Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 42 : Pouvoirs divins

11510 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/09/2021 20:12

      Tous deux entrèrent les poings fermés dans la forêt. Ténéfix tremblait de peur, Noctunoir de rage. Lorsqu’ils trouvèrent les deux victimes de la stratégie infaillible de Reptincel, tous deux inconscients et attachés contre un arbre, ils engagèrent une émotion différente. Leur créatrice s’inquiéta et se dépêcha de les détacher, les récupérant de manière attendrit. Le grand Pokémon spectre, lui, les regarda tous de haut. Pas seulement ses enfants, elle aussi.

D’un simple geste, il élimina froidement les deux incapables.

- (Ténéfix) N… non !!

Cria d’angoisses leur mère, les voyant disparaître en fumée dans ses bras. Mais Noctunoir ne lui laissa pas le temps de pleurer, il l’attrapa par le col et la plaqua très violemment à terre.

- (Noctunoir) Tu m’as mentis.

Clamait-il d’une voix effrayamment calme. Son interlocutrice était tétanisée, tremblante de peur non pas pour sa vie, mais bien parce qu’elle savait qu’elle survivrait à ce qui allait suivre.

- (Noctunoir) Ils n’étaient que deux, cela signifie que le troisième s’est fait éliminer il y a un moment maintenant. Toi qui es capable de les sentir, tu m’as amené ici en pensant me tromper… fatale erreur.

- (Ténéfix) Pitié, je… laisse-moi une dernière chance d’en confectionner trois autres, des plus opérationnels, des… !

- (Noctunoir) FERME-LÀ !!!

Tout en hurlant, il fit exploser le sol sur lequel il la maintenait grâce à sa toute-puissance. Les alentours partirent en fumée, une crevasse implosa, la tombe d’Élecsprint se désintégra.

- (Noctunoir) On ne peut compter que sur soi-même, je ne l’ai que trop bien compris ! Si c’est comme cela, je vais devoir passer à l’étape supérieur. Tu ne fais pas l’effort de me donner ce que je te demande, après tout ce que j’ai fait pour toi… tant pis, je le prendrai moi-même !

Après cela, Ténéfix ne se souvint plus de rien.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 42 : Pouvoirs divins

 

Carabaffe et Massko terminèrent de préparer le déjeuner. Le type plante partit chercher les deux autres colocataires de cette survie, qui durait depuis un temps incalculable maintenant. Ils s’entraînaient juste à côté de leur base, et Reptincel s’empressa de plaquer à terre Brutalibré. Ce dernier transpirait abondamment, essoufflé et sous le choc de constater une progression sans faille de celui qui fut son élève. L’adolescent le releva, l’air ennuyé.

- (Reptincel) Je t’avais demandé de te donner à fond.

- (Brutalibré) C’est ce que j’ai fait.

- (Reptincel) Quoi… ?

- (Massko) À table !

Cria celui qui les interrompit, attirant une attention perplexe de Reptincel. Brutalibré posa une main sur son épaule.

- (Brutalibré) L’élève a surpassé le maître, je n’ai plus rien à t’apprendre.

- (Reptincel) Non, ce n’est pas vrai ! Je ne peux pas avoir autant progressé…

Il regarda ses mains d’un air démunit.

- (Reptincel) Pas sans mon rappelle-tout…

- (Brutalibré) Hé, tout ce que ton carnet contient a bien dû être écrit par quelqu’un, non ?

Il lui tapota le crâne, l’air souriant.

- (Brutalibré) Arrête de penser à cette merde, on va finir par croire que tu n’es rien sans lui.

- (Reptincel) Peut-être est-ce le cas ? J’ai grandi avec, il fait partie de moi.

- (Brutalibré) Non, il n’est que le résultat d’un travail d’analyse qui, lui, fait vraiment partie de toi.

L’adolescent y pensa, silencieusement pensif.

- (Brutalibré) Allez, allons se remplir la panse ! J’ai la dalle.

Leur dernier entraînement s’acheva ainsi, laissant le jeune chef de la Dream Team incertain vis-à-vis des choix qu’il pouvait, et de ceux qu’il devait faire. Bref, le groupe mangea. La suite du programme, sans grande surprise, était comblé d’entraînements. Personne ne se sentait assez fort pour oser mentionner l’idée qu’il faille, tôt ou tard, s’attaquer à leur objectif principal.

Hélas, quelque chose survint dans l’atmosphère, quelque chose qui commença tout d’abord par se faire entendre. Une sorte d’explosion électrique surgit au loin, mais personne n’eut le temps de s’en inquiéter. Un redoutable tremblement de terre suivit immédiatement le boucan, le vent soufflait fort tandis que les cascades rocheuses explosèrent chacune en centaines de débris apocalyptiques.

- (Brutalibré) Bordel, mettez-vous à terre !

Tout le monde s’exécuta, pensant que les murs de leur base les protégeraient. Mais eux aussi explosèrent, en réalité, elle devint une tombe géante de gravas qui ne cessait de s’accentuer. Ils criaient, mais personne ne s’entendait, le carnage et la destruction de cette nature pourtant déjà morte régnait en maître.

Reptincel se mit à gémir. De toute la force physique qui lui restait, il souleva d’imposantes roches en même temps, dégageant ce qui l’asphyxiait dangereusement.

Le silence avait su regagner sa place, malgré les éboulements lointains qui ne s’arrêtaient pas. Des nuages de poussières recouvrèrent les alentours, il en toussait en essuyant douloureusement le sang qui coulait de son crâne. Peu importe, il devait trouver les autres, et fonça déplacer les quelques roches qui tremblotaient.

Ainsi, il dégagea Carabaffe.

- (Reptincel) Ça va aller… !?

- (Carabaffe) C’est quoi s’bordel !? *tousse*

Tous deux tournèrent leur attention sur l’origine de ce désastre, au sommet de la plus grande montagne qu’ils voyaient toujours qu’importe leur position, celle qui abritait Noctunoir et ses incommensurables pouvoirs.

- (Carabaffe) Le choc venait de là… *tousse* Ce connard n’a pas pu faire ça seul !

- (Reptincel) Tu crois qu’il a utilisé le pouvoir des rouages du temps ? Bon sang… il en est vraiment capable… !

Horrifié de simplement jeter un regard à tous les dégâts causés, les deux adolescents se souvinrent en même temps de la menace qu’il fit à leur monde, celui de revenir détruire Bourg-Trésor et la guilde d’exploration pour trouver le dernier rouage du temps. Ils échangèrent une expression tétanisée par l’angoisse, que le type eau changea rapidement en rage.

- (Carabaffe) Il faut l’arrêter, MAINTENANT !!

- (Reptincel) Comment !? Comment veux-tu serait-ce que survivre à une éventuelle confrontation… ? Face à un pouvoir pareil… !

- (Carabaffe) Face à un pouvoir pareil, notre monde périra en deux ou trois claquements de doigts seulement ! Regarde, bordel, tout a complètement été annihilé !!

- (Reptincel) Alors qu’est-ce qu’on fait !?

- (Massko) On fonce !

Le type plante arriva, blessé et portant à bout de bras un Brutalibré encore plus endommagé.

- (Massko) Nous n’avons plus le choix, il faut y aller ! On ne cherche pas à le combattre, notre objectif est de choper un portail et de rentrer dans notre monde ! Ensuite, vous foncerez à Bourg-Trésor et préviendrez vos amis de…

- (Carabaffe) On s’contente déjà d’la première partie ! Le lèche-cul !!

Exclama-t-il, en se tournant face à lui.

- (Carabaffe) Toi qui a passé tout ton temps à gravir des montagnes, tu ouvres la voie !

- (Reptincel) Euh… d’accord… !

- (Carabaffe) Brutalibré, tu peux bouger !?

- (Brutalibré) Je ne pourrai pas courir, ma cheville gauche est foulée…

- (Carabaffe) Je te porterai !

- (Brutalibré) N… non, allez-y sans moi… !

- (Reptincel) Quoi… ? Non !

- (Brutalibré) Je suis dispensable, votre survie compte bien plus que celle d’un Pokémon qui n’a jamais parcouru notre prochaine destination ! Foncez et ne vous retournez pas, faites-moi au moins croire que… je me suis rendu utile !

Un léger silence régna, personne ne semblait savoir quoi dire. Soudainement, Massko le tira sur son dos et le porta entièrement.

- (Brutalibré) Qu… quoi… ?

Se questionna-t-il, choqué de voir celui qui le détestait, et à raison, user de tant d’efforts pour sa personne.

- (Massko) Ton heure n’est pas encore venue, sale enflure.

Il ne souriait pas, mais ne semblait vraiment pas avoir envie de le lâcher. Massko avait été touché par les paroles de Reptincel, comprenant qu’il se battait pour satisfaire leurs jugements dans de bonnes conditions. Personne ne mérite de mourir, alors personne n’avait à l’abandonner.

Et sur cette façon de penser, le groupe fonça gravir la plus haute montagne de ce monde éteint.

Mêmes les roches les plus solides tremblaient à leur montée, mais ils y parvinrent grâce à la confiance qu’ils portèrent envers Reptincel, ce dernier se servant de tout ce qu’il avait appris ces derniers temps pour quoiqu’il arrive parvenir au sommet de cette montagne. Ils firent plusieurs pauses dans les recoins les plus stables qu’ils pouvaient trouver, avant de reprendre le chemin qui ne devait pas s’éterniser.

Presque une demi-heure plus tard, ils purent enfin s’allonger de fatigue, essoufflés après tant d’efforts physiques au-dessus d’un vide sans pitié. La première étape fut accomplie, et en regardant l’horizon, Reptincel revit l’endroit exacte où, des semaines plutôt, il regardait d’un air impuissant le sommet sur lequel il se tenait actuellement. Il l’avait fait, et il ne pouvait que constater ses progrès. Pour la première fois, il se rendit compte de tout ce qu’il avait pu accomplir sans son rappelle-tout, il était bien obligé de constater sa progression sans lui.

- (Carabaffe) Wow, le lèche-cul !!

- (Reptincel) O… oui, j’arrive !

Sursauta-t-il, en sortant de sa bulle. Il fonça rejoindre le reste du groupe, qui entrait à toute puissance dans le manoir délabré de Noctunoir. Vu de loin, il paraissait inaccessible. Vu de près, il était juste effrayant. Mais après tout ce qu’ils avaient vu, plus personne ne daigna s’arrêter par crainte de franchir des portes rouillées et moisies. Massko confia Brutalibré à Reptincel, bondit, et Carabaffe se propulsa pour l’aider. Il le cogna dans son saut pour accélérer sa vitesse de pointe, ce qui permit au type plante de défoncer brutalement la porte par effet de propulsion.

- (Massko) C’est ouvert !!

- (Reptincel) … (Excellent travail d’équipe, les gars !)

- (Carabaffe) Allez, on avance ! Et quoiqu’il arrive, on reste groupé !

Tout le monde entra, arrivant dans un grand hall aux multiples voies. Les portes étaient ouvertes, mais aucune lumière ne leur permettait de repérer une salle plus importante que les autres. La voie de gauche semblait mener vers les salles de bain, celle de droite vers les cuisines et salles à manger. Un escalier central montait en flèche, il était instable et brisé en grande partie, mais menait inévitablement vers un endroit important. Ils furent retenus prisonniers à l’étage, les chambres et espaces de travail devaient aussi forcément s’y trouver. De ce raisonnement, Carabaffe donna l’indication de commencer par fouiller l’étage, et tout le monde s’y dirigea.

Mais une ombre, plus noire encore que le reste des environs, s’écrasa brutalement au sommet des escaliers. De son atterrissage s’en suivit un nouveau tremblement de terre, brisant encore plus les marches et le carrelage. Le plafond trembla encore, de la saleté et roches délabrée s’effondrèrent dans les recoins de la grande pièce. En son centre, en hauteur et d’une figure plus imposante que n’importe quel autre Pokémon de la pièce… se montra Noctunoir.

Ses adversaires se mirent tous en garde, une fois relevés de leurs chutes désastreuses. Massko avait malencontreusement empalé son mollet gauche dans un débris pointu, tandis que Reptincel avait volontairement planter son pied au milieu d’un tas de verrerie brisée, pour se rattraper d’une chute la tête la première sur d’autres débris.

Le voyageur temporel, de son côté, se tenait parfaitement droit. Son costard se voyait déchiré au niveau des manches. Ses bras, poignets et mains étaient légèrement égratignés. Son regard, en revanche, était plus effrayant que jamais. Ils l’avaient déjà vu sous son véritable air, mais il semblait encore plus froid, moins… mortel.

- (Noctunoir) Vous n’irez pas plus loin.

- (Carabaffe) Espèce d’ordure, vous… !

- (Reptincel) Mon rappelle-tout !!

Cria-t-il brusquement tout en lui tendant un poing enragé, surprenant le reste de son groupe.

- (Reptincel) Rendez le moi immédiatement !!

- (Noctunoir) *soupir* Ton écriture est parfois si illisible, je devrais te tuer sur le champ pour tout le temps que tu m’as fait perdre…

Sur ces mots, il sortit ce qu’il cherchait. Son carnet avait toujours été usé, mais là, il paraissait délabré.

- (Noctunoir) Bienheureusement pour toi, son contenu n’est pas décevant. J’ai quasiment entièrement connaissance de tout ce qu’il contient. Autrement dit, vous devriez commencer à vous faire du soucis pour vos proches.

- (Reptincel) Ferme-là…

Le tutoya-t-il pour la première fois.

- (Noctunoir) Maintenant, que votre âme quitte mon palais.

- (Reptincel) FERME TA GUEULE !!!

Hurla-t-il de toutes ses forces, faisant cette fois-ci même lever un sourcil du type spectre.

- (Reptincel) MON BIEN N’EST PAS UNE ARME, JE REFUSE DE TE LAISSER T’EN SERVIR CONTRE CEUX QUE J’AIME !!!

- (Noctunoir) Viens donc me l’arracher des mains.

Il tendit ses mains vers le reste de la pièce.

- (Massko) Merde… TOUS SUR LUI !!

Carabaffe, Brutalibré, Massko et Reptincel tentèrent de l’atteindre, mais Noctunoir élança sa redoutable capacité juste à temps. Quelle capacité ? Celle qui, comme il le précisa, envoya leur âme hors de ce palais. Tout devint soudainement noir.

Reptincel rouvrit les yeux, l’air paniqué. Il se redressa brutalement, horrifié par la vitesse d’exécution de son adversaire. Mais il n’était plus là, ni lui ni personne d’autre. En fait, il n’était plus au palais. Le soleil l’éclaira soudainement, il était à Bourg-Tranquille. Tout allait bien, du moins en apparence. Plus il avançait vers sa maison, plus les couleurs se ternirent. Tout devenait gris, les nuages arrêtaient de bouger, le cris des enfants s’amusants sur la place du village s’étouffaient de plus en plus.

Il arriva devant son jardin, le silence régnait. La porte d’entrée était fissurée, tandis qu’une flaque de sang continuait de s’écouler jusqu’à ses pieds depuis l’intérieur. Il cria le nom de Pifeuil, mais rien ne sortit de sa bouche. Il voulut courir entrer, mais ses jambes trébuchèrent bêtement, comme si elles avaient lourdement perdu en intensités.

Affalé face contre terre dans un bain de sang, il crispa les dents en se sachant en plein cauchemar. Il devait se réveiller, se pinçant, se frappant même dans l’adrénaline d’être le pantin des pouvoirs de Noctunoir. Rien ne fonctionnait, lorsqu’il sentit une présence dans son dos. Il se retourna lentement, avant de sursauter en arrière, face à un Pifeuil gris, aux yeux ensanglantés et à l’expression éteinte. Il cria à nouveau son nom, à la fois pour se rassurer, le raisonner et le menacer d’approcher. Mais à nouveau, le silence dominait même ses intentions, et l’être gris commença à s’approcher. Ses jambes étaient faibles, il ne pouvait pas fuir, alors il se couvrit le visage de peur et de honte… avant que tout ne s’arrête. Rien ne se passa pendant presque une minute, puis…

- (Ptyranidur) Reptincel !

Un Ptyranidur en couleur lui fit face. Il avait l’air vivant, cela suffisait à Reptincel pour trouver la force de se relever, d’approcher et de l’enlacer. Il avait tant de choses à lui dire, mais il ne le pouvait.

- (Ptyranidur) Quoi, tu ne peux pas parler ?

Il rétorqua d’un mouvement de tête.

- (Ptyranidur) Ça t’arrange bien, de te faire à nouveau passer pour la victime, n’est-ce pas ? Tu t’attends à ce qu’on excuse ton incompétence ?

Soudainement, une scène s’éclaira derrière lui. C’était Bourg-Trésor, la place du village qui était intacte. Mais en son centre, à terre et couvrant entièrement les légères dalles de pierres se trouvaient des corps. Celui de Bulbizarre, de Tarsal, de Gruikui, de Vivaldaim. Ils étaient tous étalés à terre, morts d’une façon inimaginable, si l’on en croit l’état abominable de leur corps. Le type feu écarquilla les yeux d’angoisses, avant de reculer et de se vomir… enfin d’essayer de vomir. Rien ne sortit, il sentit juste son estomac se crisper très douloureusement.

- (Ptyranidur) C’est ta faute. Tout est ta faute.

Clama froidement le Pokémon fossile, en s’approchant d’un air menaçant.

- (Ptyranidur) Qu’as-tu accomplis, à part la fin du monde ? Ton carnet nous a tous condamnés, tu as participé au génocide d’un monde que tu étais supposé protéger, espèce de pauvre traitre ! COMMENT AI-JE PU T’AIMER !?

Sa peau devenait grise, ses yeux s’ensanglantèrent.

- (Ptyranidur) JE TE DÉTESTE, SALE IMPOSTEUR !!!

Sa voie devint stridente, il s’apprêtait à se jeter sur sa proie… lorsqu’une lame feuille le trancha brutalement en deux. Son corps s’éparpilla dans une fumée violette, pendant que la figure de Massko apparut derrière lui. Il était lui aussi en couleur, mais semblait essoufflé, et surtout blessé. Reptincel lui échangea un regard horrifié, alors il rangea sa lame.

- (Massko) Reptincel, c’est moi… ! Massko, celui qui combat Noctunoir à tes côtés !

Il tenta de s’approcher, mais le type feu recula par peur.

- (Massko) Non, reste avec moi, je t’en supplie ! Nous nous sommes fait surprendre, tu es en pleine hallucination spectrale ! Écoute, je… je sais que je ne suis pas le meilleur pour te convaincre de me faire confiance, mais tu es le premier que j’ai trouvé en me réveillant, je n’ai aucune idée d’où peut se trouver Carabaffe, et… j’ai peur !

Il regarda ses mains, tremblantes face à tout ce qui l’entourait. Il en rigola nerveusement.

- (Massko) C’est marrant, je ne me penserais pas satisfait de retrouver ce sentiment. Celui de craindre pour ma vie… ou plutôt pour la malchance de ne pas tout de suite succomber à sa torture. Noctunoir m’effraie, mais il faut croire que passer des mois seul dans un monde sans espoir, à combattre des Ténéfix immortels qui ne cherchent qu’à planter leurs crocs dans ma chair, m’a fait oublier l’effet que cela me faisait. C’est en passant du temps à vos côtés que j’ai compris ce que ça faisait… de revivre véritablement, d’avoir un but sincère, de ne plus simplement être… une coquille vide forcée par une puissance suprême à jouer à son jeu malsain ! Alors s’il te plaît…

C’est alors qu’il lui tendit une main, un geste qui ne pouvait que surprendre le type feu.

- (Massko) Viens avec moi. Je refuse de t’abandonner, cela va bien au-delà de me racheter, à présent.

Les deux personnages tremblaient, mais l’un était plus déterminé que l’autre. Reptincel mourrait d’inquiétude, perdu entre ses sentiments, ses craintes et la folie qui continuait de le hanter. Il entendait le cri de beaucoup de Pokémon derrière lui, il entendait des murmures d’amis lui reprochant tous les maux du monde pour ce qu’il avait fait, pour littéralement avoir retranscrit ses analyses dans un vieux carnet usé. Alors dans un dernier brin d’hésitation… il attrapa la main de Massko. Se rappeler de la dernière conversation importante qu’il eut en sa compagnie, au chevet de la tombe d’Élecsprint, fut le souvenir le plus lointain dont il pouvait se souvenir pour s’accrocher à l’espoir. De la compassion, de la peine, de la confiance et de l’espoir ; c’est tout ce qu’il fallait, pour vaincre le sort à effet psychologique d’un type spectre.

Il sursauta de peur, tout en reprenant son souffle.

- (Massko) C’est bon, tout va bien, tu es avec moi… !

- (Reptincel) M… Massko… !

Il dévisagea rapidement les alentours : il se trouvait bien dans le palais de Noctunoir. Massko était à ses côtés, le portant à terre et à l’expression furieusement rassurée.

- (Reptincel) Quoi… ? *souffle* Que se passe-t-il !? *souffle*

- (Massko) Rien, je suis juste… vraiment heureux de te savoir de retour.

Il l’aida à se relever et reprendre l’équilibre. Puis, ils firent le point sur la situation.

- (Massko) Carabaffe et Brutalibré sont encore à trouver.

- (Reptincel) Et Noctunoir ? Pourquoi ne nous a-t-il pas tué !?

- (Massko) Tu vas t’en plaindre ? Ce type se prend pour un dieu, avec ses pouvoirs sur-boostés par les rouages du temps. Il voulait sans doute nous plonger dans un cauchemar infini, histoire de nous torturer jusqu’à ce que mort s’en suive. Je ne sais pas où il est, mais il n’est certainement pas au courant de notre relevée !

- (Reptincel) Très bien, alors profitons-en ! *souffle* On se sépare pour retrouver les autres, nous n’avons pas le choix si nous voulons l’empêcher d’attaquer notre monde à temps !

- (Massko) Bien. Au moindre problème, tu m’appelles !

- (Reptincel) Oui, et cette règle va dans les deux sens ! Allez, en avant !!

Ils se séparèrent sur ces mots, Reptincel partant vers les sous-sols et Massko vers la salle à manger.

Les marécages étaient cruellement silencieux. Pourtant, Carabaffe était effrayé.

- (Pharamp) C’est un exploit que tu sois encore en vie. Après toutes ces erreurs, tous ces échecs, le fait que toi tu t’en sortes et pas les autres… *rires narquois* tu es désespérant.

Clama froidement son plus grand modèle d’inspiration, se tenant derrière lui d’un air hautin, en pointant du regard les cadavres de ceux pour qui il n’avait cessé de devenir plus fort depuis son évolution. Ce dernier se tint douloureusement le crâne, les dents crispées, le regard enragé face à cette vision d’horreur. À genoux, il faisait de son mieux pour ne pas pleurer.

- (Carabaffe) Dégage ! Tu n’es pas le vrai Pharamp, tu n’es personne !!

- (Pharamp) Qui est-ce, ton père adoptif ?

Demanda-t-il, en pointant d’un doigt le corps éteint de Mégapagos.

- (Pharamp) Je suis certain qu’il serait fier, si il venait à apprendre qui était l’auteur de tout ce massacre.

- (Carabaffe) C’est à cause de Noctunoir… !

- (Pharamp) Non, la faute est à ceux qui n’ont pu empêcher leurs propres rouages du temps d’être dérobés. Tu voulais me surpasser, non ? C’est du moins ce que tu lui répétais en boucle, n’est-ce pas ?

Il visa cette fois le corps de Germignon.

- (Pharamp) Elle devait avoir si honte, à l’heure de sa mort. Qui peut la juger ? Avoir aimé un lâche pareil, incapable de la sauver de sa connerie de trop…

- (Reptincel) Carabaffe !!

Un silence régna soudainement. Carabaffe tourna lentement son regard vers lui, vers son rival se tenant debout, en couleurs et blessé. Lui était toujours à genoux, toujours comblé d’une douleur s’enfonçant autant dans son crâne que dans son cœur, alors son chef d’équipe lui tendit une main. Pharamp, de son côté, rigola une nouvelle fois de manière narquoise.

- (Pharamp) Tiens, voilà la cerise sur le gâteau ! Mon favori !

- (Reptincel) Carabaffe, viens à moi !

- (Pharamp) Tu le déteste, pas vrai ? Tu prétends avoir changé, mais au fond, la rancune est toujours ancrée au plus profond de ton âme. Après tout, il t’a volé la vedette. Tu te devais de me faire bonne impression, tu te devais de me prouver, déjà à l’époque, que tu avais le cran de devenir le meilleur explorateur du monde ! Mais cet infâme lèche-cul, il n’a fait que t’humilier, il n’a fait que te rabaisser à une place que tu ne partageais pourtant pas avec lui !

Carabaffe baissa la tête en fermant les poings, n’osant plus regarder personne.

- (Pharamp) Il n’est pas ton rival, ce n’est qu’un voleur d’opportunités ! Tout ce qu’il prétend être, tout ce que tu voyais en lui, cette gentillesse incarnée, cette bonté inégalée, cette manière de pardonner autrui avec si peu de rancune, ce courage inébranlable… tout ça, à partir de ce jour, tu n’en n’as vu qu’hypocrisie !

- (Reptincel) … (Quoi… ? C’est comme ça… que tu me voyais ?)

- (Pharamp) Alors lève-toi. Lève-toi, et montre lui.

Le type eau s’exécuta, l’air perdu. Il n’osait toujours pas lever le regard, ni vers Reptincel, ni vers Pharamp. Il fixait ses mains tremblantes, qu’il revoyait d’un bleu plus clair, plus petites et moins expérimentées, comme lorsqu’il n’était qu’un Carapuce aveuglé par l’ambition.

- (Pharamp) Montre lui ce que tu vaux réellement, montres lui… que personne, PERSONNE n’a le droit de remettre en question ce dont tu mérites !

Il se mit en garde, et le type feu recula d’un pas apeuré.

- (Reptincel) Non… !

- (Pharamp) ÉLIMINE CET IMPOSTEUR QUI NE CESSE DE TE BLOQUER LA ROUTE !!!

- (Carabaffe) ÇA SUFFIT !!

D’un geste soudain, Carabaffe se retourna et fit exploser de toutes ses forces des jets d’eau brûlants, droits en pleine tête de celui qui se faisait passer pour sa plus grande figure d’admiration.

Carabaffe sursauta. Il bouscula fermement Reptincel qui le tenait tendrement, et reprit à son rythme un souffle moins entravé.

- (Carabaffe) *souffle* Merde… ! On est où !?

- (Reptincel) Du calme, nous sommes seuls… ! Noctunoir a commis l’erreur de ne pas nous tuer, alors nous nous regroupons discrètement pour le surprendre.

Il dévisagea les alentours, toujours animé par un rythme cardiaque élevé.

- (Carabaffe) Je vois… *souffle* on est dans les sous-sols de son palais d’merde… !

En guise de réponse, son interlocuteur le regardait d’un air taquin.

- (Carabaffe) Quoi… ? *souffle*

- (Reptincel) Tu… as attaqué Pharamp ?

- (Carabaffe) C’était un faux, ducon !

Il se redressa sur ces mots, se secouant les poignets d’un air ennuyé.

- (Carabaffe) Je n’sais pas comment fonctionne le pouvoir de cette ordure, mais il n’était pas à jour. Oser prétendre que j’me bats pour… *soupir* bref, faut qu’on s’casse.

- (Reptincel) Carabaffe…

- (Carabaffe) QUOI !?

Un léger silence régna, mais le type feu semblait réjouis.

- (Reptincel) … Merci. Je… je ne savais pas que je t’avais déçu à ce point.

- (Carabaffe) … Ça ne justifie pas tout ce que je t’ai fait subir.

- (Reptincel) C’est pardonné.

- (Carabaffe) Depuis longtemps déjà, je le sais.

Il s’avança et lui tendit un poing déterminé.

- (Carabaffe) Notre situation n’a plus rien à voir avec celle d’antan. Cependant, tu peux crever la bouche ouverte si tu crois un seul instant que ça impactera mon objectif. Je deviendrai le meilleur des explorateurs, qu’importent tous les efforts que tu feras pour y parvenir !

Reptincel lui sourit sincèrement, avant de cogner son poing avec le sien.

- (Reptincel) On verra bien !

Un véritable dialogue, était-ce déjà arrivé entre ces deux personnages certes rivaux, mais désormais amis ?

- (Carabaffe) Bon qu’est-ce qu’on attend, pour aller casser la gueule de celui qui veut nous empêcher d’obtenir notre putain d’diplôme ?

- (Reptincel) Oui, allons-y !

- Non, attendez… !

Marmonna surprenamment une faible voix tremblante, dans un recoin sombre de la pièce. Les deux adolescents s’en intriguèrent prudemment, n’approchant que doucement la source du bruit. Ils comprirent que les sous-sols étaient des cachots, et que le Pokémon à la voix féminine était là depuis longtemps.

- (Carabaffe) Qui êtes-vous ?

- Pitié… achevez-moi…

- (Carabaffe) Hein… ?

- (Reptincel) Recule !

Le type feu élança son pouvoir tout autour de la concernée, qui fut brillamment éclairée par la couleur orangée de ce dernier. L’agréable chaleur qui se dégageait des flammes la fit avoir un frisson de satisfaction, elle retrouva la force d’ouvrir les yeux, deux diamants fissurés par la domination qu’elle avait subie. Oui, il s’agissait de la mère des Ténéfix, enchaînées contre un mur, le corps violemment brutalisé.

- (Carabaffe) Qu’est-ce que… ? Un Ténéfix maltraité ?

- (Reptincel) C’est leur créatrice.

Il s’avança jusqu’à elle, s’abaissant d’un air attentionné à son niveau.

- (Ténéfix) Pitié…

- (Reptincel) C’est Noctunoir qui vous a fait ça ?

Elle hocha difficilement la tête.

- (Ténéfix) Je… n’étais pas à la hauteur de ses attentes. Il a pourtant besoin de mes petits, pour… *gémissements* envahir votre monde. Alors il m’a forcé… il m’a forcé à en créer de nouveaux, des parfaits, des plus puissants que jamais…

- (Reptincel) Comment ça ?

- (Ténéfix) Les rouages du temps… il en a fait usage sur moi…

- (Carabaffe) Pardon !?

- (Reptincel) On a donc confirmation que l’explosion de tout à l’heure était bien la conséquence de leur utilisation.

- (Carabaffe) Ça veut surtout dire qu’il a failli détruire le monde… juste pour renforcer son armée ! Il est complètement malade !!

- (Ténéfix) Ce qu’il semble avoir oublié est que si je disparais… mes petits disparaîtront avec moi. Alors achevez-moi, par pitié… !

Elle commença à pleurer, tremblante d’angoisses en se remémorant tout ce qu’elle vécut en tant qu’esclave de son grand pouvoir.

- (Ténéfix) Je veux que cela cesse, je veux qu’il me laisse m’endormir à jamais ! Pitié… *snif* c’est la dernière chose que je demande à cette vie comblée de faux espoirs… !

Les deux garçons se regardèrent silencieusement, aucun ne semblait trouver la réponse idéale à sa demande. Carabaffe détourna finalement le regard, en sachant qu’ils n’avaient pas beaucoup de temps.

- (Carabaffe) Barrons-nous.

- (Ténéfix) Non… !

Reptincel resta immobile.

- (Carabaffe) Dépêche, c’est peut-être un piège !

- (Reptincel) … Vous êtes un monstre.

- (Ténéfix) … Pardon… ?

- (Reptincel) Vous étiez l’acolyte de Noctunoir, travaillant à ses côtés au sein de l’équipe Ombre. Mais depuis qu’il est obsédé par le pouvoir que les rouages du temps peuvent lui apporter, il ne vous traite plus que comme un moyen. Après tout ce que vous avez fait à mes amis, que ce soit à travers vos pantins ou non, je trouve votre situation sacrément ironique. C’est le karma, et personne n’a à entendre vos supplices.

- (Ténéfix) … C’est… c’est vrai… Je n’agissais que pour satisfaire ses besoins, espérant qu’il finisse par redevenir celui qui… me voyait. J’ai… cherché à tuer pour lui, et je m’en veux tellement d’avoir réussi ne serait-ce qu’une fois…

- (Reptincel) … Quel est son point faible ?

- (Ténéfix) Le sien… ? L’avarice, la soif de pouvoir et l’égoïsme profond, mais ces valeurs ne doivent pas échapper à votre analyse. Je suis désolée, mais… je n’ai aucune idée de comment l’arrêter.

- (Reptincel) Ce n’est pas grave.

Sur ces mots, il la détacha de ses liens.

- (Carabaffe) Qu’est-ce que tu fous ?

- (Reptincel) On l’embarque.

- (Carabaffe) Hein ?

- (Ténéfix) Non… je ne veux plus être torturée…

- (Reptincel) Vous ne le serez plus jamais, je vous le promets. On vous emmène chez nous, dans un monde en couleur, dans un monde avec une vraie justice.

- (Ténéfix) … Pourquoi ? Pourquoi ne pas simplement me tuer ?

- (Reptincel) Parce que nous ne jouons pas avec ces règles-là.

Rétorqua-t-il, en la portant sur son dos. Il se redressa, et se montra prêt à partir.

- (Carabaffe) T’es conscients qu’elle n’est littéralement qu’un poids pour nous ?

- (Reptincel) Tu comptais la laisser seule ?

- (Carabaffe) Honnêtement… ouais. Tu l’as dit toi-même, c’est le putain de karma.

- (Reptincel) Peut-être, mais en ce qui me concerne, je n’arrive pas à faire la différence entre son cas et celui de Massko ou Brutalibré. Les trois méritent traitement similaire.

- (Carabaffe) Je ne suis pas d’accord.

- (Reptincel) Je m’en moque, son poids n’affecte pas tes mouvements. Allez, on y va !

Il partit en premier, et surpris par son comportement, Carabaffe le suivit d’un air légèrement admiratif.

Son équipe, sa famille, tous se tenaient face à lui, d’une peau grisée, d’un regard unique, froid et ensanglanté. Brutalibré voyait son monde en parfait état, du moins dans l’état qu’il était avant qu’il ne le quitte, c’est-à-dire au bord d’une nouvelle guerre mondiale.

- Mais nous la gagnerons.

Commença l’un des membres de son gouvernement.

- La guerre, qu’elle soit contre le reste du monde ou contre le Multivers, nous la gagnerons. Tout cela grâce à vous, monsieur Brutalibré, tout cela grâce à votre satisfaisante coopération. Merci encore d’avoir kidnappé cet enfant, le projet fut d’un tel succès qu’il passa en phase d’expérimentation poussée. Chaque semaine, nous envoyons d’autres explorateurs effectuer le travail que vous leur avez si bien introduit. Et chaque mois, nous les éliminons, eux et leur famille.

- (Brutalibré) Non…

- Auriez-vous des regrets ? Pourtant, vous avez contribué à la survie de votre terre.

- (Brutalibré) Non ! Vous m’avez tout pris, vous… avez détruit bien plus que ma vie ! Je… je ne peux pas me racheter, je le sais parfaitement ! Ces mioches… leur idéalisme me terrifie…

- C’est normal, vous êtes responsable de leur mort à eux aussi.

- (Brutalibré) Quoi… ?

Une lumière s’alluma derrière lui. Il y découvrit les corps éteints de Reptincel, Carabaffe et Massko.

- (Brutalibré) Non… ! Pitié, pas vous… !!

- Pourtant, vous saviez parfaitement que ça allait arriver. Mettre en danger le reste du Multivers pour protéger votre territoire, cette idée, ne vous faisait-elle autrefois pas rêver ?

- (Brutalibré) Fermez-là… je ne mérite qu’une chose aujourd’hui, et c’est de me faire abattre par celui qui a le plus souffert de mon manque de philanthropie !

- (Massko) Ça peut s’arranger… !

Exclama surprenamment l’un des cadavres vu précédemment. Mais en se tournant à nouveau, il le vit debout, une lame feuille à la main et en position d’élancement. Massko possédait toujours ce regard éteint, cette peau grise et morte qui terrifia le Pokémon catcheur. Il se cacha la figure de honte, prêt à recevoir son ultime punition.

L’atmosphère avait changée. En rouvrant les yeux, tout était sombre. Il était de retour dans le palais de Noctunoir, et s’en rendit immédiatement compte de par l’affreuse douleur que sa cheville fêlée lui retransmit. Il s’écrasa à terre en injuriant, avant de tourner une expression fatiguée à celui qui se tenait dans la position accomplie de son acte, lame feuille à la main.

- (Brutalibré) Gamin… ?

Massko soupira, avant de doucement se redresser. Sa posture paraissait pour la première fois héroïque.

- (Massko) Tu sais très bien qu’il est déjà trop tard.

- (Brutalibré) …

- (Massko) Alors pourquoi t’en vouloir ?

Lui questionna-t-il d’un regard dominant. Le catcheur baissa le sien, sincèrement navré par tout ce qui était arrivé.

- (Brutalibré) Les tiens inspirent à devenir meilleur. C’est désagréable, d’être rattrapé au bord du gouffre, mais…

Il pensa quelques instants, avant de silencieusement se redresser. Massko s’avança alors et l’emporta sur son dos.

- (Massko) Mais quoi ?

- (Brutalibré) … Je ne sais pas. L’avenir est si flou, avec vous.

- (Massko) … Alors résiste encore un peu, nous y sommes presque.

Le type plante bondit hors de cette scène, prêt à avancer aux côtés des autres membres de son équipe. Reptincel et Carabaffe arrivèrent face aux escaliers du hall d’entrée en même temps que lui, ils firent le point sur la situation. Noctunoir se trouvait à l’étage, et même si tout le monde s’était encore un peu épuisé pour résister à son pouvoir, personne ne semblait vouloir faire marche arrière.

Ils montèrent enfin, se trouvant désormais au même niveau que lui. L’étage était grand, mais terriblement vide. Ils retrouvèrent la salle des piliers, celle dans lesquels ils furent condamnés à mort par ce tout puissant mortel.

Puis, ils poursuivirent leur chemin.

- (Noctunoir) … Ça y est. Tout est enfin prêt, ou… peut-être devrais-je juger leurs nouveaux pouvoirs en les faisant abattre ces incompétents d’apprentis explorateurs ? … Oui, je sais, l’échec n’est pas permis. … Oui… je sais… le pouvoir ultime est bientôt miens, ah ah ah…

Il leva une main au ciel, une main tenant fermement le bouton d’entrée vers un portail dimensionnel, soit exactement ce dont avait besoin les jeunes apprentis pour fuir de cet enfer. Voilà pourquoi, d’un vif mouvement froid et calculé, Massko lança de toutes ses forces sa lame feuille en plein dedans. Elle transperça sa peau pourtant à la couleur pierre, et le fit lâcher par reflexe l’artefact si précieux. La douleur ? Il ne crispa à aucun instant le visage, que ce soit lors de l’attaque, ou lorsqu’il se retourna pour faire face à ceux qui avaient surpassés ses pouvoirs.

- (Noctunoir) Massko… tu commences à m’insupporter.

Clama-t-il d’un ton sec, sans la moindre nuance. Il dévisagea ses adversaires de bas en haut, avant de soupirer d’ennui.

- (Noctunoir) Ténéfix, ma pauvre traitresse. Tu me forces à devoir faire le tri parmi tout ce que j’ai à jeter, espèce de sombre ordure incompétente.

Elle baissa un regard horrifié, tandis que Reptincel resserra une nouvelle fois les liens qui la faisait tenir sur son dos.

- (Reptincel) Tu n’auras plus jamais l’occasion de lever la main sur elle !

- (Noctunoir) Une dernière fois encore, histoire de lui faire comprendre sa place au sein de l’équipe.

- (Ténéfix) De… l’équipe… ? L’équipe Ombre… ?

Commença-t-elle en marmonnant.

- (Ténéfix) Bercée dans l’illusion la plus fatale, je rêvais tant de retrouver celui qui… m’avait tant inspiré. Cet homme grand, fort et riche qui pourtant se démenait pour rendre le sourire aux plus démunis. Cet homme qui, un soir où l’on me piégea dans une ruelle, fit bien plus que me sauver la vie. Un homme qui me tendit une main, même après cet événement, pour me proposer de former une équipe d’exploration à ses côtés. Cette période est si lointaine. N’était-ce pas déplacé d’essayer, depuis tout ce temps, de le ramener à la raison… ?

Noctunoir n’exprimait toujours pas la moindre émotion. Ténéfix en eut assez, et releva un regard enragé à son égard.

- (Ténéfix) Ce fut bien pire que déplacé, VOUS N’ÊTES PAS CET HOMME !!

- (Noctunoir) Je ne l’ai jamais été.

Il essaya de conclure froidement cette inutile conversation, tendant à nouveau les mains vers ses adversaires. Ces derniers se préparèrent, et puissamment, la même explosion spectrale qu’il dégagea la première fois pour les rendre fou les submergea. Mais ils ne s’écroulèrent pas, au contraire, Massko rouvrit les yeux en premier.

- (Massko) Dommage pour toi, mais tu vas devoir te battre à la loyale !

Les autres en firent de même, se repréparant pour un affrontement plus direct. Le type spectre se montra à nouveau ennuyé, mais certainement pas surpris. Il ferma les poings et s’avança d’un air de plus en plus dominant.

- (Noctunoir) Très bien, vous me servirez d’échauffement pour l’assaut de votre pitoyable village !

- (Carabaffe) Menace-les encore une fois et j’te crève, sale merde !

- (Noctunoir) Tu n’en es pas capable.

- (Carabaffe) Moi ? Nan…

Commença-t-il, en se propulsant droit sur lui. Il allait l’atteindre de front, mais au dernier moment, il dévia sa trajectoire dans les airs pour esquiver sa contrattaque et l’aveugler avec son eau. Ce fut une distraction suffisante pour permettre à Massko de lui assigner un puissant coup de griffe en pleines côtes sans se faire repérer, de quoi le blesser assez pour l’empêcher d’atteindre à nouveau Carabaffe, qui retomba en toute sécurité dans son dos.

Ce dernier se repropulsa immédiatement, attaquant d’un coup de boule à l’arrière, de quoi le renverser en avant et permettre à Reptincel de lui cracher une boule de feu en pleine tête sans aucune chance de bloquer sa puissante capacité. L’explosion repoussa tout le monde, laissant au centre de la pièce un grabuge de fumée duquel le type spectre peinait à se relever.

- (Carabaffe) Mais face à une équipe… t’as aucune putain d’chance !

- (Noctunoir) Vous commencez… à dépasser les BORNES !!

Il repoussa d’un simple geste l’épais brouillard, se montrant sous un air plus excédé. D’une vitesse remarquable, il chargea sauvagement Carabaffe. Ce dernier esquiva ses premiers coups, avant de tenter une puissante contrattaque… qu’anticipa très étrangement et sans aucun problème sa cible.

- (Carabaffe) Quoi… !?

- (Noctunoir) Tu peux dire merci…

Il le cogna alors violemment d’une droite en plein ventre.

- (Noctunoir) Aux analyses de ton chef d’équipe !!

- (Reptincel) … (Pardon ? Il a mémorisé mon rappelle-tout par cœur !?)

Le type eau valsa en crachant du sang, mais son adversaire n’en avait pas encore terminé. Il se repropulsa en préparant un coup fatal, lorsque Brutalibré bondit et le repoussa d’un coup de pied sauté, l’attirant avec lui dans une trajectoire différente.

- (Brutalibré) … (Pas le choix, même si la douleur est atroce… !)

- (Noctunoir) Dégage !!

Cria-t-il en agrippant son visage. Il reprit immédiatement l’avantage, encore plus en le plaquant à terre d’une force phénoménale, faisant exploser la roche à l’impact. Toujours au sol, Carabaffe lança immédiatement un jet d’eau brûlant sur la main qui tenait son coéquipier, et le relâchant par reflexe, Massko en profita pour bondir récupérer le catcheur blessé.

- (Massko) Il est inconscient… !

- (Carabaffe) Merde… ! (Il frappe si fort, sûrement grâce aux rouages !)

- (Noctunoir) Tu es le prochain !!

Exclama-t-il en tentant de rattraper Massko dans sa fuite, mais Reptincel lui sauta dessus, l’agrippant dans le dos pour déstabiliser sa propulsion. Ténéfix le regardait au loin, effrayée par son action qui lui avait demandé de se séparer d’elle. Mais ni une ni deux, son adversaire lui maintint les bras et s’écrasa brutalement sur le dos. La roche frappa Reptincel en premier, et le poids de Noctunoir joua sur la puissance de l’impact.

- (Noctunoir) Une ne suffit pas !?

- (Reptincel) … (Mince, je n’en encaisserai pas deux… !)

Il se redressa et s’apprêta à se laisser tomber une nouvelle fois, mais Carabaffe usa d’une dernière propulsion pour bousculer son partenaire juste avant l’impact… qu’il reçut donc à sa place.

- (Reptincel) Carabaffe !!

Dès qu’il se releva, tout le monde put constater l’horreur des dégâts commis : la carapace du type eau était sévèrement brisée. Mais ce dernier souriait malgré tout, car plusieurs bouts de cette dernière furent empalés dans le dos de sa cible. Noctunoir crispa les dents de rage, alors que son sang commençait à couler sur son costard.

- (Noctunoir) Hors de ma vue !

Il le dégagea d’une gifle brusque, l’envoyant valser à plusieurs mètres sans que personne ne puisse le rattraper. Lui non plus ne le pouvait. Une fois encastré dans un mur, il peina à rouvrir les yeux, crachant douloureusement du sang.

- (Massko) Merde, il reprend l’avantage…

- (Noctunoir) À ton tour, Massko !!

Rigolait-il, comblé d’adrénaline. Le type plante n’eut d’autres choix que de relâcher du sang pour créer une lame feuille, qu’il tenta immédiatement d’utiliser sur celui qui s’approchait à toute vitesse. Mais à nouveau, Noctunoir le bloqua de la meilleure manière possible. Il lui attrapa le poignet et le brisa sous le poids sa force, avant de le cogner aux meilleurs endroits, de le blesser aux parties du corps qu’il était le plus susceptible d’user selon ce que Reptincel avait vu et annoté de lui. Une nouvelle fois, ses analyses se montraient sans faille.

Le type spectre l’envoya valser contre un mur, avant de créer une attaque Ball’Ombre. Mais le type feu le surprit à nouveau, déviant son bras en frappant d’un puissant coup de pied dedans.

L’attaque s’envola dans le plafond, qui explosa et commença à s’effondrer. Des débris entourèrent les deux adversaires, et Massko bondit en détruire pour protéger Carabaffe et Brutalibré.

Au même moment, Noctunoir cogna violemment et sans s’arrêter le type feu. Ce dernier bloquait difficilement ses charges, sentant plusieurs de ses côtes se briser.

- (Noctunoir) C’est terminé, j’ai déjà gagné !!

Malgré les remarques de cette dominante voix, la rage de son adversaire ne s’amoindrit pas. Il bloqua dès qu’il le put ses deux féroces poings, les maintenant en tremblant, mais stoppant le carnage pendant bien quelques secondes. À nouveau, le monstre ne faisait qu’en rire.

- (Noctunoir) Qu’est-ce que tu essaies de faire, rallonger la douleur de ta mort !?

- (Reptincel) Mes techniques… elles ne servent pas à détruire !

- (Noctunoir) La preuve ! Bientôt, elles ravageront le monde qui t’a permis de les confectionner, quelle ironie du sort !

Le type spectre commença à prendre l’avantage.

- (Reptincel) Je n’abandonnerai jamais… ! Mon carnet… je le récupèrerai !!

- (Noctunoir) Dommage pour toi, il n’est dans aucune de mes poches !

- (Reptincel) Quoi… ?

- (Noctunoir) Les types psy ne sont pas les seuls à maîtriser la téléportation ! Mais eux, les crois-tu capable de déplacer un objet d’un bout à l’autre du monde pour le récupérer d’un claquement de doigt ? Sache que depuis peu… J’EN SUIS CAPABLE !!

Cria-t-il en reprenant définitivement l’avantage. Il plaqua son adversaire à terre, et tenta de l’achever sur le coup. Mais Reptincel lui cracha une boule de feu de plein fouet, même si il n’était qu’à quelques centimètres, même si il s’infligea des dégâts tout seul. Cela lui permit de s’écarter et de se relever à son rythme, alors que Noctunoir dégagea une nouvelle fois la fumée qui l’entourait.

- (Noctunoir) Allez, ça suffit. Tu sais déjà que tu ne peux rien faire !

- (Reptincel) Peut-être pas. Je n’osais pas par peur d’endommager mon bien, mais puisque vous ne l’avez pas, je n’ai plus aucune raison de me retenir !

- (Noctunoir) Parce que tu te retenais ? Ne m’fais pas rire…

Le chef de la Dream Team savait ce qu’il avait à faire. Il se mit en garde, et alors que son adversaire s’apprêtait à se moquer une nouvelle fois, il l’attaqua de front à la première ouverture. Il l’enchaîna immédiatement, usant de ses techniques les plus perfectionnées. Hélas, Noctunoir les connaissait, lui qui avait parfaitement étudié le rappelle-tout de ce dernier. Il anticipa donc sa prochaine attaque et contrattaqua… du moins essaya.

Au dernier moment et parce qu’il en avait parfaitement conscience, Reptincel changea de style et se servit des techniques de Brutalibré.

- (Noctunoir) Q… qu’est-ce que… !?

Ne pouvait-il seulement geindre. Déstabilisé par ces nouveaux mouvements, Reptincel prit un puissant avantage dont il ne lâcha pas l’opportunité. Il frappa, encore et encore, quitte à s’épuiser beaucoup plus rapidement qu’avec son propre style. Il s’en fichait, car qu’une seule chose ne comptait, à cet instant précis : vaincre Noctunoir par tous les moyens.

Ce dernier envoya un coup de poing, qu’il bloqua avant de lui tordre le bras, tout en s’en servant de tremplin pour bondir et assigner un premier coup de pied en pleine tête. En se retournant, toujours dans sa chute, il enroula sa queue autour de son cou, qu’il attira donc férocement vers le sol en se laissant tomber. Il passa sous son corps, toujours en le tenant, et le força à faire un salto avant pour finir allonger sur le dos. Il le relâcha, se redressa rapidement et lui sauta dessus, le coude en avant. Le hurlement qui suivit venait bien de Noctunoir, même si personne, pas même Ténéfix, ne l’avait entendu prendre une telle intonation. Pour la première fois, il semblait vraiment sincère.

Reptincel s’écarta, et lorsque son adversaire tenta de se relever, il lui courut dessus, sauta, plaqua ses deux pieds sur son torse et se propulsa en arrière pour le refaire tomber. Tout en exécutant son salto, dès qu’il en eut la trajectoire, il lui cracha une boule de feu de plein fouet. Et en retombant sur ses pattes, il recommença, enchaînant un deuxième, un troisième, un quatrième cracha brûlant.

Le corps entier de Noctunoir se tortillait de douleurs dans les flammes, son costard cramait à une vitesse pharamineuse. Le type feu, de son côté, posa un genou à terre. Il peinait à récupérer son souffle, respirant et recrachant sa propre fumée. Il savait qu’abuser de ses pouvoirs était dangereux, mais jamais il ne fut aussi redoutable qu’aujourd’hui.

Massko releva Carabaffe, sous le choc de l’affrontement qui venait d’avoir lieu. Ténéfix affichait un air démunit, face à ce que subissait celui pour qui elle avait tant espérée.

Mais Noctunoir n’avait pas dit son dernier mot. Il plaqua ses mains à terre, se stabilisant malgré la douleur. Les flammes l’entouraient telles une aura dévastatrices, mais il ne tremblait plus. Il se releva lentement. Son expression… ? Elle n’avait plus rien à voir avec celle d’un mortel. Reptincel se mit difficilement en garde, il n’avait plus la force de reproduire un tel exploit. Le Pokémon de type spectre, en revanche, ne faisait que commencer.

D’un premier mouvement, il arracha son costard ravagé par l’adversité. Son ventre était effrayant, deux yeux comblaient sa poitrine, tandis qu’une grande banderole jaune entourait ses abdominaux, tel un grand sourire narquois. Puis, d’un second mouvement et cette fois-ci de son bras tordu, il laissa divaguer une légère aura spectrale.

- (Noctunoir) Je n’ai pas les mots, si ce n’est « merci » ! Merci de m’avoir montré que même le type insecte pouvait se défendre !

Massko, Carabaffe et Ténéfix tournèrent leur attention sur les quatre objets qui vinrent du ciel, sous le choc de comprendre ce qui les attendait.

- (Noctunoir) Si ils m’offrent autant de satisfaction que toi, alors j’ai hâte plus que jamais de les attaquer ! Promis, je n’irais à fond que si je m’ennuis !

- (Massko) Reptincel, recule !!

C’est alors qu’il les vit à son tour. Le type feu vit les quatre rouages du temps de leur monde, ceux que Noctunoir leur avait dérobé, flotter dans les airs sous les instructions spectrales de l’être surpuissant. Oui, surpuissant, car cela voulait dire que depuis le début, il se battait sans l’aide d’aucun rouage.

- (Reptincel) Non… !

- (Noctunoir) La victoire ne peut qu’être mienne, il fallait s’en rendre compte avant de franchir les portes de mon palais !!

Son aura devint soudainement monstrueuse. Les quatre rouages du temps lui tournaient autour, alors que le palais se mit à trembler. Le plafond termina de s’effondrer, le sol commença tout juste. Noctunoir se mit à flotter encore plus haut que d’habitude, survolant tous ses adversaires d’un rire démoniaque. Ses bras tremblaient, la puissance contenue devait être astronomique. Et effectivement, quand il se tourna vers le groupe, tout le monde constata l’horreur des dégâts commis.

Son ventre s’ouvrit en deux. La ligne jaune n’imitait pas seulement un sourire, elle en était bel et bien un. Un immense et assourdissant rayon spectral se propulsa à toute vitesse sur Massko, Brutalibré, Carabaffe et Ténéfix. Le premier attrapa le deuxième, puis bondit d’un côté pendant que les deux autres s’écartèrent de l’autre côté. Ils esquivèrent l’attaque de peu. Le mur, en revanche, se désintégra à l’instant même où l’aura du rayon le frôla.

Tout le monde se retrouva l’audition sépulcral pendant quelques instants. De son côté, Noctunoir regarda, essoufflé, son ventre désormais furieusement égratigné. Il n’en ressentait pas la douleur, alors il ria simplement et pensa à son prochain coup. Constatant que ses adversaires étaient à bouts, blessés et aussi minuscules, à son niveau, que de vulgaires insectes ; il leva à nouveau une main au ciel.

- (Noctunoir) Vous abattre avec un tel pouvoir serait puéril.

Sa voix transperçait l’atmosphère.

- (Noctunoir) Je me sens… d’attaque. Oui, je pense que c’est le bon moment pour enfin récupérer ce qui me revient de droit, le dernier rouage du temps ! Je n’ai que faire de vous, si ce n’est une parfaite introduction pour mon armée, histoire de les préparer à ce qui les attend ! TÉNÉFIX, VENEZ À MOI !!!

Hurla-t-il d’une voix raisonnante non pas dans le palais, mais dans le monde entier. Toujours la main levée au ciel, il laissa un, puis deux, puis des dizaines de portails s’ouvrir, des portails reliant le reste de ce monde éteint à cet endroit précis, des portails… desquels sortirent un Ténéfix chacun.

Leur mère écarquilla les yeux, emplie d’angoisses face à la pire des visions d’horreur. Vingt-trois, ils furent vingt-trois. Alors qu’ils retrouvèrent enfin l’audition, les adolescents reculèrent lentement, démunis face à cette véritable armée.

- (Massko) Comment… ? Je pensais qu’ils ne pouvaient être que trois !

- (Ténéfix) C’était le cas, mais il a fait usage du pouvoir divin que les rouages lui offraient pour me forcer à décupler mes propres capacités ! Je n’ai rien pu faire, je suis vraiment désolée… !

- (Carabaffe) On pensait qu’il allait s’en servir pour quitter ce monde par ses propres moyens, mais c’est bien pire que ça ! Avec autant de pantins à sa botte, la guilde n’a aucune chance de l’arrêter, si il attaque par surprise !

- (Ténéfix) Mes enfants, écoutez-moi !

Exclama soudainement leur mère, en s’approchant un peu trop.

- (Ténéfix) Arrêtez de suivre les ordres de ce monstre, je… je vous ordonne de le confronter coûte que c… !

Hélas, tout cela était bien inutile, désormais. En guise de réponse, l’un d’entre eux tenta de la lacérer d’un sévère coup de griffe, mais Reptincel l’en empêcha de peu, lui crachant une boule de feu en pleine tête.

- (Reptincel) Éloignez-v… ! *tousse*

Il s’écroula de fatigue, n’arrivant plus à reprendre correctement son souffle à cause de la fumée que sa gorge dégageait abondamment.

- (Massko) Reptincel !!

Massko bondit le rattraper, pendant que Carabaffe cherchait désespérément une solution. Il se souvint que le type plante avait empêché de peu Noctunoir d’user un portail dimensionnel, et que l’artéfact était tombé dans un coin de la pièce. Hélas, tous étaient recouverts de gravas. Mais il n’avait pas le choix, il fonça essayer de le retrouver à temps.

Pendant ce temps, Noctunoir joutait avec Massko. Il envoya quelques attaques Ball’Ombre, qu’il esquiva de peu pendant que les Ténéfix tentaient de l’attaquer. À chaque fois qu’il produisait un quelconque pouvoir avec les rouages en sa possession, ce dernier se décuplait. Mais en contrepartie, son corps se blessait de plus en plus. Cependant, il ne ressentait aucune douleur, alors il poursuivait en se fichant des conséquences.

Portant son ami à bout de bras, il n’avait presque plus la force de bouger. Ténéfix essayait bien de l’aider, mais elle devait déjà faire face à quelques de ses enfants, tous prêts à la tuer sans le moindre remord.

Soudainement, Carabaffe le trouva.

- (Carabaffe) Je l’ai !

Son cri attira autant l’attention de ses amis, que celui de ses ennemis. Tout le monde le vit avec le bouton métallique, que Noctunoir ne voulait bien évidemment pas qu’il utilise.

- (Noctunoir) Que crois-tu faire, sombre imbécile !

Il l’attaqua à son tour, et bloqué par les débris, le type eau fut sévèrement frappé. Il s’écroula, définitivement à bout de forces.

- (Massko) N… non !!

Massko tenta de le rejoindre, mais Noctunoir l’anticipa et tira sur sa trajectoire. L’attaque le repoussa, et l’explosion le fit lâcher Reptincel qui valsa un peu plus loin encore. Tout le monde était à terre, si ce n’est Ténéfix qui ne savait plus quoi faire. Elle pleurait, choquée de voir ses propres enfants dans un tel état. L’autre type spectre s’approcha finalement.

- (Noctunoir) Allez-y doucement, mes chers soldats. Il ne faudrait pas que vous disparaissiez, n’est-ce pas ?

Il ne l’avait finalement pas oublié.

- (Ténéfix) Te rends-tu compte… de celui que tu es devenu… ?

- (Noctunoir) Tu l’as toi-même dit, c’est toi qui fus longtemps bercée dans l’illusion.

- (Ténéfix) Peut-être bien, mais je refuse de croire que ce n’était pas réciproque ! Après tout ce que nous avons vécu ensemble, tu…

- (Noctunoir) Arrête.

- (Ténéfix) … !

- (Noctunoir) Je n’étais qu’un ignorant, vivant dans un monde d’incapables et aux ambitions bêtement limitées. Je me suis éveillé le jour où mon œil s’est posé sur ce que ces imbéciles ont bien voulu nous montrer. Me piéger, moi ? Il était déjà trop tard, et ce gouvernement paira. Une fois tous les rouages du temps en ma possession, j’irai me venger.

Il jeta un œil à ses mains affreusement égratignées à cause des rouages, mais ne fit qu’en rire de manière effrayante.

- (Noctunoir) … Oui, il sera miens. Oui… je le sais.

- (Ténéfix) Mais… regarde-toi ! Tu es devenu complètement… !

- (Noctunoir) Il suffit.

Il lui afficha la paume de sa main, prête à l’assommer d’une puissante attaque spectrale. Plus personne ne pouvait rien y faire, Brutalibré, Massko et Carabaffe étaient inconscients. Reptincel tenta désespérément de se relever, mais un Ténéfix le plaqua d’un pied à terre. Il observait impuissant le sort de Ténéfix, il jeta un bref regard vers le bouton métallique, leur seule porte de sortie. Rien ne lui était accessible, tout était perdu.

Une petite lumière scintilla au sommet de la pièce. Elle s’illuminait de plus en plus, jusqu’à attirer l’attention de celui qui allait s’évanouir. Le chef de la Dream Team rouvrit doucement les yeux, il distinguait un ridicule brin d’espoir l’aveugler. Ténéfix dévia son regard de celui de Noctunoir, qui comprit que quelque chose n’allait pas. Il sentait une étrange chaleur réconfortante, et en se retournant… se fit soudainement submerger par cette lumière si puissante.

En rouvrant les yeux, il vit une figure transpercer cette scintillance. Elle était petite, verte de peau, flottant grâce à deux petites ailes, aux bras fins et à la chevelure montante. La lumière s’éteignit, alors qu’elle ouvrit deux grands yeux bleus. Son sourire était narquois, alors qu’elle fusilla d’un regard hautin le Pokémon spectral.

- N’as-tu pas l’impression d’exagérer un peu ?

Clama-t-elle d’une voix douce, mais bizarrement dominante.

- (Noctunoir) Qui es-tu… ?

- Celebi, espèce d’imbécile.

Reptincel écarquilla les yeux, il connaissait ce nom.

 

- (Massko) J’ai honte, Reptincel…

- (Reptincel) Pourquoi ? Avec qui as-tu marchandé ?

- (Massko) … Elle s’appelait Celebi.

 

- (Noctunoir) Hors de ma vue !

Exclama-t-il, en lui projetant une puissante et soudaine Ball’Ombre. Mais elle l’esquiva sans la moindre difficulté.

- (Celebi) Hum… non, y a moyen de rendre les choses encore plus incroyables ! Du coup, pour cette fois, j’interviens.

Et d’un simple mouvement de patte, elle l’envoya valser tel un vulgaire mouchoir sale, alors même qu’il était en possession des quatre rouages du temps. Reptincel était sous le choc, tandis que les Ténéfix le relâchèrent pour, tous ensemble, bondir lacérer cette nouvelle proie.

Celebi, elle, dégagea ses adversaires d’un simple regard. Elle ne les tua pas, elle n’en avait pas l’intention. Le type feu profita de l’attention qu’elle créait pour se récupérer le bouton métallique, puis regroupa avec la mère des Ténéfix leurs alliés en un seul endroit. Il appuya dessus, et le portail s’ouvrit.

- (Ténéfix) Tu as vérifié qu’il était bien programmé sur votre monde !?

- (Reptincel) Hein… ? Non, mais Noctunoir allait de toute façon s’en servir, alors je pense qu’il l’est.

- (Ténéfix) Très bien, alors dépêchons-nous ! Il ne reste actif qu’une minute !

Ils soulevèrent et envoyèrent le corps de leurs coéquipiers un à un dans le portail, puis Ténéfix sauta à son tour. Il ne devait rester que vingt secondes avant qu’il ne se referme, mais Reptincel prit tout de même le temps de tourner un dernier regard vers Celebi. Il vit également Noctunoir se relever, l’air paniqué.

- (Noctunoir) N… non, tu restes là !!

- (Reptincel) … (Merde… !)

Il bondit pour l’attaquer, mais à nouveau, Celebi le repoussa avant qu’il ne l’atteigne.

- (Reptincel) … (Mais… ? D’où sort cette puissance !?)

- (Noctunoir) … (Comment est-ce possible… !? Je suis devenu un dieu !!)

- (Celebi) Qu’est-ce que tu attends, exactement ?

Elle fixa d’un regard hautin l’adolescent, l’intimidant à un point où il peina à lui répondre sans bégayer.

- (Reptincel) Vous nous avez sauvé, je… veux juste savoir si tout ira bien pour vous ?

- (Celebi) Pff… ferme-là !

Et d’un dernier mouvement de bras, elle le propulsa d’un mépris certain dans le portail, qui se referma juste après. Ce fut une étrange réaction, et le rejeté se sentait aussi stupide qu’inutile. Mais maintenant qu’il y pensait, il y était, lui comme ses amis. Tous avaient traversés le portail, tous quittaient enfin ce monde éteint, cet enfer vivant.

Alors qu’une brise assez fraiche lui parcourait agréablement le corps, alors que le bruit des feuilles se remuants au gré du vent animait la petite forêt chatoyante qui – ce soir-là – fut d’une atmosphère orangée et chaleureuse, il rouvrit lentement les yeux.

Reptincel se redressa brusquement, essoufflé par l’adrénaline que lui procurait tous ces changements. La gravité était plus allégée, les couleurs l’aveuglaient et tout bougeait. Les herbes, les feuilles aux arbres, les nuages.

Il se releva difficilement, constatant que les corps inconscients de Brutalibré, Massko et Carabaffe se trouvaient à ses côtés. Ténéfix était là aussi, récupérant à la source d’eau la plus proche, une petite rivière d’un bleu si étincelant. Il soupira, puis admira pour la première fois depuis longtemps, très longtemps les alentours.

- (Reptincel) … Nous y sommes enfin. *soupir* Bon sang…

- (Ténéfix) Comment… *souffle* peux-tu en être aussi sûr ?

Lui demanda-t-elle, se relevant après s’être hydratée.

- (Reptincel) La Jungle Mystère, je la reconnaitrai entre mille. Cela veut dire que…

Il se retourna, et fit face à la zone entourée par de nombreuses autres, dont la Jungle Mystère. Il s’agissait de la plus grande montagne du continent : le Volcan Géant. Ténéfix s’approcha en titubant.

- (Ténéfix) Il faut… *souffle* qu’on retourne à votre guilde ! On doit se préparer à l’attaque de Noctunoir !

- (Reptincel) Elle est trop loin. Nous ne l’atteindrons jamais si nous ne récupérons pas un peu avant.

- (Ténéfix) Merde…

- (Reptincel) Ce n’est pas grave, je sais où nous serons en sécurité.

Sur ces mots, il sortit un objet certes encombrant, mais qu’il n’avait jamais cessé d’oublier. Un objet qu’il gardait dans sa poche depuis tout ce temps, un objet que lui avait gentiment offert celui qui l’aimait, dans l’exact but de trouver de l’aide s’il venait à être séparé de lui.

Sur ces mots, il sortit le caillou rouge du Volcan géant. Celui que Chart avait offert à Ptyranidur, celui que Ptyra avait offert à Reptincel. Ce fut l’unique ticket d’entrée dans la communauté, et le chef de la Dream Team se décida à l’utiliser maintenant.

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