Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 57 : Galetteuses festivités

13290 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/02/2022 00:42

      - Crocorible !! Crocorible !!

Hurla le public, en l’admirant massacrer ses adversaires sur le ring. Sa défaite face à Reptincel ne semblait pas avoir affecté son image, tout du moins plus depuis que ledit vainqueur se tenait droit, en costume et contre un pilier du bar en tant que garde du corps pour la boîte de nuit. Lui aussi admirait son patron, enfin quand il n’était pas occupé à virer des clients un peu trop névrosés. Mais cela le rendait agréable auprès des autres, il avait réussi à créer le sentiment de sécurité qu’espérais Crocorible, en l’embauchant.

À deux heures, lorsque la boîte ferma ses portes, il aida au rangement et au nettoyage avec Bétochef. Ce dernier ne lui adressait la parole que pour être désagréable, rien de nouveau là-dessus. Ceci-dit, il ne semblait plus désapprouver le choix de son patron, quant à l’idée d’avoir deux mains supplémentaires. Il paraissait moins fatigué.

Le patron, justement, les regroupa dans son bureau une fois les tâches terminées. Habituellement, il faisait les comptes et félicitait très généralement ses employés en présentant des chiffres qui ne cessaient d’augmenter. Mais ce soir-là, il commenta autre-chose :

- (Crocorible) Les fêtes de fin d’années approches, et nous sommes conviés.

- (Bétochef) Sérieux ? Moi qui pensais qu’ils nous ignoreraient à jamais.

- (Reptincel) Des gens vous invitent ?

- (Bétochef) T’es convié à venir te faire chier aussi, t’inquiète pas.

Son patron lui présenta un journal qui, en tête d’affiche, mentionnait « Le Regroupement des Artistes ».

- (Crocorible) L’entreprise Tous En Écaille Cœur, une filiale d’Avalanche, organise chaque année ce qu’ils appellent le Regroupement des Artistes. C’est une soirée entre Pokémon de la haute société qui se rencontrent, échangent et partagent leurs projets passés et futurs. Nous étions invités pour la première fois il y a trois ans par le chef à la tête de l’entreprise mère lui-même, sous prétexte que nous avions révolutionné l’approche du catch à un plus large public.

- (Bétochef) Il voulait dire auprès des gueux, très certainement.

- (Reptincel) Nous n’avons rien à voir avec la haute société, qu’est-ce que cela pourrait nous apporter ?

- (Bétochef) J’suis d’accord, pour une fois. Ma position ne change pas, ces gens-là ne mettront jamais un pied dans nos quartiers, alors à quoi bon venir faire la discute avec de gros richous de merde ?

- (Crocorible) Parce qu’en tant que représentant de la pauvreté à Loliloville, c’est-à-dire un tier des habitants, j’ai le devoir de me rendre le plus accessible possible aux opportunités de gens qui pourraient peut-être nous aider à l’avenir.

- (Bétochef) Bien sûr…

Marmonna-t-il sur un ton sarcastique.

- (Crocorible) Bétochef, améliorer notre image a toujours été ma priorité et tu le sais.

- (Bétochef) Ce n’est pas à vous que je reproche quoique ce soit, patron. Mais si nous tendre une main était sa véritable intention, ce foutu milliardaire ne nous aurait pas esquivé pendant deux ans ! Il revient vers nous uniquement à cause de lui !!

Il pointa Reptincel du doigt.

- (Reptincel) Qu’est-ce que j’ai encore fait… ?

- (Crocorible) Tu fais exactement ce pourquoi je t’ai embauché, tu améliores notre image.

- (Bétochef) Sauf que tu n’es pas des nôtres. Tu es ici depuis trois mois, tu ne sais pas ce qu’est la vraie pauvreté parce que tu n’es pas né dedans. Tu continues de jouer le prétendu mec sympa, qui aide autrui sans ne rien attendre en retour, qui fais mine de se foutre de tout, même du type qui chaque soir te pousse toujours un peu plus loin dans la provocation ! Mais personne ici n’est comme ça, tu te mens juste à toi-même ! Et ça, c’est de la putain d’hypocrisie !

- (Reptincel) C’est ça, ton problème avec moi ?

Il approcha sa tête de la sienne.

- (Bétochef) Je te ferai craquer, tu verras. Personne n’est aussi serviable sans cacher quelque chose de louche… !

- (Crocorible) Arrête, Bétochef.

Il reprit sa place d’un sourire narquois. Reptincel resta indifférent à son énième provocation.

- (Crocorible) De toute façon, il n’est pas question d’en discuter. Il est de mon devoir de m’y rendre et j’ai besoin de vous, alors vous viendrez. Ça ne durera qu’une courte soirée, vous serez payés comme d’habitude et si vous restez calme, tout se passera bien.

- (Reptincel) Entendu.

- (Bétochef) Ouais ouais, on se collera à vos pompes, on sait…

- (Crocorible) *soupir* Bien. Merci d’être venu ce soir et à demain, vous deux.

Une nouvelle journée se termina sur ces mots, ou plutôt commença. Reptincel rentra chez lui à trois heures, s’effondra sur son lit et se releva à sept pour se rendre en face, au garage Granbull. Oui, cela faisait plus de deux mois qu’il ne dormait que quatre heures par nuit, mais il tenait le coup.

Ses yeux se cernaient juste naturellement, désormais…

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 57 : Galetteuses festivités

 

Les égoutiers, même des quartiers pauvres ne travaillaient que jusqu’à vingt heure maximum. Pourtant, à deux-heure du matin le soir du 20 Décembre, un homme en combinaison étanche, au casque blanc et aux gants et bottes coriaces traversaient les canalisations. Son regard était vide. Il était grand, musclé, bipède, vert de peau et à l’imposante carapace beige. Deux immenses cornes la couvraient, alors que sa grande barbe blanche frottait la plaque métallique accrochée sur sa poitrine et sur laquelle le nom « Blindépique » résidait.

Pourtant…

- Grotadmorv ?

Ce n’est pas comme cela qu’elle l’appela. Qui ? Une agile femme, qui se discerna de l’ombre dans laquelle elle semblait s’y être noyée sans la moindre difficulté. Quadripède, elle s’avança d’une démarche à la fois élégante et stricte. Violet et jaune de fourrure, son regard de braise ne pouvait qu’hypnotiser, ou tétaniser. Sa queue était dressée telle une faux, tandis que ses accoutrements étaient légers et sombres.

- Mon nom est Léopardus, je travaille pour la DDR.

- (Blindépique) Je sais parfaitement qui vous êtes.

- (Léopardus) Alors pourquoi vous cachez-vous encore derrière cette solide carapace ? Ne connaissez-vous donc pas parole en or de l’organisation ? Je suis venue marchander.

Elle s’avança d’une patte, mais le colosse vert lui pointa ses vivaces griffes aiguisées.

- (Léopardus) Oh, mon chou, on n’accorde pas sa confiance facilement, hein ?

- (Blindépique) J’ai un passé compliqué.

- (Léopardus) Comme tout le monde ici, bienvenue chez les rejetés. Enfin je dis ça, mais même ici, tu es mis à l’écart. Physiquement inapte à la vie en société du fait de ce corps boueux, tu as toujours été seul.

- (Blindépique) Vous m’espionniez ?

- (Léopardus) Non, on a ouvert ton dossier hier. Disons que nous avons de la ressource.

- (Blindépique) Qu’est-ce que vous m’voulez ?

- (Léopardus) Tes compétences et ta détermination nous intéressent. Des contacts nous ont affirmé t’avoir aperçu, pour la dernière fois, prendre le chemin des vestiaires de la boîte de nuit de Crocorible. Tu comptais l’affronter, n’est-ce pas ?

- (Blindépique) Et j’allais gagner… mais ce salopard de gosse m’a devancé !

- (Léopardus) Et tu as essayé de le tuer, sans succès. Qui qu’il soit, il travaille désormais avec celui qui nous unit.

- (Blindépique) Quoi, Crocorible ? Qu’est-ce que vous lui voulez ?

- (Léopardus) Qu’il accepte sa nature. La DDR a besoin de lui, et elle lui fera entendre raison, qu’il le veuille ou non. Alors voici la situation : lui et ses deux gardes du corps passeront la nuit du nouvel an au musée Mime, à l’occasion du Regroupement des Artistes. Nous ne sommes pas encore sûr de leur venue, mais connaissant Crocorible, nul doute qu’il s’y rendra sans hésiter. Avec lui, donc, se trouveront Bétochef et ce fameux Reptincel. Le premier est décrit par nos contacts comme froid, distant, seul et aux idées extrémistes vis-à-vis de la répartition des richesses à Loliloville. En d’autres termes, le penser s’accorder à notre idéologie n’est pas anodin. Nous voulons que tu prennes possession de lui, fasse croire à son patron qu’il ne supporte pas cette soirée de richous et parte sous ses yeux nous rejoindre. S’il perd son plus fidèle allier sous ses yeux et pour cette raison, il s’affaiblira et commença à se trotter le nom de la DDR dans l’esprit.

- (Blindépique) Ok… ? Et Reptincel ?

- (Léopardus) Il ne nous intéresse pas. En fait, Roitiflam ne sait même pas qu’il travaille aussi pour Crocorible, c’est moi qui aie tenue à te le notifier. Je sais que tu le détestes, que tu as cherché à l’abattre. Alors par compassion, je t’offre une opportunité de l’approcher sous une autre apparence. Fais-en ce que tu souhaites, nous te laissons carte blanche.

- (Blindépique) Vraiment… ?

- (Léopardus) Parole de DDR. Tout ce que nous voulons, c’est convaincre Crocorible par l’intermédiaire d’un Bétochef possédé. Si tu y parviens, peu importe ce que tu commettras d’autre durant cette soirée, nous te pairons à la hauteur de ce que tu aurais dû gagner sans ce Reptincel, c’est-à-dire cinq mille Pokés.

- (Blindépique) … Hé hé hé… !

Soudainement, la combinaison du grand Pokémon commença à se tâcher au niveau du ventre. Une texture visqueuse semblait se glisser sous l’accoutrement du Pokémon, pendant qu’il s’écroula inconscient. Cette dernière se libéra et se reforma pour créer le tas de morve que Léopardus était originellement venue chercher. Il lui sourit d’un air malsain.

- (Grotadmorv) Évidemment, que je suis partant… !

- (Léopardus) Bien. Suis-moi.

Tous deux quittèrent les égouts, laissant un pauvre Blindépique seul et inconscient. Il fut retrouvé le lendemain, et hospitalisé pour une raison inconnue. Il ne se souvenait plus de rien.

31 Décembre 235, le dernier jour d’une année fructueuse. Reptincel quitta le garage quelques heures plus tôt, afin de se préparer correctement pour cette soirée qu’il n’avait pas hâte de passer.

- (Pifeuil) Dis, Pharamp est-il au courant ?

Demanda le père, alors que le fils étendait son linge, le téléphone coincé entre l’épaule et la joue.

- (Reptincel) Hum…

- (Pifeuil) C’est pas une réponse, ça !

- (Reptincel) Je crains qu’il me l’interdise ou me reproche de ne pas tenir parole.

- (Pifeuil) Tu l’crains… ? Tu crains Pharamp, le plus grand de tous les explorateurs que t’admirais tant quand tu mesurais cinq pommes ? Hé, si c’est pour t’mettre la pression, mieux vaut ne pas travailler ensemble !

- (Reptincel) Il fait ça pour mon bien. On ne compte pas le nombre de fois que je mets ma vie en danger par jour…

- (Pifeuil) Ouais, par contre on peut compter l’nombre de fois qu’il t’a aidé quand t’étais effectivement en danger : zéro !

- (Reptincel) Ah ah… Pifeuil, voyons, vous savez très bien que c’est plus compliqué que ça. Combien de fois je me serais fait tuer, si je n’avais pas écouté ses conseils ou suivis ses entraînements ?

- (Pifeuil) Oui, d’accord, j’exagère un peu. Mais je n’aime pas t’entendre dire ça, j’ai l’impression que t’es plus contrarié par ce type que par tous ceux qui t’menacent avec un couteau, et c’est pas normal ! Te menacer tout court non plus, d’ailleurs…

- (Reptincel) Ne vous en faites pas, Pharamp et moi nous entendons bien.

- (Pifeuil) Tant mieux. Peut-être qu’un jour, vous serez amenez à confronter deux visions différente d’une même situation. Quand ça arrivera, je veux que tu me promettes de ne pas te laisser faire sous prétexte que tu es l’élève, et lui le maître.

- (Reptincel) Ça n’arrivera jamais.

- (Pifeuil) Promets-le moi !

- (Reptincel) … Oui, je vous le promets, Pifeuil. Je ne vois pas comment ça peut arriver, mais je vous le promets.

- (Pifeuil) Bien. As-tu d’autres questions, où tu sauras étendre correctement tes t-shirts sans les froisser ?

- (Reptincel) Oui, euh… devrais-je prendre mon badge d’explorateur, ce soir ? Je ne compte pas le montrer à qui que ce soit en particulier, mais imaginons que des explorateurs nous embrouillent parce que… bah Crocorible et Bétochef sont discriminés.

- (Pifeuil) Non, surtout pas. Enfin je pense que c’est une mauvaise idée. Tu partageras le même rôle qu’eux ce, soir. Tu ne seras pas là-bas en tant qu’explorateur infiltré, mais bien en tant que représentant des quartiers pauvres. C’est terrible à dire, mais si une embrouille venait à arriver ; tu devras te et les défendre en tant que pauvre.

- (Reptincel) C’est-à-dire sans moyen de défense.

- (Pifeuil) Oui, en gros.

- (Reptincel) … Entendu.

- (Pifeuil) Mais n’y pensons pas, tout devrait bien se passer si vous vous comportez comme des adultes responsables, ce que vous êtes ! Bon, allez, va enfiler ton costard, fais-toi tout beau et impressionne tous les invités à cette soirée lunaire !

- (Reptincel) Comme quoi, j’entends parler d’Avalanche avant même de m’y intéresser.

- (Pifeuil) Je te l’avais dit !

- (Reptincel) C’est vrai, ah ah ! À l’année prochaine, Pifeuil !

- (Pifeuil) À l’année prochaine, mon grand bébé !

Au moins, il fut fixé. Il se prépara donc, enfila son costume durement nettoyé des odeurs d’alcool et de pisse, retroussa sa manche trouée et fit mine d’être élégant. Il laissa son badge d’explorateur à l’appartement, et sortit rejoindre son patron et collègue de boîte de nuit face au bâtiment.

Ils partirent tous les trois vers le musée Mime. Prenant tout d’abord le train jusque dans les quartiers riches, ils finirent la route à pied et furent bien les seuls. Un parking entier était réservé à tous les invités, évidemment tous venus en voiture et autres automobiles aux prix exorbitants. La place servant d’ouverture à la fondation était gigantesque. Le sol était taillé et peint, tandis que deux imposantes fontaines installées symétriquement jasaient une eau d’un bleu étincelant. Du monde occupait l’entrée : les flashs de leurs appareils aveuglaient l’attention.

- (Bétochef) Des putains de paparazzis. Voilà au moins un truc que j’suis bien content de n’pas voir dans nos quartiers.

- (Crocorible) Restez-là, je vais faire vérifier nos places.

Il s’avança, laissant les deux contendants seuls. Un silence s’imposa, avant que Bétochef ne soupir d’énervement.

- (Reptincel) Quoi ?

- (Bétochef) Ça va, j’ai l’droit d’râler pour autre chose que ta sale gueule ! Tout cet espace vide, il me répugne. Toutes les habitations que l’on pourrait construire à la place de ces foutues fontaines, les riches ne pensent vraiment qu’à eux !

Le type feu garda le silence.

- (Bétochef) Ouais, c’est bien ce qui m’semblait, tu trouves ça normal !

- (Reptincel) Non, je pense que tu as raison.

- (Bétochef) … Vraiment ?

- (Reptincel) Un logement pour les sans domicile fixe a ouvert récemment, t’en as entendu parler ? Au vu de tout ce que l’on peut faire avec si peu d’argent, je commence à me demander si toute cette esthétique est vraiment nécessaire.

- (Bétochef) Comment tu peux être au courant de combien la création du logement a coûté ? Attends, c’est toi qui… ?

- REGARDEZ, LES VOILÀ !!!

La surexcitation des paparazzis les empêcha de poursuivre leur conversation. Tous les regards, que ce soient des Pokémon ou des appareils étaient tournés vers la limousine qui s’était imposée sur la place du musée. Le chauffeur descendit ouvrir aux deux stars invitées et en tête d’affiche cette année.

- (Crocrodil) Loliloville bonsoir !!

Écria le batteur du très célèbre groupe Avec Elles. L’autre star, la guitariste et chanteuse, la plus célèbre, aimée et admirée à raison sortit en robe rouge, chaussures à talon et lunettes de soleil, prête aux flashs des appareils criblés sur elle.

- (Macronium) Bonsoir à tous !

Exclama-t-elle d’un entrain moins prononcé. Les paparazzis hurlèrent et se bousculèrent pour la photographier. Le boucan était monstre, et le groupe resta bien plusieurs minutes sur place pour calmer le jeu.

- (Bétochef) Ça… me… débecte ! Comment peut-on autant être en admiration face à quelqu’un ?

- (Reptincel) Crocorible a ses fans également.

- (Bétochef) Eux ne le criblent pas de photos !

- (Reptincel) Parce qu’ils n’ont pas les moyens d’en acheter un.

- (Bétochef) Même si c’était l’cas, ils l’admirent pour une raison évidente : il est leur seul moyen d’échappatoire. Ne va pas m’faire croire que ces connards avec leurs flashs font ça pour penser à autre chose que leur vie de merde ! Ah, et en l’acclamant sur le ring, ils ne l’empêchent pas de vivre.

- (Reptincel) … C’est vrai qu’ils leur bloquent la route pour les aveugler sans prévenir ni demander.

Il resta pensif quelques instants, avant de se tourner, le sourire aux lèvres, vers son collègue de nuit.

- (Reptincel) Hé, on vient de débattre sans insulter ni provoquer !

- (Bétochef) Ouais, j’attends ma médaille.

- (Reptincel) Tant qu’on y est, pouvons-nous revenir sur ce que tu m’as dit l’autre fois ?

- (Bétochef) Nan.

- (Reptincel) Avec du recul, je me suis senti un peu mal. C’est vraiment comme ça que tu me vois… ? Comme un hypocrite ?

- (Bétochef) Tu joues trop les gentils, les serviables. Pour ne toujours pas avoir été retrouvé mort dans un caniveau à poil, c’est que tu caches forcément quelque-chose de louche. Ça, et le fait que personne ne supporte une vie aussi merdique, c’est typiquement Pokémon de devoir défouler sa haine.

- (Reptincel) Je la défoule sur les bonnes personnes, Bétochef, et c’est ce qui nous différencie.

- (Bétochef) Sur les bonnes personnes, hein ? T’aurais pas un rapport avec la baisse de la criminalité, par hasard ?

- (Reptincel) Qu’est-ce que ça peut te faire ?

- Ah, les voilà !

Clama une voix bien différente du tas. Une voix solide comme la roche, froide comme l’acier et à l’intonation aussi indiscernable qu’un esprit psychique. Son corps était fait d’un acier bleu et luisant. Quadripède et à la corpulence d’une automobile, chacune de ses pattes étaient monstrueusement épaisses. Une croix grise en fer comblait son visage, alors que ses deux yeux aux contours noirs et pupilles rouges intimidaient tout autant qu’ils lui donnaient un charisme inégalé. Comme accoutrement, il portait un nœud papillon, un chapeau et une veste bleue. Enfin veste… ses pattes en étaient entourées, mais contrairement aux autres, il n’avait de parties du corps à cacher.

Crocorible était revenu avec lui, l’organisateur de la soirée, le patron de la filiale Tous En Écaille Cœur et donc le boss de l’entreprise Avalanche lui-même. Autrement-dit, un milliardaire, l’une des personnalités les plus importantes de la ville, si ce n’est du monde. Et il était là, face à deux pauvres qui se disputaient comme ils ne savaient que le faire.

- (Crocorible) Monsieur Métalosse a tenu à nous rencontrer en personne, alors un peu de respect !

- (Reptincel) Bonsoir, monsieur Métalosse !

- (Bétochef) Ouais, euh… bonsoir… !

Bétochef était gêné. Le milliardaire leur tendit à chacun une patte, qu’ils serrèrent avec leurs deux mains tellement elles étaient épaisses et lourdes. Lui leur souriait d’un air qui paraissait sincère.

- (Métalosse) Me voilà réjoui de votre venue ! Je ne pouvais pas ne pas penser à vous, depuis que les chiffres mentionnent une baisse des délits commis dans vos quartiers ! Bien sûr, cela a dû fortement impacter vos activités de catcheur, mon cher Crocorible !

- (Crocorible) Oui, il est évident qu’un climat de sécurité s’est installé dans notre boîte, depuis que Reptincel est parmi-nous.

Métalosse se tourna vers le concerné.

- (Métalosse) Alors vous en êtes la cause, hein ? J’aimerai beaucoup en apprendre plus sur vous !

- (Reptincel) Vraiment… ?

Bétochef le regarda d’un air assassin, et il le sentit.

- (Métalosse) Mais nous aurons l’occasion d’en reparler durant la soirée, bien évidemment. Sur ce, n’hésitez pas à entrer et profiter certes du festin, mais par-dessus tout de toutes les formidables rencontres que avez enfin l’occasion d’aborder !

- (Crocorible) Compris, et merci encore pour l’invitation.

Il les salua, avant de partir accueillir les deux stars toujours en shooting photo. Bétochef soupira à nouveau.

- (Bétochef) Qu’est-ce qui doit me faire vomir en premier ? Le fait qu’il ait dit de « formidables rencontres » pour parler de tous ces bobos de merdes que nous fuyons comme la peste, ou le fait qu’il pense Reptincel responsable de nos bonnes manières ?

- (Reptincel) Arrête, ce n’est pas ce qu’il a dit.

- (Bétochef) C’est ce que j’ai entendu.

- (Crocorible) Les gars…

- (Reptincel) Qu’est-ce que je dois faire pour que tu arrêtes de me lapider ?

- (Bétochef) Commence par donner la parole aux bonnes personnes !

- (Reptincel) Tu crois que j’y suis pour quelque chose !?

- (Crocorible) Ça suffit !! Par pitié, pour une putain de fois, ARRÊTEZ de vous disputer à tout bout de champ ! Êtes-vous incapable de comprendre à quel point cette soirée est importante pour moi !?

Les deux gardes du corps placèrent un regard navré sur leur patron, qui se cogna le front en se tournant vers l’entrée du musée.

- (Crocorible) Tenez-vous en à votre rôle et restez droits, justes, forts et stoïques tels les gardes du corps qui font de ma boîte un espace saint et apaisant. Dès que l’on passe ces portes, je ne veux plus entendre la moindre injure ou provocation de votre part, est-ce que c’est clair ?

- (Reptincel) Entendu.

- (Crocorible) Bétochef ?

- (Bétochef) Ouais ouais, c’est compris, patron…

- (Crocorible) Bien, entrons.

Ils s’exécutèrent, s’éloignant des journalistes pour changer drastiquement d’atmosphère. Le calme s’imposa brutalement, une fois les portes passées. Une légère et agréable musique classique ambiançait les environs, alors que tout un tas de Pokémon en costard discutaient dans différents groupes, se tenant tous droit, buvant leur vin droit et rigolant droitement telles des machines. L’espace était grand, il pouvait même être contourné pour notamment y trouver la seule chose qui intéressait Bétochef : le buffet à volonté. Crocorible s’élança courageusement vers de nouvelles têtes, tandis que Reptincel préféra dédier son attention aux œuvres du lieu.

Il ne voulait lui aussi qu’une chose : que le temps passe. Cela n’aurait certainement pas été le cas autrefois, mais depuis qu’il vit de l’autre côté de la ville, il ne pouvait se sentir à l’aise dans ce périmètre débordant d’argent. Il n’avait pas envie de rencontrer qui que ce soit et, à priori, c’était réciproque.

Alors il s’arrêta devant plusieurs tableaux : La Nuit étoilée, huile sur toile réalisé en 188 par un certain Queulorior jouant sur le symbolisme. La vue d’une ville de nuit qui de par son animation rendait le ciel vivant, cela attirait le jeune adulte. Il aurait aimé que Loliloville l’accueille ainsi.

Ensuite : Le Balcon, une autre huile sur toile d’Élecsprint, également appelé « Manectric » par le grand public. Comme son nom l’indiquait, il représentait un riche balcon duquel trois Pokémon accoutrés élégamment semblaient perdus, chacun pensif de son côtés, fixant un point extérieur du cadre que le jeune adulte ne pouvait que supposer. Il resta bien cinq minutes devant, à un point où quelqu’un s’avança à son niveau.

- Vous êtes attirés par celui-là, hein ?

- (Reptincel) Oui. L’homme au centre me… fait penser à quelqu’un.

Son riche interlocuteur pouffa de rire.

- Comme quoi, Manectric arrive bien à se trouver un public, ah ah ! Ce tableau ne raconte rien, aucun récit, aucune anecdote !

- (Reptincel) Ce n’est pas censé être personnel ? L’homme au centre à l’air de se remettre en question malgré un entourage que personne ne plaindrait. Ce tableau me touche.

- Et qu’est-ce qu’il vous évoque, jeune homme ?

- (Reptincel) … Le regret. J’aurai aimé qu’il soit comme cela.

Marmonna-t-il, avant de s’éloigner autant de l’œuvre que du narquois personnage. Il resta malgré tout dans le couloir dédié aux œuvres de Manectric. L’une d’entre elles le fit s’arrêter net, un grand tableau lui faisant lever la tête pour pleinement l’admirer. « Les coquelicots » de nom, il expose un champ de ces derniers sur une plaine verte, aux herbes hautes et arbustes en fonds, avec un ciel bleu et aux nuages confondus dans l’atmosphère. Deux Pokémon s’amusaient dans un coin de l’image. Qu’importe qu’ils étaient, le type feu s’en couvrit la bouche. Les larmes lui venaient, mais il les sécha avant même qu’elles ne lui descendent sur les joues.

Il savait exactement où l’œuvre fut conçue. Pourquoi ? Parce que c’est ici que Pikachu le consola, lorsqu’ils étaient fugitifs. Une époque bien lointaine, un temps où Loliloville paraissait être un paradis inatteignable, un temps où le jeune Salamèche avait une vision de l’amitié bien différente de nos jours.

Il aurait aimé ne pas changer aussi brutalement.

- (Métalosse) Mes chers amis, s’il vous plaît…

Le grand patron regroupa l’attention de tout le monde. Il se plaça au centre de la pièce, toujours aussi propre sur lui et élégant.

- (Métalosse) Tout le monde est là, ça y est. Je tiens à tous sincèrement vous remercier de vous être déplacés pour les festivités que j’entretiens chaque année. Les places manquent, et je sais que certains auraient aimés faire partie de cette soirée qui, à nouveau, montre toute la complicité des artistes de Loliloville ! Mais que suis-je, dans tout cela ?

Demanda-t-il ironiquement, son public rigola.

- (Métalosse) Vous savez, je me suis toujours battu pour rendre ce monde meilleur. Je souhaite vivre et vous faire vivre dans mon utopie, une utopie dans laquelle la criminalité est aussi inexistante que la faim dans le monde ! Mais il faut croire que même un bougre comme moi ne suffit pas. Qu’importe le nombre de filiales et associations je créerais, seul, c’est un combat perdu d’avance. Mais je ne suis pas seul… ! Si vous ne l’aviez toujours pas compris, tous ceux qui sont ici ont un jour participé au sauvetage du monde ! Que ce soit littéralement…

Commença-t-il, en pointant Macronium d’un bras.

- (Métalosse) Ou à travers la conception d’œuvres qui ont permis à beaucoup de s’identifier, de se reconnaitre, de se remettre en question ou simplement de tenir le coup. Parce que nous vivons une ère compliquée ; et vous, artistes de profession, nous permettez à tous d’apaiser notre esprit qui chaque jour s’amenuise de problèmes.

Il soupira un bon coup, avant de se tourner vers Reptincel.

- (Métalosse) Enfin, j’aimerai mettre en avant l’autre partie de Loliloville, celle dont on ne parle jamais.

Il commença à s’avancer.

- (Métalosse) Les regards ne sont placés sur eux que pour les mauvaises raisons, mais il faut savoir reconnaître leurs progrès également. Cela fait depuis le mois d’Octobre, que la criminalité est en baisse dans les quartiers pauvres. Aujourd’hui, elle est deux fois inférieure à ce que l’âge 235 aura connu de pire. Et qui fait entendre parler de lui depuis trois mois… ?

Il arriva face au concerné, sur qui tout le monde plaça enfin un regard. Macronium également, elle en écarquilla les yeux.

- (Macronium) … (Reptincel !? C’est… vraiment lui ?)

- (Métalosse) Vous représentez l’âge d’or de vos quartiers, jeune homme, continuez comme cela.

- (Reptincel) … Non, ce n’est pas vrai.

Rétorqua-t-il avec peu d’entrain.

- (Reptincel) Si je dois représenter un territoire, c’est celui-là.

Il pointa d’une griffe le tableau derrière lui.

- (Reptincel) Je suis un villageois, pas un pauvre.

- (Métalosse) N’avez-vous pas joué un rôle dans cette diminution ?

- (Reptincel) Moins que ceux qui subissent ces chiffres depuis des années. Vous voulez en savoir plus sur notre situation ? Alors demandez à quelqu’un qui sait ce que cela fait, d’être traité de monstre sans raison.

Il tourna l’attention vers Crocorible et Bétochef, tous deux soudainement gênés d’avoir le regard de tout un tas de gens qui, regroupés, atteindraient une somme dépassant celle du reste du monde.

Macronium leur porta un regard intrigué.

- (Crocorible) Euh… eh bien…

- (Bétochef) Ouais… c’est vrai que Crocorible est traité injustement.

Son garde du corps s’avança.

- (Bétochef) Il est l’symbole de nos quartiers, après tout, c’est LA personne sur qui vous pouvez vous permettre de jeter toutes vos pierres quand on fait les gros titres ! Paradoxalement, c’est l’un des seuls à ne pas mettre les pattes dans l’illégalité. On va pas s’mentir, vos reproches sont fondés. Mais c’est bien pour ça que j’l’admire ! Au lieu de voir un salopard voler l’sac d’une victime et de se dire : « il s’enrichie aussi facilement, j’ai envie de faire comme lui », il se dit sans hésiter : « il s’enrichie aussi facilement, j’ai envie de lui casser la gueule » ! Parce qu’il est hors de question qu’on s’abaisse à ce niveau antipathie ! Qu’importe à quel point notre vie est difficile, qu’importe à quel point vous nous enfoncerez toujours plus vers cette voie. Nous serons à jamais assez fort pour y résister !

Exclama-t-il d’un entrain bien plus prononcé. Ses mots étaient justes et réfléchis ; ce texte, il le préparait depuis des lustres. Et grâce à Reptincel, qui donna la parole aux bonnes personnes, il put enfin faire passer un message. Difficile d’interpréter l’effet que cela fit au public, mais ce qui est sûr, c’est que Macronium fut touchée.

- (Métalosse) Nous sommes là pour vous soutenir, mon ami. Et nous vous soutiendrons.

La fête reprit rapidement, alors que Bétochef s’écarta de la foule. Il avait besoin de prendre l’air, surtout après un tel discours. Quelques Pokémon vinrent saluer ses propos auprès de Crocorible, voire Reptincel. Mais Macronium resta à l’écart, timide à l’idée de faire comme si rien ne s’était passé.

De son côté, le grand gaillard sortit dans l’arrière-cour, un verre de vin à la main. Il s’agrippa contre une rambarde, buvant cul sec avant d’observer la nuit étoilée de Loliloville, définitivement moins animée que dans l’œuvre de Queulorior. Son expression laissait peser l’indifférence dans la beauté des lieux.

- (Bétochef) Pfff… tu parles d’un soutien… !

Il jeta son verre dans les buissons taillés servant de décoration au musée.

- (Bétochef) De tous ceux qui ne sont pas des nôtres, s’il y en a bien un seul qui fournit un quelconque effort pour nous…

Il posa la tête entre les bras, front collé contre la fraiche rambarde. Cela lui permettait de cacher au mieux le puissant sentiment de regret qui l’envahissait.

- (Bétochef) … C’est bien ce salopard de Reptincel…

Oui, il fut bien obligé de reconnaître son geste. Cela ne servirait certainement à rien, pensa-t-il, mais il fut écouté grâce à lui. Il resta plusieurs longues secondes dans cette position, seul et pensif quant à l’avenir. Il fut emporté par l’agréable vent frais, l’absence total de boucan et l’atmosphère allégée de ces quartiers de bourgeois. Tellement, qu’il ne sentit pas la présence qui s’approcha discrètement de lui. Une présence qui, une fois à ses pieds, bondit et s’accrocha brutalement à son dos.

- (Bétochef) Hein !?

Cette chose visqueuse s’éparpilla sur tout son corps, une partie rentrant dans ses vêtements pendant que l’autre lui couvrit la bouche.

- (Bétochef) HUUUM… !!

- (Grotadmorv) C’est bon, reste tranquille et tu t’en sortiras peut-être vivant, hé hé…

Il tenta de se débattre, mais ce fut rapidement inutile : Grotadmorv s’introduisit depuis son nombril, il en hurla de douleur. Il s’écroula, main sur le ventre en crispant les dents. Rien ne se passa… avant que ses yeux ne deviennent jaunes.

- (Reptincel) Bétochef… ?

Reptincel arriva dans l’arrière-cour, l’air perplexe vis-à-vis de son collègue à genoux et immobile face à l’horizon.

- (Reptincel) Tout va bien… ? Je t’ai cherché partout, je voulais savoir si…

- (Bétochef) Oh que oui, je vais bien !

Le grand gaillard se releva sèchement. Ses muscles étaient étrangement contractés, mais le type feu ne le remarqua pas tout de suite. Il concentra plutôt son attention sur son regard assassin, sur ses yeux qui, en plus d’avoir changés de couleur, s’intensifiaient de veines rouges.

- (Reptincel) Est-ce que ça va… ? Que se passe-t-il ?

- (Bétochef) Rien, je suis juste tellement… heureux… ! Hé… hé hé hé… !

Il s’avança en titubant, les poings fermés. Le jeune adulte recula de quelques pas. Quelque-chose clochait, et instinctivement, il se prépara à se défendre. Et effectivement, dès qu’il en eut la portée, Bétochef regroupa ses poings pour le frapper d’un uppercut surpuissant. Sa cible tenta de bloquer l’attaque, mais elle fut si redoutable qu’il se fit brutalement envoyer valser contre la porte en verre menant à l’arrière-cour.

Il la brisa évidemment en la traversant, s’éclatant le dos sur un tas de bouts de verre alors que tous les regards lui furent adressés. Certains sursautèrent, d’autres s’enfuirent carrément. Métalosse s’avança, sous le choc de l’incompréhension.

- (Reptincel) Non… ! Allez-vous en !!

- (Métalosse) Que se passe-t-il !?

Bétochef arriva en défonçant le reste la baie vitrée, terrorisant tous ceux qui aperçurent son expression de psychopathe.

- (Crocorible) Bétochef… !?

- Je le savais, les pauvres commettent un attentat !

- (Bétochef) C’est ça ! Un attentat d’enfer, hé hé hé !

- (Crocorible) Qu’est-ce qui te prend, arrête tout de suite !!

- (Bétochef) Oh que non, mec, j’vais même en profiter pour tout détruire ! C’est c’que les riches méritent, gloire à la DDR !!

Ce nom donna des frissons à tous. Le catcheur était sous le choc, Macronium perplexe, Reptincel énervé. Métalosse serra les griffes, il se mit en garde comme si il avait les capacités d’affronter un tel adversaire.

- (Métalosse) Je te laisse cinq secondes pour déguerpir d’ici… SUR LE CHAMP !!!

- (Bétochef) Oh… ? Le milliardaire veut s’battre ?

- (Reptincel) Espèce d’ordure… !

Marmonna le jeune adulte, se relevant en saut carpé. Il fonça tête baissée sur sa cible, qu’il emporta avec lui en l’agrippant par la taille. Il le sortit du bâtiment, et continua de le traîner le plus loin possible du musée. Métalosse et Crocorible restèrent immobiles, l’un dans l’incompréhension, l’autre bouleversé par les événements.

- (Macronium) Allez, il faut partir d’ici !!

Exclama la star, en les tirant par les bras. Les murs arrière de la fondation avaient trop endurés, une partie du bâtiment allait s’effondrer. Bétochef, de son côté, cogna violemment son adversaire dans les côtes. Il l’envoya valser à plusieurs mètres tout en lui infligeant, bien entendu, une douleur abominable.

- (Bétochef) Alors comme ça on cherche à les protéger, hein… ?

Le type feu se releva, le regard crispé de rage.

- (Reptincel) Ce n’est pas toi… ! Qui le possède !?

Demanda-t-il, en fouillant d’un regard agressif les alentours.

- (Bétochef) Oh, tu ne me reconnais pas ? J’espérai que mon rire me trahirait, m’enfin… !

Il fit exploser le sol avec sa surpuissance, l’impact fonça droit sur sa cible qui l’esquiva en bondissant sur un lampadaire.

- (Bétochef) Hé hé hé… ! J’ADORE CE CORPS !!!

Il se propulsa, tenta d’agripper Reptincel qui grimpa encore plus haut pour l’en empêcher. Tant pis, il maintint le lampadaire et le décrocha brusquement du sol, avant d’encastrer l’autre extrémité dans ce dernier pour forcer son adversaire à revenir à sa hauteur.

- (Bétochef) VIENS PAR-LÀ !!!

Il se propulsa, lui agrippa le visage et le fit racler le sol sur bien dix mètres, avant de l’envoyer valser contre un immeuble. Le jeune adulte se ressaisissait comme il le pouvait, mais celui qu’il tentait d’arrêter le surpassait en tout point : force brute, vitesse et endurance, la carrure de l’espèce le désavantageait par défaut.

- (Bétochef) Tu as ruiné toutes mes opportunités ! Maintenant, crève !!

Bétochef tenta de l’achever d’une sévère droite qui, à nouveau, fit trembler les alentours. Malheureusement pour lui, sa cible l’avait bloqué de toute justesse, s’en sortant avec quelques côtes de brisées seulement.

- (Bétochef) Hein… ? Toujours en vie !?

- (Reptincel) … C’est donc toi… ! Grotadmorv !!

Soudainement, le type feu répliqua d’un cracha enflammer en plein visage. L’explosion projeta Bétochef en arrière.

- (Reptincel) Ok… *souffle* Je ne sais pas comment il a pris possession de toi, mais Bétochef, tu dois te battre !!

- (Bétochef) Espèce d’imbécile, PERSONNE ne résiste à mon pouvoir ! Quoique tu fasses, tu ne pourras jamais me… !

Il s’auto-coupa d’un coup, comme si une envie de vomir lui venait. Il crispa les dents tout en se tenant le ventre.

- (Bétochef) Non… ! Ça suffit !!

- (Reptincel) Bétochef !!

- (Bétochef) C’EST MOI LE MAÎTRE !!!

Hurla, hélas, Grotadmorv. Il semblait avoir repris le dessus, et en profita pour immédiatement charger sa cible. Cette dernière le chargea à son tour, prête à lui faire face en y mettant toute sa force physique. Malheureusement et malgré toute sa volonté, Reptincel ne pouvait surprendre une montagne de muscle avec un corps aussi frêle. Il se fit donc emporter par le hors-la-loi qui, riant aux éclats face à sa domination, se servit de lui pour détruire tout ce qui se trouvait aux alentours : bouche d’égout, cabine téléphonique et voitures garées.

- (Bétochef) Hé hé hé, j’adore c’qui s’passe, j’veux qu’ça continu pendant des heures encore !! Tu sais quoi ? Allons-nous battre dans mon lieu de prédilection ! Là au moins, personne ne nous dérangera !!

Il sauta sur ses mots, agrippant Reptincel par la taille comme ce dernier l’avait fait plutôt. Mais cette fois, il visa le sol… et en y mettant tout sa force. Inutile de tergiverser, oui, il le transperça en se servant du type feu comme bouclier, atterrissant en un rien de temps dans les égouts de la ville.

Le jeune adulte tenta de se débattre, mais le corps de Bétochef était trop infaillible. Ses pitoyables coups de pieds pour se dégager ne menèrent à rien, au contraire, il se les fit attraper puis envoyer valser à cause d’eux. Et il enchaîna, encore, encore et encore. Coup de poing, uppercut jusqu’au plafond puis coup de pied en pleine mâchoire avant qu’il ne retombe.

Le type feu se faisait malmener. Il s’écroula après s’être fait envoyer valser dans un couloir dont le sol était couvert d’au moins trente centimètres d’eau. Il saignait et sa vue se troublait. Malgré tout, il se releva. Bétochef, de son côté, approcha le sourire aux lèvres.

- (Bétochef) Alors ? On sent la détresse monter ? Peut-être que si tu m’implores, je ne t’arracherai qu’un bras.

- (Reptincel) Je savais que t’étais plus fort que le patron, mais à ce point, ah ah… ! Tu m’impressionnes, Bétochef !

- (Bétochef) Hé, lui n’a rien fait ! C’est moi le plus fort !!

- (Reptincel) *souffle* … (Bon, je fais quoi maintenant ? Qu’importe toute l’expérience accumulée au cours de toutes ces années d’entraînements, la différence de carrure m’empêche de tenter quoique ce soit. C’est comme au Test RS, face à ce type, là… Rhinoféros. La différence est qu’ici, si je me rate, je crève.)

- (Bétochef) Allez, finissons-en !

Il s’apprêta à le charger une dernière fois. Reptincel, lui, ferma les yeux.

- (Reptincel) *souffle* (Ok, je n’ai plus le choix… !)

Soudainement, il fit exploser son pouvoir. Une aura enflammée l’entoura et commença à brûler son costard déjà bien amoché. Il devait contracter plus que jamais pour le maintenir éveillé, et cela se voyait. Bétochef, de son côté, écarquilla grandement les yeux.

- (Bétochef) Wow, pas mal ! Si tu crois que ça va m’retenir, par contre, tu peux t’foutre un doigt dans l’cul !

Il allait tout de même attaquer, Reptincel devait faire vite. Mais que devait-il faire avec un tel pouvoir ? Ses puissantes flammes, il ne les maîtrisait parce qu’elles n’avaient de limites, parce qu’elles mettaient autant l’attaquant que l’attaqué en danger de mort.

Et Reptincel ne voulait ni l’un, ni l’autre.

Alors il garda son calme.

- (Reptincel) *soupir* (Tout va bien se passer. Il est hors de question que j’abatte Bétochef, tout comme il est hors de question que je me brise un bras. Je ne suis pas bridé, j’use la puissance d’un Dracaufeu dans le corps d’un Reptincel, et il ne le supporte pas. Mais si je baisse l’intensité… si j’y vais plus doucement… plus doucement… plus doucement… !)

Lentement, ses flammes diminuèrent un peu en intensité.

- (Reptincel) … (Encore, fais un effort. Impose-toi ta propre limite, tu sais de quoi toi et lui êtes capables.)

- (Bétochef) J’arrive, hé hé hé !!

Le stress montait, c’était maintenant ou jamais. Pourtant, Reptincel resta calme. Il fit le vide dans sa tête.

..

.

« Rallie ton corps à ta cause. »

Et qu’est-ce que tu veux ?

- (Reptincel) … Arrêter Grotadmorv, et SAUVER BÉTOCHEF !!

Ses flammes disparurent soudainement. Reptincel rouvrit les yeux et se mit en garde. Bétochef était au-dessus de lui, prêt à le frapper de toutes ses forces. Il élança son coup, mais le jeune adulte l’esquiva. Il attrapa son bras, tourna sur lui-même…

- (Reptincel) YAAAH !!!

Et l’envoya puissamment valser contre un mur ! À l’instant où son mouvement parut improbable, à l’instant où un corps aussi frêle n’aurait dû pouvoir porter une telle montagne de muscles, une petite traînée enflammée traça, pour l’espace d’une petite seconde, le mouvement de ses deux bras. Bétochef s’écrasa, bouche bée. Reptincel aussi, l’était. Il regarda ses mains, tremblotant comme une feuille alors que l’enjaillement lui prenait.

- (Reptincel) J’hallucine, ça a marché !! Ah ah, génial !!

Exclama-t-il presque les larmes aux yeux, en repensant à ses plus rudes entraînements sur le continent Sud.

Belle journée d’été, en juillet 234. Au cœur des Bois aux Pommes, un jeune Reptincel laisse son pouvoir se déchaîner face à un Amphinobi observateur. L’élève n’était pas à l’aise, au contraire, il tremblait.

- (Amphinobi) Je croyais que les types feux ne transpiraient pas.

- (Reptincel) J’ai peur… !

- (Amphinobi) Pourquoi ? C’est ton pouvoir.

- (Reptincel) À cette puissance, si quoique ce soit me touche… tout explosera !

- (Amphinobi) Et alors ?

- (Reptincel) Et alors je me briserai les os !

- (Amphinobi) … Et alors ?

- (Reptincel) Et alors… je ne veux pas !!

Il referma la boîte de pandore, s’écroulant essouffler à genoux, alors que le reste de ses flammes s’évapora vers les cieux. Son maître approcha, l’air plus amené à trouver une solution plutôt que de lui apporter un soutien moral.

- (Reptincel) Je ne veux plus jamais ressentir cette sensation !! Je n’avais jamais eu aussi mal que lorsque j’ai mortellement blessé cet Airmure, que lorsque j’ai attaqué Roitiflam ou tenté de me défendre de Noctunoir ! D’ailleurs, je pourrais perdre mon bras droit, si je devais le remettre dans cet état !

- (Amphinobi) C’est pour ça, que tu pleures ?

Il lui releva la tête, exposant sans gêne ses larmes.

- (Amphinobi) Tu as un grand pouvoir, et tu préfères nier son existence plutôt que d’apprendre à l’utiliser. C’est grâce à cette douleur que tu es en vie, et le jour où tu n’auras plus d’autres choix que de la ressentir à nouveau ne cessera jamais d’arriver.

- (Reptincel) …

- (Amphinobi) Alors cesse d’en être terrifié.

- (Reptincel) Et comment… ? Même si j’accepte de recevoir la douleur, une telle puissance de frappe blessera mortellement presque tous les Pokémon que je serais amené à confronter !

- (Amphinobi) Dans ce cas, régule la puissance.

- (Reptincel) Je n’y arrive pas… !

- (Amphinobi) Parce que tu n’es pas serein avec tes propres capacités.

Il se releva, faisant face à un arbre sur lequel il prépara un jet aquatique.

- (Amphinobi) La puissance des capacités spéciales dépend des fortes émotions. Si ton esprit est calme et apaisé…

Il projeta un jet d’eau basique. Ni trop rapide, ni trop lent. Suffisamment puissant pour remuer l’arbre et y faire tomber une pomme, mais trop inoffensif pour laisser une trace sur le tronc, paralyser le lanceur ou le blesser.

- (Amphinobi) Alors tu ne tueras personne. En revanche… !

Il se concentra, contracta et élança en écriant avec ses deux mains un surpuissant shuriken aquatique. Il heurta l’arbre si fort qu’en plus d’en faire tomber toutes les pommes restantes, il grava à jamais une féroce cicatrice au sein du tronc.

- (Amphinobi) *souffle* Une attaque sous le coup de la colère changea drastiquement l’état de ta cible.

- (Reptincel) Wow… !

- (Amphinobi) Le problème, c’est que le traumatisme lié à ton pouvoir t’empêche d’être serein en l’activant.

- (Reptincel) Je vois… ! Dans ce cas, nous n’avons qu’à nous entraîner pour… !

- (Amphinobi) Certainement pas.

- (Reptincel) Mais… !

- (Amphinobi) Tes problèmes ne m’intéressent pas, encore moins si cela concerne les capacités spéciales. La mienne, c’est d’entraîner aux arts du corps-à-corps et rien d’autre ! Si tu veux vraiment apprendre à te contrôler, tu devras le faire seul.

- (Reptincel) Hum… entendu, maître. »

Il n’avait jamais eu le temps de se concentrer sur ce pouvoir, mais ce soir-là, il fut fixé. Voilà pourquoi il eut les larmes aux yeux, la clé d’une nouvelle puissance lui pendait sous le nez depuis tout ce temps. Finalement, il avait encore une bien belle marge de progression, avant de pouvoir évoluer. Mais cela lui satisfaisait, il en vint à sourire face à Bétochef.

- (Bétochef) Espèce de sombre inconscient… ! Tu te crois invincible parce que tu m’as anticipé ?

Il se redressa, refonçant bêtement à la charge en voulant en finir une bonne fois pour toute. Reptincel esquiva son premier coup mais se prit le second. Il s’agrippa cependant au poing adverse, qui l’attira vers sa cible qu’il cogna d’un coup de boule enflammé. Oui, même le crâne. Il ferma les yeux et resta calme, confiant vis-à-vis de ses capacités et de celles de l’adversaire. Lorsqu’il élança son coup, une traînée enflammée le poursuivit. Lorsque il frappa, une petite explosion retentie. Rien à voir avec autrefois, ici, elle ne servait que d’accompagnement à la contrattaque physique.

Ce n’était plus l’explosion d’une bombe qui tuait à petit feu son créateur, mais bien un boost qui accentuait la puissance de Reptincel. Et ce n’était pas tout. Alors que Bétochef était à genoux, il accourut vers lui et bondit. Mais à l’instant où son dernier pied quitta le sol, il força une petite explosion à se produire.

Cela le propulsa haut, très haut. Bien plus haut que lorsqu’il sautait, soit exactement comme lorsque Carabaffe utilisait ses jets d’eaux pour s’envoler et prendre l’avantage aérien. Reptincel l’enviait depuis des années… autant dire qu’il explosa de joie, en se voyant atteindre les mêmes distances que lui.

- (Reptincel) Ah ah ah… ! INCROYABLE !!

Cria-t-il, avant de se prendre le plafond des égouts. Il retomba douloureusement, mais toujours avec le sourire. On ne pouvait pas en dire autant pour son adversaire, qui hurla violemment de rage.

- (Bétochef) ÇA SUFFIT !!! D’OÙ TU SORS UN TEL POUVOIR, POURQUOI MAINTENANT !?

- (Reptincel) Je suis lent, c’est vrai. Mais maintenant, j’en suis sûr… !

Il lui tendit un poing.

- (Reptincel) Je suis plus fort que toi, Grotadmorv !

- (Bétochef) Espèce de sale… ! JE NE PERDRAI PAS MAINTENANT !!!

Désespéré, il lui sauta une dernière fois dessus. Il tenta de le frapper une multitude de fois, mais Reptincel avait cerné autant ses mouvements que ses pouvoirs. Il esquiva chacune de ses tentatives, avant de se rendre compte qu’il massacrait ses chaussures en enchaînant les petites explosions pour gagner en vitesse.

- (Reptincel) Oh, mince… !

- (Bétochef) CRÈVE !!!

Levant les deux poings en l’air, le hors-la-loi profita de la dernière ouverture qu’il trouva pour exploser le crâne de sa cible sur le coup. Mais deux traînées enflammées s’échappèrent des bras du type feu : il les fit déplacer à une vitesse folle, suffisamment pour bloquer à temps une attaque physique surpuissante sans rechigner.

- (Bétochef) C… comment !?

- (Reptincel) Là, toutes mes années d’entraînement rentrent en jeu !

Exclama-t-il, avant de le puissamment contrattaquer d’un coup de poing dans le ventre. Bien sûr, boosté et suivi d’une petite explosion, qui projeta pour la dernière fois son adversaire face contre terre. Il se redressa, les deux mains tremblantes sur sa nouvelle douleur. Reptincel n’avait pas frappé là pour rien et, d’un air répugnant, Bétochef vomit.

Il vomit une texture violette et, petit à petit, le reste sortit de son corps par tous les orifices pour se concentrer en face de lui. Le hors-la-loi reprit forme, aussi essoufflé que celui qu’il avait possédé. Il releva un regard horrifié vers son assaillant.

- (Reptincel) C’est terminé, Grotadmorv.

- (Grotadmorv) *souffle* Nan… ! Pitié, j’veux pas pourrir en prison !

- (Reptincel) … Il fallait y penser plutôt. Tu as essayé de nous tuer.

- (Grotadmorv) Je n’avais pas l’choix !! La DDR m’a forcé, je… ! Je peux utiliser mon pouvoir à bonne escient, je te le promets ! Imagine toutes les vies que je pourrai sauver, si j’infiltrai l’organisation ! Imagine un seul instant… si j’arrive à te dégoter l’adresse de Roitiflam !

Le jeune adulte écarquilla les yeux, perplexe quelques instants face à une proposition que jamais il n’aurait accepté. Mais entendre ce nom, celui de Roitiflam après tant de temps, le fait de savoir qu’il avait bel et bien reprit du service… cela le terrifia un court instant. Un instant suffisant au hors-la-loi, pour le surprendre et lui bondir dessus.

- (Grotadmorv) Hé hé… c’est gagné !

- (Reptincel) Non… ! Dégage !

Il tenta de le repousser, mais le corps gluant de son adversaire se colla à lui. Grotadmorv s’accrocha fermement, arrachant petit à petit son costard pour arriver jusqu’à son nombril.

- (Grotadmorv) Hâte de jouer avec ton pouvoir, il a l’air marrant !

- (Reptincel) Arrête !!

- (Grotadmorv) Hé hé hé… je ne te quitterai JAMAIS !!

Soudainement, quelque chose le tira en arrière. Les regards se tournèrent vers lui, vers Bétochef qui, d’un air enragé, récupéra et plaqua le hors-la-loi à terre. Reptincel en fut dégagé, il tomba les mains sur le ventre.

- (Reptincel) *gémissements* Bétochef… !

- (Grotadmorv) Toi !? Comment tu peux encore être… !?

- (Bétochef) On ne négociera jamais… !

Il ferma le poing.

- (Bétochef) AVEC LES CRIMINELS !!!

Hurla-t-il de toutes ses forces, avant de l’assommer sur le coup. L’impact fut si puissant qu’il fit trembler les alentours. Ce geste signa la fin de la confrontation : Grotadmorv était inconscient. Bétochef s’en éloigna, l’air répugné. Il tituba et s’écroula à genoux prêt de Reptincel, qui posa une main sur son épaule.

- (Reptincel) Hé… ! *souffle* Est-ce que ça va… ?

- (Bétochef) Pas plus que toi, j’ai l’impression… ! *souffle* J’t’ai bien défoncé, quand même…

- (Reptincel) Ce n’était pas toi, Bétochef.

- (Bétochef) Hé ! Ce connard en avait l’intention, mais la force était mienne !

- (Reptincel) J’avoue… ! T’as de sacrés crochets du droit, ah ah !

- (Bétochef) Ah ah ah… !

Les deux personnages rigolèrent sincèrement ensemble, ce fut bien la première fois.

- (Bétochef) Aïe… ! Arrête de m’faire rire, j’ai putain d’mal, merdeux !

- (Reptincel) Désolé, ah ah… aaah, moi aussi !

- (Bétochef) Ah ah, bien fait !

Ils rigolèrent douloureusement pendant bien une minute, tels deux imbéciles heureux.

- (Reptincel) Bon, allez, faut qu’on sorte d’ici… !

Le jeune adulte se releva en premier. Il tira Grotadmorv par un embout malheureusement gluant, puis emporta le grand gaillard sur son dos grâce à ses nouveaux pouvoirs.

- (Bétochef) Wow… ! Comment tu fais ça ?

- (Reptincel) L’entraînement.

Clama-t-il, en s’approchant de la sortie. Il ne chercha pas plus loin que le grand trou causé par la force physique de son collègue. D’un grand bond boosté par une petite explosion, il fit sortir tout le monde de là en un rien de temps.

- (Reptincel) Et voilà !

- (Bétochef) … Merci.

- Vite ! Le boucan a été signalé par-là !!

- Allez, on se dépêche ! Le type qui a fait ça a aussi défoncé le musée Mime !

Ce furent des paroles d’explorateurs, de plusieurs équipes, même.

- (Bétochef) Merde… ! J’ai aucune chance de m’en sortir, je vais finir ma putain d’vie en prison alors que j’ai toujours tout fait pour rester dans la légalité ! Fais chier, bordel… !

- (Reptincel) … Va-t’en.

- (Bétochef) Hein… ?

Reptincel le déposa, vérifiant qu’il pouvait encore marcher.

- (Reptincel) Allez, vite, hors d’ici !

- (Bétochef) Mais… et toi !?

- (Reptincel) T’as raison, je ne suis pas des vôtres ! Si on ne trouve que moi sur le champ de bataille, je peux t’assurer que les gros titres de demain n’accuseront pas les pauvres ! Alors file, tout de suite !!

Le grand gaillard était bouche bée, il tremblait à ne pas savoir quoi faire. Alors dans la précipitation, il écouta son collègue et s’en alla au plus vite vers ses quartiers, là où aucun explorateur ne le pourchasserait.

Puis, les équipes arrivèrent. Ils interceptèrent Reptincel et Grotadmorv, capturèrent le hors-la-loi et tinrent coupable le jeune adulte du désastre commis en ville. Si il avait pu leur prouver qu’il était explorateur, il s’en serait sorti.

Mais il n’avait pas son badge.

Une équipe fit mine de l’emmener au poste le plus proche. Il fut tiré par le peu de bouts de costard qu’il lui restait jusque dans une ruelle, où ses assaillants l’envoyèrent valser dans une poubelle. Il se cogna le crâne contre le béton.

- Regardez ça, les mecs, une pourriture de plus dans cette ville !

- Ton costard te va bien, surtout la partie qu’on voit pas ! Jolies abdos, tu comptais t’rendre aux putes ?

- On n’a pas l’argent, nous, ça t’dérangerait de nous servir vite fait, avant qu’on t’enferme à vie derrière les barreaux ?

- (Reptincel) … Qu… quoi… ?

Sa vue se troubla lentement. Il s’était pris le choc de trop, et la fatigue lui vint brusquement. Il semblerait que son corps ne se soit pas encore totalement habitué à une utilisation aussi productive de ses pouvoirs.

- Allez, tenez-le l’temps que j’lui dégage c’qui lui reste de tissu, ah ah !

- (Reptincel) Lâchez-moi… !

Il tenta de se défendre, mais il faisait déjà beaucoup d’efforts pour rester éveillé. Autrement dit, il allait se faire agresser par des « héros » sans ne rien pouvoir faire. Il ferma les yeux en espérant que tout cela se termine vite. Bienheureusement…

- (Macronium) HÉ !!!

La voix de son amie d’enfance l’empêcha de s’endormir dans la terreur. Tous les regards se tournèrent vers Macronium, qui s’avança une liane dans une main, son badge dans l’autre.

- (Macronium) Je vous laisse trois secondes pour vous éloigner de lui !!

- Hein… ? C’est bien la star Macronium… ? Qu’est-ce qu’elle fout là ?

- Oh, voyons, mademoiselle ! Nous savons tous que ce badge est un faux, alors laissez-nous faire notre travail tranqu…

La liane enroula son cou avant qu’il ne termine sa phrase de merde. Macronium l’envoya valser si violemment contre un mur qu’elle l’assomma sur le coup. Les deux autres n’eurent qu’à peine le temps de réagir, qu’elle leur planta une lame feuille fraichement conçue dans les genoux. La minute d’après, les trois explorateurs étaient attachés les uns contre les autres, prêts à passer le reste de LEURS jours derrière les barreaux.

La guitariste, de son côté, releva la victime avec tendresse.

- (Macronium) Tout va bien… ?

Il lui hocha timidement la tête, il n’avait presque plus rien sur la peau.

- (Macronium) Je suis désolée, j’aurai dû arriver plutôt. J’ai pensé juste qu’il faille avant tout protéger les invités d’une menace que tu avais déjà écarté, c’était stupide.

- (Reptincel) Non, tu as bien fait… *gémissements* Merci beaucoup, Macronium…

- (Macronium) Je m’occuperai d’eux après, d’abord je te raccompagne.

- (Reptincel) Non, surtout pas… ! On ne doit pas nous voir ensemble.

- (Macronium) Parce que… tu es dans le camp des pauvres, désormais ?

- (Reptincel) Et je m’y plais.

- (Macronium) … Bien. Je te comprends.

- (Reptincel) … Vraiment ?

- (Macronium) Oui, j’ai… révisé ma vision de la pauvreté à Loliloville. Après le discours de votre collègue, j’ai beaucoup discuté avec Crocorible. Je conçois que juger tous les pauvres de la même manière était malvenu, et j’en suis navrée. D’ailleurs… je suppose que Bétochef n’était pas lui-même ?

Le type feu nia d’un mouvement de tête.

- (Reptincel) Le vrai coupable a été emmené au poste, en espérant que l’on puisse éclaircir cette histoire aux yeux de tous.

- (Macronium) Comment s’appelle-t-il ?

- (Reptincel) … Grotadmorv.

- (Macronium) Entendue. Demain, tout le monde saura la vérité, je vais m’en occuper personnellement.

- (Reptincel) Quoi… sérieux ?

- (Macronium) Je te dois bien ça. De ton côté, promets-moi de te reposer et, bien sûr, de ne pas prendre trop de risques lorsque les gens t’appellent l’éclair rouge.

- (Reptincel) Oui, je te le promets. Merci pour tout, Macronium, tu me sauves vraiment la mise…

Ils s’enlacèrent chaleureusement. Cela faisait si longtemps que ces deux personnages, autrefois complices tel un frère auprès d’une sœur et inversement, ne s’étaient pas sincèrement exprimés l’un auprès de l’autre.

Finalement, ne pas prendre son badge ne fut pas un mauvais conseil. Il aura permis à trois ordures d’être démasquées, ainsi qu’à une relation de se réconcilier. Reptincel rentra donc dans les quartiers pauvres, préférant d’abord passer par la boîte de nuit plutôt que par chez lui. Il voulait s’assurer, malgré la fatigue, que Bétochef et Crocorible allaient bien.

Et ce fut le cas. Après avoir difficilement ouvert la porte et titubé dans le long couloir descendant jusqu’à la salle centrale, il trouva son collègue et patron seuls et inquiets. Ils s’échangèrent un regard qui ne trompait pas : rassuré, consolé, doux et amical.

- (Bétochef) Reptincel !!

- (Crocorible) Reptincel, est-ce que ça va !?

Demanda Crocorible en s’approchant.

- (Reptincel) Ouais. J’ai… oublié de… fermer à clé…

Il s’écroula, heureusement dans les bras de son patron qui le rattrapa à temps.

- (Crocorible) C’est bon, je te tiens… ! Bétochef, termine de ranger la salle, je…

- (Bétochef) Non, je vais m’en occuper.

Le grand gaillard s’avança et récupéra le jeune adulte dans ses bras, tout cela sous le regard perplexe, mais impressionné de celui qui ne souhaitait qu’une chose : que ses employés s’entendent bien. Il laissa donc Bétochef gagner ses compartiments. Il déposa le blessé dans son canapé, récupéra différentes trousses de secours et lui appliqua le nécessaire.

Reptincel crispa plusieurs fois les dents.

- (Bétochef) Ouais, c’est l’prix à payer quand on joue aux cons.

- (Reptincel) J’ai l’impression d’avoir plus subit après que pendant notre affrontement.

- (Bétochef) Les explorateurs t’ont tabassé… ?

- (Reptincel) Ils ont essayé d’abuser de moi.

- (Bétochef) Merde. Je savais que j’aurai dû rester.

- (Reptincel) Ne t’en fais pas, une amie est venue à mon secours.

- (Bétochef) C’est vrai ? *soupir* Tant mieux. Mais… tu ne pouvais vraiment pas te défendre, ou tu te laissais faire pour ne pas avoir d’emmerdes ?

- (Reptincel) Je voulais me défendre, mais j’étais H.S. Je saurai ne pas abuser de mes pouvoirs, la prochaine fois…

- (Bétochef) Tu t’es défoulé, c’est normal. Au moins, maintenant, j’sais c’que tu caches.

- (Reptincel) Et qu’est-ce que je cache… ?

- (Bétochef) Un joli surnom. J’me suis toujours dit que l’éclair rouge était un explorateur avec de sacrées couilles, pour oser agir seul dans l’interdit. Maintenant que j’sais qu’il bosse pour nous… pff… c’est même plus drôle !

- (Reptincel) Tu crois que je suis explorateur ?

- (Bétochef) Dis-moi la vérité.

Le jeune adulte détourna le regard.

- (Bétochef) Hé…

Mais Bétochef le recentra, cette fois avec une intonation moins agressive, moins narquoise, moins provocatrice que d’habitude. Il donnait l’impression d’avoir vraiment besoin de savoir la vérité.

- (Bétochef) S’il te plaît, dis-le moi.

- (Reptincel) … Oui, je suis explorateur.

- (Bétochef) … *soupir* Je l’savais.

- (Reptincel) Mais… je peux t’assurer que… jamais… jamais je ne vous ai rejoint dans le but de…

- (Bétochef) Nan, c’est bon, ne te justifie pas. Écoute, j’ai rien à cacher. J’pense que le patron non plus, en tout cas je lui accorde ma totale confiance. Et je sais pas si tu doutes encore, mais…

- (Reptincel) Non, je ne doute plus.

- (Bétochef) Je sais, c’était une question rhétorique. Après ce qui est arrivé ce soir, je sais que tu ne doutes plus. C’que j’voulais dire, c’est que… en fait, ça m’arrange. Je déteste les explorateurs parce qu’ils nous laissent crever, alors je vois pas pourquoi j’en détesterai un qui dédie sa vie à nous aider. Comme je l’ai dit, au lieu d’voir un salopard voler l’sac d’une victime et de se dire : « il s’enrichie aussi facilement, j’ai envie de faire comme lui », je préfère me dire…

- (Reptincel) « Il s’enrichie aussi facilement, j’ai envie de lui casser la gueule ».

- (Bétochef) T’as retenu mon discours… ? Ah ah, c’est sympa…

- (Reptincel) Il m’a touché. Tu sais, tu pourrais m’aider à faire diminuer la criminalité. Tu en as la force et la motivation.

- (Bétochef) Nan, j’veux pas avoir d’emmerdes avec les vraies menaces de nos quartiers. Déjà que je ne pourrai jamais plus sortir d’ici…

- (Reptincel) Tu penses… ?

- (Bétochef) Ils ne chercheront jamais à trouver le vrai coupable. Aux yeux du monde, je suis et serai à jamais l’invité pauvre qui trahi, attaque et détruit une partie du musée Mime. Ma vie est putain de détruite…

- (Reptincel) … Je suis vraiment désolé, Bétochef.

À priori, les choses allaient changer. Mais n’étant sûr de rien, Reptincel ne voulait pas faire de fausses promesses.

- (Bétochef) Ouais, du coup j’laisse ça au vrai gaillard de nos quartiers, ah ah !

Il lui tapota l’épaule telle une accolade amicale, mais Reptincel se crispa douloureusement.

- (Bétochef) Oh merde, pardon… !

- (Reptincel) T’inquiète, ah ah… !

Bref, il termina de le soigner.

- (Bétochef) *soupir* Bon, et pour Crocorible ? Est-ce que tu veux lui dire ?

- (Reptincel) Tu penses que c’est une bonne idée… ?

- (Bétochef) J’sais pas, lui a une autre relation avec les explorateurs. Je crois qu’il les déteste pour une autre raison.

- (Reptincel) Dans ce cas, gardons le secret pour nous… enfin si cela ne te dérange pas.

- (Bétochef) C’est toi l’chef. Là, tout ce dont je rêve, c’est d’aller me débarrasser de ces foutues odeurs d’égouts !

- (Reptincel) Ouais, moi aussi je veux… !

- (Bétochef) Nan nan nan, toi tu restes là.

Il récupéra une couverture et le couvrit avec.

- (Reptincel) J’ai un appart, Bétochef…

- (Bétochef) T’es pas capable de t’y rendre dans cet état, alors tu pionces ici ce soir.

- (Reptincel) Non, c’est hors de question. Je… je vais juste…

Il commença à se rendre compte que ce pauvre canapé restait plus confortable que son lamentable matelas.

- (Reptincel) Bon… je ferme les yeux cinq minutes et après je rentre.

- (Bétochef) Ouais, c’est ça, ah ah ! Allez, repose-toi bien, l’merdeux !

Il passa la nuit dans les compartiments de Crocorible. Clairement, ce fut une grosse soirée. Et ses conséquences furent, comme prévu par Macronium, bénéfiques aux trois gérants de la boîte de nuit.

Le lendemain, donc, tous les médias ne parlèrent que de cet incident au musée. Certains invités firent part de leurs craintes envers les pauvres suite à l’attaque de Bétochef, mais la grande star du groupe Avec Elles rétablit rapidement la vérité au grand jour.

« - (Macronium) J’ai réussi à prouver que Grotadmorv, trouvé inconscient et blessé sur le champ de bataille, était capable de prendre possession d’autrui. Des témoins l’ont aperçu s’approcher du musée hier soir, tandis qu’on ne ferait rajouter qu’une ligne de plus, sur son casier judiciaire, s’il fut bel et bien le responsable de ce massacre. De plus, nous avons récupéré une aiguille empoisonnée de Nidoking qu’il avait en sa possession. Il sera forcément jugé pour cela. Et s’il avoue le reste, alors peut-être le juge révisera-t-il la sentence à vie pour laquelle il sera évidemment condamné, le jour où nous trouverons la preuve de trop. »

Oui, pour faire avancer l’enquête, Reptincel confia à son amie la pique empoisonnée avec laquelle Grotadmorv avait originellement tenté de l’assassiner. Cela lui avait permis de revoir Macronium en bon état, tout du moins moins fatigué que lorsqu’elle le sauva. Elle apprit qu’il avait bloqué son numéro, et tenta de le convaincre de la débloquer. Néanmoins, il refusa malgré tout. Il tenait à ne pas rester en contact avec elle. Autrement dit, ils se séparaient en bons termes.

La semaine d’après, le gros titre des journaux bluffa Crocorible, mais surtout Bétochef.

« Grotadmorv AVOUE avoir possédé Bétochef ! »

Grâces aux efforts acharnés de la star, le hors-la-loi avait cédé sous la pression pour ne pas finir sa vie derrière les barreaux. Il fut tout de même condamné à trente ans de prison. Et concernant le garde du corps de Crocorible, il fut dédouané de toutes charges à son encontre. Il pleura de joie, il ne comprenait pas comment cela était possible.

Pour fêter ça, le patron et ses employés fermèrent exceptionnellement le bar un soir, pour ne se le réserver qu’à eux. Et cette soirée fut la meilleure de Bétochef. Il pouvait enfin relâcher la pression, il connaissait enfin cet agréable sentiment de pouvoir compter sur les autres, d’avoir de vrais amis.

Ah, et accessoirement, l’âge 236 débuta. Oui, l’année commença excessivement bien.

Quelques jours plus tard, Reptincel retrouva Pharamp au sommet du bar Limaspeed. Comme il s’y attendait :

- (Pharamp) Tu aurais dû me prévenir !! Bon sang, rien de tout ce qui est arrivé ne serait arrivé, si j’avais été là !

Le numéro un l’engueula pour ne pas avoir respecté leur promesse. Malgré tout, Reptincel tint à lui présenter ses progrès. Ce dernier avait énormément travaillé sur ses nouveaux pouvoirs. Comme avec la flamme jaillissant du bout de sa queue, il avait appris à ne plus brûler ce qu’il ne désirait pas, comme ses vêtements. Il avait gagné en endurance, ou plutôt appris à la gérer. Enfin, il s’était entraîné des heures à se déplacer dans ces nouvelles conditions, et bon sang qu’il allait vite. Au moins deux fois plus qu’auparavant, le fait de sauter plus haut aidait grandement un adepte des toits comme lui.

- (Pharamp) Très bien. Dans ce cas, affronte-moi.

- (Reptincel) Vraiment ?

- (Pharamp) Ouais. Voyons-voir à quel point tu es devenu fort en mettant ta vie et celle des autres en jeu !

Il se mit en garde, prêt à se donner à fond face à…

- (Pharamp) Partez !!

Écria Pharamp, avant de projeter un surpuissant éclair que sa cible n’eut pas même le temps d’anticiper. Il se le prit de plein fouet et frôla le vide, ce fut très humiliant et douloureux.

- (Pharamp) Voilà, fin du match !

- (Reptincel) *gémissements* C’est une blague… ?

- (Pharamp) J’espère que c’est clair, maintenant ! Ce n’est pas parce que tu es dans de vraies conditions dangereuses, que tu progresses plus vite qu’en t’entraînant en toute sécurité ! Parce que tu as joué aux cons, TU AS MIS LA VIE D’AUTRUI EN DANGER !!

Lui hurla-t-il les poings fermés.

- (Reptincel) Du calme, je… n’ai fait que réagir à une attaque terroriste… !

- (Pharamp) Je m’en moque, parce que j’aurai dû être au courant des jours avant.

Il se retourna d’un air hautin.

- (Pharamp) Vous m’énervez, toi et Carabaffe. La nouvelle génération ne comprend rien… ! La prochaine fois que tu agis contre le peu de règles que je te demande de respecter, nous mettrons un terme définitif à notre aventure !

Et il s’en alla sur ces mots. Reptincel se sentait coupable, il rentra chez lui tête baissée. Mais quand il en parla à Pifeuil, ce dernier le rassura. Selon lui, il avait fait ce qui était juste. Son fils aurait aimé être réconforté, hélas, la parole du numéro un des explorateurs semblait avoir un peu plus de valeur.

Tant pis, la vie continua malgré tout.

- (Léopardus) Oui, il fut pitoyable.

Clama sans gêne la criminelle, en s’enfonçant toujours plus profondément dans les quartiers pauvres, un soir de pleine lune. Elle était au téléphone avec un individu à la voix aussi grave que transperçant.

- Cela veut dire que ni Crocorible, ni son subordonné ne comptent se joindre à nous.

- (Léopardus) C’est dommage pour Bétochef, paraîtrait-il que sa force surpasse celle de son patron.

- Nous n’avons pas plus besoin de force brute que d’un symbole, pour cette dernière place au sein de l’équipe ultime. Crocorible représente nos quartiers, nous sommes obligés de le convertir à notre idéologie. Et si la tactique de Grotadmorv a échoué, alors nous n’avons qu’à passer au plan suivant.

- (Léopardus) Super. Excusez-moi trois secondes…

Elle poignarda un homme dans le dos, puis prit une photo de son cadavre.

- (Léopardus) C’est bon ! Alors, en quoi consiste-t-il ?

- Avant de s’y attaquer, j’aimerai m’assurer que tous nos plans ne tombent pas à l’eau à cause du même problème.

- (Léopardus) Ça dépend. Reptincel colle les miches de son patron aussi, donc bon…

- Reptincel… ?

- (Léopardus) Ah oui, c’est vrai que vous n’avez toujours pas été mis au courant. Crocorible a embauché un certain Reptincel. Il est jeune, c’est un p’tit nouveau dans les quartiers pauvres et visiblement, il se débrouille bien.

- Sans déconner.

Marmonna sèchement la voix.

- (Léopardus) Wow, c’est du sérieux là…

- Très bien, changement de plan. Avant de s’attaquer à la famille de Crocorible, on va trouver un moyen de rendre visite à celle de Reptincel.

- (Léopardus) Pourquoi ne pas simplement me proposer un contrat ?

- Parce qu’il est plus fort que toi.

- (Léopardus) Aïe ! Hé, ça fait mal à entendre ça, Roitiflam.

- (Roitiflam) En tout cas, il sait ce qu’il fait. Et puisque j’ai fait promettre au petit de ne pas… tout de suite… lever la main sur lui, je propose d’y aller doucement. Commençons par lui faire comprendre qui dirige vraiment les quartiers pauvres, hé hé hé… !

En attendant, le mal se prépare…

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