Le Poids de nos Erreurs

Chapitre 30

1979 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/12/2017 18:05

- Ooooh...je suis dans de sales draps n’est-ce pas ? demanda Bianca.


Elle venait juste de se réveiller, dans le transport d’Overwatch, menottée et entourée des membres de l’organisation.


- C’est peu de le dire ! s’exclama Tracer.


- Bon sang...comment est-ce que vous m’avez seulement retrouvée déjà ?


- Widowmaker avait placé un mouchard dans ton transport, expliqua Ana.


- Hein ? J’ai des détecteurs de mouchard parmi les meilleurs au monde.


- Elle l’avait très bien positionnée.


- Pfff. Où est-elle d’ailleurs ? Je la croyais avec vous.


Personne ne lui répondit.


- Et où est Gérard d’ailleurs ? ajouta Bianca. Vous ne l’avez pas récupéré ? Oh. Elle vous a faussé compagnie après l’avoir enlevé.


Nouveau silence.


- C’est le plus probable, admit finalement Ana, du bout des lèvres.


- Bon. Pas comme si ça changeait grand-chose pour moi. Je n’aurais vraiment pas dû me mêler de cette affaire…


- Tu n’aurais surtout pas dû faire exploser cette bombe.


- Ta trahison est un acte des plus abjects, ajouta Reinhard. La cupidité t’a mené au plus profond du déshonneur.


- Ouai ouai, je sais. Mais va falloir que vous entriez dans votre tête que tout le monde est pas aussi noble que vous. Si c’était pas moi qui avait trahi, quelqu’un d’autre l’aurait fait. Je peux même donner des noms si tu veux.


- “Tout le monde fait pareil alors c’est pas grave” dit Torbjörn en agitant ses mains en l’air. Tssss, on dirait une gosse de sept ans cherchant à justifier ses bêtises.


- Ah ah ah. Y’a de ça ouai. Et qu’est-ce que vous allez faire de moi sinon ?


- Nous allons envoyez toutes les données de la cache de Gérard, à la Cour pénale internationale, à l’ONU, au ministère de la justice Italien et au Consortium international des journalistes d'investigation, répondit Ana. Nous te livrerons dès qu’un mandat d’arrêt sera lancé contre toi.


- Bon...j’ai plus qu’à me trouver un avocat je suppose.


- Et vous capitaine, commença Winston. Est-ce que vous allez rester avec nous désormais ?


- Vous avez géré du tonnerre dans cette mission, cap ! ajouta Tracer. Ce serait génial que vous soyez là pour les autres.


Les deux arboraient une mine si enthousiaste...Ana avait mal au cœur de devoir, une nouvelle fois, les décevoir.


- Je suis désolée mais je ne peux pas. Jack et moi avons commis des crimes lors de notre mission. Et maintenant qu’elle est terminée, quelqu’un doit en répondre. Il est temps que j’affronte la justice.


- Mais capitaine...ces crimes ont été commis par Soldat 76. Vous n’avez pas à les porter.


- Tu sais aussi bien que moi que j’ai aidé Jack pendant qu’il fautait et même après. Cela fait de moi une complice. L’affection que vous me portez ne doit pas vous faire oubliez cela.


- Ton sens de l’honneur est admirable, dit Reinhard. Mais je ne peux m’empêcher d’être triste en pensant à ce que tu vas subir.


- En même temps, intervient Bianca. Vous êtes tous des criminels.


- Tu crois que t’es en position de la ramener ? répondit Torbjörn.


- Winston et les siens sont des hors la loi, dit Ana. Toi et moi sommes des criminels, Bianca. Il y a une distinction. Le sang sur nos mains.


- Très bien capitaine, dit Winston. Je...je comprends votre décision. Mais sachez que...vous serez toujours la bienvenue parmi nous.


Malgré ses paroles, sa tristesse était perceptible, tout comme celles des autres. Même Torbjörn paraissait moins bougon.


- Merci, dit Ana. Merci à vous tous.


***


Clic.


Gérard rouvrit les yeux, tout en respirant frénétiquement.


Avec un grand sourire moqueur, Amélie dégagea son fusil du front de l’espion, ouvrit le compartiment à munition de l’arme, en sortie le chargeur et le montra à Gérard. Il était totalement vide.


- Tu...tu faisais semblant ? demanda l’espion, toujours haletant.


- Oui. Et tu n’y as vu que du feu. Je dois avouer que je suis un peu déçu. C’était le moment parfait pour sortir une phrase romantique comme “Je sais que tu m’aimes Amélie et que jamais tu ne me feras de mal.” Dommage.


Tout en parlant, elle utilisa le badge des mercenaires pour retirer les menottes de Gérard. Celui-ci se mit instinctivement à masser ses poignets.


- Bon dieu, Amélie. Ce n’est pas drôle du tout !


- Pour toi non. Moi je me suis beaucoup amusée.


Elle s’assit juste à côté et se mit à lui caresser tendrement la joue.


- En tout cas, sache que je t’aime Gérard et que jamais je ne te tuerais. D’ailleurs...je suis désolée de t’avoir frappé dans cet hôpital. Je n’aurais pas dû.


- Tu me fais la peur de ma vie, puis tu t’excuses de m’avoir frappé. C’est...totalement fou.


- Depuis quand nous préoccupons nous des normes sociales ? Tu méritais cette frayeur pour punir ta lâcheté. Mais quelqu’un d’aussi doux que toi ne devrait pas être frappé.


- Amélie...j’ai vraiment cru que j'allais mourir.


- Oui. Et moi je suis resté six ans à être une marionnette pendant que tu étais tranquillement dans une base de l’ONU à vivre dans le luxe, broyer du noir et te dire à quel point ta vie était tragique. Tu ne croyais quand même pas que tu allais t’en tirer sans rien ?


Gérard inspira et expira très lentement.


- Non, dit-il.


- Maintenant, cette affaire est réglée. Et je dois me faire pardonner de t’avoir frappé. Je sais que tu es trop gentil pour te venger comme moi.


Gérard rigola doucement.


- Cela fait du bien de te retrouver, dit-il.


Il lui prit la main.


- Nous avons tant de temps à rattraper...ajouta-t-il.


***


- Ta peau est si froide...murmura doucement Gérard.


Il frissonna, alors que ses mains parcouraient le dos d’Amélie.


- Est-ce que ça va allez ? demanda cette dernière.


- Oui, oui. Il faut juste que je m’y habitue.


Les deux étaient dans une chambre d’hôtel, en Norvège. Il avait d’abord fait un détour au Château Guillard. Amélie avait des choses à récupérer là-bas et voulait en profiter tant que Talon était désorganisée. Avec l’Agent 49 arrêté par Pharah et Reaper gravement blessé, les terroristes ne pouvaient se permettre de détacher leur élite pour tendre une embuscade.


Et maintenant, Gérard lui faisait un massage. Cela lui avait été impossible sept ans plus tôt. Désormais, il tenait à se rattraper.


Après son immense frayeur devant la mise en scène d’Amélie, l’espion avait été rassuré de la voir agir comme la femme qu’il connaissait autrefois. La crainte que son épouse se soit entièrement noyée dans sa folie avait disparu. Mais elle n’était pas pour autant sortie de l’océan.


- Amélie, qu’allons-nous devenir ? lui demanda-t-il.


- Entre tes talents d’espions et les miens d'assassins, l’argent ne sera jamais un problème. Donc nous allons pouvoir faire ce que nous voulons. Maintenant, je veux passer du temps avec toi. Ensuite, j’aimerais fortifier le Château Guillard pour pouvoir de nouveau y vivre. Tu as des idées ? Non ne répond pas. Profitons de l’instant présent, sans le polluer par des sujets trop sérieux.


- Tu ne comptes pas t’arrêter d’assassiner des gens ?


- Chéri, je sais que tu as horreur de la violence. Mais même toi devait y avoir recourt de temps en temps. Mais promis, je ferais tout pour que tu n’aies pas à me voir « au travail ».


- Et comment m’épargnera tu la souffrance de savoir que ma femme est une tueuse ?


- Tu fréquentais bien quantité de meurtrier à Overwatch. Certains étaient mêmes tes idoles.


- Eux ne tuaient pas d'innocents.


Amélie soupira.


- Très bien chéri. Je ferais en sorte de n’accepter des contrats que si je ne tue pas quelqu’un que tu juges “innocent”. Si ça peut soulager ta conscience…


- J’ai un droit de veto sur tes cibles ?


- Si tu veux.


Gérard se retint de soupirer de soulagement.


Il avait longtemps redouté ce moment. Amélie libérée de Talon, mais pas de sa folie malsaine. C’est cela qui, plus que tout, l’avait retenu d’agir lorsqu’il était dans cette base de l’ONU.

L’arrangement actuel ne le satisfaisait pas totalement. Sa femme restait une tueuse à gage hors la loi. Mais c’était déjà une première victoire.


En restant avec elle, il pourrait la canaliser pour éviter qu’elle ne fasse plus de mal à ce monde. Et qui sait, peut-être qu’avec le temps, il pourrait même la guérir.


Car c’était son épouse qu’il l’aimait, même dans la peine et la maladie.


***


Ana pleurait.


Elle avait tant attendu ce moment. Leur mission était achevée. Ils avaient découvert la vérité et rendu justice à leurs agents tués. Maintenant, ils auraient enfin dû pouvoir passer à autre chose et se reconstruire.


Mais il n’y aurait rien à reconstruire.


Car Jack était mort.


Son état s’était soudainement dégradé, alors même qu’Ana et les autres étaient en route vers l’Italie. Les médecins d’Overwatch n’avaient rien pu faire. Et quand l’heure du décès était arrivée, ils avaient préféré se taire. Les médecins ne voulaient pas troubler Ana et son escouade alors qu’ils étaient en mission délicate. L’égyptienne ne l’avait appris qu’au retour à Gibraltar.


Ana ne pouvait pas dire qu’elle n’avait rien vu venir. La mort était devenue une compagne bien trop familière durant sa longue vie.

Mais cela faisait quand même mal. Tous les espoirs brisés.


Jack avait toujours été écrasé par son devoir. Celui de combattre les omnics. De garantir la paix. De venger sa famille. Ana l’avait rêvé en paix, débarrassé de tout fardeau. Mais il n’aura même pas la satisfaction de voir sa dernière mission accomplie.


Au moins, Ana pouvait se dire que Jack était mort tel qu’il avait vécu. En héros défendant les innocents. Il aurait pu laisser mourir Gérard. Ce dernier leur avait donné les moyens d’accéder à ses données. Et son vieil ami avait de nombreuses raisons de penser l’espion coupable de quelques crimes.


Mais des soupçons ne sont pas des preuves. Et plutôt que de laisser son égoïsme ou sa colère prendre le dessus, Jack avait préféré se battre contre les abus de puissant qui pensait pouvoir assassiner qui ils voulaient pour couvrir leurs crimes.


Dans les derniers instants de sa vie, il s’était tenu au bord du gouffre. Mais il n’était pas tombé. En cela, Ana était fier de lui.


Mais elle aurait quand même tellement voulu qu’il voit ce qu’elle et les autres avaient accompli…


Ana se remit à pleurer.


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