Dans les royaumes des Eternels

Chapitre 5 : Davy Jones, Despair, Le jour où elle ne vint pas

3360 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 02/09/2018 22:34

5/ Davy Jones/Despair : Le jour où elle ne vint pas


« As-tu peur de la mort ?

Le marin agonissant tenta en vain de se redresser. Le canon dont il s'occupait au moment du naufrage s'était encastré dans la paroi derrière lui. Coincé sous les roues arrières, la cage thoracique défoncée, sa respiration était difficile. Davy Jones comptait le temps qu'il lui restait à vivre en minutes s'il n'acceptait pas son offre. Le marin essaya de répondre, mais seul un flot de sang sortit de sa bouche, aussi il se contenta de hocher la tête.

-Alors bienvenue dans mon équipage, le salua Davy Jones avant de se tourner vers le blessé suivant.

Celui-ci avait la jambe perforée par une grosse esquille de bois, issue sans doute de la chute du grand mât sur le pont du navire. Il scrutait Davy Jones d'un air farouche en serrant frénétiquement la petite croix de métal qu'il portait au cou.

-As-tu peur de la mort, matelot ?

-Je ne te crains pas démon.

-Là n'est pas la question. As-tu peur du destin inconnu qui nous attend tous une fois trépassés ?

-Dieu me protège, répondit le blessé, d'une voix tremblante malgré tout. J'ai confiance en son jugement.

-Qui te dit que ce n'est pas lui qui m’envoie ?

-Vous êtes des suppôts de Satan ! Je ne vous donnerais pas mon âme !

-Ton âme, ton choix, décréta Davy Jones. Si tu préfères attendre que la mer engloutisse ce qu'il reste de ce navire et sentir l'eau pénétrer tes poumons, c'est ton choix. Qui suis-je pour y trouver à redire ? »

Davy Jones méprisait les superstitieux. Il contempla son reflet dans les éclats d'un miroir tombé, brisé, par terre. Il avait un nez, une bouche, deux yeux, mais pas l'ombre d'une queue ou de cornes.

Le capitaine fit signe à son équipage et aux nouvelles recrues qu'il était temps de monter à bord du Hollandais Volant. Les marins qui avaient accepté l'offre de Davy Jones se relevaient d'un air hébété, ne parvenant pas à croire à leur chance. Même le matelot écrasé par le canon se tenait maintenant droit sur ses deux jambes. Comme à chaque fois, Davy Jones se sentit transporté de fierté et d’orgueil devant le pouvoir qu'il possédait.

Davy Jones, ses quelques hommes montés avec lui sur l'épave et les six marins aillant accepté son offre quittèrent le Santa Maria et rejoignirent le Hollandais Volant à bord d'un canot avant d'embarquer en quelques minutes. Tandis que l'équipage manœuvrait pour s'éloigner du vaisseau en perdition, Davy Jones s’accorda un dernier regard sur celui-ci. Sur le pont désormais à moitié englouti, les rares survivants demeurés à bord cherchaient frénétiquement une barque intacte ou tombaient à genoux pour prier Dieu de sauver leur âme. Bientôt, les prières se changèrent en, sanglots, puis en balbutiements désespérés. Enfin, seule une ombre sombre qui s'éloignait à toute allure dans les profondeurs et quelques cadavres flottants témoignaient du drame qui s'était déroulé.

Les fous, songea Davy Jones, tout en se retournant vers les nouvelles recrues.

Il ne parvenait pas à comprendre comment un homme pouvait choisir de mourir plutôt que de saisir une main tendue. La noyade était une mort terrifiante. Comme la plupart des pirates, Davy Jones la craignait autant que le scorbut et davantage que le pistolet, le fer ou la corde.

« Bienvenue à bord du Hollandais volant, déclara-t-il aux survivants du Santa Maria. Je suis, Davy Jones, capitaine et seul maître à bord avant Dieu. Vous faites désormais partie de l'équipage et je ne tolérerai ni désobéissance envers moi, ni conflit entre vous. Votre religion, le fait que vous teniez un fouet ou que vous étiez enchaîné par le cou à fond de cale, peu m'importe. Si vous causez des ennuis, mes fers vous accueillerons. N'essayez pas de déserter, vous en paieriez le prix. Tant que vous êtes à mon service, la mort vous ignorera. Quittez-le et vous mourrez. »

Il se tut et l'équipage, ancien et nouveau, comprit l'ordre implicite de se remettre à l'ouvrage. Davy Jones pénétra dans sa cabine et ouvrit ses cartes pour décider de leur prochain itinéraire. Peut être était-il temps de franchir le détroit de Magellan et de rejoindre la route du galion de Manille. En croisant dans ces eaux dangereuses entre Asie et Mexique, il y avait des chances de trouver des navires en détresse et des marins désespérés à récupérer.

Un reflet métallique lui fit relever la tête de ses calculs et de son portulan. Il s'approcha de sa veste, pendue à un crochet. À moitié sortie de l'une des poches, le médaillon de Calypso reflétait la lueur des bougies. Il frôla l'or terni d'un geste nostalgique, puis, fronçant les sourcils, sortit à vive allure de sa cabine.

« Toi !, apostropha-t-il l'un des marin espagnols qui venaient de rejoindre son bord. Dis-moi la date d'aujourd'hui. »

La réponse le figea sur place. Il n'avait pas réalisé. Il s’efforçait d'éviter d'y penser trop souvent. L'attente était si longue... dix ans... Dix ans en mer, ce n'était rien. Il aimait l'océan avec passion et d'Amsterdam jusqu'à Java et Acapulco, tous savaient que Davy Jones était le plus grand capitaine des Sept Mers, qu'il n'avait presque plus mit pied à terre depuis qu'il avait embarqué comme mousse à l'âge de sept ans et sa légende grandissait de jour en jour. Pourtant, ces derniers temps, chaque journée lui paraissait plus longue que la précédente car s'il était sur la mer, il n'était pas avec elle.

Calypso.

Tout en elle l'avait enivré dès leur première rencontre. Il l'avait cherché toute sa vie, s'était juré qu'elle lui appartiendrait avant même de la rencontrer, quand il se tenait sur les digues de la Mer du Nord. Il avait exploré les océans à la recherche de moyens de dompter l'océan. Il avait interrogé le vaudoun, la macumba, les mythologies saami, grecques et japonaises. Il avait invoqué Calypso, Mami Wata, sous ses innombrables noms et elle était venue à lui, sous l'apparence d'une femme sans en être une. Son aquatique nature transperçait malgré tout. Elle s'était donné à lui.

En faisant rouler son médaillon entre ses doigts, Davy Jones se rappelait en souriant leurs nuits. Il comptait la séduire, il était tombé amoureux. Quand il lui avait demandé un présent d'amour, elle lui avait offert son sourire qui semblait fait des plus belles perles de la mer.

« Je pourrais faire de toi le roi des pirates, l'empereur des océans. Le voudrais-tu ?

-Oui, avait-il soufflé.

-Je pourrais faire mieux. Je pourrais t'offrir des passages vers des mers que jamais une présence humaine n'a souillé. Le voudrais-tu ? »

Davy Jones n'avait même pas été capable de répondre et le rire de Calypso, ce rire de cascade, l'avait enveloppé. Elle avait murmuré à son oreille des mots dans une langue plus vieille que le premier homme. Ils s'étaient aimés comme des fous cette nuit là et Davy Jones croyait encore sentir son goût de sel sur ses lèvres.

Le seul prix à payer qu'elle lui avait réclamé pour son présent digne d'un roi était la terre. En dix ans, celle-ci n'avait pas manqué au capitaine. La voix de Calypso, sa peau froide et mouillée, voilà ce qui lui avait manqué.

« Capitaine ?

Son second, un grand homme à la peaux d'ébène récupéré sur un navire naufragé au large de Zanzibar, le tira de sa rêverie.

-Changement de plans garçons !, hurla Davy Jones. Dans deux semaines nous poserons le pied sur la terre ferme !

Des hurlements de joie lui répondirent, les plus anciens membres de l'équipage étant les plus expansifs. Après cette démonstration de joie, le travail à bord reprit avec une vigueur renouvelée.

Il fallu huit jours au Hollandais pour remonter les côtes d'Europe jusqu'au lieu que Davy Jones et Calypso avaient choisi pour leurs retrouvailles. Ils l'avaient fait camouflés au fond du lit, leurs doigts se frôlant sur la carte. Elle lui avait parlé de ses endroits préférés.

L'endroit était sinistre, mais dégageait une beauté sauvage. C'était un recoin perdu d'Irlande où un village de pêcheur s'éloignait entre les collines d'herbe et de bruyère qui se relevaient sur sa droite en des falaises de pierre noire.

Le Hollandais Volant patrouilla quelques jours dans les environs avant de mouiller l'ancre dans la baie au jour tant attendu. Bientôt, Davy Jones posa le pied sur le quai. Il fut un instant déstabilisé par le manque de roulis sous ses pieds. Tandis qu'il récupérait son équilibre, le groupe de marins en permission qui l’accompagnait débarqua à son tour. Au bord de la jetée, une auberge miteuse résonnait des rires avinés des pêcheurs, même à cette heure matinale. Les hommes du Hollandais se précipitèrent vers elle, espérant y trouver alcool bon marché et filles à la vertu facile.

Davy Jones les laissa faire. Quand à lui, il prit son temps pour parcourir les quelques rues du village. Tout y suppurait la pauvreté, de la terre battue des routes au chaume à moitié envolé des toits. Très vite, il laissa derrière lui la dernière masure et s'enfonça dans les collines. Elles s'élevaient en pente régulière vers les falaises de calcaire et de schiste noir qui s'étendaient à perte de vue. La lande était déserte, seuls quelques moutons paissaient sur les flancs des collines.

Au bout d'un moment à marcher, perdu dans ses pensées, Davy Jones réalisa qu'il n'était pas aussi seul qu'il le pensait. Assise sur un roc devant lui se tenait une petite et énorme femme. Avec stupeur, il réalisa qu'elle était nue malgré le vent et le froid. Elle ne semblait pas s'apercevoir de sa présence et elle marmonnait des discours sans queue ni tête. Pris de pitié pour cette pauvre folle, Davy Jones lui jeta une pièce en passant. L'obèse l'ignora et le morceau de métal s'enfonça dans la boue du sentier. De ses doigts boudinés, la femme agrippa vivement et fermement le bras du capitaine. Il tente de se débarrasser de ce contact désagréable, mais l'étreinte se resserra.

« Tu es à moi, grinça-t-elle d'une voix rauque et étouffée à la fois. Tu ne le sais pas encore, mais tu marches sur mes terres et tu ne les quittera plus.

Le capitaine leva la main vers la folle, avant d'interrompre son geste. Il la reconnaissait maintenant à des descriptions dans de vieux livres qu'il avait consulté quand il cherchait à emprisonner Calypso. C'était Despair des Éternels.

Celle-ci se leva avec difficulté et darda ses yeux vers Davy Jones. C'étaient des yeux terribles qui parlaient de nuits sans sommeil, d'attentes inutiles et de veines coupées.

-Elle t'arracheras le cœur, souffla-t-elle d'une voix résignée et désolée en même temps. À moins que tu ne t'en charges tout seul. Elle ne viendra pas.

-Elle viendra, rugit Davy Jones. »

Sinon, que Dieu la garde, songea-t-il avec fureur.

Despair n'ajouta pas un mot. Elle se laissa retomber sur son siège de pierre et se mit à se balancer en gémissant. Davy Jones ne put retenir un frisson de terreur. Il n'était ni lâche, ni superstitieux mais il savait que toute histoire avait un fond de vérité. Celle-là était à craindre. Il fuit vers le sommet des falaises. Il ne se retourna qu'une fois arrivé au bord du gouffre béant sur la mer. Despair était partie, mais la bonne humeur de Davy Jones avait fait place à de funestes pensées.

Sous ses pieds, les vagues se brisaient en assauts rapprochés sur la falaise. L'endroit était sauvage, aucun navire n'aurait pu le longer sans s'échouer, un rêve pour des naufrageurs. Plus peut être qu'aucun endroit au monde, ce lieu hurlait la grandeur inexorable de la mer. Chaque vague qui s'écrasait contre la falaise semblait hurler à Davy Jones « Bientôt. Bientôt. ».

Calypso allait venir. Il le savait. Elle le devait. Dix ans en mer. Réalisait-elle l'horreur que c'était pour un homme ? Dix ans sans voir une femme ou un âtre chaleureux par amour pour elle, dix ans de tempêtes, d'eau salée, d'embruns, de solitude. Avait-elle rêvé de lui comme lui d'elle ?

Le soleil était maintenant à son zénith. Raide comme les mâts de son navire, Davy Jones observait les nuages qui s’agglutinaient à l'horizon. Elle viendrait. Elle ne pouvait pas vivre sans lui, elle devait le savoir. Lui ne le pouvait pas et lui avait tout donné, son amour, sa vie, son équipage, son navire, sa liberté. Il lui appartenait corps et âme. Il avait accepté son offre de parcourir toutes les mers, croyant gagner sa liberté et il l'avait perdue. Elle l'avait séduit avec ses pouvoirs, sa grandeur implacable et elle l'avait enchaînée à elle par de vaines promesses.

Et pourtant, Davy Jones était prêt à ramper à ses pieds pour un sourire, une parole. Il voulait goûter le sel sur sa peau nue, l'entendre murmurer des sons qui ressemblaient au bruit des vague sur les plages de sable des Caraïbes. Il imagina tenir sa peau contre la sienne, mais même dans son imagination il la sentait couler comme de l'eau hors de sa portée. Elle ne viendrait pas réalisa-t-il tandis que le soleil descendait lentement vers la mer.

L'obèse qu'on nommait parfois Despair vint s’asseoir à côté de lui, sans dire un mot. Un sentiment terrible s'empara de Davy Jones. C'était du désespoir, oui, mais mêlé à de la rage, de l'horreur, de la jalousie. Elle ne l'aimait pas, se répétait-il en boucle dans sa tête. Elle ne l'avait jamais aimé et il n'avait été qu'un jouet dans ses mains froides, jeté dès qu'il avait cessé d'être amusant. Elle était tout près sans doute, l'écoutant en riant pleurer comme un enfant.

Le capitaine se tourna vers Despair. Il savait pourquoi elle était là ; non pas pour se jouer de lui mais parce qu'elle savait que sa route aboutissait ici, sur cette falaise d'Irlande. Elle se nourrissait de sa peine, mais ne s'en moquait pas.

« Et maintenant ?, demanda Davy Jones alors que le soleil commençait à s'enfoncer dans l'océan.

-La plupart se suicident, reconnut l’Éternelle.

-Le puis-je ?

Davy Jones en doutait. Il sentait tout son être attiré vers son navire.

-Il te suffit de rester à terre jusqu'à ce que le soleil disparaisse. La souffrance te rendra fou mais finira par te tuer.

La mort semblait soudain bien attrayante. Mais mourir pour cette femme poisson, femme poison ?, s'interrogea Davy Jones en un soubresaut de fierté. Non, jamais. Elle l'avait rendu quasiment immortel. Seul sa désobéissance à l'ordre de rester en mer pour dix ans aurait achevé sa vie prolongée. Calypso lui avait donné le pouvoir et la connaissance qu'il avait toujours recherché et par amour il avait oublié que ses connaissances lui donnaient du pouvoir sur elle. Maintenant, il s'en servirait.

Avec des gestes maîtrisés, il ouvrit d'abord sa veste de velours puis déboutonna sa chemise de lin. Il réalisait désormais combien il était ridicule, un homme de cinquante ans apprêté comme un jeune homme. Il était un barbon tombé amoureux d'une beauté qui le menait par le bout du nez. Son ridicule, heureusement, s'achevait ici. Il plaça sans sourciller son couteau contre sa poitrine et commença à creuser.

La douleur dépassait l'insoutenable. Pourtant, Davy Jones ne cilla même pas lorsqu'il sortit de sa poitrine son cœur pantelant. Il eut l'impression qu'un poids monumental quittait son corps et il sentait son amour pour Calypso exsuder de l'organe qu'il tenait.

« Tu as lié mon existence à mon amour pour ta personne Calypso. Je renie cet amour et je renie mon cœur. Désormais je me consacrerais à te détruire. Tu m'entends Calypso ?

Seul le silence lui répondit. Même le vent et les vagues semblèrent se taire un instant. Tout en enrobant le cœur dans sa ceinture, Davy Jones se tourna vers Despair.

-Je ne t'appartiens plus Éternelle, je me suis détaché de mon désespoir. Excuse-moi maintenant, mon navire m'attend.

Despair émit un bruit qui pouvait être un rire ou un sanglot.

-Crois-le si tu veux Davy Jones.

-Je me suis débarrassé de l'amour. Seul la vengeance et la haine m'habitent désormais.

Il se détourna de l’Éternelle et commença à redescendre le chemin de la falaise. La voix de Despair le suivit.

-Oui. Et c'est aussi du désespoir. »

Elle ne mentait pas, réalisa Davy Jones. Son cœur, ce traître, battait toujours pour Calypso. Il allait devoir le cacher d'elle et lui-même aussi. Il ne se laisserait pas l'épargner.

Il posa le pied sur le pont du Hollandais à l'instant où disparaissait le dernier rayon de soleil. Le navire lui paru changé, comme recouvert d'un voile sinistre. Une odeur désagréable flottait dans l'air. Les marins, aux visages crispés par la peur, regardaient le sang séché sur la chemise de Davy Jones et la cicatrice qui commençait à se former sur sa poitrine.

« On lève l'ancre matelots, hurla Davy Jones sans se soucier de leur inquiétude palpable. Il est temps de rendre une petite visite à la Confrérie des pirates. Nous allons rendre service à cette clique d'imbéciles en domptant les sept mers. Plus aucun homme n'aura à subir les caprices de cette évaporée de Calypso !

Un murmure de désaccord se fit entendre parmi les hommes. Davy Jones se tourna vers eux avec colère.

-Capitaine, certains d'entre nous..., répondit avec prudence un marin anglais. On vous a suivi partout capitaines, vous nous avez apporté gloire et richesse mais... Certains d'entre nous se demandent où vous allez.

-Et si vous voulez bien m'y suivre, hein ?

-Oui capitaine, répondit sincèrement le marin.

Davy Jones combla en quelques pas l'espace qui le séparait du marin et lui planta son épée dans l'estomac.

-Tu fais partie de l'équipage, partie du navire, commenta-t-il froidement en le regardant agoniser sur le sol. Ne compte pas le quitter sans mon autorisation. Et maintenant vous autres, hissez les voiles et éloignez nous ce misérable endroit ! »

Le capitaine quitta le pont et s'enferma dans sa cabine, laissant l'équipage manœuvrer. Il se rappelait un moyen de faire autant de mal à Calypso qu'elle lui en avait fait. Il n'aurait même pas besoin de mettre pied à terre. Il lui suffirait de convaincre la confrérie de monter à son bord. Le désir de puissance devrait être suffisant pour les persuader. Calypso paierait. Elle l'avait condamné à rester prisonnier de son navire. En retour, il la forcerait à se cantonner à une prison de chair humaine. Cela fait, il se débarrasserait de son cœur et régenterait les sept mers d'une main intraitable à la place de cette inconstante.

Pendant que son capitaine fouillait frénétiquement ses ouvrages, le Hollandais Volant gonflait ses voiles et s'éloignait peu à peu des côtes d'Irlande. Sur la falaise, Despair hurlait de douleur. Sur la chaise où Davy Jones l'avait rejeté d'un geste négociant, le cœur sanguinolent du capitaine battait au même rythme que ses cris.


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