Le Poids de nos Erreurs

Chapitre 23

2608 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/11/2017 17:05

- Vous savez, dit Bianca. Ça fait un bon bout de temps que je vous observe, à attendre le moment le plus théâtrale pour me dévoiler. Est-ce que c’est réussi ?


- Comment nous as-tu retrouvé ? attaqua de suite Ana.


Tout en parlant, l’égyptienne observait les alentours d’un œil vigilant. Elle vit l’ombre d’un fusil se détacher de derrière une fenêtre et le reflet de lumière d’une armure juste à côté. Ils n’étaient pas seuls.


- J’ai dépensé une petite fortune pour ramener Gérard d’entre les morts. Est-ce que tu ne crois pas qu’au passage, j’aurais pu implanter sur lui un mouchard, histoire de pouvoir garantir mon investissement ?


- Alors comment se fait-il que tu ne m’aies pas retrouvé plus tôt ? questionna l’espion.


- Eh salut Gérard ! Tu sais que ton costume est déchiré ?


- Mais qu’est-ce que vous avez tous avec mon fichu costume ?! s’exclama le français.


Les deux femmes firent les gros yeux. Elles n’avaient jamais vu Gérard hausser la voix.


- Oh ça va, pas la peine de t’énerver pour si peu, hein, reprit Bianca. Bon, donc, pour ta question : récemment, j’ai été pas mal traqué par la BDI. Ils ont l’air d’avoir très mal prit que je sois intervenu en Espagne pour tenter de te sauver. Mais si par « plus tôt » tu entends « ces dernières années », et bien… c’est à cause des brouilleurs que l’ONU met dans ses bases secrète. Ça a complétement pourris mon mouchard. C’est bête hein ? Je fais un plan super élaboré pour que tu tombes entre leurs mains et te récupérer juste après…et ça rate. À cause d’un brouilleur.


- Et c’est toi aussi qui a fait exploser le quartier général ? demanda Ana. Toi qui à pousser Gabriel à trahir Jack ?!


- Oh ne me donne pas trop de crédit non plus. Non, je n’ai pas manipulé Reyes. J’en serais bien incapable ! Il aurait attaqué Morrison peu importe ce que je fasse. Par contre oui, l’explosion c’était moi. Une petite bombe placée dans un réacteur et boum ! Effet en chaine.


Cela n’aurait plus dû faire mal maintenant. Ana s’était habitué. D’abord Gabriel. Puis Gérard. Et tous les agents ayant commis des crimes…


Mais cela restait douloureux.


- Bon sang, Bianca, commençât-elle d’une voix brisée. Nous étions amies. Je te faisais confiance. Au point de t’avoir recommandé à Jack pour ce poste…


Bianca eut une petite expression gênée.


- Oui, je te dois beaucoup. Honnêtement, maintenant qu’on est face à face…je suis assez embarrassé. Mais il se trouve qu’à l’époque…et bien tu étais déclarée morte… Et moi, je n’étais pas amie avec Morrison. Donc bon…comprend que sur le moment, je ne me sentais pas retenu par une quelconque obligation.


- Pourquoi trahir ? Pourquoi tuer des centaines d’agents, de bonnes personnes qui avaient dédié leurs vies à rendre le monde meilleur ?


- Et bien, ceux qui ont commandités l’explosion m’ont donné beaucoup d’argents.


Ana la regarda avec un air hébété.


- Non mais quand je dis beaucoup d’argent, reprit Bianca. C’est vraiment beaucoup d’argent. Genre beaucoup beaucoup.


- Et qui était ces commanditaires ? demanda Gérard.


- Oh, tu as bien deviné. Plusieurs responsables chez Vishkar, Enki, Helix, Lumérico…plus des hommes et femmes politiques. Je crois que l’un d’entre eux est d’ailleurs devenu superviseur de la BDI. Ironique n’est-ce pas ?


- Espèce de monstre ! dit Ana.


Bianca leva les bras.


- Eh « monstre » c’est un peu exagéré ! Je ne suis qu’une simple femme qui tente de trouver son chemin dans le monde.


L’égyptienne s’empara de son fusil.


- Bon…commença Bianca. Je suppose qu’il est inutile de te demander de te rendre et de me laisser prendre Gérard, sa femme et les données ? Non parce que j’ai plusieurs dizaines de soldats autours. Donc tu n’as pas vraiment les moyens de gagner.


- J’ai déjà connus pire, répondit Ana en pointant son arme.


Bianca tenta de se jeter à terre mais fut trop lente et se prit une seringue, chargée d’un liquide noirâtre, en plein sur le plastron de son armure.


Une explosion retentie et un mur s’effondra, laissant apparaître une demi-douzaine de mercenaires. Ana jeta une de ses grenades vers eux tandis que Gérard prenait Amélie dans ses bras, avant de se mettre à courir.


- Prend les données ! ordonna-t-il à Assistant, ce que le drone fit aussitôt.


C’était rare qu’Ana laisse la colère la dominer. Ce n’était pas dans sa nature. Et une snipeuse n’avait que peu d’usage du surplus d’énergie conféré par la rage, alors qu’à côté, le sang-froid était plus qu’apprécié.

Mais, piégée dans une fusillade à courte portée, Ana laissa libre court à sa furie. Ses pensées étaient envahies des souvenirs du quartier général, ravagé, de son ami Jack, transformé en une sombre version de lui-même, et des agents qui étaient en Suisse ce jour-là, tous morts à cause de l’explosion.


A une contre sept, Ana réussie à repousser les soldats de Bianca et à forcer cette dernière à la retraite. L’égyptienne tirait et rechargeait à une vitesse folle, canalisant ses émotions en une colère froide et efficace. Ces seringues empoisonnées n’étaient pas très puissantes, surtout face aux armures lourdes des mercenaires. Mais sa précision et sa vitesse faisaient toute la différence.


Ana s’était vu effleuré de quelques déchargés d’énergie. Mais deux des mercenaires étaient au sol et les quatre autres avaient reculé. Ne restait que Bianca.


Cette dernière fonça vers l’égyptienne avant d’appuyer sur un bouton de son arme. Une décharge sonique en sortie, propulsant Ana contre un mur. Bianca enchaina en tirant et la vétérane sentis une balle l’atteindre à la jambe.


Mais il en fallait plus que ça pour l’abattre. Ana se glissa sous un lit, avant de soulever ce dernier pour s’en servir comme barricade. Puis, elle saisit une de ses seringues médicales et se l’administra aussitôt.


Deux balles passèrent à côté d’elle, traversant le matelas pour aller s’écraser contre le mur derrière. Pas du tout impressionné, Ana se releva prestement, visa une unique seconde et tira. Sa seringue empoisonnée alla se planter à la hanche de Bianca, pile entre deux plaques de l’armure. La mercenaire poussa un léger cri de douleur. Qui monta en puissance quand une deuxième seringue l’atteint au ventre.


La mercenaire tomba au sol, lâchant son arme au passage.


- Tu vas répondre de tous tes crimes, lui dit Ana, en s’approchant lentement.


Bianca se mit à rire doucement.


- Allons Ana…tu me connais…c’est pas mon genre de tout risquer dans un seul combat…


Et elle disparut.


Il n’y avait littéralement plus aucune trace d’elle. Pas de sang ou de débris d’armure. Plus inquiétant encore, Ana ne sentait plus aucune douleur dans sa jambe, tandis que le matelas derrière lequel elle s’était cachée était indemne.


Saisie par un mauvais pressentiment, Ana se mit à courir dans la même direction que Gérard.


Ce dernier, accompagné d’Assistant, avait pu franchir trois salles, avant de voir leurs chemins bloqués par des mercenaires. Gérard s’était prestement abrité dans une pièce adjacente, un ancien bureau de docteur selon la plaque sur la porte, avant de poser délicatement Amélie au sol.


- Posa ça et va dégager le terrain, dit-il à Assistant tout en désignant l’unité centrale qui contenait les données.


- Excepté des portes, il n’y a rien qui encombre le terrain devant nous, répondit Assistant. Est-ce que vous ne savez plus ouvrir les portes monsieur ?


Gérard soupira.


- Neutralises ces mercenaires, s’il te plaît.


- A vos ordres monsieur. Je pars du principe que par « neutraliser » vous voulez dire « les faire souffrir jusque à ce qu’ils tombent inconscient ».


Assistant posa la cache de donnée, dégaina son pistolet et sortie de la pièce. En face, les mercenaires avaient continué à avancer. Le drone tira sur celui de tête, qui se prit la décharge électrique de plein fouet…avant de voir celle-ci dispersé par son armure.


Les mercenaires ripostèrent aussitôt et plusieurs rayons d’énergie traversèrent le couloir. Mais le drone s’était écarté derrière un coin de mur. Il ressortie de son couvert et tira de nouveau, visant le fusil d’un mercenaire. L’arme émit un grésillement de mauvais augure, avant de cesser de fonctionner.


Mais d’autres tirs étaient partis vers Assistant, qui vit un rayon d’énergie lui effleurer le torse et un autre le bras. Il se recacha précipitamment.


- Je crains monsieur que mon efficacité soit insuffisante pour accomplir la tache demandée.


Gérard se mit à tapoter sur le clavier de son bracelet. Quelques étincelles apparurent sur ses mains tandis qu’il grimaçait. L’espion se tourna vers la porte et fit un pas en avant. Puis il poussa un cri de surprise et tomba au sol. Amélie venait d’agripper son pied et de le faire tomber.


- Nous n’avons pas fini de discuter, Gérard ! dit la snipeuse, tout en se relevant.


- Chérie, est-ce que nous pourrions remettre cette discussion à après l’attaque dont nous sommes victimes ?


- Qui nous attaque ? demanda Amélie.


- Moi ! lui répondit la voix de Bianca.


Elle venait d’entrer dans la pièce, sans qu’Amélie aient pu voir par où elle était venue. Par réflexe, la snipeuse se jeta au sol. A raison : deux tirs de fusil passèrent au-dessus de sa tête. Amélie activa son grappin, touchant le mur juste derrière Bianca. Dans le même mouvement, elle sauta, jambe vers l’avant.

Tandis que la corde se rétractait, elle fonça à pleine vitesse vers la mercenaire et l’heurta de plein fouet, la faisant tomber au sol. Elle en profita immédiatement pour lui donner un coup de poing sur la tête.


- Mais, qu’est-ce que tu fais Amélie ? demanda un Gérard stupéfait.


- Tu le vois bien !


Ils n’eurent pas le temps d’approfondir la question. Les mercenaires avançaient vers eux. Assistant avaient neutralisé deux de leurs armes mais les tirs de réplique lui avaient fait perdre une de ses jambes. Cela ne l’avait pas empêché d’attaquer au corps à corps, sautillant sur son pied valide tout en frappant de ses poings métalliques. Il assomma une autre mercenaire avant d’être lui-même submergé. Ses adversaires le plaquèrent au sol et le désactivèrent via une arme à IEM.


Puis Amélie fut sur eux. Elle arracha l’arme d’un mercenaire avant de lui tirer en pleine tête. La snipeuse utilisa ensuite le corps comme couvert face aux tirs de riposte, tout en s’écartant. Il y eut un éclair dans la pièce et elle vit une autre mercenaire s’effondrer, un trou noir au niveau du ventre. Apparemment, l’arme de Gérard était bien plus puissante que celle de son drone.


Bianca se releva à ce moment, son arme en main, et tira vers Amélie. La pièce était petite, sans endroit où sa cacher. La snipeuse sentis une balle la toucher à l’épaule. Mais un de ses tirs de riposte atteignit la mercenaire à la tête.


Profitant de cette ouverture, trois mercenaires pénétrèrent dans la pièce. Gérard tandis la main et il y eut un autre éclair. Mais il était bien moins puissant que le précédent et l’électricité fut dispersé par l’armure.


L’espion ne s’était pas encore remis de l’utilisation intensive de son arme lors du précédent combat. Ses deux éclairs avaient suffi pour l’épuiser. Les mouvements ralentis par la fatigue, il parvint tout juste à esquiver un premier coup de crosse…mais pas le second, qui l’envoya dans l’inconscient. Un mercenaire le ramassa, tandis qu’une autre faisait pareil avec les données.


- Reposez mon mari bande de pions insignifiants ! cria Amélie en pointant son arme.


Puis une onde sonique la projeta contre un mur.


- Je crois qu’il ne va pas vouloir rester ton mari plus longtemps, dit Bianca.


Le tir à la tête avait créé un trou dans le casque…sans atteindre la tête derrière. L’armure d’italienne était encore plus résistante que celle de ses sbires. Et son fusil fonctionnait toujours.


Amélie effectua une roulade, ce qui la fit crier de douleur à cause de son épaule blessée, puis tira. Son trait d’énergie atteint le point exact qu’elle avait touché juste avant, passant à travers le trou dans le casque pour atteindre la tête.


Le corps de Bianca s’effondra au sol…et disparu. Amélie en resta stupéfaite pendant une seconde. Il n’y avait aucune trace. Et son épaule ne lui faisait plus mal, comme si elle n’avait jamais été touché par une balle.


Puis la réalité la rattrapa. Les mercenaires avaient quitté la salle avec son mari et les données. Elle se lança à leur poursuite. Mais son chemin se trouva bloqué par une toile métallique, la même qu’elle avait vu en Espagne. Amélie fut obligée de contourner, perdant de précieuse minute.


Lorsqu’elle fut de retour dans le premier hall, elle jeta l’arme qu’elle avait prise à un mercenaire pour récupérer son fusil.


- Ils sont partie par-là ! lui dit la voix d’Ana.


Amélie courut aussitôt dans cette direction.


Mais il était trop tard. Tout ce qu’elle vit, c’était le corps d’un mercenaire inconscient, surement neutralisé par l’égyptienne et un appareil aérien, déjà à plusieurs dizaines de mètre du sol.


Il était blindé de part en part. Elle ne pourrait jamais abattre ça avec son fusil. Mais…


D’un geste parfaitement maitrisé, Amélie sortie les munitions mouchards de sa besace et les chargea dans son arme.


Les paroles de la mécanicienne lui revinrent en mémoire « À cet endroit-là, c’est totalement indétectable ». Le cœur du moteur. Accessible via un pot d’échappement de quatre centimètres de diamètre.


Facile pour elle.


Amélie tira. Le mouchard franchit en quelques seconde la distance qui le séparait du moteur, avant de se loger en plein centre de celui-ci.


La snipeuse eut un sourire féroce. La partie n’était pas terminé.

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