Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 33 : Le Lac des Brumes

24147 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 22/07/2021 18:23

      D’une douce lueur d’un soleil encore un peu endormi, le sommet des grands escaliers était comblé d’apprentis explorateurs. Ils étaient tous prêts et déterminés, malgré la sixième heure de la journée arrivant à son commencement. Leur chef, puis leur maître s’avancèrent.

- (Pijako) Nous y voilà. Nous sommes le 23 Décembre 231, et aujourd’hui, nous partons en excursion au Lac des Brumes. Comme nous l’avons étudié en cours, ce territoire représente l’extrême de ce qui définit le continent Sud, c’est-à-dire un donjon isolé de toute civilité, et dans laquelle les sauvages ne sont pas là pour faire ami-ami avec vous. Il va falloir se battre pour passer, que dis-je, ce sont toutes vos compétences qui doivent entrer en jeu ! Ça ne sera pas facile, il est inutile de vous mentir. Ceci-dit, si vous suivez notre règle d’or, le travail d’équipe, alors rien n’arrivera ni à vous, ni à ceux pour qui vous vous en voudrez de ne pas avoir été là pour les protéger.

Ce premier discours les emplissait tous de détermination. Pour ceux qui trouvaient les donjons trop facile jusqu’à présent, la promesse de ne pas être ennuyé fut faite. Pour ceux qui craignaient de ne pas être à la hauteur, la promesse d’être aidé par cette compétence qu’ils maîtrisaient si bien, le travail d’équipe, fut également faite. Bref, tout le monde étaient prêts, lorsque ce fut au maître de parler. Ce dernier leva simplement les bras.

- (Grodoudou) J’ai faiiiiiim !

Un léger silence régna.

- (Pijako) Ah oui, et nous ferons des pauses déjeuner. Sur ce…

Pijako se retourna, et pointa d’une aile l’horizon du soleil se levant. Tout le monde le regardait, tout le monde était prêt à crier avec lui, que ce soit Grodoudou, Eoko, Ramboum, Keunotor, Salamèche, Carabaffe, Écrapince, Héliatronc, Pikachu, Branette, Hélédelle, Cradopaud, Argouste, Ptyranidur, Rocabot ou Poussifeu.

- (Pijako) EN AVANT, GUILDE D’EXPLORATION !!!

- OUAIS !!!

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 33 : Le Lac des Brumes

 

Le voyage allait être long. Le territoire était perdu au milieu de beaucoup d’autres donjons, et la guilde comptait bien tous les emprunter pour arriver à leur fin. Elle commença par descendre sur la plage du continent, puis passa directement par les Bois aux Pommes. Ces zones étaient dans le vert, soit ce que la guilde considérait de « Territoire Sauvage Sans Risques Apparents », ou TSSRA. Les apprentis en profitèrent pour blablater, rigoler et surtout économiser leurs forces. Hélédelle restait à l’écart, volant au-dessus du groupe et analysant les environs proches.

- (Salamèche) Il a une vue perçante, n’est-ce pas ? Y voir quelque chose à cette distance, ce n’est pas donné à tous.

- (Cradopaud) Une vue qu’il a développé en s’enfermant seul dans ses moments de solitude, à voler au-dessus du monde pour qu’on lui lâche la grappe. À force de n’avoir que son regard à aiguiser, il s’en est acquis un redoutable.

- (Salamèche) Je vois…

Il l’annota dans son rappelle-tout. Cradopaud semblait être devenu plus sociable, depuis l’incident avec Mangriff. Il aidait tous ceux qu’il pouvait, s’arrêtant même de parler avec ce ton légèrement arrogant, digne de l’oiseau bourgeois qu’il suivait. Les autres ne savaient pas s’il voulait se racheter ou simplement se défaire de l’image qu’Hélédelle lui avait donné, mais les deux membres de l’Aile Incurable ne s’associaient plus depuis ce jour. De son côté, Ramboum se plaisait à faire attention à chacun de ses coéquipiers, jusqu’à se rendre compte que deux d’entre eux étaient absents.

- (Ramboum) Dis, pourquoi Riolu et Germignon ne sont pas venus ?

- (Carabaffe) Parce qu’ils avaient mieux à faire.

- (Ramboum) Mieux à faire qu’une excursion trimestrielle gérée entièrement par la guilde et prévue depuis le début de l’année ?

- (Carabaffe) Il faut croire…

Marmonna le type eau, en avançant les mains dans les poches, pensif. Keunotor et Ramboum se regardèrent, l’air intrigué, avant que le Pokémon castor ne saute sur la carapace de son partenaire de guilde.

- (Keunotor) Rhô, c’est bon, tu la reverras bientôt !

- (Carabaffe) CASSE-TOI !!!

Il le dégagea en s’énervant comme à son habitude, et tout le monde en rigola.

- (Carabaffe) Ça n’a rien à voir, j’suis parfaitement capable de m’tenir loin d’elle, loin d’vous tous !

- (Keunotor) Mais oui, bien sûr !

- (Carabaffe) C’est juste que… j’aurai aimé lui offrir mon cadeau à Noël…

Ramboum et Keunotor se regardèrent à nouveau, cette fois d’un ton beaucoup plus taquin.

- (Ramboum) Oooh, comme c’est mignon !

- (Keunotor) Notre ami est amoureux !

- (Carabaffe) FERMEZ-LÀ !!!

Bref, le voyage commença tranquillement. Grodoudou était satisfait de voir que différents groupes d’amis, hors équipes, s’étaient créés et vivaient telle une grande communauté, qu’importent les différences de vécu, d’âge ou de classe sociale.

Après une petite vingtaine de minutes, la guilde voyait déjà le bout de la forêt. Elle arriva dans les vastes Plaines Elek, une zone dans le jaune, déjà un peu plus dangereuse. Et effectivement, quelques Pokémon sauvages tentèrent dès lors de les agresser. Mais les apprentis prirent les devants, et protégèrent leurs gérants en éloignant le danger tout en faisant le moins de dégâts possible. Du moins, c’est que fit Cradopaud et ceux qu’il accompagnait. De son côté, Hélédelle les envoya tous brutalement valser d’une forte rafale de vent, les éclatants contre des arbres qui s’effondrèrent sous la puissance de l’attaque.

- (Argouste) Wow, tu fous quoi !?

L’oiseau ne lui répondit pas.

- (Rocabot) Quel égoïste, sérieux ! Déjà qu’il ne voyage même pas au même niveau que nous !

Grodoudou le constata également : des rancunes et conflits avaient émergés. C’était toujours le cas à la guilde, mais il se devait d’en tenir compte. Surtout qu’ici, Hélédelle semblait être le seul véritable problème, et donc une cible facile.

- (Pijako) Bien, nous allons nous arrêter déjeuner dans cette zone.

- (Ptyranidur) Ici… ? C’est dangereux, chef, surtout pour des types vol comme vous.

- (Pijako) Le goût du risque, mon cher ami !

Ils s’installèrent donc en plein milieu de la plaine, et dégustèrent les plats à emporter qu’Eoko avait préparé.

- (Pikachu) Hum… c’est vraiment délicieux ! T’es trop forte, Eoko !

- (Eoko) Remerciez plutôt Écrapince, il m’a beaucoup aidé.

- (Écrapince) Je t’ai juste appris les secrets de ma sauce salade. C’est Eoko qui s’est démenée pour nous préparer un tel festin.

- (Héliatronc) Bien joué, Eoko !

- (Keunotor) J’avoue, merci beaucoup !

- (Poussifeu) C’est un vrai régal !

- (Eoko) Ah ah, merci…

La nouvelle gérante semblait également avoir trouvé ses repères, dans cette aventure. La guilde resta plusieurs heures dans les Plaines Elek, se décidant à en sortir vers dix-sept heure. Le soleil commençait déjà à se coucher, tandis que la température chuta à vue d’œil. Les apprentis se couvrirent donc de leur plus lourds vêtements, pendant que Pijako regardait une carte du continent.

- (Pijako) Bien, il va falloir grimper !

- (Rocabot) Quoi, on a fait que ça !?

Exclama l’adolescent, en passant la tête au-dessus de son chef.

- (Pijako) Tu pensais que nous y arriverons en une journée ? Ah ah, ce soir, c’est camping dans les territoires entourant le Lac des Brumes !

- (Branette) Ah oui…

- (Keunotor) C’est supposé être flippant ? T’as déjà exploré une de ces zones ?

- (Branette) Seulement l’une d’entre elles, mais je sais qu’elles sont toutes classées orange.

- (Keunotor) Ah… !? Mais peu importe, non, puisqu’on restera groupé !

- (Grodoudou) Ça, ça ne dépendra que de vous, hé hé…

- (Keunotor) Comment ça !?

Le maître se retourna sans lui répondre, pointant l’horizon d’un air amusé.

- (Grodoudou) En avant, les copains !!

Mais un silence régna.

- (Grodoudou) Bah alors, vous n’dites pas « ouais ! » ?

- (Ramboum) Euh… eh bien généralement, c’est le chef qui le fait…

- (Grodoudou) Ah ouais d’accord, super le favoritisme !

Pijako s’avança sur ces mots, préparant sa charismatique voix stricte.

- (Pijako) *tousse* EN AVANT, GUILDE D’EXPLORATION !!!

- OUAIS !!!

- (Keunotor) Quoi, attendez !! Maître, vous savez qu’j’suis un gros trouillard, ne m’cachez pas quelque chose pareil !!

- (Grodoudou) Non, je boude !

- (Keunotor) MAÎTRE !!!

Et le voyage continua. La guilde emprunta une sortie rocheuse, menant droit vers plusieurs montagnes. Ce n’étaient pas les plus grandes du continent, mais elles regorgeaient de redoutables sauvages de type roche, sol et, à l’extérieur pendant qu’elle grimpait, de type vol également. Alors qu’ils devaient se faufiler entre plusieurs plateformes hautes, un groupe de ce dernier type commença à les attaquer.

- (Keunotor) Wow, dégagez !!

- (Héliatronc) Attention, Argouste !!

Héliatronc lança une liane qui entoura le bec d’un oiseau sauvage s’approchant un peu trop, et parvint à le faire dévier sa trajectoire ainsi. Mais l’adversaire usa brusquement de ses pouvoirs, et les moyens défensifs de la type plante se détruisirent instantanément.

- (Héliatronc) Merde, je ne peux pas aider !

- (Argouste) T’inquiète ! Ramboum, on combine nos attaques !

- (Ramboum) Je te suis !!

Les deux personnages prirent une grande aspiration, avant de soudainement hurler de toutes leurs forces. L’attaque Hurlement qui s’en dégagea envoya violemment valser la plupart des sauvages, les faisant soit fuir, soit carrément tomber inconscient sous la pression des ondes adverses. Les autres apprentis se bouchèrent les oreilles, impressionnés.

- (Poussifeu) C’est donc ça, le résultat de ton entraînement !? C’est très impressionnant !!

- (Argouste) *souffle* Merci… !

- (Pijako) Des attaques combinées entre membres de différentes équipes, que demander de plus !? Félicitations, vous deux !

- (Ramboum) Merci, ch…

Les regards se tournèrent vers Pijako, qui sans le savoir allait se faire attaquer dans le dos par un dernier sauvage, ayant probablement esquivé l’attaque combinée des deux types normaux.

- (Ramboum) A… Attention !!

- (Pijako) Quoi !?

Le chef de la guilde n’eut qu’à peine le temps de se retourner, que son adversaire lui sautait déjà dessus. Il l’esquiva de peu, trébuchant tout en se prenant un débris en pleine tête et commençant à tomber dans le vide. Salamèche sauta alors sans hésiter, l’attrapant par la queue avant de brutalement planter ses griffes dans la roche. Pikachu bondit vers le sauvage, et l’acheva d’un éclair bien visé. L’attention se porta donc sur l’apprentis de type feu, glissant de plus en plus vers le vide.

- (Poussifeu) Bon sang, qui peut l’atteindre à cette distance !?

- (Héliatronc) Attrape ma liane !

Commença Héliatronc, en jetant son outil nouvellement construit droit vers son ami. Mais au même moment, Hélédelle déploya ses ailes et rembarra sans faire exprès le support de la type plante.

- (Héliatronc) Qu’est-ce que… Hélédelle !!

- (Hélédelle) Hein… ? Mince, je n’avais pas vu que tu… !

Il s’interrompit, en voyant le regard de tous les apprentis le juger d’un dédain humiliant.

- (Hélédelle) … Laisse-tomber.

Il déploya ses ailes à nouveau, se préparant à sauver la situation à lui seul. Mais Salamèche crispa les dents, et usa de toutes ses forces pour d’un coup sec envoyer son chef de guilde vers ses amis.

- (Salamèche) Attrapez-le !!

- (Branette) J’ai !

Commença Branette, en sortant ses grandes mains spectrales. Mais Hélédelle le bouscula presque, lui passant devant au dernier moment pour attraper lui-même Pijako.

- (Hélédelle) Il est en sécurité !

- (Branette) Mais… ?

- (Argouste) Il allait l’avoir, imbécile ! Toi, t’étais sensé t’occuper de Salamèche !

- (Hélédelle) Hein !?

- (Salamèche) Les amis !!

Ses griffes allaient lâcher, lorsque la roche sur laquelle il se retenait explosa avant sous son poids. Tout le monde était perturbé entre qui devait se répartir quelle tâche, et personne ne fut prêt à le sauver à temps. Alors Grodoudou se propulsa seul, attrapa son élève en plein vol, puis revint sur la plateforme avant que quiconque n’eut le temps de le remarquer.

- (Grodoudou) Et voilà !

Un léger silence régna.

- (Pikachu) Ça va, mon pote !?

- (Salamèche) Oui, j’ai… été propulsé… ?

Le type feu se tourna vers son maître, l’air bouche bée.

- (Salamèche) Merci beaucoup. Vous êtes incroyablement rapide !

- (Grodoudou) Ah ah, je n’ai pas fait grand-chose !

- (Salamèche) … ?

- (Hélédelle) Maître… ? Pourquoi avoir attendu le dernier moment pour intervenir !?

- (Écrapince) C’est toi, qui pose cette question !?

L’attention se recentra rapidement sur l’oiseau bourgeois. Ses partenaires de guilde étaient presque tous enragés contre lui.

- (Écrapince) On avait un plan !!

- (Hélédelle) De quel plan vous parlez, personne ne m’a rien dit !

- (Écrapince) ALORS POURQUOI T’INTERVIENS !?

Hélédelle recula d’un pas, choqué d’entendre quelqu’un lui parler sur ce ton. Mais il ne put en placer une.

- (Héliatronc) Ton type prend l’avantage sur le miens et tu en profite ! Même si tu voulais voler sans savoir que je préparais quelque chose, tu étais obligé de déployer tes ailes comme ça !?

- (Keunotor) Moi, t’as failli m’envoyer bouler avec tes ailes ! Tu peux faire gaffe à où tu regardes !?

- (Pikachu) Et puis tu volais en direction du sauvage qui allait attaquer Pijako. Ne l’as-tu pas remarqué ?

- (Rocabot) Forcément qu’il l’a vu, monsieur vision perçante ! Il n’a juste pas voulu se salir les ailes pour l’aider !

- (Hélédelle) Mais… ? Pour qui vous prenez-vous !?

Un léger silence se créa. Sa réplique semblait les avoir encore plus enragé, à un point où ils voulaient y venir aux mains. Mais Salamèche s’interposa, l’air gêné.

- (Salamèche) Qu’est-ce qui vous prend… ? Hélédelle a commis quelques erreurs, ce n’est pas grave…

- (Branette) La situation aurait pu tourner à la catastrophe.

- (Salamèche) Et alors, n’est-il pas apprentis ? Le plus important est que notre chef aille bien.

Disait-il calmement, en se tournant et en faisant tourner l’attention générale sur ce dernier, qui titubait, mais que Carabaffe aidait à réapprendre à marcher.

- (Carabaffe) Faudrait penser à prendre sa retraite, le piaf.

- (Pijako) Parle… sur un autre ton, Carabaffe… !

Il se mit à vomir, souffla un instant, puis se redressa comme si de rien n’était.

- (Pijako) Bien… *tousse* Poursuivons.

- (Ramboum) Déjà ?

- (Pijako) Le soleil ne va pas tarder à entièrement se coucher, il faut qu’on avance.

- (Grodoudou) Allez les amis, on continue la tête haute !

Et sur cette première dispute, la guilde continua. Le reste du trajet se déroula normalement, à quelques exceptions près de sauvage un peu trop résistants, mais Carabaffe s’assurait de toujours terminer le travail que les autres avaient commencés. Cela fit que finalement, après une bonne heure d’escalade, elle arriva au sommet de la première montagne.

À nouveau, les membres de la guilde prirent le temps de récupérer. L’ambiance était légèrement tendue, mais l’intervention de Salamèche avait permis de calmer un peu les choses. Ils consultèrent la carte, et virent deux chemins s’opposer : celui de la Côte Escarpée, et celui du Chemin Lisière.

- (Pijako) Et voilà, nous arrivons à la première étape difficile de ce voyage.

- (Argouste) Ouais, la supposée première étape difficile.

- (Pijako) Je vais vous séparer en deux groupes. Tandis qu’Eoko, le maître et moi allons vous observer de loin, vous devrez vous servir de tout ce que vous avez appris durant ce premier trimestre pour parcourir ces territoires classés orange. Nous devrons nous retrouver à ce point précis, demain à dix heure du matin. Donc n’allez pas trop vite, ça ne sert à rien. L’objectif, je me répète, est de suivre notre règle d’or ; ainsi, tout se passera bien.

- (Pikachu) C’est marrant, mais vous ne nous aviez pas demandé d’acheter des tentes, avant de venir, ah ah…

- (Pijako) Débrouillez-vous, c’est là tout l’art et la satisfaction d’être explorateur. Il ne faut pas être pudique, savoir partager, se sacrifier pour autrui et, par-dessus tout, ne pas craindre l’échec. Une équipe qui arrive au bout du trajet sans le moindre problème est déjà au niveau d’un explorateur, mais vous, vous n’en êtes qu’au tier.

Tout le monde l’écoutait attentivement, plus ou moins confiant quant à ce qui allait suivre. Pijako sortit ensuite la même urne que lors des entraînements en duo dans la Zone de Victoire et tira au sort, l’un après l’autre, un membre de l’équipe A puis de l’équipe B. Voici comment elles se présentèrent :

Équipe A : Ramboum, Argouste, Cradopaud, Salamèche, Poussifeu, Branette et Écrapince

Équipe B : Keunotor, Ptyranidur, Hélédelle, Carabaffe, Rocabot, Pikachu et Héliatronc

- (Pijako) Les tirages sont faits. J’ai dit tout ce dont vous avez besoin, bonne chance et à demain.

- (Eoko) J’vous soignerai demain si vraiment ça ne va pas, mais j’espère ne pas avoir à le faire.

- (Grodoudou) Allez, les copains, ça va bien se passer !

Et le trio gérant de la guilde s’en alla sur ces mots, quittant leurs élèves dans une zone dangereuse et dans laquelle, sans travail d’équipe, les risques n’ont aucune limite. Le soleil se coucha, la pénombre se répandit, et les deux groupes étaient livrés à eux-mêmes. L’un, le A, commença à parcourir l’extérieur tumultueux de la Côte Escarpée, l’autre, le B, se dirigea vers l’entrée de la grande grotte au doux nom du Chemin Lisière.

Du côté des gérants, Eoko demanda à Pijako.

- (Eoko) Chef, pourquoi ne pas leur avoir dit littéralement que ce n’était pas une compétition ?

- (Pijako) … Parce qu’ils doivent apprendre à communiquer, Eoko.

- (Eoko) Ce sont des donjons un peu trop dangereux pour tenter ce genre d’approche, vous ne pensez pas ?

- (Pijako) Justement. Le maître en a décidé ainsi, alors je m’adapte. Vous m’aviez demandé de prendre soin de leur entraînement, quitte à ne pas m’inquiéter de ce qui pourrait arriver au reste du monde, je me trompe ?

- (Grodoudou) En effet, c’est ce que je t’ai demandé.

- (Pijako) Et j’ai tenu parole. Cette année et dès le premier trimestre, je me suis assuré que nos élèves soient prêts à parcourir des donjons de ce niveau. Et ils y parviendront tous, j’en suis persuadé.

Les conséquences de leurs entraînements, sérieux et apprentissages furent enfin mis à rude épreuve. Ce fut en quelques sortes le début du contrôle de fin de trimestre.

Du côté de l’équipe A, tout allait très vite du fait d’être en extérieur et donc d’avoir un point de vue sur l’horizon. Ramboum passait devant, il avait été décidé par vote qu’il serait le chef du groupe. Salamèche avait trouvé cela nécessaire et avait immédiatement voté pour son ami fermier ; et personne ne semblait y voir de problèmes, alors cela dura et tout se passa très bien. Pendant les deux premières heures, l’équipe discuta beaucoup. Elle parlait des ressources nécessaires, de qui allait s’occuper de quoi une fois le campement créé, bref, elle se préparait à la nuit qui allait suivre.

Et une fois les deux heures passées, elle se posa dans un espace légèrement plat au milieu de toutes ces pentes. Branette vérifia et protégea les alentours, Ramboum s’occupa de trouver du bois, Salamèche d’allumer le feu de camp, Argouste et Poussifeu de trouver de la nourriture, Écrapince de la cuisiner et Cradopaud de trouver un endroit ou faire ses besoins. Étrangement, seuls les deux adolescents isolés prirent beaucoup de temps, bien plus que les autres. Mais peu importe, ils se posèrent finalement et mangèrent plus entre amis qu’entre partenaires qui devaient malheureusement s’associer pour le travail. Même Cradopaud, qui fut de loin l’apprentis le moins apprécié pendant un long moment, le simple fait que Salamèche l’accepte parmi le reste de ses amis et montre aux autre qu’il cherche à changer depuis peu parvint à le faire intégrer le groupe facilement. Ils se racontèrent donc tout un tas d’anecdotes plus ou moins intimes, et rigolèrent tous tout en en apprenant un peu plus sur chacun. Oui, comme une colonie de vacances, mais ce groupe méritait bien de commencer comme cela.

Plus tard dans la soirée, alors que Branette reprenait ses patrouilles, qu’Écrapince terminait de nettoyer tout le grabuge qu’il avait fait pour préparer la nourriture et que Ramboum prenait seul un bain dans le lac le plus proche qu’avait trouvé Cradopaud, ce dernier discutait tranquillement avec Salamèche tout en préparant les semblants de lits qu’ils allaient devoir utiliser.

- (Cradopaud) J’espère qu’il n’y a pas trop de Mimigal dans le coin, je déteste les Mimigal sauvages…

- (Salamèche) Ah ah, vraiment ?

- (Cradopaud) Pas toi ? Qui peut ne pas être écœuré par ces horreurs, surtout celles à grandes pattes fines…

- (Salamèche) Moi je les trouve mignonnes. Surtout quand elles te sautent dessus, elles veulent juste un câlin.

Cradopaud eut un frisson de dégoût, et Salamèche en rigola.

- (Salamèche) *soupir* Je suis content qu’on soit devenus amis avant le voyage. J’ai eu la chance de tomber dans un groupe où la discorde n’est pas permise, et ton sérieux y joue un rôle, Cradopaud.

- (Cradopaud) Oui, ça aurait été gênant, sinon. C’est vrai qu’il y a encore trois semaines, sans Hélédelle, je n’étais rien. Allez, si, j’étais un ramassis détestable de haine à déverser sur les autres.

- (Salamèche) Ne dis pas ça…

- (Cradopaud) Ne cherche pas à défendre celui que j’étais, je n’ai plus aucune estime de moi. Sérieusement, je me déteste, Salamèche. Comment ai-je pu agir aussi égoïstement pendant tout ce temps… *soupir* et ça l’est encore plus d’accuser Hélédelle de tous les maux du monde.

- (Salamèche) C’est pour ça que tu ne le fais pas.

- (Cradopaud) Oui, mais je devrais le défendre, comme tu l’as fait tout à l’heure. Comment tu fais ? Avoir le courage d’y aller, de confronter ceux que tu apprécies et pour qui tu voudrais que ce soit réciproque, pour défendre quelqu’un qui t’a fait du tort, que tu n’aimes pas comme tout le monde mais qui, pour une fois, est défendable ?

- (Salamèche) C’est… très spécifique, comme question.

- (Cradopaud) Tu as un autre exemple ?

- (Salamèche) Ce n’est pas nécessaire, je fais ce qui me semble juste.

- (Cradopaud) Tout le temps ? Tu ne doutes jamais ?

- (Salamèche) … Si, bien sûr. Il m’est également arrivé d’agir par peur, contrainte ou colère, sans forcément penser à si c’était avant tout juste ou non. Tu l’as toi-même vu, avec Mangriff…

Il baissa la tête de honte.

- (Salamèche) J’avais… envie de le tuer. Bon sang, le tuer ! Tuer un Pokémon, un être vivant, c’est impardonnable et évidemment injuste, peu importe le contexte !

- (Cradopaud) Et c’était toujours le cas lors du diner, si je me souviens bien ?

- (Salamèche) Oui, c’est ça le pire. Comment je peux être un héros, si je mets des jours à me demander si je devrais ou non mettre fin à la vie du hors-la-loi que j’arrête ? Qui suis-je pour me poser cette question, même si notre histoire est personnelle ? Sérieusement, je… je suis dangereux. Et dire que je m’occupe parallèlement et pendant tout mon temps libre de plusieurs enfants… J’ai failli couper les ponts avec l’orphelinat : un meurtrier n’a rien à faire là-bas.

- (Cradopaud) Tu n’en es pas un. Crois-en quelqu’un qui était là, qui a vu la scène sous un autre angle. C’est normal d’avoir des envies extrêmes et divergentes, surtout maintenant, en tant qu’apprentis. Moi… j’ai changé du tout au tout pour avoir de l’avance. Mon objectif était d’être heureux, mais je me berçais d’illusion en pensant qu’être premier me rendait heureux.

- (Salamèche) Oui, et tu as à nouveau radicalement changé.

- (Cradopaud) Je suis simplement redevenu moi.

- (Salamèche) Et est-ce que tu es heureux ?

Le type poison hocha la tête sans hésiter.

- (Cradopaud) Je me sens moins sale.

- (Salamèche) Tu exagères…

- (Cradopaud) Je t’assure que non, pas tant que je n’aurai pas rendu aux donjons que j’ai massacré leur beauté d’antan.

- (Salamèche) … Je vois. Que comptes-tu faire, après la guilde ?

- (Cradopaud) Je ne sais pas encore. J’ai cru comprendre que les trois quarts d’entre nous allaient à Loliloville ?

- (Salamèche) Effectivement, tout le monde semble vouloir s’intégrer à la grande ville.

- (Cradopaud) Et toi ?

- (Salamèche) … Je comptais suivre le troupeau. Mais depuis l’incident aux Bois aux Pommes, j’hésite. Peut-être… que je ne devrais pas partir tout de suite…

- (Poussifeu) LES GARS !!!

Arriva en hurlant le poussin de feu. Elle était essoufflée, semblant s’être hâtée pour venir.

- (Poussifeu) Branette est tombé sur un truc louche, venez vite !

- (Salamèche) Où sont Argouste, Écrapince et Ramboum ?

Demanda-t-il, en la suivant avec Cradopaud.

- (Poussifeu) Argouste est parti les prévenir, mais vous êtes les plus loin de la scène !

Et effectivement, ils arrivèrent les derniers. Ramboum était presque nu, s’étant couvert en urgence de sa serviette après avoir été cherché en panique par Argouste. Écrapince avait les pinces encore couverte de jus de baie, et Branette saignait du crâne. Le groupe se trouvait en face de ce qui semblait être, dans la pénombre totale, une petite colline.

- (Salamèche) Branette, que se passe-t-il !?

- (Branette) Prenez garde, cette chose est vivante !

- (Cradopaud) Quoi donc ?

- (Ramboum) J’ai du mal à l’identifier, moi aussi…

- (Argouste) Peu importe, restez sur vos gardes !

- (Branette) Je vais tenter de l’écarter…

Il sortit une main spectrale, et commença doucement à pousser la colline. Rien ne se passa pendant plusieurs secondes… avant qu’elle ne se remue brusquement, et fasse sursauter tous les membres du groupe.

- (Argouste) Merde, ce n’est vraiment pas une colline !

En effet, la petite colline était en réalité un immense Pokémon sauvage, qui en se retournant afficha un regard certain : il ne comptait pas les laisser passer. Son corps était encore couvert par la noirceur de la nuit, et il resta immobile un instant, tout comme les apprentis… avant de brusquement charger vers le groupe !

- (Ramboum) Sur les côtés !!

Cria le meneur en sautant également. Tout le monde l’esquiva, et Salamèche cracha une boule de feu à ses pattes pour l’illuminer de tous. C’était une bête couverte de muscles, quadripède, grise d’une peau solide et aux cornes très imposantes.

- (Poussifeu) Mon dieu, c’est quoi ce truc !?

- (Cradopaud) C’est un Donphan, mais je n’en avais jamais vu un de tel… !

- (Argouste) Ah, parce que t’en as déjà affronté un !?

- (Cradopaud) Non, mais les parents d’Hélédelle en ont un d’empaillé dans leur salon.

- (Argouste) Quoi !? C’est dégueulasse !

- (Poussifeu) On parlera de ça plus tard, les gars ! Il nous faut une stratégie !

Les regards se tournèrent immédiatement vers Salamèche, même celui de Ramboum.

- (Salamèche) Quoi !? Ramboum, c’est toi le chef !

- (Ramboum) Oui, mais…

- (Branette) Attention, il charge !

Ils l’esquivèrent tous à nouveau, mais la bête ne fut plus dupe, et bondit dès qu’il reposa une patte au sol sur Argouste, l’écrasant brutalement contre le sol rocheux.

- (Argouste) AAAH !!! Putain de… décoration de riches !

- (Poussifeu) Argouste !!

- (Salamèche) Ramboum, on te fait tous confiance !!

- (Ramboum) Je, euh…

Pendant qu’il réfléchissait, le type feu ouvrit son rappelle-tout. Branette et Écrapince foncèrent au combat. Le type eau l’aspergea d’un jet d’eau critique dans les yeux, puis dans un moment d’aveuglement, Branette le bouscula brutalement avec ses grandes mains spectrales. Il sauva Argouste ainsi, et Poussifeu fonça le récupérer et l’éloigner du danger. L’adolescent du type normal regarda le type spectre utiliser ses puissants pouvoirs, pleinement contrôlés.

- (Argouste) … (Il est balèze… !)

Il repensa au jour où il l’agressa à cause de cela, et commença à s’en vouloir en le voyant être devenu aussi protecteur avec d’aussi puissantes capacités offensives. Mais cela ne suffisait pas, et le Donphan sauvage força jusqu’à ne plus être bloqué du tout. Au contraire, il se mit à avancer malgré les forces spectrales qui l’encombraient.

- (Poussifeu) Je rêve !?

- (Branette) Bon sang… !

- (Argouste) B… Branette ne tiendra pas longtemps, il faut faire quelque chose !

- (Ramboum) … !

Le Pokémon au chapeau de paille continuait d’analyser la scène, l’air bouche bée, quand soudainement :

- (Salamèche) Ramboum, attrape !

Il dévia un instant son regard, et attrapa par réflexe de carnet de Salamèche, ouvert à la page dédiée aux imposants Pokémon quadripèdes.

- (Ramboum) … (Il me confie même son bien le plus précieux ? Salamèche, pourquoi fais-tu cela !?)

Ce dernier s’avança vers Cradopaud, qui ne savait pas quoi faire pour se rendre utile.

- (Salamèche) Il faut qu’on détermine son type !

- (Cradopaud) Je suppose. Je miserai sur un type acier pur, sa peau m’y fait penser et… il faut une sacrée force, pour tenir tête à Branette !

- (Salamèche) Si c’est le cas, alors…

L’adolescent courut vers Branette, lui faisant signe de lâcher prise.

- (Salamèche) Notre adversaire craint les flammes !!

Cria-t-il en lui crachant sa plus puissante boule de feu, tout en passant devant celui qui libéra ses mains spectrales au dernier moment. L’imposant sauvage se prit de plein fouet la violente attaque chargée de flammes. La fumée et les cendres des environs s’éparpillèrent tout autour de l’équipe, qui restait immobile face à l’incertitude de leur victoire. Branette était essoufflé, il tremblait et les autres comprirent qu’il n’avait plus la force de combattre. Argouste et Poussifeu s’approchèrent pour le mettre en sécurité.

- (Poussifeu) Tout va bien ?

- (Branette) Oui… *souffle* j’ai fait de mon mieux… *souffle*

- (Argouste) C’était incroyable, Branette ! Sérieusement, je… je…

Le chef de l’équipe Renaissance cherchait ses mots, il voulait s’excuser, lorsque la fumée se dissipa soudainement sous l’ombre plus que brusque du sauvage qui, à la surprise de tous, chargeait à toute vitesse pour une contrattaque. Salamèche, le plus avancé, se le prit de plein fouet. Il esquiva les cornes, mais pas le reste de son corps solide qui lui brisa quelques côtes.

- (Salamèche) AH !! (Mince, il n’est pas de type acier… !)

- (Cradopaud) … (Merde, il est en danger par ma faute !!)

Le Donphan l’attrapa avec sa trompe et commença à l’étouffer. Cradopaud intervint, angoissé de le laisser souffrir à cause de lui.

- (Cradopaud) RELÂCHE-LE !!

Il fonça, sauta le plus haut possible et envoya un puissant jet empoisonné, mais Donphan baissa simplement la tête et encaissa très facilement l’attaque.

- (Cradopaud) … (Quoi !? Mais s’il n’est pas de type acier, comment peut-il aussi bien encaisser mon poison !?)

Il ne put finir sa pensée, que l’imposante menace lui infligea un coup de boule dans son bain de poison avant qu’il ne retouche le sol. Il vit ensuite Poussifeu tenter d’intervenir, et balança sa prise étouffée sur elle, qui retombèrent tous deux sur Argouste et Branette. Les quatre adolescents se firent tous renverser l’un sur l’autre par la redoutable force adverse, tandis qu’Écrapince fonça à la charge.

- (Écrapince) Hé, c’est ici que ça s’passe !!

Son adversaire se retourna tout en balançant sa trompe pour le dégager, mais le crabe bondit, l’esquiva et relâcha deux puissants jets d’eaux des pinces. Il visa le ventre, et sa cible hurla de douleur avant d’encore plus s’enrager. Ramboum écarquilla alors les yeux.

- (Ramboum) … (Il bloque le poison mais pas l’eau, tandis que le feu semble l’affecter normalement. Ça y est, je l’ai ! Il est soit de type roche, soit de type sol ! Dans tous les cas, Écrapince est notre source de dégâts la plus efficace, on ne doit pas… !)

Sur ces mots, le crabe se fit envoyer valser à côté de lui. Une partie de sa carapace était fissurée, tandis que du sang commençait à couler de son crâne.

- (Écrapince) Bordel, il est increvable !

- (Ramboum) Attends, n’y retourne pas !

- (Écrapince) Pourquoi ? Et d’ailleurs, POURQUOI TU NE FOUS RIEN !?

- (Ramboum) Calme-toi ! On ne peut plus se permettre de faire d’erreurs !

- (Écrapince) On n’avancera pas non plus en attendant qu’il nous achève un par un, il faut y aller tous ensemble !

- (Ramboum) Je sais, mais…

Sa voix tremblait, il n’était sûr de rien. Voyant qu’il doutait, Écrapince soupira et s’apprêta à y retourner par dépit, mais Donphan prit les devants. Il s’abaissa sur ses propres pattes, affichant un regard narquois face à tous ceux qu’il allait blesser. Et soudainement, la terre se mit à trembler.

- (Poussifeu) Que se passe-t-il !?

- (Ramboum) … !?

- (Argouste) C’est lui qui fait ça !

- (Cradopaud) Il… il va utiliser l’attaque séisme !

- (Écrapince) FUYEZ !!!

Mais il était trop tard, et tous les membres du groupe se firent emporter et ensevelir sous la douloureuse roche de la Côte Escarpée. D’ailleurs, comme son nom l’indique, c’est une côte ; les débris s’effondrèrent donc tel un éboulement, emportant avec eux toutes les victimes de la redoutable attaque du monstre de la zone.

Ramboum se réveilla en toussant, il était couvert de poussière et d’égratignures. Il se dégagea rapidement des débris qui l’encombraient, attrapa le rappelle-tout de Salamèche avant même sa serviette qui lui avait échappé de peu et rechercha, paniqué, ses partenaires de guilde. Le terrain était complètement ravagé, à un point où il enfonçait parfois ses pieds dans des roches pointues, mais il n’avait pas le choix pour avancer. Après plusieurs minutes de recherches, il trouva finalement une partie du groupe.

- (Ramboum) Poussifeu !!

Cria-t-il en la rejoignant d’un air affreusement soulagé. Elle était aussi blessée que lui, mais avait déjà commencée à soigner ses amis. Branette et Salamèche étaient en sous-vêtements, pieds et torse nus, couverts de ce que Poussifeu avait trouvé pour les soigner mais inconscients. Argouste, lui, était dans un sale état.

- (Poussifeu) J’ai fait avec ce que j’ai pu. Il faudra se contenter de ça jusqu’à demain dix heure, quand nous retrouverons Eoko.

- (Argouste) Et est-ce que quelqu’un à l’heure ?

- (Poussifeu) Au vu de la position de la lune… je dirai qu’il est bientôt minuit.

- (Ramboum) Quoi… ? Bon sang, je ne pensais pas m’être évanouis aussi longtemps.

- (Argouste) T’inquiète, t’es pas le dernier debout…

Marmonna Argouste, en visant un Salamèche inconscient du regard.

- (Poussifeu) Laisse-le se reposer, Argouste…

Ramboum dévisagea les corps blessés des deux inconscients, l’air horrifié.

- (Ramboum) … C’était supposé être moi, le meneur. C’était à moi de nous trouver un plan pour nous sortir de là.

- (Poussifeu) Ne t’en veux pas, Donphan est un adversaire redoutable.

- (Argouste) Ouais, et puis t’as dû sacrément stresser, au vu du poids qu’on t’a immédiatement mis sur les épaules. Je suis chef d’équipe, je sais ce que ça fait d’être le gérant d’un groupe de trois personnes, alors sept…

- (Ramboum) C’est gentil, mais…

Il sortit le carnet du chef de la Dream Team et le regarda avec peine.

- (Ramboum) Je ne suis pas fait pour ce rôle.

Argouste et Poussifeu le regardèrent avec peine à leur tour, avant qu’une robuste explosion se fit entendre. L’adulte sortit seul de la cachette, et vit au loin Cradopaud et Écrapince se battre avec l’immense créature. Il revint prévenir les autres.

- (Argouste) Quoi ? Ils sont malades !?

- (Poussifeu) Je vais les rejoindre.

- (Argouste) Poussifeu !

- (Poussifeu) Ne t’en fais pas, je n’ai pas l’intention d’y passer.

Elle se mit à leur sourire.

- (Poussifeu) Je ne sais pas pourquoi, mais cette ambiance me plaît. Si ce qu’on appelle explorateur est cette personne qui donne sa vie pas seulement pour autrui, mais également pour prouver à ses compairs qu’ils ne méritent pas d’avancer seuls, alors ça me plaît vraiment !

Puis elle fonça au front. Ramboum la regarda partir, l’air épuisé.

- (Ramboum) *soupir* Et dire que je trouvais scandaleux le fait de faire participer des enfants à des épreuves compétitives entourées d’adultes… vous ne méritiez pas ces pensées condescendantes.

- (Argouste) Ouais… *soupir* surtout pas Poussifeu.

- (Ramboum) Si seulement il n’y avait qu’elle. Germignon est si brillante en cours, tandis qu’elle se donne à fond chaque jours malgré l’ennui qui se découle de cette profession qui ne l’intéresse pas ; Carabaffe est monstrueusement compétant dans tout ce qu’il fait à la guilde ; Pikachu qui nous fait sourire, rire voire oublier nos problèmes malgré la pression de sa maladie et des reproches que l’on fait de son âge ; Salamèche qui est de loin le Pokémon le plus tactique que je n’ai jamais rencontré en plus d’être une crème sociale, d’ailleurs, c’est lui qui me pousse encore et malgré tout à être le chef de cette mission ; toi qui me montre chaque jour une détermination sans faille pour progresser malgré ton… malgré notre type désavantageux. Tu ne m’as pas seulement rendu fier, tu m’as prouvé que le type normal n’était pas un handicap.

- (Argouste) Ah ouais… ? Mais c’est toi qui m’as aidé à en faire quelque chose.

- (Ramboum) Et je ne pensais pas que tu irais aussi loin aussi rapidement. Bientôt, c’est toi qui m’entraîneras, ah ah !

Il ferma les yeux un instant, le sourire aux lèvres.

- (Ramboum) Vous êtes inspirants, les jeunes. C’est pour ça que le maître vous a choisi, hein ? Inspirants pour certains, décoinçant, si ce n’est décourageants d’un orgueil pour d’autres, vous avez une place centrale parmi nous.

Il ferma les poings.

- (Ramboum) Et je refuse de gâcher, ou de laisser quelqu’un gâcher ce potentiel !

Il rouvrit les yeux, et afficha un air bien plus déterminé. Il s’avança vers Salamèche, et déposa son rappelle-tout à ses côtés.

- (Ramboum) Merci, mon grand.

- (Argouste) Qu’est-ce que tu comptes faire ?

- (Ramboum) Quelle question ?

Il se redressa finalement vers l’horizon du combat qui s’acharnait.

- (Ramboum) Je vais faire ce que l’on m’a demandé de faire.

Au même moment, Donphan écrasa son propre corps sur le sol. Cela créa une redoutable onde de choc, envoyant valser ses trois adversaires blessés et épuisés. Poussifeu se releva, le plumage complètement recouvert de boue et de saleté. Écrapince se releva, la carapace fissurée et les pinces noircies par la force adverse. Cradopaud se releva, le haut complètement déchiré et accompagné d’un œil au beurre noir.

- (Poussifeu) *souffle* Donc si je comprends bien… *souffle* personne n’a de plan ?

- (Écrapince) Si… *souffle* foncer dans le tas à plusieurs !

- (Cradopaud) C’est un plan… *souffle* qui me convient, personnellement !

- (Poussifeu) *rires* Très bien, je vous suis, les gars !

Ils s’apprêtèrent à refoncer à la charge, lorsque de redoutables ondes de choc répondirent à l’attaque du sauvage. Elles étaient bien plus puissantes, et infligèrent de réels dégâts à leur adversaire. C’était Ramboum, toujours en serviette, égratigné mais déterminé à en finir.

- (Ramboum) *souffle* Navré du retard !

- (Poussifeu) Toujours aussi classe, à ce que je vois !

- (Ramboum) Je n’allais pas me changer pendant que vous risquez vos vies !

- (Écrapince) Bon… *souffle* peut-être qu’à quatre, on a une chance.

- (Ramboum) Pas besoin de tenter l’improbable, Écrapince.

Commença le type normal, en s’avançant à leur niveau.

- (Ramboum) J’ai un plan.

- (Cradopaud) C’est… *souffle* c’est vrai ?

- (Ramboum) Il est peut-être un peu bancal, mais on ne passe pas de fermier à stratège en ouvrant simplement les notes d’un ami.

- (Écrapince) On fera avec, balance !

- (Poussifeu) Euh… ouais, on va d’abord esquiver !

Exclama-t-elle, en annonçant une nouvelle charge adverse. Ils prirent tous une direction différente pour l’esquiver, ce qui troubla tout d’abord le sauvage. Ramboum fut le premier à se relever.

- (Ramboum) … (Il n’a pas encaissé mes attaques aussi bien que celle de Cradopaud, il n’est donc pas de type roche !) Déjà, il est de type sol ! Donc Poussifeu et Cradopaud, vous restez à l’écart jusqu’à mon signal ! Hé, imbécile !!

Il attira sur ces mots son adversaire.

- (Ramboum) Écrapince, charge un tire et à mon signal, tu lui éclates ses parties !

- (Écrapince) J’éclate ses quoi !?

Donphan lui fonça dessus, mais le fermier au chapeau de paille se prépara à le recevoir. Il l’encaissa de toutes ses forces, et fit comme ce que son adversaire fit face à Branette, jusqu’à complètement parvenir à le bloquer. La pression était immense, il le tenait par les cornes et contractait de toutes ses forces, crispant les dents férocement. Il se motivait en repensant à pourquoi il avait évolué, à pourquoi il en était ici, aux côtés d’apprentis ayant tous changé grâce à une seule personne. D’ailleurs, cette personne lui avait ouvert une page sur les imposants Pokémon quadrupèdes, voilà comment il comprit qu’il devait jouer le rôle du mainteneur.

- (Ramboum) … (Je ne lâcherai pas, JE TIENDRAIS JUSQU’AU BOUT !!)

- (Cradopaud) Pardon !? Ramboum, quelle force incroyable !

- (Poussifeu) Il est musclé, mais là… ! C’est surréaliste !

- (Ramboum) ÉCRAPINCE, MAINTENANT !!!

Le type eau, placé à quelques mètres derrière Donphan, se mit à rire nerveusement ; ayant chargé jusqu’à ses limites ce redoutable jet d’eau qu’il s’apprêtait à lancer.

- (Écrapince) … (Crois-moi, tu vas préférer ça à ce qu’on inflige aux perdants des entraînements en duo !) PREND-ÇA !!!

Il rejeta sa violente capacité, droit dans les parties ouvertement affichées du sauvage. Le cri indescriptible qu’il dégagea se suivit d’une perte d’attention sur Ramboum, qui le souleva un instant, avant de brutalement le plaquer au sol.

- (Ramboum) … (Si Branette avait été là, il l’aurait maintenu à terre. Tant pis, on s’adapte !) Poussifeu, Cradopaud, à vous !!

Les deux autres personnages foncèrent le rejoindre maintenir le monstre, mais ce dernier se débattait brutalement et commençait à reprendre l’avantage.

- (Poussifeu) Qu’est-ce qu’on fait, maintenant !?

- (Ramboum) Il faut que quelqu’un l’assomme ! J’m’en occupe, un gros coup à la tête devrait suffire ! Cradopaud, t’es le plus agile, non ? En cas d’échec, emporte Poussifeu avec toi avant de fuir !

- (Cradopaud) Entendu !

Ramboum commença à doucement s’avancer. Il devait le faire tout en le maintenant fermement, mais plus les secondes avançaient, plus Poussifeu et Cradopaud étaient secoués par les grosses pattes imposantes de leur adversaire.

- (Poussifeu) Écrapince, un peu d’aide serait la bienvenue !

- (Écrapince) *souffle* Désolé, je… AAAH !!!

Il hurlait de douleur, mais l’adolescente ne pouvait pas le voir.

- (Poussifeu) Que se passe-t-il !?

- (Cradopaud) Reste concentrée !

- (Poussifeu) Oui, pardon… !

- (Ramboum) Allez, endors-toi !

Exclama le fermier avant de frapper, pensant l’achever sur ces mots. Mais ce coup ne suffisait pas, au contraire. La peau du sauvage semblait s’être renforcée, et sa main fut presque brisée sous sa propre attaque. Donphan, lui, affichait un air pire qu’enragé, il semblait avoir perdu le contrôle de lui. D’un dernier mouvement brusque, il envoya valser tout le monde.

- (Poussifeu) … (N… non !!)

- (Cradopaud) … (Il est trop fort !)

Il attrapa la jambe de Ramboum avant qu’il ne s’éloigne trop, puis le tira brusquement tout en se redressant. Le sauvage hurla de rage, en le cognant à plusieurs reprises sur le sol, qui continuait d’exploser à son impact. L’apprentis crispait les dents, fermait les yeux et pleurait bien plus que des larmes. Son sang giclait à flots, il se faisait empaler en continu sur un sol toujours de plus en plus piquant. Poussifeu se redressa en tremblotant. Elle put enfin tourner son regard vers Écrapince, pour finalement constater qu’il hurlait de douleur à cause de ses pinces, toutes les deux explosées et ensanglantées à cause de la puissance de sa dernière attaque. Cradopaud n’avait plus aucune force. Sa peau était sévèrement égratignée, et seul son pantalon coupé aux chevilles lui servait encore de vêtements. Son pied droit était empalé dans une roche, qu’il tentait désespérément d’enlever pour retourner au combat. Bref, le poussin de feu était la seule encore debout, et elle devait faire quelque chose.

Sans hésiter, elle sauta sur Donphan pour tenter de lui faire lâcher Ramboum, mais son poids était insignifiant, comparé à celui de son adversaire. Alors elle arriva au niveau de ses yeux, et en attaqua un en y plantant sauvagement son bec. Il lâcha enfin prise, mais rouvrit un œil rouge à la pupille si minuscule, si enragée. D’un simple mouvement, il l’envoya à terre. Elle tenta de se redresser, mais se fit brutalement marcher dessus.

- (Poussifeu) AAAH !!! (Tant pis, Ramboum est… épargné !)

- (Ramboum) Poussifeu… ! (Je ne peux plus bouger, merde… ! Espèce d’imbécile, ton plan a échoué du tout au tout !)

Le monstre continua de lui marcher dessus. À chaque nouveau pas, un tremblement se fit provoquer. À chaque nouveau pas, Poussifeu sentait de moins en moins la douleur.

- (Poussifeu) … (C’est la fin, je… ne peux rien faire… !)

Elle ferma les yeux, s’attendant à être achevée… lorsque les mêmes ondes de choc que Ramboum, non, des plus puissantes encore empêchèrent le type sol d’en finir. Elle rouvrit les yeux vers son sauveur, l’air bouche bée.

- (Poussifeu) A… Argouste !?

- (Argouste) Éloigne-toi, sale enflure… !

Il peinait à rester debout, mais faisait malgré tout face au monstre. Ce dernier s’avança vers lui tout en le regardant de haut. Poussifeu en profita pour essayer de se relever, mais son corps était trop blessé pour tenter quoique ce soit.

- (Poussifeu) Non… ! Argouste, casse-toi !!

- (Argouste) SI TU DOIS ÉLIMINER QUELQU’UN, COMMENCE DÉJÀ PAR CELUI QUI N’EST PAS CAPABLE DE RETOURNER AU COMBAT !!!

Hurlait-il en pleurant, voyant sa vie défiler sous ses yeux. Et sur ces mots… Donphan l’écrasa sèchement. Poussifeu était sous le choc, elle avait vu son petit ami, non, celui qui représentait bien plus que ça se faire abattre d’un simple coup pour la protéger. Son corps se mit à trembler tout seul, alors même qu’elle était incapable de bouger. Son regard… passa lentement de la douleur à la rage.

- (Poussifeu) Espèce d’enfoiré… !

Une petite lumière scintillante commença à se dégager de son ventre. Ramboum rouvrit doucement les yeux à cause de cette même lumière qui, dans toute cette pénombre, apportait un dernier brin d’espoir.

- (Ramboum) … (Qu’est-ce que… Poussifeu ?)

Il essaya de tourner son regard vers elle, mais ne vit qu’un amas de lumière l’engloutir. Il se mit à sourire malgré la douleur, la peur et la honte qui le comblaient.

- (Ramboum) … (Alors c’est ton tour, hein ?)

Ce phénomène lui était déjà arrivé, tout comme à Carapuce lors de son affrontement face à Salamèche. Oui, Poussifeu évolua. Donphan recula de quelques pas, lui-même aveuglé par cette lumière si marquante. Et dans la tradition des évolutions, Poussifeu obtint aussi le droit de passer un mauvais moment.

 

- Qu’est-ce que c’est que ça ? Un poussin ? Tu te fous de moi !?

- Chef, jamais je n’aurais osé ! Cette gamine est une Poussifeu, soit le premier stade d’évolution d’une espèce qui, au niveau final, possède des capacités sans égales dans beaucoup de domaines ! Regardez par vous-même !

- Hum… impressionnant.

- Si nous l’entraînons telle une soldat d’élite, elle deviendrait une ressource indispensable pour la DDR !

- Effectivement… Dis-moi, gamine, sais-tu qui nous sommes ?

Un silence régna.

- Nous ne t’avons pas encore effacé la mémoire, mais cela peut ne pas se faire si tu te montres un minimum coopérative. Alors je vais reposer ma question : sais-tu qui nous sommes ?

Le silence dura cette fois plus longtemps.

- Je vois… dans ce cas, elle rejoindra les autres.

- (Poussifeu) Je sais parfaitement qui vous êtes.

- … Ah, mademoiselle daignerai finalement l’ouvrir ?

- (Poussifeu) Vous avez tout détruit, vous m’avez tout pris. Je me fiche de savoir qui vous êtes, sachez simplement que je vous ai dans ma ligne de mire.

Les deux autres personnages se mirent à rire.

- (Poussifeu) Essayez de faire ce que vous voulez de moi, ça ne marchera jamais. Mais vous avez raison, je suis spéciale, alors dépensez pour moi.

- Oh, ma grande, tu n’as pas idée d’à quel point tu nous seras utile. Fais venir Hypnomade, avant que je m’énerve…

- Oui, chef…

 

Lorsque la lumière se dissipa, le corps certes blessé, mais en état de se battre de ce nouveau Pokémon vit le jour. Son plumage devint jaune en haut tandis qu’il resta orange en bas, à l’exception des trois plumes orange qui lui restèrent sur la tête et lui firent une chevelure de combattante. Elle passa de la dizaine de centimètres au mètre soixante, tandis que ses pattes s’étaient férocement agrandies. Mais par-dessus tout, des bras lui étaient poussés, deux bras musclés, longs et aux trois griffes aiguisées. Son regard gagna en détermination, tandis qu’elle fit face à la menace sous une nouvelle posture de combat.

- Tu vas me l’payer !!

Hurla-t-elle d’une voix légèrement plus grave, mais assurément plus forte. Elle nageait entre ce qu’avait fait son adversaire, et le mauvais souvenir qu’elle vécut pour la première fois depuis sa nouvelle vie, depuis qu’elle était effectivement devenue amnésique. Et sur ces mots, elle fonça au combat. Donphan était perdu, il tenta de l’intercepter en l’attrapant avec sa trompe, mais elle le bloqua, attrapa le membre qu’elle tira brusquement vers elle avant de contrattaquer d’un coup de boule entre les deux yeux. L’un avait une peau très solide – d’ailleurs le crâne de la combattante se mit à saigner – pourtant, c’est le sauvage qui prit peur. Il semblait avoir eu mal malgré tout, mais il ne put réellement s’en rendre compte, car l’adolescente poursuivit son enchaînement d’un coup de pied plus étendu, plus grand et plus violent qu’auparavant. Ses pattes lui permettaient maintenant d’attraper directement sa tête, qu’elle plaqua au sol sans broncher. Elle attrapa une de ses cornes, et l’arracha brutalement. Donphan hurla, mais ce n’était que le début : elle empala sa trompe.

- Et voilà… ! *souffle*

Dans le doute, elle arracha la deuxième corne et l’empala dans l’une de ses jambes arrière, le bloquant définitivement au sol. Le sauvage tentait de se débattre, mais cette fois, s’en était véritablement fini de lui.

- Je ne voulais pas en arriver là, mais j’ai appris à ne pas avoir de regrets face aux enfoirés. Et civilisé ou pas, t’en es un sacré beau, sale merdeux ! Allez, endors-toi !!

Elle le frappa au visage à son tour, et contrairement à Ramboum, parvint à enfin l’assommer. À cet instant précis, le groupe remporta la victoire. Ils s’étaient tous démenés jusqu’au bout, mais y étaient tous finalement parvenus.

L’adolescente se dépêcha de ramener tout le monde en sécurité, là où Branette et Salamèche dormaient déjà. En sortant Argouste de son trou, elle comprit qu’il était encore en vie. Mais elle comprit également qu’Eoko ne serait pas disponible avant de longues heures. Elle devait se débrouiller seule, et fit avec ce qu’elle avait. Pendant le reste de la nuit, elle s’occupa de stopper les hémorragies de chacun. Elle n’avait pas le choix, et dû utiliser ses flammes pour faciliter son travail, et ce après avoir donné à tout le monde des jus et des herbes curatives. Finalement, Ramboum, Cradopaud, Argouste, Écrapince et elle s’en sortirent avec de belles cicatrices, toutes fraichement refermées grâces aux nouveaux pouvoirs de ce Pokémon évolué. Elle en profita pour emprunter le rappelle-tout de son ami, se demandant s’il n’avait pas annoté la forme évolué de son espèce, surtout depuis que Carapuce était devenu Carabaffe. Et effectivement, en ce tout début de journée du 24 Décembre 231, Poussifeu était devenue une grande, puissante et redoutable Galifeu.

Le soleil peinait à se lever, quatre heures venaient de passer. Elle qui n’avait pas réussi à dormir, elle n’avait d’autres choix que de botter le cul de tout le monde, en espérant qu’ils se réveillent tous. Ce fut presque le cas : Argouste dormait toujours.

- (Salamèche) Qu… quoi !? Poussifeu ?

- (Galifeu) Non, c’est Galifeu, maintenant.

- (Branette) Galifeu… ? Wow… tu es superbe, comme ça.

- (Cradopaud) On ne te reconnait plus du tout. Ces bras… tu vas adorer les entraînements dans la Zone de Victoire, crois-moi…

- (Galifeu) Merci, ah ah !

- (Écrapince) Minute… c’est toi, qui a achevé le Donphan ?

- (Galifeu) Tu ne t’en souviens pas ? C’est vrai que tu t’es évanoui de douleur peu de temps après ma victoire.

- (Ramboum) Oui, c’est bien elle qui s’en est occupé.

Ramboum s’avança, le ventre et le dos couverts de lianes servants de bandages.

- (Galifeu) Tout va bien, Ramboum ? Tu m’as fait sacrément peur…

- (Ramboum) Je sais, je suis désolé. Mon plan était stupide, vous n’auriez jamais dû m’écouter…

- (Écrapince) Tu rigoles ? Il était incroyable, surtout pour quelqu’un qui n’en fait jamais.

- (Cradopaud) Ouais, il n’a pas marché parce que notre adversaire était trop fort, mais c’était vraiment bien trouvé.

- (Salamèche) Alors vous l’avez fait… ? Bravo, les amis.

- (Ramboum) Salamèche…

L’adulte s’avança, l’air à la fois désolé, heureux et surpris.

- (Ramboum) Je ne sais pas quoi te dire…

- (Salamèche) Moi, je sais. T’es un super meneur !

Exclamait-il, en lui montrant son poing. Ramboum lui sourit sincèrement, et le tapota avant d’annoncer aux autres l’heure de départ. Ils avaient une excursion à terminer, et se devaient d’arriver dans les temps pour ne pas décevoir leurs gérants.

Ils voyagèrent donc le reste du chemin à parcourir, sur les terrains rocheux et pointus de la Côte Escarpée. Galifeu portait sur son dos Argouste, elle avait hâte qu’il se réveille et découvre sa nouvelle apparence. L’équipe A termina son voyage sur cette aventure palpitante, retrouvant par la suite Eoko, Pijako et Grodoudou au sommet de la deuxième montagne la plus haute du continent. Mais qu’en était-il de l’équipe B ?

Eh bien elle était déjà là, lorsque le premier groupe arriva à destination. Mais eux aussi, semblaient avoir vécu une petite histoire. Le parcours de son donjon se déroula tout aussi bien. Le Chemin Lisière était une grande grotte, dont une partie avait été détruite par un Ratentif hors-la-loi avec une arme surpuissante. Lorsqu’ils y arrivèrent, ils durent se faufiler entre les débris, déblayer le chemin pour certains et faire très attention pour d’autres. Cette partie-là était très instable, au point d’être capable de s’effondrer sur le reste de la zone. Cela était affreusement dommage, et la plupart des apprentis le constatèrent : c’était un territoire naturel magnifique. La Grotte possédait des verdures chatoyantes, tandis que tout un tas de minuscules Muciole et Lumivole sauvages illuminaient de toutes les couleurs les roches rouges de la montagne ouvrant sur des petits lacs et autres fantaisies.

Carabaffe et Hélédelle étaient devants, mais l’un était car les autres l’avaient décidé, et le second s’isolait juste pour ne pas recevoir plus de remarques. Il s’en prit tout de même, mais surprenamment pas du type eau. Lui qui s’était donné l’image du bourrin fonçant dans le tas et ne parlant que pour être vexant, il semblait volontairement ne pas participer au lynchage du type vol et, sans s’en rendre compte, Hélédelle préféra rester à ses côtés plutôt que de retourner vers les autres.

- (Carabaffe) Attends…

Commença son partenaire de voyage, en s’arrêtant devant un grand trou au plafond menant vers le ciel.

- (Carabaffe) Tu pourrais analyser l’extérieur du donjon en partant d’ici ?

- (Hélédelle) Je le pourrai. Pourquoi ?

- (Carabaffe) Pour un territoire classé orange, il n’y a pas beaucoup de sauvages. C’est louche, et j’aimerai bien savoir ce qui nous reste à parcourir.

Hélédelle hésita un instant. Mais en voyant les autres arriver, il soupira à l’idée de se faire à nouveau insulter, et s’exécuta selon le plan de Carabaffe.

- (Hélédelle) … Bien, je m’en occupe.

Ce fut la première fois qu’il se plia aux règles d’un autre apprentis, et cela lui fit tout étrange. Il avait l’impression de se sentir sale, de se trahir lui-même. Mais d’un autre côté, il ne ressentait aucune réelle animosité envers Carabaffe. Maintenant que tout le monde le détestait, il le remarquait enfin.

- (Keunotor) Qu’est-ce qu’il fait ?

- (Carabaffe) Il va nous protéger de l’extérieur.

- (Héliatronc) Oui, bien sûr. Son regard perçant nous sauvera tous, je suppose.

Le groupe en rigola, mais pas Carabaffe.

- (Carabaffe) On continue.

Peut-être avait-il fait cela pour lui, justement. De son côté, Hélédelle volait seul au-dessus du donjon. Il faisait nuit noire, mais cela ne le dérangeait pas. Tout était calme, monstrueusement calme et cela lui plut. Il put souffler, enfin à l’écart de toutes ces critiques.

- (Hélédelle) … (Ces gueux me le paieront, ils n’ont aucune idée d’à qui ils s’adressent ! Bon sang, si seulement Cradopaud était là…)

Il repensa ensuite à son engueulade avec le type poison.

- (Hélédelle) … (Non, il ne m’aurait pas soutenu, tout comme il ne l’a pas fait tout à l’heure. Qu’ai-je fait, pour mériter tel acharnement ? La compétition avant tout, n’était-ce pas le mot d’ordre de la famille ? Je ne cherche pas à être leur ami, ni à les épargner de ma supériorité intellectuelle ou physique. Ils sont faibles, et ce sont leurs problèmes. Personnellement, je n’ai rien à me reprocher…)

Il laissa le silence régner ses pensées quelques instants… avant que son esprit ne se réponde tout seul.

 

- (Cradopaud) Je respecte ta vision, mais je te demanderai de ne pas juger aussi impunément la mienne. En ce qui me concerne…

Il se retourna, remontant la couette qui allait rapidement lui permettre de terminer cette rude journée.

- (Cradopaud) Avoir plus d’un ami, ce n’est peut-être pas si improbable. En fait, j’ai l’impression que c’est maintenant ou jamais, s’il y a un coup à tenter.

 

Il ferma les yeux un instant, l’air honteux.

- (Hélédelle) Cradopaud…

Soudainement, un puissant éclair lui fonça dessus à toute vitesse, et Hélédelle se le prit de plein fouet. Il voulait hurler de douleur, mais la paralysie qui s’en suivie fut si puissante qu’il commença à tomber en pique sans ne pouvoir prévenir personne.

- (Hélédelle) … (Non, au secours !!)

Il s’écrasa très violemment dans une partie éloignée du Chemin Lisière, détruisant le plafond en atterrissant et se faisant recouvrir de quelques débris rocheux. La douleur était intense, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Car Hélédelle avait déjà vécu cet événement, il s’en souvenait comme si c’était hier. La première fois, Cradopaud était venu le sauver, mais là, personne n’avait pour rôle d’être son garde du corps. Il ne pouvait pas ouvrir le bec, la paralysie était trop efficace sur lui. Bien entendu, il ne pouvait pas bouger le reste de son corps non plus, qui en plus commençait à saigner à cause des roches lui écrasant les ailes, le dos et les pattes.

Après quelques minutes de torture, à essayer de se libérer inutilement, un Pokémon sauvage approcha au loin. Il était quadrupède, musclé et au regard intense. Sa peau noire comblée de rayures blanches le distinguait de la pénombre, surtout lorsque ses propres éclairs l’entouraient. L’apprentis explorateur écarquilla les yeux d’angoisse.

- (Hélédelle) … (C’est un Zéblitz ! Merde… merde merde merde, il faut que je me sorte de là avant qu’il ne me crame avec ses éclairs !)

Il se débattait de toutes ses forces, mais rien n’y fit, le sauvage avait su le toucher à l’endroit le plus sensible. Ce dernier s’approcha jusqu’à pouvoir le toucher d’une de ses pattes, il le regarda de haut pendant que son aura électrique s’accentua de plus en plus. Le type vol ferma les yeux et crispa les dents, pensant sincèrement que tout était terminé.

- (Hélédelle) … (Fais chier ! Cradopaud, je… je suis désolé !)

Mais alors que le sauvage allait attaquer, une roche tomba à côté de lui. Il y détourna son attention, ce qui permit à Rocabot de lui sauter dessus depuis l’autre côté.

- (Rocabot) ICI, IMBÉCILE !!!

Hurla-t-il, en lui explosant très violemment une roche sur le crâne. Hélédelle le regarda, sous le choc. Le sauvage recula, déstabilisé, mais ce n’était que le début.

- (Carabaffe) Allez, go go go !!

Cria le chef du groupe, en laissant ses partenaires de guilde lui passer devant. Héliatronc sauta dans le tas, et infligea un coup de fouet liane en plein ventre adverse. Elle projeta le Zéblitz au sol comme cela, avant que Keunotor n’arrive de l’autre côté pour lui infliger un coup de boule dans le derrière dès qu’il commença à se relever. Il resta donc au sol, et enragé, se mit à relâcher à toute puissances ses éclairs. Mais Pikachu arriva et lui sauta dessus, encaissant toute l’énergie adverse en lui et protégeant ses amis comme cela. Le monstre musclé le dégagea d’un coup brusque et se redressa, mais Carabaffe lui projeta un jet d’eau qui le fit prendre encore plus de distance avec Hélédelle. Zéblitz tenta de charger, mais Héliatronc chargea dans l’autre sens en l’entourant en même temps avec son fouet. Mais la pression exercée par l’adversaire était immense, et Keunotor, Pikachu et Carabaffe durent tous aider leur amie pour le repousser de sa proie. Le type vol voyait tout, il était choqué de voir ces gens, ces mêmes gens qui lui reprochaient tous les maux du monde, le protéger coûte que coûte.

Mais Rocabot s’avança vers lui, commençant à défaire les roches qui le maintenaient tout en se moquant.

- (Rocabot) Alors, qu’est-ce que ça fait d’être sauvé par des « gueux » ? Tu te rends enfin compte que t’es loin d’être le meilleur d’entre nous, sale piaf privilégié !?

- (Hélédelle) … (Pour qui te prends-tu, toi… ? Si seulement je pouvais parler… !)

- (Rocabot) Quoi, tu n’as rien à me dire ?

Rocabot ne savait pas qu’il était paralysé, il voyait seulement son regard monstrueusement énervé. Cela l’amusa, il voulait se venger de tout ce qu’Hélédelle avait fait.

- (Rocabot) Regarde-toi, peinant à se défaire de quelques cailloux. Pour un riche tout puissant qui ne fait que regarder les autres de haut, c’est un peu la honte d’être faible au type roche.

- (Hélédelle) … (Ferme-là… !)

- (Rocabot) Je me souviens encore parfaitement du jour où tu es venu vers moi, l’air confiant, pour venir me demander de réaliser une mission en commun. T’étais plutôt beau gosse, surtout très soigné à côté de ton pote. On peut dire que tu m’as appris à ne pas se fier aux apparences !

Il laissa « malencontreusement » une des roches qu’il retirait retomber sur le corps blessé du type vol.

- (Hélédelle) … (AAAH !!! Espèce d’enflure !!)

- (Rocabot) Oups, désolé, ça m’a échappé ! Sérieux, regarde-toi, t’es encore plus poussiéreux et égratigné que les gueux que tu manipulais. Je me souviens encore de l’expression que t’avais, quand tu m’as abandonné dans une crevasse pour repartir seul avec le hors-la-loi que J’AVAIS arrêté ! Faut vraiment être une putain d’ordure, et savoir que la guilde cautionne tes agissements m’a également fait comprendre que la vie est juste plus simple, pour les richous comme toi. Il suffit de corrompre, et le continent entier devient un terrain de jeu, hein ?

- (Hélédelle) … (Je n’ai jamais rien donné à la guilde, pauvre imbécile ! Renseigne-toi avant de l’ouvrir, j’ai juste utilisé les règles à mon avantage !!)

- (Rocabot) *soupir* Bref, ne crois pas que tu seras un jour pardonné pour ce que tu as fait. Je te sauve seulement parce que c’est mon devoir, mais crois-moi, la prochaine fois, je serai maladroit au point de peut-être faire et refaire tomber plus de roches sur toi.

Il s’apprêta à finalement le dégager de toutes les roches qui l’encombraient, lorsque le chef du groupe hurla.

- (Carabaffe) ROCABOT, FAIS GAFFE !!!

Il se retourna en vitesse, mais ne put rien faire face à l’immense tonnerre qui allait s’abattre sur lui et Hélédelle. Même si les autres retenaient le Zéblitz du mieux qu’ils le purent, ce dernier chargea malgré tout une dernière redoutable attaque pour ne serait-ce qu’essayer d’abattre le type vol. Rocabot n’avait pas le physique de tout encaisse pour autrui, il semblait perdu au milieu de toute cette lumière qui commençait à l’aveugler… lorsque Ptyranidur bondit du plafond tout en le faisant exploser, projetant des roches sur l’attaque électrique pour l’atténuer un maximum avant d’également venir l’encaisser avec Rocabot.

- (Rocabot) Ptyra !!

- (Ptyranidur) On le protège, Roca !!

L’attaque outrepassa les roches, et s’abattue brutalement sur le trio. Combiné avec l’éboulement de Ptyranidur, cela créa un violent choc dans la grotte qui envoya valser le groupe en deux parties. Lui, Rocabot et Hélédelle se retrouvèrent éloignés quelques étages plus bas, alors que les débris continuaient de tomber vers eux.

- (Ptyranidur) Attention !!

Cria le dinosaure pour prévenir ses coéquipiers. Mais contrairement à Rocabot, il comprit immédiatement qu’Hélédelle était paralysé. Il fonça le secourir, et le recouvrit le temps que l’éboulement se calme. La poussière comblait les lieux, et Rocabot toussa en se relevant, ensanglanté au crâne et dans le dos.

- (Rocabot) *tousse* Ptyra ? Ptyra, t’es où !?

Ce dernier rouvrit difficilement les yeux, puis dégagea du mieux qu’il put les roches l’encombrant.

- (Ptyranidur) Là… !

Rocabot l’aperçu et fonça à son secours. Il comprit que son ami avait aidé Hélédelle, qui depuis tout ce temps était paralysé. Il l’aida à contrecœur, sous la demande de Ptyranidur, à le soigner de cette immobilisation.

- (Rocabot) On en fait trop, pour lui…

- (Ptyranidur) C’est un apprentis au même titre que nous, il ne mérite pas d’être traité comme tel.

Sur ces mots, il termina de le soigner. Hélédelle rouvrit les yeux, comprenant qu’enfin, il était libre. Et brutalement, il se redressa en déployant ses ailes ensanglantées, ce qui envoya valser les deux adolescents dans les débris les plus proches. Ptyranidur tomba presque inconscient.

- (Hélédelle) *souffle* Enfin…

Il tourna son attention sur le Pokémon chien, qui peinait déjà à se relever. Et d’un mouvement rapide et précis, le type vol se propulsa sur lui et le plaqua si violemment d’une de ses pattes, qu’il resta assurément bloqué sur ces débris.

- (Rocabot) AH !! Qu’est-ce que tu fous !?

L’adolescent osa lever le regard vers lui. Il écarquilla les yeux d’angoisse, en dévisageant le visage enragé et monstrueusement rancunier de son partenaire de guilde.

- (Hélédelle) Qu’avais-tu l’intention de me faire, déjà ? Relâcher malencontreusement des roches sur moi !?

Il appuya de plus en plus fort avec sa patte, et sa victime se mit à hurler de douleur.

- (Hélédelle) Tu crois que j’ai payé la guilde pour être premier !? Espèce d’incapable, ne rejette pas ta bêtise sur mes actes, J’USE SEULEMENT DE TA MALADIE MENTALE POUR GAGNER !! CELLE DE CROIRE QUE TA PAUVRETÉ NE TE PERDRA PAS !!!

- (Rocabot) AAAH !!! AU SECOURS !!!

Les cris de douleurs de Rocabot se firent entendre à travers toute la grotte, et Hélédelle s’en amusait véritablement. À travers lui, il déversait toute la haine qu’il ressentait envers tous ceux qui n’arrêtaient pas de lui reprocher quelque chose. Il allait l’assommer d’un coup brusque au crâne, lorsque Ptyranidur arriva et lui infligea un puissant coup de boule en pleine tête.

- (Ptyranidur) ARRÊTE !!!

Hélédelle se fit projeter en arrière, crachant du sang par le bec. Le dinosaure récupéra son ami, essoufflé et pleurant désespérément de douleur.

- (Rocabot) Au secours… *snif* Ptyra…

- (Ptyranidur) Hélédelle… ! T’es complètement malade !?

- (Hélédelle) Recule, le fossile ! Tu n’as rien à foutre là, que ce soit dans cette scène, ou plus simplement à la guilde !!

- (Ptyranidur) Quoi… ? Comment tu m’as appelé ?

- (Hélédelle) Le fossile, c’est ce que tu es !

- (Ptyranidur) … !?

- (Hélédelle) T’es trop con pour comprendre ou quoi !? Que crois-tu qu’on apprenne, dans une vraie école pour les hauts classés comme moi !? Toi comme une dizaine d’autres espèces, vous n’êtes que des sujets de tests destinés à servir à la science, TU N’AS RIEN À FOUTRE À LA GUILDE !!

Le Pokémon dinosaure écarquilla les yeux, choqué par les propos malheureusement cohérents de celui qui était supposé être son partenaire de guilde. Pourtant, il l’enfonça comme jamais auparavant, prononçant des paroles encore plus blessantes que celles de la DDR, à l’époque où il n’était qu’esclave.

- (Hélédelle) TU N’ES QU’UN TAS D’OS RANIMÉ À LA VIE PAR UNE MACHINE !!! TU N’AS PAS DE PARENTS, SI CE NE SONT LES SCIENTIFIQUES QUI ONT PENSÉ BON DE RAMENER À NOTRE ÉPOQUE UN DINOSAURE INCAPABLE DE TOUCHER TOUTES LES PARTIES DE SON CORPS, TELLEMENT IL EST PHYSIQUEMENT RETARDÉ !!!

- (Rocabot) … !!

- (Ptyranidur) … !!

Que ce soit vrai ou non, Rocabot était sous le choc de la violence des paroles d’Hélédelle. Ptyranidur tremblait d’angoisse.

- (Hélédelle) N’ESSAIE MÊME PAS DE CROIRE QUE NOUS SOMMES AU MÊME NIVEAU, C’EST BIEN POUR CELA QUE JE SUIS ICI, QUE JE VEUX DEVENIR EXPLORATEUR !!! POUR ÉRADIQUER DÉFINITIVEMENT LES SOUS-ESPÈCES INCAPABLES DE NOUS FAIRE VIVRE DANS UN MONDE J… !!!

Mais brutalement, Carabaffe arriva par derrière et l’assomma d’un coup net à l’arrière du crâne. Hélédelle écarquilla les yeux… avant de tomber dans les pommes. Le silence régna ensuite, mais la voix de l’oiseau raisonnait si fort dans l’esprit de tous, surtout du dinosaure, qu’elle semblait encore envahir le Chemin Lisière.

- (Carabaffe) *soupir* Enfin il ferme sa gueule.

Le type eau releva le regard vers ses deux partenaires.

- (Carabaffe) C’est terminé, le chemin restant est sans danger.

- (Ptyranidur) …

- (Rocabot) J’ai… j’ai besoin d’aide…

Les autres arrivèrent, l’air affreusement gêné. Hélédelle avait parlé si fort que tout le monde l’avait parfaitement entendu. Quand ils virent Ptyranidur, quand ils le virent immobile, le regard perdu vers le sol et tremblant d’angoisse, ils n’avaient pas les mots pour le rassurer. Héliatronc porta Rocabot sur son dos, Keunotor tira Hélédelle par la jambe et Pikachu s’approcha de son ami fossile.

- (Pikachu) Hé, Ptyra…

Il lui tapota gentiment le dos.

- (Pikachu) Viens, mon pote, il faut qu’on avance.

- (Ptyranidur) …

Il resta tout aussi silencieux, tout aussi anxieux, mais se mit effectivement à suivre le groupe. Pikachu lui attrapa la main, et l’aida du mieux qu’il put à le sortir de la grotte.

Après quelques heures d’exploration à un rythme évidemment beaucoup plus lent, ils virent finalement le bout du tunnel. Ils purent respirer l’air frais qui leur parcourait le corps, au quasi-sommet de la seconde montagne la plus grande du continent. C’est ici qu’ils décidèrent de se reposer la nuit. Ils construisirent donc des tentes, un feu de camp, préparèrent la nourriture, la dégustèrent, se nettoyèrent dans une petite rivière non loin du campement, puis se couchèrent finalement. Hélédelle avait été placé dans un des lits préparé à la main mais, quand il se réveilla en pleine nuit, il décida de partir loin, très loin dans le ciel.

Le lendemain, il n’était toujours pas revenu. Le groupe l’attendit quelques instants après avoir rangé le campement, puis décidèrent par vote de partir sans l’attendre. Ils arrivèrent légèrement en avance par rapport à l’heure indiquée, et donc un peu avant l’équipe A. Eoko, Pijako, Grodoudou et Hélédelle, dans son coin, semblaient presque tous les attendre avec impatience.

- (Pijako) Félicitation, vous êtes arrivé les premiers !

Exclama le chef de la guilde, en s’attendant à une réaction typique qu’il avait l’habitude de voir chaque année lors des différents projets de groupes. Mais étonnement, personne ne s’exclama de joie. Ils étaient contents d’être arrivés, mais le fait d’être les premiers, même pour Carabaffe et après tout ce qu’ils vécurent, ils s’en moquèrent royalement. Pijako soupira le sourire au bec, et Eoko comprit pourquoi il ne leur avait pas dit que ce n’était pas une compétition : ils devaient faire eux-mêmes le premier pas, de la rivalité à l’amitié. Beaucoup avaient réussi, d’autres beaucoup moins. Mais dans tous les cas, ce contrôle de fin de premier trimestre entraîna radicalement tous les membres de la guilde.

Ils le comprirent en voyant l’équipe A arriver peu de temps après, tous plus blessés, mais heureux d’enfin avoir atteint le bout du trajet. Les gérants décidèrent de faire une grande pause avant le poursuivre l’exploration, et bien entendu, Eoko en profita pour soigner tous ceux qui avaient amèrement souffert pour offrir la victoire à son équipe. Ils le méritaient tous.

Ils mangèrent, burent et se reposèrent comme il se devait, au sommet de cette grande montagne leur offrant une vue splendide du reste du continent. Les membres des deux groupes se réunirent pour discuter de leurs aventures chacun dans leur coin et, en voyant que Ptyranidur restait seul assis sur une grosse roche, regardant l’horizon sans son sourire sincère habituel – celui de simplement exprimer la reconnaissance qu’il avait à offrir au monde qui lui laissa une seconde chance – Salamèche s’approcha sans hésiter pour comprendre ce qui n’allait pas.

- (Salamèche) Ptyra… ? Tout va bien ?

Ce dernier ne lui répondait pas, mais son ami s’installa à ses côtés, déterminé à ne pas le laisser seul.

- (Salamèche) J’ai cru comprendre qu’il vous était aussi arrivé quelque chose. Tu veux m’en parler ?

- (Ptyranidur) …

- (Salamèche) Tu sais très bien que je ne te lâcherai pas. Quand tu ne souris pas, j’ai l’impression que rien ne va.

Le dinosaure baissa la tête un instant, avant de soupirer en fermant les yeux. Il n’avait pas à avoir honte de qui il était aux côtés de Salamèche, il savait qu’il ne craignait en rien d’être jugé par ce dernier. Alors il chercha ses mots, lui qui n’en avait pas prononcé un depuis le soir dernier.

- (Ptyranidur) Je pensais… que la DDR n’était que des inconnus qui m’avaient kidnappé et fait de moi leur esclave. En fait… j’aurai préféré que ce soit le cas.

- (Salamèche) … Oh…

Le type feu baissa lentement les yeux, se doutant de ce qu’il avait découvert.

- (Ptyranidur) Je suis né en cuve dans leur laboratoire. Je suis le fils de la DDR, Salamèche.

Un léger silence régna. Le dinosaure s’attendait à être rejeté par celui pour qui il portait le plus de respect, mais sans grande surprise, Salamèche l’enlaça d’un air navré.

- (Salamèche) … Je suis sincèrement désolé, Ptyranidur…

- (Ptyranidur) … C’est tout ? Tu n’es pas choqué ?

- (Salamèche) J’étais déjà au courant.

Son ami écarquilla les yeux, l’air bouche bée.

- (Ptyranidur) Q… quoi… ?

Mais le type feu hocha honteusement la tête.

- (Salamèche) Le jour où j’ai fouillé dans les dossiers de Roitiflam, j’avais également trouvé le tiens. Mais je… je t’ai mentis. Il n’y avait pas que ton nom et ta date de naissance, une description était également annotée. Elle disait que tu étais le projet de plusieurs années de recherches, mais que grâce aux trouvailles qu’ils firent de ton fossile, ils purent avoir une avancée technologique de dingue en créant leurs propres cuves.

- (Ptyranidur) … J’aurai dû m’en douter. Contrairement aux autres, tu as dit que j’avais été « créé » le 1er Novembre 216.

- (Salamèche) Je suis… tellement, tellement désolé, Ptyranidur.

Le type feu retira lui-même son bras, se sentant honteusement coupable du chagrin de son ami.

- (Salamèche) J’aurai dû te l’avouer tout de suite, à l’époque où tu n’aurais pas été bouleversé par cette information. Maintenant que tu es à la guilde, savoir que tu es né dans l’un des repaires de ceux que tu cherches à combattre doit être abominable à encaisser, je suis vraiment stupide de ne pas l’avoir fait. Surtout que… je ne le faisais pas par oublie, mais par peur des conséquences. Je craignais déjà que tu le prennes si mal à un point où tu aurais fait rater mon plan pour tous nous sortir de là, et je ne pouvais pas me le permettre.

- (Ptyranidur) … Et après, à Bourg-Tranquille ?

- (Salamèche) Nous venions de remporter notre liberté, vous pouviez enfin vivre loin de ces criminels. Je… je ne voulais pas t’embêter avec ça, je ne voulais pas te remémorer tous ces mauvais souvenirs, surtout pas maintenant, alors que tu souriais enfin.

Il se mit à sourire timidement à son tour, se remémorant tous les bons moments passés avec Ptyranidur à Bourg-Tranquille.

- (Salamèche) Non, jamais je n’aurais pu gâcher une telle joie de vivre…

- (Ptyranidur) … Très bien. Je te pardonne.

- (Salamèche) C’est vrai ?

- (Ptyranidur) À une seule condition ! À partir d’aujourd’hui, ne me cache plus jamais rien sur mon identité, mon entourage ou quoique ce soit me concernant.

- (Salamèche) Oui, je te le promets !

- (Ptyranidur) Tu me promets aussi de venir me parler quand ça ne va pas ?

- (Salamèche) Quoi… ?

- (Ptyranidur) Je viens de comprendre qu’à chaque fois que nous nous retrouvions seuls, que ce soit pour rire, partager nos passions ou plus simplement dormir l’un à côté de l’autre, tu avais ce poids sur les épaules. Et c’est impardonnable de tout garder pour toi, je ne suis pas quelqu’un qui doit être protégé, du moins pas autant qu toi !

- (Salamèche) …

- (Ptyranidur) Alors parle-moi quand ça ne va pas, Salamèche.

- (Salamèche) Oui, Ptyranidur, je te le promets.

- (Ptyranidur) *soupir* Bien.

Il se mit à nouveau à sourire.

- (Ptyranidur) Ce soir, on termine ce fichu tome dix-sept !

- (Salamèche) Ah ah, ça me va !

Et les deux personnages retrouvèrent cette relation si réciproque, si chaleureuse qui raviva la joie de vivre du Pokémon fossile. Il avait encore beaucoup de questions à se poser, mais pour le moment, il se contenta de tout mettre de côté, et de simplement sourire avec celui qui lui offrait une vie plus colorée. Les autres apprentis constatèrent rapidement que Ptyranidur allait beaucoup mieux, et se mirent donc tous à retrouver le sourire.

Au même moment, Argouste rouvrit enfin les yeux. Il vit Rocabot et un autre Pokémon à ses côtés, un beaucoup plus grand et balèze.

- (Argouste) Hum… Roca… ?

- (Rocabot) Salut mon pote ! Tu t’es bien reposé ?

- (Argouste) Que se passe-t-il, pourquoi… tu es là ? Le Donphan a été vaincu… ?

Alors que sa vue prenait du temps à se réadapter, il tourna son attention sur l’autre Pokémon.

- (Argouste) Vous… qui êtes-vous ? C’est grâce à votre aide que nous l’avons emporté ?

- (Galifeu) Bah alors, on ne me reconnait pas ?

Un silence régna. Argouste ne voulait pas y croire et pourtant, sa vue lui était entièrement revenue. Il s’en décrocha la mâchoire de surprise.

- (Argouste) Poussifeu !?

- (Galifeu) Non, c’est Galifeu, maintenant !

Exclama-t-elle en lui fermant un poing, affichant l’un de ses bras musclés. Le type normal resta le regard fixé sur le membre, avant de la dévisager de bas en haut. Il restait bouche bée, visiblement sous le choc.

- (Rocabot) Quoi, c’est si marquant que ça ?

- (Argouste) Euh… c’est que…

- (Galifeu) … Tu n’aimes pas ?

- (Argouste) Q… quoi !? Non, au contraire, t’es sublime !! Justement, je n’arrive pas à croire que le petit poussin de feu que tu étais est devenue aussi redoutable physiquement ! Là, on en est sûr, maintenant… tu me mets une branlée au corps-à-corps…

Et les trois personnages rigolèrent. Argouste et Galifeu s’enlacèrent, heureux de se retrouver l’un comme l’autre saint et sauf.

De son côté, Cradopaud regarda simplement Hélédelle au loin, seul et ignorant le groupe. Il voyait bien qu’il était blessé, et mentalement épuisé. Mais le courage lui manqua, pour s’avancer et prendre de ses nouvelles. Alors il resta à l’écart.

Et enfin, vers la treizième heure de la journée, alors que les membres de la guilde avaient tous été remis sur pieds après un bon repas et des soins parfaits, Pijako les regroupa pour entamer la dernière partie de l’excursion.

- (Pijako) Bien ! Notre exploration ne s’arrête pas là, oh non ! Maintenant commence l’étape la plus dure de toutes, la plus redoutée et, croyez-moi, à raison ! Voyez-vous cette zone brumeuse, à la fois rocheuse et marécageuse ?

Demanda-t-il, en pointant d’une aile le bas de la montagne, donnant sur un territoire immense et dans une altitude beaucoup moins haute.

- (Pijako) Il s’agit du Lac des Brumes ! Nous y sommes enfin !!

Un silence se créa, les apprentis regardèrent la zone d’une déception sans faille.

- (Keunotor) C’est ça… le fameux Lac des Brumes ?

- (Héliatronc) Vous allez nous faire croire que c’est plus dangereux qu’les deux donjons qu’on vient d’traverser ?

- (Pijako) …

Alors que tous les apprentis s’attendaient à le voir hurler strictement, Pijako lui-même se tourna vers son maître.

- (Pijako) J’avoue que moi-même suis un peu déçu, maître…

- (Keunotor) Ah ouais, carrément… !

- (Grodoudou) Mais nooon ! Vous allez voir, vous sortiez tous de cette zone sous le choc !

Le maître s’occupa donc du discours.

- (Grodoudou) Ah, le Lac des Brumes ! Je n’y suis pas retourné depuis des années ! On raconte que c’est l’un des territoires les plus inintéressants du continent, vide de sauvages, brumeux à s’en perdre sur dix mètres et à l’odeur faisant même fuir les hors-la-loi voulant s’y abriter.

- (Héliatronc) Super, ça donne encore plus envie d’y aller.

- (Ramboum) C’est vrai que je n’ai jamais vu une seule mission à réaliser dans cette zone.

- (Grodoudou) C’est normal, la plupart des Pokémon ignorent tout simplement son existence. Et en ce qui m’concerne, je trouve que c’est très bien comme ça ! Vous voulez savoir pourquoi ?

- (Ramboum) …

- (Écrapince) …

- (Héliatronc) …

- (Keunotor) … Bah franchement nan.

- (Grodoudou) Parce que le Lac des Brumes recèle un mystère que personne ici ne peut connaître, pas même Pijako ! Un mystère qui pourtant est phénoménalement important, un mystère qui, quand vous l’apprendrez, changera votre vie à jamais !

- (Carabaffe) Alors qu’est-ce qu’on attend, bordel ? Faites les équipes !

- (Grodoudou) Non, ça ne sera pas nécessaire. Cette fois, on y va tous ensemble !

- (Keunotor) Oh… (OUF !)

- (Pijako) Bien, est-ce que tout le monde est prêt à tout donner ? Croyez-moi, vous êtes au bout du chemin !

- (Ramboum) Nous le sommes tous, chef !

- (Carabaffe) Ça a intérêt à m’faire saigner !

- (Pijako) Dans ce cas… EN AVANT, GUILDE D’EXPLORATION !!

- OUAIS !!!

Et sur ces mots, la guilde fonça au Lac des Brumes. Il fallait d’abord descendre la montagne, mais les pentes furent si radicales qu’elles propulsèrent assez brusquement les apprentis les plus déterminés. Tout le monde était égratigné et tout le monde avait déjà énormément transpiré de cette aventure, pour autant, il n’était pas question d’abandonner.

Après une dizaine de minutes seulement, ils la descendirent entièrement. Ramboum s’occupa de vérifier que tous les apprentis arrivent bien à destination à temps, et que personne ne se perde en chemin. Personne ne lui avait demandé de le faire, mais depuis sa précédente aventure, il prenait à cœur le fait de guider les autres, et ce rôle lui convenait parfaitement. La zone tant recherchée était enfin sous leurs yeux, un territoire classé vert officiellement, mais que la guilde classait officieusement en rouge, soit la dangerosité la plus élevée. Ils y entrèrent ensemble, s’enfonçant dans une brume aussi épaisse qu’étouffante.

- (Keunotor) J’ai du mal à respirer, pas vous ?

- (Ptyranidur) Si, il faut faire attention.

- (Écrapince) En d’autres termes, tu devrais la fermer et suivre ton rythme cardiaque.

- (Keunotor) Ok, superbe ambiance.

- (Salamèche) C’est vrai que l’atmosphère est lourde. À mon avis, la température ne cessera d’augmenter au fur et à mesure de notre avancée.

- (Héliatronc) Bon sang… !

- (Pikachu) J’y pense, mais la flamme au bout de ta queue est visible de loin, Salamèche, même dans le brouillard. Reste au milieu, si jamais quelqu’un se perd.

- (Ramboum) Pour l’instant, tous les apprentis sont bien là.

- (Branette) Bien vu, je n’avais pas pensé à vérifier. Ce rôle te sied à merveille, mon ami.

- (Ramboum) Merci.

- (Argouste) Euh… ouais, enfin que pour les apprentis, hein ?

- (Branette) Quoi ?

- (Argouste) Eoko, Pijako et Grodoudou… ? Où sont-ils !?

Un silence se créa, avant que les apprentis ne comprennent qu’ils étaient livrés à eux-mêmes.

- (Rocabot) Nan mais j’hallucine, ils ont réussi à s’perdre avant nous !?

- (Keunotor) Mince, qu’est-ce qu’on fait !?

- (Ramboum) Le plus raisonnable serait de faire demi-tour. Nous avançons en ligne droite depuis tout à l’heure, trouver la sortie ne devrait pas être…

- (Carabaffe) Vous voyez bien que c’est un test, bande d’imbéciles !

L’attention se centra sur le type eau.

- (Carabaffe) Ce lourdaud nous envoie dans un donjon vide, brouillardeux et nous y perd dès le début en s’assurant qu’on soit bien tous ensemble ! Il attend de nous qu’on résolve le mystère du Lac des Brumes seuls.

- (Cradopaud) Si ce mystère existe…

- (Galifeu) Oui, il pourrait très bien être factice. Après tout, Pijako lui-même se demandait pourquoi nous avons été amenés jusqu’ici.

- (Écrapince) Dans tous les cas, que ce soit un test ou non, reculer maintenant n’est clairement pas ce qu’il attend de nous. Continuons d’explorer, montrons-lui que nous savons le faire !

- (Ramboum) Bien, faisons ça. La priorité serait d’avoir un point de vue aérien sur la zone, je pense. Si nous arrivons à nous situer par rapport à l’entièreté du donjon, ce serait déjà une belle avancée.

Les regards se tournèrent alors vers le seul apprentis capable de voler.

- (Hélédelle) … ?

- (Salamèche) Hélédelle, on aurait besoin de ton aide.

- (Hélédelle) Ça ne servira à rien.

- (Salamèche) Essayons au moins, ça ne coûte rien.

- (Rocabot) Nan, t’as raison, ça ne servirait à rien ! Tu ne sers à rien !

- (Héliatronc) Et puis je ne lui fais pas confiance, je préfèrerai faire sans.

- (Pikachu) Après ce qu’il a fait lors de notre mission, mieux vaut ne pas trop compter sur lui.

- (Ramboum) Oui, je suis pour se débrouiller sans Hélédelle également.

Une grande partie des apprentis semblait s’unir pour rejeter l’oiseau bourgeois. Seuls Cradopaud, Salamèche et Carabaffe ne votèrent pas, mais ils étaient très minoritaires.

- (Galifeu) Parfait, donc on fera sans lui !

- (Salamèche) Les amis…

- (Hélédelle) Tant mieux pour vous.

Il déploya ses ailes, se préparant à quitter le groupe. Cradopaud le regarda se préparer à s’envoler, l’air bouche bée. Il connaissait parfaitement cette posture, et savait dans quelle direction il allait partir.

- (Cradopaud) Attends… !

Ce fut trop tard pour les mots, l’oiseau bourgeois décolla à toute vitesse. Mais son partenaire d’équipe n’abandonna pas, et fonça à son tour, se propulsant d’arbres en arbres vers la direction qu’empruntait dans les airs son ami.

- (Galifeu) Cradopaud !?

- (Rocabot) Super, on vient de perdre deux… enfin un allié !

- (Salamèche) Sérieusement, vous exagérez ! Comment voulez-vous qu’il fasse le premier pas si vous détruisez la moindre opportunité de lui laisser le choix !?

- (Écrapince) Nous n’exagérons pas, Salamèche, nous lui rendons simplement la monnaie de sa pièce.

- (Argouste) Certains Pokémon ne peuvent pas changer, il me semblait que tu avais fini par le comprendre ?

- (Ptyranidur) Personnellement, je n’ai juste pas envie de lui offrir cet effort.

- (Salamèche) … Vous n’avez pas arrêté de nous dire qu’importent nos âges, nos expériences ou nos ambitions ; si Grodoudou avait choisi la Dream Team, alors c’est que nous méritions d’être parmi vous. Je retourne simplement cette façon de penser vers Hélédelle. S’il est à la guilde, c’est que le maître a jugé bon de le choisir.

Ramboum, Keunotor, Écrapince et Héliatronc le regardèrent avec surprise, n’ayant jamais vu les choses sous cet angle de vue.

- (Salamèche) Et je ne compte pas l’abandonner.

- (Ramboum) Dans ce cas, avançons.

- (Keunotor) On t’suis, chef !

- (Carabaffe) C’était donc lui, l’chef de votre escouade ? Tu m’étonnes que vous ayez mis autant de temps !

- (Ramboum) T’as un truc à me reprocher ?

- (Carabaffe) Ouais. T’étais pas le casse couille qui venait nous réveiller tous les matins, avec ta voix affreusement puissante ? Affirme-toi un peu, merde !

Ramboum lui sourit, avant de prendre une grande aspiration, et d’hurler de toutes ses forces :

- (Ramboum) EN AVANT, APPRENTIS EXPLORATEURS !!!

- OUAIS !!!

Il prenait définitivement le rôle du chef des apprentis. Au même moment, Cradopaud courait après Hélédelle. Ce dernier volait sans se retourner, l’air enragé, comme si tout le dépassait. Et son ami arrivait parfaitement à lire ses émotions, il courait de toutes ses forces pour ne pas le lâcher.

- (Cradopaud) *souffle* Hélédelle ! Hélédelle !!

- (Hélédelle) … (Comment fais-tu, Cradopaud ? Où trouves-tu une telle détermination ?)

Il battit des ailes à nouveau, et passa à la vitesse supérieure. Cradopaud crispa simplement des dents, avant d’accélérer à son tour.

- (Cradopaud) … (Non !! Ça suffit, je ne t’abandonnerai plus !! Qu’importe la distance que tu prends, qu’importe l’épaisseur du brouillard qui m’empêche de te voir, je ne te lâcherai plus !)

Fermant les poings de détermination, le Pokémon poison prit encore plus d’avance, bondit d’arbre en arbre jusqu’à prendre une hauteur suffisante pour sauter au-dessus du brouillard, surprendre et attraper son partenaire.

- (Hélédelle) … (Qu’est-ce que… !?)

- (Cradopaud) Je te tiens !!

- (Hélédelle) Lâche-moi, imbécile, je perds de l’altitude !

Cradopaud s’agrippa encore plus, mais Hélédelle n’en démordit pas. Il battit plus fort, plus puissamment, et parvint malgré tout à rester à la même hauteur, à la même vitesse. Son partenaire le tenait fermement, l’enlaçant pour la première fois sans que cela soit son attention première. Il n’avait jamais senti le vent aussi puissamment dans son dos, et tourna le regard vers l’horizon par curiosité.

- (Cradopaud) Wow… c’est donc ce que tu vois à chaque fois que tu t’envoles ?

Demanda-t-il calmement, en ayant une vue d’ensemble sur ce territoire pourtant si brouillardeux.

- (Hélédelle) … D’habitude, le spectacle est plus agréable.

- (Cradopaud) Quelle chance…

- (Hélédelle) … Si j’avais su que j’avais la force de te porter, je t’en aurais fait profiter plutôt.

Finalement, il ne le trouvait pas si encombrant. À vrai dire, Hélédelle se faisait pour la première fois enlacer depuis très, très longtemps. Après plusieurs minutes de contemplation, il vit une montagne aux bordures carrées, et s’y posa calmement avec son ami. Les deux personnages soufflèrent un instant. Ils ne prirent même pas la peine de vérifier les environs, ils s’en moquaient. Cradopaud s’affala contre le rebord, les pieds dans le vide, le regard dans les étoiles.

- (Cradopaud) *souffle* Quelle aventure… Le renfermé que j’étais en aura pris un sacré coup, pas vrai ?

- (Hélédelle) … Tu as beaucoup changé.

- (Cradopaud) Je préfère penser que je suis simplement redevenu moi.

- (Hélédelle) … Non.

L’oiseau bourgeois s’avança finalement, s’installant fesses à terre aux côtés de son meilleur ami.

- (Hélédelle) Tu as largement gagné en maturité. Être entouré de gens qui te comprennent a dû beaucoup aider.

- (Cradopaud) Tu veux dire des gueux ?

- (Hélédelle) Je veux dire… des bonnes personnes.

- (Cradopaud) Mais qui ne sont pas faites pour toi ?

- (Hélédelle) *rires nerveux* Il faut croire que ça ne me lâchera jamais.

Il baissa les yeux, l’air pensif et navré.

- (Hélédelle) Je ne suis pas un héros, je n’ai jamais prétendu le contraire. Mais je ne pensais pas que la guilde en serait remplie, en fait… j’espérai plus que tout qu’elle soit couverte d’ordures tels ceux qui régnaient à Param-les-Vents. C’est comme cela que je voulais me motiver, en vivant une année aux côtés de salopards pour qui je n’aurai eu aucun regret à me montrer supérieur, à dominer dans tous les domaines quitte à agir certes légalement, mais d’une façon moralement très discutable.

- (Cradopaud) Ça nous aurait tous deux fait certainement très plaisirs.

- (Hélédelle) Non, ça t’aurait détruit. Tu n’es pas comme moi, tu n’as pas besoin d’être haïs pour gagner en force.

- (Cradopaud) Toi non plus, Hélédelle, tu peux encore changer.

- (Hélédelle) C’est trop tard, Cradopaud.

Un léger silence régna.

- (Hélédelle) Que comptes-tu faire, après la guilde ?

- (Cradopaud) Aucune idée. Tout le monde ira à Loliloville, mais si toi tu as besoin de retourner à Param-les-Vents, j’accepterai de t’accompagner.

- (Hélédelle) … C’est hors de question. Je ne veux plus jamais revoir leur visage.

- (Cradopaud) Alors allons à Loliloville ensemble. Devenons explorateurs et… vivons de notre devoir.

- (Hélédelle) … Je ne sais pas. En fait, je ne sais même pas si je veux continuer la guilde.

- (Cradopaud) Quoi… ?

- (Hélédelle) Je ne pourrai jamais me racheter.

- (Cradopaud) Ne dis pas n’importe quoi. Hélédelle !

Il lui tapota le dos.

- (Cradopaud) Cette aventure, on la terminera ensemble ! Les autres t’en veulent pour ce que tu as fait durant ce premier trimestre ? Très bien, il t’en reste deux pour leur prouver que tu vaux mieux que ça !

- (Hélédelle) … J’ai dit que je n’étais pas un héros.

- (Cradopaud) Ce n’est pas à moi qu’il faut mentir. Sans ton aide, je ne serai ni ici, ni dans cet état.

- (Hélédelle) Tu veux dire à moitié nu et blessé comme jamais tu ne l’as été auparavant ?

- (Cradopaud) Je veux dire à la guilde, avec cette mentalité, ces nouveaux amis. Je ne te demande pas de faire comme moi, je sais que tu n’as pas forcément envie de faire ami-ami avec eux. Mais tu es si fort, ce serait bête de ne pas les impressionner une dernière fois, tu ne crois pas ?

Hélédelle le regarda silencieusement, l’air indécis. Il avait fait du mal, manipulé et blessé presque tous les autres apprentis, comment pouvait-il être assez fort pour se racheter ?

- (Hélédelle) De toute façon… *soupir* ils ne veulent plus entendre parler de moi.

- (Cradopaud) Je n’en suis pas si sûr. Hélédelle…

Mais soudainement, un puissant tremblement de terre survint. Il fut si soudain et violent que Cradopaud trébucha du rebord et se mit à tomber, mais Hélédelle le rattrapa au dernier moment.

- (Hélédelle) Je te tiens !!

Cria-t-il, en cherchant désespérément à le révéler. Il usa de ses dernières forces pour, avant que les deux amis ne se retournent vers le centre de la montagne sur laquelle ils avaient atterrit. Maintenant qu’ils l’analysèrent, ce n’était pas une montagne, mais une grande plateforme rocheuse au-dessus de tout le brouillard du Lac des Brumes. Ce n’était clairement pas naturel. Autour de la tempête qui se préparait au milieu de la plateforme, Hélédelle remarqua des piliers, deux piliers gravés similairement à ceux présents au sommet des grands escaliers, ceux qui servaient à éclairer les alentours grâce aux puissantes flammes qu’elles recélaient.

- (Cradopaud) Il faut qu’on parte !

Cria le type poison, obligé de lever la voix tant le boucan de la tempête mêlée au tremblement de terre était atroce. De plus, la température augmentait drastiquement, alors qu’une présence se mit à apparaître au milieu du tourbillon.

- IMPERTINENTS !!! VOUS OSEZ VOUS PRÉSENTER DANS MON TERRITOIRE, VOUS ALLEZ LE REGRETTER !!!

Sa voix raisonnait fermement, elle donna des frissons à tous ceux qui l’entendaient. Des flammes commencèrent à jaillir du tourbillon, fusionnant avec celui-ci et commençant à traverser de fond en comble la plateforme et ses alentours. La roche devenait brûlante, et l’air si épais qu’il fut difficile aux apprentis de reprendre leur souffle. Hélédelle peina à se redresser, inquiet pour son ami qui, dans cet état, ne pouvait plus se battre.

- (Cradopaud) Éloigne-toi, tu es trop près des flammes !!

- (Hélédelle) Qui… ? À qui avons-nous à faire !?

- QUI SUIS-JE !?

Soudainement, une grosse roche sortit du tourbillon, propulsée à toute vitesse sur l’apprentis de type vol qui n’avait, ni lui ni Cradopaud, plus assez de ressources pour y faire quoique ce soit. Il se la mangea en plein bec, les débris lui cognèrent la tête et ce fut super efficace.

- (Cradopaud) Hélédelle !!

Cria-t-il impuissant, en voyant son meilleur ami tomber sans le moindre effort, comprenant que lui aussi était complètement H.S.

- JE SUIS LE MAÎTRE DE CES LIEUX, LE PROTECTEUR DE VOTRE DESTRUCTION, JE SUIS CELUI QUI VOUS EMPÊCHERA DE FAIRE UN PAS DE PLUS DANS LE LAC DES BRUMES !!! AAAH !!!

Il hurla tout en déployant une puissance phénoménale. Le tourbillon enflammé explosa, la terre sous ses pieds fondit tout en se craquelant, et le monstre rouge de peau, la montagne de muscles aux mains si épaisses, aux griffes et dents si aiguisées, de ses cinq mètres hauteur se montra enfin aux yeux de ses adversaires, qui les écarquillèrent sous le choc de la révélation.

- (Cradopaud) … Non… ! Ce n’est pas possible !

- (Hélédelle) … (Quoi… !?)

- (Cradopaud) Ça ne peut pas être lui, je n’y crois pas !!

- ET POURTANT… INCLINEZ-VOUS FACE AU DIEU DES CONTINENTS, GROUDON !!!

Sa voix, la simple prononciation de son nom envoya presque valser les deux jeunes adultes, complètement dépassés par les événements. Hélédelle resta à terre, achevé par cette atmosphère si pesante. Cradopaud s’avança pour l’aider, mais le Pokémon légendaire le pointa du doigt.

- (Groudon) QUE CROIS-TU FAIRE !? INCLINE-TOI COMME LUI, OU SUBIS MON COURROUX !!!

- (Cradopaud) Ferme-là… !

Commença-t-il difficilement, tout en agrippant son meilleur ami.

- (Groudon) PARDON !?

- (Cradopaud) On vient de passer l’un des événements les plus marquants de notre existence, je viens de convaincre Hélédelle de changer, d’enfin s’adapter à notre situation… !

Malgré le fait qu’il tremblait de peur, il releva malgré tout un regard enragé face à son adversaire.

- (Cradopaud) Je ne laisserai pas un dieu sortit de je ne sais où tout gâcher… POUR QUI TU TE PRENDS, CASSE-TOI !!

- (Groudon) BLASPHÉMATEUR, FAIS TES PRIÈRES !!!

Hurla de rage à son tour la légende, avant d’encastrer brutalement ses mains dans la roche. Cette dernière commença à exploser droit vers les deux apprentis, qui allaient se prendre une rafale de roches dévastatrices. Cradopaud enlaça Hélédelle, se mit dos à l’attaque puis ferma les yeux tout en crispant les dents. Tout semblait terminé pour lui… lorsqu’un puissant jet d’eau tiré depuis les airs bloqua soudainement la rafale rocheuse. Le liquide s’éparpilla sur tout le terrain, le rafraichissant alors que l’auteur de la contrattaque ratterrit sur ses pieds, l’air confiant. Cradopaud rouvrit lentement les yeux, l’air bouleversé.

- (Cradopaud) C… Carabaffe !

- (Groudon) N’INTERVIENT PAS, MORTEL !!!

- (Carabaffe) … Tu dégages une aura tellement moins impressionnante qu’Electhor. C’est pitoyable, t’es sûr d’être un dieu ?

- (Groudon) QUOI !? ESPÈCE DE… !!

- (Ramboum) MAINTENANT !!!

Hurla de sa puissante voix le chef des apprentis, en envoyant le signal à tous ses amis de foncer faire leur devoir : celui de n’abandonner personne. Branette commença en projetant de toutes ses forces, d’une de ses mains spectrales, le corps de Keunotor.

- (Keunotor) Attaque spéciale… !

Il commença à faire des saltos avant pendant sa projection, jusqu’à les enchaîner au point d’en devenir une boule de plage brun.

- (Keunotor) GIGA IMPACT !!!

Sur ces mots, il frappa de toutes ses forces la gigantesque jambe gauche du légendaire. Ce dernier crispa les dents tout en s’effondrant, avant de se rattraper à genoux. Keunotor, lui, s’écrasa quelques mètres plus moins, le crâne ensanglanté.

- (Keunotor) Ouille ouille ouille… !

Son corps se fit entourer d’une liane puis emporter par Héliatronc qui l’attira en sécurité. Au même moment, Pikachu courut vers Groudon, arrivant dans le sens opposé d’où se trouvait ses deux coéquipiers.

- (Pikachu) Bah alors, qui est à genoux, là !? Pas très glorieux, monsieur le dieu des continents !

- (Groudon) TAIS-TOI !!!

Avant même de se redresser, le légendaire tenta d’envoyer valser le type électrique. Mais avant que son coup ne le touche, Écrapince s’interposa et bloqua la puissante charge grâce à sa résistante coquille.

- (Groudon) … !!

- (Écrapince) Que croyais-tu faire ? L’empaler !?

Cria-t-il, en pinçant très brutalement les griffes de son adversaire.

- (Écrapince) JE SUIS PRÊT !!!

Sur ces mots, Héliatronc créa une liane suffisamment grande pour encercler le cou du légendaire, et Galifeu arriva pour l’aider à la lancer suffisamment haut. Elle y parvint, et les deux filles tirèrent puissamment sur la liane. Argouste et Ramboum arrivèrent du côté d’Écrapince, et unifièrent leur attaque Hurlement droit en pleine tête adverse. Cela fit que premièrement, Groudon ne put esquiver les ondes de choc à cause du crabe qui lui tenait une main, sa jambe gauche qui était encore à terre et les filles qui le poussaient du mieux qu’elles le purent pour l’allonger au sol. Deuxièmement, la redoutable attaque des types normaux, infligée en pleine tête le sonna quelques instants. Troisièmement, elle lui imposa un recul qui combiné au tire à la liane de Galifeu et Héliatronc, força Groudon à s’écraser sur le dos et dernièrement ; Écrapince profita de sa chute, et donc de sa propre force physique incontrôlée pour lui arracher les griffes de la main qu’il tenait.

- (Groudon) NON !!!

- (Écrapince) … (Je viens de lui arracher les griffes. C’est ça, sa réaction !?)

Pensa le crabe aquatique, en constatant qu’il ne semblait pas ressentir la douleur.

- (Ramboum) Il est à terre, finissons-en !!

- (Branette) Je vais faire de mon mieux !

Exclama le type spectre, en sortant cette fois-ci ses deux mains spectrales. Il les plaqua sur le ventre de sa cible et le maintenu du mieux qu’il put. Groudon s’enragea, et se débattait ardument.

- (Branette) … (Bon sang, quelle puissance ! Mais à vrai dire, je ne suis qu’un adolescent en apprentissage, et accessoirement capable de maintenir une légende à terre. C’est… extrêmement motivant. Merci pour l’entraînement, maître !)

- (Groudon) COMMENT OSEZ-VOUS !?

Il commença à frapper des poings et pieds sur la roche, la faisant exploser à chaque nouvel impact. Mais les apprentis n’en démordirent pas : Rocabot et Ptyranidur arrivèrent en soulevant une grosse roche, qu’ils éclatèrent brutalement sur le poignet de la main ayant encore ses griffes, le brisant immédiatement.

- (Rocabot) Et d’un !

- (Ptyranidur) C’est rude, comme châtiment… !

- (Carabaffe) N’ayez pas peur de le blesser, il ne ressent pas vraiment la douleur !

- (Ptyranidur) Quoi ? Comment peux-tu en être aussi sûr !?

- (Carabaffe) Fais-moi confiance, bordel de merde !

- (Écrapince) Je suis d’avis de le croire !

- (Salamèche) Très bien, dans ce cas…

Le type feu entra en scène. Il attrapa les gigantesques griffes qu’Écrapince avait jeté non loin, bondit sur les mains spectrales de son ami, arriva depuis les airs sur la cheville droite du légendaire, et les empala tout aussi puissamment pour l’empêcher de bouger à nouveau ce membre.

- (Salamèche) Et de deux !

- (Groudon) VOUS… VOUS ALLEZ ME LE PAYER !!!

Au même moment, Pikachu, Argouste et Keunotor vinrent bloquer son autre pied, l’empêchant difficilement de faire à nouveau trembler le sol.

- (Groudon) ÔTEZ VOS MAINS, MORTELS !!!

- (Keunotor) Oh là là, mais il va arrêter de s’plaindre !?

- (Pikachu) Ouh là, il bouge beaucoup, là ! Quelqu’un aurait une idée pour le calmer !?

- (Argouste) Vous croyez qu’il est chatouilleux ?

- (Pikachu) J’ai dit pour le calmer !!

Soudainement, une lumière scintillante commença à jaillir du corps du légendaire.

- (Ramboum) Qu’est-ce que… !? Que fait-il !?

- (Galifeu) On dirait la lumière de l’évolution !

- (Salamèche) Non, Groudon n’a pas d’évolution !

- (Carabaffe) Merde… ! IL VA SE FAIRE EXPLOSER, TOUT LE MONDE À TERRE !!!

- (Pikachu) Quoi !?

- (Argouste) Espèce de lâche !

- (Cradopaud) La… *souffle* la plateforme est trop petite, on va se faire éjecter !

- (Branette) Pas si je le contiens !

Branette ferma les yeux et se concentra. Ses mains spectrales commencèrent lentement à gagner en densité, elles se mirent à recouvrir de plus en plus le corps adverse.

- (Salamèche) Branette !!

- (Branette) … (Concentre-toi, tu peux le faire !)

Il se mit à transpirer, à s’essouffler, à trembler de douleur. Mais il devait le faire, il devait sauver tous ses amis.

- (Branette) … (Tu n’as pas le choix, Branette, FAIS-LE ET SAUVE LA SITUATION !!!)

- (Salamèche) Arrête, ton corps ne va pas le supporter !

- (Ramboum) À terre, Salamèche !!

Exclama son chef, en le plaquant au sol. Il était trop tard pour tenter quoique ce soit, le corps de Groudon explosa à cet instant, après qu’il fut entièrement recouvert d’une lumière aveuglante. Mais cette lumière, Branette avait réussi à la bloquer entièrement avant le moment fatal, lorsque un indescriptible tremblement de terre survint à nouveau. La plateforme commença à s’effondrer, tout le monde se fit emporter et submerger par la puissance psychique qui s’était dégagée des mains spectrales de l’apprentis explorateur. Oui, la puissance psychique.

La brume du lac se dégagea fortement autour du champ de bataille, laissant place à un fort nuage de poussières. Salamèche et Ramboum se relevèrent à leur rythme, les blessures et la fatigue qui s’était dégagé de leur précédent affrontement ressortirent, ils n’avaient plus la capacité de se battre. En revanche, pour rechercher leurs coéquipiers, ils furent au taquet. Le chef de la Dream Team retrouva Galifeu, qui elle-même avait retrouvée Argouste, Pikachu et Keunotor. Héliatronc lança des lianes un peu partout, et dès que l’une d’entre elles tira, elle la tira à son tour. Ainsi, elle retrouva et aida Ptyranidur, Rocabot et Écrapince. Cradopaud et Hélédelle peinaient à se relever, le type vol tout particulièrement. Mais au milieu de toute cette fumée, il vit une main être tendue.

- (Ramboum) Allez, debout partenaire !

- (Hélédelle) … Ramboum…

Il le regarda d’un air navré, avant le lui donner son aile. Après tout ce qui venait d’arriver, il était obligé de donner raison à Cradopaud : la guilde ne comptait pas l’abandonner. Autrement dit : il avait encore une chance de se racheter.

La fumée s’éparpilla finalement, et les regards se tournèrent vers le centre du terrain, sur lequel deux Pokémon et quelque chose d’étrange s’y trouvait. Carabaffe portait Branette dans ses bras, essoufflé et analysant l’état du blessé.

- (Salamèche) Branette… !

Demanda d’une voix tremblante le type feu, en s’approchant pendant que tous les autres se regroupèrent.

- (Carabaffe) Il est en vie… *souffle* putain de Pokémon increvable… *rires*

- (Salamèche) *soupir* Tant mieux…

Le type feu récupéra le corps inconscient de son ami, alors que le type eau se tourna vers la chose étrange. C’était une petite lumière, de la taille d’une pomme et qui scintillait de la même couleur que celle qui avait engloutis Groudon.

- (Ramboum) N’approche pas, Carabaffe !

Ordonna, inquiet, le chef des apprentis. Mais le type eau s’abaissa simplement vers cette petite source de lumière, la regardant de plus près.

- (Carabaffe) … Qui es-tu, exactement ? Pour produire une copie aussi balèze d’un Pokémon légendaire, il faut avoir une sacrée puissance psychique.

- … Alors vous avez compris… ?

La voix était beaucoup plus faible, bien plus aigüe et surtout moins menaçante.

- (Carabaffe) Nous sommes de la guilde d’exportation, tu n’as pas à avoir peur.

- (Salamèche) … (Carabaffe, ce tact si calme et serein, ça ne te ressemble pas. Tu as fait toi aussi tant d’efforts, durant ce premier trimestre !)

- La… guilde ? Celle de Grodoudou !?

- (Grodoudou) En personne !

Exclama soudainement le maître. Tous les regards se tournèrent vers ce Pokémon sortit de nulle part et se tenant les bras en l’air, son sourire ingénu habituel aux lèvres.

- (Keunotor) M… maître !

- (Ptyranidur) Chef, Eoko !

Effectivement, les deux autres gérants marchèrent lentement derrière Grodoudou, regardant d’un air choqué le champ de bataille, mais par-dessus tout leurs élèves dans un état à la fois pitoyable, et monstrueusement héroïque. Les apprentis explorateurs venaient d’accomplir un exploit inespéré et incalculé par Pijako, qui n’en revenait pas.

La lumière, en voyant le maître de la guilde, changea soudainement de couleur. Elle devint rose, gagna en intensité avant de soudainement disparaître. Un Pokémon sortit de ces lueurs, un petit être volant, au corps bleuté et à la tête et chevelure jaune, dans laquelle un petit rubis s’y centrait. Il avait deux queues, également centrées d’un rubis à leur embout. Tous les apprentis le regardèrent d’un air intrigué, personne n’avait jamais vu cette espèce auparavant. Ce dernier ouvrit finalement les yeux, il paraissait épuisé.

- Je ne m’attendais pas à ta visite, Grodoudou, encore moins avec des étrangers.

- (Grodoudou) Ce sont mes élèves et, crois moi, on peut leur faire confiance, Créhelf !

- (Pijako) C… Créhelf !?

- (Hélédelle) … C’est donc lui, Créhelf ?

- (Pikachu) Excusez mon manque de culture, mais c’est qui, Créhelf ?

- (Ramboum) J’avoue que je ne sais pas non plus.

- (Hélédelle) C’est un Pokémon légendaire, au même titre que Groudon.

- QUOI !?

Exclamèrent tous les méconnaissant en même temps. La déception de savoir qu’ils étaient tombés sur un faux Groudon fut rapidement comblée par celle d’en découvrir un autre.

- (Écrapince) Créhelf… je savais que ça me disait quelque chose ! Les hommes de mon père m’en avait déjà parlé.

- (Pijako) On dit que c’est un Pokémon légendaire qui devait s’occulter des mémoires des mortels pour le bien de tous, c’est pour cela qu’aucun livre historique ou scolaire ne le mentionne.

- (Pikachu) Wow, ça a l’air passionnant. Riolu va s’en mordre les doigts, ah ah !

- (Créhelf) Ah, silence !!

Cria de sa douce voix la légende énervée. Tout le monde se tut, et le regarda se plaindre auprès de la seule personne qu’il connaissait.

- (Créhelf) C’est pour augmenter les chances de notre fin à tous que tu as fait cela, Grodoudou !?

- (Grodoudou) Calme-toi, ah ah ! Ils sauront garder le secret, je te le promets ! Mais un danger rôde, en ce moment, et je crains bien que ce ne soit que le début d’un terrible événement. Voilà pourquoi je suis venu : premièrement pour m’assurer que tout allait bien, et ensuite pour transmettre nos savoirs passés à ces jeunes qui seront certainement confrontés à celui ou ceux qui cherchent à nuire.

- (Créhelf) … Bien, je leur accorde ma confiance car je te fais confiance. J’espère que la vieillesse ne t’a pas perdu.

- (Grodoudou) Enfin, ça ne fait que quarante ans qu’on se connait !

- (Eoko) … (Wow, mais quel âge à le maître !?)

- (Créhelf) Suivez-moi, mortels.

Ordonna-t-il, tout en se retournant vers les débris de leur affrontement. Par sa simple pensée, le légendaire restaura l’environ tel qu’il fut avant qu’Hélédelle et Cradopaud n’y posent leurs pieds. Les piliers qu’il vit plutôt retournèrent à leur place, et pile entre eux s’ouvra un passage. Le type psy y entra en premier, et les autres suivirent de loin. Le passage les fit descendre de plusieurs mètres, avant d’arriver dans une toute petite grotte vide, pourtant lumineuse. Le peu de verdure, les quelques résidus d’eaux et la roche grise nette étaient illuminés par ce qui se trouvait au centre de la pièce.

C’était un artéfact de la taille d’une pomme, un gros cailloux en forme de rouage et sur lequel une peinture en or formait un insigne particulier. Il était entouré d’une aura scintillante, une sorte de sceau qui, au vu de la puissance qu’il dégageait, ne pouvait contenir qu’un redoutable objet. Le regard des apprentis, même de Pijako et Eoko restaient fixés sur lui, comme si l’instinct Pokémon voulait s’en emparer. D’ailleurs, Salamèche ne ressentait rien, si ce n’est un étrange malaise.

- (Salamèche) … (C’est étrange. J’ai l’impression d’avoir déjà vu… ou plutôt touché cet objet. Non, ça ne doit être qu’une impression… à moins que ça ne concerne mon ancienne vie ?)

Il dévia le regard dans le doute, troublé par cet objet qui hypnotisait tout le monde. Mais Créhelf leur boucha la vue en s’interposant, recentrant toutes les attentions sur lui.

- (Créhelf) C’est bon, vous l’avez assez vu, maintenant hors d’ici !

- (Grodoudou) Rhô, enfin ! On n’avancera pas si tu n’y mets pas du tiens !

- (Héliatronc) C’est quoi… ce délire ? J’ai l’impression que l’objet m’appelle.

- (Écrapince) Oui, pareil, c’est très perturbant… !

- (Créhelf) Seuls les Pokémon les plus purs ne ressentent rien au contact de l’objet. Mais à ce que je constate, personne ici ne l’est vraiment.

- (Salamèche) … (Et moi encore moins. Je pense que je ne ressens rien parce que je suis humain.)

- (Argouste) Ouais, enfin si selon les dieux, se branler est faire preuve d’impureté, n’espérez pas rencontrer un jour quelqu’un qui n’est pas perturbé par cette merde !

Pijako lui frappa le crâne.

- (Pijako) Un peu de respect, bon sang… !

Hurla-il en chuchotant, par respect pour la divinité.

- (Ramboum) De quoi s’agit-il, exactement ?

- (Créhelf) Nous l’appelons rouage du temps, en voilà un parmi les cinq qui existent.

- (Salamèche) … (Un rouage du temps… ?)

- (Grodoudou) Créhelf est le gardien de ce rouage, caché profondément au Lac des Brumes. Son frère et sœur en gardent chacun un, cachés quelque part sur le reste du continent Sud. L’un était scellé en territoire sauvage, et le dernier fut confié à un Pokémon fabuleux.

- (Cradopaud) Je comprends mieux pourquoi le fait que la zone soit inhabitée et jamais explorée vous arrange.

- (Grodoudou) Effectivement, il ne faudrait pas que ces légendaires ou ce qu’ils protègent soient découverts du grand public.

- (Galifeu) Pourquoi ? Qu’est-ce que ces rouages ont de dangereux ?

- (Créhelf) À eux seuls, ils ne permettent pas grand-chose. À la limite, un esprit psychique ou spectral très aiguisé pourrait se servir des pouvoirs de n’importe quel rouage séparément pour possiblement se renforcer. Je n’en sais pas plus puisque je suis moi-même incapable de dévier l’énergie de celui-ci à mon avantage.

- (Keunotor) Pourquoi vous voudriez utiliser l’énergie du rouage ?

- (Créhelf) Pour faire fuir les imbéciles qui s’acharneraient face à une copie de Groudon.

- (Keunotor) Ah…

- (Carabaffe) C’est pour ça qu’il n’avait pas la même aura qu’Electhor, hein ?

- (Créhelf) Cela est évident, je n’ai pas su reproduire un dixième de sa force.

- (Carabaffe) Pfff…

- (Keunotor) … (Le vrai Groudon serait plus de dix fois plus fort que ça !?)

- (Ptyranidur) Et quand tous les rouages sont réunis ? Le pouvoir est plus grand, je suppose ?

- (Créhelf) On ne pourrait pas comparer l’utilisation de quatre, à celle des cinq rouages réunis, tellement la différence serait énorme. Qu’importe les renforcements que cela apporterait à celui qui parviendrait à les maîtriser, le plus grave est qu’il serait en possession du pouvoir temporel ultime. À lui seul, il pourrait modifier le court du temps, que ce soit le ralentir, l’accélérer, retourner dans le passé pour le modifier voire le stopper définitivement dans une réalité tout entière.

Un silence régna, les apprentis le regardèrent avec des grands yeux.

- (Ramboum) Vous… rigolez, n’est-ce pas ?

- (Créhelf) J’ai l’air ?

La panique s’installa alors au sein du groupe.

- (Keunotor) S… sérieux !?

- (Carabaffe) … Balèze.

- (Pikachu) Donc le voyage dans le temps n’est pas qu’un fantasme de fiction !? Mince, c’est beaucoup plus flippant qu’excitant, en fait !

- (Argouste) Bordel, mais ce pouvoir est absolument horrible ! Ça ne tue pas, mais bloquer un Pokémon dans le temps revient au même !

- (Écrapince) Avec un tel pouvoirs, tout est possible. Bon sang, combien d’ordures seraient prêts à mettre la main dessus à tout prix !?

- (Salamèche) … (Heureusement que la DDR n’est pas au courant de ça ! J’en aurai forcément entendu parler plutôt, sinon.)

- (Ptyranidur) Ces rouages ne sont pas des artéfacts, ce sont des armes ! Pourquoi existent-ils, d’où viennent-ils, pourquoi ne pas les détruire !?

- (Pijako) Calmez-vous, voyons ! Ils renferment un pouvoir très dangereux, certes, mais réunir tous les rouages relèverai d’un concours de circonstance ! Avec toutes les défenses qui ont été mises en place pour les protéger… !

- (Keunotor) Ouais, comme un Groudon abattu par des apprentis après un trimestre à la guilde, par exemple ?

- (Pijako) Je, euh… (C’est vrai que c’est plutôt mal protégé…)

- (Créhelf) Tes questions étaient intéressantes.

Reprit le légendaire, en se tournant vers Ptyranidur.

- (Créhelf) Les rouages du temps sont un cadeau des dieux. Pour qui ? Je suppose au premier mortel capable de contrôler le pouvoirs des cinq en même temps. Et pourquoi ne pas les détruire ? Crois-moi… j’ai déjà tout essayé.

- (Grodoudou) Nous avons tous déjà essayé. Mais rien n’y fait, ils sont indestructibles.

- (Créhelf) C’est pour cela que nous avons pris la décision avec votre maître, mon frère, ma sœur et l’autre impertinente de protéger coûte que coûte ces artéfacts qui ne doivent au grand jamais tomber entre de mauvaises mains.

- (Rocabot) Ça veut dire que vous en avez un en votre possession, maître ?

- (Grodoudou) Ah ah, en parlant de ça…

Rigola-t-il, en se grattant l’arrière du crâne.

- (Créhelf) Quelqu’un te l’a dérobé, c’est cela ?

- (Grodoudou) Tout juste !

Tous les autres membres de la guilde tombèrent de honte, à la suite de cette exclamation.

- (Créhelf) Prévisible. Tu ne te serais pas déplacé avec tes élèves, sinon.

- (Eoko) Sérieusement !? Comment avez-vous pu vous faire dérober un objet d’une telle valeur !?

- (Grodoudou) Bah disons que je l’avais planqué dans la Forêt Brumeuse, en pensant que son sceau suffirait à le protéger.

- (Eoko) …

- (Grodoudou) Hé, cela nous permet au moins de confirmer que quelqu’un est au courant de l’histoire des rouages du temps, non ? Trouver le miens était une chose, avoir les capacités de détruire le sceau en est une autre !

- (Créhelf) Je confirme qu’il faut une détermination d’acier, pour détruire un tel sceau. Ils sont le résultat du pouvoir combiné des êtres de notre famille.

- (Pijako) *soupir* Et quand est-ce arrivé ?

- (Grodoudou) La nuit du 23 Septembre.

- (Héliatronc) Hein !?

- (Keunotor) C’était au tout début de l’année ! Pourquoi ne pas nous l’avoir dit plutôt !?

- (Grodoudou) Parce que je voulais que vous vous concentriez sur vos entraînements et développements personnels ! J’avais demandé à Pijako de ne pas s’inquiéter non plus et de centrer ses forces sur vous. Et je ne regrette rien, les copains, absolument rien ! Cette excursion au Lac des Brumes m’aura permis de vérifier que tu avais bien effectué ton travail, Pijako, et je ne peux que te féliciter quand je vois ce que nos élèves ont accomplis !

- (Pijako) M… merci, maître.

- (Créhelf) C’est vrai que c’est impressionnant. S’ils connaissaient notre histoire et savaient que ma cachette se trouvait non loin du champ de bataille, ils m’auraient volé le rouage sans aucune difficulté. Cela prouve que les mortels commencent à atteindre des sommets, et c’est terrifiant.

- (Grodoudou) Non, je ne pense pas que ce soit le bon terme. Certes, la menace est très probablement un mortel, mais ceux qui l’arrêteront le seront aussi !

- (Carabaffe) Vous parlez d’nous ? Ça veut dire qu’on va pouvoir aller casser la gueule de celui qui cherche à jouer aux dieux ?

- (Grodoudou) Exactement ! Dès le début du deuxième trimestre, le lendemain du jour du nouvel an, le programme s’intensifiera ! Je vous demanderai de donner le maximum de vous-même chaque jour, vous devez apprendre à surpasser vos limites à chaque mission, à chaque entraînement de groupe ! Parce que cette année, votre mission n’est pas seulement d’obtenir votre diplôme d’explorateur ! En tant que futurs protecteurs de la société Pokémon, vous aurez également pour objectif d’arrêter ce hors-la-loi, en d’autres termes, de sauver le monde d’un incident temporel !

Exclamait-il à ses élèves pour les motiver. Et cela fonctionna, ils étaient tous plus déterminés à poursuivre leur aventure, tous prêts à se donner deux fois plus pour le deuxième trimestre à la guilde d’exploration.

- (Grodoudou) Alors, ça vous tente ?

- (Ramboum) On le fera, maître !

Ramboum se tourna vers ses amis, levant le poing en l’air.

- (Ramboum) ON LE FERA, PAS VRAI !?

- OUAIS !!!

Pijako écarquilla les yeux et le bec, choqué de voir l’évolution de ses élèves en une simple excursion : ils s’étaient déjà trouvé un chef des apprentis. Cela n’arrivait pratiquement jamais, encore moins durant le premier trimestre. Ces Pokémon avaient tous su s’associer malgré leurs différends. Pour une fois, le chef stricte mais incertain de la guilde se sentait rassuré, confiant. Une nouvelle menace pointait le bout de son nez, tant mieux, cela leur fera un bon entraînement. Alors qu’ils parlèrent déjà stratégie, Grodoudou approcha plus silencieusement Créhelf.

- (Grodoudou) Je ne sais pas où sont cachés les autres, seulement qu’ils sont sur le continent.

- (Créhelf) Je ne sais pas non plus, mais je suis lié d’esprit avec les membres de ma famille. S’il le faut, je peux les contacter, voire les tracer.

- (Grodoudou) Les tracer ne sera pas nécessaire. Passe leur juste le message, une menace arrive.

- (Créhelf) Bien. Veux-tu que je te donne leur position ?

- (Grodoudou) Non, c’est dangereux. Si jamais notre adversaire est de type psy ou spectre et arrive à lire les pensées, il trouvera leur position par notre faute, il faut faire attention.

- (Créhelf) Je vois.

- (Grodoudou) Mais ce n’est pas grave, nous n’avons pas besoin de savoir où ils sont cachés pour trouver ce hors-la-loi ! Il doit chercher lui-aussi, vu le temps qui s’est écoulé depuis qu’il a volé mon rouage.

- (Créhelf) Tiens moi au courant, quand tu l’auras arrêté.

- (Grodoudou) Promis !

- (Créhelf) En attendant… renforce tes élèves. Ils ont tous un sacré potentiel, il faut en profiter.

- (Grodoudou) Oh, crois-moi, ils le développeront ! Allez, les copains, on va y aller !!

- (Héliatronc) Déjà ?

- (Grodoudou) Le diner nous attend, mais avant ça, je vais vous demander de promettre à Créhelf de ne jamais rien dévoiler de ce que vous avez vu ce soir à qui que ce soit.

- (Pikachu) Quoi !? Même pas à Riolu et Germignon ?

Le maître nia d’un mouvement de tête.

- (Grodoudou) Ils ont choisi de ne pas venir, alors ils n’en sauront rien.

- (Ramboum) Ça me parait logique.

- (Cradopaud) De même. Je vous promets de ne jamais rien dévoiler à personne.

- (Salamèche) Moi aussi…

Et chacun leur tour, les apprentis promirent, voire jurèrent au dieu de ne rien révéler.

- (Créhelf) Cela me fait bizarre de vous laisser partir comme cela. D’habitude, j’assomme mes adversaire avec la copie, puis j’efface leur récente mémoire pour ne pas que les rumeurs s’éparpillent.

- (Carabaffe) Va falloir s’attendre à rencontrer des groupes de plus en plus résistants.

- (Créhelf) Je l’ai compris aujourd’hui.

- (Grodoudou) Allez, on y va !

- (Keunotor) Ok ! Salut, m’sieur Créhelf !

- (Ptyranidur) Ce fut un immense honneur de faire votre rencontre.

- (Argouste) Ouais ouais, carrément. Allez, j’ai la dalle !!

Ils quittèrent la grotte secrète du légendaire, qui se referma derrière eux. Ça y est, l’excursion était enfin terminée, enfin presque. La guilde quitta le Lac des Brumes, et regrimpa au sommet de la deuxième montagne la plus haute du continent, là où un festin les attendait. En effet, pendant les nuits précédentes, les gérants avaient préparé un gigantesque diner qu’ils purent enfin déguster ce soir-là, celui du 24 Décembre 231.

- JOYEUX NOËL !!!

Exclama presque tout le monde, satisfaits de cette fin de journée, de cette fin d’excursion. Tout le monde avait bien travaillé, que ce soit dans cette aventure ou dans le trimestre entier. Certes, des problèmes survinrent. Une équipe fut virée, un apprentis fugua et devint fugitif. Mais tous ceux qui étaient encore là, même ceux qui souffrirent le plus de ces problèmes, évoluèrent drastiquement. Ils étaient devenus plus forts, plus matures, plus sociables et moins pudiques, tandis qu’ils savaient désormais parfaitement comment fonctionnaient différents métiers et professions essentiels, comme agriculteur, serveur, gérant d’un orphelinat ou aide-soignant. D’ailleurs, Eoko leur apprit tous un à un à soigner les blessures typiques d’un explorateur, que ce soit après ou pendant une mission. Pijako les avait tous très bien analysé, ne cessant de les noter à tout bout de champ. Il voyait les différents groupes d’amis se créer et cela le combla de joie. Il comprit enfin pourquoi le maître avait sélectionné la Dream Team et l’équipe Renaissance, ces adolescents à la guilde pour la première depuis le début de l’histoire de l’infrastructure.

Cela permit à Ramboum de comprendre que le monde n’était pas carré, et qu’il fallait parfois savoir considérer plus jeune que soit son égal dans tous les domaines, même quand cela ne les avantageait pas. Cela permit à Écrapince de comprendre que le vécu ne justifiait pas l’expérience. Cela permit à Cradopaud de comprendre qu’il s’était trahi. Et cela permit à Hélédelle de comprendre toutes ces choses. En d’autres termes, l’égo de tout le monde fut révisé, grâce à ce choix. Cela les sauva, qu’ils le sachent ou non.

Et du côté de la Dream Team, être entouré d’adultes plus expérimentés leur offrit un déchaînement sans fin d’opportunités. Carabaffe apprit à s’ouvrir aux autres ; Salamèche à nager grâce à Écrapince, à gagner en responsabilité grâce à Leuphorie et à perdre en pudeur grâce à Ramboum et Keunotor ; Germignon à développer son style grâce à Héliatronc et sa passion grâce à Kaiminus, de même pour Riolu grâce à Chapignon, Branette à maîtriser ses pouvoirs grâce à Grodoudou, de même pour Argouste grâce à Ramboum et, que cela le blesse ou non, Ptyranidur aura tout de même appris ses origines grâce à Hélédelle.

Le lendemain et après une grasse matinée bien méritée, la guilde se mit en route vers Bourg-Trésor. Elle arriva à la base le jour suivant, le 26 Décembre, où Riolu et Germignon ne les attendaient même pas. Ils semblaient s’être installé, le temps de l’excursion, chez ceux pour qu’ils développaient leurs passions. Et de toute façon, Pijako offrit à tous une semaine de vacances pour fêter le nouvel an. Salamèche le passa à l’orphelinat, Pikachu au bar Spinda, Riolu chez Chapignon et Germignon… étonnement pas chez Kaiminus. Non, Carabaffe l’emmena sur la plage du continent, où il lui donna son cadeau de Noël un peu en retard : une écharpe hors de prix pour la couvrir du froid hivernal et agressif pour les types plantes. Autant dire que la soirée fut mouvementée à cet endroit-là.

Alors que Grodoudou et Branette envoyèrent les feux d’artifices, durant les dernières secondes du 31 Décembre de l’âge 231, Salamèche et Bulbizarre, tranquillement posé entre ses jambes, regardèrent tous deux le magnifique spectacle depuis le jardin de l’orphelinat.

- (Bulbizarre) Monsieur Salamèche ?

- (Salamèche) Hum ?

- (Bulbizarre) C’est quoi, vos résolutions ?

- (Salamèche) Mes résolutions ? Aucun doute, devenir encore plus fort.

- (Bulbizarre) Ah ah, trop cool ! Vous êtes vraiment trop cool… !

- (Salamèche) Et toi, mon grand ?

- (Bulbizarre) Euh… je ne sais pas…

Pensa-t-il un instant, avant de se blottir un peu plus contre le ventre de celui qu’il considérait comme son ange gardien.

- (Bulbizarre) Me rendre utile.

- (Salamèche) … Comment ça ?

- (Bulbizarre) Au moins une fois. Je veux me rendre utile pour vous, vous aider à passer au niveau suivant, vous aider… à devenir encore plus fort !

Le type feu lui sourit, avant de carrément se mettre à rire.

- (Bulbizarre) Hé, vous moquez pas !

- (Salamèche) Je ne me moque pas, Bulbizarre, je me rends juste compte de la chance que j’ai. Et je t’en remercie.

Sur ces mots, le monde Pokémon passa à l’âge 232.

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