Le Poids de nos Erreurs

Chapitre 13

3534 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/07/2017 04:00

- Ils semblent se diriger droit vers l’Europe, déclara Fariha.


Son index était posé sur un tableau de bord, suivant l’avancé des drones de reconnaissance…et du transport de Soldat 76.


- Le conseil a contacté plusieurs états vers lequel avancent ces criminels, déclara le politicien. Une escadrille de chasseur sera envoyée les abattre dès qu’ils auront franchis l’Atlantique. Mais nous ne pouvons exclure la possibilité qu’ils survivent. La BDI est-elle prête au déploiement ?


- Oui, déclara Zarya.


- Parfait, dit le politicien. Rattrapez et éliminez ces trois fugitifs. Vous avez vos ordres.


Les deux officières se mirent au garde à vous et la communication prit fin. Zarya et Pharah se dépêchèrent de quitter la pièce pour préparer leurs troupes au départ. Une tâche loin d’être évidente en plein milieux de la nuit.


Outre son escouade principale, la BDI comptait plusieurs centaines de soldats d’élites. Ils étaient choisis parmi la crème de la crème des armées nationales, dépassés en force uniquement par des héros comme Pharah ou Zarya. Leur nombre devait permettre de faire face aux sbires de Talon ou, dans le cas présent, à boucler une zone pour interdire aux fugitifs de fuir.


Tout ce petit monde fut réveillé et s’équipa en quatrième vitesse, tandis que les mécaniciens préparaient les appareils. Puis les préparatifs furent terminés et le départ fut lancé. Fariha se retrouva dans un transport, avec Zarya et les quatre autres membres de son escouade.


Elle avait beau savoir qu’il lui faudrait attendre plusieurs heures avant le moindre combat, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir de l’excitation. C’était comme à chaque début de mission : le frisson de l’inconnu, l’exaltation du danger, la satisfaction d’agir pour la justice…


« Tous ces individus doivent être éliminés. » dit le politicien, ses paroles raisonnant dans l’esprit de Fariha. « La raison d’état l’exige. »

Non, cette fois-ci, elle n’agissait pas pour la justice.


Les ordres sont les ordres se répéta Fariha. Elle n’allait pas reproduire la faute de sa mère en laissant ses émotions prendre le dessus.


Pour se changer les idées, elle allât s’approcher d’un membre de l’escouade. Ces derniers temps, Fariha avait été très prise par ses responsabilités, l’empêchant de faire connaissance avec le reste de son équipe.


- Bonjour, capitaine Xiang.


L’individu avec qui elle venait de parler était un homme ayant dépassé la soixantaine. De rare cheveux noirs se voyaient encore au milieux d’une majorité de gris et des rides étaient visibles sur son visage. Malgré cela, il paraissait encore en pleine forme. Son uniforme arborait le drapeau chinois et les galons de capitaine, tandis que lui-même était équipé d’un lourd fusil de sniper.


- Bonjour, capitaine Amari, dit-il d’une voix amicale en lui tendant sa main, que Fariha serra aussitôt. C’est un grand honneur de servir à vos côtés.


- Je tiens vous dire que je suis désolé que l’on m’est remis le commandement en second et pas à vous, dit Fariha. Nous avons le même grade, mais vous êtes le plus expérimenté.


- Allons ! Vos états de service sont bien plus impressionnants que les miens. Vous méritez votre poste.


Phara fit un sourire poli au compliment.


- Il me semble que vous avez combattu lors de la crise omnic ? demanda-t-elle.


- Oui. J’ai même participé à des missions avec la première escouade d’Overwatch, dont votre mère. Ana avait un talent incroyable avec son fusil de précision, bien au-delà de mon niveau !


Xiang afficha une expression amicale avant de conclure :


- Elle serait vraiment très fier de vous.


Le visage de Phara se ferma.


- Vous ne la connaissiez pas vraiment si vous pensez cela.


Le chinois eut un air surprit.


- Excusez moi, dit-il. Je ne voulais pas vous offenser. Mais…j’avoue ne pas comprendre.


- Ma mère était opposée à ce que je fasse une carrière militaire, expliqua Phara.


Que c’était ridicule. Les Amari étaient soldats de générations en générations. Fariha avait grandi entouré de héros, à entendre les exploits de sa mère et de ses amis. Et on voudrait qu’elle renonce à suivre cette voie ?


- Oh…je dois avouer que c’est une sacrée surprise.


Fariha ressentait le besoin de changer de sujet.


- Parlez-moi du moment où vous avez croisé Soldat 76, demanda-t-elle.


La figure de Xiang devient plus triste.


- Je venais de me faire tirer dessus par Reaper. Impact direct au torse. Il ne me restait que quelques secondes à vivre. Soldat 76 a chassé le terroriste. Puis, il a utilisé son champ biotique pour me soigner. Il m’a…il m’a sauvé la vie. Sur le moment, j’ai regretté que ce soit un criminel que nous devions poursuivre. Mais c’était avant qu’il tue deux de vos collègues et laissent mourir plusieurs dizaines de mes concitoyens.


Pharah sentis la rage gagner son corps au souvenir de ces événements. Tant d’innocents morts, qu’elle n’avait pu sauver.


- Au fond, je continu de penser que ce n’est pas quelqu’un de mauvais, poursuivit Xiang. Sinon, il m’aurait juste laissé mourir. Enfin…son procès permettra de tirer tout ça au clair.


La colère de Pharah partie brusquement, remplacé par la honte.


- Vous savez, dit-elle d’une voix hésitante. Peut-être que nous n’aurons pas l’occasion de le capturer et que nous serons obligés de le tuer.


- Je sais. Mais nous ferons tout pour l’avoir vivant, n’est-ce pas ? Nous sommes des soldats de la paix. Pas des bourreaux.


- Oui, bien sûr…dit Fariha.


Cela faisait tellement mal de devoir mentir à ses propres troupes.


Le capitaine Xiang lui sourit et ils échangèrent des salutations. Fariha allât s’approcher du dernier membre de l’escouade.

C’était celui avec lequel elle avait le moins envie de parler. Un soldat du général Pranciškus. Et pas n’importe lequel : Masque de Fer, son commandant en second. Cet individu avait ordonné le bombardement d’hôpitaux pour forcer une ville à capituler. Devoir travailler avec lui rendait Fariha presque malade.


En la voyant approcher, Masque de Fer releva la tête. Comme son nom l’indiquait, il portait un masque métallique, simple bout de métal lisse avec des trous pour les yeux.


- Si nous devons travailler ensemble, il faudra que je connaisse votre visage, dit Pharah d’une voix sèche.


Sans un mot, Masque de Fer enleva son masque, révélant son apparence. Il s’agissait d’une femme âgée, avec une peau claire couturée de cicatrice, portant court ses cheveux gris. Fariha ne put retenir un cri de surprise.


- Lieutenante Jagna ?


- Ça fait un sacré bail, hein capitaine ? répondit Jagna, un fort accent polonais dans la voix. Je suis surprise que vous m’ayez reconnue.


Cela n’avait pas été difficile pour Fariha. Le visage de Jagna, comme beaucoup d’autres, était lié aux meilleurs moments de son enfance : lorsqu’elle pouvait rencontrer les collègues de sa mère.


Dans ces moments-là, c’était surtout avec Reinhard que Fariha discutait. Elle avait une fascination d’enfant pour le croisé, si brave, si noble, si beau.

Mais elle avait pu rencontrer beaucoup d’autres personnes, dont Jagna. La lieutenante avait été une des premières à rejoindre Overwatch et ses états de service étaient exemplaire. Pharah se souvenait d’une femme prête à tout pour protéger ses co-équipiers, au point de se faire blesser en évacuant un agent inconscient. Une militaire qui parlait à Fariha de l’honneur qu’il y avait à servir et de la nécessité de punir les criminels.

La vieille femme aigrie qui lui lançait un regard narquois semblait n’avoir rien en commun avec ces souvenirs.


- Comment avez-vous pu vous retrouver à servir un seigneur de guerre brutal et cruel ? lui demanda Fariha, hébétée.


- Allons capitaine, réagit Jagna, d’un ton ironique. N’allez pas vous faire influencer par la propagande de vils criminels. Le général Pranciškus a été reconnu par l’ONU comme un chef d’état légitime et un allié de poids contre les terroristes. C’est d’ailleurs pour ça que je suis là.


Ce rappel supplémentaire des manquements de l’ONU fit redoubler le malaise de Fariha. Elle commençait à se demander si Tracer et Winston n’avait pas eu raison de braver le Petrass Act pour rendre justice par eux même.

Non ! Les ordres étaient les ordres, la loi était la loi. Fariha ne devait pas oublier ce qui était arrivé à sa mère.


Elle fut tirée de ses réflexions par un appel de Zarya. Leur commandante demandait sa présence, ainsi que celles de Xiang et Jagna.


Dans le large cockpit du transport, la russe était en train de regarder les portraits de Gérard, Soldat 76 et du co-équipier de ce dernier. Puis, elle se retourna vers ses subordonnés.


- Vous trois êtes ceux d’entre nous qui avaient le plus de connaissance sur Overwatch, dit-elle. Le français en était membre et il est quasiment certain que ce soit aussi le cas des deux autres. Dites-moi tout ce que vous savez sur eux, en commençant par ce Gérard.


- Je n'ai jamais eu de contact avec lui, déclara simplement Xiang.


- C'était quelqu'un de très charmant, dit pour sa part Fariha. Mais il était souvent occupé et je n'ai jamais pu beaucoup lui parler. Honnêtement, je préférerais discuter avec des agents de terrains.


- C'est un lâche, déclara abruptement Jagna. Pendant toute sa carrière à Overwatch, il était toujours parmi les premiers à défendre la diplomatie, les « politiques de réinsertions » et toute ces fadaises. Il nous demandait souvent d’épargner nos adversaires lors de ses missions. Combattre l’horrifiait. Tuer lui était impossible. Il va s'enfuir au premier coup de feu. Faite gaffe car il est vraiment très rusé. Mais sans personne sous ses ordres, ce n'est pas une menace. Pas militairement du moins.


Fariha se retient de lui demander de montrer plus de respect. Quel que soit le dégoût de Gérard pour la violence, il ne l'avait pas empêché de servir Overwatch avec efficacité, ce qui était digne d'estime. Mais à quoi bon défendre l'honneur d'un homme qu’elle allait devoir tuer ?


- Très bien, répondit Zarya. Et les deux autres ?


- Certains pensent que Soldat 76 serait l'ancien commandant Morrison, dit Jagna.


Cette fois, Pharah ne put se retenir :


- C'est impossible ! Jamais Morrison ne laisserait des civils mourir ou n’aiderait des prisonniers à s'échapper. Ceux qui disent cela sont juste des complotistes à moitié fou !


- Des complotistes, hein ? demanda moqueusement Jagna. Pourtant les deux ont la même taille, la même silhouette, le même style de combat et des capacités physiques surhumaines.


- Je dois admettre, commença Xiang, que son apparence me paraissait étrangement familière.


La possibilité que Soldat 76 puissent être Morrison horrifiait Fariha. Le commandant avait toujours été un modèle d'honneur et de probité. Il symbolisait tout ce qu'Overwatch avait fait de bien. Tout ce pourquoi Pharah avait rêvé de rejoindre cette organisation...


- Morrison est mort, déclara-t-elle.


- Gérard Lacroix aussi, répondit Jagna. Pourtant on nous envoi l'arrêter. Ça ne me surprendrait pas que le vieux commandant ait aussi survécut. Il a toujours eu la peau dure.


- Qui d'autre cela pourrait-il être ? demanda Zarya.


- On peut inclure dans la liste tous les agents d'Overwatch qui ont participé au programme de supersoldat américains, dit Jagna. Doit y'en avoir une demi-douzaine à tout casser. Je suis sûr que vous pouvez obtenir une liste.


- Et pour le dernier ? questionna la russe.


- Entre son masque et le fait qu'il soit toujours resté à l'écart du terrain, nous ne savons quasiment rien sur lui, dit Pharah. À part que c'est un très bon sniper.


- Ce qui laisse une liste un peu plus conséquence, ajouta Jagna.


Zarya resta silencieuses quelques secondes. Sans doute réfléchissait-elle aux informations données.


- Rompez, dit-elle finalement.


Fariha fit un salut militaire et retourna à son siège. Il restait encore plusieurs heures avant la traversé de l'Atlantique. Puis, il serait temps de combattre.


**

*

- J’ai une brillante idée, déclara soudainement Gérard. Et si nous fondions « Le club des officiers d’Overwatch présumés mort ». Cela aurait de la classe, n'est-ce pas ?


Ana rit de bonne grâce. Toute occasion de s’amuser était bonne à prendre. Jack, lui se contenta de fixer silencieusement Gérard.

Les trois fugitifs se trouvaient dans leur transport. Ce dernier faisait cap vers la France, en pilote automatique. Un voyage qui devait encore durer plusieurs heures.


- Enfin présumé mort...reprit Gérard. Sans doute plus pour longtemps.


Son regard se fixa vers la table holographique, au centre de l'appareil. Dessus, était représenté le transport...et les drones espions qui le pourchassait.


- Depuis quand es-tu si pessimisme, Gérard ? demanda Ana.


- Ce n'est pas du pessimisme, c'est du réalisme. Toi et Morrison avez vos chances mais moi...j'ai déjà utilisé tous mes atouts pour empêcher Talon de me capturer. Maintenant, je n'ai plus de coup à jouer. Je ne suis qu'un simple spectateur, regardant impuissant sa mort approcher.


- C'est ce que vous espérez, n'est-ce pas ? intervient Jack, incisif. Mourir et ne pas avoir à affronter vos crimes ?


Gérard lui fit un sourire charmant.


- Je crois que vous vous projetez un peu trop sur moi, dit-il.


Jack le fixa dans les yeux. Gérard soutint son regard, toujours souriant. Il y eu un court silence. Puis, à la grande surprise d'Ana, son vieil ami baissa la tête, sans rien ajouter.


- Je n'ai pas peur de vous révéler la vérité, ajouta Gérard. Je sais juste que vous ne l'accepterez pas sans preuve. D'ailleurs...donnez-moi de quoi écrire et je vous indiquerais comment accéder à mes archives. Ainsi, ma mort ne vous empêchera pas d'obtenir ce que vous cherchez.


Ana n'hésita pas longtemps et retira ses menottes à Gérard, avant de lui remettre son nécessaire d'écriture. S'il avait voulu faire un coup en traître, ce serait déjà arrivé. Elle s'attendait à ce que Jack proteste. Mais encore une fois, elle eut la surprise de le voir rester silencieux.


- Nous ne laisserons personne te tuer, dit-elle à Gérard, alors qu'il écrivait sur une feuille. Et puis, ton garde du corps va revenir te protéger, n'est-ce pas ?


Il eut un sourire triste.


- Le temps qu'Assistant se fasse réparer et retrouve une arme, tout sera déjà finit.


Gérard lui tendit la feuille de papier, qu'Ana examina rapidement. Il y avait une série d'instructions pour trouver une cache secrète, suivit d'un code de sécurité.


- Si cela ne vous dérange pas, poursuivit le français. J'aimerais aller dormir. Ce fût une longue journée.


Ana hocha la tête. Gérard s'isola de l'autre côté du transport, puis se lava avec les maigres moyens du bord. Ensuite, il se mit de la cire dans les oreilles avant de s'installer dans un sac de couchage. Une dizaine de minutes plus tard et il dormait. Ana s'approcha de lui pour vérifier qu'il ne faisait pas semblant, avant de retourner près de Morrison.


- Jack, dit-elle. Je voudrais parler de ce qui est arrivé en Chine.


Il grogna légèrement.


- Qu'a tu as dire ?


- Tu n'aurais pas dû faire ça, Jack. Rien ne justifie de laisser des civils mourir. Rien.


- C'était surement un piège. Reaper veut ma mort. Il avait dû placer une deuxième bombe, pour me tuer dès que j'aurais approché.


- Ce n'est pas comme si tu avais déjà foncé dans un piège pour sauver des innocents, n'est-ce pas ? répondit Ana, d'une ironie mordante.


- J'ai changé, répondit Soldat 76.


- Et c'est bien le problème, Jack. Ta recherche de la vérité tourne à l'obsession. Au point de te faire oublier tout le reste.


- Les morts de la Suisse méritent d’obtenir justice.


- Est-ce vraiment de la justice, Jack ? Fais-tu tout cela pour eux...ou pour toi ?


Encore une fois, il ne répondit pas et baissa la tête. Ana reprit la parole.


- Tu ne sembles plus te préoccuper des conséquences de tes actes, dit-elle.


- Je sais, répondit Morrison.


- Mais il y a des conséquences ! Et elles sont de plus en plus lourdes.


- Je sais, répéta Jack.


- Des gens ont été tué pour que tu accomplisses ta vengeance. Et trop souvent, ils ne méritaient pas de mourir.


- JE SAIS !


Il se leva soudainement, son visage déformé par la colère. De l'autre côté du transport, Gérard grogna. Mais la cire dans ses oreilles joua son rôle et il ne se réveilla pas.


- Je sais très bien comment vous me considérer, reprit Jack. Je le vois dans ton regard lorsque tu parles. Je l’entends lorsque ta fille me traite de meurtrier et que l'on m'appel criminel dans les journaux. Ou même dans les remarques ironiques de Lacroix…


Un court silence s'installa tandis qu’il redevenait progressivement plus calme. Une expression de tristesse apparut sur son visage.


- Et alors je me rappel de ces soldats, que je voyais lors de la Crise. Ils étaient impuissants à stopper les omnics tandis que ces derniers ravageaient leurs pays. Alors, pour compenser leurs faiblesses, ils se montraient violents et cruels. Je m'étais juré de ne jamais leur ressembler…


Sa colère avait maintenant totalement disparu.


- Et pourtant ce serait facile de faire comme eux, dit Jack. J'aurais pu tuer Lacroix. Peut-être que cela aurait apaisé ma colère. Mais je ne veux pas m’abaisser à ça.


Ana le regardait avec un mélange de tristesse et d'espoir, sans rien dire.


- Toutefois, je suis prêt à faire bien plus de sacrifice que par le passé. Et parfois, la colère prend le dessus...comme en Chine.


De nouveau il baissa la tête.


- Je…je sais que je n’aurais pas dû faire ça, Ana, poursuit-t-il. Mais je n’ai pas pu me contrôler. La rage était trop forte.


Il se redressa pour la fixer dans les yeux.


- C'est pour ça qu'il faut que tu arrêtes de m'aider. Tu n'as jamais aimé la violence. Tu as raccroché à cause de ça. Or la voie que j'emprunte...en sera remplis.


Ana posa une main sur l'épaule de Jack.


- Je serais une bien mauvaise co-équipière si j'abandonnais mon partenaire alors qu'il en a le plus besoin…en plus d’une terrible amie.


Morrison répondit par un sourire triste. Ana se souvient brusquement des paroles de Gérard : « …vous vous projetez un peu trop sur moi ».


- Rassure moi, Jack. Tu n'as pas l'attention de te laisser tuer ?


L'expression de l'américain devient très sérieuse.


- Non, dit-il. Ce serait lâche. Mais…dans certaine occasion…je préférerais mourir plutôt que d’échouer.


- Échouer à quoi, Jack ? À gagner ?


- Non. Ce n'est pas une question de gagner. C'est une question de faire ce qui est juste.


Il soupira tristement.


- En Chine, ajouta-t-il, la colère m'avait submergé…et j’ai oublié ce sentiment. J'espère juste...que ça n'arrivera plus.


Cette fois Ana se leva et prit son vieil ami dans ses bras.


- Tu es quelqu'un de formidable. Je suis sûr que tu arriveras à surmonter cette blessure.


Il lui rendit son accolade. Les deux restèrent serrés quelques instants, avant de se séparer doucement.


- Va te reposer, dit gentiment Jack. Je vais prendre le premier tour de garde.


- Je peux m'en charger.


- S'il te plaît, Ana. Je n'ai pas envie de dormir maintenant.


Ses yeux semblaient hantés par quelques mauvais souvenirs, tandis que ses mains tremblaient doucement. Ana comprit que Jack ne trouverait nul repos en cet instant. Elle allât se coucher. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait de l’espoir pour son ami.

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