Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 54 : Nuisible routine

7364 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 06/02/2022 22:53

      - Arrêtez, je vous en supplie !!

- Personne ne t’sauvera, alors ferme ta gueule et laisse-toi faire !

Ils étaient cinq contre un. Les agresseurs rigolaient à gorge déployée, la victime pleurait à chaudes larmes. Mais le pire n’était pas plus l’acte que l’aspect routinier qui s’en dégageait, comme si dans ces étroites ruelles délabrées et qui ne laissaient le soleil les illuminer, la terreur régnait constamment.

Ce jour-là, en revanche, quelqu’un d’autre se joignit au groupe. Il était arrivé depuis les airs, après avoir bondit du sommet d’un immeuble sans avertir personne. En tout cas, son arrivée fut fracassante, tout du moins elle fracassa le dos de l’agresseur le plus avancé. Il surprit les quatre autres qui, peinant à dégainer un couteau sans tituber, se firent attraper à leur tour.

Le deuxième se fit briser une jambe puis envoyer en tant que projectile sur le troisième. Le quatrième se heurta à une boule de feu qui l’encastra dans un mur. Le cinquième tenta de le poignarder, mais se fit bloquer le poignet, serré si fort qu’il se fit désarmer tout en se le faisant briser, avant d’être assommé d’un coup de boule.

Le troisième se releva, constatant avec horreur le désastre soudain d’une routine. Il tenta de fuir, et y parvint effectivement. Il voltigea en dehors de la ruelle, inconscient après s’être fait brûler le dos face aux redoutables pouvoirs enflammés de son adversaire, de celui qui avait fait changer les choses à lui seul.

Il en avait les capacités, après tout ; c’était son devoir.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 54 : Nuisible routine

 

Les fondations commencèrent à trembler. C’était toujours le cas, quand le train passait. Un train ? C’est un ensemble de cabines attachées et défilant sur des rails pour y transporter et déplacer en un temps record tout un tas de gens. Dans les quartiers riches, il est souterrain pour ne pas déranger la population. De l’autre côté, qui avait quoique ce soit à en redire ?

Alors toutes les heures, les fondations tremblaient.

Ce jour-là, comme bien deux fois par semaine, trois voyageurs clandestins comptaient leur fortune sur le toit du dit moyen de transport, certainement trop coûteux pour s’y réchauffer confortablement.

- Ah ah ah ! C’était presque trop facile !

- J’savais qu’les explorateurs n’en avaient rien à foutre des cambriolages non filmés, mais le vivre, c’est tout autre chose !

- Et maintenant, nos poches sont pleines ! Vous savez c’que ça veut dire, les gars… ?

- Évidemment, direction le casino !!

- On va les défoncer, cette fois !

Hélas, un quatrième personnage se joignit au groupe. Il avait attendu que le train passe en-dessous d’un petit pont pour sauter, leur faisant face sans craindre ni la vitesse de l’engin, ni les équipements métalliques de ses interlocuteurs.

- Hein… ? T’es qui, toi ? Dégage !

Il s’approcha, ce qui les inquiéta au point de se relever en brandissant leurs armes.

- Tu veux approcher, t’es sûr !?

- On s’en fout, tirez !!

Ils s’exécutèrent, faisant tous les trois chauffer le réacteur de leurs armes pour y projeter des graines qui, à l’atterrissage, explosèrent brusquement. Le plafond du train s’en égratigna, une partie se troua même mais au moins, la cible avait disparu.

- Fiou… ! C’était qui, bordel !?

- Un explorateur, vous croyez… ?

- Pas moyen ! Aucun d’entre eux n’est assez stupide pour aller dans nos quartiers, surtout seul !

- Ouais, t’as raison. C’était sans doute un… AH !!

Hurla-t-il, en se prenant un soudain coup dans la nuque. Il s’écroula la seconde d’après, inconscient alors que la déchéance de sa figure laissa celle de son adversaire occuper la vue des deux autres qui, d’un air soudainement paniqué, le ciblèrent en tremblant.

- Ça suffit, laisse-nous tranquille !!

Il répondit en crachant une boule de feu à leurs pieds. L’explosion qui s’en découla engendra un nuage de fumée qui les aveugla quelques secondes à peine. Mais quelques secondes, c’est le temps qu’il lui fallut pour courir, bondir et cogner l’un d’entre eux d’un coup de pied en pleine mâchoire. Il frappa si fort qu’en plus de l’assommer, il le projeta en arrière tout en récupérant son arme pour pointer le dernier qui, désespéré, jeta bêtement la sienne avant de sauter du train en marche. Enfin d’essayer, parce que son assaillant tira sur le mur qui le devançait, et l’explosion qui suivit projeta en arrière celui qui avait voulu s’avancer tout en l’assommant sur le coup.

En d’autres termes, il avait arrêté les trois hors-la-loi sans quitter le train, que ce soit eux, leurs armes ou l’argent volé.

Il l’avait fait seul, parce qu’il en avait les capacités.

Lorsque Pharamp entra dans la ruelle menant au bar Limaspeed, huit Pokémon s’y trouvaient. Tous étaient blessés et attachés entre eux, tous étaient des hors-la-loi. À côté se trouvait un grand sac et des notes détaillées sur qui avait volé quoi, ainsi que des suppositions d’à qu’il fallait les rendre.

Le plus grand des explorateurs embarqua tout et repartit aussi rapidement.

À la vitesse de l’éclair, le sourire aux lèvres.

Le mois d’Octobre s’était déjà écoulé de moitié, depuis qu’un nouveau résident avait rejoint les quartiers pauvres. Ses voisins ne lui avaient jamais adressé la parole. Bien sûr, ils n’en avaient que faire, mais ce n’est pas comme si l’opportunité leur fut déjà présentée. En effet, le jeune adulte ne passait que rarement la porte de son logement. Il était toujours occupé, parfois même la nuit.

Pour quelqu’un qui n’avait toujours pas trouvé de travail, il était étonnement débordé, oui. Au moins, aujourd’hui, il connaissait sur le bout des griffes toutes les ruelles et intersections de ses quartiers. Normal, il s’y baladait constamment. Et deux semaines à faire cela, mêmes l’autre partie de la ville l’avait notifié :

« Pharamp arrête vingt-sept hors-la-loi en deux semaines ! », fut le gros titre des journaux, en cette fin de semaine-là. Le jeune adulte en avait trouvé un dans une poubelle. Cela l’avait surpris : il ne pensait pas que l’information passait jusqu’à chez-lui. En fait, elle n’était pas transmise mais reçue, et cela l’arrangeait.

En rentrant après une bonne journée de vadrouille, il entendit quelqu’un tousser dans le recoin d’une ruelle par laquelle il n’était passé qu’une seule fois depuis ce mi mois. Il s’approcha discrètement, avant de ne constater qu’un tas de Pokémon à l’état pitoyable, aux yeux cernés et couverts de détritus pour se couvrir du froid. Des sans domicile fixe, en somme. Il en avait perçu des dizaines dans les quartiers voisins, rien ne le surprenait. Mais il s’avança tout de même, fouillant ses poches avec peine.

- (Reptincel) Navré…

Marmonna-t-il, en glissant dix Pokés dans la réserve de l’un d’entre eux. Au vu de leur nombre, c’est comme s’il ne donnait qu’un pauvre sou à chaque personne qui, assurément, ne pourraient s’acheter quoique ce soit avec. Mais il n’avait plus, et cela ne dérangea personne.

- Merci beaucoup…

- (Reptincel) … Quel est votre nom ?

- Vaututrice

Beugla-t-elle avec difficulté. Elle paraissait être la cheffe du groupe, tout du moins la plus âgée. Mais les autres furent rassurés de la voir récupérer le billet, comme s’ils savaient qu’elle en ferait usage pour tous.

Physiquement, ses pauvres ailes noires étaient plus comblées de poussières et d’égratignures que de plumes. Un os servait à attacher sa crinière, sa fourrure servait à la couvrir plus que ses accoutrements. Tout cela avait convaincu le type feu.

- (Reptincel) Vous devez tenir le coup.

- (Vaututrice) Dites plutôt ça aux autres… *tousse* Ils n’ont jamais eu la chance d’être correctement logé.

- (Reptincel) Vous vous occupez d’eux ?

- (Vaututrice) J’essaie.

- (Reptincel) C’est déjà beaucoup.

Il se redressa les poings fermés.

- (Reptincel) Je reviendrai, promis.

- (Vaututrice) Une promesse au nom de qui… ?

- (Reptincel) … Reptincel.

Elle lui hocha la tête, et il rentra chez lui.

La porte de son appartement se bloquait toujours à mi-chemin, quand il l’ouvrait. Il devait ensuite la maintenir plusieurs secondes refermée, tout en gigotant la poignée jusqu’à entendre la pénétration du verrou dans son encadrement. Oui, c’est embarrassant. Au moins, il était chez lui.

Il balança son sac rempli de cordes trouvées dans la rue pour attacher les hors-la-loi par terre, le manteau marron et l’écharpe noire qu’il avait acheté récemment sur son lit, enleva ses chaussures, débrancha son congélateur de la seule prise électrique pour y recharger son téléphone puis gagna la salle de bain pour se retrousser les manches, se laver les mains puis se tourner vers la baignoire. Un fil de linge était accroché dessus, faisant pendre ses caleçons, chaussettes et t-shirts secs. Il les plia et les rangea sur des planches de bois récupérées elles aussi dans la rue, nettoyées et accrochées au mur pour servir d’étagères.

Une écharde se planta dans sa main alors qu’il déposait ses vêtements, il en crispa les dents avant de la retirer d’un coup sec.

Puis, il retourna vers l’entrée. Sous le porte-manteau se trouvaient des vis et un marteau qu’il attrapa, avant de reprendre la réparation entamée le soir dernier du dit patère. Disons qu’il tanguait et, de toute façon, il était beaucoup trop bas. Ses affaires nageaient dans la moisissure. Alors il le décrocha pour le replanter plus haut, non sans faire trembler le mur qu’il cognait. Le quart d’heure d’après, il put enfin déposer ses accoutrements ailleurs que sur son lit… enfin son matelas posé face contre terre. Il avait acheté un oreiller et trouvé une vielle couverture crasseuse dans les poubelles. Une fois nettoyée, on pouvait presque croire qu’il avait un vrai lit. Mais cela lui convenait : le tas de paille à la guilde l’avait habitué à tout.

Il s’y posa donc, son enveloppe en main. Ce soir-là, il fit les comptes : Pifeuil lui avait donné mille-deux-cents Pokés. Il en avait dépensé soixante-cinq dans l’achat de tous ses accoutrements, quinze pour l’oreiller, produits d’hygiènes et fil de lingerie, dix pour le marteau, dix-sept pour la nourriture et avait donné trente-cinq à des SDF. Au total, donc, il avait dépensé cent-quarante-deux Pokés. Le logement lui prendrait cent-trente-cinq minimum à la fin du mois mais, avec la facture d’eau et d’électricité en plus, il devait facile atteindre les deux-cents. En d’autres termes, c’est comme s’il ne lui restait que huit-cent-cinquante-huit.

Et il n’avait toujours pas commencé à chercher du travail.

Il s’écroula sur son lit, épuisé par sa vadrouille et, par-dessus tout, le stresse de voir son solde baisser à vue d’œil. Il avait bien quelques idées en tête, mais n’osait s’élancer par peur de ne pas être à la hauteur. Il était un explorateur forcé à gagner de l’argent autrement, après tout.

Cette peur, il la confia à son père.

- (Pifeuil) Mon grand… s’il y a bien une chose qu’on n’peut pas r’procher à la guilde, c’est d’vous avoir formé dans tout un tas d’domaines ! Serveur, agriculteur, baby-sitter, coursier en terres sauvages, tu sais tout faire !

- (Reptincel) J’esquive les bars depuis que j’ai habité celui de Limaspeed, je ne veux pas que Raichu me retrouve. Il n’y a ni de zones de récoltes, ni d’orphelinat dans ces quartiers. Et je ne veux pas demander à des gens qui n’ont pas d’argent de me payer pour leur trouver des ressources hors de la ville, je n’ai d’ailleurs pas le droit d’en sortir.

- (Pifeuil) Hum, c’est compliqué. Et le mécano en face de chez toi ?

- (Reptincel) Euh… je ne l’ai toujours pas approché.

- (Pifeuil) C’est l’moment de l’faire ! Propose-lui d’être son assistant !

- (Reptincel) Je n’y connais rien en mécanique, Pifeuil…

- (Pifeuil) Comme quatre-vingt-dix-neuf pourcents des Pokémon, boudiou ! C’est pour ça que c’est calme autour de chez toi, parce que le seul mec à y bosser le fait seul ! J’suis persuadé que des mains en plus pourraient l’aider, propose-lui et tu verras bien !

- (Reptincel) Hum… ce qui est sûr est que je n’aurais rien sans tenter.

- (Pifeuil) Exactement ! Même s’il te propose un salaire inférieur au stricte minimum, tu devrais l’accepter. Personne ne s’est jamais emmerdé à calculer le SMIC des quartiers pauvres, mais à mon avis t’auras à peine de quoi payer ton loyer. Ceci-dit… ce sera toujours mieux que de tourner en rond en attendant la facture, tu ne crois pas ?

- (Reptincel) C’est clair. Je le fais demain et vous en redonne des nouvelles après.

- (Pifeuil) Très bien ! Bonne chance, mon grand !

Il raccrocha, soupira puis se prépara rapidement à dormir. Il se déshabilla tout en engloutissant quelques fruits, se nettoya dans son lavabo pour ne pas avoir à utiliser trop d’eau, se lava les dents puis plongea ses vêtements dans une eau moussée qu’il frotta longuement avant de les étendre au-dessus de sa baignoire, pour finalement s’effondrer sur son lit.

Quand il rouvrit les yeux, il fut déjà six heure. Il tituba en se relevant, se rattrapa à la fenêtre et laissa son équilibre revenir, avant de l’ouvrir pour laisser la fraicheur externe envahir son appartement. Les lueurs du soleil ne se faufilaient pas jusqu’à lui, cela rendait la vue terriblement triste et monotone, en plus de lui faire perdre la notion du temps. Bienheureusement, son téléphone lui indiquait constamment l’heure. Il se prépara donc à rejoindre la bâtiment d’en face d’ici la septième heure de la journée.

Il savait que le mécanicien de la ville bossait dès cette heure. Oui, celui non pas de sa rue ou des quartiers pauvres, mais bien de tout Loliloville. Le reste des mécanos travaillaient dans le plus grand des laboratoires, là où Lucario l’avait invité. Mais de ce qu’il vit des différentes cartes de la ville, un seul bâtiment était répertorié en tant qu’atelier de réparation mécanique, et c’était devant chez lui. Voilà pourquoi la rue était calme malgré ce fait : aucun riche de va dans les quartiers pauvres. Et les autres, avaient-ils besoin d’un telle offre non loin de chez eux ? Ça, Reptincel allait bientôt le découvrir.

Déjà, la structure était identique à la sienne. Immeuble d’un étage aux murs crades et délabrés. Cependant, le rez-de-chaussée était différent : la porte d’entrée était sur le côté gauche, tandis que le reste était occupé par une grande entrée dont la porte coulissante était surélevée. Le jeune adulte voyait tout l’intérieur d’ici, il pouvait et devait même y accéder, s’il voulait rencontrer ledit mécano sur son lieu de travail. Une pancarte l’accueilli : « Garage Granbull, du téléphone à l’automobile ». Il s’avança encore, traversant l’entrée en jetant un regard aux étagères à ses côtés. Des tas de composants métalliques étaient éparpillés partout, il ne connaissait aucun d’entre eux. La pièce était entourée de ce genre de bibliothèques, bourrées de caisses à outils et autres bricoles. Une porte se trouvait au fond à gauche, des établis à droite tandis qu’au centre reposait un gigantesque engin. C’était une voiture, il la reconnaissait car le modèle était le même que celui que conduisait l’agréable Pokémon qui – à défaut de l’avoir presque renversé – lui écriait toutes ses condoléances, le jour de son arrivée en ville.

Il entendait, depuis un moment maintenant, le grincement d’une vis se resserrer au contact d’une clé à molette. Elle venait de la voiture, ou plutôt d’en dessous. En s’abaissant, il comprit qu’elle était surélevée par des pieds métalliques et qu’un Pokémon se trouvait allongé dessous, sur une planche à roulette alors qu’il semblait extrêmement concentré sur ce qu’il faisait. En tout cas, il n’avait toujours pas entendu le type feu, qui s’approcha jusqu’à ses jambes qui, elles ainsi que ses pieds nus, épais et d’un violet clair qu’il n’avait encore jamais vu, dépassaient de l’engin. Enfin… le dessus du pied, parce que le dessous était évidemment couvert de crasse.

- (Reptincel) Bonjour !

Sa voix se refit rapidement dominer par la vis. En d’autres termes, le silence régna.

- (Reptincel) Euh… excusez-moi ?

Le type en dessous ne réagissait toujours pas. L’ignorait-il réellement ?

- *snif* … *SNIF*

Respira-il soudainement, avant de brutalement étirer la planche à roulette vers l’extérieur de l’engin, faisant découvrir sa bouille en même temps qu’il plaça son regard sur celui du jeune adulte. Lui paraissait plus âgé, environ la trentaine. Ce n’était qu’un Pokémon bipède avec deux bras et jambes, pourtant, il en imposait. À vrai dire, il était physiquement très impressionnant, Reptincel en recula d’un pas. Sa mâchoire aussi, était gigantesque. Deux énormes crocs dominaient chaque côtés de cette dernière, leurs sommets pointus atteignaient presque ses oreilles. Ses oreilles, justement, étaient larges et tombantes. Il les tripota pour en sortir des bouchons de bouteilles de vin, voilà pourquoi il ne l’avait entendu. Mais… pourquoi se couvrir l’ouïe ? Pour en finir avec le visage, ses yeux cernés paraissaient naturellement froncés. Ou peut-être était-il simplement ennuyé par la présence du lézard enflammé ? Non, il levait un sourcil, il devait donc juste être très fatigué.

- Une nouvelle odeur… ?

Marmonna-t-il d’une voix suave, presque reposante. Il déposa son outil tout en se redressant contre la voiture, l’air peu impressionné. Reptincel en profita pour dévisager sa combinaison bleue sur laquelle des tâches noires étaient éparpillées un peu partout. Il couvrait son corps de la nuque aux chevilles, des épaules aux poignets. Ces derniers étaient entourés, tout comme son cou, de bracelets noirs et métalliques qui paraissaient extrêmement lourds. Le collier, en particulier, était assez balèze.

- Tu t’es perdu, gamin ?

- (Reptincel) Pardon… ?

Le jeune adulte cligna plusieurs fois des yeux, se ressaisissant rapidement.

- (Reptincel) Non, et j’ai dix-huit ans.

- Ouais, t’es un gamin.

- (Reptincel) Vous êtes monsieur Granbull, le mécanicien ?

- (Granbull) En personne. Par contre je suis garagiste, mets-toi à jour.

- (Reptincel) Il y a une différence ?

- (Granbull) Ouais, ça attire les riches.

Il se releva complètement, prenant le temps de soupirer une fois sur pied avant de regarder de haut – de par ses deux mètres – son interlocuteur étonnement peu intimidé.

- (Granbull) D’où tu viens ?

- (Reptincel) D’en face.

Clama-t-il en pointant d’un pouce l’extérieur vague du garage. Granbull pouffa du museau.

- (Granbull) Et avant ?

- (Reptincel) Pourquoi ça vous intéresse ?

- (Granbull) L’odeur. Mais t’as raison, j’m’en cogne, j’veux juste savoir si t’as du fric ou si tu m’dérange pour rien.

- (Reptincel) À vous de voir. J’ai des mains et une motivation d’acier.

Tenta-t-il en lui montrant ses griffes. L’adulte leva l’autre sourcil.

- (Granbull) … C’est une menace ?

- (Reptincel) … Quoi ?

Granbull ferma les poings.

- (Granbull) Qui t’envoie… ?

- (Reptincel) Non ! Non non, je vous présente mes compétences ! J’aimerai travailler pour vous !

- (Granbull) Hein… ?

Il se montra surpris, tout en avançant ses poings au cas-où.

- (Granbull) C’est quoi, ton problème ? Qui voudrait travailler pour moi ?

- (Reptincel) Quelqu’un qui cherche à gagner de l’argent, non ?

Le silence régna quelques instants, il abaissa lentement les poings.

- (Granbull) Tu… te moques de moi ?

- (Reptincel) *soupir* Bon, qu’est-ce que j’ai dit de mal ?

- (Granbull) Qu’est-ce que t’as dit d’mal… ? Espèce d’abrutit, t’es pas au courant de comment les gens s’font du fric ici !? Toi, tu dois v’nir d’un d’ces villages à la con, pour être aussi dérangé ! Qu’est-ce que tu crois qu’j’ai à t’faire gagner, au juste !?

- (Reptincel) Vous ? Une part de ce que vous gagnez, même minime.

- (Granbull) Pfff… bien sûr, et en échange de quoi ?

- (Reptincel) De quelqu’un qui a des mains et une motivation d’acier en plus.

- (Granbull) De quoi tu m’parles, tu t’es vu !? Ah ah, t’es même pas capable de soulever un caisson !

En guise réponse, son interlocuteur s’approcha du capot de la voiture. Il l’agrippa par le dessous et la souleva d’une main jusqu’à l’extension maximale de son bras étendu vers le plafond. Et ce, sans la moindre difficulté. Son visage restait stoïque, celui du mécano se montra bouche bée.

- (Granbull) C… comment !?

- (Reptincel) J’ai pas mal de force à revendre.

Il reposa délicatement l’engin.

- (Reptincel) En fait… je n’ai que ça à revendre.

- (Granbull) Mais… mais d’où tu sors, exactement ?

- (Reptincel) Du bâtiment d’en face, je vous l’ai déjà dit.

- (Granbull) Et avant ça ! Je sais que t’es ici depuis peu, ton odeur ne trompe pas !

- (Reptincel) Oui, je suis de Bourg-Tranquille. J’ai toujours voulu travailler à Loliloville, mais j’ai subi à mon arrivée une brutale… désillusion sur ce qui était censé être la ville des rêves et espoirs. Depuis, je cherche un moyen de ne pas couler.

- (Granbull) Et tu crois que venir vers moi te sauvera ?

- (Reptincel) Ça dépend, vous jouez la carte de l’illégalité ?

- (Granbull) Nan, je m’le refuse depuis qu’les riches me confient leurs merdes à réparer. C’est mauvais pour l’image.

- (Reptincel) Alors oui, je préfère être ici qu’ailleurs.

- (Granbull) Hum… et est-ce que t’es explorateur ?

- (Reptincel) Non.

Répondit-il sèchement. Il était obligé de lui mentir.

- (Granbull) Dommage…

Même si Granbull semblait ennuyé par la réponse.

- (Granbull) Bon… viens demain à sept heure et on verra bien. Si tu survis à c’que j’t’ordonnerai d’faire sans t’plaindre, alors peut-être que j’songerai à t’embaucher un ou deux mois. Pour le salaire… on verra demain.

Il se gratta honteusement l’arrière du crâne, lors de cette dernière phrase. Mais le type feu lui sourit sincèrement.

- (Reptincel) Merci beaucoup ! Je ne vous décevrai pas !

- (Granbull) C’est ça… bon casse-toi, j’ai du boulot.

Le plus jeune hocha la tête, avant de se retourner et partir en soupirant de cette rencontre quelque peu gênante… mais au résultat concluant. Il avait hâte de l’annoncer à Pifeuil, oubliant petit à petit le m…

- (Granbull) Attends… !

… Le mensonge qu’il ne savait naturellement pas garder. Il s’arrêta devant la sortie, l’air perplexe. Bienheureusement :

- (Granbull) Ton nom ?

Ce n’était qu’une question simple, mais obligatoire.

- (Reptincel) Reptincel, monsieur.

- (Granbull) Nan, moi c’est Granbull.

- (Reptincel) … Entendu, Granbull.

- (Granbull) Bien. À demain… gamin.

Et il s’en alla sur ces mots.

- (Pifeuil) Bravo, mon grand ! Je savais que t’y arriverais !

Lui écria son père, lorsqu’il le rappela comme prévu une fois rentré chez lui.

- (Reptincel) Ah ah, merci Pifeuil, mais rien n’est encore fait.

- (Pifeuil) Mais bien sûr que si, boudiou ! Pour quelqu’un qui méprisait ta carrure, il a un peu trop rapidement fermé son clapet à mon goût ! J’pense que t’es l’premier à lui demander d’bosser pour lui, alors mieux vaut qu’il saisisse l’occasion.

- (Reptincel) À mon avis, personne ne vient parce la récompense ne vaut pas le temps de travail.

- (Pifeuil) Peut-être, mais au moins t’es dans la légalité.

- (Reptincel) Et ça me satisfait amplement.

- (Pifeuil) C’est tout c’qui compte ! Bon, et maintenant ?

- (Reptincel) Je dois rejoindre Pharamp à dix-huit heure, je pense que je vais aller explorer en attendant.

- (Pifeuil) Ok ! J’suis sûr que Pharamp sera aux anges aussi, ah ah ! Et pour le reste… fais attention, s’il te plaît. Ne prends pas de risques inconsidérés, tu dois fuir si la situation devient trop dangereuse, d’accord ?

- (Reptincel) Oui oui, évidemment.

- (Pifeuil) Hé ! Je connais ce « oui oui », je sais que tu ne le feras pas !

- (Reptincel) Tout ira bien, Pifeuil, je vous le promets.

- (Pifeuil) Hum… je te fais confiance, mon grand.

- (Reptincel) Je sais.

Il raccrocha peu après, soupirant face au nom et numéro que son appareil affichait. Cela faisait deux semaines qu’il appelait son père presque tous les jours pour lui raconter ses aventures. Cela le confortait, car Pifeuil était d’un soutien moral monstrueusement réconfortant. Ce dernier était impliqué dans tout ce que son petit faisait. Il le conseillait, l’encourageait, l’engueulait quand il le pensait prendre trop de risques, comme lorsqu’il sauta sur un train en marche pour arrêter trois hors-la-loi. Mais fondamentalement, il savait que Reptincel ne reculerait devant rien pour transformer l’atmosphère générale de ces quartiers. Alors d’un manière générale, il était impressionné, admiratif du travail de son fils.

Lui… était perplexe. Pharamp lui avait demandé de bloquer tous ses contacts pour ne pas les mettre en danger, ce qu’il faisait était égoïste. Mais d’un autre côté, il ne voyait vraiment pas comment les esprits mal placés d’ici pouvaient retrouver et faire du mal à son père avec un simple numéro. Alors il le garda, surtout parce qu’il en avait moralement besoin.

La suite de la journée fut donc plus mouvementée. Il escalada son immeuble pour sauter sur le toit des autres et se déplacer tout aussi furtivement que rapidement. Cela l’entraînait également à jauger la distance qui séparait les différentes constructions de la ville. Malheureusement, le délit n’était jamais bien loin.

- S’il vous plaît, c’est tout ce qui me reste…

- Ferme-là et file la caisse si tu veux pas t’faire planter, pauvre con !

L’épicerie du coin voyait sa fenêtre principale éparpillée en mille morceaux partout autour de l’entrée, qui elle fut gardée par un hors-la-loi peu soucieux. En l’apercevant au loin, Reptincel tilta. Parmi la liste des hors-la-loi potentiellement cachés dans les quartiers pauvres et qui avaient déjà abattu une victime, lui en faisait partie. Il se grattait l’oreille d’un air pensif, alors que son partenaire menaçait, couteau sous la gorge, le vendeur face à sa caisse. Ils étaient deux et à visage découvert, comme si tout était normal. Le vendeur, donc, s’exécuta en crispant les dents.

- Je vous déteste… ! Je n’ai jamais causé de soucis, tous mes produits sont à un prix moindre par rapport à la concurrence pour aider les gens qui, comme nous tous, souffrent de cette pauvreté ambulante ! Et vous, comment vous me remerciez… ?

- En t’laissant un choix au lieu de te trancher la gorge tout d’suite, ducon.

Marmonna d’un air narquois le second, lui tournant un regard hautin et dominant. Celui du vendeur ne trompait pas : il n’avait pas peur, il était frustré. Le bandit récupéra la caisse et commença à s’emparer des billets en rigolant. Il avait le regard fixé sur son sac qui se remplissait à chaque secondes, hurlant de rire à gorge déployée pendant que le vendeur détournait le regard derrière le comptoir, les bras levés, la veine sur le front.

Il voulait les tuer, à commencer par l’ordure à l’extérieur qui ne prenait même pas ce cambriolage au sérieux. Si seulement quelque chose pouvait lui rentrer dedans, là maintenant tout de suite, pensa-t-il !

*PAF*

- AAAH !!!

Son vœu se réalisa. Il en écarquilla les yeux de surprise, alors celui qui dévalisait la caisse se retourna en sursaut. Son partenaire avait disparu à la suite d’un bruit sourd mais rapide, et il n’avait rien vu.

- Hé, t’es là… ?

Il agrippa son couteau et avança doucement vers la sortie.

- Tu m’fais une mauvaise blague, c’est ça ?

Il outrepassa la tête hors de la porte, ne voyant personne aux alentours. Le silence régna quelques instants, avant qu’il ne se décide à ranger l’arme blanche tout en pouffant de rire pour se rassurer.

- Qu’est-ce que j’raconte, moi ? Évidemment, que c’est une blague ! Qui chercherait à nous arrêter ici… ah… ah ah ah !

Il ferma les yeux et se tourna vers le vendeur.

- Il voulait pas m’faire peur, il voulait TE donner de l’espoir ! Ah ah, t’aurais dû voir ta tronche ! Tu nous as donné l’impression que la femme de ta vie passait derrière la vitrine ! Mais qu’est-ce que j’dis, t’as même plus d’vitrine, ah ah ah !!

Puis, il ouvrit les yeux. Il s’immobilisa soudainement, tremblotant de plus en plus face à celui qui se trouvait à quelques centimètres de lui. Un Pokémon rouge de peau, d’apparence plutôt jeune mais au regard assassin. Il avait un couteau, le sien. Sa lame lui frôlait la gorge, voilà pourquoi il était immobile. Le vendeur était sous le choc.

- (Reptincel) … Alors ? Quel effet ça fait ?

- Baisse… ! Baisse le couteau, pitié… !

- (Reptincel) Tu m’implores ta pitié ? Pour quelqu’un qui aide un assassin, je trouve que tu perds bien rapidement tes moyens, quand c’est sous ta gorge que la lame se trouve.

- Pitié… !

- (Reptincel) Tourne-toi.

Il s’exécuta. Reptincel jeta le couteau et l’agrippa par le cou. Il le tira à l’extérieur, vers l’arrière du bâtiment qui était entouré d’une ruelle plus sombre. Elle cachait le corps inconscient et brûlé au deuxième degré de son partenaire. Cela terrorisa le hors-la-loi.

- Quoi !? C… comment !?

- (Reptincel) Quand tu remettras les pieds dans ces quartiers, d’ici quelques années, je te conseille de bien réfléchir, avant de recommettre une infraction. Je n’ai pris que sept secondes, pour le mettre dans cet état. La prochaine fois que nous nous reverrons, j’en prendrai deux fois plus !

Et sur ces mots, il l’assomma d’un coup à la tête. Il sortit une corde de son sac, les attacha puis les tira jusqu’à devant la boutique. Le vendeur était déjà en train de remettre l’argent dans la caisse.

- (Reptincel) Tout va bien ?

- Ouais… *soupir* merci, qui que tu sois.

- (Reptincel) Ce n’est pas important.

Clama-t-il, en détournant le regard vers là où le couteau avait atterrit. Il n’y était plus.

- (Reptincel) J’aimerai récupérer l’arme du crime.

- … Non, je la garde.

- (Reptincel) Pourquoi, vous comptez vous venger ?

Il fit un pas vers lui.

- Je sais très bien comment la justice fonctionne, dans cette foutue ville ! Ils s’échapperont d’ici deux jours et reviendront le sourire aux lèvres en m’accusant d’avoir tout fait foirer ! J’en ai ras le cul de m’laisser faire, je ne peux plus vivre dans ces conditions !!

- (Reptincel) Monsieur, soyez raisonnable. Vous êtes seul, eux non. Ils savent quand agir, vous non. L’un des deux a déjà tué un Pokémon, vous j’espère que non. Si une bagarre venait à éclater, vous seriez le seul à trépasser.

Il fit un autre pas.

- Et qu’est-ce que je suis censé faire ? Laisser mon fric se faire piller, finir à la rue et crever dans le froid plutôt qu’en essayant de sauver la dernière chose qu’on ne m’a pas pris !?

- (Reptincel) Il n’y aura pas de prochaine fois.

- Quoi, parce que t’es là ? Je dois être rassuré, là ? T’es qu’un gamin, qu’est-ce que tu crois pouvoir changer ?

- (Reptincel) J’essaie de faire de mon mieux, ce serait sympa de le reconnaître.

Il fit un dernier pas, lui faisant face tout en sortant un papier qu’il lui tendit. Son numéro de téléphone était marqué dessus.

- (Reptincel) Appelez en cas de problème.

- Ça ne sera jamais suffisant…

Marmonna le vendeur, en récupérant tout de même le papier.

- (Reptincel) Maintenant, je souhaite récupérer l’arme.

- J’ai dit non !

Cria-t-il, en la serrant fermement.

- (Reptincel) C’est dommage.

Mais il s’en moqua. Il lui agrippa le bras et la récupéra de lui-même, quitte à bousculer un peu.

- Aïe !! Casse-toi, sale con !!

- (Reptincel) Aurevoir, et navré pour la vitrine.

Il sortit et tira les deux hors-la-loi loin d’ici. Il passa par des ruelles puis regrimpa rapidement sur les toits pour ne pas être vu des autres. Il devait rester discret : les seuls à connaître son identité étaient soit des victimes plus ou moins reconnaissantes, soit des bandits déjà derrière les barreaux. Et ses deux nouvelles prises ne faisaient pas exception : il les mena jusqu’au sommet du bar Limaspeed, là où Pharamp finirait par le rejoindre. Ceci-dit, il avait encore le temps de faire un tour, alors il fonça.

Et à nouveau, le délit n’était pas bien loin.

- (Vaututrice) Non, arrêtez !!

Il reconnaissait cette voix. En passant au-dessus de chez lui, il entendit Vaututrice hurler à un voleur qui s’éloignait déjà loin avec de la nourriture entre les bras. La pauvre dame s’écroula après quelques mètres, essoufflée face à une adversité qui lui donna les larmes aux yeux. Mais Reptincel, de son côté, se propulsa d’un toit à l’autre. Il ne lâchait pas d’un œil sa cible, duquel il analysa en un rien de temps la meilleure trajectoire possible pour le rattraper. Étant au hauteur, il coupa facilement les intersections avant de bondir à l’aveugle dans le vide, anticipant sa chute qui – comme prévu – s’exécuta sur le corps du hors-la-loi, le stoppant net dans sa course. Ses vols s’éparpillèrent tout autour de lui, alors qu’il hurla de douleur en se mouvementant de tous les côtés. Hélas pour lui, Reptincel le dominait sur tous les points.

- Espèce d’enfoiré !! Tu… *gémissements* tu m’as pété l’dos !! AAAH !!!

Il cracha du sang dans sa douleur. Hélas, son assaillant n’avait plus de temps à perdre.

- (Reptincel) Excuse-moi, mais qu’est-ce que je suis censé en avoir à faire ? Tu voles à une SDF, je ne fais qu’imiter ton culot !

- J’essaie de survivre… !

- (Reptincel) Mauvaise direction.

Il l’assomma à son tour. Ce type lui avait fait faire un bout de chemin, tout de même. Après l’avoir attaché, il se redressa et fouilla du regard les alentours. Il n’avait jamais pris le temps de s’arrêter ici. L’allée était grande. Un bâtiment dominait tous les autres, un véritable rectangle géant. Aucune fenêtre ne lui permit de savoir ce qu’il recelait, mais les affiches entourant la porte d’entrée blindée ne trompaient personne :

« Les nuits du Prédateur Carnassier ! Le champion en titre est sur le ring tous les soirs du dix-huit au vingt-cinq Octobre ! Osez l’affronter, et peut-être que les cinq-mille Pokés vous reviendront ! Nan, j’déconne, JAMAIS VOUS NE L’ÉGRATIGNEREZ !! »

Il resta immobile plusieurs longues secondes face à cette opportunité en or. Cinq-mille Pokés, c’était une valeur gigantesque, ici. Si la seule chose à faire était d’envoyer quelqu’un au tapis, alors pourquoi ne participerait-il pas ? Avec cet argent, il pourrait faire bien plus que d’empêcher un voleur de dérober la nourriture de Vaututrice et de ceux dont elle s’occupe.

Il pourrait les loger.

Pour le moment, il récupéra la nourriture et revint la lui rendre.

- (Vaututrice) Reptincel… ?

- (Reptincel) Ne vous en faites pas, rien n’a été perdu.

- (Vaututrice) Oh merci, merci mille fois ! Je peux vraiment compter sur vous, c’est… *snif* si réconfortant… !

- (Reptincel) Ce n’est pas suffisant. Je reviendrai.

- (Vaututrice) Dans ce cas, nous vous attendrons… !

Il la salua, puis tira le hors-la-loi jusqu’au toit du bar Limaspeed, là où le plus grand des héros l’attendait déjà.

- (Pharamp) Ce n’est pas trop tôt !

- (Reptincel) J’ai dû faire un détour.

- (Pharamp) Je vois ça. Évite de retarder nos séances, elles sont déjà assez rares comme cela.

- (Reptincel) Ça n’arrivera plus.

- (Pharamp) Bien ! Alors en garde !!

Les deux se préparèrent à combattre, avant de s’affronter au corps-à-corps tel deux maîtres d’arts martiaux. Aucun des deux n’utilisaient leurs pouvoirs, Pharamp avait décidé de commencer l’entraînement par les bases fondamentales. Il voulait s’assurer que son élève les connaisse parfaitement. Et encore aujourd’hui, Reptincel continuait de remplir son arsenal de techniques. La manière dont l’explorateur numéro un s’était approprié l’art en question était si différente de celle de ses précédents maîtres, il l’analysait à chaque nouvelle tentative de passer à travers ses défenses.

- (Pharamp) Alors… *souffle* que veux-tu savoir ?

Demanda-t-il en bloquant l’un de ses coups.

- (Reptincel) Comment se porte l’équipe RS ?

Rétorqua-t-il en tentant une autre approche.

- (Pharamp) Tu veux dire Carabaffe, hein ? Ah ah, plutôt bien. Il progresse bien plus vite que toi, mais c’est normal ! Il est… aidé par les meilleurs !!

Pharamp le cogna soudainement au visage. Son élève s’écrasa quelques mètres plus loin, avant de bondir et réattaquer sans reprendre son souffle. Il tenta de le surprendre, mais se fit sur anticiper.

- (Pharamp) Bien tenté, celle-là !

- (Reptincel) Comment vous faites !?

- (Pharamp) L’habitude !

Il le contrattaqua d’une droite en plein ventre, l’envoyant valser contre le rebord du bâtiment. Mais Reptincel y planta ses griffes, se rattrapant douloureusement avant de grimper sans grande classe.

- (Reptincel) J’ai l’impression que vous voyez l’avenir… !

- (Pharamp) C’est du réflexe avant tout. Je ne rencontre que trois types d’adversaires : les minables, les menaces et les vraies menaces. Les deux premiers cas, c’est la routine. Sérieusement, je dois avoir affronté bien un millier de Pokémon. Bloquer un coup de cette manière, c’est devenu un mouvement qui dépasse ma volonté, à ce stade. Hé, attends, je tiens un truc ! C’est ça !! J’ai réussi à rallier mon corps à ma cause !

Reptincel se redressa d’un air bouche bée, impressionné face à cette réplique qui enjoua un peu trop son auteur.

- (Pharamp) Ah là là, qu’est-ce que j’suis bon !

- (Reptincel) Rallier son corps à sa cause… ?

Il regarda ses mains, l’air perplexe.

- (Pharamp) Bon, allez, on va s’arrêter là pour aujourd’hui !

- (Reptincel) Quoi, déjà !?

- (Pharamp) Hé, c’est pas moi qui suis arrivé en retard ! T’es bien la seule personne que je ne fais pas attendre, d’ailleurs.

- (Reptincel) Oui, c’est vrai, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Très bien, alors d’ici la semaine prochaine… ah oui, je voulais vous dire que je ne serais peut-être pas disponible. J’ai potentiellement trouvé du travail, et je ne souhaite pas le perdre.

- (Pharamp) Oh, félicitations !

- (Reptincel) Merci, ah ah…

- (Pharamp) De mon côté, si je m’absente trop, je commencerai à éveiller des soupçons auprès de mon équipe, enfin surtout de Mysdibule. Donc mieux vaut que l’on se retrouve dans deux semaines, si tu ne peux pas la prochaine fois.

- (Reptincel) Vous ne comptez vraiment rien leur révéler.

- (Pharamp) C’est bien mieux comme cela, je te l’assure.

- (Reptincel) Je vous crois, Pharamp.

- (Pharamp) Bien. Allez, j’y vais !

Il agrippa tous les hors-la-loi d’une main, ainsi que leurs équipements de l’autre. Il salua son élève, avant de prendre le large dans un soudain et surpuissant éclair jaune. Cela aveugla ce dernier, qui retrouva la vue à l’instant où le silence total redomina. Il était à nouveau séparé du reste du monde.

Il rentra chez lui et se coucha de bonne heure, paré pour une nouvelle semaine qui s’annonça mouvementée. Il avait hâte de débuter son nouveau travail, il avait hâte de participer au match de catch, il avait hâte de mettre la main sur cinq-mille Pokés.

Il savait déjà ce qu’il allait en faire.

Laisser un commentaire ?