Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 31 : L'Aile Incurable

13452 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/07/2021 00:45

      Un énième Pokémon électrique s’effondra, le duo bouillonnait de détermination. Leur mission consistait à rapporter une orbe enfoncée au plus profond des Plaines Elek. Le maître et l’élève, Ramboum et Argouste décidèrent de s’associer ce jour-là, ce qui permit à l’adulte de constater, en cette fin du mois de Novembre, les progrès de son partenaire de type normal. Et après une exploration aussi mouvementée que dangereuse, ils parvinrent à trouver ce qu’ils cherchaient. Des fontaines l’entouraient, l’orbe était posément installé sur son piédestal.

- (Ramboum) … C’est splendide !

- (Argouste) Vas-y, je t’la laisse, même si on sait que c’est moi qui ai tout fait…

- (Ramboum) Ah ah ah, mais oui bien sûr ! Ceci-dit, tu as fait de beaux progrès, je suis fier de toi !

- (Argouste) Merci, mais ça ne me suffit pas. Je ne pense pas encore pouvoir surprendre tout le monde…

- (Ramboum) Hum, l’amour de la compétition.

- Personnellement, je te conseillerai d’arrêter tout de suite de fournir des efforts…

Une nouvelle voix entra en scène, une voix arrogante que ces deux-là n’avaient presque jamais entendue. C’était un apprentis de la guilde, grand, bleu de plumage et au regard constamment sûr de lui. Son accoutrement faisait bourgeois, sa posture faisait supérieur. Ils furent aussi surpris qu’inquiet de le retrouver face à eux.

- (Ramboum) Hélédelle !?

- (Hélédelle) Parce que tu risquerais de te blesser pour rien.

- (Argouste) Toi ? Qu’est-ce que tu fous là, tu nous as suivis ?

- (Hélédelle) Je n’ai aucun compte à te rendre, misérable vermine.

Il porta son attention sur l’orbe.

- (Hélédelle) Je viens simplement faire mon travail.

- (Ramboum) Quoi, tu viens chercher l’orbe ? Comment est-ce possible, il n’y a qu’un exemplaire de la mission, et il est en notre possession !

- (Hélédelle) Et alors ? Cradopaud.

Soudainement, un Pokémon bondit en salto derrière eux. Il attrapa l’orbe en plein vol et atterrit aux côtés de son partenaire d’équipe. Lui portait des vêtements moins bourges, plus légers et adaptés à la confrontation au corps-à-corps. Également bleu de peau, il était moins grand que son partenaire ; mais sa posture bipède, ses quatre membres fins mais musclés, ses trois doigts et son regard tout aussi moqueur qu’analyste le rendait encore plus sûr de lui, et donc encore plus dangereux.

- (Cradopaud) Hé hé hé… c’est bon, je suis prêt… !

Marmonnait-il, comme cela semblait être son habitude.

- (Ramboum) Je rêve ou… vous nous volez notre mission !?

- (Hélédelle) Il semblerait que la récompense ne revienne qu’au plus malin, à la guilde d’exploration. Allons-y.

- (Argouste) Quoi !? Non !

Ils se retournèrent d’un air hautin. Ramboum était bouche bée, Argouste enragé. Il leur envoya une brutale attaque Hurlement, hélas esquivée de peu par leurs rivaux qui l’avaient anticipé. Malgré tout, les roches entourant l’entrée s’effondrèrent sous le choc de la capacité et le passage se retrouva bloqué. L’équipe adverse fut donc forcée de s’arrêter.

- (Argouste) Vous vous prenez pour qui, bande de connards !? Vous voulez cet orbe, va falloir se mouiller l’maillot ! Sérieux, j’vais pas m’retenir sous prétexte qu’on est partenaire de guilde !

Ramboum le dévisagea, avant de lui-même fermer les poings.

- (Ramboum) Tu as raison. On ne va pas se laisser marcher dessus !

Cradopaud se mit à rire aussi silencieusement que narquoisement. De son côté, Hélédelle soupira. Il déposa l’orbe et retroussa les manches qui couvraient ses ailes.

- (Hélédelle) *soupir* Après tout, je fais ça pour corriger l’outrecuidance des gueux.

Suite à cela, un carnage commença.

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 7 : L’Aile Incurable

 

Mangriff bailla. Pendant que Salamèche s’excusait à plusieurs reprises envers Spinda, le gérant du bar souterrain de Bourg-Trésor, l’adolescent se grattait l’arrière-train en pensant au diner qui arrivait à grand pas. Sur le chemin du retour, son chef d’équipe l’engueula.

- (Salamèche) J’en ai marre de prendre tout le temps pour toi ! Fais un effort, Mangriff, au moins… je ne sais pas, arrête de provoquer les villageois !

- (Mangriff) Va pas m’faire croire qu’il n’avait pas vraiment une tête de décharge, même l’odeur y était.

- (Salamèche) Mangriff, tu… *soupir*

Ils s’arrêtèrent au sommet des grands escaliers.

- (Salamèche) Il faut que tu te ressaisisses. Pijako aussi le remarque, tu n’imagines pas les regards noirs qu’il me lance, quand l’une de tes bêtises remonte à ses oreilles. Je suis ton chef d’équipe, c’est à moi de te gérer.

- (Mangriff) Et alors, tu vas m’virer ?

- (Salamèche) C’est ce vers quoi je songerai, si tu continues comme ça.

Lança-t-il sèchement, mais avec difficulté. Il n’aimait pas l’idée de menacer un ami mais depuis plusieurs mois maintenant – à y réfléchir depuis sa libération de la prison pour enfants soldats de la DDR – Mangriff devenait ingérable. Ce dernier le regarda de haut, l’air déçu.

- (Mangriff) Donc on en est là… *soupir* t’es vraiment minable.

Il approcha et Salamèche baissa les yeux.

- (Mangriff) Après tout c’qu’on a vécu ensemble, tu serais prêt à me jeter comme ça ?

Demanda-t-il en lui caressant la joue. Il savait ce que cela provoquait.

- (Mangriff) Ne t’efforces pas d’oublier cette nuit, petit pervers.

- (Salamèche) … Mangriff, arrête.

Le chef de la Dream Team dégagea de lui-même cette main et Mangriff leva les sourcils.

- (Mangriff) Oh… ? Très bien, très bien… J’pense juste que c’est quelque chose que tu devrais cacher, c’est tout. J’veux dire, ce serait con que tout le monde le remarque quand tu n’as pas toutes ces couches de vêtement pour te cacher, non ?

La victime détourna le regard et l’assaillant en rigola. Finalement, il s’éloigna et rentra dans la fondation de la guilde. Le type feu resta immobile, presque tremblant. Il voulait attendre que l’effet passe, mais cette caresse lui remémora le mauvais souvenir de trop.

C’était en Août, un soir où Pifeuil ne rentrait pas, un soir où Mangriff énerva tant ses camarades de chambre qu’il se fit virer à demi-mot. Alors naïvement, Salamèche l’accueillit à la maison. Il lui fit à manger, le laissa prendre une douche et utiliser son lit. Mangriff paraissait impudique et se moquait du trait de caractère opposé de son « ami ». Pour dormir, il se déshabilla presque entièrement. Il voyait que le type feu restait couvert de la tête au pied et lui demanda pourquoi. Ce dernier évoqua sa naturelle résistance à la chaleur, mais cela ne lui suffisait pas. Et pour se faire comprendre, Mangriff commença à le titiller. Le quart d’heure d’après, le pauvre secouriste hurlait désespérément de rire. Physiquement, Mangriff le surpassait. Il l’avait bloqué, déshabillé et s’amusait à l’humilier en le chatouillant parfois trop intimement. Bien sûr sans son consentement, Salamèche le suppliait d’arrêter mais comme il s’y attendait, Mangriff prenait ça pour une « torture amicale », comme Pikachu lui avait expliqué. Et malheureusement, arriva ce qui devait arriver.

Désormais, Mangriff savait. Il savait que Salamèche était un déviant, trouvait ça répugnant et s’amusait à le faire chanter avec. Ce n’est pas illégal, mais si le reste de la guilde venait à l’apprendre…

Il préférait ne pas y penser.

Bref, il regagna à son tour la fondation de la guilde et croisa Keunotor et Pijako en pleine engueulade.

- (Keunotor) C’est n’importe quoi ! L’équipe Crâne a été viré pour les mêmes raisons !

- (Pijako) Ça suffit, Keunotor !! Ne compare pas une attaque surprise à un kidnapping d’enfants et une tentative de meurtre !

Intrigué, le type feu approcha.

- (Salamèche) Chef… ?

- (Pijako) QUOI !?

Le silence régna un court instant.

- (Pijako) *tousse* Navré, la mauvaise foi m’insupporte plus que tout.

- (Keunotor) La mauvaise foi... ? Hé, depuis quand c’est légal de tabasser ses partenaires, sous prétexte d’un désaccord basique !?

- (Pijako) Ils ont agi dans les règles ! Pour qui te prends-tu, pour remettre en question la constitution de la guilde !?

- (Salamèche) Que se passe-t-il ?

- (Pijako) L’Aile Incurable et le duo que formèrent Ramboum et Argouste se sont affrontés pour déterminer les véritables vainqueurs de la mission du jour. Paraitrait-il que les types normaux étaient-là les premiers, mais c’est l’autre équipe qui m’a rapporté l’orbe. Alors j’ai évidemment accordé les points aux deux victorieux.

- (Salamèche) L’Aile Incurable ? C’est le nom de l’équipe des deux apprentis, euh… je n’ai plus leur nom.

- (Keunotor) Les Arrogants, avec un grand A.

- (Salamèche) Non…

- (Pijako) Hélédelle et Cradopaud. Même si ils le sont, on ne peut nier le malin qu’il faut à une équipe pour récupérer des points ainsi.

- (Keunotor) Vous les félicitez, en plus !? Donc la bourgeoisie nous domine, c’est assumé là !

- (Pijako) Ça n’a rien à voir. Écoute, Keunotor, je n’ai pas à me justifier, d’accord ? Héroïque ou pas, je l’annoterai en commentaire de fin d’année. Mais officiellement, deux équipes ont le droit de s’affronter en pleine mission. Peut-être ont-ils attendus qu’ils effectuent le travail à leur place jusqu’à la fin, mais je n’ai premièrement aucune preuve et deuxièmement, même si c’était le cas…

- (Keunotor) Vous leur auriez quand même fait la totale, c’est bon, j’ai compris. Si c’était si simple de faire des points, fallait nous l’dire dès l’premier jour…

Termina-t-il, en retournant à l’infirmerie, certainement aux côtés de Ramboum. Pijako le regarda partir, l’air déçu.

- (Pijako) Si c’était si simple de manipuler ses rivaux, surtout en telles progressions, je ne les aurais peut-être pas accordés, ces points…

Salamèche resta silencieux, pensant aux dires qu’il eut de l’Aile Incurable. Effectivement, elle semblait avoir mauvaise réputation, au sein de la guilde. Entre absence de coopération lors des entraînements en duo dans la Zone de Victoire et leurs techniques légales mais moralement discutables pour récupérer le plus de points possibles, le bouche à oreille fit qu’Hélédelle et Cradopaud étaient sur la liste noire de beaucoup d’apprentis.

Mais étrangement pas de Mangriff. Enfin… disons plutôt qu’il n’était pas au courant, du fait de ne jamais l’être de rien. Lui aussi avait une mauvaise image : celle du glandeur qui attendait que les autres fassent tout le boulot à sa place. Ils se ressemblaient, mais l’adolescent était plus direct. Cela fit qu’au bout de quelques jours seulement, plus personne ne voulait travailler avec lui.

L’Aile Incurable le savait, cela fit l’objet de leur prochain plan. Ils rencontrèrent le Pokémon poilu en l’encerclant dans sa chambre.

- (Mangriff) Vous m’voulez quoi ?

- (Hélédelle) Ta force physique est impressionnante, pas vrai ? Ça te dirait de travailler pour nous ? Tu pourrais nous être d’une grande utilité.

Commença-t-il, en laissant Cradopaud lui tendre un avis de recherche.

- (Hélédelle) Ce Pokémon, prénommé Pandespiegle, semble difficile à capturer. Pour vivre dans le Mont Labeur, il faut avoir de sacrés tours dans son sac. Et nous, nous préparons toujours les notre avec trois tours d’avance. Alors voilà, veux-tu nous aider à l’arrêter ? Nous te pensons être le plus apte à ne pas nous décevoir.

- (Cradopaud) Bien sûr on partagera les récompenses, hé hé hé…

Mangriff resta silencieux un instant. Évidemment qu’il allait accepter, si cela lui permettait de duper une nouvelle équipe. Mais étrangement, en se fixant un instant sur la photo de ce Pandespiegle, quelque chose le troubla. Ce n’était pourtant qu’un petit panda bipède, aux oreilles, contour des yeux et corps noir pour une tête, moustaches et queue blanche. Rien de bien démarquant, si ce n’est cette feuille qu’il tenait en bouche, certainement pour avoir l’air cool.

- (Hélédelle) Alors ?

Demanda le bourgeois qui le ramena à la réalité.

- (Mangriff) Euh… ouais, c’est bon, j’accepte.

- (Hélédelle) Bon choix. Nous partirons demain durant notre premier temps libre, et sache que je ne tolère pas le retard.

L’adolescent fit mine d’acquiescer, avant de se rallonger sur son lit l’air inintéressé.

Le lendemain fut le premier jour du mois de Décembre. Et sur le continent Sud, il neigea déjà. Vers la sixième heure de la journée, au sommet des grands escaliers, Pijako regarda tranquillement les flocons tomber, sa tasse de café entre les griffes, sa grosse écharpe lui recouvrant presque entièrement le bec. Grodoudou arriva à ses côtés, le sourire aux lèvres.

- (Grodoudou) Coucou ! Le temps est magnifique, n’est-ce pas ?

- (Pijako) Je déteste tout ce qui se rapproche de la glace, vous le savez, maître. Ceci-dit, hum… oui j’aime bien l’ambiance. Les festivités approchent et les petits sourient pour si peu, en cette période. Il n’existe pas meilleur moyen de se rappeler pourquoi on se bat.

- (Grodoudou) Tout juste ! Tiens d’ailleurs, c’est quand la dernière fois que tu n’as pas fêté Noël ?

- (Pijako) Moi, fêter Noël ? Voyons, maître, je n’ai pas le temps pour de tels événements…

- (Salamèche) Pardon, excusez-moi !!

Exclama le type feu, en fonçant à toute vitesse vers l’orphelinat. Il ne portait qu’un pull.

- (Pijako) COUVRE-TOI, IMBÉCILE, TU VAS ATTRAPER UN RHUME !!!

- (Salamèche) Pas le temps, chef, navré !!

- (Grodoudou) C’est un type feu, Pijako, il résiste à aux températures extrêmes.

- (Pijako) Mouais. Il est sous notre tutelle, et la guilde a pour ordre de conformer tous ses apprentis aux mêmes équipements.

Grogna-t-il dans son écharpe. Grodoudou lui tapota le dos en rigolant.

- (Grodoudou) T’as vraiment besoin de décrocher, toi ! Vivement l’excursion !

- (Pijako) Je ne comprends toujours pas pourquoi vous avez choisi le Lac des Brumes.

- (Grodoudou) C’est pour ça que j’ai hâte, ah ah ! Des choses graves, il s’en passe de plus en plus chaque jour. Je pense qu’il est temps que le niveau moyen des explorateurs augmente.

- (Pijako) Oula… venant de vous, je crains presque pour eux.

- (Grodoudou) Tout ira bien. J’ai confiance en nos apprentis parce que j’ai confiance en toi, Pijako. Je sais qu’ils s’en sortiront.

- (Pijako) Je l’espère plus que tout…

Bref, la journée suivit son cours, jusqu’à l’heure du temps libre. Ce fut l’instant où, comme prévu, l’Aile Incurable et Mangriff partirent en mission vers le Mont Labeur, situé à l’Ouest du continent Sud. Ils avaient de la marche à faire et quelle ne fut pas la surprise du type normal, lorsqu’il constata le mode de déplacement de ses coéquipiers du jour.

Hélédelle déploya ses soyeuses ailes qui lui permirent de s’envoler à une vitesse remarquable en plus d’avoir une hauteur qui, comblée à sa vue performante, lui donnait un champ de vision gigantesque et assuré. De son côté, Cradopaud se mouvementa à toute vitesse. Il utilisait seulement son corps, sans aucune capacité spéciale. Pourtant, il était aussi agile qu’un Carabaffe en pleine propulsion. Lui qui devait être habitué à suivre son partenaire depuis le sol, il avait développé une rapidité d’exécution remarquable qui, dans une forêt par exemple, le rendait irrattrapable.

Mangriff, de son côté, se retrouva à faire du cardio pour suivre le rythme. Ils ne firent presque aucune pause, seulement quand le Pokémon poilu les y forçait en s’arrêtant pour vomir. Lui qui se dirigeait pour la première fois au Mont Labeur, il n’avait aucune idée de ce qui allait s’y passer. L’Aile Incurable non plus, mais eux s’étaient préparés.

Le soir précédant, dans leur chambre entourée d’isolations acoustiques, dans laquelle un grand tapis en cuir recouvrait la terre naturelle de la fondation, aux quadruples armoires pour y ranger les nombreux accoutrement de l’oiseau et aux lits non pas de paille, mais faits à base de laine de Moumouton bien sophistiquée, ils terminèrent leurs préparatifs.

- (Hélédelle) Je suis déjà certain qu’il n’arrivera pas à suivre la cadence. Nous ferons l’effort de l’attendre, sans oublier de lui rappeler qu’un éventuel retard impacterait la répartition des récompenses.

- (Cradopaud) C’est pas mal, en plus il arrivera au donjon épuisé…

- (Hélédelle) Exactement ! Je te rappelle qu’une griffe de Mangriff vaut une blinde ! Personne n’aime ce type, alors personne ne cherchera à enquêter la véracité de nos propos, pas si on opère sur un territoire aussi dangereux ! Donc si par malheur il venait à tomber inconscient à cause de ce Pandespiegle, que nous éliminerons de toute façon juste après, nous pourrons récupérer non pas une, mais quatre griffes !

Enfin, ils arrivèrent au Mont Labeur. Le donjon semblait toucher le ciel. Selon la guilde, il posséderait dix-neuf étages et cacherait des sauvages excessivement dangereux. Mais l’Aile Incurable semblait s’en moquer.

Et le début de l’exploration leur donna raison : ils parcoururent les premiers étages sans le moindre problème. Mangriff le constatait, cette équipe n’avait rien à voir avec la Dream Team. Elle ne cherchait pas à blesser le moins possible, au contraire. Elle rentrait dans le tas en premier et heurtait mortellement, si ce n’est pire, si elle le souhaitait. Elle n’avait aucune pitié. Hélédelle était impalpable, il détestait être touché, encore plus par « la pire des catégories sociale ». Il les envoyait valser avec ses rafales de vents, s’envolait et regardait de haut son coéquipier s’en occuper à sa place.

Pour avancer dans le donjon, ils n’empruntaient pas les escaliers. Non, ils détruisaient le territoire pourtant protégé. Ils explosaient sol et plafond grâce à leurs puissantes capacités, quitte à engendrer de violents éboulements ou effondrements en direction des sauvages qui ne pouvaient qu’être effrayés, face à ces héros.

À cette vitesse, ils arrivèrent au sommet bien assez tôt. Bien entendu, à part un grabuge sans égal, ils n’avaient rien trouvé. Mais Mangriff, qui les suivait de loin en empruntant les débris de leurs dégâts comme escalier, fut par définition plus amené à fouiller les alentours. Au treizième étage, il trouva entre plusieurs roches une tente égratignée et couverte de poussières. Il approcha discrètement, cherchant à la fois l’inintention de ses coéquipiers tout comme celle du hors-la-loi. Il l’entendait ranger en vitesse ses affaires dans sa piaule, avant de l’apercevoir déguerpir par derrière. Mangriff se cacha, attendit telle une proie puis lui sauta dessus, les griffes en avant.

L’agrippant dans sa chute, les deux personnages roulèrent sur plusieurs mètres. Le boucan attira l’attention de Cradopaud, alors dans l’immédiat, l’adolescent se jeta dans la crevasse la plus proche avec sa victime. Oui, la crevasse, une de toutes celles que l’Aile Incurable avait engendré en traversant le donjon. Ils tombèrent de plusieurs étages, se brisèrent tous deux plusieurs côtes et peinèrent l’un comme l’autre à se relever. Immédiatement, Pandespiegle chercha à fuir.

- (Mangriff) A… attends !

Exclama son adversaire, qu’il n’avait pas cherché à regarder. Mais sa voix, elle le perturba. Cela le paralysa un instant, un instant suffisant à Mangriff pour refoncer à la charge et le plaquer au sol sur le ventre.

- (Pandespiegle) Ah… ! Lâche-moi, sale merdeux d’explorateur !!

- (Mangriff) Arrête, j’suis pas ton ennemi !

- (Pandespiegle) Bordel, mais t’es qui !?

- (Mangriff) Par pitié…

Commença-t-il, en lui agrippant la touffe et en le forçant à le regarder.

- (Mangriff) Dis-moi que tu m’connais !!

Le silence régna. Les deux personnages s’échangèrent un long et persistant regard. Pandespiegle plissa les yeux, avant de doucement lâcher un dubitatif et inquiétant :

- (Pandespiegle) … Mangriff… ?

Ce n’était donc pas qu’une impression. Hélas…

- (Hélédelle) Tu l’as donc attrapé ?

L’apprentis bourgeois se laissa atterrir tel un être divin, au même niveau que ces crasseux.

- (Hélédelle) Félicitation, le pauvre.

Mangriff le fixa d’un air assassin. Il fouilla rapidement les alentours du regard, avant d’apercevoir un pilier instable de l’étage. Cradopaud prenait un peu plus de temps à arriver, pourtant il comprit tout de suite que l’attention de l’adolescent était louche.

- (Cradopaud) Hé, qu’est-ce que tu r’gardes ?

Sans plus attendre, Mangriff fonça trancher, de ses griffes si précieuses, le pilier si instable du donjon. Le reste de l’étage supérieur s’effondra droit sur le type vol, qui heureusement fut poussé au bon moment par son coéquipier.

- (Hélédelle) C… Cradopaud !!

Ce dernier se heurta de plein fouet à l’éboulement. De son côté, Mangriff emporta le hors-la-loi le plus loin possible de ses partenaires de guilde. Après une longue course acharnée contre l’éboulement, la poussière et la panique, il s’écroula dans une petite crevasse reculée. Hélédelle était fou de rage. Ses rafales de vents ne suffisaient pas à dégager les roches. Il aperçut quelques sauvages approcher, tous inquiets.

- (Hélédelle) … Qu’attendez-vous ? *souffle* Aidez-moi à sortir mon partenaire de là !

Ils ne le fixèrent qu’un court instant, avant de tristement prendre la fuite.

- (Hélédelle) Bordel… !

Le bourgeois devait donc s’y coller de lui-même, attrapant et jetant de ses propres ailes, désormais couvertes de poussières et égratignures, les roches du Mont Labeur.

- (Hélédelle) Cradopaud !? Cradopaud, est-ce que tu m’entends !?

En tout cas, Mangriff l’entendait au loin. De son côté, il aida Pandespiegle à se remettre sur pied.

- (Mangriff) Sacrée journée, pas vrai ? D’habitude, je glande sur le canapé d’la guilde. Je déteste mon lit d’paille.

- (Pandespiegle) Bordel, mais qu’est-ce qui t’es arrivé… ? Comment t’as pu passer d’hors-la-loi à apprentis explorateur… ?

- (Mangriff) … Il m’est arrivé de sacrées merdes.

- (Pandespiegle) Je sais. De là à c’que tu rejoignes l’ennemi…

- (Mangriff) L’ennemi ? Écoute, je suis amnésique, je n’ai aucune idée de c’que tu m’racontes !

- (Pandespiegle) Merde, sérieux… ? Donc… tu n’me reconnais vraiment pas ?

- (Mangriff) Je… je devrais ?

- (Pandespiegle) Merde… ! Merde merde merde… ! Qu’est-ce que vous allez faire de moi !?

- (Mangriff) Rien ! Ils ne te feront rien, parce que je ne compte pas les laisser faire !

- (Pandespiegle) Alors pourquoi tu travailles avec la guilde d’exploration, si c’est pour prendre un risque aussi gros maintenant !?

- (Mangriff) Parce que je ne sais pas ce que je veux !!

Hurla-t-il sans s’en rendre compte. Sa voix raisonna à travers toute la crevasse.

- (Mangriff) J’ai… j’ai l’impression qu’on me force à renier celui que j’voulais devenir !

- (Pandespiegle) Sans blague, si le toi de l’époque te voyait dans cette situation… ! *soupir* Bon, ton nom est Mangriff… et tu es supposé être mon partenaire.

Le Pokémon poilu écarquilla les yeux, et ce n’était que le début.

De son côté, Hélédelle était essoufflé. Son visage n’était que haine, il prenait ce qui était arrivé pour acte de trahison ultime, il le prenait personnellement. Alors qu’il dégagea une roche de plus, il vit la main de son ami. Il l’attrapa et, d’un geste soudain, le sauva de ce massacre étouffant.

- (Hélédelle) Cradopaud… !

Il vérifia son état : toujours en vie mais affreusement blessé, inconscient… bref, en très mauvaise posture. Il le porta entre les ailes, repensant à la dernière fois que le bonhomme avait saigné pour lui.

Février 228. Le climat était glacial, à Param-les-Vents. Le fils de la famille la plus riche de la ville apparut une nouvelle fois dans les journaux. On parlait de lui telle l’icône des futures générations. Le petit avait déjà exprimé en public sa volonté de vouloir devenir explorateur, et ses parents leur volonté de ne surtout pas le réduire à cela. Mais il s’en moquait, surtout depuis sa crise d’adolescence.

Alors qu’il venait d’obtenir ses seize ans, il aimait se balader seul hors de la ville, loin de tous ces paparazzis avides d’intimité. Il savait voler, alors il s’exécutait dans les territoires sauvages proches de Param-les-Vents.

Un jour, un jeune Pokémon à peine plus âgé que lui fut présenté à sa porte par son père.

- Son nom est Cradopaud, c’est un jeune motivé qui recherche du travail.

- (Hélédelle) Je ne vois pas ce que cela peut me faire. Depuis quand les gueux peuvent mettre les pieds dans notre domaine ?

- Depuis qu’il est embauché en tant que garde du corps.

Son père avait pensé juste de prendre quelqu’un du même âge que son fils. Même si cette décision fut décriée dans les médiats, personne ne pouvait nier les compétences du jeune Pokémon poison. Il ne parlait pas, se faisait discret et agissait pile quand il le fallait. Bref, il était fait pour Hélédelle qui, pourtant, ne le supportait pas au départ. Mais c’est en constatant le nombre de paparazzis chuter, qu’il se mit à tolérer sa présence.

Quelques mois plus tard, alors qu’il volait au-dessus d’une grande forêt en s’amusant à torturer celui qui le suivait, notamment en se demandant jusqu’où il irait pour prétendument le protéger, un Pokémon sauvage l’attaqua d’un brutal pic empoisonné depuis un arbre. Il s’écrasa à terre, crachant immédiatement du sang. Ce fut la première fois de sa vie, il en était terrifié. Et en tourant son regard vers cet immense Brutapode, aussi sauvage qu’enragé, il vit sa vie défiler sous les yeux. Mais Cradopaud arriva, prêt à se battre sans la moindre once de doute ou de peur.

Après un lourd affrontement, le garde du corps perdit presque connaissance. Mais malgré ses blessures, tout son sang qui coulait abondamment et le fait qu’inévitablement, il n’avait aucune chance, il était encore debout. Choqué par cette dévotion improbable, Hélédelle tenta le tout pour le tout. Il était destiné à devenir explorateur, il le voulait et le ferait que ses parents le veuillent ou non. Mais jamais il ne trouva le partenaire idéal, car à vrai dire, ses goûts étaient plutôt infâmes. Alors à cet instant précis, dans cet état d’adrénaline et alors que sa vie était en jeu, le type vol fonça au combat et accompagna son garde du corps dans une attaque finale… qui acheva finalement le Brutapode adverse. Son type vol avait sauvé la situation, mais le poison l’acheva après cette puissante prise de conscience.

Quand il se réveilla, c’est Cradopaud, qui était inconscient à ses côtés. Ce dernier l’avait soigné, avant de succomber physiquement à ses blessures. Son cœur battait encore, mais jamais Hélédelle n’avait le temps de rentrer à Param-les-Vents.

- (Hélédelle) Non, je t’interdis de mourir !

Il fouilla les alentours, après tout, il était dans une riche forêt. De ce qu’il avait appris des plus riches explorateurs du coin, il récolta les ingrédients nécessaires pour produire un soin peu efficace sur le long terme mais qui, accompagné de bandages pour empêcher le sang de sortir, allaient permettre à Cradopaud de survivre assez longtemps.

- (Hélédelle) Moi, Hélédelle, t’interdis de me quitter maintenant ! Est-ce que c’est bien compris, sale pauvre !?

Lui criait-il, alors même qu’il le portait sur son dos, en direction du meilleur hôpital de la ville. Il en avait sali ses vêtements, mais il s’en fichait. Car désormais, il avait trouvé un moyen de réaliser son rêve.

Juillet 230, Hélédelle acheva sa quatrième année d’étude pour devenir avocat, comme ses parents. Mais rien n’avait changé, il souhaitait toujours autant partir pour la guilde. Hélas, il venait encore de rater une occasion de s’y inscrire. Alors qu’il se baladait dans les territoires sauvages, à pied pour être aux côtés de Cradopaud qui était depuis devenu son premier véritable ami, il lui annonça son projet le plus ambitieux : fuguer pour la guilde, l’an prochain.

- (Cradopaud) Quoi… ? Tes parents viendront te chercher, que crois-tu ?

- (Hélédelle) Ils n’auront aucune idée d’où je serai, cela fait bien longtemps qu’ils pensent m’avoir détourné du métier d’explorateur. Et puis je suis majeur, ils n’auront aucun droit légal.

- (Cradopaud) C’est risqué…

- (Hélédelle) C’est pour cela que j’ai besoin de toi.

Exprima-t-il d’un sourire au bec qui, comme très rarement, n’était pas narquois.

- (Hélédelle) Formons une équipe de secours en cachette, Cradopaud. Il n’y a qu’avec toi, que je me permettre de réaliser un tel projet, alors s’il te plaît… !

Voilà ce à quoi il pensa, en tenant son partenaire blessé entre ses ailes. Voilà pourquoi il prenait la trahison de Mangriff comme quelque choses de très personnelle. Un bon quart d’heure s’était écoulé et, de son côté, l’adolescent remonta la crevasse avec Pandespiegle. Il savait désormais qui il était et par-dessus tout ce qu’il devait faire.

- (Mangriff) Fais-moi confiance, on va sortir d’ici.

- (Pandespiegle) Ouais… *souffle*

C’est alors que le bruit d’un nouvel éboulement se fit entendre au loin. Et rapidement, un nouvel adversaire leur fit face :

- (Hélédelle) MANGRIFF !!!

Hurla de rage l’oiseau bourgeois.

- (Mangriff) Merde… ! Éloigne-toi, Pandespiegle !

- (Pandespiegle) Nan… !

Le panda ferma les poings et resta malgré tout aux côtés de son partenaire.

- (Pandespiegle) On s’le fait ensemble, ok ?

Ils se sourirent mutuellement, avant d’affronter l’apprentis explorateur.

*BOUM*

Cradopaud se réveilla en sursaut. Il avait mal partout, mais son corps était couvert de bandages qui, reconnu-t-il à la texture, étaient ceux d’Hélédelle. Il était seul à côté de l’éboulement qui l’avait fait trépasser. Il regarda aux alentours et constata tous les dégâts causés par leur abus de pouvoirs. Il s’en couvrit les yeux de honte.

- (Cradopaud) Merde…

Elle était loin, l’époque de sa rédemption.

- Je suis désolé, madame, mais votre fils ne peut pas rester dans notre établissement.

Ce fut la troisième fois, qu’il fut viré d’une cité scolaire. Cradopaud était un enfant particulier, paradoxalement calme, discret et affreusement violent et rancunier. L’école n’étant pas obligatoire, plus aucun établissement ne l’accepta en son sein. Le petit se retrouva donc sans diplôme à Param-les-Vents. Il n’avait plus le choix, et se mit à postuler dans tout ce qu’il put. Il enchaîna les petits jobs et les stages sous-payés, jusqu’au jour où la famille la plus riche de la ville accepta de l’embaucher en tant que garde du corps. Lui qui avait tenté en étant certain de se prendre un vent, il fit promettre à sa mère de ne plus la décevoir. Et cela commença par de l’entraînement physique, beaucoup, beaucoup d’entraînements qui renforçaient son corps autant qu’ils détruisaient sa vie sociale. Il perdit le peu d’amis qu’il avait, selon lui pour la bonne cause. Mais ayant mentis sur ses capacités physiques dans son CV, il n’avait pas le choix.

Il comprit rapidement qu’il fut embauché grâce à son jeune âge, certainement pour mieux faire accepter au fils du patron, qu’il détestait de par son comportement, le fait d’avoir un garde du corps. Oui, il détestait celui qu’il devait protéger et déchaînait d’ailleurs sa haine sur ses paparazzis. Mais les semaines, les mois passèrent et un jour, alors qu’il se servait de la bêtise d’Hélédelle pour satisfaire ses entraînements, un Brutapode sauvage l’attaqua de plein fouet. Il n’avait jamais confronté de Pokémon sauvage, mais il était résigné à se battre jusqu’à la fin. Il ne pouvait plus abandonner, il ne devait plus décevoir sa mère. Alors jusqu’aux portes de la mort, il se donna à fond. Hélédelle l’aida à l’achever, était-il satisfait ? Étant donné qu’il s’écroula la seconde d’après, rongé par le poison, Cradopaud pensa qu’il s’agissait simplement d’un geste de folie. Il le soigna dans un dernier souffle de dévotion, avant de s’effondrer à son tour…

Et depuis ce jour, la vie de Cradopaud ne fit que s’arranger. Hélédelle devint moins détestable, il lui ouvrit même de nouvelles portes.

- Il veut former une équipe de secours avec toi ? Bon sang, mais dans quel monde vit-on ?

- (Cradopaud) Je sais, c’est improbable. Mais à vrai dire, ça ne me dérangera pas de… m’acquitter de ce règlement si stricte.

- Que cela fonctionne ou non pour vous, tu seras dans tous les cas viré, Cradopaud.

- (Cradopaud) Oui, mais maman… j’ai confiance en Hélédelle, et au point où j’en suis… devenir explorateur est la meilleure chose qui puisse m’arriver, surtout avec lui !

Hélédelle était son seul ami, et il n’avait aucune idée de la réciprocité de cette relation. Mais ce qui était sûr est qu’une nouvelle vie débuta pour ces deux jeunes Pokémon. Septembre 231, ils fuguèrent ensemble de la résidence familiale de l’oiseau bourgeois, fonçant emprunter un navire qui les mena en direction du continent Sud. Ils avaient de nouveaux objectifs et, en se séparant pour la première fois de cette ville si petite par rapport au reste du monde, ils avaient l’impression d’avoir de nouvelles identités également.

- (Cradopaud) Hélédelle !!

Cria-t-il, en voyant son corps inconscient sous d’imposantes roches. Il était tout autant, si ce n’est encore plus blessé que lui. La panique le combla à son tour. Il le sortit d’ici en quelques secondes, puis fonça hors du donjon qui se remplissait abondamment de poussières.

Alors que la lumière du soleil illuminait son corps blessé, Cradopaud le soigna tout en toussant des nuages de poussières. Cette mission avait été un échec total, ce fut une première depuis non pas le commencement de la guilde, mais bien depuis la création de l’Aile Incurable. Cradopaud regarda seul le Mont Labeur, détruit par leur faute.

- (Cradopaud) … (Avait-on réellement besoin d’en arriver là, Hélédelle ?)

Il ne trouva aucune trace de Mangriff, mais il se doutait qu’il avait pris la fuite après les avoir trahis.

Quelques heures plus tard et bien avant le retour de l’Aile Incurable, Mangriff fit rentrer Pandespiegle dans la fondation. Il prétexta un blessé qu’Eoko plaça à l’infirmerie et qui faisait mine d’être inconscient. Dès qu’elle s’en alla après lui avoir appliqué les premiers soins, il quitta son lit et se mit à voler tout ce qui paraissait cher. Pendant ce temps, l’autre hors-la-loi gagna les douches. Il souhaitait offrir le meilleur cadeau d’adieu possible.

Ramboum, Keunotor, Écrapince, Ptyranidur et Branette s’y trouvaient. Eux… et Salamèche. Mangriff arriva en se léchant les babines, attirant tous les regards en sautant impunément dans le bain collectif.

- (Ramboum) Hé, fais attention… !

- (Mangriff) Ça va, c’est bon, j’mets juste un peu d’ambiance avant le spectacle !

- (Ptyranidur) Quel spectacle ?

- (Mangriff) Les gars… ça vous dit d’chatouiller un peu Salamèche ?

Le type feu sursauta, alors que tous les regards se placèrent sur lui.

- (Écrapince) Euh… pourquoi ?

- (Mangriff) Regardez-le rougir de honte, il sait très bien c’que je veux vous montrer !

- (Salamèche) Mangriff… !

- (Mangriff) Allez quoi, vous avez forcément quelque-chose à lui reprocher !

Souriait-il d’un air narquois, en approchant sa victime qui se retrouva rapidement bloquée.

- (Ptyranidur) Euh… je ne suis pas sûr qu’il ait très envie, Mangriff.

- (Keunotor) Hum… en vrai pourquoi pas ? Ça ne peut pas lui faire de mal de rire un bon coup !

- (Ramboum) Hé, maintenant que j’y pense, personne n’a jamais entendu son vrai rire, si ?

- (Écrapince) C’est vrai qu’il est plutôt timide et pudique. Aidons-le un peu à s’intégrer, ah ah !

Mangriff attira presque tout le monde. Seuls Branette qui s’en fichait et Ptyranidur qui était mal à l’aise restèrent à l’écart. Et donc, la « torture amicale » commença. Parce que c’était un jeu de garçons puérils, soit exactement ce qui pouvait se faire dans les douches de la guilde, Mangriff parvint à humilier une dernière fois son « ami » de la pire des manières. Il retourna tous les amis qu’il s’était fait depuis son arrivée sur le Continent contre lui. Des amis qui pensaient jouer en attrapant, sortant de l’eau et chatouillant sans aucune once d’intimité le pauvre pudique. Et ils n’y allaient pas main morte : Keunotor lui frottait les pieds, Écrapince les aisselles et Ramboum lui grattait le nombril. Mangriff admirait simplement le spectacle. Il ne disait rien, ils les laissaient tous rire un bon coup, sincèrement ou non, avant que l’un d’entre ne se rende compte de ce qui arrivait. Et malheureusement, Ramboum sentit son coude frotter le membre de trop.

- (Ramboum) Qu’est-ce que… ?

Il se retourna et écarquilla lentement les yeux.

- (Ramboum) Bordel… C’EST QUOI ÇA !?

Tous les regards se tournèrent vers lui, puis vers ce qu’il fixait. Et immédiatement, tous lâchèrent leur victime de dégoût.

- (Écrapince) Beurk, c’est répugnant !!

- (Keunotor) Wow, t’es sérieux mec !? Tu… t’es vraiment en train de prendre CE GENRE de plaisir !?

- (Ramboum) Espèce de gros dégueulasse, je… je ne voulais pas toucher à ça, merde !!

- (Mangriff) Et ouais, les mecs ! Il semblerait que monsieur le chef de la Dream Team, monsieur en qui tout le monde peut avoir confiance nous cachait un plutôt gros morceau, sans mauvais jeu-de-mot !

- (Salamèche) Je… *snif* non… !!

Il pleurait désespérément. Il avait honte, terriblement honte. Ptyranidur était sous le choc, mais pas pour les mêmes raisons.

- (Ramboum) … Comment… comment t’as pu nous cacher un truc pareil… ?

- (Mangriff) Vous devriez peut-être le dénoncer, nan ?

- (Ptyranidur) NAN MAIS ÇA VA PAS !?

Hurla soudainement et de toutes ses forces le gentil dinosaure. Là, on l’écouta.

- (Ptyranidur) QU’EST-CE QUE ÇA PEUT VOUS FAIRE, QU’IL AIME LES HOMMES !?

Il s’approcha et cogna Ramboum d’un coup de boule pour l’écarter de son chemin. Il attrapa Salamèche et le porta hors du groupe.

- (Ptyranidur) Je… j’hallucine, regardez-le !!

- (Mangriff) Ouais, c’est ce qu’ils font.

- (Ptyranidur) SA TÊTE !!! REGARDEZ SA TÊTE !!!

C’est à cet instant qu’ils aperçurent tous l’air horrifié, en larmes et tremblant d’angoisse de celui qu’ils avaient « amicalement torturé ». Sauf que dans les faits, ils venaient de forcer un adolescent à ressentir du plaisir sexuel. Tout ça en pensant partir d’un « jeu ». Sacrée coutume. Ramboum, Keunotor et Écrapince commencèrent à changer d’expression.

- (Ramboum) Euh…

- (Keunotor) Salamèche, pourquoi… pourquoi t’as fait ça, au juste ?

- (Salamèche) J… *snif* je…

- (Mangriff) Mais parce qu’il veut vous provoquer, c’est tout !!

- (Salamèche) N… non… ! *snif*

- (Mangriff) Bien sûr que si, il… !

- (Ramboum) Attends, Mangriff, tais-toi… !

Là, ils commençaient vraiment à douter.

- (Salamèche) Je… *snif* je n’fais pas exprès… ! *snif* Je vous le jure… !

Essaya-t-il de formuler, en s’étouffant dans un souffle qu’il n’arrivait pas à reprendre et dans des glaires qu’il n’arrivait pas à avaler. Le voir dans un tel état et par leur faute, les apprentis commençaient à avoir du mal à le regarder droit dans les yeux.

- (Écrapince) Merde, je… je croyais que les déviants contrôlaient leurs érections… ! C’est pour ça qu’ils sont détestés, non ? Parce qu’ils provoquent les hommes à bander devant eux… ?

- (Keunotor) Ouais moi aussi j’pensais ça, mais… Salamèche ne ferait jamais un truc pareil, si ? Vu comment il est pudique et respectueux, et puis… ça se voit qu’il est encore en pleine puberté… ! Il n’a aucun contrôle, c’est juste que… qu’il ressent la même chose que nous mais chez les mecs…

- (Ramboum) Donc ça voudrait dire… que les déviants sont juste des gens comme nous… ?

- (Mangriff) Quoi… ? Non, n’importe quoi !! Tout l’monde sait que les déviants cherchent à nuire ! Ils empêchent la reproduction, ils dérangent les bains publics et ils veulent tous nous convertir !!

Mouais. À ce stade, plus personne n’accorda la moindre attention à Mangriff.

- (Branette) Dites, avez-vous déjà rencontré un déviant ?

Demanda Branette, en sortant enfin du silence après avoir tout observé d’un air indifférent. Les trois adultes hésitèrent, avant de tous les trois nier d’un mouvement de tête.

- (Ramboum) Non. J’avoue que je me fiais aux informations.

- (Keunotor) Et moi à c’que ma famille me racontait.

- (Écrapince) Et moi à l’équipage de mon père. Même la communauté d’Héliatronc est persuadée que les déviants le sont par choix.

- (Branette) Tout ça pour ça, donc. Bravo, vous venez d’humilier et de traumatiser notre ami.

Ptyranidur termina de l’enrouler dans plusieurs serviettes. Il le porta sur son dos…

- (Ptyranidur) Ne l’approchez plus !

Et quitta les douches pour le mettre en sécurité. Suite à cela, un lourd silence s’imposa. Mangriff s’était éclipsé, alors que les trois autres peinaient à s’en remettre. Branette termina sa toilette, il sortit du bain et s’enroula à son tour d’une serviette.

- (Keunotor) Dis, avant qu’tu partes… est-ce que t’en as déjà rencontré un, de déviant ?

- (Branette) … Un semi, ouais.

- (Écrapince) Un semi-déviant… ?

- (Branette) Mon père. Il aimait les femmes et les hommes.

- (Ramboum) Sérieux, c’est possible !? Avec qui est-il, aujourd’hui ?

- (Branette) Personne. Il est mort, poignardé en prison pour avoir osé être différent.

- (Keunotor) Qu… quoi… ?

- (Ramboum) Merde…

- (Écrapince) C’est horrible… si ils ne se contrôlent pas, alors les déviants ne peuvent rien cacher, en prison… !

- (Branette) Et pourtant, c’était un héros. C’était mon héros…

Sur ces mots, Branette quitta à son tour les douches, les laissant dans une ambiance pitoyable. De son côté, Salamèche rouvrit doucement les yeux. Il était sur son lit, couvert de serviettes. Ptyranidur était à son chevet.

- (Salamèche) Ptyra…

- (Ptyranidur) Hum… ? Oh, tu es déjà revenu à toi… !

Lui souriait-il timidement. Il l’aida à se redresser à son rythme, dans une atmosphère qu’il trouvait bien moins anxiogène. Ensuite, Ptyranidur lui tendit ses vêtements et Salamèche les enfila tranquillement. À ses côtés, rien ne pressait.

- (Salamèche) Tu… tu m’as sauvé. Merci, vraiment… merci beaucoup.

- (Ptyranidur) Ça va, je… je n’ai empêché un hors-la-loi de te tabasser non plus…

- (Salamèche) J’aurai préféré me faire tabasser, Ptyra.

Lui assura-t-il sèchement.

- (Ptyranidur) Quoi, à ce point… ?

Il en était choqué. Non pas qu’il le remettait en question, mais il essayait de se mettre à sa place. Et cela l’horrifiait.

- (Salamèche) Je suis tellement rassuré de savoir que t’es de mon côté. Je… craignais que tu le prennes vraiment mal.

- (Ptyranidur) Arrête de dire ça, on dirait que tu es fautif de quelque-chose. Au cas-où t’aurais oublié un truc essentiel qu’on apprend quand on est petit : un goût ne se discute pas. Amnésique ou pas, je m’en souviens. Les autres n’ont aucune excuse.

- (Salamèche) Sans doute… *soupir* J’ai l’impression d’entendre Pikachu.

- (Ptyranidur) Est-ce qu’il est au courant ?

- (Salamèche) Oui, depuis longtemps.

- (Ptyranidur) Alors il te couvrait bien. Si il avait été là, j’imagine que je n’aurais pas eu à intervenir du tout…

- (Salamèche) … Ptyra, je reste impressionné par ton comportement. Même Pikachu, a eu besoin de se remettre en question. Je veux dire… le monde entier déteste les déviants, c’est considéré comme normal, banal d’être répugné par les gens comme moi. Toi, tu… tu as tout de suite compris… !

- (Ptyranidur) Ouais… *soupir* je sais.

*BOUM*

- (Eoko) Hé, reviens !!

Les deux garçons se tournèrent vers le couloir.

- (Salamèche) Que se passe-t-il ?

- (Ptyranidur) Je vais voir. Toi reste au lit, tu dois te…

- (Salamèche) Non, je vais bien.

Clamait-il en se relevant, habillé et prêt à se battre.

- (Ptyranidur) Salamèche… ?

- (Salamèche) Je vais bien, Ptyra, vraiment.

Finalement, Ptyranidur céda. Tous les deux se dirigèrent vers la salle commune de la guilde, avant de s’horrifier en constatant le désordre sans nom qui leur faisait face. Canapé retourné, télévision fissurée et table en morceaux. Germignon était à terre, alors ils foncèrent l’aider en priorité.

- (Salamèche) Hé, ça va aller !?

- (Germignon) Ou… ouais, j’ai été un peu déboussolée, rien de plus… !

- (Ptyranidur) Que s’est-il passé !?

- (Germignon) Un type a forcé le passage ! Il était fait de noir et de blanc. Eoko le poursuivait alors j’ai essayé de l’arrêter, mais il a tout saccagé d’un seul revers de main !

- (Ptyranidur) Wow, il devait être puissant… !

- (Salamèche) On ne peut pas laisser Eoko le poursuivre seule ! Allons-y, Ptyra !!

- (Germignon) Je m’occupe d’aller avertir les autres !

Les deux amis foncèrent donc en direction de Bourg-Trésor, à la recherche d’Eoko qu’ils retrouvèrent à la sortie du village. Elle se maintenait faiblement contre la clôture d’entrée, essoufflée et désorbitée par la situation. Elle leur indiqua la direction des Bois aux Pommes, affirmant que le prénommé Pandespiegle avait volé du matériel médical coûteux. Ils s’empressèrent donc de s’y rendre, déterminés à récupérer ce qui appartenait à la guilde. Ptyranidur espérait que cette inopinée mission aide son ami à penser à autre chose, hélas, il ne se doutait pas de la raison pour laquelle le panda s’était retrouvé dans la fondation.

- (Pandespiegle) Mangriff !!

Criait-il pour se faire repérer à leur vague point de rendez-vous. Une explosion attira son attention, comme si une force implacable venait de furieusement frapper le sol. Il approcha discrètement, avant d’observer son partenaire se faire mettre à terre par une gigantesque main spectrale. Branette l’avait cerné.

- (Branette) Tu pensais pouvoir t’échapper aussi facilement ? Faire une dernière crasse avant de prendre le large, ça te ressemble bien. Qu’est-ce que t’as fait ?

- (Mangriff) Bordel… mais mêle-toi d’ton cul !!

- (Branette) Où est l’Aile Incurable ?

- (Pandespiegle) Dégage !!

Soudainement, le panda bondit d’un buisson et frappa dans le vide. L’impact de son attaque créa un fort mouvement de vent qui perturba Branette. Mangriff en profita pour se libérer et le frapper d’une sévère droite en pleine mâchoire. Il tomba, déboussolé.

- (Mangriff) Alors, sale merde d’apprentis explorateur, on oublie encore de travailler en équipe !?

- (Branette) Espèce de… !

Le poilu le piétina sans se retenir, l’assommant pour de bon.

- (Mangriff) *souffle* C’était moins une ! Alors, qu’est-ce que t’as chopé ?

Son partenaire lui montra un grand sac rempli à ras bord de matos.

- (Pandespiegle) J’suis pas médecin, mais j’pense qu’on peut en tirer plusieurs milliers d’Pokés, ah ah !

- (Mangriff) Parfait, ça nous fera une bonne base ! Allez, on s’taille !

Soudainement, un projectile leur fonça à toute vitesse dessus. Mangriff emporta de justesse son partenaire pour le faire esquiver, et ce qui s’avéra être une boule de feu explosa puissamment sur leur passage. Ils se retournèrent et firent face à deux nouveaux adversaires. Les poings fermés, l’air crispé et méfiant, Salamèche et Ptyranidur ne comptaient plus se retenir.

- (Salamèche) Lâchez ce sac immédiatement !

- (Mangriff) Tiens donc, le déviant et son Ponchien !

- (Ptyranidur) La ferme, Mangriff, t’es toi aussi en état d’arrestation !

- (Mangriff) Wow, alors c’est comme ça que se conclut notre belle amitié, hein ?

- (Ptyranidur) Notre belle amitié… ? De quoi tu parles, TOUT LE MONDE TE DÉTESTE !! Et pourtant j’ai essayé !! J’ai fait l’effort de te supporter, j’ai tout fait pour que Bourg-Tranquille, pour que les gérants de l’orphelinat, pour la Dream Team t’accepte parmi eux !! Tout ça pour ça… ! Tout ça pour que tu finisses par devenir un pauvre hors-la-loi !!

- (Pandespiegle) Ouais, c’est exactement c’que j’te disais… si t’es pas comme eux, tu crèves.

- (Ptyranidur) Et toi, t’es qui au juste ?

- (Pandespiegle) Je… !

- (Ptyranidur) JE M’EN FOUS !!! LÂCHEZ CE SAC ET RENDEZ-VOUS SUR LE CHAMP !!!

Hurla-t-il de toutes ses forces. Salamèche était bouche bée, jamais il ne l’avait vu dans un tel état.

- (Salamèche) Hé, Ptyra… !

- (Pandespiegle) Plutôt crever !!

Mais Pandespiegle attaqua et il n’était pas prêt. Il élança un nouveau coup de poing dans le vide, mais le type feu bouscula son ami pour se prendre la capacité à sa place. Il se fit envoyer valser sur plusieurs mètres et se cogna à un arbre, s’écroulant à moitié dans les vapes. Ptyranidur se redressa juste à temps pour faire face à Mangriff, qui sans hésiter tenta de l’empaler avec ses griffes. Il esquiva un premier coup, laissa le deuxième le frôler puis parvint à bloquer le troisième. Le dinosaure contrattaqua d’un féroce coup de boule puis plaqua son adversaire à terre.

- (Mangriff) Merde… Pandespiegle, à l’aide !!

Les regards se croisèrent. Le panda allait attaquer sans crainte de blesser son ami, tant qu’il frappait l’apprentis explorateur. Mais juste avant qu’il ne l’atteigne, une onde de choc lui barra la route.

- (Ramboum) Pas un pas de plus !!

Cria Ramboum, en surprenant tout le monde.

- (Pandespiegle) Bordel mais c’est qui, lui… ?

Pendant ce temps, Keunotor aida Salamèche à se relever.

- (Keunotor) Hé, mec, reste avec nous… !

- (Salamèche) Ça va… c’est bon, je suis là…

- (Keunotor) Ouf… ! On craignait d’arriver en retard… !

Lui souriait-il timidement, sans la moindre once de dégoût. Au même moment, Écrapince surprit Pandespiegle en l’aspergeant d’un jet d’eau par derrière. Il le renversa et le plaqua à son tour au sol. Ça y est, les deux menaces semblaient avoir été maîtrisées. Ramboum récupéra le sac d’objets volés et l’éloigna des hors-la-loi. Mangriff se débattait dans tous les sens.

- (Mangriff) Non… ! Non non non !! Ça n’peut pas s’finir comme ça !! Pandespiegle, fais un truc !!

- (Ramboum) Ça suffit, Mangriff, tu as causé assez de tort comme ça.

- (Écrapince) Tu as trahi la guilde d’exploration. Pire, tu as trahi ton chef d’équipe.

- (Keunotor) On t’laissera plus jamais l’approcher, espèce de tocard !! Bon sang, j’arrive pas à croire qu’on t’ai écouté… !

- (Mangriff) PANDESPIEGLE !!!

Ledit panda ne disait rien. Il fixait le vide, comme bloqué dans un mauvais souvenir. Puis lentement, une petite lumière commença à jaillir de son ventre. Il ferma les yeux et se mit à hurler, attirant l’attention de tous ceux qui comprirent immédiatement ce qui arrivait.

- (Ramboum) Oh non, pas ça… ! Écrapince, écarte-toi !!

Malheureusement, l’apprentis se fit lui aussi engloutir par l’aveuglante lumière qui illumina toute la forêt.

Lorsqu’ils rouvrirent les yeux, la situation s’était retournée. Ce n’était plus Écrapince qui maintenait, mais lui qui se faisait porter. Il était élevé à plusieurs mètres du sol, parce que Pandespiegle venait de tripler sa taille et son poids. Son regard n’était plus enfantin ou moqueur, mais sérieux et terrifiant. Sa fourrure noire s’était transformée en un long manteau cachant ses gigantesques pattes musclées. Ses bras aussi l’étaient devenus, mais ce qui impressionnait étaient surtout ses poings et ses griffes aiguisées. Avec, il pouvait maintenir et bloquer un Écrapince qui se débattait fermement. Avec, il pouvait lentement commencer à lui briser la carapace.

- (Écrapince) AH… AAAAAAH !!!

- (Ramboum) STOP !!!

Ramboum usa de son attaque Hurlement pour le faire lâcher priser. L’onde de choc traversa toute la forêt… mais le panda encaissa.

- (Ramboum) Qu… quoi… !?

Il envoya sauvagement l’apprentis qu’il tenait sur celui qui venait de l’attaquer, et Ramboum s’écrasa en essayant de rattraper son ami. Puis, le hors-la-loi fonça sur Ptyranidur. Ce dernier essaya de l’esquiver, mais Mangriff l’agrippa pour ne pas qu’il parte.

- (Mangriff) Reste-là, toi… !

Et donc, il se fit frapper de plein fouet et envoyer valser sur un arbre.

- (Keunotor) Zut zut zut… ! Rentre vite au village, Salamèche !

Ordonnait Keunotor, avant de foncer à son tour au combat. Mais le type feu ne pouvait pas partir, pas comme ça. En voyant le castor se faire agrippe par le cou, il tenta d’aller l’aider. Mangriff intervint alors, le bousculant le sourire aux lèvres.

- (Mangriff) Nan, mon pote, toi tu restes à ta place !

- (Salamèche) M… Mangriff, pourquoi tu fais ça… ?

- (Mangriff) Parce que c’est ce que j’aime être, quelle question ! Ne fais pas comme si tu ne t’y attendais pas, tu savais très bien que l’exploration ne m’intéressait pas !

- (Salamèche) Alors pourquoi nous avoir rejoint !?

- (Mangriff) Parce que j’avais le choix, peut-être ? Combien de fois on m’a répété que je n’étais ici que grâce à toi, que je te devais tout, que je n’avais pas mon mot à dire quand tu prenais une décision !? Tout ce mérite qu’on te donnait, j’ai envie d’vomir rien que d’y repenser ! L’exploration est vraiment un métier d’suceur, tu m’étonnes que t’aimes ça !

Salamèche baissa honteusement la tête.

- (Mangriff) Nan mais sérieux, tu t’rends comptes de c’que t’es ? Faudra pas s’étonner, si plus personne ne voudra s’tenir ni dans les mêmes douches, ni dans la même chambre que toi ! Sale pervers, qui sait c’que tu serais capable de leur faire la nuit ? Les déviants comme toi, ils ne méritent pas de s’tenir au même niveau qu’le reste de la population ! Vous êtes malades, vous devez vous faire soigner !!

Il crispa les dents et planta ses griffes dans la terre. Ça, il ne l’avait pas fait exprès. En fait, il commençait à ne plus faire exprès de rien.

- (Mangriff) J’ai adoré profiter d’toi, tu seras sans doute l’handicapé mental le plus marrant que j’aurai rencontré dans ma vie ! Mais maintenant c’est fini, je reprends les choses en main ! Si j’ai un regret, c’est de m’être retenu ce soir-là. J’aurai dû voir jusqu’où tu pouvais aller, p’tite merde ! M’enfin, on aura sans doute l’occasion de s’recroiser, hein ?

Là, il se mit à pleurer. Salamèche pleura à chaudes larmes mais encore une fois, il ne contrôlait plus rien. Ses muscules tremblaient terriblement, l’adrénaline était maximale. Et le point d’orgue fut cet ultime effort, celui de se relever. Sauf qu’il ne l’avait pas demandé, son corps agissait à sa place.

- (Salamèche) … Tu ferais mieux de partir tout de suite…

Arriva-t-il à marmonner, se tenant debout face à lui alors que sa tête était baissée.

- (Mangriff) Hein… ? Je rêve, ou tu te crois en position de me menacer ?

Il ne répondit pas, et Mangriff se moqua à nouveau. Il s’apprêta à lui faire une pichenette, de quoi le faire tomber pour de bon. Mais à l’instant où il le toucha… le corps de Salamèche le bloqua soudainement. Ce fut un geste rapide, précis et sans retenue. Le hors-la-loi n’eut qu’à peine le temps d’écarquiller les yeux, que sa main se fit tordre dans une position anormale.

- (Mangriff) AAAAAAH !!!

Il hurla si fort qu’on entendit un bribe de sa voix à Bourg-Trésor. Et la suite ne fut pas plus fameuse pour lui. Le corps de Salamèche l’agrippa par me cou et serra férocement. Il tenta de se débattre, mais son adversaire le devança en lui empalant ses griffes dans le ventre. Là, du sang commença à gicler. Beaucoup de sang, il s’était enfoncé le plus profondément possible. Il le lâcha finalement, le laissant s’étouffer dans son propre sang qui se répandait à une vitesse folle sur le sol. Mangriff convulsait, son regard se vida et il se mit à vomir de la mousse. Le corps de Salamèche le fixa sans la moindre once d’émotion. Ptyranidur venait tout juste de se relever, il avait constaté avec horreur le geste de son ami.

- (Ptyranidur) Salamèche… ?

- (Salamèche) … Si je me battais pour eux, je devrais te tuer…

Marmonna-t-il à son adversaire. Son corps ferma lentement les poings.

- (Salamèche) … Peut-être devrais-je le faire, tu ne ferais plus jamais de mal à aucun déviant…

Et lentement, son corps se mit en position. En position de l’empaler en plein cœur. Il allait le faire, Salamèche allait tuer Mangriff.

- (Ptyranidur) SALAMÈCHE, ARRÊTE !!!

Mais la voix de Ptyranidur raisonna juste à temps dans son esprit. Il cligna deux fois des yeux et s’immobilisa un instant, constatant ce qu’il avait fait. Il fronça les sourcils, dévisageant de bas en haut sa victime… avant de lentement baisser les griffes.

Soudainement, le panda le cogna de plein fouet. Lui qui s’était occupé de Keunotor dans son coin, il s’enragea en constatant l’état de son partenaire. Il dégagea donc d’une furieuse mandale le type feu, que Ptyranidur rattrapa dans la chute.

- (Ptyranidur) J’te tiens… !

- (Salamèche) *gémissements* Désolé, j’étais ailleurs… !

- TU VAS ME L’PAYER, ENFLURE D’EXPLORATEUR !!!

Hurla-t-il d’une voix si grave qu’elle fit trembler les alentours. Salamèche se redressa, se préparant à l’encaisser du mieux qu’il le pourrait. Peut-être ne s’en sortirait-il pas, mais il devait essayer.

Le hors-la-loi chargea et finalement… personne ne se percuta. Enfin personne de prévu, car une ombre se faufila à toute allure sur le champ de bataille. Elle frappa le panda si fort qu’il s’étala lamentablement au sol avant d’atteindre sa cible. Les apprentis écarquillèrent les yeux, fouillant du regard les alentours.

- (Ptyranidur) Qu’est-ce que c’était que ça… ?

Puis, l’ombre se faufila de nouveau, cette fois pour cogner Salamèche droit dans le ventre. Il s’écria, s’agenouilla douloureusement et recracha son diner à même le sol.

- (Ptyranidur) Salamèche !! Bon sang, mais que se passe-t-il !?

- Je ne veux plus jamais le sentir.

Clama une voix stricte, sèche, froide et distante. Les regards se tournèrent vers la branche d’un arbre, sur laquelle pendait la tête en bas un étrange Pokémon. Bleu de peau, il fut couvert d’une grande cape noire et d’un bas, attaché à sa taille par une corde, épais et flexible. Il était grand et mince et semblait se servir de sa longue langue comme d’une écharpe lui couvrant le cou.

- (Ptyranidur) Quoi… ? De quoi parlez-vous !?

- Ce sentiment, éprouvez-le hors de ma forêt.

- (Ptyranidur) VOTRE forêt… ? Qui êtes-vous !?

- Le maître des lieux. Les Bois aux Pommes sont sous ma protection et je refuse de laisser un cadavre empester mon territoire. Alors partez.

Le panda se releva difficilement. Il dévisagea d’un air assassin cet étrange personnage, avant de saisir l’occasion de s’en sortir. Il emporta Mangriff sur son dos puis déguerpit hors de la forêt, hélas pour eux sans les équipements volés de la guilde. Le dinosaure les laissa s’en aller, se retrouvant déjà avec cinq partenaires et amis inconscients sur les bras.

« Le protecteur des Bois aux Pommes ». Pijako lui en parla une fois de retour à la fondation, alors qu’Eoko s’occupait de soigner Ramboum, Keunotor, Écrapince, Branette et Salamèche à l’infirmerie. Ses coutumes étaient civiles, pourtant il se prétendait sauvage. Il n’était ni amical, ni ennemi à la guilde. Tout ce qu’il souhaitait est que l’on laisse la forêt et ses habitants tranquilles. Et ce soir-là, ils comprirent qu’il était prêt à intervenir pour empêcher quiconque de commettre un meurtre dans son territoire, même celui d’un inconnu ou d’un hors-la-loi. À propos de ça, le dinosaure en révéla peut-être un peu trop :

- (Pijako) Comment ça, il s’en est aussi pris à Salamèche ?

- (Ptyranidur) Euh… et bien il a dû voir ce que Salamèche a fait à Mangriff, et… euh…

- (Pijako) Salamèche a essayé de tuer Mangriff !?

Il s’enfonçait.

- (Ptyranidur) C’est… compliqué. Mangriff venait de le trahir, en le torturant dans les douches parce qu’il… euh…

Bon, il fut bien obligé d’en parler. Pijako prit donc connaissance de tout ce qui était arrivé, depuis le retour de Mangriff. Depuis et même avant, puisque Cradopaud arriva à la fondation quelques minutes plus tard. Il était couvert de crasses, épuisé et blessé tout en ayant porté Hélédelle sur le dos pendant tout le trajet. Il s’était surpassé, pourtant il n’arrivait pas à regarder le chef dans les yeux. Toutes ces informations, il les partagea avec le maître. Et aux alentours de vingt-et-une heure, Grodoudou demanda à tout le monde de se réunir exceptionnellement dans la salle commune.

De son côté, Salamèche et les autres furent autorisés à quitter l’infirmerie. Il pouvait enfin aller se coucher et en finir avec cette abominable journée. Alors qu’ils se rhabillaient, il accepta que Ramboum, Keunotor et Écrapince reviennent sur ce qui était arrivé.

- (Ramboum) Nous sommes désolés, Salamèche. Ce que nous avons fait était complètement déplacé. On trouvait les déviants répugnants parce qu’on a été éduqué à penser ça, mais en y réfléchissant bien… cette haine n’a aucun sens.

- (Keunotor) Ouais, désolé de t’avoir forcé à… prendre ce genre de plaisir. On pensait que ça serait enfantin, rien de plus.

- (Écrapince) On comprendrait que tu ne veuilles pas nous pardonner. Après tout, notre réaction nous a rendu… vraiment détestable. Bordel, j’ai si honte…

- (Salamèche) … Je vous pardonne, les gars.

Les trois fautifs écarquillèrent les yeux.

- (Salamèche) Le plus important est de comprendre le problème, non ? Si je n’en étais pas un, je suis persuadé que j’aurai été aussi méconnaissant que vous sur le sujet. Alors ça va aller, vraiment, je ne vous en veux pas.

Leur souriait-il sincèrement, avant de leur tendre les bras pour leur prouver que tout allait bien. Ils s’enlacèrent chaleureusement, et les trois adultes se virent franchement rassurés.

- (Keunotor) T’es vraiment un bon gars, toi. J’espère que tu trouveras le partenaire idéal, à l’avenir.

- (Ramboum) Hum… même ça, ce doit être un enfer. Les déviants doivent être bien plus nombreux qu’on ne le pense, si la plupart le cachent comme toi. Je n’imagine même pas le… le niveau de confiance qu’il te faudrait pour avoir une relation sérieuse !

- (Salamèche) Je… je préfère ne pas y penser pour le moment.

- (Ramboum) Ouais, évidemment…

- (Écrapince) Maintenant que t’es tombé sur un connard comme Mangriff, tu dois être sacrément parano. D’ailleurs, est-ce que tu l’encaisses bien ? T’as pas l’air trop remonté, mais si tu veux en parler…

- (Salamèche) Non, ça ira.

- (Écrapince) Euh… ok.

- (Ramboum) Bon, les gars, que diriez d’aller piquer un bon somme ?

- (Keunotor) Ça m’va ! J’ai gardé les mômes toute la journée, j’suis lessivé !

- (Écrapince) De même, le service au bar Spinda est plus épuisant qu’une mission à l’autre bout du Continent.

- (Ramboum) Alors en route !

Ils sortirent donc tous les quatre de l’infirmerie, en direction des dortoirs. Pour cela, ils devaient passer par la salle commune, dans laquelle le maître avait regroupé tous les apprentis. Salamèche attira immédiatement l’attention, pourtant le silence était total. Tout le monde le regardait juste, l’air compréhensif et amical.

- (Salamèche) Euh… bonsoir… ?

- (Grodoudou) Coucou toi ! Comment te sens-tu ?

- (Salamèche) Fatigué, je comptais aller dormir.

- (Grodoudou) Tant mieux, tu le mérites bien !

Le silence régna un court instant.

- (Salamèche) Que… que se passe-t-il ?

- (Pijako) Nous annoncions officiellement le départ de Mangriff de la guilde, mais tu es déjà au courant.

- (Pikachu) Pas juste son départ… c’est un hors-la-loi, maintenant !

Exclama son meilleur ami en serrant les poings. À partir de là, tous les autres se mirent à chuchoter.

- (Argouste) C’est clair. Si je l’retrouve, j’lui casse la gueule… !

- (Rocabot) Et on aura une vraie raison de l’tabasser, même si je n’oublierai pas la fois où il a pissé sur mes draps… !

- (Germignon) Il est allé beaucoup trop loin, cette fois…

- (Héliatronc) Et dire que je faisais l’effort de croire qu’il avait le potentiel d’être un héros… !

- (Carabaffe) C’est qu’un bouffon, j’l’avais dit depuis l’début.

- (Riolu) *soupir* C’est désespérant.

- (Poussifeu) J’ai si honte d’être associée à lui… après tout ce qu’il a fait…

- (Salamèche) Hé, du calme… il n’a même pas réussi à voler le matériel de la guilde.

Reprit le type feu, en les interrompant dans leur cracha de venin collectif.

- (Salamèche) Pourquoi est-ce qu’il vous prend autant la tête ? Il n’est même plus là.

- (Pijako) Ils se sentent juste coupables, Salamèche. Coupables de ne pas avoir été là pour t’aider.

- (Salamèche) M’aider… ?

Demanda-t-il en reculant d’un pas.

- (Ptyranidur) … Ils le savent. Désormais, ils le savent tous.

Le type feu écarquilla lentement les yeux. Mais tout de suite…

- (Grodoudou) Il n’y a aucun problème avec ça, Salamèche. À la guilde, la norme n’existe pas.

On le rassura. Il n’avait pas à avoir honte, parce que tout le monde fut éduqué sur le sujet.

Et depuis ce jour, il décontracta les épaules. Il n’avait plus rien à cacher, il pouvait enfin se sentir comme chez lui.

- (Pijako) Bien. Pour résumer, Pandespiegle est toujours en fuite et Mangriff l’a rejoint. Il passe d’apprentis explorateur à hors-la-loi aperçu pour la dernière fois aux côtés de l’autre bonhomme. À mon avis ils resteront cachés jusqu’à trouver un moyen de quitter le Continent, alors vous pouvez partir à leur recherche mais… je préfèrerai que vous ne perdiez pas votre temps avec eux.

- (Grodoudou) Encore une fois, je tiens à vous présenter mes excuses. C’est une situation que je n’avais pas anticipée.

- (Pikachu) C’est normal, maître, certaines choses restent entre apprentis. Mangriff était louche, mais à vrai dire seul Branette l’a anticipé.

- (Branette) Tout ça pour quand même échouer…

Son ami lui tapota le dos.

- (Pikachu) T’en veux pas, mon pote !

- (Grodoudou) C’est vrai que j’évite de m’intéresser à vos histoires de cœur, nous vivons ensemble mais ça reste votre intimité. En revanche, si vous souhaitez venir m’en parler, sachez que mon bureau vous sera toujours ouvert !

- (Pijako) Moi de même, cela va de soi.

- (Ramboum) Oui… moi aussi, je suis là pour vous.

- (Héliatronc) La même ! Hé, ne restez pas seuls avec vos remords, les gars ! Faut savoir se livrer !

- (Rocabot) Ouais, carrément !

- (Poussifeu) Je suis bien d’accord !

- (Carabaffe) Moi j’m’en branle.

- (Grodoudou) Bon. Avez-vous quelque à dire à propos de Mangriff, avant qu’on lui dédie une minute de silence ?

- (Argouste) Avant qu’on aille se coucher, vous voulez dire ? Ouais, perso on s’est rencontré en même temps, avec Rocabot et Poussifeu. Ptyranidur est arrivé un peu après, donc il n’a pas pu le constater mais ce que nous on a vu… c’est qu’il avait déjà un sacré grain.

- (Poussifeu) On ne pouvait pas se douter qu’il continuerait sur cette voie. On était tous rongé par quelque chose, mais lui n’a pas voulu changer.

- (Pikachu) Il n’a pas l’âme d’un héros. On a rencontré des hors-la-loi plus empathiques que lui.

- (Keunotor) Ouais, là-dessus, on peut tous acquiescer au vu de ce qu’il foutait à la guilde, c’est-à-dire pas grand-chose.

Suite à cela, le silence régna.

- (Grodoudou) C’est tout ? Bon bon bon, je vous laisse disposer, dans ce cas. Reposez-vous bien, mes amis !

- (Ramboum) Merci, maître.

- (Pijako) Une minute ! Ramboum, Keunotor et Écrapince, restez-là deux minutes…

Bref, la guilde avait fait le point sur la situation. La guilde, certes, mais pas l’Aile Incurable. Ses deux membres étaient restés silencieux tout le long de l’échange. Cradopaud tenta d’en parler avec son coéquipier, hélas en vain :

- (Cradopaud) On a saccagé un territoire sauvage protégé ! On a certainement abattu des dizaines de sauvages en forçant l’passage, comment tu peux ne pas vouloir te remettre en question !?

- (Hélédelle) Pourquoi donc ? Nous aurions réussi notre mission, si ce salopard n’avait pas décidé de retourner sa veste aujourd’hui.

- (Cradopaud) Non, tu ne saisis pas. Hélédelle, tu ne comprends pas que jamais… au grand JAMAIS, j’aurai commis un tel crime avant ta rencontre ! Merde, j’ai… j’ai fait promettre à ma mère de ne plus jamais la décevoir, elle qui était déjà si inquiète de celui que j’allais devenir, si notre plan échouait !

- (Hélédelle) Réveille-toi un peu, il n’a pas échoué du tout ! Nous sommes à la guilde, nous bossons d’arrache-pied, nous sommes récompensés pour cela ! En d’autres termes, nous réalisons notre rêve !

- (Cradopaud) Mon rêve, c’était de m’sentir mieux ! Là maintenant, j’ai juste l’impression d’être un hors-la-loi. J’ai l’impression de n’pas valoir bien mieux qu’Mangriff…

- (Hélédelle) … Cradopaud, bien sûr que tu vaux mieux que lui. Mais tu comprends bien qu’être au sommet demande des sacrifices ? On a le pouvoir de forcer le passage, alors pourquoi s’en priver ?

- (Cradopaud) Justement. Avec un tel pouvoir, pourquoi s’abaisser à une morale aussi basse ? Personnellement, j’arrêterai d’détruire les donjons qu’nous traverserons. Il en est de même avec les sauvages, j’veux arrêter d’leur faire du mal quand ce n’est pas nécessaire.

- (Hélédelle) Et puis quoi encore, tu veux arrêter de manipuler les gueux qui nous servent de partenaires ?

- (Cradopaud) Évidemment que oui.

- (Hélédelle) Hein… ? Bon sang, mais qu’est-ce qui te prend !? Et la productivité, derrière tout ça ? Et les stats !? ET LE CV !?

- (Cradopaud) J’m’en moque, du CV. J’préfère avoir des contacts.

- (Hélédelle) Ça suffit, tu es ridicule !!

- (Cradopaud) JE suis ridicule !? À t’écouter, on dirait qu’tu serais prêt à m’troquer contre la première place !

- (Hélédelle) Bah évidemment, pauvre imbécile !!

Cradopaud écarquilla les yeux.

- (Hélédelle) Je ne suis pas là pour me faire des amis, ni pour écouter les autres geindre de leurs misérables problèmes !! Arrête tes gamineries deux minutes, on ne vit pas dans un monde féérique !!

- (Cradopaud) Sous quel prétexte ?

- (Hélédelle) Parce que je te le demande, c’est tout !!

- (Cradopaud) … Non, ça n’me suffit plus.

- (Hélédelle) Hein… ? Comment ça !?

- (Cradopaud) Nous sommes partenaires de guilde. En d’autres termes, je suis ton égal. Alors arrête de m’traiter comme ton garde du corps, Hélédelle, je n’suis plus à ta merci. J’respecte ta vision, mais j’te demanderai de n’pas juger aussi impunément la mienne. En ce qui m’concerne… avoir plus d’un ami, ce n’est pas juste un rêve. En fait… j’ai l’impression que c’est maintenant ou jamais.

L’engueulade s’arrêta là-dessus. Difficile de trouver le sommeil après ça, surtout pour Hélédelle qui redescendit de bien haut. Mais c’était nécessaire. En fait, l’équipe avait bien plus évoluée qu’elle ne l’imagina, en cette rude journée de Décembre.

Salamèche s’écroula sur son lit et laissa rapidement le sommeil l’emporter. Il cauchemarda et s’en réveilla plusieurs fois. Il s’y attendait, c’était exactement comme à l’époque où il découvrit son attirance. Il n’arrivait pas à se sortir Mangriff de la tête, évidemment, cela allait lui trotter l’esprit pendant un long moment. Bienheureusement, il n’était plus seul. Reprenant silencieusement son souffle, il fouilla du regard sa… ou plutôt leur chambre. Pikachu, Riolu et Branette dormaient paisiblement tout autour de lui. Ils le faisaient malgré ce qu’ils savaient de lui.

« - (Mangriff) Nan mais sérieux, tu t’rends comptes de c’que t’es ? Faudra pas s’étonner, si plus personne ne voudra s’tenir ni dans les mêmes douches, ni dans la même chambre que toi ! Sale pervers, qui sait c’que tu serais capable de leur faire la nuit ? Les déviants comme toi, ils ne méritent pas de s’tenir au même niveau qu’le reste de la population ! Vous êtes malades, vous devez vous faire soigner !! »

Visiblement, Mangriff se trompait. Il se trompait sur toute la ligne, et cela le réconforta. Il se rappela son rôle, celui du chef de la Dream Team. Il n’était plus seul, les autres comptaient sur lui tout comme il pouvait compter sur eux.

Il se recoucha en pensant à cela, et parvint enfin à trouver un sommeil saint.

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