Le Poids de nos Erreurs
- Je dois avouer capitaine que...j’ai du mal à vous croire, dit Winston.
- Et pourtant c’est la vérité, répondit Ana. Nous avons déjà vu des choses plus extraordinaires.
Elle se trouvait dans la salle de briefing de la base de Gibraltar, en compagnie de Winston et de tous les autres d’Overwatch. Dès leurs arrivés, Widowmaker avait été enfermé. Ana s’était ensuite rendu à l’infirmerie pour voir Jack. Elle était soulagée qu’Overwatch ait bien pu le récupérer mais triste de voir que son état ne s’améliorait pas.
Après cela, elle avait raconté toute l’histoire aux autres. En détail.
- Donc nous devrions tout pardonner à Widowmaker ? demanda Tracer. Après qu’elle ait tué tant de gens ?!
- Ce n’est pas facile à accepter mais...oui. Elle n’avait pas de libre arbitre. Et le fait qu’elle soit toujours aussi désagréable ne change rien à cela.
Ana soupire légèrement. Qu’il était difficile de prononcer ces mots ! De prendre la défense de son ancienne némésis. De devoir renoncer à une coupable bien pratique.
Mais c’était ce qui devait être fait.
- Je refuse de le croire ! dit Tracer.
- Lena, tu n’es pas objective, dit Angela. Il y a un trop grand passif entre toi et madame Lacroix.
Ana ne pouvait être qu’admirative devant la capacité de Mercy à ignorer les anciennes haines.
- Je… ! s’exclama Tracer, avant de se taire soudainement.
- Ana a réussi à faire abstraction des blessures passés, enchaîna Angela. Tu dois prendre exemple sur elle.
Lena baissa la tête.
- Ok, doc, dit-elle.
Il y eut un court silence dans la salle.
- Bon, commença Winston. La capitaine est une personne fiable. Nous pouvons partir du principe que son récit est correct, même sans source concordante.
- Tu n’es pas obligé de tout traiter comme un problème scientifique...marmonna Torbjörn.
- C’est plus facile pour moi… Enfin… Nous ne pouvons pas laisser Gérard prisonnier, Bianca impunis, ni passer sur l’occasion d’obtenir ces données et d’enfin prouver au monde que nous avons été victime d’un faux procès.
- Même si nous ne sommes pas non plus blancs comme neige, fit remarquer Ana.
- Certes, mais cela fait tout de même une grande différence. Mais d’un autre côté, nous ne pouvons pas relâcher Widow...eh, madame Lacroix, si elle souffre d’une maladie aussi grave. Encore moins armée. Nous devons trouver une autre solution.
- On ne peut vraiment pas obtenir les données de son mouchard sans elle ? demanda Tracer.
- Nous pouvons toujours essayer, dit Etienne. Mais si c’est bien Sombra qui a conçu le cryptage...nous aurons de la chance d’obtenir les infos au bout de six mois.
- Sinon, dit Winston, nous pouvons convaincre Widow...raaa, madame Lacroix, de nous rendre les données sans contrepartie.
- Bonne chance, dit Ana. Elle est aussi têtue que moi.
- Je vais aller lui parler.
- Méfies toi alors. C’est une vraie peste…
***
Ils l’avaient mis dans une cage.
Dès son arrivée, Amélie avait vu son équipement être confisqué et elle emprisonné immédiatement. Cela avait été difficile de se séparer de son fusil. Mais elle avait dû s’y résoudre.
Évidemment, tout cela était prévisible. Cela n’en restait pas moins profondément humiliant. Amélie pensait déjà à la manière dont elle allait leur faire payer cela.
La snipeuse n’avait que faire d’épargner l’amour propre des membres d’Overwatch. Leurs idéaux les forceraient à coopérer avec elle. Ils n’avaient pas d’autres choix.
D’ici qu’ils s’en rendent compte, elle attendrait.
Amélie entendit quelqu’un s’approcher. Enfin. Le pas était lourd mais retenu. Elle reconnut à cela le singe. Parfait. Il ferait une cible facile.
La snipeuse s’approcha de la minuscule pièce de sa cellule qui faisait face à un mur vitré, et surement blindé, où se trouvait des appareils de communication permettant de parler avec les personnes dehors. Outre cet endroit, sa cellule comportait juste une chambre et des toilettes.
- Madame Lacroix, commença Winston. Je suis venu vous...ah parfait, vous m’avez entendu arriver. Eh...nous avons décidé de croire la capitaine. À propos de vous.
Amélie lui offrit le sourire le plus candide qu’elle pouvait faire. Et il était très convaincant.
- Voilà qui est merveilleux. Quand est-ce que je vais être libérée ?
Le singe eut une expression de profonde gêne.
- J’ai vraiment hâte de sortir, ajouta la snipeuse. Après tant de temps passé sans mon libre arbitre, il m’est très désagréable d’être enfermée.
- C’est à dire que...étant donné votre état mental...bafouilla Winston. Il est plus sage de…
Qu’il était ridicule ! Et ça se prétendait commandant d’Overwatch ?! Un enfant de sept ans aurait pu le manipuler.
- Attendez, vous comptez bien me libérer ? demanda-t-elle. Vous n’allez pas me garder prisonnière pour toujours, alors que je me suis livré sans combattre et que j’ai sauvé la vie d’un des vôtres ?
- Eh c’est que...vu votre passé...comprenez que nous soyons méfiants…
- Mais, vous avez pourtant dit que vous croyez au récit d’Amari sur moi. Alors pourquoi toujours tant de méfiance ?
- Je...et bien…hum… Est-ce que vous accepteriez de nous donner les codes d’accès des données de vos mouchards ? demanda-t-il soudainement.
- Bien sûr. Dès que je serais libre et que vous aurez promis de m’accompagner quand j’irais libérer mon mari.
- Eh...nous allons en discuter...avec les autres...je vous tiens au courant...le plus vite possible…
Il fit un bref signe de tête et partie. Amélie attendit qu’il soit loin avant d’éclater de rire. C’était déjà très plaisant. Et ça ne faisait que commencer.
Winston de son côté, retourna auprès des autres. Etienne était en train d’étudier le récepteur des mouchards de Widowmaker et lui dit rapidement qu’à la vérité, six mois était une durée plutôt optimiste pour réussir à le décrypter.
Angela étudiait les données médicales de leurs deux visiteuses, Torbjörn et Mei était partie travailler chacun de leurs côtés tandis qu’Ana rendait de nouveau visite à Jack.
- Alors mon grand ? demanda Lena.
- Hum, et bien...ce fut assez confus.
- Elle accepte de nous donner ces codes d’accès ?
- Eh...je ne pense pas.
- Comment ça tu ne penses pas ?!
- Je n’ai pas osé lui demander de nous les donner sans contrepartie. Cela me paraissait...inapproprié.
- Inapproprié ?!
- Oui. Je...hum...les subtilités de la sociabilité humaine m’échappent encore. Je pense qu’il faudrait mieux que ce soit la capitaine qui lui parle… Je vais aller lui demander de le faire…
Et il s’en allât.
Tracer se tourna vers Reinhard, qui était le dernier dans la salle avec elle.
- Tu n’as pas dit grand-chose mon chou.
- Je n’aime pas cette situation. Nous sommes face à un choix, dont chaque option comporte une part de déshonneur. C’est dans ces moments que j’avais pitié de Jack et d’Ana, lorsque c’était à eux de trancher.
- Comment ils réagissaient généralement ?
- Parfois, ils trouvaient une troisième voix qui nous épargnait l’infamie.
- Et sinon ?
- Sinon...ils choisissaient ce qu’ils pensaient être le moindre mal.
Tracer hocha vivement la tête. Reinhard quitta à son tour la salle. Prise d’une inspiration soudaine, Lena allât dans les cellules de la base.
Amélie ne manqua pas son arrivé. La snipeuse avait appris à identifier le bruit des flashs de Tracer. C’est avec un grand sourire narquois qu’elle l'accueillit.
- Je pensais que tu viendrais plus vite, dit-Amélie. Mais c’est vrai que tu as toujours eu un temps de retard face à moi.
À sa grande satisfaction, une étincelle de colère apparut sur le visage de Tracer.
- Je te trouve bien crâneuse pour une femme en taule !
- C’est parce que je ne vais pas y rester longtemps, petite sotte. Dès que vous comprendrez que vous ne pouvez ni décoder mon récepteur, ni me convaincre de vous donner ses codes, vous me libérerez.
- Comme si tu pouvais savoir ce que nous allons faire !
- Vous êtes tous tellement prévisible. Même si je dois admettre que tu es la meilleure dans ce domaine.
Elle lui offrit un grand sourire, tandis que la colère de Tracer redoublait.
- Sinon, commença Amélie. Pourquoi es-tu donc venu me rendre visite ?
- Te regarder enfermée, désarmée et totalement impuissante.
- Oooooh. Et est-ce que cela compense un peu la frustration de tes échecs, chérie ?
Tracer ne répondit pas. Mais sa figure était maintenant toute rouge. Amélie éclata de rire.
- Tu es tellement pathétique, dit la snipeuse. Et tu sais quelle est la meilleure ? Tu n’as même pas gagné. En fait, tant que je serais ici, tu ne pourras pas gagner.
Elle se leva et s’approcha doucement de la vitre tout en continuant à parler.
- Je me suis rendu. C’est à dire que personne ne m’a vaincu pour que je me retrouve entre ces murs. Et personne ne pourra me vaincre tant que j’y reste. Si tu veux te venger de toutes les défaites humiliantes que je t’ai infligées, et nous savons toutes deux qu’il y en a beaucoup, il faudra que je sorte d’ici.
Amélie tapota doucement contre le mur de verre blindé.
- Alors réjouis toi bien de me voir impuissante, car tant que c’est le cas, tu resteras celle qui a perdu...chérie.
Il y eu un flash bleuté et Tracer disparut de nouveau. La snipeuse se remit à rire.
Puis le silence se réinstalla. Avec ennuie, Amélie retourna s’installer sur son lit. Elle avait quand même hâte que cette détention se finisse.
Un petit moment passa. Puis elle entendit une autre personne approcher de sa cellule. Cette fois, elle ne reconnut pas qui c’était.
Amélie comprit vite pourquoi en voyant la docteure Ziegler de l’autre côté de la vitre blindé. Difficile de lier des bruits de pas à une personne qui se déplace sur le champ de bataille en volant.
Mercy lui fit un sourire amical, avant de s'asseoir. Allait-t-elle donc joué à la bonne samaritaine auprès d’elle ? Tss, Amélie lui ferait vite comprendre son erreur.
- Je viens de finir d’analyser vos données médicales, dit Angela. Tout est en ordre. Votre cerveau ne garde aucune séquelle de...ce que vous avez subi.
Sourire désolé cette fois. Oui, elle lui faisait vraiment son petit numéro.
- Merci bien, répondit Amélie, d’un ton parfaitement poli.
- En ce qui concerne les altérations physiques que Talon vous a infligé, sachez que tout est réversible. Cela passera par des procédures longues et complexes mais…
- Ce n’est pas la peine. Je suis très bien comme cela.
- Oh. J’aurais pensé que vous voudriez récupérez votre apparence passée. Cela pourrait grandement aider à votre réinsertion.
Réinsertion ! Quelle horreur ! Cette femme la prenait-t-elle réellement pour une de ses patientes, ces petits êtres brisés qu’il fallait réparer et remettre comme tout le monde ? Amélie se sentais insulté.
- Et bien vous avez tort, dit-elle un peu plus froidement.
- Très bien. Sachez que cela est possible en tout cas.
Angela se leva.
- Vous n’avez rien d’autre à me dire ? demanda Amélie d’une voix douceâtre.
- Eh...non. Pourquoi ?
- Par exemple vous excuser d’avoir voulu me voler mon mari autrefois ?
La docteure la regarda avec un air totalement sonné. On aurait dit qu’on venait de lui donner un coup de poing en plein ventre.
- Comment...comment savez-vous ? demanda-t-elle.
- J’ai mes sources, répondit Amélie.
En vérité, Gérard lui avait dit, tout simplement. De par sa profession, il avait un avantage sur elle pour connaître ses « aventures ». Il compensait cela par une totale honnêteté. Enfin, Amélie avait quand même dû insister pour savoir jusqu’où était aller Angela. Gérard ne lui avait pas dit du premier coup. Il voyait cela comme de la vantardise de mâle superficiel, comportement qu’il abhorrait. Il était touchant parfois.
- Je...j’étais jeune, reprit Angéla. Et...cela m’a amenée à prononcer des paroles alors que je n’aurais pas dû. Ce n’était en effet, pas correct envers vous...J’en suis désolé.
- Oh non, vous n’êtes pas désolé, répondit Amélie.
- Pa...pardon ?
- Je suis sûr que jusqu'à très récemment, vous avez intensément regretté que Gérard n’est pas accepté votre “offre”. Et vous n’avez commencé à changer d’avis qu’après avoir découvert ses petits secrets. En vérité, vous ne regrettez pas ses paroles parce que vous êtes “désolé” envers moi. Mais parce que vous avez découvert que l’homme que vous vouliez voler...n’en valait en fait pas la peine.
Le visage d’Angela était décomposé. Amélie s'aperçut qu’elle tremblait un peu.
- Est-ce que vous savez à quel point cela m’aurait blessé s’il avait accepté ? reprit la snipeuse. À quel point je tenais à lui ? Non, évidemment. Vous n’étiez intéressé que par vous-même.
La docteure s’appuya contre le mur tandis que des larmes apparurent dans ses yeux.
- Vous saviez qu’il aurait pu accepter, n’est-ce pas ? Vous lui auriez été bien plus utile que moi à l’époque. Angela Ziegler, prodige de la médecine moderne, bienfaitrice modèle… Une alliée de poids pour grimper dans la hiérarchie d’Overwatch. Et vous auriez été une épouse bien plus docile que moi.
- Arrêtez...s’il vous plaît…
- Mais il a refusé. Pour moi. Parce qu’il ne voulait pas me faire de mal. L’homme que vous méprisez aujourd’hui, c’est montré à l’époque bien plus généreux que vous.
Le visage de la snipeuse se durcit.
- Alors ne venez pas jouer à la Mère Thérèsa devant moi pour vous donner bonne conscience ! dit-elle d’une voix haineuse. Je ne vous accorderais pas ce cadeau !
Angela éclata en sanglot.
- Pourquoi êtes-vous aussi cruelle ? dit-elle.
- Après ce que vous avez fait, vous osez me demander cela ? Tssss. Vous êtes encore plus hypocrite que je ne le pensais.
La docteure tourna les talons et partit en courant.
Amélie se sentais profondément satisfaite. Cela faisait des années qu’il lui démangeait de faire cela. À l’époque d’Overwatch, elle s’était retenue pour ne pas créer de problème à Gérard. Mais aujourd’hui, elle n’avait plus à s’en soucier.
Et maintenant, il ne lui restait plus qu’a de nouveau attendre.