Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 60 : Désastre

8533 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/03/2022 01:03

      Il sauta du transporteur en plein vol pour atterrir plus vite sur la terre ferme. Roucarnage rejoignit le pont de sa machine, inquiète vis-à-vis de l’état de celui qui lui avait supplié de l’emmener en direction de Bourg-Tranquille malgré l’heure.

- (Roucarnage) Petit, attends !

- (Reptincel) Ça ira ! Merci pour le voyage, madame Roucarnage !!

Il accourut vers son village sur ses mots. Le soleil se levait lentement, en ce 25 Janvier 236. Reptincel n’avait pas dormi de la nuit. Ses blessures, certes prises en charges, lui infligeaient malgré tout de sévères douleurs. Il transpirait, essoufflé et par-dessus tout paniqué qu’il fut.

À ce stade, il ne pouvait souhaiter qu’une chose : ne pas arriver trop tard.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 60 : Désastre

 

Il traversa les Petits Bois en quelques minutes seulement. Il avait beau ne pas y avoir mis les pieds depuis des mois, il connaissait tout le territoire sur le bout des griffes. Tout était calme, affreusement calme. Rien d’étrange, en réalité. Mais revenant d’une ville bruyante comme Loliloville et paranoïaque qu’il fut sur la situation, cela le terrorisa. Alors il alla de plus en plus vite, et ce malgré les douleurs.

Ainsi, il atteignit la colline au grand arbre à l’instant où le soleil illumina l’horizon.

- (Reptincel) … *souffle* … *souffle* PIFEUIL !!!

Hurla-t-il de toutes ses forces. Sa voix raisonna férocement, pourtant, il n’eut aucune réaction. Personne n’animait les rues ou la place du village, c’était vide. Il descendit alors vers les premières maisonnettes, la sienne en faisait partie. La verdure scintillait toujours, l’architecture arrondie et colorée façonnait toujours, l’agréable vent frais mouvementait les feuilles des arbres de manière toujours aussi apaisante. Pourtant, pas un Pokémon n’entourait ce paradis que le type feu n’avait le temps d’admirer.

Il arriva devant son jardin, sautant la clôture pour toquer le plus vite possible à sa porte. Elle s’entrouvrit à la pression de son poing. Il en écarquilla les yeux, bouche bée en fouillant de fond en comble deux pauvres pièces vides. Enfin, la verrerie était en morceaux par terre, de même pour l’armoire, la table et les chaises.

- (Reptincel) Non… non non non… !

Il tourna en rond plusieurs secondes, se tenant la tête en crispant les dents, les larmes aux yeux. Il n’était pas arrivé à temps. Que devait-il faire, désormais ? Son ouïe lui répondit : de légers signalements se firent entendre approcher sa position.

*bip* *bip*

Ce furent les mêmes bruits que celles que les machines présentes dans l’entrepôt de la DDR grognaient, alors il sortit vérifier d’urgence. Et effectivement, ce fut une machine. Plus petite, plus mobile, qui volait et qui était armée. Environ soixante centimètres de diamètres, au viseur rouge scintillant et au canon similaire aux armes qu’il avait aperçu dans le laboratoire de Chapignon et Lucario. Il lui fit face d’un air incertain. La machine, elle, semblait zoomer et dézoomer son objectif à répétition tout en le fixant du pointeur.

- (Reptincel) Qui… ? Qui contrôle ce truc ?

Il fouilla du regard les alentours, mais il était bien seul. C’est alors que le canon de la machine commença à chauffer. Il se mit en garde, puis esquiva à temps un tir qui explosa en frappant le sol. Lui se cacha dans sa maison, fermant sa porte en cherchant un moyen d’arrêter cette chose. Elle volait à sept mètres du sol, il aurait pu l’atteindre en se propulsant avec une explosion enflammée. Mais dans cet état, en avait-il la force ?

La machine se tourna vers la grande fenêtre de sa maisonnette, elle allait la faire exploser sans remord. Reptincel ne pouvait rien y faire, il peinait déjà à se redresser. Son canon se mit à chauffer, elle allait tirer et tout détruire… avant de soudainement exploser elle-même !

Le type feu n’en croyait pas ses yeux, un Pokémon était intervenu juste à temps. Il ne l’avait pas senti arriver, son adversaire non plus visiblement. Elle l’avait détruit d’un seul coup de pied, lui atterrissant dessus depuis les cieux à une vitesse pharamineuse. Elle se posa au sol, faisant exploser le canon brûlant sous la botte d’acier. C’était une femme adulte d’environ vingt-cinq ans, d’un mètre quatre-vingt, brune de fourrure, aux longues oreilles aux touffes crème, aux yeux noirs et regard rose, mais par-dessus tout aux gambettes extrêmement musclées. Elle portait des collants, un pantacourt et une simple veste. Son expression… était indifférente.

- Satanés drones ! Vos saletés noircissent mon pelage…

Reptincel sortit lentement de chez lui.

- (Reptincel) Comment… ? Comment vous avez fait ça ?

- Avec un peu de bonne volonté, mon grand, elle est toujours récompensée !

Elle se tourna vers la place du village, l’air dubitatif.

- Si je n’avais pas décidé d’enfin aller visiter Bourg-Tranquille, j’aurai loupé un superbe événement.

Le jeune adulte resta perplexe.

- (Reptincel) … Vous êtes qui ?

- Lockpin, exploratrice à ses heures perdues !

Clama-t-elle, les mains sur la taille.

- (Lockpin) Et toi tu dois être Reptincel, c’est ça ? Difficile de te reconnaître, avec tous ces bandages et ces blessures. Tu rends presque mieux en photo qu’en vrai, la honte !

Elle lui tendit la prime qui lui pesait sur la tête : un avis de recherche de la DDR, vivant ou mort contre vingt-cinq mille Pokés.

- (Lockpin) J’ai déniché ça à un gars qui voulait m’arrêter, quand je suis arrivée ici.

- (Reptincel) Quelle angoisse…

- (Lockpin) Mais bref, je suppose que tu as mieux à faire que de m’écouter me moquer de toi ? Va-t’en, je m’charge de ce qui s’passe ici.

- (Reptincel) Non, je suis aussi venu pour ça ! C’est mon père qu’ils recherchent, il faut absolument que je le retrouve !

- (Lockpin) Sérieux ? C’est pour un seul homme, que tout le village a été enlevé ?

- (Reptincel) Quoi !?

- (Lockpin) Regarde autour de toi, bonhomme. C’est entièrement vide. J’ai fouillé les maisons, rien du tout.

C’est en avançant sur la place du village qu’il le constata à son tour. Les habitants ne se cachaient pas, ils avaient bien disparu.

- (Lockpin) T’as fait quoi au juste, pour les énerver ? Je croyais que la DDR n’agissait que dans les quartiers pauvres, depuis que Pharamp les a allègrement humiliés il y a des années.

- (Reptincel) Je… !

Il repensa à ses mots, lorsqu’il eut Roitiflam au téléphone. Il s’écroula à genoux, frappant du poing sur le sol.

- (Reptincel) Merde !!

- (Lockpin) Ça va, on se calme. Ces types sont des lâches, ils ne vont jamais au bout des choses. D’ici à ce que le monde entier apprenne qu’ils ont envahi Bourg-Tranquille, ils se seront enfuis sans ne tuer personne et se terreront à nouveau dans leurs quartiers de gueux pendant des mois avant leur prochaine opération.

- (Reptincel) Non, là c’est différent ! Ils n’ont pas fait ça que pour faire parler d’eux, ils veulent faire du mal à mes proches !

- (Lockpin) Ne le prends pas mal, hein, mais qui es-tu ? À quel point un Reptincel peut tant faire charbonner la DDR ?

- (Reptincel) Peu importe, il faut les arrêter !!

- (Lockpin) Hum, certainement. Hier encore, tout allait bien et, en un jour, ils n’ont pu emmener tout le monde bien loin. J’ai fouillé tout le village, des maisons aux magasins, bar, poste, école et mairie. Sous aucune trappe, dans aucune cave, nulle part aux alentours. Je pense qu’ils sont en territoire sauvage, tu aurais une idée ?

- (Reptincel) On est entouré de territoires sauvages !

- (Lockpin) Réfléchis, ils sont forcément dans un lieu clos, comme une grotte ou l’intérieur d’une montagne. Un espace où les Pokémon sauvages ne seraient pas trop agressifs, un espace où il serait impossible pour des prisonniers de fuir. Si j’étais à leur place, j’aurais choisi le Mont Cristal.

- (Reptincel) Non, les sauvages sont trop violents et ils redoutent Electhor…

- (Lockpin) Qui ?

- (Reptincel) En revanche…

Il leva la tête vers la montagne la plus proche, la première qu’il traversa de sa vie.

- (Reptincel) … Le Mont Acier ! Mais bien sûr, ils sont passés par les mines Rototaupe !

- (Lockpin) Il y a des mines sous le village ? Hum, dans ce cas ça semble évident qu’ils soient passés par là. Bien, comment on y accède ?

- (Reptincel) Par-là !

Il s’en souvenait vaguement. À l’époque, le petit Taupiqueur leur avait montré la voie en empruntant un long chemin hors du village, mais le type feu s’était souvenu de quelques chose : en-dessous de l’école. Il grimpa donc là-haut avec l’exploratrice, puis descendit toute la colline pour arriver jusqu’à l’entrée d’une grotte guidée par des rails.

- (Lockpin) Ah ouais, l’endroit parfait !

Rigola-t-elle, les mains sur la taille. Reptincel s’y enfonça sans hésiter, et elle le suivit sans trop tarder.

- (Lockpin) Dis, tu comptes te battre dans cet état ? Non parce que là, tu te jettes dans la gueule du Lougaroc la pomme à la bouche. Tu devrais attendre dehors le temps que je règle cette histoire.

- (Reptincel) Vous êtes bien confiante, pour quelqu’un qui s’apprête à affronter la DDR seule…

- (Lockpin) Je refuse de prendre quoique ce soit au sérieux, ça donnerait du crédit aux fouteurs de troubles.

- (Reptincel) Ce n’est pas votre famille, qui est menacée…

- (Lockpin) Elle sait se défendre aussi, ne t’en fais pas pour ça. En attendant, que dirais-tu de me donner quelques explications ? Pourquoi l’organisation criminelle la plus populaire et influente au monde chercherait à détruire la vie d’un pauvre gamin blessé ?

- (Reptincel) Ça ne vous regarde pas.

- (Lockpin) J’vais faire plus simple : un village entier est menacé à cause de toi, juste ? Il va te falloir des explications en béton pour ne pas avoir de problèmes.

- L’explication ? Il l’a cherché, voilà tout !

Exprima une voix synthétisée, avant qu’une robuste explosion ne survienne. Elle engendra un éboulement qu’esquiva sans problème l’exploratrice, et ce même en tirant par le col le blessé. Ils l’avaient évité vers l’arrière, mais se retrouvaient bloqués par le tas de pierre. Un drone descendit jusqu’à eux.

- Wow, mes félicitations ! Non seulement vous avez trouvé notre cachette, mais en plus vous ne mourrez pas au premier piège ! Ah ah, je sens que je vais enfin pouvoir un peu m’amuser !

- (Lockpin) Qui est à l’appareil ?

- (Reptincel) Capidextre… !

Il reconnaissait malgré tout sa voix.

- (Capidextre) Oh, je vois qu’on se souvient de moi ! À vrai dire, ça ne fait que quelques jours, n’est-ce pas, petit fouineur ?

- (Reptincel) Où est mon père !?

- (Capidextre) Entre de bonnes mains, ne t’en fais pas ! Peut-être un peu ensanglantées, mais ça oui qu’elles sont bonnes !

- (Reptincel) Espèce de… !

- (Lockpin) Attendez, Capidextre le scientifique ? C’est culoté, de dévoiler son identité comme ça.

- (Capidextre) Pourquoi ? Vous allez tous les deux mourir, alors autant vous respecter une dernière fois en vous faisant graver le nom de celui qui vous terrera à jamais ! Roitiflam voulait que je te fasse souffrir en abattant ce qu’il y avait de plus cher à tes yeux, Reptincel, et je le ferai ! Ensuite je te tuerai et gagnerai la prime, ça, il ne me l’empêche pas !

- (Lockpin) Alors t’as énervé Roitiflam, hein ?

Elle se tourna vers lui, l’air ironique.

- (Lockpin) Je ne sais pas si je dois te féliciter ou t’enguirlander, mais dans tous les cas…

Elle s’abaissa, inspira lentement puis bondit vers les roches qu’elle fit exploser d’un redoutable coup de pied. Cela déblaya la voie et choqua les deux hommes.

- (Lockpin) J’ai une sacrée journée, finalement !

- (Capidextre) Quoi !?

- (Reptincel) Qu’est-ce que… ? (Qui est cette femme ? D’où vient cette puissance, comment peut-elle connaître le nom de Roitiflam et ne pas en être effrayée… ? Est-elle vraiment… exploratrice ?)

Et dire qu’il y a cinq ans, il se serait posé la question inverse. En attendant, elle attrapa une roche et l’envoya valser dans le drone qui explosa à son tour. Reptincel la rejoignit, et tous deux se mirent à courir en direction du Mont Acier. Entre temps, d’autres explosions survinrent et tentèrent de bloquer ou ensevelir les deux explorateurs. Mais la femme contra à chaque fois ces tentatives vaines et futiles.

Finalement, ils arrivèrent au centre de la montagne. Comme à l’époque, elle formait un creux qui en son sommet recelait une plateforme. Ce fut là-haut, qu’il combattit Airmure à l’époque où la Dream Team était une équipe de secours. Mais nul besoin d’y parvenir, car les prisonniers étaient déjà là. Enfermés entre des roches et un drone qui devait tirer en cas de trop brusque mouvement. C’était comme une sorte de cage, et il y en avait trois.

- (Alakazam) Reptincel, attention !!

Cria le maire, en l’ayant senti arriver. En effet, deux hors-la-loi tentèrent de lui sauter dessus dès qu’il entra dans la zone. Bienheureusement, Lockpin s’interposa et les cogna d’un coup de botte bien placé. Elle les assomma directement, mais dix autres arrivèrent et les encerclèrent.

- (Lockpin) Vous êtes combien, au juste ?

- Assez pour t’arracher la gueule, connasse !

- On t’a jamais dit que c’était un métier d’mecs ? C’est pas parce que t’as des nibards qu’on va se retenir, salope !

Elle soupira, tournant un dernier regard à son coéquipier.

- (Lockpin) Tu t’occupes des prisonniers ?

- (Reptincel) Ça va aller… ?

- (Lockpin) Ce n’est qu’un blablas quotidien, ça ira quand je leur aurai arraché quelques dents. Allez, fonce !

Puis elle fonça à l’attaque. Elle fut si brillante qu’elle permit à Reptincel de s’éclipser sans que personne ne s’en rende compte, à croire qu’il ne fut même plus l’objectif de ces types. Lui s’approcha des cages, les fouillant toutes du regard pour ne pas trouver celui qu’il cherchait. Il se dirigea alors vers le maire.

- (Alakazam) N’avance pas plus, le drone pourrait te détecter !

- (Reptincel) Où est mon père, Alakazam !?

- (Alakazam) Ils l’ont emmené plus haut !

Le type feu leva la tête vers le sommet du donjon. Il l’avait déjà fait une fois, ce n’étaient pas ses blessures qui allaient le retenir de sauver Pifeuil. Il chercha les rebords les plus aptes pour grimper, puis s’y dirigea non sans attiser la crainte des autres prisonniers.

- (Lombre) Hé, minot, et nous !?

Mais il ne répondit pas. Tout le monde le regarda grimper, s’accrocher aux parois, prendre de l’élan et sauter toujours plus haut pour planter ses griffes dans des roches toujours plus en altitude. Un hors-la-loi finit par le remarquer.

- Merde ! Il est en train d’y parvenir !

Il tenta de l’intercepter en lui lançant quelque chose, mais Lockpin l’encastra dans le sol juste avant. Reptincel, lui, grimpait quoiqu’il arrivât. Il ne se retournait pas, il ne regardait pas en bas. À chaque mouvement brusque, il avait affreusement mal. Mais à chaque mouvement brusque, il se rapprochait du sommet. Alors il crispa les dents, et termina le chemin sans rechigner.

Il arriva sur la plateforme, tremblant et essoufflé. Mais immédiatement…

- (Pifeuil) Boudiou, attention !!

Un drone lui tira dessus. Il bondit désespérément d’un côté et fut projeté par l’explosion qui s’en suivit. Il se cogna contre un mur et s’écroula sur le dos. En rouvrant lentement les yeux, la figure du scientifique le dominait.

- (Capidextre) Tu me fais tant pitié…

Mais le type feu n’en démordit pas : il l’agrippa par la cheville et le fit tomber tout en se redressant. Il plaqua une main sur sa nuque, reprenant immédiatement l’avantage. Néanmoins, son adversaire rigola.

- (Capidextre) Ah ah ah, tu es sûr de vouloir faire ça ?

Il releva la tête, et compris que deux drones, dont celui qui lui avait tiré dessus, visaient avec leurs canons prêts à utilisation celui qu’il était venu sauver. Pifeuil était à genoux, égratigné si ce n’est brûlé sur toute une partie du corps. Son sang avait coulé, il était en mauvais état. Mais il était en vie, en tout cas pour l’instant.

- (Capidextre) Ils sont programmés pour tirer si quelqu’un ou quelque chose me tient plus de dix secondes. Sacrée condition, hein ?

Reptincel le lâcha alors immédiatement, et Capidextre se redressa en le giflant.

- (Capidextre) Non mais oh !

Il essuya la poussière que sa blouse avait mangé, puis marcha lentement en direction du type plante, le sourire narquois aux lèvres. Il tourna lentement autour de lui, s’exclamant pendant que le jeune adulte restait à genoux, l’expression dévastée face à l’état de son père.

- (Capidextre) Vous savez, monsieur Pifeuil, j’ai mis du temps à me rappeler de votre fils. J’avais presque oublié qu’avant de devenir celui qui me permettra de faire partie de l’élite de notre prochaine ère, il n’était qu’un ingénue de plus sur ma route. Mais votre fils… ah ah, vous pouvez en être fier !

Il l’agrippa par la feuille et le força à le regarder dans un état pitoyable.

- (Capidextre) Il a su trouver sa place en ce monde ! Celui de l’ennemi juré de notre chef, l’ennemi juré de Roitiflam ! Je ne sais pas comment il a fait, mais ce qui est sûr, c’est que je peux en profiter ! Maintenant, j’en suis sûr, je VEUX faire partie de la DDR ! J’en suis certain, ils y arriveront, ILS ARRIVERONT À RENDRE LE MONDE MEILLEUR !!

Soudainement, Pifeuil lui assigna un coup de coude dans le ventre. Reptincel écarquilla les yeux, surtout que ce fut son coude brûlé. Et ce n’était pas fini : Capidextre le lâcha par pression, et le père se redressa pour l’agripper à son tour par le cou. Il plaqua sa queue avec un pied et se tourna vers les drones qui le visèrent.

- (Capidextre) Qu’est-ce que… !?

- (Pifeuil) Et maintenant !? Si quelqu’un te tient plus d’dix s’conde, t’es sûr que c’est moi qui crève !?

Effectivement, vu que Capidextre lui servait de bouclier, les drones lui tireraient d’abord dessus.

- (Capidextre) N… non ! Lâche-moi !!

- (Pifeuil) Alors éteint tes drones !!

- (Capidextre) J’peux pas l’faire à distance !!

- (Pifeuil) J’t’entends leur donner tous les ordres du monde depuis c’matin, c’est ta dernière chance !!

- (Capidextre) AAAH !!! Ok ok !! EXTINCTION !!!

À l’entente de sa voix, ils bipèrent puis s’éteignirent sur le champ. Les drones tombèrent, et Reptincel fonça les jeter de la plateforme. Ils rejoignirent ceux du bas, qui eux furent trop loin pour entendre la voix de leur créateur. Pifeuil poussa Capidextre, puis accueillit son fils qui lui sauta dans les bras, les larmes aux yeux.

- (Reptincel) Pifeuil !! Je suis tellement désolé, tellement tellement… ! *snif*

- (Pifeuil) C’est bon, mon grand, tout va bien… !

Rétorqua-t-il en lui tapotant le dos, sincèrement heureux de revoir son petit.

- (Reptincel) Comment ça, tout va bien… ? Il vous a torturé… !

- (Pifeuil) Hé… !

Il lui essuya ses larmes.

- (Pifeuil) On s’fiche de cette vielle croute que forme ma figure ! Le plus important c’est toi, bon sang, j’avais si peur qu’ils te tuent… ! J’veux dire, regarde-moi dans quel état t’es, boudiou ! Tu m’avais promis d’faire attention !

- (Reptincel) Pifeuil, j’ai… j’ai merdé. En provocant Roitiflam, j’ai mis tout Bourg-Tranquille en danger. La vérité, c’est que je ne suis pas assez fort ni pour l’arrêter, ni pour vous protéger.

- (Pifeuil) Et qu’est-ce que tu lui as dit, à ce type ?

- (Reptincel) … Que je ne fermerai jamais les yeux sur ce qu’ils font, même si vous pourriez être en danger. C’était si égo…

- (Pifeuil) Non, arrête !

Exclama-t-il en lui coupant la parole. Il lui attrapa les épaules.

- (Pifeuil) J’t’interdis d’finir cette phrase, parce que c’n’est pas c’que tu penses ! Roitiflam veut t’intimider, mais tu es plus fort que ça ! Que j’sois en danger ou pas, on s’en contre-fous, ok ?

- (Reptincel) Mais… !

- (Pifeuil) J’ai vécu toutes ma vie dans l’danger pour l’besoin des autres, je l’ai accepté avant même que tu n’l’ai songé ! Tu veux savoir ce qui importe vraiment ?

Cette fois, il encercla ses joues avec ses tendres mains.

- (Pifeuil) C’est ta volonté. Celle de vaincre la DDR, celle de mettre hors d’état de nuire tous ces gens qui jamais n’arrêteront de causer désordre et destruction. C’est cette volonté qui t’permettra de tout accomplir, elle et certainement pas tes craintes !

Le silence régna quelques instants, Reptincel fixant son père d’un regard perdu. Cela lui semblait si beau, comment était-il supposé vaincre Roitiflam avec sa volonté propre ? Comment pouvait-il ne pas être assez déterminé, la dernière fois ?

Capidextre sauta alors de la plateforme. Ils s’en rendirent compte et Pifeuil s’en inquiéta. Mais pas son fils, qui l’attrapa par la main en cherchant plutôt une sortie.

- (Pifeuil) Ce type est un danger public !

- (Reptincel) Peu importe, je vous fais sortir d’ici.

- (Pifeuil) Quoi… ? Et les autres ?

- (Reptincel) Ils ne sont pas autant en danger que vous.

- (Pifeuil) Et alors !?

Il l’arrêta dans sa course.

- (Pifeuil) Que crois-tu qu’il leur arrivera, quand ils comprendront que je ne suis plus ici !? C’est à eux qu’ils s’en prendront !

- (Reptincel) Pifeuil, s’il vous plaît…

- (Pifeuil) Non, mon grand, ne change pas de discours parce que je fais partie des victimes ! Personne ne mérite de subir le châtiment de la DDR, et donc tout le monde mérite d’être aidé ! Tout le monde, qu’importent qui ils sont, qu’importent à quel point ils comptent pour toi ! Tu sais quoi, je vais même t’aider à les secourir, parce que c’est aussi ma faute.

- (Reptincel) Quoi !? Non, Pifeuil, vous n’êtes pas conditionné à vous battre !

- (Pifeuil) Et alors ? Tu me rappelles la règle d’or des explorateurs ?

- (Reptincel) Pitié, arrêtez de tous me dire ça… !

- (Pifeuil) Tu seras amené à faire équipe avec autre chose que des explorateurs, à l’avenir, tu sais ? Ne va pas m’faire croire que le maître de la guilde n’y songeait pas également, le jour où il vous a appris l’essence de la réussite ! Allez, on y va !!

Et sur ces mots, Pifeuil commença à descendre en premier de la plateforme. Son petit le rejoignit d’un air frustré, il avait si peur pour son père mais il marquait un point : c’était irresponsable, de juger une victime plus justement que d’autres.

Retour au rez-de-chaussée, là où Lockpin continuait de combattre les hors-la-loi. Elle prenait son temps afin de s’assurer ne pas blesser les otages, toujours est-il que personne n’avait encore réussi à l’égratigner. Pifeuil se faufila vers la cage la plus proche, récupérant un caillou qu’il jeta au moment où son fils était en place.

- (Pifeuil) Hé, maudis drone !

Cria-t-il, en lui jetant la pierre. Le drone se tourna, et Reptincel grimpa à une roche pour gagner en hauteur et bondir dans son dos. Il l’agrippa, l’attira jusqu’au sol et se fit aider par son père pour le détruire. Et d’un.

- (Papilusion) Merci beaucoup, vous deux !

- (Kecleon) Pifeuil, mon brave, vous allez bien !?

- (Pifeuil) Mais oui, enfin ! Euh attendez, vous m’faites des offres si j’vous dis non ?

- (Makuhita) Salamèche !

- (Reptincel) Maître !

Le jeune adulte approcha son ancien maître de dojo, celui qui lui apprit les bases de l’affrontement.

- (Makuhita) Qu’est-ce que tu as grandi, ah ah… ! Tu es un grand Reptincel, maintenant !

- (Reptincel) Vous êtes blessé au ventre ?

- (Makuhita) C’est rien, j’ai juste tenté de nous défendre face à ces choses. J’ai bien réussi à en détruire un, mais un autre m’a eu en plein dans les côtes… ! Laisse-moi t’aider à nous en débarrasser !

Soudainement, le sol se mit à trembler. Les habitants prirent peur, les hors-la-loi s’excitèrent.

- Ah ah ! Ça y est, le chef de l’opération sort l’artillerie lourde !

- La boucherie va commencer, ah ah ah !!

- (Lockpin) Hein… ? Bon sang, Capidextre s’est enfui et je ne l’ai pas vu !

S’énerva l’exploratrice, en assommant un autre de ses adversaires.

- (Lockpin) Reptincel, tu n’as toujours pas escorté les autres !?

- (Reptincel) Désolé ! Maître, dirigez les villageois en lieu sûr ! Votre force servira à détruire les éboulements qui barreront votre route ! Vous autres, ayez confiance en Makuhita ! Pifeuil, on continue !!

- (Pifeuil) Bien !

Tout le monde écouta l’explorateur, le grand groupe quitta la zone et le duo fonça vers la cage suivante. Ils tentèrent d’exécuter la même stratégie, tout du moins jusqu’au moment où Reptincel devait bondir pour agripper la machine. Hélas, à l’instant de sauter, une douleur plus intense que les autres survint et le bloqua dans son mouvement. Il s’agenouilla et cracha du sang, pendant que Pifeuil se retrouva seul devant le drone qui chauffa son canon.

Bienheureusement, une roche le cogna férocement juste avant qu’il ne tire, et l’engin se brisa ainsi. Ce fut une roche portée et envoyée par télépathie, et ce par le plus puissant type psy du village.

- (Pifeuil) Fiou… ! Merci, Alakazam !

- (Alakazam) Pas de problèmes… *tousse* Allez, sortez !!

Clama-t-il aux autres prisonniers. Lombre vint aider le jeune adulte à se relever.

- (Lombre) Bah alors, minot, on risque sa vie alors qu’on devrait roupiller bredouille ?

- (Reptincel) C’est pour ça que je n’aime plus travailler en équipe… *gémissements* Merci, Lombre, et désolé de vous avoir inquiété tout à l’heure.

- (Lombre) Bah ! C’est normal, moi aussi j’disjoncterai si mon padre avait été en danger de mort, à la belle époque !

- (Alakazam) J’escorte le groupe vers celui de Makuhita sur le champ.

- (Pifeuil) Ça ira ? La vieillesse vous fait défaut, papy !

- (Alakazam) Avoir été le plus puissant type psy de sa génération est une corvée à supporter une fois retraitée, je confirme.

- (Pifeuil) Pff… vantard ! Allez, foncez !!

Le grand groupe quitta les lieux, et le duo se dirigea vers la dernière cage.

- (Pifeuil) Comment on s’y prend, du coup ?

- (Reptincel) Je m’en occupe !

Ils arrivèrent devant le drone, et Reptincel lui cracha une boule de feu qui explosa à son impact. Il frappa en plein dans le mille, et alors que Pifeuil s’en enjoua, le type feu s’immobilisa douloureusement. Il toussa, toussa et toussa : son corps était encore beaucoup trop faible pour utiliser un quelconque pouvoir, voilà pourquoi il ne l’avait fait jusqu’à lors.

Et malheureusement…

- (Pifeuil) Oula, chaud devant !!

Ou plutôt bienheureusement, Pifeuil attrapa son petit et le tira hors d’atteindre du drone, qui avait résisté à son attaque.

- (Reptincel) Merde, je ne pensais pas qu’ils étaient ininflammables ! Encore une fois, je fais n’importe quoi et vous mets en danger… !

- (Pifeuil) C’est à ça que sert le travail d’équipe, non ? À ne pas mourir à la moindre erreur parce que tu peux compter sur les autres, pas vrai ? Bon, dans ce cas on change de place !

Il donna un caillou à son fils.

- (Pifeuil) Lance-le à mon signal !

- (Reptincel) Attendez, vous allez sauter sur… ?

Et Pifeuil fonça à sa position. Le jeune adulte hallucinait, lui qui n’avait pas arrêté, ces derniers mois, de refuser l’aide de tout le monde. Voir quelqu’un d’autant impliqué dans quelque chose qu’il aurait dû faire seul le troublait véritablement. Peu importe, il s’exécuta à son signal, attira le drone puis laissa le type plante lui sauter dessus, l’attirer au sol et le détruire comme les deux autres.

Ça y est, ils s’étaient débarrassés de toutes les machines. Le dernier groupe d’habitants pu sortir en toute sécurité.

- (Mégapagos) Bon dieu, merci pour tout !

- (Reptincel) Vous allez bien ?

- (Mégapagos) Et toi, alors ? Qu’as-tu donc vécu, pour arriver dans cet état ?

- (Pifeuil) Il était seul, voilà le problème !

- (Mégapagos) Quoi… ? Tu veux dire qu’aucun autre membre de la Dream Team n’est ici ?

- (Reptincel) Euh…

- (Mégapagos) *soupir* J’aurai dû m’en douter. Mon petit ignore mes lettres depuis bien trop longtemps. J’imagine qu’être au sommet le déborde…

Marmonna-t-il en baissant un regard rempli de chagrin. Reptincel était gêné, mais il n’y avait pas de temps à perdre. Pifeuil termina de regrouper tout le monde, puis désigna un chef qui guiderait les autres pour sortir d’ici. Le sol tremblait de plus en plus et une partie du Mont commençait à s’effondrer sur lui-même. Les habitants étaient paniqués, les hors-la-loi surexcités. Il fallait faire vite.

- (Pifeuil) Ok, ils sont prêts à partir !

- (Reptincel) Vous allez avec eux.

- (Pifeuil) Hein… ? Et toi ?

Soudainement, le sol sous leurs pieds craquela.

- (Pifeuil) A… attention, mon grand !

Reptincel ne prit aucun risque, et bouscula son père du côté de la sortie juste avant qu’une petite crevasse ne se forme.

- (Pifeuil) Non !! Qu’est-ce que tu fais !?

- (Reptincel) Partez !!

- (Pifeuil) Je ne t’abandonnerai pas, boudiou !!

*BOUM*

Le type feu se tourna vers Lockpin, qui avait mis à terre les derniers hors-la-loi. Hélas, le sol venait d’exploser sous ses pieds. Le créateur de tous ces tremblements en ressortit, l’agrippant par la botte avant de l’envoyer s’encastrer contre un mur. Cette chose était géante, métallique et mécanique. C’était une machine, comme les drones et construite avec les mêmes matériaux, mais en quinze fois plus grand et imposant. Elle possédait deux immenses bras, deux immenses jambes. Son centre était vitré, et un Pokémon se trouvait à l’intérieur. C’est lui qui dirigeait tout, et c’est lui qu’aurait dû arrêter Reptincel quand il en avait l’occasion.

- (Capidextre) Voici mon arme ultime, ah ah ah !! Mesdames et messieurs, applaudissez la plus grosse révolutions de ces cent dernières années, le COLOSSE CLAIRVOYANT !!!

- (Reptincel) Merde… !

Il fonça vers son adversaire, laissant un Pifeuil angoissé derrière lui. Mégapagos lui toucha l’épaule.

- (Mégapagos) Nous devons y aller, Pifeuil !

Silencieux, il suivit le sage à contrecœur. Au même moment, le robot avança vers l’exploratrice, se relevant tout juste de sa redoutable attaque surprise. Capidextre était aveuglé par la puissance de son engin, arrivant les poings fermés et n’ayant qu’un objectif en vue.

- (Capidextre) Je ne sais pas qui tu es, mais tu es trop, beaucoup trop dangereuse pour nos plans ! Tu vas crever ici et maintenant !!

- (Lockpin) Honnêtement, j’le prends presque bien !

Reptincel s’agrippa alors à l’un des poings métalliques et le tira en arrière.

- (Capidextre) Qu’est-ce que… !?

Il frappa plusieurs fois sur la ferraille et l’endommagea, tout du moins jusqu’à ce que le scientifique reprenne le contrôle en le cognant en plein visage avec l’autre bras. Il l’envoya valser à l’autre bout du champ de bataille.

- (Capidextre) Attends ton tour, espèce de sale… !

Son bras endommagé explosa alors brutalement : l’exploratrice s’était projeté botte en avant pour le finir sur le coup.

- (Lockpin) Merci de la diversion !!

- (Capidextre) NON !!!

Il tenta de l’écraser, mais elle bondit et l’esquiva de peu. Elle sauta sur les murs, se propulsa d’un bout à l’autre et gagna en vitesse sans que son adversaire ne parvienne à suivre le rythme. Puis elle passa à l’attaque en visant la vitre qui se brisa violemment sous la pression de ses bottes métalliques. Capidextre se les prit de plein fouet, il saigna du nez et de la bouche. Son regard, lui, passa de l’excitation à la rage.

- (Capidextre) ÇA SUFFIT !!!

Il enroula sa queue autour de sa jambe pour l’empêcher de fuir. Avec cela, il utilisa le dernier bras de sa machine pour l’attraper et y parvint. Il la cogna contre le sol à plusieurs reprises, elle ne pouvait rien y faire.

- (Lockpin) Non, c’est mauvais là… !

- (Capidextre) Ah ah ah !! Voilà !!

De son côté, Reptincel peinait à se relever. Sa vue se troublait, ses limites physiques le suppliaient de rester à terre. Mais il n’avait pas le choix. Il serra les dents et contracta du mieux qu’il put.

Capidextre fit élever le bras de sa machine le plus haut possible, envoyant valser jusqu’au sommet de la montagne l’exploratrice. Il activa un mode qui transforma son poing en un gigantesque canon, et s’apprêta à tirer.

- (Capidextre) Goûtez à mon intelligence, les forces brutes !

Il savait que sa machine était ininflammable, mais s’il voulait dévier son tire, il n’avait pas d’autres choix. Alors Reptincel, désormais à genoux, se concentra, chargea les dernières flammes qui lui restaient… puis les élança dans une dernière et puissante boule de feu qui frappa au dernier moment le canon, juste avant qu’il ne tire. Ce dernier dévia donc contre la parois du Mont, qui explosa sur une dizaine de mètres et commença à engendrer un éboulement.

Mais Lockpin l’avait évité, et se rattrapa à un bord en hauteur pour reprendre son souffle. L’éboulement entoura le scientifique et l’explorateur, tandis qu’il couvrit de fumée le reste. Elle les perdit de vue quelques instants. Mais quelques instants… ce fut largement suffisant pour lui.

- (Capidextre) Sombre ordure… ! SOMBRE RACLURE, TU AS TOUT RUINÉ !!!

Il cogna le type feu avec son canon. Il était si grand qu’il le touchait entièrement, à ce stade. Reptincel hurla de douleur, et cela ne passa pas inaperçu. Un peu plus loin dans la mine Rototaupe, le dernier groupe peinait à sortir. Pifeuil était resté derrière, prétextant couvrir leurs arrières. Mais quand il entendit son fils hurler, de terribles frissons le parcoururent.

Il avait l’impression d’être un lâche.

 

 

- (Pokémon non-identifié) Ne lui force pas la main, s’il te plaît. Nous savons tous les cinq qui d’entre nous devra le plus s’occuper de lui.

- (Pifeuil) Et j’n’arrive toujours pas à croire qu’ce soit à moi de m’taper c’rôle !

- (Pokémon non-identifié) N’est-ce justement pas pour cela que tu es en colère ? Parce qu’ils t’ont tout volés ?

- (Pifeuil) Ça n’a rien à voir ! Jamais je n’m’attacherai à lui !

- (Pokémon non-identifié) Hélas, les couleurs qui animent encore ton cœur en ces jours si froids m’affirment le contraire. Tu apprendras à l’aimer, et il aura besoin de toi.

 

 

Il avait l’impression d’abandonner sur la dernière ligne droite.

Les puissants pas de la machine se firent sentir approcher. Le jeune adulte n’arrivait plus à lever la tête, ni même à ouvrir les yeux. Il toussait, essoufflé, épuisé, blessé qu’il était. Les blessures infligées par Roitiflam l’avaient empêché d’arriver à temps, celles de Capidextre allaient le condamner dans son échec. Ce dernier retransforma le canon de sa machine en poing et l’attrapa par le col.

- (Capidextre) Regarde-toi ! Je n’avais jamais vu quelqu’un dans un état aussi pitoyable ! Tu te sentais bien, dans ta vie de justicier ? À essayer de régler des problèmes qui te dépassent, à essayer d’arrêter des gens qui en plus d’avoir de l’avance en tout point sur toi, ont une idéologie à laquelle s’accrocher !? Tu veux savoir ce qui rend Roitiflam aussi fort ? IL SAIT OÙ IL VA, LUI !!!

Il le lâcha, le laissa s’écrouler lamentablement et fit lentement lever le poing de sa machine.

- (Capidextre) C’est terminé, Reptincel !

Toujours incapable de rouvrir les yeux, le jeune adulte crispa les dents en espérant que la douleur passe vite. Il ne pouvait plus rien faire, il avait tout donné durant cette semaine infernale qui n’avait cessée de l’épuiser jusqu’à cet instant.

Il était si désolé d’avoir été aussi faible, mais au moins… il était seul.

Ça… c’est ce qu’il pensa.

À l’instant où Capidextre frappa, quelqu’un s’interposa. Pas Lockpin, non, elle aurait pu contrattaquer sans problème. En revanche, Pifeuil n’en avait pas les capacités. Lui avait celles d’un père aimant, capable de s’élancer dans le danger pour protéger son petit, qu’importent les conséquences.

Et c’est ce qu’il fit.

Il enlaça son fils et le protégea de l’inéducable force qui s’abattit sur les deux personnages. Le sol craquela à nouveau, cette fois bien plus férocement qu’auparavant. Il trembla tellement, que l’impact du coup leur fit transpercer le sol. Ils gagnèrent les mines Rototaupe, un étage bien plus bas que celui qu’ils devaient emprunter pour arriver jusqu’au Mont Acier. Donc aucune chance de croiser quelqu’un, un habitant de Bourg-Tranquille bienveillant qui accourrait les aider, comme Makuhita, Mégapagos ou Alakazam.

Non, ils étaient seuls.

Et de toute façon… le mal était déjà fait.

- (Lockpin) CAPIDEXTRE !!!

Ledit scientifique n’eut qu’à peine le temps de se retourner, que l’exploratrice transperça brutalement sa machine avec ses bottes. Elle la coupa en deux, tirant par le col de la blouse son créateur. Une fois à terre, elle l’étrangla d’une main avant de l’assommer de l’autre. Elle était enragée, enragée de ne pas avoir été capable de l’arrêter plutôt.

Elle avait vu le coup, elle avait compris ce qui était arrivé.

Reptincel rouvrit doucement les yeux. Il avait senti l’agréable odeur de son père, celle qui lui rappelait le réconfort, la sécurité, l’absence de problèmes. Il tourna lentement le regard vers lui, affalé à ses côtés sur le ventre sans faire un bruit.

- (Reptincel) *gémissements* Pifeuil… !

Du mieux qu’il put, il rampa jusqu’à lui. Il lui attrapa la main pour le réveiller.

- (Reptincel) Je… *gémissements* je vous avais demandé de partir… !

Il n’eut aucune réponse. Alors il s’approcha encore et posa sa main sur son dos.

- (Reptincel) Hé… restez avec moi… !

Il n’eut aucune réponse. Alors il s’approcha encore… et vérifia son pouls au niveau de la nuque.

- (Reptincel) … Pifeuil… ?

Il ne sentait rien.

- (Reptincel) Pifeuil… !

Il ne sentait rien, parce que sa nuque était brisée.

- (Reptincel) Pifeuil !!

Il le retourna sur le dos, tapant sa poitrine désespérément alors que les larmes lui vinrent.

- (Reptincel) Pifeuil, je vous en supplie !!

Il savait que c’était terminé, il savait qu’il ne pouvait rien faire.

- (Reptincel) Je vous en supplie… !

Il déposa doucement sa tête sur sa poitrine, espérant plus que tout un miracle.

- (Reptincel) Pifeuil… *snif* pas vous… ! Non, pas vous, non non non… ! Pitié, je vous en supplie… ! *snif*

Malheureusement… aucun miracle ne frappa. Reptincel resta seul avec le cadavre de celui qui n’avait cessé d’endurer ses échecs, alors que le peu de lumière qui avait réussi à s’infiltrer dans le Mont Acier, affichait clairement les deux figures au centre de cette mine sombre, délabrée et abandonnée.

Voilà… comment se termina l’opération de la DDR à Bourg-Tranquille. Leur objectif était de tuer Pifeuil sous les yeux de Reptincel pour le faire souffrir. Ce fut chose faite, et Roitiflam ne fit que sourire, en apprenant la nouvelle.

Le lendemain, l’information traversa le monde. Ce qu’ils savaient : que Bourg-Tranquille fut envahi par la DDR, qu’il eut une dizaine de blessés et un mort. Pour le reste, les journalistes devaient se déplacer, et ils le firent. Des journalistes du monde entier, les premiers allaient arriver d’ici quelques heures.

Lockpin resta donc sur place, prête à être interrogée de tous les côtés. Les habitants étaient suffisamment traumatisés comme cela, alors elle prit en charge cette responsabilité. Mais quelques heures avant, alors qu’elle terminait de couvrir ses blessures de bandages, elle arriva devant la maison du défunt. Elle passa la clôture et toqua à la porte… qui céda sous sa simple tape.

- (Lockpin) … Reptincel ?

Elle entra, trouvant l’explorateur seul, assis par terre dans son ancienne chambre, face à son lit.

- (Lockpin) Les… les journalistes ne devraient pas tarder.

- (Reptincel) Je serai parti avant leur arrivée.

Répondit-il sèchement.

- (Lockpin) Tu ne veux pas témoigner ? Tu as l’air d’en savoir bien plus que tu ne veux bien le faire penser, sur la DDR.

- (Reptincel) Non merci.

- (Lockpin) … Tu opères dans les quartiers pauvres, pas vrai ?

Il baissa la tête, et elle vint s’installer à ses côtés.

- (Lockpin) *soupir* J’aurai dû le comprendre tout de suite. C’est pour ça qu’ils t’en veulent et c’est comme ça que tu as énervé Roitiflam. Un explorateur qui opère seul dans les quartiers pauvres, ça semble surréaliste. Reptincel… même si c’est louable, ça n’en reste pas moins extrêmement dangereux, autant pour toi que pour tes proches.

- (Reptincel) Tu essaies de me dissuader ? Lockpin… je n’ai plus de proches.

Il se releva.

- (Reptincel) Pifeuil était tout ce que je pouvais perdre… et je l’ai perdu.

S’avança vers son lit.

- (Reptincel) Maintenant, plus rien ne me retient de le traquer.

S’abaissa et sortit ce qu’il y avait en-dessous : une petite boite poussiéreuse.

- (Reptincel) Alors je le traquerai.

Il l’ouvrit, et en sortit un foulard. Un foulard en or, celui que Pharamp lui avait donné lorsqu’il n’était qu’un enfant.

- (Reptincel) Je le traquerai, et je le tuerai.

Sur ces mots, il attacha son foulard autour du cou. Il se releva, prêt à quitter les lieux pour de bon.

- (Lockpin) Tu crois que c’est ce qu’il veut ?

- (Reptincel) Non, et c’est pour ça qu’il est mort.

- (Lockpin) Je ne parle pas de ton père. Je parle de Pharamp.

Elle se releva à son tour.

- (Reptincel) … Comment tu sais que ce foulard lui appartenait ?

- (Lockpin) Parce que j’ai été son élève. C’est moi, qui ai gagné le premier test RS.

Le silence régna quelques instant. Cela expliquait tant de choses. Voilà pourquoi elle était aussi forte, voilà pourquoi elle ne craignait l’adversité, voilà pourquoi elle n’était pas une exploratrice lâche.

- (Lockpin) Écoute, c’est normal de chercher la vengeance, mais ce n’est pas la bonne chose à faire. Tu ne dois pas entrer dans son jeu, tu ne dois pas te laisser guider par tes émotions fortes. Crois-en mon expérience, la vengeance ne mène qu’au désastre.

- (Reptincel) … Aurevoir, Lockpin.

Il s’en alla sur ses mots, et l’exploratrice ne fit que soupirer. Elle comprenait sa rage, elle savait qu’elle ne pourrait le résoudre aussi peu de temps après la mort d’un proche. Personne ne pouvait changer l’esprit meurtri de ce Pokémon qui, quand il est passif, ne constate que désordre, lâcheté et désolation.

Il quitta Bourg-Tranquille sans ne prévenir personne, passant par les Petits Bois pour retrouver Roucarnage au transporteur aérien. Hélas, une dernière présence lui barra la route. Il soupira tout d’abord d’ennui, avant de déceler un regret sans fond dans le regard du maire de son ancien village.

- (Reptincel) Qu’est-ce que vous voulez ?

- (Alakazam) Je ne veux pas t’embêter longtemps.

Il lui tendit une enveloppe.

- (Alakazam) Elle est à toi.

Le jeune adulte la récupéra perplexe.

- (Reptincel) … De Pifeuil ?

- (Alakazam) Non, de moi, mais elle concerne ton père.

- (Reptincel) Pourquoi ne pas me le dire maintenant ?

- (Alakazam) Parce que je ne sais pas. Je ne sais pas si tu es en état d’apprendre tout cela, je ne sais pas si tu le veux réellement.

- (Reptincel) Je… je ne comprends pas, qu’est-ce qu’elle contient ?

- (Alakazam) La vérité. Pifeuil avait besoin de la partager, au cas-où il venait à disparaître avant d’avoir la force de te le dire. Mais maintenant qu’il ne le peut plus, je suis le dernier à savoir qui il est vraiment. Alors je préfère te la donner maintenant, même si l’avenir a déjà changé.

Le type feu resta perplexe. Finalement, il rangea la lettre et en resta à son objectif.

- (Reptincel) Il faut que j’y aille, Alakazam.

- (Alakazam) Bien sûr. Bonne route et surtout… fais attention à toi, s’il te plaît.

Il hocha la tête et avança. Reptincel quitta le territoire et regagna Loliloville le soir-même. Il rentra dans les quartiers pauvres au moment où les reportages en direct sur l’affaire commencèrent. Comme prévu, c’est Lockpin qui se chargea de raconter le plus important. Elle cita le nom du défunt et, par respect pour son fils et la quête qu’il entreprenait, garda son anonymat aux yeux du monde.

Raichu apprit la mort de Pifeuil à la télévision, alors qu’il servait au bar Limaspeed.

- (Raichu) Q… quoi… ?

Reptincel ouvrit la porte de son appartement, les seules lettres qui l’attendaient étaient ses factures.

Lucario apprit la mort de Pifeuil à la radio, alors qu’il travaillait de nuit dans son laboratoire.

- (Lucario) M… monsieur Pifeuil… !?

Son téléphone vibra. Il reçut un message de Chapignon, lui annonçant l’arrestation de Capidextre pour avoir collaboré avec la DDR. Leur laboratoire allait être soumis à de sévères examens.

Reptincel enleva tout ce qui l’encombrait : sac, vêtements et même certains bandages qu’il arracha de rage.

Macronium apprit la mort de Pifeuil sur internet entre deux répétitions de concert, en se renseignant sur l’envahissement de Bourg-Tranquille dont elle avait eu des dires le matin-même.

- (Macronium) Non, ce n’est pas vrai… !

Reptincel s’affala sur son lit, les larmes aux yeux. Il n’en pouvait plus, autant physiquement que psychologiquement. Il était à bout et ne rêvait que d’une chose, à ce stade : que tout ne soit qu’un mauvais rêve.

Enfin, Carabaffe apprit la nouvelle par les journaux, le lendemain alors qu’il rendait visite à sa sœur dans les quartiers pauvres.

- (Carabaffe) Pifeuil… est mort… ?

- (Carapuce) Qui est Pifeuil ?

- (Carabaffe) Le… c’était le père d’un ami.

- (Carapuce) Un ami de ton ancienne vie ?

Il hocha honteusement la tête.

- (Carapuce) Alors peu importe.

Il n’eut le temps de le pleurer.

Et malheureusement pour Reptincel, rien de tout cela n’était un cauchemar. La vie devait reprendre, et sa quête de vengeance devait commencer.

Laisser un commentaire ?