Le Poids de nos Erreurs

Chapitre 15

3085 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/08/2017 21:04

- Alerte, appareils non identifiés en approche.


C'était l'IA du transport qui parlait. Ana s'approcha immédiatement de la table holographique.


- Une escadrille de chasseurs espagnols, annonça-t-elle.


Leur traversé de l'Atlantique avait enfin prit fin et ce n'était qu'une question de minutes avant qu'ils ne survolent l'Espagne… du moins si ces avions les laissaient faire.


- C'est plus facile pour eux de nous tuer dans les airs, commenta Gérard.


- Ne t'inquiète pas, lui dit Ana. Les espagnols n'ont pas modernisé leur armé depuis la Crise Omnic. Ces chasseurs ont vingt-six ans d'âge. Notre transport seulement six. Et il a été conçu pour traverser des milieux hostiles.


- Mais je suppose qu'il est censé fonctionner avec un pilote, n'est-ce pas ?


Ana ne répondit pas. Mais elle savait qu'il avait raison. Le pilotage automatique ne remplacerait jamais totalement un vrai humain. Il fallait espérer que leur supériorité technologique fasse la différence.


- Tir de missiles détecté, signala l'IA.


- Activation des contre-mesures ! ordonna Jack.


Ana entendit une série de détonations. Sur la projection holographique, elle put voir une nuée de projectiles être tirée par leur transport. Atteint sur le coup, les missiles des chasseurs explosèrent aussitôt, très loin de l'appareil des fugitifs.


- Et nous n'aurions pas pu utiliser ça contre les drones ? demanda Gérard.


- Tu sais reconfigurer une batterie de canon anti-missile sur un appareil en plein vol ? lui répondit Ana. Parce que Jack et moi non.


Elle eut une petite pointe de satisfaction en voyant que Gérard ne répondit pas.


- Alerte, prévient l'IA. Approche rapide des appareils inconnus.


- Manœuvres d'évasions ! ordonna Jack.


- Il est recommandé à tous les passagers d'attacher leur ceinture.


Le trio de fugitif s'exécuta. Et à raison, car une seconde plus tard, le transport effectua un brusque looping qui secoua tout l'appareil. Mais cela permit aussi d'éviter une rafale de balles tirée par un des chasseurs. Un second avion passa alors à l'attaque tandis que le transport virait en catastrophe pour éviter les tirs. Mais il fut trop lent et une poignée de projectiles l'atteignirent à l'arrière.


- Alerte, débuta l'IA. Moteur endommagé, atterrissage d'urgence en cours.


L'appareil fonça vers le sol à toute vitesse. Cela lui permit de distancer les chasseurs, et les drones de reconnaissance. Mais c'était bien le seul avantage de la situation. Car de violentes secousses le traversait de part en part, tandis qu'une inquiétante fumée se dégageait de l'arrière.


- Est-ce que nous arriverons à atterrir ? demanda Jack, parlant vers la table holographique.


- Affirmatif, répondit l'IA.


Le transport chutait vers de la terre ferme. Heureusement, les moteurs étaient encore suffisamment en bons états pour permettre un atterrissage correct et les fugitifs purent s'en sortir indemnes. Mais l'appareil était bel et bien fichu. L'épaisse fumée noire qui sortait du moteur ne laissait aucun doute là-dessus.


- Il va falloir aller à pied jusque à la ville la plus proche, dit Ana.


- Si la BDI nous laisse faire, répondit Gérard. Avec cette fumée, nous retrouver va être un jeu d'enfant. Nous tuer devrait être à peine plus difficile.


- Qu'ils essayent, dit Jack.


Ils récupèrent quelques affaires, dont une carte de la région, avant de se mettre en route. Leur transport avait atterri dans une région de collines rocailleuses et de petits bourgs fantômes, abandonnés depuis la Crise des Omniums.


Une heure s'écoula. Puis, un bruit de moteur se fit entendre. Le bruit de plusieurs moteurs en fait. Beaucoup de moteurs. Et ils se rapprochaient.


- À couvert ! ordonna Jack.


Le trio se cacha dans un renfoncement du terrain. Au loin, il pouvait apercevoir une petite flotte de transports aériens qui s'approchait, accompagné d'un massif dirigeable métallique. Dessus, on pouvait voir le logo des nations unis, par dessous trois lettres : BDI.

Les transports commencèrent à se disperser, partant dans toutes les directions, suivit de près par des drones aériens.


- Ils sont en train de boucler la zone, analysa Ana. Je ne pensais pas qu'ils auraient les effectifs pour.


- Vous deux avez énervé beaucoup de personnes en détruisant cette base, répondit Gérard. Et puis, le conseil de sécurité doit avoir des soupçons sur votre véritable identité. Ils vous veulent mort au plus vite. Les conséquences pour eux seraient trop lourdes si la vérité éclatait.


Personne ne lui répondit et ils se remirent à avancer. Quelques minutes plus tard et ils avaient atteint un village en ruines.


- Attendez, dit Ana. J'entends du bruit.


Elle s'agenouilla avant de regarder à travers la lunette de son fusil.


- Une escouade de soldat russe, dit-elle. Un mecha léger est avec eux. Ils sont très doués, je ne vois pas de faille dans leur dispositif de surveillance. Nous ne passerons pas sans combattre.


- Cherche une voix pour les contourner, ordonna Jack.


Ana s'exécuta, regardant autour du village.


- Leur flanc gauche est surveillé par des soldats de Pranciškus, dit-elle. Ils ont un croisé avec eux. À droite, je vois des soldats américains et un nid de mitrailleuses. Toute la zone est bouclée, Jack.


- Est-ce que tu comprends maintenant mon « pessimisme », Ana ? intervint Gérard.


- Ce ne sont pas les premiers à nous pourchasser, répondit la vétérane.


- Mais les premiers à être aussi nombreux, bien équipés et autant entrainés, n'est-ce pas ?


- Ça ne fait aucune différence, dit Jack.


Il s'équipa de son masque, rapidement imité par Ana.


- Fantôme, couvre-moi pendant que j'attaque, dit-il. Lacroix, cachez-vous quelque part et attendez que nous créions une ouverture.


- Je vais attendre longtemps alors.


Ignorant le sarcasme de Gérard, Soldat 76 se mit à avancer vers le village, se déplaçant prudemment et en silence. Il ne tarda pas à atteindre la zone de surveillance des russes.


- J'ai besoin d'une diversion, dit Jack à Ana, via son communicateur. Endort la sentinelle à trois heures.


La vétérane pointa son fusil, retient sa respiration, visa et tira. Une fléchette remplie de somnifère atteignit une soldate russe au cou. Elle s'effondra immédiatement et commença à ronflez bruyamment.


Ses camarades contre-attaquèrent immédiatement. Des tirs de surpression clouèrent Ana sur place tandis qu'un soldat approchait prudemment de sa position.


Ce mouvement offrit une ouverture à Soldat 76, qui en profita pour contourner les russes. Utilisant les ruines pour rester hors de vu, il s'approcha des flancs de l'escouade. Puis, il surgit des ombres pour leur tomber dessus.


Une rafale de son fusil détruisit l'arme d'une russe tandis qu'il donna un coup de crosse à un autre. Le soldat encaissa stoïquement, avant de répliquer d'un coup de genou au ventre, tandis que sa camarade dégainait un pistolet.


Jack esquiva l'attaque avant de frapper de nouveau, mettant le soldat au sol. Une balle lui effleura alors le bras et un autre tir le força à se mettre à couvert. Puis il leva son arme et une rafale suffit à détruire le pistolet.


La soldate précipita ses mains vers un couteau mais le temps qu'elle le dégaine, Jack était déjà sur elle. Trois frappes de Soldat 76 furent nécessaires pour l'assommer et il y gagna une entaille à la jambe. Mais ses deux adversaires étaient enfin neutralisés.


Malheureusement, le mecha avait profité de ce combat pour approcher de Jack. Haute de trois mètres, la machine avait une forme humanoïde mais était dépourvu de tête. A la place, un pilote se trouvait assis dans le « ventre » de l'appareil.


Alors qu'un bruit de moteur se faisait entendre au loin, le mecha pointa son arme vers Soldat 76. C'était un massif canon qui tira un large faisceau d'énergie blanchâtre. Jack esquiva l'attaque en roulant sur le côté, seulement pour voir le mecha lui foncer dessus. Le poing robotisé de la machine l'atteignit au torse, le projetant en arrière sur plusieurs mètres.


Une des trois soldats russes restants était en train de contourner Jack tandis que les deux autres maintenaient leurs tirs de suppression sur Ana. Mais si leur escouade au complet avait pu immobiliser la vétérane, ils n'avaient désormais plus assez de puissance de feu pour faire cela.


L'égyptienne détacha une de ses grenades biotiques avant de l'envoyer sur ses adversaires. Les soldats poussèrent un cri de douleur lorsqu'ils furent touchés par la brume dorée. Ana en profita pour relever la tête et endormir un autre des soldats.


De son côté, Jack avait eu à peine le temps de se relever que le soldat russe lui tira dessus. Une poignée de balle le touchèrent et il se cacha derrière un mur en poussant un grognement de douleur. Profitant de ce répit, il activa aussitôt son champ biotique. L'énergie régénératrice ne tarda pas à le guérir de ses blessures.


Entendant le mecha approcher, il se déplaça en toute hâte tandis qu'un rayon d'énergie détruisait sa cachette. Il répliqua immédiatement et un trio de roquettes sortirent de son arme pour tomber en plein sur la machine ennemie. Sérieusement endommagé, le mecha répliqua malgré tout mais Soldat 76 s'était déjà déplacé. Cinq autres rafales de son arme furent nécessaires pour mettre hors service la machine ennemie.


Il n'y avait désormais plus que deux soldats russes en état de combattre.


- Nous avons notre ouverture, dit Ana à Gérard. Fonce !


- Je crois que tu cries trop vite victoire, répondit le français en pointant son doigt vers le ciel.


Un transport de la BDI venait d'arriver sur les lieux du combat. Il approcha du sol, tandis que ses portes s'ouvraient, révélant la silhouette de Zarya. Cette dernière sauta immédiatement sur le sol, suivit par le reste de son escouade.


La russe était armée d'un canon qui ressemblait à celui de mecha, mais en plus évolué. Fait d'un métal blanc, il avait l'apparence d'un objet de très haute technologie. Impression renforcée par la boule d'énergie qui gravitait à sa base. L'arme était tellement massive et lourde qu'il semblait impossible pour un être humain de la porter. Mais Zarya y arrivait.


Elle avança droit sur Jack, sans prendre le temps de se mettre à couvert. Derrière elle avançait Masque de Fer, protégé par une armure pare-balle et armé d'un lance grenade. Pharah, équipée de son armure raptora, était dans les air. Le reste de leur escouade n'était pas visible.


Jack tira immédiatement sur Zarya, visant le bras droit. Mais ses tirs furent stoppés à quelques centimètres de la russe, bloqué par un bouclier invisible. Le canon lourd répliqua, tirant une brillante sphère d'énergie. A l'atterrissage, le projectile explosa, forçant Soldat 76 à se jeter au sol. Il dut reculer en toute hâte pour éviter de se prendre une autre grenade, tirée par Jagna.


- Fantôme, utilise tes nano-boost, ordonna-t-il via son communicateur. Nous allons finir ça rapidement.


Ana utilisa un appareil sur son poignet pour tirer une fléchette vers Jack. À son contact, le corps du vétéran, et son arme, furent parcourus de courants d'énergie bleutée. Au même moment, Soldat 76 activa sa visière, avant de sortir de son couvert.


Il fit de nouveau feu sur Zarya, la puissance de son arme démultipliée par la technologie qu'il employait. Le bouclier de la russe encaissa les premières rafales, puis il y eut un bruit de verre brisés et plusieurs balles s'écrasèrent sur l'armure de Zarya. En grinçant des dents, cette dernière appuya sur un bouton de son arme. Une nouvelle bulle d'énergie se mit à l'entourer, cette fois visible à l'œil nu. Elle était bien plus puissante que la précédente, car elle parvient à absorber les tirs de Jack. Pire encore, des flux électriques se mettaient à parcourir l'armure de Zarya tandis que la boule d'énergie de son arme grossissait, comme si elles étaient alimentées par les attaques de Soldat 76.


Voyant cela, Jack détourna son arme vers Pharah. Mais un nouveau bouclier sortit de l'arme de Zarya pour entourer l'égyptienne et Soldat 76 tira encore pour rien. L'énergie des nano-boost se dispersa, alors que l'escouade de la BDI était indemne. Pire que cela : l'armure de Zarya rayonnait d'énergie.


Elle tira une nouvelle fois et la taille de sa sphère semblait avoir doublé. L'explosion pulvérisa le couvert de Soldat 76, projetant celui-ci plusieurs mètres en arrière. Jack poussa un grognement de douleur, avant de rouler sur lui-même, évitant un missile de Pharah. Il se mit à genoux et tira une rafale vers l'égyptienne, forçant cette dernière à perdre en altitude.


- Reste sur ta position, dit Ana, via son communicateur. Je vais te soigner.


Elle pointa son fusil vers lui, y chargea une seringue médicale…puis poussa un cri de douleur lorsqu'une balle lui effleura le bras. Au loin, sur le toit d'une maison en ruine, Ana aperçut la silhouette d'un autre sniper.


- Ils m'ont repéré, je change de position ! dit-elle au communicateur. Ne bouge, ordonna-t-elle ensuite à Gérard.


Ce dernier était caché derrière un mur en ruine, juste à côté.


- Oui maman, répondit l'intéressé, tandis qu'Ana se mettait en mouvement.


Plus loin, Soldat 76 voyait Zarya avancer vers lui. Il se précipita à l'intérieur d'une petite maison branlante, suivit par la russe. Un rayon d'énergie sortie du canon lourd, touchant Jack à l'épaule. Ce dernier poussa un cri de souffrance. Puis, il répliqua de ses roquettes helix, visant la dernière poutre indemne du bâtiment. Le toit s'effondra, obligeant les deux combattants à fuir par des côtés opposés.


Jack se retrouva face à Ana, qui avait bougé dans sa direction. L'égyptienne appliqua aussitôt une seringue médicale à son co-équipier.


- C'est un combat que nous ne gagnerons pas, lui dit-elle. Nous devons nous replier !


Il hocha la tête et les deux vétérans se mirent à courir, fuyant les forces de la BDI.


Gérard de son côté, attendait bien sagement le retour de ses deux « compagnons », toujours caché derrière son mur en ruine. Puis il sentit quelque chose le frapper dans le dos et il s'effondra au sol.


Gérard vit une soldate passer à travers le mur, comme si les briques n'étaient que de l'air. La femme portait une armure pare-balle complète. Dessus, on pouvait voir des insignes de sergent et un écusson français.


- Vous les bourges, dit Aamina, tout en pointant sa carabine sur Gérard, le pays vous a tout donné. Mais pourtant, vous faites jamais rien pour lui.


- Je ne suis pas un bourgeois, répondit Gérard. Et j'ai beaucoup donné à notre pays.


- Vous direz ça aux flics alors, dit la sergente. Allez, debout !


Gérard se releva péniblement. Puis, Aamina entendis un bruit sur le côté. Elle tourna la tête, avant d'activer un mécanisme de son armure. Cette dernière se mit à briller, tandis que la française traversait le mur derrière-elle. Une fléchette d'Ana s'abattit à l'endroit où Aamina se trouvait une seconde avant.


- Cours ! cria Ana à Gérard.


Ce dernier ne se fit pas prier et rejoignit les deux autres fugitifs. Le trio ne tarda pas à s'enfuir hors du village.


***


Zarya observait les alentours. Derrière elle, le médecin canadien, équipé d'une armure valkyrie, soignait les soldats russes blessés par le combat. Les autres membres de son escouade étaient autour d'elle et lui avait déjà donné leurs rapports.


- Commandante, devons-nous allez à leur poursuite ? demanda Fariha.

- Non, répondit Zarya. Cela ne servirait à rien. Ces fugitifs sont trop doués pour fuir et se cacher. Mais nous les retrouverons. Ce n'est qu'une question de temps.


Le canadien, qui avait fini ses soins, s'approcha alors des deux officières.

- Ces soldats n'ont pas de blessures graves, dit-il d'une voix inexpressive. Ils sont prêts à retourner au combat.


- Parfait, dit Zarya.


Elle se tourna vers son escouade.


- Pas mal pour un premier combat, leur dit-elle, d'un ton appréciateur.


- Merci de m'avoir couvert contre 76, lui dit Fariha.


Zarya donna une tape amicale sur l'épaule de l'égyptienne.


- C'est ensemble que nous sommes fort, dit la russe.


Fariha acquiesça, un léger sourire aux lèvres. Elle avait apprécié ce combat, avec des co-équipiers compétents et disciplinés. Vaincre enfin Soldat 76 était aussi très plaisant. Mais elle n'arrivait pas à sortir de sa tête les sinistres ordre qu'elle avait reçu.


- Surveillez la zone, ordonna Zarya. Nous ne tarderons pas à retourner au combat.

Ceci dit, la russe entra dans son transport, se dirigeant vers la carte holographique. Dessus, des dizaines de symbole représentait les autres escouades de la BDI. Elles étaient dispersées dans la région, encerclant l'endroit où le transport de 76 s'était écrasé.


Les fugitifs avaient eu une heure pour se déplacer. Cela avait forcé Zarya à éparpiller ses soldats sur une large distance, pour couvrir tous les itinéraires de fuites possible. Mais maintenant que la BDI avait repéré Soldat 76, Zarya allait pouvoir concentrer ses troupes.


Avec un sourire aux lèvres, elle se mit à déplacer les icones, formant un cercle autour de l'endroit vers lequel s'était enfuit les fugitifs. Cette fois, la zone était beaucoup plus petite et l'encercler demanda à Zarya deux fois moins de troupe. Autant de soldats qui allaient la rejoindre dans l'attaque contre les fugitifs. Avec une telle supériorité numérique, vaincre Soldat 76 serait une formalité.


Ses plaisantes pensées furent troublées par un bip d'alerte, venant du cockpit de l'appareil.


- Que se passe-t-il ? demanda-t-elle au pilote.


- Des transports sont en approche vers notre position, lui répondit-il. Deux de Talon et un d'Overwatch. Je n'arrive pas à identifier le quatrième.


Zarya jura. Il semblait que la partie allait être plus difficile que prévue.

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