Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 38 : Rappelle-tout

5549 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/08/2021 01:12

Le Volcan Géant, la réponse à beaucoup d’interrogations que se firent les apprentis durant leur excursion au Lac des Brumes : « Quelle est la plus grande montagne du continent ? ». En ce jour du 10 Mars 232, Grodoudou chargea l’équipe Renaissance d’aller prendre des nouvelles à la communauté qui vivait paisiblement et depuis un bon bout de temps maintenant, au cœur de ce volcan éteint sans pour autant qu’il n’est perdu de sa chaleur d’antan.

Alors après cinq bonnes heures de marche, Argouste, Ptyranidur, Rocabot et Galifeu arrivèrent essoufflés, mais assurément déterminé face à la montagne de lave rendant le continent Sud aussi magnifique que dangereux.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 38 : Rappelle-tout

 

Un énième sauvage couvert de flammes leur sauta dessus. Bienheureusement, le type roche de Rocabot et Ptyranidur leur permit de défendre leur venue en ces lieux peu conforts aux non-types feu. Ceci-dit, l’atmosphère fortement alourdie réduisit rapidement leur endurance.

- (Rocabot) *souffle* Bon… ! *souffle* Va peut-être falloir se dire les choses, un moment, le maître a complètement déliré !

- (Ptyranidur) Du calme, nous ne cherchons que depuis une demi-heure.

- (Rocabot) Un village entier ! Me fait pas rire, c’est impossible qu’un village entier se cache dans ce volcan !

- (Argouste) C’est vrai que c’est louche… vous croyez qu’il faut passer à travers les coulis de lave ?

- (Galifeu) Je pourrais essayer.

- (Rocabot) Wow, wow wow wow, pas moi ! Moi, si je fais ça, je fonds !

- (Ptyranidur) Tu ne t’hydrates pas assez, Roca. Tiens, prends un peu d’eau…

- (Rocabot) Aaah… mets la moi directement sur le visage !

Pendant qu’il s’exécutait et qu’Argouste observait les alentours, Galifeu regarda ses mains humides.

- (Galifeu) … C’est vrai que même moi suis un peu perturbée par cette chaleur. Si Pijako nous avait parlé d’un lieu dépassant les cinquante degrés, je pense que je m’en serais souvenue.

Soudainement, la roche sous les pieds d’Argouste se mit à briller d’une lueur jaune. Galifeu le remarqua lorsqu’il commença à craqueler, et avertit en urgence son chef d’équipe. Mais ce dernier ne comprit que trop tard, et le puissant jet de lave qui en découla le heurta presque de plein fouet.

- (Galifeu) Argouste !!

Le lac de lave se trouvant à leur côté gargouillait de plus en plus, jusqu’à ce qu’un Pokémon y sorte à toute vitesse, d’un bond aussi élevé que rapide. C’était une carapace rouge, qui se cogna contre le plafond pour dévier sa trajectoire et retomber plus rapidement sur le chef de l’équipe Renaissance. Elle le bouscula, le faisant donc esquiver de peu la rafale de lave qui se dégagea de sous ses pieds.

- (Ptyranidur) Argouste, ça va aller !?

- (Argouste) O… ouais, j’ai été sauvé de peu… !

Tous les regards fixèrent la carapace, de laquelle s’échappa quatre pattes brunes en réatterrissant sur le sol. Son long cou sortit en dernier, affichant un visage aux grands yeux expressifs. De la fumée s’échappait de ses narines, comme du sommet de son dos. Elle leur sourit, les dévisageant tous de bas en haut.

- Vous n’êtes pas si laids, finalement !

Un léger silence régna, suite à l’exclamation de cette voix féminine mouvementée.

- (Rocabot) Pardon… ?

- Vous êtes de la guilde, pas vrai ?

Voyant que tout le monde restait bouche bée, Ptyranidur s’avança en toussant.

- (Ptyranidur) Oui, bonjour ! Notre maître nous a envoyé à la recherche de la communauté Chartor, vous en faites partie ?

Elle s’avança à son tour, puis lui envoya de la fumée en plein visage en guise de réponse. Le fossile recula en toussant à nouveau, cette fois à cause de la chaleur qui découlait de ce geste ; et la jeune femme en rigola.

- Ah ah, t’es mignon ! C’est quoi ton nom ?

Argouste et Rocabot échangèrent un regard indécis.

- (Rocabot) Chelou, celle-là… ?

- (Ptyranidur) P… Ptyranidur… *tousse*

- Ptyranidur ? Wow, c’est sacrément compliqué pour pas grand-chose…

- (Argouste) Excusez-moi, nous sommes pressés !

- Ouais, j’m’en doute. Des soixante-dix-sept derniers Pokémon que j’ai rencontré, vous êtes les premiers, à part misse, à ne pas être de type feu ou sol. Anecdote sympa, si vous restez ici deux heures sans rien faire, vous fondez !

- (Rocabot) Ah… ?

- Allez, suivez-moi, c’est par-là !

- (Argouste) C’est sensé vouloir dire oui ?

- (Ptyranidur) Vu la chaleur… *tousse* ouais, elle en fait bien partie… !

- (Galifeu) On vous appelle Chartor, du coup ?

- (Chartor) Chart, c’est moins long !

Et sur ces mots, elle fonça au lieu demandé. Les autres se virent dans l’obligation de courir pour la suivre, si ce n’est de bondir pour la rattraper. Ils sautèrent des lacs de lave, esquivèrent quelques éboulements et confrontèrent, ou plutôt laissèrent Chartor confronter seule les sauvages qui leur barrait la route. Ce n’est pas qu’ils ne voulaient pas l’aider, mais bien qu’elle les achevât avant même qu’ils ne se rendent compte que le combat avait commencé. Ensuite, elle courait à nouveau.

- (Rocabot) Hé, on est si pressé que ça !?

- (Galifeu) Tais-toi et cours !

Ils s’enfoncèrent plus profondément jusqu’à une intersection bloquée par une grosse roche, déjà visitée par l’équipe plutôt. La jeune femme débloqua le passage en la déboulant simplement à quelques mètres. La lumière qui se trouvait derrière était celle du soleil.

- (Argouste) Je vois… nous n’avons pas assez bien explorés.

- (Chartor) Tant mieux, des bourrins comme vous l’auraient fait exploser !

- (Rocabot) N’importe quoi, on s’appelle pas Carabaffe…

Le chef entra le premier. Les autres suivirent, et tous descendirent un petit chemin rocheux de manière beaucoup plus calme. Ils se trouvaient au centre du volcan, entièrement ouvert sur le ciel d’un bleu étincelant, ce jour-là. Un peu plus bas se trouvaient des maisonnettes, faites de roches rouges et à l’architecture arrondie, au même titre que la carapace des membres de cette communauté. Ils possédaient un gigantesque bain constamment chauffé par la nature des environs, un champ de ressources résistants à ces fortes températures, tandis que des habitants se promenaient tranquillement d’un point A à un point B, la plupart avec des sacs de ressources à transporter. Leurs accoutrements étaient légers, encore plus qu’à Bourg-Trésor. Tous portaient un tablier blanc et rouge autour du cou, et maintenant qu’ils le remarquèrent, Chart aussi en avait un.

- (Argouste) La roche sert à vous cacher des contrebandiers ?

Cette dernière lui répondit d’un air plus sérieux, tout en les menants vers celui qu’ils cherchaient sans le savoir.

- (Chartor) À l’origine oui, mais en ce moment, ça permet surtout aux sauvages de ne pas s’introduire au village.

- (Ptyranidur) Y a-t-il beaucoup de fugitifs, qui cherchent à se cacher ici ?

- (Chartor) Ceux qui résistent aux flammes.

- (Galifeu) Ah ouais, même en ce moment… ?

- (Chartor) … Non, mais c’est pour ça que vous êtes là, je suppose ?

Ils arrivèrent devant un des nombreux champs de récolte, autour duquel rodait un seul Chartor. Il était beaucoup plus vieux, et rien qu’en échangeant un premier regard avec la jeune femme, les adolescents comprirent que ces deux types feu avaient un lien de parenté.

- (Chartor) Papa !

Exclamait-elle, en lui sautant presque dans les bras.

- Oh, Chart, tu es enfin de retour ! Parfait, je vais pouvoir… Tiens, de nouveaux touristes ?

- (Chartor) Ils sont de la guilde.

- Oh…

Le silence régna à nouveau, pendant que la fille de celui qui semblait être le chef de la communauté prit sa place à la récolte.

- (Rocabot) Superbe ambiance ! Personne ne nous aime, c’est ça ?

- (Galifeu) Grodoudou se lave encore une fois les mains sur notre dos…

- Non, non non, absolument pas, ah ah ! Mais la venue de la guilde n’est jamais bon signe pour notre communauté, surtout que nous avons enfin pu percevoir les problèmes avant votre venue.

- (Ptyranidur) Mince. C’est pire que ce que nous ne pensions, donc ?

- La température a augmenté, ce n’est une surprise pour personne. Cela ne dure que depuis quelques semaines, mais le Volcan Géant n’en devient que plus dangereux. Les Pokémon sauvages deviennent tous très agressifs, ils trouvent de plus en plus de moyens d’entrer en douce dans le village, malgré nos différentes protections.

- (Ptyranidur) Avez-vous besoin d’aide ?

- Non, ne gaspillez pas des ressources pour nous, on se doute que vous essayez déjà de résoudre le problème de votre côté. En ce qui nous concerne, ma fille s’occupe de notre protection.

Les regards se tournèrent vers Chart, débusquant tous les légumes qu’elle le pouvait du sol.

- Heureusement qu’elle est là, la dernière et unique membre à savoir se et nous défendre…

- (Galifeu) Oui, on a vu ça. Elle est sacrément balèze.

- Elle fut motivée par Grodoudou lui-même, lors de sa dernière venue en ces lieux. Bref… dites-lui que nous résistons du mieux que nous le pouvons.

- (Argouste) On lui fera passer le message.

- (Rocabot) Nous règlerons le problème, promis !

- (Galifeu) Roca, ne te précipites pas…

- Vous n’êtes pas venu me rassurer, je suppose ?

- (Galifeu) Navré, mais… c’est malheureusement tout l’inverse. Avec de telles chaleurs, il n’est pas improbable que le volcan finisse par s’éveiller après toutes ces décennies d’apaisement. Nous sommes venus vous avertir, et vous prévenir que si cela venait à être le cas, si votre communauté venait… à perdre son habitation, vous seriez les bienvenus à Bourg-Trésor.

- (Rocabot) Mais on fera tout notre possible pour que ça n’arrive pas !

- (Argouste) Oui, cela va de soi.

- (Ptyranidur) Alors tenez bon, s’il vous plaît !

- Nous tiendrons bon, ne vous en faites pas. Merci beaucoup, les enfants, et remerciez infiniment votre maître pour moi.

- (Argouste) Bien. On va devoir partir, la chaleur nous assomme.

- Ah ah, bien sûr !

- (Chartor) Ptyranidur !

Exclama la jeune femme, en lui envoyant soudainement une roche. Ce dernier l’attrapa par reflexe au dernier moment, l’air surpris. Il dévisagea l’objet, un simple caillou rouge des environs. Son interlocutrice s’avança, l’air satisfaite.

- (Chartor) Pas si laid, et pas si inintéressant, finalement ! Ce n’est pas grand-chose, mais personne ne pense jamais à cette roche qui pourtant m’aura porté et supporté pendant dix-sept ans. Les problèmes nous crispent, c’est dans ces moments qu’il nous faut inventer notre propre langage. En ce qui m’concerne… si jamais quelqu’un se présente avec, crois-moi, je l’aiderai.

Termina-t-elle en projetant une dernière fois sa vapeur sur le caillou, désormais devenu artéfact pour le gentil Pokémon fossile. Ce dernier lui hocha la tête, l’air souriant.

- (Ptyranidur) Dans ce cas, appelle-moi Ptyra !

- (Chartor) Ah, c’est déjà sacrément moins chiant !

- (Argouste) On y va, Ptyra !

- Bon retour ! Pensez à bien fermer derrière vous !

Et sur ces mots, l’équipe Renaissance rentra à la guilde d’exploration. Sur le chemin du retour, ils discutèrent leur aventure. Le climat s’extrêmisait, la chaleur dépassait cinquante degrés dans l’ancien volcan, tandis que les forêts, auparavant fraiches en hiver, s’enneigeaient désormais à ne plus en finir. Cela était-il lié au fait que quatre des cinq rouages du temps étaient constamment collés entre eux ? Grodoudou ne communiquait pas là-dessus, mais la réponse semblait évidente pour les apprentis.

Ils rentrèrent à Bourg-Trésor vers quinze heure, s’invitants tardivement au bar Spinda pour déjeuner. Enfin presque : Ptyranidur prit une autre direction.

Retournons au début de cette journée, alors même que le soleil peinait à se lever. Le lac de la Zone de Victoire fut sacrément mouvementé, en ce début de matinée. Écrapince était assis au rebord, l’air ennuyé. Il regardait celui à qui il avait appris à nager foncer à toute allure sans s’arrêter. Reptincel faisait exploser ses pouvoirs pour se propulser. Si en surface, ses bras se brisaient sous le choc de l’attaque, à la nage, ils encaissaient beaucoup plus facilement. De ce fait, malgré son type très peu avantageux face à ce genre de terrain, il arrivait à dépasser la vitesse de pointe de presque tous les Pokémon qui n’étaient pas de type eau.

Il se décida enfin à remonter à la surface, reprenant son souffle tout en approchant son entraîneur.

- (Reptincel) *souffle* Alors ? Comment… *souffle* j’ai été ?

Le crabe le regarda quelques seconde d’un air dédaigneux, avant de lui pincer le museau.

- (Écrapince) Idiot ! Me faire me lever à six heure pour confirmer quelque chose que tu savais déjà, je te hais !

- (Reptincel) Ouille… !

- (Écrapince) « Gne gne gne, j’ai peur d’avoir perdu mes bases aquatiques en évoluant ! », c’est tout l’inverse, banane, tu en as gagné !

- (Reptincel) Toi aussi, tu l’as remarqué ? Je suis beaucoup plus endurant !

Exclamait-il, tout joyeux, avant de sortir de l’eau et de s’essuyer tranquillement. Les deux amis profitèrent quelques instants du grand calme que cette gigantesque zone d’entraînement leur offrait. Le type feu en profita pour annoter encore d’autres informations, quant à sa nouvelle forme qu’il continuait de tester chaque jours.

- (Écrapince) Je reste tout de même surpris par la vitesse à laquelle tu as appris à nager. Tu es sûr de ne jamais avoir mis les pieds dans une piscine, à l’école ou ailleurs ? Généralement, les types feux ont un traumatisme naturel dans ce domaine.

- (Reptincel) J’en suis certain, Écrapince, c’est juste que tu es un excellent professeur !

- (Écrapince) Arrête de m’flatter, bon sang. J’ai juste rendu service…

- (Reptincel) Et je te revaudrai ça, promis !

- (Écrapince) Y a intérêt, sale mioche.

Ils laissèrent le calme régner un temps, jusqu’à ce que le type feu ne termine son analyse. Il arrivait à la dernière page de son rappelle-tout, se surprenant lui-même d’en être arrivé jusqu’ici.

- (Reptincel) Wow… à quoi vais-je bien pouvoir consacrer cette dernière page ?

- (Écrapince) Peu importe, non ? Tu comptes bien faire un tome deux ?

- (Reptincel) Évidemment !

- (Écrapince) Mince, tu n’hésites vraiment pas ? Ce n’est pas très professionnel de sortir un carnet en pleine mission, tu sais ? En tant qu’apprentis, c’est excusable, mais en tant qu’experts officiellement diplômé par la guilde…

- (Reptincel) Oui, je sais, il faut que j’apprenne à faire sans. Mais… c’est compliqué. Ne pas le prendre par le passé m’aura toujours causé du tort. Sans ce carnet, beaucoup de missions se seraient déroulées autrement, beaucoup d’adversaires…

Marmonna-t-il, en repensant aux terrifiants membres de la DDR auxquels il dut faire face.

- (Reptincel) … N’auraient pas été vaincus. Un jour, je me résoudrai à faire sans. En attendant, il m’est absolument impossible de m’en séparer. Sans lui, je ne serai rien.

- (Écrapince) Je vois…

Le silence s’imposa une dernière fois, avant que l’adulte ne se décide à faire avancer les choses.

- (Écrapince) Allez, faut qu’on rentre ! Pijako va me mettre une sacrée rouille si je ne lui rends pas les clés du souterrain avant midi.

- (Reptincel) Très bien, ça m’arrange ! Il faut que je retrouve Ptyranidur pour le déjeuner !

- (Écrapince) Alors en route !

L’heure du déjeuner arriva justement, mais Salamèche comprit qu’il allait devoir attendre un peu plus longtemps, avant de retrouver celui qu’il aimait. Peu importe, cela ne le dérangeait aucunement. Quinze heure passée, ils s’enlacèrent enfin.

Les deux tourtereaux se retrouvèrent paisiblement seuls en territoire sauvage. Malgré le fait de vivre dans la même fondation et d’avoir à peu près le même emploi du temps, ils arrivaient à se manquer. Alors ils se réservèrent quelques midis rien qu’entre eux, profitant de leur vie désormais si chaleureuse et évacuant le peu de stresse que la guilde leur imposait. Ce jour-là, Ptyranidur confia la pierre rouge de Chart à Reptincel.

- (Reptincel) C’est… un caillou ?

- (Ptyranidur) C’est surtout un passe pour la communauté Chartor. Au cas-où tu te retrouverais en manque de ressources nécessaires, un jour, en pleine mission éloignée de Bourg-Trésor. Au moins, je sais que la chaleur du Volcan Géant ne t’annihilera pas comme nous.

- (Reptincel) Oh, c’est adorable…

Il rangea donc précieusement la roche dans l’une de ses poches.

- (Reptincel) Je vais finir par penser que tu prends bien plus soin de ma santé que de la tienne…

- (Ptyranidur) Parce que tu doutes encore ?

- (Reptincel) Ce n’est pas raisonnable…

- (Ptyranidur) C’est vrai que tu es bien placé pour le savoir…

Et sur ces mots, ils s’embrassèrent. Bref, ce déjeuner fut reposant.

Ensuite, ils se baladèrent. Ils explorèrent les donjons les plus beaux puis rentrèrent par la plage, mais s’arrêtaient toujours dans un petit recoin rocheux, face à la mer. Soit ils s’y baignaient, soit ils s’installaient dos aux rochers, la tête de l’un blottis sur l’épaule de l’autre. Parfois, ils s’assoupissaient. Quand c’était le cas, d’ailleurs, ils paniquaient au réveil du fait d’être sacrément en retard sur leur emploi du temps, et Pijako n’acceptait aucune circonstance atténuante. Mais généralement, ils rentraient à temps et remirent cela à une prochaine fois.

L’heure des activités arriva, et alors que Ptyranidur partait avec Argouste et Rocabot à la ferme de Tropius, comme prévu, Reptincel rejoignit l’orphelinat. Mais toujours dans l’optique de s’entraîner, il jouait avec les enfants tout en s’exerçant dès que chaque occasion se présentait. Ce jour-là, alors que Vivaldaim prenait le soleil et que Tarsal et Bulbizarre jouaient ensemble en mer, Gruikui lisait une bande-dessinée, tranquillement allongé sur le dos de son gérant enchaînant sans s’arrêter les pompes. Il gardait constamment un œil sur les petits se baignant, ne délaissant aucunement son rôle de grand frère protecteur au profit de son entraînement personnel. Au contraire, cela le motivait encore plus : il était hors de question de laisser qui que ce soit d’autre souffrir de son incompétence.

Vint l’heure de l’exploration. Il aimait bien partir seul car il pouvait tester ses limites sans avoir à se soucier des autres. Du moins, c’est ce qu’il leur disait. La vraie raison était un peu plus personnelle, il n’en avait parlé à personne. Jouer l’adolescent le plus comblé du monde en une telle période l’énervait, il se trouvait si hypocrite. Alors à chaque fois, lors des phases d’explorations, il fouillait les recoins qu’il pensait être les plus aptes à cacher certes Massko, mais surtout Riolu. Malheureusement, en onze jours, il ne trouva pas la moindre piste. Tant pis, il barrait les lieux fouillés sur une carte et théorisait les suivants. Cela lui permettait aussi d’avoir quelques instants de répits, où il ne pouvait penser qu’à lui. Il faisait le point sur tout ce qui était arrivé récemment, remettait en question ses décisions, ses regrets, et finissait toujours par se relever, toujours plus motivé.

Sur le chemin du retour, en empruntant à nouveau la plage, il croisa Carabaffe qui rentrait également de mission. Ce dernier se plaint en le voyant débouler, ceci-dit, il semblait un peu moins l’insulter que d’habitude. En fait, depuis l’événement au Mont Cristal, il avait arrêté ses désagréables réflexions. Ils rentrèrent au village ensemble, alors que le soleil illuminait le monde de ses lueurs orange du fait de lentement se coucher.

C’est alors qu’ils croisèrent quelques habitants courir en direction du centre du village, et maintenant qu’ils le remarquèrent, personne ne peuplait les vastes rues de Bourg-Trésor. Non, tout le monde s’était regroupé à un seul endroit, comme si quelque chose d’important se passait. Alors les deux adolescents s’approchèrent, l’air intrigué.

Grodoudou, Pijako, Eoko, Créhelf, Créfollet, Créfadet, Ramboum, Keunotor, Écrapince, Héliatronc, Cradopaud, Branette, Pikachu, Germignon, Argouste, Ptyranidur, Rocabot, Galifeu, Bulbizarre, Tarsal, Vivaldaim, Gruikui, Leuphorie, Spinda, Chapignon, Kaiminus et tous les autres habitants du village se tenaient face à la scène qui était et allait se dérouler.

Trois Pokémon étaient au centre de l’attention : Ténéfix, Noctunoir… et Massko. Reptincel et Carabaffe s’exclamèrent de surprise, mais ils ne rêvaient pas. C’était bien lui, Massko, le hors-la-loi inarrêtable, blessé, avec une cape comme seul vêtement, bâillonné, enchaîné et tiré par le petit Pokémon spectre. Le grand voyageur dimensionnel les aperçu, et les aborda de sa grosse voix si charismatique.

- (Noctunoir) Salamèche, Carabaffe, quel plaisir de vous revoir !

Tous les regards se tournèrent vers eux, et un passage se créa pour qu’ils s’avancent. Le type eau hésita, son chef beaucoup moins.

- (Reptincel) Noctunoir ! Je n’y crois pas, vous avez réussi, vous avez capturé Massko !

Son interlocuteur le dévisagea de haut en bas, l’air surpris.

- (Noctunoir) Votre impatience vous a fait gagner quelques centimètres, ou ai-je seulement une mauvaise mémoire ?

- (Reptincel) Non, j’ai évolué. Appelez-moi Reptincel !

- (Noctunoir) Ah ah, très bien !

- (Carabaffe) Où est Riolu ?

Coupa l’autre adolescent, s’approchant finalement en dévisageant la foule.

- (Carabaffe) Ne m’dites pas que vous n’avez pas été capable de déterrer la cachette de ce salopard !

- (Noctunoir) Si, bien sûr que si. Hélas, personne ne s’y trouvait. Et j’ai beau l’avoir interrogé… Massko m’affirme l’avoir relâché le jour de l’assaut au Mont Cristal.

Les regards se fixèrent sur le hors-la-loi, affichant un regard cerné par la fatigue, mais surtout enragé. Il faisait de son mieux pour garder son calme, mais semblait plus que tout avoir envie de dire quelque chose. Malheureusement, sa bouche était scotchée. Qui plus est, le regard de tous les apprentis fixés sur sa bouille n’aidait pas, mais qui pouvait leur en vouloir ?

- (Grodoudou) Peu importe, ce n’est qu’une question de temps avant qu’on ne le retrouve !

Exclama joyeusement le maître, attirant l’attention sur lui. Il tenait entre les mains une sacoche visiblement remplie.

- (Grodoudou) En tout cas, cette aventure touche à sa fin ! Vous voyez, vous n’aviez aucune raison de vous inquiéter, tout est rentré dans l’ordre !

- (Écrapince) Je rêve, ou vous essayez encore de justifier votre non-intervention ?

- (Grodoudou) Je voulais vous laisser prendre le flambeau, mais visiblement, vous n’en êtes pas encore capables. Ce n’est pas grave, il vous reste encore un trimestre pour vous rattraper, futurs explorateurs !

Ses élèves lui affichèrent un air extrêmement rancunier.

- (Héliatronc) Il est culoté, lui…

- (Argouste) Comme si tous les explorateurs étaient capables de faire ce que nous avons fait…

- (Pijako) Du calme, le maître veut seulement faire de votre génération la meilleure de toute dans le domaine. C’est son travail, après tout, de former l’avenir à confronter les prochaines menaces.

- (Créhelf) Ils manquent encore de force.

- (Créfollet) Et de raison.

- (Créfadet) Et d’ordre.

- (Branette) Excusez-moi, mais pour qui vous prenez-vous ?

Pikachu tapota l’épaule de Branette, inutile d’essayer de débattre avec une divinité. Les autres habitants n’en savaient rien, le maître leur expliqua qu’ils n’étaient que de vieux amis venus aider. Bref, à nouveau, le grand homme en costard recentra l’attention sur lui.

- (Noctunoir) Mes braves compagnons, en ce qui me concerne, ma mission s’achève ici. J’aimerai beaucoup vous aider à retrouver votre disparu, mais le devoir m’appelle.

- (Eoko) Bien sûr, nous vous supposons très occupé.

- (Ramboum) On ne veut pas vous retarder plus longtemps. Sachez juste que ce fut un plaisir immense d’avoir fait votre rencontre !

- (Keunotor) C’est clair, vous avez changé notre vie !

- (Pijako) N’hésitez pas à revenir, si vous avez le moindre problème. Nous vous donnerons le plaisir de vous aider à nouveau.

- (Noctunoir) Je ne manquerai pas d’y penser.

- (Carabaffe) Et pour les rouages, du coup ?

- (Grodoudou) Dans ce sac !

Pendant que le maître le montrait à son élève, Noctunoir sortit un nouveau petit bouton métallique. En appuyant dessus, comme toute la guilde s’en doutait, un portail dimensionnel s’ouvrit vers son monde pendant une minute. Ténéfix se dépêcha d’envoyer valser Massko à l’intérieur, puis entra à son tour, quittant ce monde sans jamais n’avoir prononcé le moindre mot. Ce fut au tour de Noctunoir d’y entrer, mais il s’arrêta quelques instants juste en face. Le silence régna pendant bien trente secondes, avant qu’il se retourne, l’expression souriante vers Reptincel.

- (Noctunoir) Mon ami… je te remercie sincèrement pour tout ce que ton aide va m’apporter.

Lui tutoyait-il désormais. Le type feu était gêné d’être complimenté devant autant de monde, il se grattait l’arrière du crâne en souriant timidement. Carabaffe, se tenant juste derrière, soupirant d’ennui.

- (Reptincel) Pour ce que j’ai fait à Massko ? Ce n’est pas grand-chose, j’aurai dû l’assommer dès que j’en avais l’occasion, ah ah…

- (Noctunoir) Non, je parle de ton rappelle-tout.

Un léger silence régna.

- (Reptincel) … Mon carnet ? Pourquoi ?

- (Noctunoir) Tu l’as bien avec toi ?

- (Reptincel) Oui, comme toujours.

- (Noctunoir) Parfait !

Sur ces mots, il l’attrapa soudainement par le col. À partir de là, tout se passa extrêmement rapidement. Noctunoir propulsa son lancer en se retournant, tirant, soulevant et envoyant très brutalement valser celui qu’il tenait, sa nouvelle victime, à l’intérieur du portail. Reptincel le transperça avant même de crier, avant même que les autres n’écarquillent les yeux sous le choc de l’événement. Noctunoir était rapide, beaucoup trop rapide pour que ce soit normal. À cette vitesse, il aurait stoppé Massko à lui seul beaucoup plus tôt, cela n’était définitivement pas une vitesse naturelle.

Il y entra ensuite, ne laissant que trois dernières secondes aux autres pour réagir, avant que le portail ne se referme. Mais sous le choc de l’acte, ils s’immobilisèrent presque tous d’incompréhension. Au lieu de bondir par réflexe, Grodoudou abaissa seulement son regard vers la sacoche que le voyageur dimensionnel lui avait donné plus tôt, une sacoche apparemment remplie des quatre rouages du temps que Massko avait volé.

Il ne restait qu’une seconde, mais plus personne n’était assez rapide pour l’atteindre. Personne, sauf celui qui s’y trouvait le plus proche. Celui qui se propulsa de toutes ses forces d’un coup, par reflexe, sans réellement le faire exprès. Et ce Pokémon, c’était Carabaffe.

Alors il entra à temps dans un portail qui disparut pour de bon dès qu’il s’y infiltra.

Ensuite, le silence régna.

Un lourd silence qui en disait long sur la véritable mission de Noctunoir, celle de se faire passer pour le gentil de l’histoire ; ce fut un succès monstre. Il laissa tout le monde sous le choc à sa disparition, et en sa possession… avait les quatre rouages du temps que Massko avait déniché, et que la guilde lui avait offert sur un plateau d’argent.

La sacoche se vidait petit à petit de son contenu. En l’ouvrant, en sortant le dernier rouage qu’il leur restait… ils le virent se vaporiser dans une fumée violette.

- (Créhelf) Une… illusion… ?

- (Créfollet) Comment… !? Comment avons-nous ne pas le sentir !?

- (Créfadet) Créer de la texture, un objet physique et aux pouvoirs divins… aucun Pokémon ne peut faire ça !

- (Grodoudou) Sauf… si il est capable d’utiliser le pouvoir des rouages du temps…

Tous les apprentis se rappelèrent les mots de Créhelf, au Lac des Brumes.

 

- (Créhelf) À eux seuls, ils ne permettent pas grand-chose. À la limite, un esprit psychique ou spectral très aiguisé pourrait se servir des pouvoirs de n’importe quel rouage séparément pour possiblement se renforcer. Je n’en sais pas plus puisque je suis moi-même incapable de dévier l’énergie de celui-ci à mon avantage.

 

Mais Noctunoir était à un tout autre niveau. Personne ne l’avait jamais vu se battre, utiliser ses pouvoirs encore moins. Mais ces faux rouages du temps furent une belle entrée en matière : le pouvoirs des vrais rouages, les quatre qu’il avait en sa possession, lui permirent de créer des faux rouages aux allures identiques aux originaux. Il avait dupé les dieux, il avait dupé Grodoudou.

Pikachu s’approcha, tremblant, vers le bouton métallique cassé qui désormais ne servait plus à rien. Il s’agenouilla, le regarda en larme, l’air désespéré. Germignon était dans le même état, ayant vu celui qu’elle aimait disparaître en un clignement d’œil. Ptyranidur ne voulait pas y croire, il y rigolait nerveusement.

- (Ptyranidur) Il y a… un moyen, pas vrai ? Il y a un moyen de les sauver… hein ?

Personne ne lui répondait, il sursauta d’angoisse.

- (Ptyranidur) MAÎTRE !!!

Mais à nouveau, le silence régna.

Tout le monde le dévisageait. En voyant l’air pour la première fois bouleversé du maître de la guilde d’exploration, ils comprirent que non… il n’y avait rien à faire. La technologie avancée de Noctunoir venait de les bloquer dans leur monde sans ne rien pouvoir faire pour ne serait-ce que tendre une main à ceux qui n’étaient plus là, à ceux qu’ils n’avaient pas pu protéger.

Malgré tout, Chapignon récupéra l’artefact inutile sur lequel Pikachu déversait ses larmes. Mais sans Riolu, il lui était impossible d’avancer dans ses recherches.

Oui, alors que Reptincel s’était enfin réveillé d’un coma, alors que cela relevait du miracle, la vie décida de le lui reprendre. Ptyranidur avait à nouveau tout perdu, et cette fois, tout le monde le savait. Il s’affala au même titre que Pikachu, que Germignon, que Grodoudou.

Des échecs, ils en avaient essuyé. Mais celui-là fut définitivement le pire de tous. Car concernant Riolu, ils le savaient cachés sur le continent, et donc il restait forcément de l’espoir. Mais à l’heure actuelle, Reptincel et Carabaffe étaient portés disparu dans un autre monde qu’ils ne pouvaient atteindre. À ce stade… c’est comme si ils étaient déjà condamnés.

- (Pikachu) AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!!

Hurler de rage ne servait à rien, mais c’est à présent tout ce qu’ils pouvaient faire.

C’est sur cette révélation, que le deuxième trimestre de l’année scolaire s’acheva. C’est sur cette humiliante défaite… que débuta la dernière partie de l’année.

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