Donjon Mystère - Dream Team

Chapitre 30 : L'équipe Pince-Verte

10554 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/07/2021 18:04

Le lac explosa à plusieurs endroits en même temps, et tous les observateurs furent trempés.

- (Pijako) *souffle* Quelle idée, de faire combattre un type eau dans sa zone de prédilection ?

- (Grodoudou) Ils ne seront pas toujours confrontés à leurs faiblesses, Pijako. Il faut bien qu’ils améliorent aussi leurs points forts.

- (Ptyranidur) Pauvre Salamèche, ce n’est vraiment pas son jour…

Marmonna-t-il, en le voyant morfler de nouvelles attaques aquatiques. Le mois de Novembre sonnait déjà à son premier tier, il était l’heure pour la guilde de reprendre les entraînements en duos. Ce jour-là, Salamèche fit équipe avec Rocabot, et malheureusement pour eux, le duo qui fut tiré en face tomba tout juste sur les deux membres d’une même équipe, deux Pokémon qu’ils n’avaient encore jamais abordé.

Le premier était un homme habitué aux terrains aquatiques. Il se déplaçait à toute vitesse dans l’eau, pouvait la faire imploser d’un mouvement brusque et surprendre n’importe quel autre apprentis depuis ce genre de zone. Mais il était également redoutable hors de l’eau, et il le prouva en bondissant soudainement en même temps qu’une de ses explosions, prêt à attaquer de front. Sa peau solide et rouge lui accordait une forte résistance physique, tandis que ses puissantes pinces étaient redoutées de tous. Si son regard le rendait ingénue, il ne fallait pas le sous-estimer, car Écrapince était un adversaire redoutable !

- (Salamèche) … (Sa vitesse a augmenté !?)

Salamèche tenta de l’intercepter, mais sa peau trempée semblait le rendre plus rapide que prévu. Il esquiva l’attaque de l’adolescent, puis le frappa d’un coup de pince dans le dos. Rocabot tenta d’intervenir, mais il utilisa son autre pince pour bloquer sa charge, et sa dureté surpassa celle du jeune Pokémon roche.

- (Rocabot) Aïe !! (Il est plus résistant que moi, sérieux !?)

Écrapince ne lui laissa pas le temps de réfléchir. Il pinça la queue de Salamèche, puis le tira de toutes ses forces sur son coéquipier. Les deux personnages se heurtèrent tout en s’écrasant l’un sur l’autre, quelques mètres plus loin. Le type feu se releva tout de suite, mais il lui cracha un soudain jet d’eau qu’il n’anticipa pas non plus. Il se le prit de plein fouet, et s’écroula dans l’eau, épuisé.

- (Pijako) Salamèche est hors-jeu !

- (Ecrapince) À toi, Héliatronc !!

Cria-t-il d’une voix peu grave, mais assurément déterminée. Il s’était occupé du type feu, donc désormais, sa partenaire de type plante ne risquait plus rien. Elle bondit depuis les arbres entourant le lac, s’étant propulsée avec une liane créée de ses propres mains.

- (Germignon) … (Elle sait faire ça toute seule en aussi peu de temps ? Impressionnant… !)

- (Rocabot) … (Merde, les deux ont l’avantage type sur moi !)

Il n’eut pas même le temps de penser à une stratégie. Héliatronc, ce Pokémon vert aux pétales jaunes, avait une tête de fleur ensoleillée. Mais il ne fallait pas se fier aux apparences, car son comportement était tout autre, surtout en combat.

Elle créa une nouvelle liane en plein vol, avant de faire un salto avant et de réattérir pile sur les pinces de son partenaire, qui la propulsa de toutes ses forces vers leur adversaire.

- (Pijako) Wow, quelle coordination exemplaire !

- (Rocabot) Tant pis, je tente le tout pour le tout !

Rocabot fonça tête baissée, se préparant à frapper d’un coup de boule celle qui se précipitait à toute vitesse sur lui. Mais cette dernière lui afficha un air si menaçant, qu’il prit peur avant de l’atteindre.

- (Héliatronc) Prends ça !!

D’un simple mouvement, elle l’enroula avec sa liane avant de lui attraper le crâne, de le plaquer au sol et de le traîner sur plusieurs mètres, cherchant la perte de vitesse grâce à cela. Finalement, elle l’acheva sans l’avantage type, mais seulement grâce à ses capacités au combat rapproché. Elle le piétina avec le sourire, puis prit une posture victorieuse aux côtés d’Écrapince, tous deux victorieux de cet affrontement mensuel.

- (Pijako) Écrapince et Héliatronc, l’équipe Pince-Verte, emporte cette confrontation !!

 

L’histoire de la Dream Team – Chapitre 6 : L’équipe Pince-Verte

 

Sur le chemin du retour, Rocabot tapota de quelques coups de tête le chef de la Dream Team.

- (Rocabot) Gros nul ! Elles étaient où, tes stratégies !?

- (Salamèche) Désolé, ah ah, je n’avais pas imaginé tomber face à des adversaires aussi redoutables ! En fait, je suis satisfait de cette défaite.

Disait-il, en sortant son rappelle-tout et en cherchant de nouvelles pages à annoter.

- (Salamèche) J’en ai tant appris, aujourd’hui !

- (Rocabot) Pff… ! C’est pas marrant, de perdre avec toi.

Salamèche tourna son regard vers Écrapince, seul et pensif.

- (Salamèche) Salut ! Encore bravo pour ta victoire !

Ce dernier releva les yeux vers lui, surpris mais peu enjoué.

- (Écrapince) … Merci.

- (Salamèche) Merci à toi, pour ne pas t’être retenu.

- (Écrapince) Parce que vous êtes jeunes ? Foutaise, je ne suis pas aussi faible d’esprit que Ramboum ou Keunotor. Si vous avez été accepté à la guilde, alors il faut croire qu’il ne faut surtout pas vous sous-estimer.

- (Salamèche) Oui, je le pense aussi. En revanche, ce n’est pas très sympa pour l’équipe Contre-Coup…

- (Écrapince) Pourquoi je chercherai à être sympa avec d’aussi faibles coéquipiers ?

- (Salamèche) Euh… (Wow, pas très amical…)

- Enfin, c’est comme ça que tu t’fais des amis !?

Exclama sa partenaire d’équipe, avant d’entrer dans la conversation comme elle plongerait dans une gigantesque piscine privée. Héliatronc entra en scène, l’air opposé à celui du crabe solitaire. Son visage éclairait celui des autres, son ton les motivait par défaut.

- (Héliatronc) Salamèche, c’est ça ? Ravie d’enfin faire ta connaissance !

Exclamait-elle, en lui tendant une liane qui lui servait de main. L’adolescent la lui serra en rigolant.

- (Salamèche) Ah ah, moi de même ! Dommage qu’il fallut attendre que tu nous exploses en combat. (Elle, elle est beaucoup plus sociable !)

- (Héliatronc) Désolée pour ça, d’ailleurs. Mais Écrapince a raison, c’était hors de question d’vous ménager !

- (Salamèche) Et vous aviez bien raison ! Tu as une maîtrise excellente de tes lianes, j’aimerai beaucoup en apprendre plus.

- (Héliatronc) J’vois ça ! Moi qui m’demandais pourquoi t’avais toujours la tête plongée dans ton carnet, je crois commencer à comprendre !

- (Salamèche) C’est mon rappelle-tout, il me permet… de progresser, tout simplement. Je ne serais rien, sans lui.

Il le maintint fermement, en le regardant d’un air nostalgique.

- (Héliatronc) C’est mignon.

- (Écrapince) C’est surtout stupide. Si tu as besoin d’un outil extérieur pour devenir explorateur, c’est que tu n’en es pas di… !

La type plante le frappa avant qu’il ne puisse finir sa phrase.

- (Écrapince) Aïe… !

- (Héliatronc) Un peu de respect, la pince indolore !

- (Salamèche) Ça va aller, je suis habitué. Dis, tu voudrais bien qu’on parte en mission ensemble, un de ces jours ? Je sens que je n’ai découvert qu’une infime partie de tes capacités.

- (Héliatronc) Ouais, carrément ! Moi aussi, ton cas m’intrigue ; ça m’intéresserait de comprendre pourquoi le maître vous a sélectionné. Tu seras d’la partie, Écrapince ?

- (Écrapince) Hum… ? Ouais… (La raison ne peut être censée…)

Marmonna-t-il, en détournant le regard.

- (Héliatronc) Excuse-le, il est un peu… à l’ouest.

- (Salamèche) Là aussi, je suis habitué.

Disait-il, en pensant à Riolu. Rocabot le regarda avec le sourire, constatant que quand cela concernait l’exploration, Salamèche devenait plus sociable que lui.

La guilde rentra à la fondation, pile quand Eoko termina de préparer à manger. Tout le monde dégusta, puis fut en temps libre jusqu’à la reprise des activités. Salamèche fonça directement à l’orphelinat, s’en dédiant une grande partie de son temps libre.

Carabaffe, de son côté, passa devant la chambre de l’équipe Contre-Coup, les mains dans les poches et jetant quelques regards simples. Il semblait vouloir parler à Ramboum depuis quelques temps, et l’apprentis de type normal l’avait bien remarqué. Mais il se doutait qu’il ne faisait pas le premier pas à cause de son attitude de solitaire. Vu qu’il était seul, ce fut le moment où jamais, alors il l’interpela.

- (Ramboum) Carabaffe, attends.

Le type eau s’arrêta.

- (Ramboum) Viens par-là.

- (Carabaffe) Tu m’prends pour ton Ponchien !?

- (Ramboum) Quoi ? Tu ne cherches pas à me parler en privé ?

Un silence se créa. Le type eau scruta les alentours, avant de s’enfermer dans la chambre de son interlocuteur.

- (Carabaffe) Comment tu sais ?

- (Ramboum) Tu as beaucoup changé, depuis ton affrontement face à Salamèche.

- (Carabaffe) Tu n’sais rien de moi, connard !

- (Ramboum) Suffisamment pour comprendre que ton regard a changé de direction, depuis ce jour. Tu ne vises plus l’horizon seul, tu te mets à analyser ton entourage.

- (Carabaffe) …

- (Ramboum) Tu deviens comme lui.

- (Carabaffe) Ferme-là, je ne m’inspirerai jamais de lui !

- (Ramboum) Je ne fais que le constater. Faire le premier pas doit être affreusement difficile, heureusement que c’est vers moi. Les autres apprentis ne seront pas aussi amicaux.

- (Carabaffe) Tu veux une médaille !? Putain, je m’obstine peut-être pour rien, et toi t’en profite pour me foutre la honte…

- (Ramboum) Nous sommes seuls, il n’y a aucune honte à avoir.

Il s’installa en tailleur, et invita l’adolescent à en faire de même.

- (Ramboum) Je sais de quoi tu veux me parler. Eh oui… j’ai aussi eu des visions terrifiantes, le jour de mon évolution.

Carabaffe écarquilla les yeux, comprenant qu’il avait tout de suite été cerné par celui à qu’il croyait cacher des choses. Il commença à apprendre, ce jour-là, que les autres n’étaient pas que des obstacles…

De son côté, Salamèche amena les enfants de l’orphelinat sur la plage du continent. Il était leur gérant depuis plus de deux semaines maintenant. Le mois de Novembre suivait son cours, le climat s’était fortement adapté. Il n’était plus possible de se baigner dans la mer, mais les petits trouvaient tout de même le moyen de s’amuser ensemble.

Gruikui demanda ensuite à son gérant de poursuivre leur entraînement personnel, et ce dernier accepta. Depuis deux semaines, Salamèche entraînait chaque jour le petit à développer ses pouvoirs. Cracher des petites flammèches par le groin, c’était le principal objectif du cochon orphelin. Et même si l’adolescent ne maîtrisait qu’à peine toutes les capacités que lui offraient ses pouvoirs, il avait appris à centrer ses flammes en un seul point et sans se détruire le corps, il avait appris à cracher des boules de feu. Alors il fit pratiquer le même entraînement, remplis de conseils avisés et chaleureux pour son élève qui n’avait pas à souffrir comme lui. Il était hors de question que cela arrive, quitte à ce que l’entraînement prenne deux ou trois fois plus de temps.

Ce jour-là, alors que Bulbizarre et Tarsal discutaient tranquillement au bord de la mer, un point assombri se créa au milieu de l’espace bleu.

- (Bulbizarre) Euh… Monsieur Salamèche ?

Le type feu n’eut qu’à peine le temps de percevoir le point, que ce dernier explosa brutalement. Cela créa de fortes vagues, qui heureusement ne touchèrent que celui qui s’élança pour protéger les deux petits, c’est-à-dire Gruikui.

- (Vivaldaim) Gruikui !!

- (Salamèche) … (Quoi !? Il a été plus rapide que moi, sur ce coup !)

- (Bulbizarre) Grui, ça va !?

- (Gruikui) Ouais, ah ah… !

Exclamait-il en tremblotant. L’eau salée, mais surtout gelée de la mer lui parcourait le corps, et l’adolescent se dépêcha de le recouvrir d’un vêtement sec, pour le protéger.

- (Bulbizarre) Tu… t’es trop fort !

- (Tarsal) Effectivement. Superbes réflexes, grand frère.

- (Gruikui) Une minute… tu m’as appelé comment, Bulbizarre ?

- (Bulbizarre) Hein ? Euh… Grui ? C’était plus rapide et ça te va bien…

Il baissa la tête de honte.

- (Bulbizarre) Mais si t’aimes pas…

- (Gruikui) Euh… je ne sais pas, personne ne m’avait encore jamais appelé comme ça.

- (Tarsal) Moi, ça me plaît. Grui, c’est choupi !

- (Vivaldaim) Ah ah, j’avoue ! Grui le cochon incapable de cracher du feu par le groin !

Les trois enfants rigolèrent.

- (Gruikui) Hé, fermez-là, ce n’est qu’une question de temps avant que je n’y parvienne !!

Salamèche les regarda avec le sourire, avant de se tourner vers l’auteur de cette incident. Deux corps sortirent de l’eau : celui d’un hors-la-loi inconscient, et celui de l’apprentis qui avait dédié son temps libre à son arrestation : Écrapince.

- (Salamèche) Hé, tu aurais pu faire attention !

Le type eau ne le regarda même pas. Il traina sa victime sur le sol, et rentra sans se retourner à la fondation.

- (Gruikui) Pas très cool ce type, maître.

- (Salamèche) … Ouais.

La journée se termina, et le type feu fut surpris par l’énergie positive que dégageait la guilde, en rentrant à son tour. Héliatronc avait aidé Eoko à préparer le diner, et ce fut visiblement plus une scène d’amusement qu’un véritable défi. Tout le monde semblait vraiment passer un bon moment dans la salle à manger, et ce malgré les différentes altercations qu’il put y avoir ces derniers temps. Carabaffe aussi souriait, et ce fut peut-être le plus grand des exploits d’Héliatronc : sa positivité et son tact naturel arrivaient à réunir tous les membres de la guilde.

- (Héliatronc) Salamèche ! On s’le fait demain, notre exploration en trio ?

- (Salamèche) Pas de soucis.

- (Germignon) Excusez-moi, est-ce que je pourrai vous accompagner ?

Demanda poliment la type plante de la Dream Team, en s’approchant avec un verre de jus de baie entre sa chevelure.

- (Héliatronc) Si t’es prête à en découdre…

- (Germignon) Évidemment !

- (Héliatronc) Alors t’es la bienvenue !!

Criait-elle en toute honnêteté. Voilà comment elle arrivait à transmettre cette bonne-humeur, Salamèche l’annota.

De son côté, Carabaffe partit se coucher plutôt. Il avait discuté toute la journée avec Ramboum, partant pour la première fois en mission avec quelqu’un d’autre qu’un membre de la Dream Team. Alors que les deux personnages s’étaient élevés ardument jusqu’au sommet d’une haute montagne, ils continuèrent d’échanger sur leur vision.

 

- (Carabaffe) Et si c’était réel ?

- (Ramboum) Pourquoi ça ne le serait pas ? Ces événements ne s’inventent pas.

- (Carabaffe) … Alors pourquoi personne ne fait jamais rien pour tenter de les résoudre ?

- (Ramboum) C’est très personnel, Carabaffe, je pense que beaucoup ont déjà tenté d’y faire quelque chose. Dans nos cas, nous sommes remontés jusqu’à notre naissance. C’était il y a plus d’une décennie pour toi, et deux pour moi, imagine tout ce qui a pu arriver depuis ce jour.

- (Carabaffe) …

- (Ramboum) Je préfère penser… qu’il vaut mieux passer à autre chose.

- (Carabaffe) Je vois… (Mais je ne suis pas d’accord.)

 

Pour la première fois, il écoutait attentivement et arrivait à comprendre l’un de ses rivaux. Il arrivait à se mettre à sa place, et à en tirer une finalité vis-à-vis de son vécu. Ce n’était qu’un début, mais une première étape admirablement bien réussie pour ce Pokémon de nature si solitaire. Il se coucha donc plutôt que ses camarades, faisant le point sur cette journée si enrichissante. Il comprit qu’il n’obtiendrait de tels résultats qu’en allant de l’avant, qu’en s’ouvrant aux autres.

Le lendemain, L’équipe Pince-Verte partit en mission avec deux des membres de la Dream Team. Salamèche emporta son rappelle-tout, et Germignon demanda à plusieurs reprises de le scruter, sur le trajet vers la Falaise Trempée.

- (Germignon) As-tu une section dédiée aux types plante ?

- (Salamèche) Pas vraiment, je note tout ce qui me passe par la tête… Dis, que cherches-tu à faire, exactement ?

- (Germignon) Impossible de passer à côté de la performance d’Héliatronc, lors de l’entraînement dans la Zone de Victoire. Cette capacité à créer des lianes aussi solides, de soi-même et aussi rapidement, ça m’impressionne !

- (Héliatronc) C’est pour ça que t’es venues avec nous aujourd’hui ? Ah ah, fallait l’dire plutôt, ma grande ! J’ai mis des mois à perfectionner cette technique, après, j’avais huit ans.

- (Germignon) Quoi !?

- (Héliatronc) Je suis une membre de la communauté Héliatronc, dans la jungle du continent Ouest. Grandir dans un terrain aussi propice à l’exploration, c’était presque mon destin de me retrouver ici, à la guilde pour en faire mon métier !

- (Salamèche) Les… communautés ?

- (Germignon) Ce sont des groupes d’une seule espèce qui vivent éloignés de la civilité.

- (Salamèche) Justement, la guilde n’est-elle pas inadaptée à vos coutumes ?

- (Écrapince) Ils ne sont pas sauvages pour autant, imbécile !

Un silence se créa.

- (Germignon) Wow…

- (Salamèche) Désolé, mon manque de culture est pitoyable…

- (Héliatronc) Tu n’as pas totalement tort, ma famille était contre mon départ. À vrai dire, j’étais un électron libre à la mémoire bien courte. Mon manque de maturité les consternait, ils pensaient que j’allais finir par les renier, convertie par cette « société de malheureux hypocrites ».

- (Écrapince) Les communautés sont respectables, elles s’éloignent simplement d’un système de penser et de vie qu’elles ne partagent pas. Les autres inadaptés deviennent des criminels, il suffit de voir la DDR. Ces salauds ont disparu aussi rapidement que leurs idéaux stupides.

Salamèche et Germignon s’échangèrent un regard perplexe, ils savaient que c’était faux.

- (Héliatronc) Bref, je peux peut-être t’apprendre deux trois trucs sympas, sur nos pouvoirs. Quand t’as la technique, tu progresses à une vitesse folle.

- (Écrapince) Tu n’utilises jamais tes pouvoirs, pourquoi ?

- (Germignon) Eh bien… je ne sais que créer de petites lianes de rien du tout. En fait, partons du principe que je ne les maîtrises pas, tout simplement. Je ne souhaite pas faire de l’exploration mon métier, alors je ne cherche pas à être aussi expérimentée que vous.

- (Écrapince) Et tu oses faire partie des membres de la guilde ? Vos âges ne justifieront pas toujours votre médiocrité.

Le groupe s’arrêta à l’entrée de la zone.

- (Héliatronc) Écrapince…

- (Salamèche) Excuse-moi, mais… c’est quoi, ton problème ?

- (Écrapince) Mon problème !?

- (Salamèche) Entre ça et ce que tu as fait hier, il faut croire que tu ne fais pas la différence entre ne pas nous traiter comme des gosses, et nous insulter à tout bout de champ !

- (Écrapince) Je décris ce que je vois : des gosses, dont une qui vole la place de nombreux autres qui auraient voulus vivre de l’exploration !

- (Germignon) …

- (Salamèche) Ils n’avaient qu’à être meilleurs. En attendant, c’est la Dream Team qui fut choisie.

- (Écrapince) Ce fut une erreur.

- (Salamèche) Tu n’en as aucune idée.

- (Héliatronc) Ça suffit, Écrapince !

La puissante voix de sa coéquipière régna sur toutes les autres, et l’attention se porta sur elle.

- (Héliatronc) Si c’est pour agir comme ça en équipe, alors agis seul !

- (Écrapince) … Bien.

Il s’enfonça dans la Falaise Trempée, seul. Héliatronc soupira, puis présenta ses excuses. Ils ne l’accusèrent de rien, et partirent de leur côté à la recherche du hors-la-loi du jour : un certain Soporifik.

De son côté, Écrapince fonça à toute vitesse. C’était une zone très humide, brouillardeuse, ouverte et dans laquelle beaucoup de lacs comblaient les environs. En d’autres termes : son terrain de prédilection. Déterminé à prouver sa supériorité, il utilisait toutes ses capacités et se faisait remarquer par tous les sauvages environnants. Perturbant leur lieu de vie, quelques-uns d’entre eux lui sautèrent dessus, mais aucun n’arriva à sa cheville.

Après un bon quart d’heure de recherche, il sortit des lacs, récupérant son souffle en défoulant sa haine sur le paysage.

- (Écrapince) Pour qui se prennent-ils, bordel !? Des gosses, sérieux, je suis confronté et mis sur le même pied d’égalité que des gosses !! Après tout ce que j’ai vécu… !

Mais soudainement, un projectile lui fonça droit dessus. Il l’esquiva de peu, et visa tout en se redressant le Pokémon sauvage qui l’avait attaqué. Il toucha de plein fouet, observant qu’une étrange aura rose se dégagea de ce dernier à son évanouissement. Perplexe, il s’approcha. Alors qu’il arriva face à lui, un groupe de sauvages, tous entourés par cette même aura rosée, l’encerclèrent telle une proie. Le type eau se mit en garde, enragé.

- (Écrapince) Qu’est-ce que vous manigancez !? Qu’est-ce que c’est que cette chose !?

- Fu fu fu… tu es bien naïf, pour un Lucario solitaire !

Et une puissante attaque le frappa dans le dos.

Au même moment, le trio décida de s’arrêter faire une pause.

- (Héliatronc) Bon, on doit avoir parcourus une première bonne moitié du territoire.

- (Germignon) Oui, la Falaise Trempée n’a une superficie que de deux kilomètres, et nous avons déjà bien avancé.

L’adulte lui afficha un sourire à la foi gêné et impressionné.

- (Héliatronc) Punaise, t’as une sacrée mémoire, toi !

- (Germignon) Non, j’apprends juste les cours de Pijako.

- (Héliatronc) Wow. Tu m’étonnes que tu ne veuilles pas devenir exploratrice. Avec un tel sérieux, tu as un avenir bien plus sûr tout tracé.

- (Germignon) Merci, ah ah…

- (Héliatronc) … Encore navré, pour ce qu’il t’a dit. Écrapince est à la fois très timide, et très sanguin. Il a appris à porter une haine sanglante envers tout ce qui le déplaît depuis un moment maintenant.

Elle se tourna vers Salamèche.

- (Héliatronc) Que s’est-il passé, hier ?

- (Salamèche) Pas grand-chose, il m’apparait juste centré sur lui-même… quitte à mouvementer, voir blesser ceux qui l’entoure.

- (Héliatronc) Bon sang…

Elle s’affala, l’air navrée, sur un rondin de bois.

- (Héliatronc) Il a vécu un événement familial atroce, j’aurai dû me douter que la guilde n’était pas… enfin pas encore faite pour lui. Bref, ça ne vous intéresse pas…

- (Salamèche) Si, bien sûr.

Le type feu s’installa en face d’elle, son rappelle-tout grand ouvert à une page encore vierge.

- (Salamèche) Ce carnet ne me sert pas qu’à la stratégie. Il me permet de mieux comprendre mon entourage, de ne pas attaquer là où ça fait vraiment mal.

- (Héliatronc) C’est louable à toi. Et il est vrai que son histoire est assez unique.

- (Germignon) Il a subi une trahison ?

- (Héliatronc) Non, c’est lui qui a trahis.

 

- ATTAQUEZ !!!

Les hurlements déterminés du chef comblaient, puis se firent surpasser par l’avalanche d’explosions qui s’affalait sur la jungle du continent Ouest, un beau jour de l’âge 229. Depuis plusieurs heures maintenant, le clan des crabes, géré par le grand, imposant et intimidant Colhomard, envahissaient ce territoire sauvage. Ils en avaient officiellement le droit, car la constitution le permettait selon l’article quatrième :

« Tout ce qui n’est pas civil est protégé, mais toute revendication d’exploitation de ces territoires peut être accordée selon les raisons explicitées. Cependant, l’échec n’est pas subventionné. Si la colonisation échoue, les acteurs perdront leur droit d’exploitation. Si des dégâts matériels ou Pokémon sont concrétisés, volontairement ou non, aucune poursuite judiciaire ne sera prise en charge. »

En d’autres termes, une fois la colonisation entamée, ses acteurs étaient livrés à eux-mêmes. Ils avaient le droit d’abattre, mais n’avaient celui de se plaindre d’être abattu. Et pour Colhomard, seule la première partie comptait. Si sûr de lui, il était certain d’avoir les capacités, mais surtout les équipements nécessaires pour éradiquer la communauté Héliatronc. Son objectif était de se servir de leurs ressources pour y bâtir de nouvelles usines de production d’armements, connu et payé pour cela par le gouvernement de Param-les-Vents.

Hélas, tout ne se passa pas comme prévu.

Les équipements servaient à diminuer, voire annuler l’avantage type de leurs adversaires et, de ce principe-ci, tout commença si bien pour eux. Ils éliminèrent les plus féroces remparts de la communauté, puis commencèrent à s’attaquer à ses membres les plus faibles. Une remarquable Héliatronc se défendait bien, arrivant à protéger sa famille coûte que coûte, mais la supériorité numérique adverse la domina rapidement.

Cependant, alors qu’ils s’apprêtaient à l’abattre, un nombre inimaginable de Pokémon sauvages sautèrent férocement sur les colonisateurs. Ils étaient des centaines, tous vivants dans la jungle, tous se battant cœurs et âmes pour protéger la communauté qu’ils semblaient respecter plus que tout. Et ensemble, ils parvinrent à diminuer fortement le nombre de l’adversité, quitte à renverser l’avantage de la supériorité numérique.

Mais la civilité reprit lentement le dessus. Ils avaient été surpris, mais restaient malgré tout des soldats surentraînés et équipés. Comprenant que Colhomard était le dernier de ses hommes à pouvoir se battre, il commença à terminer le travail et acheva encore quelques membres de la communauté. Puis il se retrouva face à Héliatronc, blessée, mais prête à se sacrifier pour son peuple. Il s’apprêta à l’achever, lorsque soudainement… une lance le transperça le ventre. Sa coquille avait explosé, le sang giclait à flot et, dans un dernier élan de force, Colhomard tourna son regard vers l’auteur conscient de son geste.

- (Colhomard) … Mon… mon fils… ?

Écrapince le regarda s’écrouler, l’air indifférant.

- (Colhomard) Tu… *tousse* as trahis ton peuple… !

- (Écrapince) …

- (Colhomard) Que… *dernier souffle* le diable t’emporte… !

Les colonisateurs furent vaincus, et personne n’avait le droit de s’en plaindre. Écrapince s’effondra à son tour, et le reste de la communauté Héliatronc reprit définitivement le dessus. Ils achevèrent un à un les soldats, mais arrivé au tour du petit crabe rouge, la type plante le protégea.

- Que fais-tu ? Il doit périr, comme le reste de son peuple de lâche !

- (Héliatronc) Non, lui est différent. Il m’a sauvé la vie.

- Ne te fais pas avoir, mon enfant.

Exprima le chef de la communauté, tout en s’approchant en titubant.

- Nous ne pouvons pas faire confiance aux civilisés, la haine et la soif de pouvoir les consume.

- (Héliatronc) Dans ce cas, il va falloir me dire ce qu’il y avait dans son regard, au moment où il m’a sauvé la vie. Que vous soyez d’accord ou non, je le sauverai.

- C’est un acte de trahison.

- (Héliatronc) Je m’en moque.

Voilà ce qui se déroula dans la jungle du continent Ouest en 229.

 

Voilà l’histoire qu’écoutèrent attentivement et d’un air bouche bée Salamèche et Germignon.

- (Germignon) Mon dieu…

- (Salamèche) Mais… tu as aussi commis un acte de trahison ?

- (Héliatronc) Oui, mais ce sont surtout des mots. La communauté a voulu se débarrasser de moi un temps, avant que ma famille ne les convainque de me réintégrer. Mais honnêtement, je m’en moquais sincèrement. Depuis toute petite, je suis passionnée par l’exploration au sens littéral, j’étais destiné à quitter la jungle.

- (Germignon) Je suppose qu’ils n’étaient pas du même avis.

- (Héliatronc) Ils m’ont encore plus renié, le jour où j’ai annoncé mon départ. Mais c’était prévisible, alors j’ai demandé à Écrapince de m’emmener avec lui.

- (Salamèche) Tu lui faisais déjà confiance ? Il… il a assassiné son père…

- (Héliatronc) Il était dans ses droits.

- (Salamèche) Droit ou pas, c’est ignoble. Tu restes le même, que t’abattes dans les règles ou non un Pokémon. Bon sang, ça ne devrait pas être permissible, cette constitution permet vraiment n’importe quoi !

- (Héliatronc) Il en était terrorisé, crois-moi. Une fois l’adrénaline passée, ce sont des nuits d’angoisses entières qu’il vécut. Il perdait foi en ce monde, il trouvait n’importe laquelle de nos rencontres hypocrite, il était constamment anxieux et perdait tout le temps confiance en lui.

- (Germignon) Ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. Tu m’étonnes qu’il ne blaire pas l’idée qu’on soit au même rang social que lui. Ceci-dit… il reste vexant.

- (Salamèche) Et pourquoi t’a-t-il aidé ?

- (Héliatronc) … Je ne sais pas.

Un long silence commença à régner, les trois personnages gardèrent tous leur tête baissée. Puis Héliatronc soupira, avant de se relever d’un sourire aux lèvres.

- (Héliatronc) Allez, on n’avancera pas en restant planter là !

- (Salamèche) Par où partons-nous ?

- (Héliatronc) On reste là.

- (Salamèche) … ?

Elle se tourna vers Germignon.

- (Héliatronc) Je suis prête à t’apprendre à faire des lianes !

- (Germignon) C’est vrai, maintenant !? Euh… merci beaucoup, mais Salamèche…

- (Salamèche) Prenez votre temps, je vais me dégourdir un peu plus loin.

Et le trio se sépara. Même s’il n’approuvait pas l’histoire qu’il venait d’entendre de lui, le type feu resta inquiet pour Écrapince, qu’il commença à chercher seul dans tout ce brouillard. Il pouvait se le permettre, car la flamme au bout de sa queue le rendait visible de loin. Mais justement, Soporifik l’aperçu également.

Après un bon quart d’heure de recherche, l’adolescent soupira en s’assoupissant contre un arbre.

- (Salamèche) … (J’ai l’impression de tourner en rond. Certaines zones de ce continent me font perdre mes repères malgré tout, c’est impressionnant.)

C’est alors qu’il sentit une présence proche de lui. Il resta immobile un instant, faisant mine de rien n’avoir anticipé. Le hors-la-loi, sûr de lui, bondit alors en pensant le surprendre. Mais au dernier moment, Salamèche se retourna tout en lui infligeant une puissante droite en pleine joue.

- (Salamèche) Trouvé !!

- (Soporifik) … (Quoi !?)

Il ne le laissa pas respirer : à l’instant où le type psy s’écrasa à terre, le type feu lui cracha une boule de feu en plein ventre, le projetant encore plus avec toute une ruée de boue et de fumée qui lui boucha la vue. Le hors-la-loi utilisa ses pouvoirs pour libérer sa vue, mais son adversaire avait eu le temps de le contourner pour l’attraper par le col, le soulever et brutalement le plaquer au sol.

De leur côté, les filles entendirent la puissance de l’impact.

- (Germignon) Qu’est-ce que c’était que ça ?

- (Héliatronc) Concentre-toi, tu y es presque !!

- (Germignon) Oui, pardon… !

Elle recentra son attention sur le bout de terre. Depuis plusieurs mois maintenant, elle avait commencé à apprendre à maîtriser ses pouvoirs. Elle réussissait à créer des petites lianes sortant du sol pour s’agripper à ce qu’elle souhaitait, mais c’était encore très limité. Héliatronc avait compris que son corps ne pouvait pas directement produire comme le sien, alors elle décida de centrer ses capacités uniquement sur la terre ferme, comme ce que tous types plantes pouvaient normalement faire. Et après seulement un bon quart d’heure de concentration, le manche d’une arme un peu mal formé sortit de l’herbe.

- (Héliatronc) Excellent ! Vas-y, dégaine !

Elle s’exécuta, et tira puissamment avec sa chevelure cette première et nouvelle arme… qui se brisa immédiatement au manche.

- (Germignon) Q… quoi ?

- (Héliatronc) Ah ah, félicitation !

- (Germignon) Je suis censée être fière de moi… ?

- (Héliatronc) Tu t’attendais à tirer Excalibur du premier coup ? Tu perfectionneras tes outils avec de l’entraînement. Mes lianes ne me permettaient pas de me balader telle une voltigeuse tout de suite, j’ai dû apprendre à les solidifier. Ça m’a pris… environ une semaine, je dirais.

- (Germignon) *soupir* T’es vraiment trop forte, c’est décourageant, ah ah… Merci beaucoup, en tout cas.

- (Héliatronc) Si tu as vraiment envie de te renforcer rapidement, je peux t’entraîner jusqu’à ce que tu y parviennes franchement.

- (Germignon) Je ne vois pas pourquoi je refuserai, tu es une excellente professeure.

- (Héliatronc) Merci, c’est sympa…

Disait-elle plus doucement tout en baissant la tête, se rendant compte de l’effet que faisait d’être maître de la progression d’un autre Pokémon. Elle qui se sentait éloigné des types plantes depuis le départ de sa communauté, cette journée lui réchauffa le cœur. Mais il n’y avait pas de temps à perdre, ni d’émotion trop intime à exprimer en mission ; elle bondit sur elle-même, et pointa du doigt la source du puissant impact qu’elles venaient d’entendre.

- (Héliatronc) Allez, nous avons une mission à terminer !!

- (Germignon) Ouais, allons-y ! (Elle est vraiment très impressionnante !)

Revenons-en à Salamèche, qui venait de plaquer Soporifik à terre. Ce dernier n’arrivait pas à utiliser ses pouvoirs psychiques, l’adolescent lui bloquait les mains dans des directions sûres. Il tentait de se débattre, mais l’entraînement de l’apprentis lui permettait de ne plus être affecté par la force de l’âge.

- (Soporifik) Merde !!

- (Salamèche) Soporifik, vous êtes en état d’arrestation pour utilisation trop abusive de vos pouvoirs ! La guilde m’a informé de vos capacités, vous n’avez aucune chance !

- (Soporifik) La guilde recrute des mioches, maintenant !?

- (Salamèche) Ça ne change que le degré de votre humiliation !

- (Soporifik) Ça n’fera surtout qu’alourdir ma peine, quand il te découpera en rondelle sous ma juridiction ! LIBÈRE-MOI !!

Et soudainement, un puissant jet d’eau projeta très brusquement l’adolescent loin, très loin du hors-la-loi qu’il venait d’arrêter. Il s’écrasa contre un arbre et toussa à terre quelques secondes, troublé par cette violente attaque super efficace qu’il était certain de s’être déjà pris. Le type psy se releva, pendant que son nouveau pantin marchait à ses côtés. Il était entouré d’une aura rose, son visage était crispé, si crispé qu’il semblait terriblement humilié malgré sa belle performance. Salamèche se redressa lentement, constatant avec dégoût la situation.

- (Salamèche) Écrapince… !

- (Écrapince) … !!

Il ne pouvait pas parler, mais semblait faire de son mieux pour résister au contrôle mental adverse.

- (Soporifik) Les civilisés sont si difficiles à contrôler, que j’ai dû abandonner tous les sauvages pour me centrer uniquement sur lui. Mais regarde-moi ça, une arme musclée et précise, que demander de plus !?

- (Salamèche) Je sais comment ce pouvoir fonctionne, qui crois-tu impressionner… ? Écrapince, tu peux te libérer !

- (Soporifik) Fais-lui fermer sa grande gueule.

Et soudainement, le type eau se projeta droit sur sa cible. Il tenta de cogner le type feu d’une pince en pleine tête. Ce dernier l’esquiva de justesse, frôlant une mort certaine. Il le comprit en voyant l’arbre sur lequel il avait été projeté se couper en deux sous la pression de l’apprentis contrôlé.

- (Salamèche) … (Merde, c’est vraiment très dangereux ! Quand un Pokémon est contrôlé mentalement, il s’exécute selon toutes ses capacités. En d’autres termes, Écrapince se déplace constamment à fond !)

Il vit à nouveau son visage affreusement crispé.

- (Salamèche) … (Il n’a pas seulement honte, il souffre terriblement !)

- (Soporifik) Qu’attends-tu, ACHÈVE-LE !!

Le crabe se déplaça à nouveau à toute vitesse, sautant et s’écrasant sur le corps affaiblie de sa victime. Il commença à l’enchaîner de coups de pinces, et leurs duretés ne furent pas encaissées par le type feu. Il en bloqua une, difficilement une deuxième, puis fut submergé par la violence physique de son adversaire.

- (Salamèche) … (Il est… trop fort… !!)

- (Écrapince) … (Arrête !! BORDEL, ARÊTE ÇA TOUT DE SUITE !!!)

- (Soporifik) Parfait, c’est excellent !! Maintenant, TUE-L… !

Mais soudainement, une puissante liane s’agrippa tout autour du corps de Soporifik.

- (Soporifik) Hein… ?

Il se retourna, et vit Héliatronc qui, d’un cri de détermination, le tira de toutes ses forces vers lui.

- (Soporifik) AAAH !!! Imbécile, aide-moi !!

- (Héliatronc) Pour qui… !

Elle l’attira suffisamment d’un coup, pour lui en infliger un deuxième en pleine mâchoire, si puissant qu’il s’envola droit dans les airs.

- (Héliatronc) TU TE PRENDS !?

Écrapince allait assommer Salamèche, lorsqu’il se retourna pour exécuter les ordres de son maître. Le type feu était trop blessé pour parler, il ne pouvait prévenir immédiatement Héliatronc de l’arrivée à toute vitesse de son partenaire d’équipe. Il savait parfaitement comment ce pouvoir de contrôle fonctionnait, on lui en avait déjà expliqué toutes les failles.

 

Au beau milieu du mois d’Août, Alakazam et Salamèche se retrouvèrent à parler des préparations pour la guilde.

- (Alakazam) Oh, tu sais, les apprentis se font toutes sortes de coups fourrés. Les hommes plus particulièrement, ils sont généralement tous très compétitifs et… disons-le, assez impudiques.

- (Salamèche) Que cherchent-ils à prouver ?

- (Alakazam) Ne me pose pas la question, leur ridicule me dépasse complètement. *rires* Je me souviens d’un apprentis, un certain Monsieur Mime. Son truc à lui, c’était le contrôle mental, une capacité assez complexe à maîtriser chez les types psy, surtout sur les civilisés.

- (Salamèche) Le contrôle mental… !? Ça sonne affreusement puissant, comme pouvoir.

- (Alakazam) Ça l’est. Un Pokémon contrôlé mentalement agit constamment au maximum de ses capacités, c’est donc également dangereux pour l’otage, en plus de ne servir que dans des situations indélicates.

- (Salamèche) Wow… donc si je me faisais contrôler mentalement, on pourrait abuser de mes pouvoirs inadaptés à mon corps ?

- (Alakazam) Non, justement. Si je venais à te contrôler mentalement là, maintenant ; alors oui, je t’assassinerai sous le poids de tes propres pouvoirs incontrôlés. Mais à la guilde, tu ne rencontreras que des secouristes en voie d’apprentissage. Même les hors-la-loi qu’ils vous demanderont d’arrêter, ne seront pas au niveau de contrôler un Dracaufeu. Parce que c’est ce que sont tes pouvoirs, ceux d’un Dracaufeu.

- (Salamèche) Je pourrai donc m’en libérer comme ça ?

- (Alakazam) À tes risques et périls. Mais à votre niveau, il ne m’apparaitrait pas improbable que vous réussissiez à vous en libérer vous-même, simplement en reprenant le contrôle de votre esprit. Sinon… faites simplement saigner le contrôlé.

- (Salamèche) Hein ?

- (Alakazam) Si son sang entre en contact avec l’atmosphère, alors il aura bien plus de facilité à revenir à lui, les pieds sur terre.

- (Salamèche) Je vois…

 

Il n’avait pas essayé de le faire saigner, car Écrapince avait une coquille plus que solide. Seul, il n’y pouvait rien, mais maintenant qu’Héliatronc était là, son type plante pouvait retourner la situation à leur avantage.

Alors qu’Écrapince allait foncer aider son maître en attaquant sa partenaire à toute vitesse, le type feu usa de ses dernières forces pour lui bondir dans le dos et le maintenir fermement.

- (Écrapince) … (Quoi… !? Arrête, imbécile, je vais finir par te tuer !)

- (Salamèche) Héliatronc, j’ai besoin que tu le fasses saigner !!

- (Héliatronc) De quoi… ?

- (Salamèche) FAIS-MOI CONFIANCE !!

Mais la type plante mit trop de temps à comprendre la situation. Soporifik se releva et la projeta en arrière d’une puissante onde psychique, la traînant dans la boue sur plusieurs mètres. La mâchoire ensanglantée, il affichait un air terrifiant face à toutes les possibilités qu’il avait de s’en sortir.

- (Soporifik) Tu m’as l’air bien forte, apprentis de la guilde ! Je pense que tu seras la seule à rester en vie, aujourd’hui !

Il l’immobilisait à distance avec une seule main.

- (Héliatronc) … (Merde, il est trop puissant… !)

Le hors-la-loi se tourna vers Écrapince.

- (Soporifik) Dépêche-toi de le tuer ! (Ensuite, je te tuerai et prendrai le contrôle de ta coéquipière, qui m’a l’air bien plus forte que toi, ah ah !)

Le crabe commença alors à donner de puissants coups de pinces en arrière, droit dans le ventre et les jambes de l’adolescent blessé. Mais Salamèche tenait le coup, il crachait du sang mais encaissait malgré tout.

- (Écrapince) … (Lâche-moi, Salamèche, LÂCHE-MOI !!)

- (Salamèche) Écrapince, tu peux le faire… ! T’as raison… *crache du sang* nous ne sommes pas au même niveau… !

Il continuait de se prendre des coups de pinces, ces dernières commençaient à se couvrir du sang de sa victime sous les rires infâmes du hors-la-loi.

- (Salamèche) Tu m’impressionnes sur beaucoup de points et… *crache du sang* je serai ravi… *souffle* que tu m’apprennes à nager, un de ces quatre, ha ha… !

Il lâcha lentement prise, tombant inconscient de douleur. Écrapince se libéra, se tournant entièrement face au blessé qu’il s’apprêta à achever. Lorsque soudainement…

- (Soporifik) Hein… !? ATTENTION !!!

- (Germignon) Attaque spéciale… !

Le crabe se retourna par surprise, mais il était déjà trop tard. La dernière apprentis encore en état de se battre bondit au bon moment, surprenant l’adversaire et ayant compris le plan de son chef d’équipe.

- (Germignon) TRANCH’HERBE !!!

Hurla-t-elle, en transperçant de toutes ses forces, une demi-liane au manche mal formé mais fonctionnel tenue fermement au sein de sa chevelure, la coquille solide du type eau. Ce fut super efficace, et en plein ventre, la coupure fut immense et douloureuse. Du sang gicla immédiatement, et Écrapince revint à lui tout en hurlant son mal-être.

Il s’effondra au sol, pendant qu’en se retournant d’un coup, Germignon envoya approximativement sa demi-liane ensanglantée droit sur le hors-la-loi. Ce dernier l’esquiva plus par dégoût de ne pas vouloir recevoir du sang d’un autre que par peur d’être touché, mais ce fut une distraction suffisante pour qu’Héliatronc se libère de ses capacités. Germignon l’avait fait exprès, mais devait maintenant attirer son attention pour ne pas gâcher le plan.

- (Germignon) Que je maîtrise suffisamment bien ou pas mes pouvoirs, je n’ai pas besoin de ça pour te foutre une raclée !

- (Soporifik) Pauvre bouffonne, tu n’es qu’une gamine tombée dans la mauvaise institution !

Il la paralysa soudainement à distance.

- (Soporifik) La guilde réfléchira à deux fois, avant d’embaucher des gosses !

- (Germignon) FERME-LÀ !!!

Une onde de choc se dégagea de l’adolescente, comme si elle venait de contrer les pouvoirs adverses. Et effectivement, elle fut capable de bouger, de tourner son regard vers son chef d’équipe blessé, et pour qui elle était prête à tout, qu’importe ce vers quoi l’avenir la dirigeait.

- (Germignon) Je me fiche de ce que vous pouvez penser de moi, je me fiche des reproches que vous pouvez me faire ! Qu’importe mon âge, qu’importent mes ambitions, JE SUIS DESTINÉE À OBTENIR MON DIPLÔME D’EXPLORATRICE !!

Écrapince était bouche bée, sa détermination était sans faille.

- (Germignon) Si c’est tout ce dont il me faut pour avoir le droit d’agir, de ne pas laisser des usurpateurs mal effectuer un travail qu’ils ne considèrent que comme querelles personnelles, alors je peux vous jurer que je me battrais jusqu’au bout, JUSQU’À LA FIN POUR L’AVOIR, CE DROIT DE NE PLUS ÊTRE PASSIVE !!

- (Écrapince) … (C’est pour ça… ! Quel… quel imbécile je suis… !)

Pensa-t-il, les larmes aux yeux. Le hors-la-loi, de son côté, s’enragea dans une haine infâme, avant qu’il ne tourne lentement son regard vers là où il retenait Héliatronc prisonnière. Mais elle n’était plus là, non.

À l’instant où il s’en rendit compte, l’apprentis exploratrice se tenait déjà au-dessus de lui, sautant la liane fermée, l’air crispé de haine… elle lui infligea la plus grosse mandale de son existence.

Soporifik s’écrasa brutalement à terre, la tête la première, l’esprit troublé et semi-conscient. Il savait que c’était terminé, Héliatronc partait pour une deuxième charge. Alors dans un dernier élan de détermination, il déchaîna tous les pouvoirs qui lui restaient pour envoyer valser le plus de Pokémon possible. Héliatronc l’esquiva simplement en se tenant au-dessus de lui, avant de finalement l’assommer.

Germignon fut projetée brutalement en arrière, se prenant la tête dans un tronc d’arbre. Elle tomba inconsciente sur le coup. Écrapince planta une pince dans le sol pour ne pas être propulsé, et cela fonctionna. Il tourna son regard vers Salamèche qui, déjà inconscient, se fit projeter dans le lac le plus proche. Les ondes s’arrêtèrent enfin, et dans un dernier élan d’héroïsme et malgré tout le sang qu’il avait déjà perdu, Écrapince bondit au secours de son partenaire de guilde. Il plongea, crispa les dents à cause des intenses piqures que lui infligeaient l’eau sale sur sa blessure grande ouverte, mais n’en démordit pas, non, plus jamais. Il attrapa la main de Salamèche d’une pince pour la première fois amicale, puis fit ce qu’il savait faire de mieux, et se propulsa à toute vitesse hors du lac.

Alors qu’Héliatronc attacha Soporifik, son partenaire enroula tous les tissus qu’il avait autour des blessures des deux adolescents, inconscients mais grandis de cette nouvelle journée. Ils n’étaient pas les seuls d’ailleurs, et Héliatronc le comprit tout de suite. Écrapince pleurait, il tremblait, il se remettait en question pour la première fois depuis bien trop longtemps.

Pour le chef de la Dream Team, sa journée se termina ainsi.

.

..

… Ah… ?

- Je… se réveille !

- (Écrapince) Salamèche… ?

Le type feu rouvrit doucement les yeux, il reconnut immédiatement l’atmosphère paisible des environs. Il était à l’infirmerie de la guilde, couvert de bandages, épuisé, et pourtant heureux. Il se mit à rire, en comprenant qu’il était le dernier à se remettre de leur mission. Seuls Eoko et Écrapince se trouvaient à ses côtés.

- (Eoko) Pourquoi tu rigoles, je trop dosé l’antidouleur ?

- (Salamèche) Non… je peux t’assurer que je ressens mon estomac, ah ah…

Il se tourna vers Écrapince.

- (Salamèche) T’es super balèze, Écrapince.

- (Écrapince) …

- (Eoko) Très bien, j’ai compris, je vous laisse deux minutes seuls.

La gérante quitta l’infirmerie, partant informer Pijako du réveil de Salamèche. De son côté, Écrapince se sentait extrêmement mal. Il n’arrivait pas à décrocher le premier mot.

- (Salamèche) Combien de temps j’ai dormi ?

- (Écrapince) Toute la nuit, je ne pensais pas que ça allait durer aussi longtemps…

- (Salamèche) C’est normal, l’orphelinat m’épuise beaucoup en ce moment, ah ah !

- (Écrapince) Non, on sait tous les deux que c’est moi qui…

Il crispa les dents, se sentant terriblement honteux de ce qui était arrivé. Soudainement, il se lâcha et dévoila tout ce qu’il avait sur le cœur en quatre mots.

- (Écrapince) Merde, je suis désolé !!

Cria-t-il sans le vouloir.

- (Écrapince) Je suis terriblement pitoyable ! Moi, comment j’ai pu me laisser dominer par ce type, putain… ! Je me prétendais supérieur, mais ce n’est pas moi qui fus capable de me libérer de ses capacités !

- (Salamèche) Du calme…

Disait-il, en lui touchant l’épaule.

- (Salamèche) On fait tous des erreurs, surtout face à des hors-la-loi préparés comme lui.

- (Écrapince) Non, je ne devrais plus en faire, ce n’est pas supposé être moi… ! Après tout ce que j’ai fait…

- (Salamèche) … Héliatronc m’a raconté votre histoire.

- (Écrapince) Je m’en doutais, ce n’est pas très glorieux à entendre. La première chose qu’elle vit de moi était une scène d’assassinat, autant te dire que j’étais plus que reconnaissant, quand elle m’a demandé de l’emmener loin de sa communauté.

- (Salamèche) C’est peut-être un peu trop personnel, mais… pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça ? Il n’y avait pas d’autres solutions ?

Le crabe adulte soupira, et voyant que le type feu lui faisait une place sur son lit, il s’y posa, regarda la fenêtre ouvrant sur le ciel bleuté de l’horizon, et repensa au passé.

- (Écrapince) Je pense ne pas prendre de risques, en affirmant que je connaissais mieux que quiconque celui qui me servait de père. Le pouvoir, la gloire, la reconnaissance, c’est tout ce qu’il cherchait à acquérir. Et depuis mon plus jeune âge, je suis forcé à le suivre, à devenir comme lui. Il me torturait en envoyant ses hommes m’entraîner à sa place. Je nageais dans un enfer qui certes me rendait plus fort, mais qui divertissait plus que tout son clan de colonisateurs. Je m’inclinais, j’implorais à n’importe quel explorateur de m’apporter son aide, de me faire sortir de cet enfer à chaque fois que nous accostions un nouvel espace civil. Mais personne ne daigna lever la pince, et le jour où Colhomard me vit dans cet état, il me priva à jamais d’accoster avec l’équipe. J’étais désormais enfermé sur le navire, sans la moindre chance d’échappatoire, destiné à devenir bien plus qu’un amuse-bouche sanglant : un soldat à sa merci.

Il regarda son ventre, couvert lui aussi de bandages.

- (Écrapince) Cette carcasse est solide grâce à lui, je ne peux pas le nier. Mais ma haine s’accumulait en même temps que ma force et ma ruse, car je ne cessais d’apprendre des faiblesses de « mon » équipe. Alors oui, moi aussi, je trouve l’article quatre de la constitution atroce et immoral, mais c’était ma seule chance de m’en sortir. Il ne me pensait pas encore prêt, le jour de l’assaut de la communauté Héliatronc. Mais alors que le carnage se propageait à l’extérieur, j’ai enfilé un équipement et ai foncé au combat. Non pas contre Héliatronc, je n’ai jamais voulu retourner ma veste. Non, j’ai juste vu une ouverture, alors j’ai foncé. Si mon père avait été moins vantard, il l’aurait abattue sans attendre, et je ne serais pas ici aujourd’hui…

Un silence se créa, avant qu’il ne relève la tête vers son interlocuteur, intrigué.

- (Écrapince) J’ai répondu à ta question ?

- (Salamèche) … Tu as vécu quelque chose d’horrible.

- (Écrapince) Je ne cherche pas à attirer ta pitié. Si tu te demandais comment j’ai pu tuer un membre de ma famille, sache qu’il n’était rien pour moi, rien d’autre qu’une porte de sortie, si j’arrivais à planter ses putains d’équipements dans son putain de cœur. Il récolte probablement ce qu’il a semé, mais de mon côté, j’ai agi pour moi et moi seul. D’ailleurs, l’acte fut si soudain que je crois m’être évanouis juste après.

- (Salamèche) Oui, et Héliatronc t’a sauvé.

- (Écrapince) C’est pour cela que je serai à jamais reconnaissant envers elle. Elle n’était ni secouriste, ni exploratrice. Pourtant, elle fut la seule à me tendre une main. Ce simple geste, pour aider à me relever d’un sommeil comblé de cauchemars à la suite de ce que j’avais fait… non, Héliatronc a fait bien plus que me sauver la vie, elle m’a changé. Je ne sais plus le jour exacte où nous trouvions que l’équipe Pince-Verte méritait d’apparaître dans la liste des gens à contacter en cas d’aide, mais ce jour-là, l’idée de devenir explorateur ne me dérangeait pas. Au contraire, si c’était pour éliminer ceux qui ne méritaient pas d’être considérés comme des héros, si c’était pour abattre ceux qui volaient la place de Pokémon plus méritants dans un domaine si important, alors je voulais le devenir.

- (Salamèche) …

- (Écrapince) Tu dois penser que les meurtriers n’ont pas leur place ici. Selon moi, il faut être inconscient pour penser que le meurtre est le pire des crimes dans ce monde.

- (Salamèche) … Non.

L’un de ses souvenirs raisonnait douloureusement en tête, il connaissait exactement ce sentiment. Le jour où il confronta véritablement la DDR, le jour où il comprit que certains Pokémon ne pouvaient plus être sauvés.

 

- (Salamèche) Je pensais pouvoir vous raisonner, après tout, vous étiez un excellent maître. Mais avec ceux que vous ne privilégiez pas, vous n’êtes qu’un psychopathe, une pauvre ordure qui a des valeurs que je ne partagerai JAMAIS ! Vous succéder, je n’ai pas besoin de m’abaisser à ça, pour vous abattre ! Bon sang, si la seule chose à faire pour sauver les victimes de votre folie est de vous éliminer…

Il resserra fermement son poing gauche, qu’il afficha, contracté, à son ennemi tout en exclamant de tout son cœur, toute son âme, toute sa volonté :

- (Salamèche) ALORS JE FRANCHIRAI UNE AUTRE LIMITE !!!

 

Ces paroles, exprimées envers Roitiflam lors de sa plus redoutable prise d’adrénaline, restaient malgré tout sincères. Tuer un être vivant, cela ne lui apparaissait pas impossible, plus après tout ce qu’il avait vu.

- (Salamèche) J’ai été hypocrite de te juger aussi rapidement, je suis désolé.

- (Écrapince) Tu ne peux pas, pas après tout ce que j’ai dit et fait.

- (Salamèche) Et pourquoi pas ? Tu restes une sacrée ordure pour ce que tu as dit à Germignon, et d’ailleurs… tu n’es pas le seul à avoir un passé douloureux. C’est pour ça que je te comprends, et c’est pour ça que tu es bien plus blessant que tu ne le penses.

- (Écrapince) Je sais à quel point je l’ai été, et je te présente encore mes excuses pour cela. Elle m’a dit la même chose, lorsque je l’ai fait, avant de me demander de repartir sur de bonnes bases. Je vous trouve justement bizarre pour cela, parce que… elle est forte, je l’ai vu, on l’a tous vu. Elle n’a pas besoin de moi, elle n’a pas besoin de faire semblant ou même de continuer à me côtoyer, alors pourquoi fait elle autant d’efforts ?

- (Salamèche) Parce que c’est Germignon, tout simplement.

Répondit-il sans hésiter, tout en lui tendant une main.

- (Salamèche) Repartons également sur de bonnes bases, Écrapince.

- (Écrapince) … (Vraiment… ?)

Il lui serra finalement la main, comprenant qu’il n’y avait aucun piège, que ces jeunes mais futurs explorateurs étaient sincères, ou plus simplement juste eux-mêmes.

- (Écrapince) … (Ces mioches… peut-être qu’ils sont là pour ça… ?)

Soudainement, la porte de l’infirmerie s’ouvrit.

- (Grodoudou) Coucou !

Exclama le maître, accompagné du chef et d’Eoko.

- (Salamèche) Maitre !?

- (Eoko) Bon, vous avez terminé ? Je dois faire une analyse sanguine.

- (Écrapince) Oui, je… je ne vous dérange pas plus longtemps.

Le crabe échangea un dernier regard à son partenaire de guilde.

- (Écrapince) On se retrouve demain sur la plage.

- (Salamèche) … Pourquoi ?

- (Écrapince) Tu ne voulais pas apprendre à nager ?

Il s’en alla sur ces mots, quittant l’adolescent en lui laissant un grand sourire aux lèvres.

- (Salamèche) … (Écrapince… !)

- (Pijako) Bon, Salamèche, il faudrait arrêter de gratter du temps de sommeil à l’infirmerie.

- (Salamèche) Pardon, chef ! C’est vrai que je me blesse beaucoup, en ce moment.

- (Grodoudou) Moi, ça m’plaît !

Un silence se créa.

- (Eoko) Vous allez finir par le tuer, vous êtes au courant ?

- (Grodoudou) C’est pas impossible. En attendant, il grandit, pas vrai ?

- (Salamèche) J’en ai l’impression…

Marmonna-t-il, en regardant ses mains blessées, mais plus agiles qu’auparavant.

- (Salamèche) Je deviens vraiment plus fort chaque jours !

- (Pijako) Fais attention à toi, tout de même. Je tiens régulièrement vos parents informés de vos progrès, et je ne souhaite pas leur transmettre une mauvaise nouvelle.

- (Salamèche) Ne vous en faites pas, chef, je vous promets d’aller bien plus haut en faisant toujours plus attention ! Mais quoi qu’il arrive… je n’abandonnerai jamais !

Pijako et Grodoudou s’échangèrent un rapide regard, l’un sacrément plus rassuré que l’autre. Le chef s’inquiète toujours de la motivation de ses élèves, quand ces derniers se blessent un peu trop méchamment. Désormais rassuré, le chef reprit son rôle de plein cœur.

- (Pijako) BON, ALORS OUSTE DE L’INFIRMERIE !!!

- (Salamèche) OUI, CHEF !!!

- (Eoko) NAN, LAISSEZ-MOI FAIRE MON TRAVAIL !!!

Mais quelques heures plus tard, il y sortit finalement. Il retrouva Germignon et Héliatronc, qui aidèrent Écrapince à préparer le diner.

- (Héliatronc) Ah oui, je ne te l’avais peut-être pas dit…

Commença-t-elle, en se servant dans les ressources que le crabe avait pour son plat.

- (Écrapince) Touche pas !

- (Héliatronc) Mais Écrapince est un chef cuisto professionnel ! Comme quoi faut pas s’fier aux apparences, ah ah !

- (Écrapince) Qu’est-ce que ça veut dire ? Et puis je n’ai rien de professionnel, je dédiais justes mes heures perdues à la cuisine…

- (Germignon) Moi, je trouve que ça te va bien.

- (Écrapince) *soupir* Merci.

Bref, ce jour-là, la Dream Team se lia d’amitié avec une nouvelle équipe de la guilde d’exploration. Les choses avançaient lentement, mais sûrement. Les différents apprentis apprenaient chaque jours, et progressaient chacun à leur manière et rythme. Pijako et Grodoudou le constataient, ils étaient tous très déterminés à l’obtenir, ce diplôme d’explorateur.

Seule une dernière équipe restait encore à l’écart de la Dream Team. Une équipe de deux membres, tous deux très compétents, et assurément à fond dans la compétition…

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