Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 36 : La Caverne Cristal

8711 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/08/2021 18:47

Il terminait d’essuyer le sol. La flamme au bout de sa queue lui permettait de mieux voir les traces de saletés et autres poussières dans le noir, alors c’est Salamèche qui se dévoua aux tâches ménagères nocturnes. Depuis leur mutinerie, les apprentis faisaient profil bas. Comme punition, Pijako leur ordonna de poursuivre leur routine de vadrouille tout en s’occupant de beaucoup des tâches auparavant donnée à Eoko. Comme ils étaient quinze à se les partager, ils échangeaient les rôles chaque jour.

La nuit du 12 Février, alors que la neige tombait doucement face à une pleine lune éclairant de quelques lueurs scintillantes le paisible village de Bourg-Trésor, le chef de la Dream Team terminait sa tâche, l’air épuisé. Sa grosse écharpe couvrait presque son museau, mais la simple vision de ses yeux permit à quelconque passant de ressentir sa détresse. Bienheureusement, à cette heure si tardive, personne ne traînait dans les rues… sauf un nouvel arrivant, revenant visiblement d’une longue excursion.

- (Noctunoir) Oh, bien le bonsoir, jeune apprentis.

S’introduisit le voyageur dimensionnel tout en enlevant son chapeau. Celui qui l’avait accusé à tort s’en surpris, avant de rétorquer d’un air coupable.

- (Salamèche) Monsieur Noctunoir… ? Que faites-vous ici à une telle heure ?

- (Noctunoir) Votre maître m’a accordé une des chambres de vos dortoirs. Je m’y rendais bredouille, après une nouvelle journée sans ne rien vous avoir apporté de gratifiant, et je m’en excuse.

- (Salamèche) Quoi… ? Non, non non, ce n’est pas grave, ah ah… Personne ne peut vous reprocher quoique ce soit, vraiment…

- (Noctunoir) … Est-ce que tout va bien ? Vous m’avez l’air en mauvaise forme, mon garçon.

- (Salamèche) C’est juste la fatigue.

- (Noctunoir) Avez-vous mangé ?

L’adolescent nia d’un mouvement de tête, et l’adulte regarda aux alentours. Eux qui se trouvaient au pied des grands escaliers, presque aucune lumière ne pouvait les attirer à une telle heure. Malgré tout, le bar Spinda restait ouvert, et cela fut suffisant à l’homme galant pour lui tendre une main.

- (Noctunoir) Venez, je vous invite.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 36 : La Caverne Cristal

 

Comment refuser une telle offre ? Il essayait de rassurer sa détresse, mais son ventre n’arrêtait pas de gargouiller. Alors il mangea, il se rempli sérieusement la panse pour la première fois depuis le jour de la mutinerie. Noctunoir était à assis à ses côtés, tous deux au comptoir, seuls dans le souterrain pendant que son gérant terminait de ranger ses réserves.

- (Noctunoir) Merci encore de nous accueillir à une telle heure.

- (Spinda) Pas d’soucis, par contre je ferme dans une demi-heure !

Il s’isola quelques instants, laissant les deux personnages entre eux. Noctunoir regarda l’écharpe qu’il tenait entre les mains, l’air pensif.

- (Noctunoir) Elle est douce. Son confort doit apaiser.

- (Salamèche) Elle est à Ptyranidur. Il ne voulait pas que je sorte sans, même en sachant que mon corps ne pouvait pas attraper froid aussi facilement… *mange*

Parlait-il d’un faible voix, quelque peu tremblante.

- (Noctunoir) Quel geste attentionné.

- (Salamèche) Hum… *mange* Je ne sais pas ce que je ferai sans lui.

- (Noctunoir) … Je vois. Dans ce monde aussi, c’est encore un sentiment facilement transmissible. Que c’est adorable.

- (Salamèche) Quoi donc ?

- (Noctunoir) L’amour fou.

L’adolescent écarquilla les yeux, s’étouffant presque de gêne face à ce fait indéniable. Noctunoir s’en surpris, puis en rigola sincèrement tout en tapotant le dos de son interlocuteur.

- (Noctunoir) Navré, je me mêle de ce qui ne me regarde pas, ah ah !

- (Salamèche) *soupir* Comment avons-nous pu tant se tromper… ? Vous n’êtes… absolument pas ce traite que l’on pensait affronter. Bon sang, c’est très humiliant…

Marmonna-t-il, en reposant l’assiette que celui qu’il voulait capturer lui payait actuellement.

- (Salamèche) Je suis si désolé de vous avoir accusé à tort, monsieur Noctunoir.

- (Noctunoir) Qui peut vous en vouloir ? Je suis d’apparence plus dangereux qu’un Massko, je le confirme. Et puis… votre théorie tenait la route, j’en rigolais même devant votre chef, qui lui ne semblait pas trouver cela drôle du tout, en revanche…

- (Salamèche) Il a trois rouages du temps en sa possession…

- (Noctunoir) Nous l’arrêterons avant qu’il n’attrape le quatrième, nous avons un plan.

- (Salamèche) Vraiment… ?

- (Noctunoir) C’est le point positif de votre mutinerie, si je puis me permettre. Maintenant, vos gérants me font confiance. Et sans vouloir me vanter, avec mon soutien… je suis certain que l’on arrivera à un résultat concluant.

- (Salamèche) *soupir* Tant mieux…

L’adulte lui tendit à nouveau l’assiette.

- (Noctunoir) Allez, vous devez manger.

Assura-t-il, en le regardant droit dans les yeux.

- (Noctunoir) Et dormir, à ce que je constate. Pourquoi vous torturez-vous ?

- (Salamèche) Riolu a été kidnappé par ma faute, comment je pourrais me reposer sur mes deux oreilles après ça. *soupir* Ce n’est pas comme si je puisais ce temps à la construction d’un plan pour le sortir de là, je n’ai aucune idée de quoi faire, d’où chercher.

- (Noctunoir) Massko ne lui fera aucun mal, et vous n’avez pas à endurer cet échec seul.

- (Salamèche) Je suis le chef de mon équipe. S’il y a bien quelqu’un qui ne devait pas encourager ses amis à cette mission si dangereuse, c’était bien moi.

- (Noctunoir) Mais de ce que Pijako m’a dit, Riolu ne participait de toute façon pas à cette opération. Il était ici par pur hasard.

- (Salamèche) …

- (Noctunoir) Ah, je vous ai bloqué ! Ah ah, voilà, maintenant arrêtez de vous en vouloir !

Le type feu lâcha un léger sourire de surprise, avant de se reconcentrer sur ce qui restait dans son assiette.

- (Salamèche) Vous perdez votre temps à essayer de me réconforter. Je n’en vaux pas la peine.

- (Noctunoir) Je n’ai pas une quelconque échelle sociale à créer dans un monde qui ne m’appartient pas. Tout le monde mérite réconfort, même le plus jeune des apprentis d’une guilde qui vient d’essuyer un cuisant échec. Parce que vous ne remonterez pas en vous tirant vers le bas, croyez-en mon expérience.

- (Salamèche) Oui, c’est… métaphoriquement très juste.

- (Noctunoir) Oui, bon, personne ne m’acclame pour cela, dans mon monde.

Cette fois, c’est un léger mais sincère rire, que lâcha l’adolescent attristé. Noctunoir souriait de sa victoire, il voyait le nuage pluvieux lentement se dissiper au-dessus de sa tête.

- (Noctunoir) C’est marrant, mais… je ne connais toujours pas votre nom, pour le coup.

- (Salamèche) … Salamèche.

- (Noctunoir) Salamèche ? C’est mignon.

- (Salamèche) Je ne vois pas pourquoi.

- (Noctunoir) Parce que vous n’êtes encore qu’un bébé, ça s’entend dans votre nom ! Bon sang, je suis sûr qu’une grande vie pleine de rebondissements, d’échecs mais surtout de réussites vous attend ! Vous repenserez à ce jour, quand au sommet de votre évolution vous oserez regarder derrière vous. Et croyez-moi, vous vous en moquerez, parce que sincèrement, cette aventure ne peut que vous propulser en avant.

- (Salamèche) … C’est gentil.

- (Noctunoir) Et dites-moi, quel est votre objectif, jeune Salamèche ? Devenir simplement explorateur ?

- (Salamèche) Devenir le meilleur. Dans mon idéal, cette journée n’est qu’un cauchemar ennuyeux, parce qu’elle n’arrivera jamais.

- (Noctunoir) Alors c’est un très bon exercice pour s’y préparer. Il faut obligatoirement vivre tout un tas d’expériences, pour parvenir à un tel exploit.

- (Salamèche) Je sais, c’est pour ça que j’ai mon rappelle-tout.

- (Noctunoir) Votre quoi ?

Il sortit son carnet sur cette demande, un bien précieux qu’il n’hésita pas un seul instant à confier à Noctunoir. Ce dernier pensait tenir entre les mains un journal intime, mais en l’ouvrant, il y découvrit tout autre chose.

- (Salamèche) Je tiens ce carnet depuis presque le début de mon aventure. J’y note à chaque fois que je rencontre quelqu’un d’inspirant, à chaque fois qu’une nouvelle journée pleine de surprises se présente à moi… une journée d’explorateur, en somme, tout ce que j’y ai appris, tout ce qui pourrait me permettre de progresser et… de ne plus être surpris, la prochaine fois.

- (Noctunoir) …

- (Salamèche) Monsieur Noctunoir ?

Il tourna son regard vers le sien, se demandant s’il vomissait de son œil troublé par son écriture illisible. Mais étonnement, ce fut tout l’inverse. Noctunoir feuilletait une à une les pages tant décrites, tant détaillées de ce carnet… non, de cette encyclopédie sans faute de ce Pokémon d’apparence si innocente.

- (Noctunoir) Bon sang… c’est monstrueux !

- (Salamèche) Ah… ? Désolé, je ne pense pas à soigner mes écrits, vu que j’arrive à me relire et que je dois marquer tout ce qui me passe par la tête en peu de…

- (Noctunoir) Non, je veux dire que… ce bouquin, est monstrueux ! Vous arrivez si facilement à identifier les points faibles de vos adversaires !?

- (Salamèche) Quand ils sont à peu près à mon niveau, oui. J’en ai rencontré, des brutes infatigables. Eux ne me laissent pas la moindre opportunité de les analyser…

- (Noctunoir) Il… il y a l’analyse de tous les membres de la guilde aussi ?

- (Salamèche) Seulement des apprentis. J’en ai annoté pour Grodoudou aussi, mais ce ne sont que des hypothèses. Pourquoi ?

L’adulte ne répondit pas, continuant de lire la page dédiée à Arcko. Salamèche regarda par-dessus son bras, puis gêné, récupéra de lui-même son bien. Noctunoir cligna de l’œil, et se rendit compte de son intrusion peu raisonnable.

- (Noctunoir) Euh… veuillez m’excuser…

- (Salamèche) Ce n’est pas grave, c’est bon…

Salamèche regarda lui-même les inscriptions qu’il avait annoté pour son ami disparu, avant de définitivement fermer son rappelle-tout et de le ranger dans sa poche.

- (Salamèche) Elles sont obsolètes. Arcko ne savait pas vraiment se battre, c’est idiot d’annoter une stratégie pour quelqu’un qui n’a aucune base défensive.

- (Noctunoir) Oui, j’imagine que les autres pages sont encore plus détaillées. En tout cas, c’est formidable, vous êtes bien plus redoutable que votre petit corps ne laisse l’imaginer.

- (Salamèche) Merci… je crois ?

- (Noctunoir) Peut-être… vais-je réussir à convaincre vos gérants de vous laisser participer au prochain assaut ?

- (Salamèche) Comment ça ?

- (Noctunoir) Cela vous intéresserait-il, d’avoir une seconde chance ? Une nouvelle opportunité de se confronter à Massko ?

Le type feu hocha la tête sans s’en rendre compte.

- (Salamèche) O… oui, évidemment ! Si je peux faire quoique ce soit… !!

- (Noctunoir) Du calme, mon grand, rien n’est encore décidé. Il faut que je leur en parle, mais croyez-moi, je ferai de mon mieux.

- (Salamèche) Je vous crois, Noctunoir.

Le dîner imprévu se termina sur cela. Comme prévu, Noctunoir paya, avant de remonter à la fondation avec le jeune apprentis. Il pouvait sans grand risque l’appeler désormais l’ami.

Le lendemain, Pikachu réveilla Salamèche à l’heure habituelle à laquelle tous les apprentis s’étaient habitués à commencer leur journée. Il le savait épuisé mais ne voulait pas qu’il arrive en retard, même si le simple fait qu’il dorme révèle le succès du réconfort apporté le soir dernier par le voyageur dimensionnel. Ceci-dit, le type électrique semblait stresser.

- (Pikachu) Dépêche-toi, vieux, Pijako demande à voir tout le monde dans la salle commune !

- (Salamèche) Quoi… ? J’arrive… !

Ce fut la première réunion des apprentis avec leurs gérants depuis la mutinerie, c’était forcément important. Et effectivement, Eoko, Grodoudou, Créfollet et même Noctunoir se trouvaient aux côtés de Pijako. Les apprentis ne traînèrent donc pas, surtout Salamèche, qui avait encore les mots du grand type spectre en tête. Carabaffe et Branette avaient pu sortir de l’infirmerie à temps, toujours blessé par leurs dernières blessures. Créhelf était encore dans le coma.

- (Pijako) Bien… bonjour à tous. Deux semaines se sont écoulées, depuis que Massko a enlevé Riolu. Nous travaillons d’arrache-pied pour trouver le moindre indice concernant sa position, où au moins l’avancée dans son objectif de voler tous les rouages du temps. Il lui en reste deux à trouver, dont un en possession de Créfadet.

- (Créfollet) Créfadet est le deuxième… et le dernier de mes frères à ne pas encore avoir rencontré la guilde d’exploration.

Commença la légendaire, en s’avançant pour prendre la parole.

- (Créfollet) Créhelf, Créfadet et moi sommes liés d’esprits. Nos pouvoirs psychiques se complètent. Lorsque Créhelf fut mis au bord de la mort, j’ai pu le sentir et mon frère aussi. Mais nos liens vont bien plus loin que ça, nous sommes capables de communiquer par télépathie.

- (Grodoudou) J’ai demandé à Créfollet de prévenir Créfadet du danger qui rodait autour de lui. Il nous a donné sa position, tandis que nous avons repris de zéro le « détecteur à Massko », comme vous l’appeliez. En deux semaines et grâce à la précieuse aide de Noctunoir, nous pensons l’avoir à nouveau tracé.

- (Noctunoir) Et comme prévu, il va s’attaquer à la Caverne Cristal. Là où se cache Créfadet, là où se cache un autre rouage du temps.

- (Ramboum) La Caverne Cristal !?

Ramboum échangea un regard intrigué avec l’équipe Renaissance.

- (Pijako) Quoi ?

- (Ptyranidur) La… Caverne faisait déjà partie de vos estimations, et notre groupe était chargé de l’explorer. Mais nous n’avons rien trouvé.

- (Pijako) *soupir* Sans blague, les légendaires ne cherchent pas à se montrer aux autres, Créfadet fut juste trop bien caché pour vous. Bref, voilà l’offre que j’ai à vous faire. En fait, c’est plutôt le maître qui cherche à… vraiment vous tester, cette fois.

- (Grodoudou) Attrapons Massko ensemble, les copains !

Exclama-t-il soudainement de son air enfantin si habituel, si réconfortant. Personne n’osait dire quoique ce soit.

- (Grodoudou) Bah alors, vous avez perdu votre langue ?

- (Ramboum) Non, mais… pourquoi nous faire confiance ?

- (Grodoudou) J’ai été touché par votre argument, le fait que vous pensiez que c’était un test.

- (Pijako) Pfff… c’était pour se dédouaner des conséquences de leurs actes.

- (Grodoudou) Je ne pense pas, Pijako. Je sais que je suis parfois un peu… bizarre. Vous n’avez pas réussi à me cerner parce que ma philosophie est de toujours tout prendre à la rigolade, que ce soit lors des entraînements, au quotidien, pour régler des embrouilles entre équipes ou, effectivement, lorsqu’un événement important survient. Mon attitude au Lac des Brumes était la même que lorsque je ne voulais vraiment pas vous impliquer dans cette affaire, alors je peux comprendre votre mutinerie de groupe.

- (Hélédelle) Maître, si ce n’était que ça…

Les regards se tournèrent vers l’oiseau bourgeois, et Pijako leva un sourcil.

- (Hélédelle) Qu’en était-il de notre résolution commune, celle que l’on s’était fixé tous ensemble, en apprenant ce qu’était un rouage du temps ?

 

- (Grodoudou) Parce que cette année, votre mission n’est pas seulement d’obtenir votre diplôme d’explorateur ! En tant que futurs protecteurs de la société Pokémon, vous aurez également pour objectif d’arrêter ce hors-la-loi, en d’autres termes, de sauver le monde d’un incident temporel !

 

- (Hélédelle) Vous nous confiez la mission de l’arrêter, avant même que l’on apprenne son identité, avant même que l’on rencontre Noctunoir. Alors pourquoi ? Pourquoi avoir radicalement changé d’avis, sans même nous avoir donné la moindre explication ?

- (Grodoudou) … Parce que j’avais peur.

Tout le monde écarquilla les yeux, face à cette réponse. Pas seulement les apprentis, Pijako et Eoko furent les premiers surpris.

- (Grodoudou) Je pensais que Noctunoir et Massko travaillaient de mèche, je pensais qu’il chercherait à vous manipuler psychologiquement pour avoir les informations dont il avait besoin.

- (Noctunoir) Ai-je l’air si effrayant ?

- (Grodoudou) Vous venez d’une autre dimension, cela me suffisait.

- (Branette) Pourtant, vous n’avez pas bronché, en apprenant la nouvelle. Étiez-vous au courant, pour le Multivers ?

- (Grodoudou) … Oui. J’ai vécu de sacrées histoires, vous savez.

- (Ramboum) Vous n’êtes pas maître de la guilde d’exploration pour rien.

Ramboum se tourna vers ses amis, leur tendant un poing plus que déterminé.

- (Ramboum) Rattrapons-nous, les amis !

- OUAIS !!!

Hurlèrent-ils tous en même temps, un cri combiné qui malgré ce qu’il pouvait en dire, rassura Pijako. Désormais, ils entraient en compte dans le plan d’arrestation de Massko. Dit comme cela, avec Noctunoir, Grodoudou et un si ce n’est deux Pokémon légendaire face à lui, il semblait n’avoir aucune chance.

Pourtant, même en sachant que le prochain assaut serait plus mouvementé que jamais, il n’en démordit pas. Il pleuvait ardument, le soir du 13 Février. Alors après sa chasse quotidienne, il revint à toute allure dans sa base, une minuscule grotte ouverte sur l’extérieure. Elle ressemblait de loin à un Sharpedo, pourtant, Massko fut le premier à l’avoir découvert.

Le feu de camp réchauffait. Il y fit cuir son repas, qu’il n’oublia pas de découper en deux. La deuxième partie, apportée dans une assiette, fut tendue à Riolu. Ce dernier avait la cheville droite attachée, il ne pouvait que se mouvementer sur un périmètre d’un mètre. Son kidnappeur considéra cela suffisant, lui laissant chaque jour un sceau et des ressources dont il vidait le contenu avant de se coucher. En récupérant l’assiette, l’adolescent silencieux n’hésita plus à tout engloutir. En deux semaines, il avait compris qu’il n’était vraiment qu’un moyen de pression. Non seulement le voyageur dimensionnel ne le torturait pas, mais pire encore, il faisait attention à sa santé. Chaque soir, avec un appareil visiblement volé au monde avancé technologiquement de Noctunoir, il lui prenait sa température. Quand il tomba enrhumer, il lui donna son écharpe. Quand il avait des crampes, il l’aidait à amoindrir la douleur. Il connaissait également ses goûts culinaires, à moins que cela ne soit qu’un hasard ? Non, il fit bien exprès de ne jamais lui tendre un quelconque Magicarpe grillé, ce qui arrangea l’adolescent allergique à cette espèce.

Et tout cela, il le faisait sans jamais ouvrir la discussion. Jamais il ne laissait le son que provoquait ses cordes vocales arriver jusqu’aux oreilles de son prisonnier. Riolu le cru presque muet, avant de se rappeler de ce qu’il était advenu à Carabaffe, à Branette. Cela l’enrageait, à vrai dire, il en oubliait totalement cette histoire de rouages du temps. Il avait déjà perdu un ami, et malgré le fait d’avoir plus que tout essayé de se séparer des autres, il fut comblé de remords pendant toute sa retenue. Ils devaient être en pire état que lui, n’arrêta-t-il pas de penser. Toute la guilde le recherchait activement, il devait être devenu la priorité numéro une, alors… qu’il allait sincèrement bien. Il se sentait inutile, si ce n’est néfaste pour la santé de ses parents, qui devaient s’inquiéter à en faire des attaques cardiaques pour lui.

14 Février 232 – un jour visiblement important, pour Massko. Lui qui laissait tout un tas de matériel volé traîner dans des caisses en bois un peu partout dans sa base, cette matinée-là, il récupéra tout, absolument tout ce qui pouvait l’aider dans son nouvel assaut. Il fit beaucoup d’aller-retour dans la journée, mais n’en ressortait que plus motivé, une fois le soleil couché. Alors qu’il terminait d’enfiler son accoutrement d’explorateur, le même que dans le Désert du Nord, il créa sous les yeux choqués de son otage une lame feuille. Elle sortait de ses veines, cela semblait affreusement douloureux. Une fois qu’il eut terminé, il se tourna vers lui et attaqua soudainement ! Mais quand Riolu rouvrit les yeux, seule la chaîne qui le retenait prisonnier était cassée.

- (Massko) Tu es libre.

Prononça-t-il d’une voix usée pour la première fois depuis un long moment. Elle intrigua à nouveau le jeune scientifique. Maintenant qu’il n’était plus menacé une lame sous la gorge, il le ressentait aussi, ce ton volontairement prononcé, comme s’il n’assumait pas sa véritable voix.

- (Massko) Je veux que tu aies quitté les lieux à mon retour.

Clamait-il, en rangeant la lame dans son dos. Il se mit en direction de la sortie, mais son interlocuteur ne pouvait pas en rester là, pas maintenant que toutes ses interrogations revenaient.

- (Riolu) A… attendez !

Il s’arrêta surprenamment.

- (Riolu) Pourquoi… ?

Il s’auto-coupa la parole, se rendant compte que son temps était plus précieux que jamais. Il avait l’impression de pouvoir poser une question seulement, une seule et unique question à cet être qui, de dos, lui procurait à nouveau ce sentiment d’échec cuisant. Alors il laissa parler son cœur, et la plus grande de ses interrogations s’ouvrit à l’écoute de ce hors-la-loi dimensionnel.

- (Riolu) Comment avez-vous évolué ?

Le silence régna en maître, à la suite de ces quatre mots. Massko baissa la tête, immobile, cherchant les siens alors que le vent frais de la nouvelle nuit qui s’abattait sur ce monde recouvrit le peu d’espace qui séparait les deux personnages.

- (Massko) La solitude.

Sortit-il hésitant.

- (Massko) La désespérante, celle de ne pas être remarqué en train de disparaître. L’humiliante, celle de ne jamais être à la hauteur d’un objectif pourtant simple : revenir en arrière.

Riolu était sous le choc. Ces mots, du moins la première partie, comment pouvait-il ne pas les attribuer à ce qu’il avait vécu ?

- (Massko) Vous me surestimez, que dire de plus ? Associer Multivers à danger imperceptible n’est pas idiot, déjà faudrait-il apprendre à faire la différence entre étranger et survivant. Voilà comment, à vos yeux, j’ai évolué.

Et sur ces mots, il quitta son repère. À nouveau, le silence s’imposa. Il était lourd, bien plus qu’auparavant. Et ce car il avait compris. Après tout ce temps, Riolu l’avait enfin, il comprenait enfin qui était-il, qui était Massko. Tremblant d’angoisse, il tomba à genoux. Les larmes lui montèrent de lui-même, alors qu’il se trouvait à la croisée des chemins. Il était libre, désormais. Autrement dit, à partir de cet instant précis, le choix qu’il fit ne dépendit que de sa vision des choses.

Au même moment, Pijako toqua à la porte de la chambre de Carabaffe. Germignon l’aidait à se préparer, ils allaient bientôt partir.

- (Pijako) Mon grand, tu n’es pas obligé de venir.

- (Carabaffe) … Pardon ?

- (Pijako) Eoko m’a prévenu de ton état physique, tu n’es pas encore entièrement restauré.

- (Carabaffe) Et alors ? Je croyais qu’on devait assumer les conséquences de notre échec.

Il termina d’enfiler sa veste sur ces mots.

- (Carabaffe) Je viens, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour arrêter de salopard !

- (Pijako) … Je vois.

- (Germignon) Pourrais-je rester à ses côtés, pendant l’opération ? Je tiens à m’assurer de sa sécurité.

- (Carabaffe) Je n’ai pas besoin de… !

- (Pijako) Entendu.

- (Germignon) Merci !

- (Carabaffe) Pfff… !

Le chef de la guilde s’en alla, laissant les deux tourtereaux seuls à nouveau. Germignon resserra correctement les attaches de la veste de son partenaire, l’air inquiet.

- (Germignon) Je suis contente que tu sois en état de venir.

- (Carabaffe) Visiblement non, vu que t’a prévu de m’coller le train pendant toute la soirée !

- (Germignon) Comme si ça te dérangeait… non, plus sérieusement, j’ai été consciente plus longtemps que toi, Carabaffe. Je t’ai vu t’effondrer, je t’ai vu te vider de ton sang.

- (Carabaffe) Je ne pensais pas me faire surprendre comme ça. Une simple attaque aura suffi, tout ça parce que je suis de type eau !

- (Germignon) Non, il a su viser au bon endroit, ça a énormément joué sur tout ce qui aura coulé en quelques secondes seulement. Mais si je me souviens bien, Riolu était intact, lui. Ce n’est pas anodin, pas vrai ? En fait, si tu as été blessé, si tu as failli… y passer, c’est uniquement parce que tu es intervenu au bon moment, je me trompe ?

Il détourna le regard de honte.

- (Carabaffe) Ça fait chier. Être à ce point humilié quand on essaie de sauver quelqu’un…

Pendant l’espace d’un instant, il repensa à la main que Salamèche lui avait tendu, il y a de ça bien longtemps. Il lui trouvait à nouveau un point commun, et cela le répugna. Mais Germignon lui attrapa les mains.

- (Germignon) C’est peut-être ce qui fait plus que tout le charme d’un héros. Tu n’es pas Pharamp, tu n’es pas et ne seras jamais invincible. Alors saigner pour autrui en sachant pertinemment, comme tu le dis si bien, qu’une simple attaque aurait suffi à t’abattre à jamais… moi, je trouve que c’est une sacrée preuve d’héroïsme.

Carabaffe la regarda légèrement bouche bée, lui qui pensait avoir été une plaie ultime à l’équipe, le jour de la mutinerie. Il ferma les yeux quelques instants… avant de soupirer d’un léger sourire sincère.

- (Carabaffe) … Désolé… de t’avoir fait flipper, ce jour-là.

- (Germignon) Moi, flipper ? Pfff… c’est mal me connaître !

- (Carabaffe) Pikachu m’a tout dit, que crois-tu me cacher !?

- (Germignon) Il a dit n’importe quoi !!

Bref, malgré les rudes événements s’enchaînant un à un pour ces jeunes adolescents, ils arrivaient tout de même à trouver un moyen de sourire. Quelques minutes plus tard, tout le monde se trouvait au sommet des grands escaliers, prêt à foncer pour cet ultime assaut face à Massko, le voleur des rouages du temps. Hélas et malgré ce qu’il disait, s’il y avait bien un jour où il ne fallait pas le sous-estimer, ce fut bien celui-là.

La guilde arriva au Mont Cristal vers dix-huit heure, alors que le soleil terminait de se coucher. Le maître demanda à chaque apprentis de se mettre en place, tandis que lui et Noctunoir partirent explorer les alentours. Ils avaient longuement abordé la question du matériel volé par Massko. Qu’est-ce qui pourrait être dangereux, qu’est-ce qui lui permettrait d’améliorer ses points forts ou faibles ? Et malheureusement, son interlocuteur fut incapable de correctement lui répondre.

- (Noctunoir) Nul ne sait tout ce qu’il peut avoir en sa possession. De quoi se téléporter, changer de monde, des armes dévastatrices, des bombes, de quoi se rendre invisible ou que sais-je encore… je pense qu’il vaut mieux ne pas essayer de prévoir son arsenal, nous pourrions être désagréablement surpris.

- (Grodoudou) Tant pis, ils l’affronteront sans ce savoir.

- (Noctunoir) … Vous ne comptez pas les aider ?

- (Grodoudou) Seulement si la mort les guette.

- (Noctunoir) Pardon… ? Mais… le sort de votre monde dépend de cet assaut !

- (Grodoudou) Exactement. Vous savez, j’ai techniquement pris ma retraite il y a dix-neuf ans, lorsque la guilde devint obligatoire pour tous ceux souhaitant devenir explorateur. Je suis beaucoup plus vieux que vous ne puissiez l’imaginer, et… je pense avoir compris comment ce monde fonctionnait. En fait, je l’ai compris le jour où ils m’ont convaincu de les laisser participer à cette opération. Être celui sur qui tout le monde compte quand les choses vont mal, c’est déjà un blasphème en soit, selon les croyances de la guilde. Alors l’être à mon âge, alors même que la nouvelle génération a le potentiel de faire changer les choses…

Il ferma les poings, l’air sûr de lui.

- (Grodoudou) À ce stade, s’ils ne résolvent pas d’eux-mêmes la situation, alors peut-être ne méritent-ils pas d’espérer la paix plus longtemps. Parce que le jour de notre disparition à nous, piliers du domaine, approche à grand pas. Et le jour où nous ne serons plus là, dans ce cas précis, ils seront déjà tous condamnés.

- (Noctunoir) … Je vois. Votre vision du monde… est sacrément pragmatique.

- (Grodoudou) C’est pour cela que l’on m’a élu maître des explorateurs. Avoir accepté des mineurs pour la première fois fut lourdement décrié par tous ceux qui le pouvaient. Mais honnêtement… je n’aurais pas pu espérer meilleur choix. S’ils survivent, pire, s’ils l’emportent aux côtés des autres apprentis ; en plus de les avoir changés du fait d’être à leur hauteur malgré l’âge, en plus d’avoir fait d’eux de vrais héros qui n’agissent plus au service de leur égo, ils en inspireront beaucoup d’autres. Et peut-être que la société changera, peut-être aurons-nous enfin la société des explorateurs que l’on mérite.

Voilà les raisons du maître. Tout le monde s’était demandé pourquoi avoir choisi la Dream Team et l’équipe Renaissance plutôt que d’autres. Pijako, Écrapince, Ramboum, ils pensaient tous l’avoir compris. Et ils n’étaient pas loin du compte, à ceci-prêt que le maître considérait plus ses élèves mineurs comme un moyen qu’autre chose. C’était une pensée moralement discutable, mais malheureusement et pour le moment… affreusement efficace.

Et Branette… avait tout entendu. Lui qui avait été chargé d’explorer la grande forêt entourant le territoire, il pouvait se déplacer très rapidement grâces à toutes les ombres qui envahissaient lentement les lieux. Il comprit à son tour pourquoi il fut choisi, pourquoi la Dream Team fut choisie, et comprenait les choix de son maître. Il ne partageait absolument pas sa philosophie, mais il ne pouvait nier être devenu le héros qu’il rêvait tant de devenir grâce à lui, grâce à ses entraînements personnels pour apprendre à maîtriser ses pouvoirs. En revanche, maintenant qu’il savait que Grodoudou n’interviendrait pas, il prit peur pour les autres qui attendaient tous son arrivée, son aide ultime et inébranlable. Sachant cela… il désobéit une nouvelle fois, et fonça au Mont Cristal.

En sentant sa présence disparaitre, le maître sourit.

Soudainement, le sommet du Mont Cristal explosa. Il attira l’œil de tous ceux qui étaient à l’extérieur, tandis que le tremblement de terre qui s’en suivit alerta tous ceux qui se tenaient à l’intérieur.

- (Ptyranidur) A… Argouste !!

Exclama le Pokémon fossile, voyant l’étage du dessus prendre feu suite à la robuste explosion qui avait ravagée le toit du donjon aux couleurs éclaircies et scintillantes. Des résidus de cristaux continuaient de tomber, alors même qu’une lourde fumée noire s’échappait du Mont. Écrapince, surveillant l’étage à ses côtés devint parano des alentours les plus sombres.

- (Écrapince) Concentre-toi, Ptyranidur, il est forcément ici !

- (Ptyranidur) Il faut que j’aille l’aider !

- (Écrapince) Non, pas tant que nous n’en avons pas reçu l’ordre !

- (Ptyranidur) JE M’EN MOQUE, BON SANG !!!

Hurla d’angoisse l’adolescent, et clairement, il n’avait pas à attendre un ordre pour sauver son ami en danger de mort. Il bondit de roches en roches jusqu’à atteindre le sommet enflammé, et vit au loin le corps inconscient de son chef d’équipe sous d’imposants cristaux. Des flammes l’entouraient et se propageaient, il hésitait à sauter.

- (Écrapince) Bordel… !

Ennuyé de ne pas respecter les règles, le type eau inonda ces fameux alentours depuis sa position. Il ne vit pas l’ombre passer dans son dos et descendre jusqu’au rez-de-chaussée. Ptyranidur l’en remercia tout en dégageant les roches. Il porta Argouste jusqu’à son coéquipier, et c’est l’air inquiet qu’il analysa ses blessures.

- (Écrapince) C’est bon, du calme, il n’a rien de grave.

- (Ptyranidur) Il est inconscient et brûlé dans le dos au deuxième degré, je ne vois pas ce qui est « bon » là-dedans !

- (Écrapince) Attendons avant de l’escorter…

Marmonna-t-il, en fixant du regard l’étage désormais en cendre. Comment un type plante avait-il pu provoquer une telle explosion ? Au même moment, le rez-de-chaussée était bondé. Le tremblement avait réveillé tous les Pokémon sauvages du coin, et ceux qui gardaient l’espace, c’est-à-dire Ramboum, Héliatronc, Keunotor, Cradopaud et Pikachu se firent l’attitude pacifiste pour ne pas avoir à se battre.

- (Keunotor) Punaise, je n’sais pas c’est quoi l’pire : que Massko soit ici, ou qu’on va s’épuiser bien avant d’le rencontrer… ?

- (Héliatronc) Du calme, tu vois bien qu’ils ne nous rejettent pas la faute.

- (Pikachu) C’est vrai qu’ils ne nous attaquent pas…

- (Ramboum) Oui, ça nous avait aussi marqué, la dernière fois. Les sauvages de ce donjon sont les seuls à ne pas être agressifs envers les êtres civilisés.

- (Cradopaud) Ah, cool… !

Ils pensaient être épargnés, jusqu’à ce qu’une fumée rose entre lentement dans la pièce.

- (Keunotor) Les gars, c’est quoi ça !?

- (Cradopaud) Du gaz… ? Écartez-vous !

Ils prirent leur précaution, sans se douter un seul instant que cette fumée ne leur était pas dédiée. Lorsqu’elle arriva au museau des différents sauvages, ces derniers se mirent à avoir les yeux rouges, à s’exciter, à trembler et lâcher des larmes… avant de brutalement foncer à au combat, les crocs à l’air.

- (Héliatronc) Qu’est-ce que… attention !!

Héliatronc sauva Keunotor de justesse, mais tous furent désormais éloignés des profondeurs du donjon. Ils s’approchaient de la sortie et hésitèrent à l’emprunter, les sauvages étaient beaucoup trop nombreux et la fumée continuait de les atteindre. Mais soudainement, Pikachu aperçu une ombre passer furtivement derrière les sauvages. Elle atteignait les escaliers menant aux étages inférieurs, et par instinct, il projeta un éclair à toute vitesse dans cette direction. Mais son tir échoua, et l’ombre disparut.

- (Ramboum) Qu’est-ce qui te prend, Pikachu !?

- (Pikachu) C’est Massko ! Je suis sûr de l’avoir vu passer par là !!

- (Keunotor) Quoi !? Oh là là, on est mal !

- (Héliatronc) Ne paniquez pas ! Il faut déjà qu’on se débarrasse d’eux !

- (Ramboum) O… oui, faisons ça, même si j’aurai aimé recevoir un ordre supplémentaire du maître ou du chef ! Allez, en avant !!

Et sur ces mots, ils foncèrent au combat à leur tour. Au même moment, Pijako arriva en volant vers Écrapince, Ptyranidur et Argouste.

- (Pijako) Vous allez bien !?

- (Ptyranidur) Argouste est blessé, il faut qu’Eoko le soigne !

- (Pijako) Je vais l’escorter depuis les airs !

- (Écrapince) Chef, Massko se cachait au sommet du Mont !

- (Pijako) C’est ce que j’ai cru comprendre, oui. Rejoignez le rez-de-chaussée, je reviens vers vous dès que possible !

Sur ces mots, il agrippa le blessé et quitta le donjon depuis les cieux. Il retrouva Eoko non loin de l’entrée, installée avec tout un tas de matériel pour le soin rapide.

- (Eoko) Bon sang, déjà un blessé… !

- (Pijako) Courage ! Je vais rejoindre les autres ! (Maître, Noctunoir, Créfollet, où êtes-vous !?)

Alors qu’un sauvage chargea Ramboum, ce dernier tenta de l’intercepter d’un simple coup de poing. Mais il l’esquiva et commença à contrattaquer.

- (Ramboum) … (Ils sont rapides !)

Bienheureusement, Écrapince arriva et intercepta au dernier moment la puissante attaque. Ptyranidur bouscula de l’autre côté leur adversaire, et le chef des apprentis l’acheva d’une puissante attaque Hurlement.

- (Ramboum) *souffle* Merci… !

- (Ptyranidur) Que se passe-t-il, pourquoi sont-ils comme ça !?

Demanda-t-il, en regardant Héliatronc en boxer trois d’un coup.

- (Ramboum) Une fumée les a rendus incontrôlable… *souffle* ils paraissent inépuisables !

- (Écrapince) … Une drogue ?

- (Ramboum) C’est probable. Dans tous les cas, Massko s’est enfoncé plus bas dans le Mont Cristal !

- (Écrapince) Merde… dépêchons-nous d’en finir, dans ce cas !!

Et les grabuges s’enchaînèrent, au rez-de-chaussée du donjon. Plus bas attendaient Galifeu, Rocabot, Germignon et Carabaffe. Ils voyaient le plafond en cristal trembler à chaque lourde attaque exécutée, et s’inquiétait d’un quelconque effondrement.

- (Galifeu) Sérieux, qu’est-ce qu’ils combattent !?

- (Germignon) Du calme, je refuse de croire que la situation dégénère ! Le maître participe à la mission, nous ne pouvons pas perdre.

- (Carabaffe) Arrête de t’en remettre à lui, ça ne nous avancera à rien !

- (Germignon) Disons que si Massko arrive à atteindre cet étage, c’est que nous avons un sérieux problème.

- (Galifeu) Rocabot ?

Les regards se tournèrent vers le Pokémon chien, reniflant le sol jusqu’à s’en écarter des autres.

- (Galifeu) Hé, ne t’éloigne pas trop !

- (Rocabot) C’est bizarre… *snif* y a un truc qui cloche dans ce donjon. Je l’avais déjà senti en entrant, mais alors ici… *snif*

- (Germignon) Qu’est-ce que tu sens ?

- (Rocabot) Honnêtement, j’en ai aucune idée. Pour que ça m’échappe… *snif* c’est que c’est une odeur qui doit dater. Et encore, je ne l’ai pas senti longtemps, celle-là…

À force d’avancer, il colla son museau à une paroi de cristal.

- (Rocabot) Y a un truc derrière ça.

- (Carabaffe) Écarte-toi.

Il s’exécuta, et Carabaffe fit exploser le cristal d’une ébullition surpuissante. La fumée s’éparpilla lentement tout autour de ce qui se trouvait derrière, c’est-à-dire un sac. Un sac à bandoulière, gris et épuisé. Germignon s’avança pour l’analyser, tandis que Galifeu continuait de surveiller les alentours de l’entée. Carabaffe détournait le regard entre les deux scènes.

- (Carabaffe) Alors ?

- (Germignon) Il y a tout un tas d’objets que je ne saurai identifier, en fait, je suis certaines qu’ils n’existent pas.

- (Rocabot) Ça veut dire que ce sac appartient à Massko ! Wow, tu as des objets d’un autre monde entre les mains, c’est trop stylé !

- (Germignon) … Minute, comment peux-tu reconnaitre l’odeur de Massko ? Tu ne l’as jamais rencontré.

Rocabot hocha les épaules.

- (Rocabot) Encore une fois, je suis sûr que c’est une odeur qui date.

Soudainement, le mur entier se mit à trembler. Germignon et Rocabot n’eurent qu’à peine le temps de reculer, lorsqu’il explosa brutalement. Cela fit un bruit monstre qui assourdit tous les adolescents de la pièce pendant quelques secondes, avant que l’attention ne se recentre sur l’auteur de l’attaque, un gigantesque Pokémon quadrupède, rouge d’une peau de lave et au visage d’acier.

Carabaffe fonça sauver Germignon pendant que Galifeu s’occupait de Rocabot. La type plante fut sous le choc de se trouver face à un tel Pokémon.

- (Galifeu) Bordel, mais c’est quoi ça !?

- (Germignon) H… Heatran !!

Un léger silence régna.

- (Galifeu) Qui ?

- (Germignon) Heatran, c’est un Pokémon légendaire !

- (Rocabot) Q… quoi !?

- (Heatran) GROOOOOOOOOOOOOOAR !!!

Son hurlement fit à nouveau trembler tout l’étage, le plafond peinait à ne pas s’effondrer.

- (Carabaffe) Putain, il ne déconne pas… !

- (Rocabot) Les amis, regardez ses yeux !!

Comme pour tous les sauvages de l’étage supérieur, il avait les yeux rouge. Il semblait surexcité et incontrôlable, soit exactement les effets que procuraient la fumée rose vue plutôt. Mais eux n’en savaient rien, et Germignon n’en démordit pas. Elle s’avança vers la légende, l’air apeuré mais déterminé.

- (Germignon) Créfadet, écoutez-moi !! Nous sommes des apprentis de la guilde, nous venons vous aider face à Massko, alors ne nous attaquez pas !!

Lui criait-elle, persuadée qu’il s’agissait d’une copie d’Heatran, au même titre que le Groudon qu’avait produit Créhelf au Lac des Brumes. Le pire fut qu’elle eut raison, néanmoins, cela n’empêcha pas l’être psychique de l’attaquer de plein fouet. Carabaffe intervint une nouvelle fois, encaissant cette fois-ci entièrement l’attaque adverse pour protéger celle qu’il aimait. Mais comblé avec ses premières blessure, il frôla l’inconscience en réattérissant douloureusement sur le sol.

- (Germignon) Carabaffe !!

Hurla-t-elle, en fonçant à son secours. Galifeu et Rocabot, de leur côté, se mirent en garde.

- (Galifeu) J’espère que t’es prêts !

- (Rocabot) Évidemment que non ! Que font le chef et le maître, punaise !?

- (Galifeu) On s’en fiche, je suis prête à me débrouiller sans eux !

En essayant de se relever, Carabaffe vit une ombre passer à côté de lui. Il la suivit du regard, la voyant profiter de la folie du légendaire pour récupérer le sac de Massko, avant de foncer vers les profondeurs du donjon.

- (Carabaffe) M… merde… !

- (Germignon) Carabaffe !!

Germignon arriva et l’aida à se relever.

- (Carabaffe) Ça va, je vais bien…

- (Germignon) Je suis sûre que c’est une copie de Créfadet, j’en suis absolument persuadée !! Le vrai Heatran a un corps si brûlant qu’il nous aurait déjà fait fondre rien qu’en entrant en scène !

- (Carabaffe) Pourquoi ce connard attaque, alors… ? Je croyais que Créfollet l’avait prévenue !

- (Germignon) Peu importe, cette copie met en danger notre mission, il faut l’arrêter !

- (Carabaffe) Ouais… (Malheureusement, je crois qu’il est déjà passé… ! Fais chier, je n’sers encore à rien, putains de blessures de merde !)

Il pensa à ceux qui gardaient le rouage du temps, et s’avoua déjà vaincu face à cette tâche.

- (Carabaffe) … (Visiblement, vous ne pourrez compter que sur vous-même. Ne fais pas n’importe quoi, le lèche-cul !)

Enfin, l’ombre arriva au niveau final. Après tout le chemin qu’elle avait parcouru, elle était enfin arrivée à l’étage du rouage du temps. Il n’était plus caché, probablement pour que les membres de la guilde puissent communiquer et se retrouver sans passer par d’étroits passages. Bref, trois Pokémon s’y trouvaient : Hélédelle, Salamèche et le gardien de ces lieux, Créfadet. Ce dernier se tenait douloureusement la tête entre les mains, il transpirait d’efforts et crispait puissamment les dents.

- (Créfadet) Bon sang… ! Je… je ne fais pas exprès !!

- (Hélédelle) Que se passe-t-il, à la fin !?

- (Créfadet) Mes pouvoirs débordent… ! Le moyen défensif que j’avais prévu d’envoyer à Massko, il… attaque vos amis ! Merde, assommez-moi !!

- (Salamèche) Quoi… ? Non, reprenez le contrôle de la situation, on a besoin de vous !

- (Créfadet) Si ça continue comme ça, ce sont mes pouvoirs qui vous détruiront tous, ALORS ASSOMMEZ-MOI !!!

Et soudainement, une lame feuille lui transperça le ventre. Les deux apprentis n’avaient rien vu venir, et pendant que Salamèche rattrapa le légendaire s’effondrant sur le coup, Hélédelle tourna le regard vers l’auteur de l’agression, celui dont il était certain de ne jamais voir ici, au même étage que l’artéfact supposément protégé par la guilde d’exploration.

Il se tenait droit, une ceinture couverte d’équipements inconnus, des vêtements crades mais usés par le temps. Car à cet instant précis, Massko était en parfait état. Il n’avait pas la moindre égratignure, il n’était pas du tout épuisé.

- (Hélédelle) Comment est-ce possible… ? Comment es-tu parvenu jusqu’ici !?

- (Massko) Vous connaissez déjà la chanson. Donnez-moi le rouage du temps…

Il brandit une autre lame feuille, l’air plus déterminé que jamais.

- (Massko) Ou crevez.

Salamèche crispa les dents d’angoisse. L’entendre à nouveau, surtout pour dire ça lui fit imaginer ce que Massko avait pu faire à Riolu pendant sa captivité. Il se dépêcha de stopper l’hémorragie du légendaire avec le matériel qu’Eoko lui avait donné au cas-où, en sachant qu’il ne pourrait pas la retrouver si facilement au vu de la distance qui les séparait. Hélédelle, de son côté, sourit à son adversaire.

- (Hélédelle) Tu m’as l’air bien confiant, type plante.

Il déploya ses ailes, l’air dominant.

- (Hélédelle) Crèves-moi si tu peux, le mioche !

- (Massko) Entendu.

Il se mit en garde, et le type vol en fit de même.

- (Salamèche) Non, attends !

Cela ne servait plus à rien, l’affrontement avait déjà commencé. Hélédelle se propulsa en premier, constatant bien que Massko allait se la jouer défensif. Et cela fut tout d’abord le cas, il se contenta d’esquiver les attaques directes adverses. L’oiseau bourgeois ne craignait pas d’aller au corps-à-corps, le moindre de ses coups aurait été super efficace sur ce gamin insolent. Et au vu de sa carrure, il ne pouvait pas se permettre d’encaisser indéfiniment. Voilà pourquoi il était spécialisé dans la fuite, et ce n’était que le début.

Massko bondit suite à une attaque visée sur ses jambes. Il attrapa le crâne de son adversaire en plein saut, qui le heurta le plus rapidement possible de son aile droite dès qu’il le put pour le dégager. Il y parvint, mais le type plante s’était tant accroché qu’il arracha quelques plumes. Il en sourit en les regardant, pendant qu’Hélédelle se couvrait douloureusement l’arrière de la tête.

- (Hélédelle) Qu’y a-t-il de drôle, tu crois m’abattre en me déplumant !?

Massko ne fit que lui sourire, avant de refoncer à la charge, sa lame feuille fermement tenue à gauche. Il attaqua de front à longue portée, ce qui surprit son adversaire. Son style était passé de défensif à offensif d’un coup, mais il n’en démordit pas et s’envola pour l’esquiver. Massko bondit pour le rattraper, et sauta surprenamment à plus de cinq mètres de hauteur.

- (Hélédelle) … (Qu’est-ce que… !?)

Ça non plus, il ne s’y attendait pas. Salamèche ne remarqua qu’à cet instant ses bottes, métalliques et définitivement pas de ce monde. De son côté, le hors-la-loi attrapa la patte gauche d’Hélédelle. Il la serra suffisamment fort pour la briser, le hurlement qui s’en suivit marqua le début de la fin. Par réflexe, Hélédelle usa des dernières forces qu’il avait dans sa jambe pour envoyer Massko valser encore plus haut que lui. Ce dernier en profita : il se retourna vers le plafond et le frappa très brutalement de sa lame feuille, avant de s’appuyer sur ce dernier et de dévier sa trajectoire vers un lieu sûr. Car ce qu’il venait d’attaquer se déstabilisa, et une partie du mur s’effondra tel un éboulement de cristaux. Hélédelle était tant absorbé par la douleur de sa patte, qu’il ne put rien esquiver. Les roches l’écrasèrent donc, le faisant tomber de bien six mètres de hauteur et tout cela pendant que son assaillant retomba aisément sur ses jambes.

Il s’avança d’un sourire narquois, regardant sa nouvelle victime de haut.

- (Massko) Il semblerait que je le puisse.

- (Salamèche) Ça suffit, tu as gagné !

Il leva sa lame feuille.

- (Salamèche) Massko, arrête !!

Et l’enfonça très brutalement dans son aile droite. Hélédelle hurla comme jamais auparavant, la douleur était inimaginable, mais l’adrénaline l’empêchait de s’évanouir.

- (Hélédelle) Espèce… de sale enflure !!

- (Massko) Mais ce serait esquiver ce florilège de mauvaise foi. Tu pensais pouvoir m’arrêter seul, après tout.

Lentement, il se tourna vers Salamèche. Ce dernier venait de terminer de soigner la blessure de Créfadet. Il se redressa, les mains ensanglantées.

- (Salamèche) Navré, mais tu ne m’impressionnes pas.

- (Massko) Je sais. Quitte à affronter quelqu’un dans tout ce beau tas d’incapables, je suis ravi de savoir que c’est face à toi que je me retrouve.

- (Salamèche) Tu ne sais même pas qui je suis.

- (Massko) Oh que si, Salamèche, je le sais parfaitement.

Il se mit en garde sur ces mots.

- (Massko) Et crois-moi, je ne te louperai pas !

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