Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 59 : Métamorph

10507 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/03/2022 12:01

Lorsqu’il se réveilla, il se trouva attaché sur une table d’opération. Il semblait être à l’infirmerie, comme le démontrait tous les meubles blancs, les vitres teintées ou simplement cette odeur d’équipements métallique qui le mettait mal à l’aise. Ses blessures étaient bandées. Un Pokémon arriva quelques minutes plus tard.

- (Hypnomade) Ça y est, tu es réveillé ?

- (Salamèche) Qui êtes-vous !?

- (Hypnomade) Appelle-moi monsieur, tout simplement.

Il s’approcha, tournant lentement autour de lui.

- (Hypnomade) Je crois que tu ne te rends pas compte de la chance que tu as. Être un humain transformé en Salamèche, tu ne pouvais pas mieux intéresser notre chef.

- (Salamèche) Qu’est-ce que vous voulez faire de moi !?

- (Hypnomade) J’ai pour mission de t’extirper d’anciens souvenirs de la mémoire, ceux d’avant ton amnésie. Si j’en crois l’analyse que j’ai fait de ton cerveau, le plus ancien date de Septembre 230. Je ne sais pas si j’y arriverai aussi facilement, mais visiblement, la torture mentale fait aussi partie de ton entraînement… futur chef.

- (Salamèche) Ne… ne m’appelez pas comme ça… !

Exclama-t-il, avant de soudainement hurler de douleur. Le type psy avait posé ses mains sur son crâne, se servant de ses puissants pouvoirs pour fouiller l’esprit du jeune type feu. Il ne cessait d’hurler de douleur, et ce n’était que le début…

Reptincel se réveilla en sursaut. Il transpirait, essoufflé comme il était. Pourtant, rien n’avait changé. Il était toujours affalé sur la chaise de l’infirmerie, enfin celle du refuge pour sans domicile fixe. Le soleil s’était levé, le lit qui retenait Hypnomade se mouvementait. La douleur crânienne, en revanche, n’avait pas disparu.

- (Hypnomade) Est-ce que… ça va… ?

Gémit le prisonnier, en tournant du mieux qu’il put la tête vers celui qui se releva douloureusement.

- (Reptincel) C’est toi… ? *souffle* Ces évènements du passé, c’est toi qui les provoques ?

- (Hypnomade) … Non.

- (Reptincel) Alors pourquoi tu me poses la question !?

Lui cria-t-il, soudainement enragé. Le type psy baissa la tête, l’air rempli de remords.

- (Hypnomade) … Parce que je vois tout. Là est mon châtiment, là est ma torture…

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 59 : Métamorph

 

Il ne cherchait pas à se débattre. Il était attaché et comprenait pourquoi. Son assaillant, lui, ne pouvait s’arrêter de bouger. Il tournait en rond les poings fermés, les dents crispées, le cerveau en feu. En se levant de sa chaise, Reptincel n’avait pas oublié de lancer le mode : « enregistrement vocal » de son téléphone.

- (Reptincel) Je… je ne comprends pas. Tu es en train de me dire que toutes ces foutues douleurs qui arrivent depuis que j’ai croisé ton regard ne sont pas de ton ressort ? Tu me prends pour un con !?

- (Hypnomade) … Penses-tu que ma tentative de suicide était manigancée ?

- (Reptincel) Ce dont je suis sûr, c’est que… !

Il s’auto coupa la parole. Il ne devait pas lui dire ce qu’il savait de Granbull, s’il voulait avoir une chance de le berner.

- (Hypnomade) … Que quoi ?

- (Reptincel) … T’es un hors-la-loi, Hypnomade.

- (Hypnomade) Alors pourquoi tu m’as sauvé ?

- (Reptincel) Parce qu’il est hors de question que tu quittes ce monde avant d’avoir purgé ta peine !

Il s’approcha, le pointant d’un doigt autoritaire.

- (Reptincel) Tu bossais dans cette foutue prison d’enfants soldats, rien que ça devrait te faire coffrer à vie !

- (Hypnomade) … Est-ce la douleur, qui te met dans cet état ?

- (Reptincel) … Je te demande pardon ?

- (Hypnomade) Tu n’avais pas ce visage, quand nous étions sur ce toit. J’étais en détresse, et tu voulais me sauver. D’ailleurs, tu l’as fait. Mais… je ne reconnais pas celui qui me promettait de tout faire, pour m’éloigner de ceux qui me menacent.

- (Reptincel) Tu seras protégé, en prison.

- (Hypnomade) La DDR a bien plus de pouvoir que tu ne le penses.

- (Reptincel) La DDR ? C’est l’organisation pour qui tu as torturé des enfants qui veut ta tête, aujourd’hui ?

- (Hypnomade) Ils ne veulent pas ma tête, ils veulent mes pouvoirs.

Le jeune adulte fronça les sourcils. Non pas par colère, il voulait en savoir plus.

- (Reptincel) Comment ça ?

- (Hypnomade) Je… *gémissements* je te dirai tout si tu te calmes un peu !

Là, il les leva.

- (Reptincel) Tu te crois en position de marchander ?

- (Hypnomade) Écoute, nos esprits sont liés. Si le tien s’affole, alors le mien grabuge. C’est pour ça que tu ressens toutes ces douleurs, parce que… *soupir* nous ne nous sommes pas quittés en très bons termes.

- (Reptincel) Et pourquoi sont-ils liés ?

- (Hypnomade) Tu sais très bien pourquoi…

- (Reptincel) Je veux t’entendre le dire.

- (Hypnomade) Tu… tu crois que tout ça me passe au-dessus de la tête ? Tu crois que je n’ai aucun regret du passé ?

- (Reptincel) Attends, j’essaie de me souvenir de la fois où tu t’es excusé… oh, c’est vrai, j’en suis incapable non seulement parce que tu ne l’as jamais fait, mais en plus parce que notre connexion me crispe tant la cervelle qu’elle m’empêche de réfléchir correctement !!

- (Hypnomade) J’ai aussi mal que toi, imbécile !!

Cria-t-il à son tour.

- (Hypnomade) Cette douleur, je la ressens depuis des années !! Et crois-moi, ma vie est devenue si merdique qu’elle n’est même pas rentrée en compte, dans ma lettre de suicide ! Le jour où Roitiflam ne voudra plus m’empaler dans l’une de ses machines, j’y songerai peut-être à nouveau !!

Le silence pesa fermement, une fois qu’il termina sa tirade. Les deux personnages étaient essoufflés, le regard fixe et meurtri. Finalement, c’est Hypnomade qui l’abaissa en premier.

- (Hypnomade) … *soupir* Désolé. Pas pour ce que j’ai fait dans le passé, non, ça ne peut être pardonné aussi facilement. Mais… t’essaies d’arranger la situation dans nos quartiers, j’comprends que tu craques quand une ordure du passé vient troubler ton quotidien avec ses problèmes.

Reptincel détourna le regard, l’air ennuyé mais compatissant.

- (Hypnomade) Tu as l’air épuisé.

- (Reptincel) Ça va.

- (Hypnomade) Certainement, puisque tu tiens debout. Mais la douleur ne doit pas aider. J’ai tout essayé, hélas on ne peut rien faire contre le syndrome Psykokwak. La migraine dure et s’intensifie selon ton niveau de concentration, il peut en arriver à te donner la nausée.

- (Reptincel) Super. Quel médoc ?

- (Hypnomade) Du cyanure pour moi.

- (Reptincel) Ce n’est pas drôle.

- (Hypnomade) Ça nous arrangerait tous les deux, tu sais ? Je fuirai ce monde de merde, et mon esprit quittera si puissamment mon corps que notre connexion se briserait. Autrement-dit, plus de douleur !

- (Reptincel) J’ai une autre idée. Tu vas en prison et je ne sentirais plus rien, parce que je ne te reverrais plus jamais.

- (Hypnomade) Oui, la distance qui nous sépare ferait l’affaire, effectivement. Mais…

- (Reptincel) Je t’arrête tout de suite, tu n’échapperas pas à ta cage.

- (Hypnomade) Ce n’est pas la sentence juridique que je cherche à fuir, plutôt celle qui m’attend si vous, explorateurs, laissez la DDR gagner en force chaque jour.

- (Reptincel) Tu sais très bien que ce n’est pas mon cas.

Il posa ses mains contre le rebord de son lit.

- (Reptincel) Hypnomade, j’ai besoin de tout savoir.

- (Hypnomade) *soupir* Il y a tant à dire…

- (Reptincel) Commençons par retracer l’histoire : pourquoi as-tu cherché à te suicider ?

Le type psy ferma les yeux quelques instants, repensant à ses erreurs ayant forgées son passé, son identité.

- (Hypnomade) … J’ai survécu à la destruction du centre de formation d’enfants soldats. Le pouvoir des oiseaux légendaires était dévastateur, mais ayant été assommé dans la réserve, j’étais à peu près protégé de leur châtiment. Hélas, le bâtiment s’est effondré sur lui-même, et j’étais tout au fond. Il m’aura fallu des jours, pour sortir des décombres. J’étais trop faible pour me téléporter, c’est à peine si je pouvais créer un bouclier énergétique pour repousser débris et flammes. Le fait est que je m’en suis sorti, en mauvais état… mais vivant. Je me suis réfugié dans les territoires sauvages pendant des semaines, fuyant les explorateurs tout en cherchant à me soigner avec tout ce que je trouvais. Mon esprit s’affolait, parce que je sentais toujours le sien. Celui de Roitiflam, il était en vie. Alors trois mois après le massacre, lorsque je mis enfin les pieds à la civilité en atteignant Loliloville, j’ai foncé le rejoindre.

- (Reptincel) Où ça ?

- (Hypnomade) Dans un entrepôt secondaire. Il ne me faisait plus suffisamment confiance pour me montrer sa vraie base. Au début, il n’y avait que de vieilles machines dysfonctionnelles, mais c’était il y a presque cinq ans. Aujourd’hui… *rires nerveux* non, il faut que tu voies ça de tes propres yeux. Tu vas halluciner.

- (Reptincel) Que s’est-il passé ?

- (Hypnomade) Il m’a viré, évidemment. Auparavant, il butait tous ceux qui le décevaient pour ne pas que les rumeurs s’ébruitent. Mais moi, il… il n’en avait pas les capacités. Je l’avais servi si longtemps et, au fond, je n’avais pas tort en cherchant à te nuire. Alors il m’a juste demandé de partir, et je l’ai fait. J’ai trouvé refuge au fin fond des quartiers pauvres, et me suis assuré que plus personne ne prononce jamais mon nom.

- (Reptincel) Il faut croire que c’est raté.

- (Hypnomade) Elle m’a attaqué. Il y a quelques semaines, presque cinq ans après notre séparation… la DDR m’a retrouvé et a tenté de me capturer. En fait, ils ont réussi. Des types que je n’avais jamais vus, sans doute de nouvelles recrues de Roitiflam. Ce sont eux qui m’ont fait cette cicatrice, en cherchant à me « garder en vie ». Ils m’ont emmené dans cet entrepôt, il avait changé.

- (Reptincel) C’est là-bas que tu as vu ces machines qui, selon toi, pourraient voler tes pouvoirs ? Comment peux-tu en être sûr ?

- (Hypnomade) Roitiflam m’a tout révélé, alors que j’étais bâillonné à moitié mort face à sa domination totale…

Il se mit à trembler.

- (Hypnomade) Je ne veux plus jamais revivre ça… !

- (Reptincel) Et comment t’en es-tu sorti ?

- (Hypnomade) … Par téléportation. J’ai mis des jours à m’en remettre, autant physiquement que psychologiquement. J’étais dévasté, et je savais qu’ils finiraient par me retrouver. Alors j’ai fui mon refuge, je me suis caché où j’ai pu mais… je craque. Partout où je passe, je sens la terreur me guetter. La DDR domine les quartier pauvres, et quand une prime pèse sur ta tête, tu as l’impression de ne plus être en sécurité nulle part.

- (Reptincel) Ouais, je sais exactement ce que ça fait.

- (Hypnomade) Non, parce que toi, tu aurais tout fait pour retrouver et arrêter ces types. Hélas, je n’ai pas cette force. J’avais déjà l’intention de mettre fin à mes jours, alors être menacé par mon ancien patron n’a fait qu’enrager ma peine. Dans un dernier élan de détermination, je me suis dirigé vers l’atelier d’un vieil ami, en pensant qu’il pourrait m’aider une dernière fois. Il ne l’a pas voulu…

- (Reptincel) Quel était ton plan ?

- (Hypnomade) Détruire ce foutu entrepôt.

- (Reptincel) … Comment ?

Il le savait déjà, mais il avait besoin qu’Hypnomade le dise lui-même.

- (Hypnomade) … Avec une bombe.

- (Reptincel) Bien.

Il sortit son téléphone de sa poche et arrêta l’enregistrement vocal, tout cela sous les yeux de son interlocuteur.

- (Hypnomade) Qu… quoi ? Tu m’enregistrais depuis le début ?

- (Reptincel) Je savais, pour la bombe, j’avais juste besoin que tu l’avoues.

- (Hypnomade) Je t’ai dit que je ne redoutais pas la prison !

- (Reptincel) Alors pourquoi t’énerves-tu ? Je ne fais que mon travail.

- (Hypnomade) Espèce de… ! Je refuse d’y aller tant que de Roitiflam n’aura pas sa tête d’empalée sur une fourche !

- (Reptincel) Ça n’arrivera pas. En revanche, je l’arrêterai. Lui, et toute la DDR. Et pour commencer, je vais aller enquêter sur cet entrepôt. Donne-moi son adresse, s’il te plaît.

Le type psy détourna le regard.

- (Reptincel) Allez, sois raisonnable. Ça nous aiderait tous les deux à mieux dormir la nuit.

- (Hypnomade) *soupir* Quatre-vingt-quatorze rue Crabicoque le piteux.

- (Reptincel) Merci bien.

Reptincel récupéra ses affaires et s’apprêta à sortir.

- (Hypnomade) Hé ! Est-ce que tu peux me détacher avant de partir ? J’ai vraiment besoin d’aller aux toilettes, là… !

- (Reptincel) … Je préviendrai Vaututrice, mais n’abuse pas de sa gentillesse. Ah, et si tu t’enfuis…

Il lui tourna un regard dominant.

- (Reptincel) Je te retrouverai.

Puis quitta le refuge les poings fermés. Il avait un nouvel objectif et comptait bien s’y rendre tout de suite. Sur le chemin, il checka son téléphone. Il avait reçu trois messages, tous à propos du même sujet :

« Granbull : As-tu obtenu quelque chose de lui ? Viens me voir s’il y a un problème ! »

« Bétochef : Tu comptes venir, ce soir ? Si tu dis non, j’te jure que j’débarque chez toi et te tire à la boîte par la queue ! »

« Pifeuil : Mon grand, je n’aime pas quand tu ne me réponds pas. S’il te plaît, appelle-moi dès que tu es disponible. »

Les trois messages le concernaient lui. Granbull, Bétochef et Pifeuil s’inquiétaient, le dernier certainement bien plus que les deux autres. Alors Reptincel s’exécuta, et lui répondit pendant qu’il grimpait sur les toits de la ville.

« Reptincel : Pas le temps d’appeler. Je vais bien, arrêtez de vous inquiéter. »

Et il le rangea pour de bon dans sa poche. Le quart d’heure d’après, il se trouvait déjà à destination. Il s’était pressé non pas pour espérer arriver au travail à temps, mais bien parce que toute cette histoire le stressait de plus en plus. Et il se doutait que ce n’était que le début.

Quatre-vingt-quatorze rue Crabicoque le piteux, une rue qui, entre quatre immeubles, cachait bel et bien un entrepôt. Il fouilla les alentours, mais ne trouvait l’entrée. Elle devait être souterraine. En revanche, il y avait des fenêtres. Des petites, rectangulaires aux vitres teintées et poussiéreuses. Il ne voyait à travers, tout du moins jusqu’à ce qu’il trouve celle qui soit entrouverte. Il y faisait sombre, mais de petites lumières rouges attiraient son attention. De toute évidence, il devait y entrer, alors il démonta la vitre par la force et se glissa agilement de l’autre côté.

Le silence était quasi-total.

*bip…* *bip…*

Un très léger signal sonore se répétait en boucle, mais rien à voir avec une alarme. C’était la lumière rouge, en fait, il y en avait plusieurs. Toutes bipaient à une fréquence différente et, en s’approchant, Reptincel comprit que ce fut la preuve du fonctionnement de plusieurs machines. De grandes machines métalliques, installées contre un mur et relié à des tas de tuyaux. Certains menaient à des tubes, d’autres à des cuves, d’autres encore à des ordinateurs qui semblaient assimiler des centaines de données par seconde. Un dernier tuyau s’écartait du reste. Il le suivit du regard, arrivant petit à petit derrière quelques cargaisons qui le fit voir l’horreur de trop.

Il écarquilla lentement les yeux, se couvrant la bouche de terreur face à la chaise qui se trouvait face à lui. Une simple chaise, oui, enfin avec un trou au niveau du derrière et un seau en-dessous. Après tout, il fallait bien que le Pokémon qui était attaché dessus puisse faire ses besoins. C’est pour cela qu’un tube était relié à son membre, il menait à une caisse de pisse. Un autre à sa bouche, il menait à une caisse de nourriture. Des tas d’autres rentraient dans sa peau, un peu partout sur son corps autrefois musclé, aujourd’hui hélas bien ramolli. Ils drainaient lentement son sang, à en voir la caisse d’un rouge répugnant qui à l’heure actuelle devait bien peser une dizaine de kilos. Ce Pokémon, Reptincel l’avait déjà vu. Il l’avait même déjà affronté : c’était un explorateur. Un guerrier bien vantard, un homme qui avait fait le choix de se battre uniquement en short, lors du test RS. Voilà pourquoi son état le choqua brutalement, quand il vit sans accoutrement Rhinoféros attaché et torturé à cette pauvre chaise qu’il n'avait plus la force de détruire.

Il tenta de s’approcher, mais soudainement, quelqu’un lui agrippa le bras. Par reflexe, il se retourna en cognant puissamment son assaillant en pleine mâchoire, avant de l’attraper par le cou et de le plaquer au sol.

- (Chaglam) Aïe… ! Merde, c’est pas un concours de qui fera le plus de bruit… !

Clama-t-elle en chuchotant.

- (Reptincel) Chaglam !?

- (Chaglam) Chut… !

Il l’aida à se relever, puis la laissa lui taper l’épaule.

- (Chaglam) Espèce de brute, on ne t’a jamais appris les bases de l’infiltration… !?

- (Reptincel) Qu’est-ce que tu fais là… !? C’est un entrepôt de la DDR, c’est extrêmement dangereux… !

- (Chaglam) Ça y est, tu comprends enfin pourquoi j’me prétends être reportrice de guerre… ? Tu ne voulais pas de mon aide, alors j’ai enquêté dans mon coin et ai récupéré le plus d’infos possible sur cet Hypnomade. Les gens l’ont surtout vu tourner en rond dans cette rue, il n’en fallait pas plus pour que j’m’introduise dans tous les bâtiments du coin.

- (Reptincel) T’es complètement malade, sérieux… !

- (Chaglam) Pourquoi, parce que t’es explorateur et pas moi… ?

- (Reptincel) Évidemment… !!

Lui cria-t-il en chuchotant, ce fut assez cocasse.

- (Chaglam) Le travail d’équipe, mon chou. J’ai beau ne pas être allée à la guilde, je sais que c’est votre règle d’or. Alors fais ce que vous êtes supposés faire de mieux, adapte-toi et aide-moi à prendre en photo tous les trucs glauques de cet endroit. J’ai déjà celui-là.

Disait-elle, en visant Rhinoféros par la queue.

- (Reptincel) Il faut le sortir d’ici…

- (Chaglam) On ne peut pas prendre ce risque, on le tuerait à le déplacer avec si peu de sang dans le corps. Je ne sais pas comment cette machine fonctionne, mais elle arrive à lui drainer et faire recréer pile la dose nécessaire pour le maintenir à la fois en vie, et à la fois dans un état second. C’est terrifiant…

- (Reptincel) Pourquoi lui faire ça… ?

- (Chaglam) Tu le connais ?

- (Reptincel) Vite fait. Il s’appelle Rhinoféros et il s’était tenté au test RS. Il était si fort que je n’arrivai à établir aucune stratégie, face à lui. Mais le voir dans cet état… on ne dirait plus le même type du tout.

- (Chaglam) C’est clair qu’il a dû prendre du bide. Ça doit faire au moins un mois qu’il est coincé ici.

- (Reptincel) Je crois qu’il était explorateur, donc une menace évidente pour la DDR. Mais pourquoi lui faire ça… ? Pourquoi ne pas simplement l’avoir tué… ? Surtout qu’il ne venait pas des quartiers pauvres, ça voudrait dire qu’ils auraient pris le risque de le capturer ailleurs. Alors… pourquoi ?

- (Chaglam) On va le savoir tout de suite.

Elle s’approcha de la caisse de sang et suivit le tube qui partait dans l’autre direction. Celui qui l’aspirait pour le mener… vers une grande cuve. Celle dégageant une lumière rouge plus forte que les autres, celle que Reptincel avait aperçu en premier et sans le savoir, avant d’entrer ici. Une machine comblée de boutons et tubes portait un grand récipient en verre. Une eau verdâtre la comblait, tout du moins jusqu’à ce que de légères vagues rouges s’introduisent dans ce tas liquide et globuleux. C’était ce à quoi servait le sang de Rhinoféros, à s’introduire dans la cuve et à être aspirée… par la chose qui se trouvait à l’intérieur.

Violet de peau, si l’on peut appeler ça une peau, ce tas visqueux semblait hiberner. Il avait une petite bouche et deux yeux fermés. Et c’était tout. Il était simple, sans membres, asexué, sans aucun signe distinctif. Il ressemblait à un Pokémon, mais certainement pas naturel. Les deux jeunes adultes restèrent bouche bée quelques instants, face à cette chose indescriptible.

- (Chaglam) Qu’est-ce que… ? Qu’est-ce que c’est supposé être ?

- (Reptincel) Un Pokémon… ? Comment survit-il dans l’eau, n’a-t-il pas besoin de respirer ?

- (Chaglam) Je commence à avoir des frissons, là…

Elle tenta de capturer l’instant sans trembler. Elle prit bien une dizaine de photos.

- (Reptincel) Est-ce que la DDR… tenterait de créer leur propre Pokémon ?

- (Chaglam) Après l’échec de leur prison pour enfants soldats, ça n’étonnerait personne. Le fait qu’ils y parviennent, par contre…

- (Reptincel) Ce n’est pas dit que le projet aboutisse. Peut-être ressemble-t-il à ça parce qu’il est en cours de conception… ? Le sang de Rhinoféros doit l’aider à le maintenir en vie, peut-être en lui partageant ses gènes aussi. Mais à vrai dire, on ne peut pas savoir si ce projet survivra. Créer la vie artificiellement en partant de rien… ce serait une grande première.

- (Chaglam) Dans tous les cas, il faut le détruire… !

Elle s’approcha de la machine, attrapant tous les tubes pour les retirer sec.

- (Reptincel) Attends une seconde… !

- (Chaglam) Quoi… ? Il n’y a pas d’alarme, sinon elle se serait déjà déclenchée.

- (Reptincel) Pas pour ça. On n’a pas besoin d’en arriver là.

- (Chaglam) Pardon… ? Reptincel, cette chose est la prochaine arme de la DDR… !

- (Reptincel) Peut-être, mais c’est vivant.

- (Chaglam) Ce n’est pas un vrai Pokémon, il est né en cuve… ! Et comment crois-tu qu’il sera programmé ? Tu penses qu’il sera gentil, tu penses qu’il rejoindra les explorateurs et vous aidera à arrêter ceux qui l’ont conçu… !?

- (Reptincel) … Chaglam, la DDR a déjà expérimenté les cuves. Il y a cinq ans, c’est un fossile qu’ils ont ramené à la vie.

- (Chaglam) Et alors ?

- (Reptincel) Et alors il est devenu un héros. Ils n’avaient pas le contrôle, c’est pourquoi il faisait partie des enfants soldats entraînés dans cette foutue prison, au même titre que d’autres petits, tous nés naturellement. Ce Pokémon a été sauvé et s’est promis de rendre l’appareil au reste du monde. Et tu sais quoi ? Il l’a fait. Il faisait partie de la guilde d’exploration, il y a trois ans. Il a participé au sauvetage du monde, et aujourd’hui encore, il sauve des vies chaque jour à l’autre bout du globe.

La journaliste baissa la tête, et le type feu s’avança.

- (Reptincel) Je sais que tu as peur. Mais si nous avons ne serait-ce qu’une infime chance d’en faire autre chose qu’un hors-la-loi, alors nous avons le devoir de le sauver. Enfin… j’ai le devoir de le sauver, parce que je suis explorateur et pas toi.

- (Chaglam) … Non, tu as raison.

Elle lâcha finalement les tubes.

- (Chaglam) Mais arrête de dire ça. Que j’ai un diplôme ou non ne change rien à ma volonté.

- (Reptincel) Je dis ça pour te protéger, pour tous vous protéger. Tous mes contacts cherchent à m’aider, et ça m’énerve. Vous ne semblez pas réaliser l’ampleur de la situation. Si vous vous faites attraper…

- (Chaglam) On mourra, je pense qu’on le sait tous.

Elle se tourna vers la cuve.

- (Chaglam) Mais tout le monde a besoin d’aide.

- (Reptincel) Ouais…

Il s’y tourna à son tour.

- (Reptincel) C’est ce que je pensais, en invitant un ami à m’aider dans ma quête il y a encore quelques semaines. Puis… la DDR est rentrée à nouveau dans ma vie. Après ce qu’ils m’ont fait subir, je ne veux pas qu’un seul de mes proches aient à les confronter.

- (Chaglam) À nouveau… ? Que s’est-il passé ?

Reptincel baissa la tête quelques instants, il cherchait ses mots. Hélas, il n’eut le temps d’en prononcer un seul. Le déverrouillage d’un cadenas se fit entendre et, rapidement, il se tira avec Chaglam derrières des cargaisons. Une trappe s’ouvrit, voilà comment il fallait normalement accéder à l’entrepôt.

Un premier Pokémon en sortit : Violet de fourrure, ses grands yeux ronds et son sourire enfantin pouvaient laisser penser qu’il était sympathique. Accoutré d’une blouse blanche, il avait deux deux grandes queues dont l’embout ressemblaient à des mains. Et ce Pokémon… Reptincel le connaissait.

- (Reptincel) Capidextre… !?

En effet, ce fut le collègue de travail de Lucario et Chapignon.

Mais peu importe, Chaglam le tapa pour le faire taire, tout aussi attentive mais bien plus tremblante vis-à-vis de ceux qui gagnèrent la pièce. Parce qu’ils étaient deux. Le second, qui saisit l’une des grandes mains de son partenaire pour monter à son tour, était rouge de peau. Ses flammes débordaient de son cou, son groin immense accentuait sa respiration, ses deux gigantesques dents pointues de chaque côté de sa bouche le rendait affreusement terrifiant, ses sourcils noirs de couleur mais blancs de vieillesse débordaient de son crâne.

Ne tournons pas autour du pot, Reptincel se retint de crier d’angoisse à la vue de ce type. Son imposante carrure de monstre ne le trompait pas, seul lui en avait une pareille. Il s’agissait bel et bien de Roitiflam, le chef de la DDR.

Cette fois, c’est lui qui trembla plus qu’elle. Chaglam l’aperçu et lui agrippa les épaules.

- (Chaglam) Calme-toi, s’il te plaît… !

Il baissa la tête la bouche couverte, la sueur dégoulinant de son expression horrifiée. Il se retenait de vomir, il se retenait de tomber dans les pommes. Pendant ce temps, les deux hommes approchèrent la cuve. Le scientifique était aux anges, le chef avait les mains dans les poches.

- (Capidextre) Regardez-moi ça, ah ah !

- (Roitiflam) … C’est vrai qu’il a grandi.

- (Capidextre) Non seulement j’ai réussi à le stabiliser tout en le maintenant en vie, mais en plus le transfert génétique fonctionne ! Certes il fut couteux, mais le projet Métamorph sera de loin le plus ambitieux de la DDR !

- (Roitiflam) Et qu’en est-il de Rhinoféros ? Mes hommes ont risqué gros pour le capturer.

- (Capidextre) L’assimilation de son sang fonctionne encore mieux que prévu !

- (Roitiflam) Alors pourquoi ne devient-il pas comme lui ?

- (Capidextre) Il le pourra bientôt, tout comme il pourra redevenir cette flaque violette en un rien de temps. Tout dépendra de sa volonté et, comme je vous l’ai déjà dit, elle servira votre cause. Les erreurs du passé ne se reproduiront pas !

- (Roitiflam) C’est pour cela que j’ai fait appel à toi, Capidextre. Le boss voyait en lui une créature indomptable et essentielle, alors j’ai foi en ce projet. C’est juste que… je suis habitué à être déçu, ces dernières années.

- (Capidextre) Ne faites pas cette tête, voyons ! Vous vous trouvez en face de celui qui remontera vos attentes au sommet de ce que vous valez réellement. Moi aussi, je veux que cette société de l’explorateur périsse. Et croyez-moi, je ferai tout mon possible pour vous construire la meilleure des armes.

- (Roitiflam) Bien. Si cela aboutit… peut-être songerais-je à vous contacter pour notre prochain assaut.

- (Capidextre) Oh ! L’équipe n’est toujours pas complète ?

- (Roitiflam) Il en reste un à convaincre, et on ne peut pas partir sans lui. Après tout, qu’est-ce que notre attentat signifiera, si ce n’est pas le symbole des quartiers pauvres qui abat le numéro un des explorateurs ?

- (Reptincel) Crocorible… !?

Chuchota-t-il un peu trop bruyamment, sous le choc de la révélation. Roitiflam se tourna vers les cargaisons, mais Chaglam tira Reptincel juste avant qu’il ne l’aperçoive.

- (Chaglam) Mais ferme-là, bordel… !

- (Capidextre) Un problème ? Oh, vous voulez voir Rhinoféros, peut-être ?

- (Roitiflam) Non… je pensais juste à autre chose.

Il sortit les mains des poches et en tendit une vers la trappe.

- (Roitiflam) J’ai entendu le discours que je voulais. Merci de nous faire confiance, Capidextre.

- (Capidextre) Merci à vous, Roitiflam. Travailler chaque jour dans les mêmes bureaux que cet idéaliste de Chapignon me répugne plus que tout. Cet imbécile met son génie au service de la bienséance, il perd même son temps avec un apprenti qui n’atteindra jamais notre niveau. J’espère que grâce à notre collaboration, les lumières pourront viser celui qui n’aura jamais perdu les progrès de la science de vue !

Clamait-il, en s’approchant de ladite trappe. Il l’ouvrit, tournant un air perplexe à son interlocuteur.

- (Capidextre) Vous ne venez pas ?

- (Roitiflam) Je vous rejoins tout de suite…

- (Capidextre) Bien, prenez votre temps !

Et le scientifique s’en alla, laissant seul le monstre qui, à son aise, soupira groin vers les cieux.

- (Roitiflam) *soupir* Au fond, j’espérai que ça rate. C’est un peu triste que tu sois tombé si facilement dedans.

- (Reptincel) Chaglam… !

- (Roitiflam) C’est dommage, j’aurai aimé respecter sa volonté jusqu’au bout.

- (Reptincel) Va-t’en, vite !!

Sur ces mots, Roitiflam se retourna et élança de son féroce poing une redoutable boule de feu. Reptincel bouscula la journaliste vers la fenêtre par laquelle ils étaient entrés, se retourna et encaissa du mieux qu’il put l’attaque qui désintégra les cargaisons. Il se la prit de plein fouet, et fut envoyé valser contre un mur en même temps que ses vêtements commencèrent à se désintégrer. Sa peau lui piqua soudainement, comme si il n’était plus de type feu. La vérité est que son adversaire était si puissant, que même la résistance naturelle qu’il avait du feu n’atténuait pas suffisamment la douleur.

Ah et bien sûr, l’attaqua explosa à l’impact. Le silence fut violemment frappé par les flammes du monstre, qui fit tout de même attention à ne pas détruire les tuyaux et machines de son organisation. Une épaisse fumée se dissipa partout dans la pièce, mais Roitiflam avait parfaitement sa cible en vue.

- (Roitiflam) Comme on se retrouve, Salamèche !!

Il l’agrippa par le cou et le plaqua contre le mur le plus proche. Sa victime toussait encore à cause de la fumée aspirée, ses yeux étaient rongés par l’atmosphère asphyxiante instaurée. Malgré tout et alors que son rythme cardiaque prenait une tournure dangereusement rapide, il ne perdit pas l’ordre de ses priorités.

- (Reptincel) VA-T’EN !!!

Hurla-t-il à Chaglam, en apercevant toujours sa figure dans la pièce. En effet, elle était sur le point d’emprunter la fenêtre pour s’échapper. Une dernière hésitation la bloqua, tout du moins jusqu’à ce que Roitiflam tourne son regard vers elle.

- (Roitiflam) Tu n’es pas venu seul ?

En guise de réponse, le jeune adulte se servit de sa distraction pour le cogner d’un pied en pleine mâchoire. Il se libéra, esquiva une droite en se glissant entre ses jambes puis agrippa l’une d’entre elles. Il activa ses pouvoirs, et une traînée enflammée poursuivit son mouvement qui, boosté, lui permit de faire tomber son adversaire en le tirant par la jambe.

Surprit, Roitiflam crispa les dents. Et soudainement, sa chaussure que Reptincel avait proche du visage explosa férocement. À nouveau, sa cible se fit envoyer valser à l’autre bout de la pièce. La moitié de sa tête s’était fait brûler au deuxième degré. Le haut de son torse et ses épaules étaient presque nus, eux aussi sévèrement brûlés.

Lorsque le monstre se releva, Chaglam avait disparu.

- (Roitiflam) La journaliste, hein… ? On m’a déjà vendu ses capacités de manipulatrice, dommage qu’elle soit dans le mauvais camp.

Il se tourna vers Reptincel qui, les larmes aux yeux, peinait à se relever.

- (Roitiflam) Quoi, tu pensais être le seul à pouvoir utiliser tes flammes autrement que par la bouche ou les mains ? Regarde-moi cette pauvre botte en cendres, je l’aimais bien celle-là !

- (Reptincel) … (La douleur est abominable, j’ai envie de m’arracher la peau… ! C’est pire que quand je laisse mes pouvoirs exploser, il… !)

Il se souvint de son premier affrontement face à Roitiflam. À l’époque où il n’était qu’un Salamèche, à l’époque où il n’avait aucune chance. Avant que l’équipe ADT n’intervienne, le monstre lui préparait une redoutable attaque. Bienheureusement, il fut sauvé à temps. Mais aujourd’hui, il comprit que…

- (Reptincel) … (Il m’aurait désintégré, à l’époque !)

- (Roitiflam) Allez, Salamèche… ou devrais-je plutôt dire Reptincel ! Montre-moi ce que tu es devenu, mon grand ! Essaie de me prouver que tu as bien fait de ne pas devenir le chef de la DDR !! Essaie de me prouver que TU NE LE REGRETTES PAS !!

Cette dernière phrase l’enragea. Lui qui avait failli trahir tous ses proches, ses amis, sa famille à cause de ce que Roitiflam voulait faire de lui, il péta un câble. Alors il lui fonça dessus, activa ses pouvoirs et se propulsa puissamment sur lui pour, en le cognant de plein fouet, l’envoyer s’encastrer dans un mur. Hélas, Roitiflam l’anticipa et se montra plus rapide en le bloquant dans les airs.

- (Roitiflam) Sois gentil… !

Enfin, il se montra plus puissant en le tirant directement vers le mur.

- (Roitiflam) ET NE ME FAIS PAS PERDRE PLUS D’ARGENT !!!

Finalement, c’est Reptincel qui s’encastra dans le mur. Roitiflam le cogna si fort qu’il le lui fit transpercer. Sa victime s’écrasa dans la rue, contre un autre immeuble. Il se brisa bon nombre de côtes et cracha du sang. Mais il devait se relever, il n’avait pas le choix. Le monstre marcha lentement vers lui. À chacun de ses pas, la fréquence cardiaque de l’explorateur continuait d’augmenter.

- (Roitiflam) J’ai déjà un mur à refaire construire. Enfin ce n’est pas si grave, j’ai la chance de n’être embêté par personne.

Il tenta de le cogner au sol, mais sa cible roula et l’esquiva de peu. Il se redressa à genoux, puis usa de ses pouvoirs pour se propulser et faire un salto arrière afin de prendre de la distance.

- (Roitiflam) Pas mal. Moi, je ne peux plus faire autant d’acrobatie, à mon âge.

Il lui tendit la paume de sa main.

- (Roitiflam) Est-ce que cela importe ?

Et lui élança une autre rafale enflammée. Reptincel tenta de l’encaisser en couvrant sa tête avec ses bras : ce sont eux qui brûlèrent au deuxième degré. Il avait mal, tellement mal. Mais il n’avait le temps d’hurler, au contraire, il devait agir maintenant.

Alors il refonça à la charge de la même manière, et Roitiflam se mit à rire. Puis, juste avant de l’atteindre, il se propulsa sur le mur d’à côté, et prit encore plus de hauteur en y provoquant une petite explosion. Il s’envola à bien dix mètres du sol. Il exécuta plusieurs salto avant, avant de cogner sa cible d’un talon en plein crâne. Il essaya de l’assommer sur le coup, mais à nouveau, le monstre se montra plus rapide en encaissant son attaque avec ses mains.

- (Reptincel) C… comment !?

- (Roitiflam) Presque, ah ah !!

Il l’agrippa par la mâchoire et l’encastra férocement dans le sol. Le bruit de l’impact se fit entendre dans tout le quartier, il explosa la pierre sur plusieurs mètres. Cette fois, le jeune adulte se fit presque briser la colonne vertébrale. En tout cas, son crâne en prit un sacré coup. Il voyait flou, pleurait en se crispant de partout et continuait à cracher du sang. Mais Roitiflam lui maintenait toujours la bouche, alors il commença à s’étouffer dans sa propre défaite.

- (Roitiflam) Si j’avais poursuivi ton entraînement, tu n’en serais pas à geindre pendant que mon genou…

Il s’appuya gravement sur son bassin, et Reptincel hurla.

- (Roitiflam) T’empêche d’avoir des enfants, ah ah ! Nan mais regarde-toi, cette vie te satisfait-elle vraiment plus que celle que je t’offrais ? Me courir après alors qu’aucun regard n’est sur toi… Qu’est-ce qui t’anime, au juste ?

Il lui libéra la bouche, et le jeune adulte vomit une flaque de sang. Il était essoufflé, gémissant à chaque souffle dans une voix tremblante et terrifiée.

- (Roitiflam) Tu essaies encore d’être un héros ? Cela fait des mois que tu es à Loliloville, et tu crois encore que Pharamp est ce héros de bande-dessinée que tu admirais tant ? Réveille-toi, même lui ne viendra jamais te sauver. Il n’a pas peur de moi, mais des quartiers pauvres. Il a peur parce qu’il a une image, voilà tout ce à quoi il pense !

- (Reptincel) C’est… *souffle* c’est faux… !

- (Roitiflam) … Tu te fourvoies si lamentablement, c’est désolant à constater.

Il se releva et bouscula sa victime d’un coup de pied, le tournant sur le ventre. Il s’abaissa, lui arracha d’un simple geste le reste de vêtements qui protégeait son dos, puis commença à faire chauffer son doigt.

- (Roitiflam) Voyons voir… pour graver la peau d’un Reptincel, je pense être obligé d’y aller à fond.

- (Reptincel) Qu… quoi… ?

Demanda-t-il troublé, avant de soudainement hurler à la mort. Le monstre lui transperça le bas gauche de son dos avec un doigt brûlant à plus de cent-cinquante degrés. Il tenta de se défendre, mais sa tête se fit maintenir par son autre gigantesque poing. Autrement dit, à chaque fois qu’il se débattait, il serrait toujours un peu plus. Alors il arrêta et trembla douloureusement sur place, au risque de se faire exploser le crâne.

Oui, même après toutes ces années, Reptincel n’avait aucune chance. Malgré tout le chemin parcouru, malgré toutes ses rencontres, affrontements, voyages, explorations de territoires sauvages dangereux, sauvetages et confrontations face à des centaines de hors-la-loi ; malgré le fait d’avoir survécu dans un autre monde vidé de ses rouages du temps, malgré le fait d’avoir affronté et achevé un Noctunoir surpuissant, malgré le fait d’avoir sauvé le monde…

Il restait toujours moins fort.

Et ça, Roitiflam s’assura de le lui faire comprendre à jamais. Il termina de graver la marque de sa défaite, il termina de lui graver sa signature : R-DDR qu’il barra une fois.

- (Roitiflam) Voilà ! La marque de ceux qui me survivent, elle te va sacrément bien !

De son autre main, il lui releva la tête tout en approchant la sienne.

- (Roitiflam) Que l’on se mette d’accord ; si ça ne tenait qu’à moi, tu serais déjà mort. Malheureusement, je te dois un laisser passer. Ce n’est pas pour te remercier, mais j’ai su apprécier ton geste, au test RS. J’aurai peut-être même tout oublié, si tu ne t’étais pas incrusté dans nos quartiers, à penser faire ce qui te semblait juste au lieu de fermer les yeux comme tout le monde. Mais bon, je t’en dois une ! Alors pour cette fois, c’est l’un de tes proches qui prendra à ta place.

Le jeune adulte écarquilla les yeux.

- (Roitiflam) Ne fais pas cette tête, tu l’as un peu cherché quand même. Tu as ton téléphone avec toi ?

Il fouilla ses poches et lui récupéra son engin.

- (Roitiflam) Ouf, il n’est pas cassé ! J’en aurai besoin plus tard, mais avant ça…

Il le remit à sa place.

- (Roitiflam) Je dois m’assurer qu’Hypnomade ne me trahira pas. Ce lâche n’a pas accepté de donner ses pouvoirs à nos machines. Mes hommes voulaient le forcer, mais j’ai préféré lui laisser le choix. Après tout, il fut mon bras droit pendant tant d’années ! Alors je lui ai demandé de m’aider à te retrouver et t’arrêter. Il devait jouer la comédie et t’emmener ici aujourd’hui, on peut dire que ça s’est plutôt bien passé. Mais ce n’est pas terminé, je veux qu’il m’apporte ton téléphone en main propre.

Reptincel crispa les dents, il s’était fait avoir.

- (Roitiflam) Maintenant que tu sais ça, il ne peut plus se cacher, hein ? M’enfin, je suis sûr qu’il reviendra. En attendant, je te conseille d’arrêter tes sorties le badge en poche. La prochaine fois, je n’aurai plus de retenue. Non seulement je t’éliminerai, mais je détruirai tout ce qui te restera, compris ? Bien… dans ce cas adieu, l’éclair rouge.

Il le lâcha finalement, s’essuyant les mains avant de rentrer comme si de rien n’était par le trou qu’il avait causé. Il laissa seul et gisant sur le sol un Reptincel aux portes de la mort. Il ne l’avait pas tué, mais il le laissait mourir, c’était tout comme. Néanmoins, un dernier brin d’adrénaline coulait dans ses veines. Ses jambes n’étaient pas brisées, il pouvait encore se déplacer. Alors il le fit malgré la douleur qu’il ne ressentait presque plus, à ce stade. Son sang coulait, il devait vite trouver une solution.

Il sortit son téléphone et tenta d’appeler quelqu’un, alors qu’il rampait désespérément vers une plus large rue. Sa vue était trop trouble, il appela un contact au hasard en espérant ne tomber ni sur Pifeuil, ni sur Pharamp.

- (Granbull) Reptincel… ?

Bienheureusement, ce fut Granbull.

- (Granbull) Allo ? Est-ce que tu m’entends ?

- (Reptincel) Quatre… ! *gémissements*

- (Granbull) Quoi ?

- (Reptincel) Quatre-vingt-quat…orze ! *gémissements* Quatre-vingt-quatorze rue Cra… *gémissements* Crabicoque… ! *souffles*

Le silence régna quelques instants.

- (Granbull) … J’arrive tout de suite !

Avant que son patron ne raccroche, accourant le plus vite possible à destination. Cela lui prit plus de vingt minutes, notamment parce qu’il ne sautait pas de toits en toits. Mais il y parvint, il trouva le jeune adulte en piteux état, mais en vie.

- (Granbull) Merde, Reptincel !!

Il s’approcha et le porta dans ses bras.

- (Granbull) Hé ! Hé !! Reste avec moi !!

- (Reptincel) … G… Granbull...

- (Granbull) T’inquiète pas, je vais t’sortir de là !

Exclama-t-il, en faisant demi-tour avec lui. Ce dernier n’arrivait plus à ouvrir les yeux, et seule une chose occupait son esprit. Il devait faire comprendre à Granbull qu’Hypnomade était un traitre.

- (Reptincel) R… *gémissements* refuge… *souffle* Refuge p… pour…

- (Granbull) Pour sans domicile fixe ? Le refuge pour SDF, c’est là-bas que tu veux que j’aille ?

Il lui hocha la tête avant de la coller contre sa poitrine, définitivement épuisé par ses blessures. Il tomba dans les vapes, mais Granbull savait où aller. En effet, Reptincel lui parlait souvent du refuge. Lui qui évitait de mentionner l’avant Loliloville, il aimait parler de Vaututrice et de comment elle transformait, elle aussi, les quartiers pauvres. Le truc, c’est que Reptincel lui a récemment vendu les qualités de la nouvelle partie : l’infirmerie. Granbull interpréta son message comme : « Amène-moi au refuge pour m’y faire soigner. », alors que Reptincel voulait lui dire : « Va au refuge pour trouver Hypnomade. ».

Dans tous les cas, il y alla à toute vitesse. Le quart d’heure d’après, il toqua violemment à la porte. Vaututrice ouvrit lentement et avec l’entrebâilleur, inquiète de celui qui avait mains et bras couverts de sang.

- (Granbull) Madame, s’il vous plaît… !

- (Vaututrice) Reptincel !?

Exclama-t-elle horrifiée, avant de fermer, retirer la chaîne puis rouvrir rapidement la porte.

- (Vaututrice) Vite, entrez !

Elle le guida vers l’infirmerie, passant par la salle commune dans laquelle Hypnomade s’y trouvait. Il les aperçu, l’air inquiet. Était-il sincère ou non ? En tout cas, il les rejoignit vers la pièce dans laquelle le garagiste entra en défonçant la porte d’un coup de boule, déposant le jeune adulte sur le premier lit à sa portée.

- (Vaututrice) Prenez une trousse de premier secours dans l’armoire là-bas ! Il faut que je prépare le respirateur !

- (Granbull) Ok !

- (Hypnomade) Je peux aider… ?

- (Vaututrice) Euh… oui, allumez le moniteur !

- (Granbull) J’ai la trousse de soin !

- (Vaututrice) Bien, enlevez-lui ses vêtements ! Hypnomade, les prises sont derrière le comptoir !

Bref, il fut très rapidement pris en charge. Ses soignants n’étaient pas des pros, mais Vaututrice se donna à fond et appliqua tout ce qu’elle avait appris de celui qu’elle devait sauver. Une fois sous assistance respiratoire, elle lui injecta du sang pendant que les deux autres stoppèrent les hémorragies, désinfectèrent et bandèrent les plus grosses blessures.

Ils en eurent terminé dix minutes plus tard, lorsque le pauvre explorateur était couvert de bandages. Son torse était enveloppé d’une épaisse crème apaisant les brûlures. Il dormait, pourtant, son corps continuait de trembler. Il transpirait abondamment malgré sa naturelle résistance à la chaleur. La marque qu’il avait dans le dos se voyait même à travers les bandes. Et quand Hypnomade l’aperçu, il baissa la tête et exprima du remord. Granbull s’en rendit compte, et il comptait bien l’interroger.

La demi-heure d’après, alors que Vaututrice terminait de s’occuper du blessé, les deux hommes se tenaient à l’entrée de l’infirmerie. La porte était fermée, ils pouvaient parler sans retenue. Et clairement, le garagiste qui tournait en rond poings fermés avait à se défouler, face à son vieil ami assis timidement sur une chaise.

- (Granbull) … C’est toi. C’est ta faute, s’il est dans cet état… !

- (Hypnomade) … Je ne pouvais pas savoir qu’il y trouverait Roitiflam.

- (Granbull) Comment tu peux savoir qu’il a affronté Roitiflam !?

- (Hypnomade) La marque, en bas de son dos. Je sais ce que ça fait…

Il releva sa manche droite, montrant l’exacte même signature à Granbull.

- (Granbull) Wow… c’est lui qui… ?

- (Hypnomade) Ça fait un mal de Ponchien. Ce jour-là, j’ai compris que je ne devais plus jamais le décevoir.

- (Granbull) Alors pourquoi tu es ici ?

Il mit bien plusieurs secondes à répondre.

- (Hypnomade) … Parce que j’ai fait mon choix, Granbull.

- (Granbull) Je t’écoute. Je veux t’entendre le dire.

- (Hypnomade) Quoi… ? À ton avis, pourquoi je t’ai demandé de me construire une bombe ?

- (Granbull) Je m’en moque.

- (Hypnomade) Je souhaitais faire exploser cet entrepôt ! J’avais prévenu Reptincel du danger, mais… !

- (Granbull) Hypnomade…

Il s’approcha, l’agrippant par le col.

- (Granbull) Qu’est-ce que tu comptes faire ?

- (Hypnomade) … Aider Reptincel. Je veux aider Reptincel.

Son interlocuteur le regarda fixement, l’air extrêmement sérieux.

- (Hypnomade) Je sais que tu le reconnais. Ce ton de voix, cette expression, je sais qu’elle te parle.

- (Granbull) Devrais-je encore l’attribuer à de la sincérité ?

- (Hypnomade) Ce n’est pas moi, qui me suis enfuis lâchement après m’être rendu compte de ma connerie. Qu’attendais-tu qu’on fasses avec une bombe ? Espèce d’imbécile, tu m’as tant déçu… !

- (Granbull) J’ai changé.

- (Hypnomade) Ouais, moi aussi.

Il lui toucha la main et la retira de son col.

- (Hypnomade) Mais ce n’est pas grâce à toi.

Et il s’en alla sur ces mots. Il resta dans le refuge, bien sûr, il avait toujours besoin du téléphone de Reptincel. Granbull avait raison de ne pas lui faire confiance, il décida de rester éveiller la nuit aux côtés de son assistant pour le protéger. Vaututrice partit se coucher, sachant pertinemment qu’il ne se réveillerait pas avant un bon moment.

Et en parlant de fatigue, celle du garagiste arriva de plus en plus sévèrement. Il se mouilla le visage à plusieurs reprises dans le lavabo de l’infirmerie, mais rien à faire, il se sentait assez brutalement épuisé. Alors il s’affala sur une chaise en gardant un œil ouvert sur Reptincel… avant de s’effondrer inconscient.

Hypnomade s’introduisit peu après.

- (Hypnomade) *soupir* Toujours aussi naïf, mon vieil ami.

Il s’approcha du garagiste, lui tapotant la tête sans qu’il ne puisse rien y faire.

- (Hypnomade) Tu m’as laissé l’opportunité de te toucher de manière crédible, de quoi t’hypnotiser discrètement ! Maintenant, vous êtes tous les deux impuissants, mes chers héros !

Clama-t-il, en se tournant vers l’éclair rouge.

- (Hypnomade) … Je pourrai te tuer maintenant, je ne vois pas pourquoi ça déplairait à Roitiflam. Mais il veut te faire souffrir… enfin te convaincre de ne plus récidiver, ce n’est pas pareil visiblement.

Il s’approcha de ses affaires, les fouilla et en sortit son téléphone.

- (Hypnomade) Il t’a cassé la gueule, je ne vois pas pourquoi il ne te l’a pas pris direct. Peut-être… voulait-il s’assurer que je ne le trahisse pas ? Ça me va, il m’a juré de me laisser tranquille si je le faisais, de toute façon. Alors sans rancune, Reptincel. Tu dois me comprendre, au fond.

Il s’apprêta à sortir, cette fois du refuge et pour de bon. Il lui tourna malgré tout un dernier regard.

- (Hypnomade) … C’est honorable à toi d’avoir risqué ta vie pour m’aider. Je plains celui qui souffrira de ton erreur.

Puis disparu pour de bon. Après ça, la nuit passa rapidement. Granbull se réveilla en sursaut, lorsque le soleil illumina la ville. Son premier réflexe fut de vérifier que Reptincel allait bien, le second de chercher Hypnomade.

Malheureusement, il fut déjà bien loin…

23 Janvier 236. C’est trois jours après l’incident, que Reptincel rouvrit pour la première fois les yeux, et il n’allait pas bien du tout. Certes, les douleurs crâniennes avaient disparu. Mais les autres le crispaient tout autant. Granbull était revenu pour l’occasion, et ça tombe bien, Vaututrice avait besoin de lui.

- (Granbull) Calme-toi, Reptincel !

Lui ordonnait-il, en le maintenant cloué au lit. Ce n’était pas bien compliqué, le type feu était encore vidé de ses forces. Pourtant, il se débattait du mieux qu’il le pouvait, l’air tout aussi paniqué qu’enragé.

- (Reptincel) Hypnomade… ! Il… *gémissements* il faut l’arrêter sur le champ !

- (Granbull) On ne peut pas, il s’est enfui !

- (Reptincel) Quoi… !?

Il tourna désespérément la tête dans tous les sens.

- (Reptincel) Mon… mon téléphone !

Granbull calma le mouvement en lui choyant le cou. Il avait les larmes aux yeux.

- (Granbull) Reptincel, je… je suis vraiment désolé. Je n’ai pas compris tout de suite, c’est ma faute s’il s’est échappé avec ton téléphone. Il… il a raison, je ne suis qu’un pauvre imbécile !

Son assistant le regarda droit dans les yeux, il se calma sans le savoir.

- (Reptincel) C’est… c’est ce qu’il vous a dit… ?

Il hocha la tête, mais Reptincel nia d’un mouvement de tête.

- (Reptincel) Granbull… vous m’avez sauvé la vie.

- (Granbull) Après l’avoir mis en danger. Rien de tout ça ne serait arrivé, si je n’avais pas construit cette foutue bombe… !

- (Reptincel) Non, ça n’a rien à voir.

Il lui tendit ses bras.

- (Reptincel) Ce n’est pas votre faute.

Et chaleureusement, Granbull l’enlaça. Cela rassura Vaututrice, qui constatait silencieusement sa fréquence cardiaque diminuer sur le moniteur. Globalement, ils essayaient de se rassurer. Mais au fond, ils savaient que rien n’allait en s’arrangeant.

Et effectivement, le pire survint le lendemain.

24 Janvier 236, huit heure trente du matin. Le téléphone du refuge sonna. Reptincel répondit, sachant pertinemment qu’il finirait par appeler. Le numéro du lieu n’était accessible qu’à ses membres, puisque Vaututrice le donnait à tous ceux qu’elle ramenait ici pour aider, loger ou nourrir.

- (Roitiflam) Déjà debout, hein… ?

Et Reptincel faisait partie des membres. Le chef de la DDR appelait avec son téléphone.

- (Reptincel) Roitiflam… !

- (Roitiflam) Je me demandais si je devais attendre encore un peu, mais Hypnomade m’a assuré que tu t’étais remis sur pieds. En quatre jours, laisse-moi deviner… hum… tu es en caleçon, couvert de bandages et avec une… ou non, pas de béquille, en fait. Je ne t’ai cassé aucune jambe.

Il l’entendit crisper les dents à travers l’appareil.

- (Roitiflam) Ah ah, c’est bon, on s’détend ! Je t’ai promis un laisser passer, tu te souviens ?

- (Reptincel) Laissez mes proches tranquille !

- (Roitiflam) Hé, moi aussi j’aurai préféré t’exploser le crâne, tu sais ? Mais je ne crains que tu ais compris ce que j’attends de toi.

- (Reptincel) Vous voulez que je vous laisse tranquille, c’est ça ?

- (Roitiflam) Ouais… !

- (Reptincel) Que j’arrête de jouer les justiciers, que je fasse taire le nom de l’éclair rouge en laissant la criminalité remonter !

- (Roitiflam) Tout à fait !

- (Reptincel) Vous voulez que je quitte les quartiers pauvres et devienne comme les autres, un aveugle qui n’agit que sous le regard des caméras !? Vous voulez que je fasse mine d’être un héros tout en prétendant ne jamais avoir entendu le nom de la DDR !?

- (Roitiflam) Exactement ! Tu vois quand tu v… !

- (Reptincel) ALLEZ CREVER EN ENFER !!!

Hurla-t-il de toutes ses forces. Tout le refuge l’entendit.

- (Reptincel) Que mes proches soient menacés ou non… ça ne m’arrêtera pas ! Rien ne m’arrêtera et jamais… au grand JAMAIS vous ne m’aurez au moral ! Il faudra m’achever, Roitiflam, parce que je vous traquerai jusqu’à la mort !!

Le silence régna quelques instants, avant que le soupirement du groin adverse ne se fasse entendre par l’appareil.

- (Roitiflam) … Donc tu n’as pas encore saisi. Bizarre, j’étais persuadé qu’un héros ferait tout pour garder son entourage en sécurité.

- (Reptincel) Vous n’avez aucune idée de qui m’entoure !

- (Roitiflam) Ah oui ? Et Pifeuil ?

Le jeune adulte écarquilla lentement les yeux.

- (Reptincel) Qu… quoi ?

- (Roitiflam) Oh, j’ai oublié de te dire que ces quatre jours d’attente me paraissaient être des années. Alors je me suis occupé, notamment en fouillant ce que j’avais sous la griffe comme ton téléphone, par exemple.

- (Reptincel) N… non… !

- (Roitiflam) Ton cher papa s’inquiète, tu sais ? Tu veux que je te lise tous les messages qu’il t’a envoyé, depuis que tu lui as fait croire que tu allais bien ; ou pouvons-nous directement passer à la partie où tu me supplies de ne pas m’en prendre à lui ?

- (Reptincel) Roitiflam…

- (Roitiflam) Quoi ?

Il tenta de se calmer. Malheureusement…

- (Reptincel) … Je vous tuerai.

La discussion était inutile, et il le savait. Le chef, lui, rigola aux éclats.

- (Roitiflam) Hâte de notre prochaine rencontre, alors ! En attendant… je pense m’occuper en payant comme il se doit tous ceux qui sont partis en direction de Bourg-Tranquille, ah ah !

Reptincel raccrocha en brutalisant le téléphone. À chaque fois qu’il pensait que ça ne pouvait pas être pire, les choses s’empiraient. À chaque fois qu’il tentait de ne pas perdre la boule, son adversaire en rajoutait une couche. Roitiflam avait une longueur d’avance, et le jeune adulte ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.

Pourquoi ? Parce que Pharamp l’avait prévenu, et ce depuis des mois.

- (Reptincel) Très bien… ? Je ne comprends pas l’offre, vous me parlez de quelque-chose que je comptais déjà faire.

- (Pharamp) Eh bien… tout d’abord, je veux que tu te fasses oublier de tous. Absolument tous. En d’autres termes… ton téléphone, je ne veux que mon numéro à l’intérieur. Supprime et bloque tous les autres, il faut les protéger coûte que coûte des esprits les plus malfaisants qui se cachent là-dedans.

- (Reptincel) … Je comprends.

Non, il ne comprenait pas. Lui qui s’était exécuté pour le numéro de tous ses amis, il resta bloqué sur celui de son père. Il procrastina, se prétextant à lui-même qu’il le supprimerait plus tard, quand il aura la force de n’avoir plus aucun soutien moral.

Mais cette force, jamais il ne la trouva. Et aujourd’hui, Pifeuil était en danger par sa faute, parce qu’il continuait à communiquer avec lui depuis des mois en fermant les yeux sur le danger que cela représentait pour son pauvre père.

Il devait le prévenir, il devait prévenir quelqu’un. Tout Bourg-Tranquille était en danger, il devait contacter les anciens membres de la Dream Team. Hélas, il ne se souvenait plus de leurs numéros. De même pour Pharamp, qui de toute façon ne décrocherait pas un numéro inconnu.

Frustré, il n’eut pas d’autres choix que d’y aller lui-même et seul, malgré son état catastrophique et assurément pas en condition de se déplacer. Mais il s’en fichait. Il fonça récupérer des vêtements à l’infirmerie puis quitta les lieux sans que Vaututrice ne s’en rende compte. Il titubait, mais devait malgré tout courir. Il trébucha mais se rattrapa à un poteau en quittant la rue, puis poursuivit avec un regard à la fois douloureux, anxieux, enragé et déterminé.

Il quitta les quartiers pauvres sans prévenir Pharamp, il ne le pouvait pas.

Il quitta Loliloville sans ne prévenir personne, il n’avait pas le temps.

Il fonça vers Bourg-Tranquille sans que ses blessures n’aient guéries, il n’avait pas le choix.

Et le désastre ne faisait que continuer…

Laisser un commentaire ?