Le Poids de nos Erreurs
Amélie regarda le corps de Gérard pendant de longues secondes.
Elle s’attendait à tout instant à ce qu’il se volatilise, laissant à sa place un projecteur holographique ou un dispositif de téléportation. Il ne pouvait pas simplement s’être laissé tirer dessus…
Mais il ne se passa rien.
La visière activée, Amélie observa les environ. Elle vit la silhouette de Reaper, approchant lentement d’elle. Ana et Assistant avaient disparu. Et le corps de Gérard dégageait bel et bien la chaleur d’un être vivant.
Lentement, prudemment, elle s’approcha. Aucune réaction. Amélie tata le pouls. Il était vivant.
Cette traque était enfin arrivée à son terme. Amélie aurait dû se sentir joyeuse. Mais elle était inquiète. Il y avait ce sentiment, diffus, que quelque chose n’allait pas.
- Alors c’est fini…dit Reaper. Tant mieux. J’en avais assez de retenir mes tirs.
Soudainement, leurs oreillettes à tous deux s’activèrent, laissant entendre le scientifique de Talon.
- Procédez à une analyse standard et à une prise de sang, puis envoyez moi les données.
Reaper sortie de son lourd manteau un appareil de scan et une seringue. C’était le protocole normal. Si un prisonnier avait implanté sur lui un traqueur ou une bombe, il fallait mieux le découvrir avant de l’emmener dans une de leur base.
Dans son laboratoire, le scientifique se mit à examiner les données collectées par Reaper.
- L’ADN correspond à 100%, dit-il. Je ne connais aucune science de clonage qui pourrait obtenir un résultat aussi exact.
Reaper passa son appareil au-dessus de la tête de Gérard.
- Oh ! réagit le scientifique. Qu’est-ce que c’est que ça ?!
- Un problème ? demanda Reaper.
- Je…j’ai l’impression, oui. Son cerveau à subit un traitement que je n’ai jamais vu…oh bon sang…ça va bloquer toutes les…opérations, que je pourrais mener sur lui.
Amélie frissonna en entendant « opération ».
- Je dois contacter nos supérieurs, poursuivit le scientifique. Attendez.
Et il coupa la communication.
Amélie n’aimait pas ça. Ils auraient déjà dû être en train d’amener Gérard à leur base. Elle en avait assez d’être seule. Assez de ne plus recevoir d’affection. Le plaisir du meurtre ne lui suffisait plus.
Reaper lui, s’était approché de la cache de donnée. Avant de s’en éloigner en grognant. Elle était protégée par un mot de passe. Qu’importe, Sombra saura désactiver cela.
Dans son laboratoire, le scientifique avait pu contacter la voix, avant de lui expliquer la situation.
- Pensez-vous pouvoir venir à bout de ces protections ? demanda la voix.
- Pas avant plusieurs années de recherches. Sans doute quatre ou cinq. Trois au mieux.
La voix ne lui répondit pas. A la place, elle parla dans l’oreillette de Reaper et de Widowmaker.
- La situation a changé. Tuez Lacroix maintenant, puis ramenez la cache de données.
Amélie sentit la panique l’envahir. Non. Non ! Elle ne voulait pas….
- Les ennemis de Talon doivent être éliminés, lui dit alors dit la voix.
- Les ennemis de Talon…doivent être éliminés, répéta-t-elle docilement, d’un ton froid comme la glace.
Reaper lui, avait dégainé un de ses massif fusils à pompe.
- Une fin tout aussi satisfaisante, murmura-t-il en pointant l’arme vers Gérard.
Il y eut une détonation.
Derrière la caisse où il s’était caché, Reaper jeta un prudent coup d’œil vers Amélie.
- N’oses même pas toucher à mon mari ! cria celle-ci, le canon fumant de son arme toujours pointé vers le mercenaire.
Calmement, Reaper sortie le presse bouton que lui avait confié Agent 49 et appuya dessus.
Il ne se passa rien.
Reaper ne put retenir une exclamation de surprise.
Puis, une image revint dans sa mémoire. Gérard, effleurant Widowmaker de son poing, lui envoyant une petite décharge électrique, près du cœur.
Juste là où se trouvait la bombe.
Il entendit le zip d’un grapin, derrière lui. En se retournant, Reaper aperçut Widowmaker, le surplombant d’une pile de caisse en face de lui.
Il tenta de passer en forme spectrale. Mais, affaiblit par les tirs que lui avait porté Ana, il ne fut pas assez rapide. La balle de Widowmaker l’atteignit en pleine tête. Il cria de souffrance, tandis que son corps se décomposait en un nuage noirâtre, qui s’éloigna aussitôt.
- N’oubliez pas à qui vous devez…commença la voix, parlant dans l’oreillette d’Amélie.
Cette dernière prit l’appareil et l’écrasa dans la paume de sa main. Puis, elle ferma les yeux en grimaçant.
La douleur était atroce. Dix milles aiguilles chauffé à blanc, enfoncé dans son crâne. Elle eut à peine la force de redescendre au sol. Puis, elle s’évanouit.
**
*
La première chose qu’Amélie ressentie fut la douce sensation du matelas situé dans son dos. Et la chaleur de la couette au-dessus d’elle.
Puis les souvenirs lui tombèrent dessus.
Il n’y avait plus de blocage désormais. Amélie se rappelait de tout. Sept ans de sa vie, à n’être qu’une marionnette, forcée de tuer celui qu’elle aimait…
Elle se mit à pleurer.
Quelqu’un la prit dans ses bras.
- Ça va aller Amélie, murmura tendrement Gérard. Ce n’est pas grave. Tu es une femme fantastique. Je t’aime. Ensemble, plus rien ne pourra nous arriver.
Elle s’accrocha à lui, trouvant autant de réconfort dans ses paroles que dans sa présence.
- Merci de m’avoir sauvé, ajouta-t-il.
Amélie cessa de pleurer et ouvrit les yeux.
Ils se trouvaient dans un hall d’hôpital. Excepté eux, l’endroit était désert et semblait avoir été abandonné depuis des années. Seule deux lits, dont le sien, était propre et en bonne état.
Amélie portait encore sa combinaison. Mais on lui avait retiré son équipement. L’armure qui lui couvrait le bas des jambes et les pieds se trouvait à côté du lit. Le reste était posé sur une table juste à côté. Il y avait son fusil, sa visière, son gantelet ainsi que le contenu de sa besace : ses munitions, divers gadgets et les mouchards qui lui avait été remis pour sa mission.
Un peu plus loin, elle vit Assistant, possédant de nouveau ses deux bras, se tenant stoïquement droit comme un i, non loin d’eux. Juste à côté du drone se trouvait une petite table, chargée de pièce détaché et d’outil de mécanicien.
Et au centre de la pièce était posé la cache de donnée, accompagné de son projecteur holographique.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-elle.
- Assistant est revenu nous chercher, puis nous a amené ici avec les données, répondit Gérard. Il a aussi récupéré du matériel d’une de mes cachettes situées non loin.
- Et Amari ?
- Elle s’est réveillé un peu avant toi. Il me semble qu’elle est allée chercher une cuisine pour faire du thé.
Amélie reprenait peu à peu contenance. Elle ressentie de la honte d’avoir ainsi pleuré. Elle avait été une des meilleures danseuses des opéras parisien et une fille d’une des plus riches familles de France. Maintenant, elle était l’assassine la plus redouté sur terre. Contrôler ses émotions était une nécessité.
- Comment se fait-il que tu sois vivant ? demanda-t-elle.
- Je te raconteras tout dès qu’Ana nous aura rejoint. Et toi, comment te sent tu ?
- Bien, dit-elle.
Ce n’était pas totalement vrai. La douleur était partie. Amélie sentait qu’un grand poids avait disparu de sa tête. Comme un inconfort auquel on c’est tellement habitué que l’on ne remarque plus sa présence…jusque à ce qu’il disparaisse.
Mais elle était troublée. Les questions qu’elle avait repoussé depuis quelques jours revenait hanter son esprit. Et elle craignait de ne pas apprécier les réponses.
- Et toi ? ajouta-t-elle.
- Bien aussi, répondit-il en souriant.
Ce sourire aurait trompé n’importe qui d’autre. Pas elle.
- Menteur…murmura Amélie.
Il eut une expression amusée.
- Autant que toi. Je suppose que ces retrouvailles nous effraient tous les deux… Même si nous ne devrions pas avoir peur.
Gérard tendit sa main et lui caressa tendrement la joue.
Il y eut le bruit d’une porte qui s’ouvre. Les deux Lacroix tournèrent la tête et virent Ana entrer dans le hall, une théière dans les mains.
Les deux femmes échangèrent un regard. Amélie vit de la méfiance dans les yeux de l’égyptienne.
- Madame Lacroix, dit poliment Ana.
- Madame Amari, répondit Amélie, un poil plus glacial.
La vétérane se tourna vers Gérard.
- Tu as tes preuves. Il est temps de tenir ta promesse.
- Oui, il est temps…
Il s’approcha du projecteur holographique et l’activa.
*Il y a sept ans*
Gérard ouvrit les yeux.
Il ne vit qu’un plafond de métal gris. Et ne sentais que la même matière sous son dos.
- Lazarus, lève tooooooi et marche !!!!
C’était la voix de Bianca, parlant avec un ton exagérément cérémonieux, au point d’en être comique. Gérard se redressa, constatant au passage qu’il était en sous vêtement.
- Alléluia ! dit Bianca, juste en face de lui. Plus qu’à attendre mille ans et je serais considérée comme la fille de dieu envoyée sur terre.
- Que...que c’est-t-il passé ? demanda Gérard en se frottant la tête. Je me souviens juste m’être endormis. J’étais...très fatigué…vraiment très fatigué…
- Tu es mort. Talon t’a assassiné il y a trois jours.
- Pardon ?
- Tu es mort. Talon t’a assassiné il y a trois jours.
- Comment ? Et si c’est vrai...qu’est-ce je fais ici ?
- Étouffement. On a retrouvé ton corps privé d’oxygène dans ta résidence après un assaut de Talon. Ta femme avait disparu, présumé enlevée. Le lendemain, il y a eu une cérémonie. Ah, c’était grandiose ! Le commandant a déclaré que tu étais un homme exceptionnel. Et juste après, ton précédent chef, tu sais celui qui a envoyé une lettre à Morrison te décrivant comme un sale traître, disait que tu étais un citoyen français modèle et qu’il avait toujours cru en toi. D’ailleurs félicitation, tu as reçu la légion d’honneur à titre posthume.
Gérard ne put s'empêcher d’avoir un léger sourire.
- Et ensuite, j’ai fait récupérer ton corps et l’ai ramené dans une de mes bases secrètes. Celle-ci pour être plus exacte.
- Tu m’as...ressuscité ?
- Non. Eux l’ont fait.
Elle montra du pouce un trio de scientifique, qui se tenait juste derrière, observant tout un tas d’écran et de panneau de contrôle. L’un d’eux fit coucou à Gérard avec sa main.
- Mais...comment ?
- Ton ex-petite amie Angela avait fait des recherches sur un appareil le permettant. Elle avait tout mis au point pour construire un prototype viable. Puis elle a abandonné le projet pour consacrer ses crédits de recherche à créer des médicaments pour les pauvres. Parce que oui, ce truc coûte une blinde à utiliser.
- Donc tu as volé ses plans et a fait développer la technologie en secret.
- Et tant mieux, non ? Sinon tu serais encore un cadavre…
- Combien de bénéfice en as-tu obtenu au marché noir ?
- Des milliards. Ce n’est pas donné les bases secrètes tu sais.
- Bon...merci de m’avoir ramené. Et maintenant ?
- Je pense qu’on est d’accord qu’aller annoncer à Morrison que tu es vivant grâce à un appareil construit avec des plans volés et financé sur des fonds clandestins ne passera pas bien auprès de lui. Ni auprès de l’ONU ou de la presse...
Gérard imagina les titres de journaux. Overwatch était déjà très critiqué en ce moment. Une affaire comme celle-là achèverait l’organisation. Sans compter les ennuies qui risquait d’arriver à Bianca.
- Donc, tu vas devoir rester ici, poursuivit l’italienne. Ne t’inquiète pas, il y a la clim, le wifi et tout et tout… Et j’ai déjà quelques idées de travail dans lequel tu pourrais m’aider. Un type comme toi, ce serait bête de le garder au chômage, hein ?
- Je pourrais enquêter sur ma mort ?
- Ah oui. Logique que tu veuilles faire ça. Enfin pas de problème. Je te confierais les ressources pour.
*Aujourd’hui*
- Donc c’était Bianca, dit Ana. Avec la technologie d’Angela. Ça ne me surprend même plus… Mais tout cela n’expliqua pas comment tu t’es retrouvé dans cette base de l’ONU.
- Je vais te le dire, Ana. Et je te dirais aussi ce que tu veux savoir depuis si longtemps. Comment Overwatch est tombé.