’explorateur rampa en arrière, l’air horrifié vers celui qu’il n’espérait jamais revoir dans de telles conditions.

- (Ptyranidur) Qu’est-ce qui t’es arrivé !?

Il n’osait répondre.

- (Ptyranidur) OÙ EST PASSÉ LE HÉROS QUE J’AI AIMÉ !?

Lui hurla-t-il de tout cœur, avant de pointer une griffe vers Hypnomade.

- (Ptyranidur) Pourquoi as-tu essayé d’abattre un type qui, il y a cinq ans, n’était PAS parvenu à te pousser à bout !? À quel point as-tu régressé, à quel point es-tu devenu une misérable version du héros que j’ai aimé !?

- (Reptincel) Je… *snif* je n’en peux plus, Ptyra… !

- (Ptyranidur) JE SAIS !!!

Il s’abaissa.

- (Ptyranidur) Je sais… ! Bon sang, c’est pour ça que j’ai accouru !

Il reposa ses mains sur ses épaules.

- (Ptyranidur) Je suis tellement désolé, pour Pifeuil… ! Reptincel, vraiment, je suis navré ! Mais quand j’ai compris que tu n’étais pas resté pour son enterrement, quand on m’a expliqué que tu t’étais enfoncé seul dans les quartiers pauvres pour y affronter la DDR, j’ai eu si peur ! Pas que du danger dans lequel tu te mettais, mais bien de celui que tu étais en train de devenir ! À l’époque, tu prenais des risques inconsidérés pour autrui, mais pendant le trajet, je n’ai pas arrêté de me demander pourquoi tu n’avais pas attendu notre arrivée. Et maintenant, je sais que j’avais raison d’avoir peur.

Il dévisagea le corps en piteux état de sa victime, avant de lui tourner un regard horrifié.

- (Ptyranidur) Tu n’as pas fait ça pour nous. Ni pour réduire la criminalité, ni pour venger ton père. Ne me fais pas croire le contraire, tu sais très bien que jamais, au grand jamais, il ne cautionnerait tes actes ! Non, tu as fait ça pour toi, tu as fait ça pour satisfaire ta frustration, celle de ne pas avoir pu arrêter Roitiflam à temps.

Le type feu divagua son regard entre ses deux yeux, globuleux et tremblants. Il avait honte, si honte d’afficher un tel visage à celui qui, de son côté, semblait avoir évolué vers la bonne direction.

- (Reptincel) J’ai essayé… ! J’ai essayé d’y croire, je te le jure. C’est parce que j’ai accordé ma confiance à trop de gens, que je me suis fait avoir. Que Pifeuil le veuille ou non, arrêter d’épargner les hors-la-loi est la meilleure chose que je puisse offrir à cette ville, à ce monde !

- (Raichu) Et donc quoi, tu vas tuer Hypnomade ? Tu vas t’abaisser à son niveau en t’convaincant qu’c’est la bonne chose à faire ? Tu n’t’es jamais dit que c’est c’que Roitiflam voudrait ? Que tu franchisses la limite et devienne fou comme lui, comme ce qu’il attendait de toi il y a cinq ans… ?

- (Lucario) Tu sais quoi ? Je pense que je serai devenu comme toi, si vous n’aviez pas été là pour me ramener à la raison, il y a trois ans. Je pensais être seul et m’isolais pour m’en convaincre. J’agissais uniquement par haine et vengeance, c’est tout ce qui m’animait et me faisait progresser. Sans vous, sans le toi de l’époque… j’aurai sombré dans une folie sans fond. Reptincel, on te demande juste d’ouvrir les yeux. Regarde autour de toi… !

Il le fit lui-même, observant l’angoissante insalubrité des quartiers pauvres.

- (Lucario) Diminuer la criminalité, ce n’est pas que faire barrage aux hors-la-loi, et encore moins de cette manière ! Venant de l’autre partie de la ville, je peux te l’assurer ; l’image des quartiers pauvres commença vraiment à changer le jour où un certain refuge pour SDF fit parler de lui, avec le puissant sentiment de sécurité qu’il instaura dans l’esprit de chacun. Tu en es responsable, pas vrai ? Tout comme tu devais être responsable de la démocratisation du garage du coin. Les garagistes spécialisés du laboratoire s’enrageaient d’apprendre que leurs clients partaient en direction des quartiers pauvres, mais moi je trouvais ça admirable. Une situation de confiance s’instaurait entre les deux parties de la ville, comme quand le grand Métalosse vendit les mérites et qualités de la boîte de nuit d’un certain Crocorible. Le monde commençait à vous regarder, tes actions entraînaient des conséquences et c’était formidable. Puis… Pifeuil est mort. Et en cinq jours… tout s’est écroulé. Les hors-la-loi se multiplient depuis la victoire médiatique de la DDR, les lieux de sécurité comme le refuge et la boîte de nuit débordent parce que le service n’est pas là, et par-dessus tout ; l’éclair rouge est devenu sanguinaire, trop pour continuer à rassurer la population. Reptincel, tu es en train de détruire en quelques jours tout ce que tu as mis des mois à construire ! Il faut que tu te ressaisisses !

- (Raichu) Et nous sommes là pour ça, JE suis là pour ça ! Ptyra va devoir repartir et Lucario habite loin, mais moi, je suis juste à côté ! Reviens vivre au bar, je veux t’aider, je veux me rattraper !

- (Reptincel) Non, Raichu, c’est trop tard… !

Il se releva faiblement, tête baissée, larmes aux yeux.

- (Reptincel) Qu’est-ce que tu essaies de faire, au juste… ? Te donner bonne conscience en allant me chercher au fond du gouffre ? Excuse-moi, mais où étais-tu ? Quand mon père est mort dans mes bras, où étiez-vous tous… ? Vous qui vous étiez juré de ne pas fuir vos responsabilités malgré la dissolution de l’équipe ; vous qui, le diplôme en poche, ne vous êtes jamais retournés vers votre village natal. Pourquoi étais-je seul, à sauver nos parents ?

Le type électrique baissa la tête, l’air sincèrement rempli de regrets.

- (Lucario) Je ne comprends pas, ne t’étais-tu pas isolé pour ne pas nous impliquer dans toute cette histoire ?

- (Reptincel) Non, je reproche à mon entourage actuel de se mettre en danger, parce que eux, n’ont aucune expérience dans le domaine. Mais vous, je me suis éloigné parce que je ne pouvais plus vous faire plus confiance.

- (Ptyranidur) Quoi… ?

Les mots étaient rudes, le membre de l’équipe Renaissance était surpris.

- (Reptincel) Raichu, tu es devenu si égoïste et hypocrite. Jamais le toi de l’époque n’hébergerait des hors-la-loi, et encore moins en rejetant la faute sur « la société ». Et toi, Lucario, t’es tellement… à l’ouest ! Putain, tout le monde souffrait autour de toi, mais tu n’avais d’œil que pour tes foutues inventions !! Je pensais retrouver des amis avec qui j’avais sauvé le monde, mais même vous, Loliloville aura réussi à vous changer !

Raichu ferma les yeux de honte. Ptyranidur était bouche bée. Lucario recula d’un pas. Il paraissait moins compatissant.

- (Lucario) Elle t’a changé aussi, visiblement. Jamais le toi de l’époque ne nous aurait parlé sur ce ton.

- (Raichu) Lucario…

- (Lucario) C’est bon, j’ai bien compris que tu ne voulais pas de notre aide. Mais que l’on soit clair, la mort de Pifeuil ne justifie rien. On a essayé de te prévenir, mais si malgré tout tu persistes dans ta ridicule quête de vengeance…

Il se retourna, l’air déçu.

- (Lucario) Alors tu n’auras même plus la chance d’avoir des Chevroum émissaires sur qui te défouler, espèce d’ingrat.

Il s’en alla, et Raichu divagua rapidement son regard entre ses deux amis. Reptincel n’avait pas l’intention de le retenir, au contraire, il semblait se satisfaire de son départ. Et lui affichant une expression tout aussi indifférente, le type électrique se résolut à rejoindre son ami ingénieur, certes plus indécis et attristé que lui sur la situation.

Ptyranidur le contourna et lui fit face. Il le fixa longuement, niant d’un mouvement de tête l’état de la situation.

- (Ptyranidur) Je sais qu’ils ont encore une place dans ton cœur. Ils t’ont déçu, mais ils ont essayé. Et ça, tu ne peux pas leur reprocher. En ce qui me concerne, je vais devoir quitter le continent d’ici peu. Je serai loin, très loin de toi et tes problèmes. Mais je ne perds pas espoir.

Il s’approcha lentement.

- (Ptyranidur) Reptincel, j’ai confiance en toi. Je sais que tu es capable de prendre la bonne décision, j’en suis persuadé. Surmonter le deuil de Pifeuil est sans doute la pire chose que je puisse te demander, mais si tu y parviens…

Le type feu baissa la tête, et laissa le museau du dinosaure toucher le sien. Tous les deux fermèrent lentement les yeux.

- (Ptyranidur) Alors tu ne seras plus seulement mon héros. N’agis pas pour lui faire du mal, arrête de penser à lui. Pense à ce qu’il te reste, pense à ce que tu peux encore récupérer.

Puis… il commença lentement à s’éloigner.

- (Ptyranidur) Tu sais, je n’ai pas brisé notre promesse.

- (Reptincel) Moi non plus.

Il lui sourit.

- (Ptyranidur) Alors je serais heureux de reprendre là où l’on s’était arrêté. Vraiment très heureux.

Et doucement, il parvint à lui esquisser un doux sourire.

- (Ptyranidur) À la prochaine, Reptincel.

Puis il s’en alla à son tour. Chaglam les regarda s’éloigner l’air perplexe, Reptincel laissa le silence s’imposer de nouveau. Il resta bien une minute immobile, reprenant son souffle en repensant à son parcours, à tout ce qui le mena dans cette position.

Puis, il se retourna. Il avança vers Hypnomade, le regardant de haut avec hésitation. Mais cette fois, son expression ne terrifiait personne. Il s’abaissa, sortit une corde de son sac et l’attacha finalement, prenant la décision de ne pas franchir la limite qu’il avait jusqu’à lors réussi à maintenir. Ce fut encore le cas.

La journaliste posa une patte sur son épaule, lui hochant silencieusement la tête. Il la remercia de l’avoir conduit jusqu’à lui, puis emporta le hors-la-loi en lieu sûr. Au sommet du bar Limaspeed ? Non, il n’avait pas encore le courage de rencontrer Pharamp. Il l’emmena lui-même dans un poste d’explorateur, sortant des quartiers pauvres dans un état pas possible et effrayant les civils qu’il croisa. Il s’en fichait, toujours aussi pensif et perdu dans ses pensées.

L’heure d’après, il ferma la porte de son appartement. Le silence était total, il s’allongea sur son matelas et laissa le calme l’emporter dans un sommeil profond. Il avait besoin de repos, il avait besoin d’être lui-même.

Pharamp alluma la lumière de la cuisine. La lune s’était levée depuis plusieurs heures maintenant, et les membres de l’équipe RS s’étaient chacun enfermés dans leurs chambres. Tant mieux, il avait besoin d’être seul ; enfin c’est ce qu’il pensa. Il s’affala sur une chaise, déposant son badge sur le comptoir en se couvrant les yeux de fatigue et de honte.

- (Mysdibule) Déjà de retour ?

Demanda-t-elle, en le faisant sursauter. Mysdibule entra dans la pièce, lui tendant quelque chose à grignoter.

- (Pharamp) Je… j’ai terminé ma patrouille plutôt que prévu.

- (Mysdibule) Il n’était pas là, pas vrai ?

- (Pharamp) … Quoi ?

- (Mysdibule) Reptincel, c’est ça ? Ça fait combien de temps qu’il t’ignore ?

Le silence régna quelques instants.

- (Pharamp) Tu… tu étais au courant ?

- (Mysdibule) Tu pensais être discret ? Rien ne m’échappe et tu le sais.

- (Pharamp) Les autres le savent… ?

- (Mysdibule) J’imagine que non, sinon Mustéflott t’aurait déjà brisé les côtes. Enfin il aurait essayé…

- (Pharamp) *soupir* J’ai merdé… ! Tu avais raison, le Test RS n’était qu’une épine qu’on se plantait dans le pied ! Non seulement nous donnons aux nouveaux explorateurs une image faussée du métier, mais en plus je… je me suis retrouvé à impliquer deux pauvres gamins dans mon erreur ! Carabaffe a disparu parce que je l’ai déçu, et Reptincel m’ignore depuis l’incident de Bourg-Tranquille. J’ai éloigné deux prodiges de leur voie commune, celle de prendre la relève. En cherchant à me trouver un seul successeur, j’ai condamné les deux que je jugeais être les plus aptes à y parvenir… tout est ma faute !

- (Mysdibule) … Non, je ne pense pas que ce soit le cas. Carabaffe a fui ses responsabilités parce qu’il était incapable d’accepter le fait de ne pas être à la hauteur de tes espérances. Reptincel, lui, a effectivement sombré parce que tu ne l’as pas assez soutenu.

- (Pharamp) Sombré… ?

Sur cette demande, elle lui montra de multiples photographies. Que des bains de sang, que les restes des batailles que l’éclair rouge mena depuis le 25 Janvier 236. Sur certaines d’entre-elles, le type feu était présent. À chaque fois, il était excessivement violent. À chaque fois, il ressemblait à un criminel. Le numéro un était bouche bée.

- (Pharamp) Comment as-tu… ?

- (Mysdibule) Rien ne m’échappe, combien de fois devrais-je te le répéter ?

- (Pharamp) Depuis combien de temps t’incrustes-tu dans les quartiers pauvres ?

- (Mysdibule) Depuis le désastre de Bourg-Tranquille. Les infos circulent beaucoup moins bien, alors je vais les chercher moi-même. Et du côté de ton élève caché, il semblerait qu’il n’agisse désormais que pour se défouler. Un vrai héros, tu as vu juste.

Il baissa la tête, perdu et honteux.

- (Pharamp) Je pensais… qu’il pouvait me remplacer. Il avait la mentalité parfaite !

- (Mysdibule) Personne ne te remplacera, Pharamp. Nous savons tous les deux d’où vient ta force, et jamais personne ne l’égalera. Et sans un tel pouvoir, impossible de ne pas devenir fou en cherchant à t’imiter. C’est ce que ce môme cherche à faire parce que tu l’as encouragé dans cette voie, mais… il serait fortuit de te reprocher tous ses malheurs. S’il tue quelqu’un, il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même.

- (Pharamp) Il ne faut pas que ça arrive !

- (Mysdibule) Ça arrivera, parce qu’il est seul. Tu l’as isolé.

- (Pharamp) Alors qu’est-ce que je peux faire… ?

- (Mysdibule) À mon avis, tu dois révéler ton secret aux autres.

- (Pharamp) Quoi, révéler à tout le monde que je délaisse Carabaffe depuis le début, pour entraîner en cachette celui que je juge être le plus méritant… ? C’est du délire, jamais ils ne me le pardonneront !

- (Mysdibule) C’est clair, l’équipe pourrait même exploser. Mais entraîner la future génération est certainement la seule chose que tu ne puisses faire seul, il va falloir s’en rendre compte. La première étape est de se livrer à ceux pour qui tu as accordé ta plus sincère confiance, cela m’apparait évident. La suite… ? Ils seront là pour ça.

- (Pharamp) Je…

- (Mysdibule) C’est à cela que sert une équipe, Pharamp.

- (Pharamp) … Non. Je suis désolé, mais je ne peux pas leur en parler.

Il se releva et quitta la pièce à la vitesse de l’éclair. Il n’assumait pas son erreur, certainement parce qu’il n’échouait jamais. Mysdibule soupira et grignota à sa place, elle en avait assez fait comme ça.

Depuis ce jour, donc, Pharamp arrêta de se rendre sur le toit du bar Limaspeed. Reptincel également, il livrait les hors-la-loi lui-même, quitte à perdre beaucoup plus de temps et de discrétion. Mais depuis que Raichu, Lucario et Ptyranidur tentèrent de le raisonner, les criminels qu’il arrêtait étaient moins amochés. Ils saignaient et la plupart étaient inconscients, certes, mais plus aucun d’entre eux n’étaient aux portes de la mort.

Et ça, Roitiflam le remarqua.

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